Archive pour la catégorie 'Chronique de Lully'

2017-36. La Sainte Vierge au pied de la Croix, en qualité de Mère de douleur.

Vendredi de la Passion,
Commémoraison solennelle de la Compassion de Notre-Dame.

Ignaz Günther Pietà de Weyarn

Piétà de l’église des Augustins de Weyarn (Bavière)
oeuvre d’Ignaz Günther (1725-1775)

* * * * * * *

       Pour marquer la commémoraison solennelle de la Compassion de Notre-Dame, voici un texte écrit par « Monsieur Baudrand » : il est extrait d’une « Neuvaine à l’honneur du saint Coeur de Marie » que nous avons trouvée dans « L’âme embrasée de l’amour divin, par son union aux Sacrés-Coeurs de Jésus et de Marie », ouvrage imprimé à Angers en 1712 (ce n’est pas la première édition que nous possédons au Mesnil-Marie).
Henry Baudrand, né à Paris en 1637, était un prêtre sulpicien, docteur en théologie, qui fut curé de Saint-Sulpice de 1689 à 1696. En 1696, il échangea sa charge de curé contre celle de prieur de Saint-Côme, près de Tours. C’est pendant son séjour dans ce prieuré qu’il rédigea plusieurs ouvrages de dévotion. Il mourut le 18 octobre 1699 à Beaune, dans le Gâtinais (aujourd’hui Beaune-la-Rolande) et fut inhumé dans l’église de Beaune.
Dans l’extrait suivant, nous avons modernisé la graphie (vg. « avait » au lieu d’ « avoit », « tourments » au lieu de « tourmens »… etc.) mais nous avons scrupuleusement conservé le style, la ponctuation et les majuscules telles qu’elles se trouvent dans l’ouvrage que nous avons sous les yeux

L'âme embrasée - Baudrand

La Sainte Vierge au pied de la Croix,
en qualité de Mère de douleur.

       « 1 – Le saint Vieillard Siméon avait annoncé à Marie qu’un jour viendrait, que le glaive de douleur percerait son âme : depuis ce moment la prophétie commença à s’accomplir dans elle ; mais elle eut son accomplissement parfait au pied de la croix.
Le temps de la passion du Fils, aussi bien que celle de la Mère, étant venu, on ne saurait exprimer quelle fut sa douleur quand elle apprit que Jésus était arrêté, qu’on le traînait de tribunal en tribunal, au milieu des opprobres et des ignominies : douleur plus grande encore quand il fut condamné à la mort ; mais douleur excessive, immense, au-dessus de toute douleur, quand elle le vit sur la croix.
Jamais Mère n’aima son Fils unique avec tant de tendresse, et jamai aussi Mère ne vit un Fils dans de si cruels tourments. Tous les SS. Pères disent qu’elle seule a souffert plus que tous les Martyrs ensemble, dont elle est appelée à juste titre la Reine, Regina Martyrum ; et ils conviennent que, sans un miracle, elle n’aurait pu soutenir le spectacle de cette douloureuse et ingnominieuse Passion de son Fils.
Soumise à la volonté et aux ordres de Dieu, sur le sacrifice de ce divin Fils, non seulement elle ne fit aucune démarche pour le soustraire à la mort, mais elle se résolut même par un courage surnaturel, et bien au-dessus de son sexe, d’accompagner Jésus-Christ sur le Calvaire, et d’assister à sa mort, au pied même de la Croix. Là, tout ce que les bourreaux faisaient souffrir à son Fils, toutes les imprécations, tous les blasphèmes qu’on vomissait contre lui, étaient autant de coups mortels qu’on portait au coeur de la Mère.
Ici, si nous avons quelque sentiment de dévotion pour Marie, quelles doivent être nos dispositions envers elle ?

       2 – Jésus, en qualité de victime pour le genre humain, était mourant sur la croix, et Marie, en qualité de Mère de douleur, était agonisante au pied de la croix. L’amour faisant l’office de Sacrificateur, immolait Jésus à son Père céleste sur l’autel de la croix, pour l’expiation de tous les péchés des hommes, et le même amour immolait Marie au pied de cette croix, en lui faisant souffrir dans son coeur tous les tourments que son Fils endurait dans son corps.
Mais ce qui acheva de mettre le comble à cette incompréhensible douleur de cette Mère affligée, ce furent les dernières paroles que lui adressa son Fils expirant ; ces dernières paroles renouvelèrent toutes les plaies dont le coeur de cette Mère mourante était déjà percé. Jésus ayant aperçu au pied de sa croix, sa tendre Mère et son cher Disciple, dit à sa Mère : voilà votre fils ; et à St Jean : voilà votre Mère ; comme s’il disait à Marie : vous n’avez plus en moi de Fils sur la terre ; voilà celui qui vous tiendra ma place et qui prendra soin de vos jours. Quel nouveau glaive de douleur fut alors enfoncé dans le coeur de cette tendre Mère ! Et les SS. Pères ne disent-ils pas avec juste raison, que le martyre de Marie, en ce seul moment, fut plus douloureux et plus violent que celui de tous les Martyrs ensemble, dans tout le cours de leur martyre et de leurs souffrances ?

   Depuis ce moment, ô Mère affligée, vous ne menâtes plus sur la terre qu’une vie languissante d’amour ; et ce fut l’excès de cet amour qui termina enfin votre course en ce monde.
Vierge sainte ! en compatissant à vos douleurs, nous devons nous souvenir toujours que c’est par amour pour nous, et par zèle pour notre salut, que vous les avez souffertes, et que vous vous êtes comme immolée vous-même, en consentant à l’immolation de votre Fils. Quels sentiments d’amour, de tendresse, de reconnaissance et de vénération ne devons-nous pas avoir pour vous tant que nous vivrons ?

   Je vous les demande, ô mon Dieu ! ces pieux sentiments envers votre tendre Mère, qui veut bien aussi être la mienne ; daignez recevoir et confirmer pour toujours, le dévouement que je lui renouvelle en ce jour pour toute ma vie.

   O Mère de douleur par excellence ! faites-moi ressentir les traits douloureux qui percent votre âme, afin que je joigne mes soupirs aux vôtres, mes larmes aux vôtres, et que le reste de ma vie je partage l’affliction que vous avez ressentie au pied de la croix.
Je me reprocherai d’y avoir été jusqu’à présent si peu sensible.
Je réparerai ce coupable oubli, par le zèle que j’aurai désormais pour votre service.
J’irai souvent au pied de la croix unir mes sentiments et mon sacrifice au vôtre.
J’entrerai dans toutes les pratiques de piété capables de vous honorer, et j’honorerai spécialement vos saints Mystères douloureux, que l’Eglise célèbre dans le cours de l’année.

   C’est une sainte pratique  de réciter le Stabat Mater tous les Vendredis. »

Abbé Henry Baudrand
in « Neuvaine à l’honneur du Sacré-Coeur de Jésus et du Saint Coeur de Marie »
Pavie éd. Angers 1712 – p. 153 et sv.

Ignaz Günther Pietà de Weyarn - détail

Piétà de l’église des Augustins de Weyarn – détail.

Autres publications de ce blogue en l’honneur de Notre-Dame de Compassion
A – Prières :
- Ave, Maria en l’honneur de la Vierge de Compassion > ici
- Prière de Compassion et de supplication > ici
- Le chapelet des Sept Douleurs > ici
- Confiante supplication à Notre-Dame de Compassion > ici
- Prière de St Alphonse en l’honneur des 7 Douleurs > ici

B – Stabat Mater :
- Stabat Mater de Pergolèse > ici
- Stabat Mater de Kodaly > ici

C – Textes de méditation :
- Jean-Jacques Olier : « Marie au Calvaire » (3 textes) à partir d’ > ici
- St François de Sales sur la souffrance de Marie > ici
- Rd. Père Lépicier sur les douleurs de la Vierge > ici

Coeur de Marie aux sept glaives

2017-35. Du Bienheureux Pierre Vigne et du « Grand Voyage » de Boucieu-le-Roi.

« Lisons et étudions avec soin et persévérance le livre des livres,
le livre que Dieu a composé
dans la plénitude d’un amour ardent pour nous,
le livre écrit non pas avec de l’encre mais avec Son Sang,
non sur du papier mais sur Son propre Corps couvert de plaies. »

Bienheureux Pierre Vigne

Bx Pierre Vigne

Le Bienheureux Pierre Vigne (1670-1740)
Fondateur du « Grand Voyage » de Boucieu-le-Roi
& de la congrégation des Soeurs du Saint-Sacrement

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Il faut que je vous entretienne d’une très belle figure de sainteté de notre diocèse de Viviers, le Bienheureux Pierre Vigne, dont la fête est célébrée le 8 juillet - c’est-à-dire pour son « dies natalis » : cette formule latine qui signifie « jour de la naissance », désigne de fait le jour de la naissance au Ciel, qui est le jour de sa mort, survenue le 8 juillet 1740 - , et les photos que vous pourrez voir dans la suite de cet article ont été prises le 8 juillet 2016, lorsque Frère Maximilien-Marie et l’un de ses amis se sont rendus en pèlerinage à Boucieu-le-Roi.

Lully.

* * *

       Pierre Vigne est né à Privas, le 20 août 1670, dans une famille de commerçants aisés : très tôt, il a manifesté une vive intelligence et a acquis une instruction bien au-dessus de la moyenne.
Selon une tradition solidement établie, mais aujourd’hui contestée par certains historiens, bien qu’ayant été baptisé dans l’Eglise catholique, le jeune Pierre aurait été un temps séduit par les erreurs des huguenots et, vers l’âge de 20 ans, aurait décidé de se rendre à Genève en vue de devenir pasteur : c’est alors que, croisant un prêtre qui portait le Saint-Sacrement et refusant de manifester le moindre respect pour ce qui était à ses yeux une idolâtrie de papistes, son cheval se cabra, le fit tomber à terre – comme jadis Saül à l’approche de Damas – puis l’animal s’inclina devant la Sainte Eucharistie. Pierre, touché par la grâce, non seulement abandonna son dessein hérétique mais au lieu de faire route vers Genève s’en fut trouver Monseigneur l’évêque de Viviers et demanda à entrer au séminaire pour s’y préparer au sacerdoce !

conversion de Pierre Vigne

Conversion de Pierre Vigne, terrassé devant le Très Saint Sacrement qu’un prêtre portait à un mourant
(tableau exposé au Musée Pierre Vigne à Boucieu-le-Roi)

   Pierre Vigne est ordonné prêtre aux Quatre-Temps d’automne, le 18 septembre 1694, et presque aussitôt envoyé comme vicaire à Saint-Agrève, dans le nord du Vivarais : il demeure à ce poste jusqu’en 1700.
Le 27 mai 1700, il part pour Lyon, où il demande à entrer au séminaire des « prêtres de la mission » (appelés aussi Lazaristes) fondés par Saint Vincent de Paul pour les missions populaires 75 ans plus tôt.
En 1702, après ses voeux, il est nommé au sanctuaire de Valfleury, près de Saint-Chamond : il y a là une communauté lazariste qui rayonne en missions nombreuses dans les campagnes environnantes. A la fin de l’année 1704, on l’envoie à Béziers, toujours pour être employé aux missions paroissiales. 

   En 1706, nouveau changement de vie : il quitte les Lazaristes et rentre dans sa famille à Privas. Il reprend là ses activités de missionnaire des campagnes : sa prédication et son zèle sont tellement appréciés qu’on voudrait le nommer à la cure de Privas, mais il refuse : il préfère rester missionnaire itinérant, ayant une prédilection pour les pauvres gens des campagnes.
Son grand modèle est Saint Jean-François Régis, l’apôtre du Vivarais et du Velay, mort d’épuisement à La Louvesc le 31 décembre 1640 après avoir multiplié les conversions et les retours à la ferveur.

   On a retrouvé dans les écrits du Bienheureux Pierre Vigne la liste des lieux où il prêcha dans les diocèses de Lyon, Toulouse, Montpellier, Rodez, Le Puy, Grenoble, Vienne, Digne, Gap, Die et surtout Valence et Viviers : plus de 180 localités (dans certaines il est revenu plusieurs fois).

Bx Pierre Vigne 2

   Les pôles de la spiritualité du Bienheureux Pierre Vigne sont avant tout la Passion, la Messe et le culte du Très Saint-Sacrement ; ce sont aussi les pôles de sa prédication : le Père Pierre Vigne fait aimer Jésus, mort par amour pour nous afin de nous sauver, dont l’oeuvre de rédemption et d’amour accomplie au Calvaire se perpétue à la Messe, cette Sainte Messe catholique, où l’on fait mémoire et actualise les mystères de la Bienheureuse Passion de Notre-Seigneur, Sa Résurrection du séjour des morts et Sa glorieuse Ascension dans les cieux, en offrant à la Majesté divine la Victime parfaite, la Victime sainte, la Victime sans tache, Pain saint de la vie éternelle et Calice du salut perpétuel (cf. prière « Unde et memores » du Canon romain).
Pour cela il faut inlassablement faire mieux connaître Jésus, vrai Dieu et vrai homme, et mettre davantage les âmes en communion vivante avec Lui par la grâce : de ce fait, le ministère de la confession occupe une part importante de l’apostolat du Père Vigne.
Tellement importante que, dans ses déplacements à pied à travers la campagne, il porte son confessional avec lui, toujours prêt à y accueillir les pauvres pécheurs et à leur ouvrir tout grand les réserves de la miséricorde divine…

Bx Pierre Vigne 3

   « Si on connaissait bien ce qu’est ce grand Dieu, hélas ! qui ne tremblerait de crainte et ne serait pénétré de regret de l’avoir si souvent offensé ? » a-t-il écrit dans son journal.
Encore et encore, il ramène les âmes à Dieu en les mettant en face de l’amour de ce Dieu qui est allé jusqu’à des extrémités inouïes.
Le repentir profond et l’amour durable sont suscités dans les coeurs par une meilleure connaissance et la méditation de la Passion de Jésus : « Il vous a donné tout Son sang, ne Lui donnerez-vous pas au moins des larmes ? »

Bx Pierre Vigne 4

   A Boucieu-le-Roi, dans le petit musée qui lui est consacré on conserve ce fameux confessionnal que le Père Vigne transportait sur son dos dans ses courses apostoliques, et à l’intérieur duquel les flots de la grâce ont coulé, réconciliant les pécheurs, consolant les affligés, stimulant ceux qui peinent dans le chemin de la fidélité chrétienne, soutenant les efforts de ceux qui titubent, portant les bons à davantage de ferveur encore…

Confessionnal portatif du Bx Pierre Vigne

Confessional portatif du Bienheureux Pierre Vigne :
sous le siège du confesseur se trouve une espèce de tiroir dans lequel il rangeait des objets de culte, sorte de « chapelle portative » ;
ainsi, même dans les églises ou chapelles les plus mal équipées avait-il toujours tout ce qui lui était nécessaire
pour une digne célébration de la Sainte Messe et des sacrements.

   Comme Saint Paul, le Bienheureux Pierre Vigne prêche la science de Jésus-Christ, Messie crucifié : « Lisons et étudions avec soin et persévérance le livre des livres, le livre que Dieu a composé dans la plénitude d’un amour ardent pour nous, le livre écrit non pas avec de l’encre mais avec Son Sang, non sur du papier mais sur Son propre Corps couvert de plaies. »

   « Et comme il sait que l’amour appelle l’amour, non content de commenter à ses auditeurs ce livre de la science suprême, il l’ouvrira sous leurs yeux : son oeuvre la plus chère sera, à la fin de la mission, de planter la Croix du Christ, plus éloquente que des paroles.
« Il a laissé dans les lieux où il a prêché une trentaine de Calvaires ou Chemins de Croix dont quelques-uns sont encore fréquentés à l’heure actuelle… » (Thérèse Ardouin, in « Pierre Vigne », éd. Visages du Vivarais – 1966, p.37).
Des Chemins de Croix que l’on peut qualifier de monumentaux : grande Croix érigée sur une colline ou un sommet dominant avec, pour y parvenir, des stations ou chapelles échelonnées le long du sentier que l’on gravit en priant, se souvenant du détail de tous les épisodes de la Passion et les méditant.

   Bien loin du « résumé » que constituent les quatorze stations sous forme de tableaux alignés sur les murs intérieurs de nos églises, ces grands Chemins de Croix dont le Père Vigne favorise l’implantation possèdent entre trente et quarante stations. C’est le cas du célèbre Chemin de Croix de Burzet (déjà évoqué dans ce blogue > ici), et surtout celui de Boucieu-le-Roi, celui qui lui tint le plus à coeur.

Bx Pierre Vigne 5

   Au coeur de la vallée du Doux, entre Tournon-sur-Rhône et Lamastre, regroupé autour de la colline où se dressait jadis une maison forte, Boucieu-le-Roi est un village de caractère au passé historique fort riche : siège d’une cour royale de justice, ou bailliage, depuis le règne de Philippe le Bel jusqu’au temps de François 1er, le village connut une activité intense aux XIVe et XVe siècles.
Pillé et en partie détruit lors de la guerre de Cent Ans, mais plus encore du fait des exactions des huguenots, le village s’assoupit ensuite.

   Au début de l’année 1712, le Père Pierre Vigne y vient pour la première fois et la configuration du village et de ses environs évoque pour lui de manière frappante celle de Jérusalem et de ses alentours : non qu’il se soit rendu en Palestine, mais seulement en raison des descriptions qu’il a pu en lire, tout spécialement dans l’ « Histoire et Voyage de la Terre Sainte » du franciscain Jacques Goujon, ancien supérieur du couvent du Saint-Sépulcre à Jérusalem. Dans cet ouvrage les lieux de la Passion sont décrits de manière très minutieuse, au point de noter les distances qui se trouvent entre eux.

   Impressionné par les « conformités » de Boucieu-le-Roi avec les représentations qu’il a pu se faire à partir de tous les détails du livre du docte franciscain, Pierre Vigne projette aussitôt sur ce coin de terre vivaroise son rêve d’établir un Chemin de Croix qui reproduise le plus exactement possible la disposition des lieux où s’accomplit le mystère de notre Rédemption, de telle sorte qu’en suivant ici de station en station les étapes de la Bienheureuse Passion, le pèlerin parcourra exactement, au pas près, les mêmes distances qui se trouvent à Jérusalem entre les divers sites où s’accomplit le drame divin !

Boucieu-le-Roi vue générale

Boucieu-le-Roi : vue générale du village dans son état actuel.
On distingue l’église, avec son clocher carré trapu, au milieu des maisons villageoises ;
on remarque surtout, à l’emplacement de l’ancien château, en position dominante, la « Maison Pierre Vigne »,
couvent des religieuses du Saint-Sacrement, où se trouve le Calvaire
et donc l’aboutissement des stations du « Grand Voyage » établi ici par le Bienheureux Pierre Vigne.

   Sur le promontoire où se dresse le château, le Père Vigne a repéré un emplacement libre : endroit idéal pour dresser, entre les croix des deux larrons, celle du bien-aimé Sauveur. Là bas, « du côté de l’orient », il y a une montagne qui figurera parfaitement le Mont des Oliviers, d’autant que dans le vallon qui se trouve au pied coule un ruisseau qu’il baptise aussitôt le Cédron. Dès qu’on franchit le ruisseau, on trouve un terrain « qui a la longueur du Jardin des Oliviers » et près duquel un « rocher creusé » deviendra la grotte de la Sainte Agonie… etc.
Et le Père n’en finit pas de détailler – redisons-le, au pas près, car toutes les stations seront disposées selon les indications de distance précisées par le Père Goujon dans son livre  - les « conformités de Boucieu-le-Roi avec les Saints Lieux de Jérusalem ».

   En moins de neuf mois (à partir de la fin de l’année 1712), avec l’aide des habitants et le soutien de quelques généreux donateurs, le Bienheureux Pierre Vigne fait aménager un immense Chemin de Croix de trente stations – autant que de jours dans un mois – en même temps qu’il rédige et fait éditer à Lyon les deux tomes d’un livre intitulé « Méditations pour chaque jour du mois, tirées du plus beau livre que Dieu nous ait donné et qui est Jésus-Christ souffrant et mourant sur la Croix ». L’ouvrage contient enfin des stations « surnuméraires » – au nombre de neuf – , qui vont depuis la mise au tombeau jusqu’à la Pentecôte, et qui font que ce Chemin de Croix recouvre la totalité du mystère pascal.

   L’itinéraire, à partir de l’église de Boucieu-le-Roi, dans les rues du village et dans ses environs court sur une superficie de quelque deux-cents hectares, suivant un tracé complexe qui se croise lui-même ici ou là.
A partir de l’institution de la Sainte Eucharistie, en passant par les épisodes de l’Agonie à Gethsémani, de l’arrestation, des diverses phases du procès – avec ses allées et venues entre la salle du Sanhédrin, le palais de Caïphe, celui d’Hérode et, le prétoire de Pilate – , de la condamnation et des étapes de la montée au Golgotha, le pèlerin avance dans un cheminement spirituel auquel le Bienheureux Pierre Vigne donne lui-même le nom de « Voyage du Calvaire », ou « Grand Voyage ».

Station du Grand Voyage

   Entièrement ruiné par les « patriotes » lors de la grande révolution, le Chemin de Croix de Boucieu-le-Roi (renommé alors Boucieu-le-Doux) fut rétabli dans la seconde moitié du XIXe siècle, puis dut être restauré après la Grande Guerre et à nouveau en 1965 : à cette date, les chapelles des stations furent ornées des sculptures que l’on peut y voir aujourd’hui, oeuvres du peintre et sculpteur Dante Donzelli (1909-1990).

Station

   Dès le moment où il a entrepris l’édification de ce grand Chemin de Croix qui marque à tout jamais le village de Boucieu-le-Roi d’une profonde empreinte surnaturelle, le Bienheureux Pierre Vigne s’est soucié de trouver et de former des personnes qui pourraient accompagner les pèlerins sur cet itinéraire de méditation et de prière, les aidant ainsi à entrer dans le mystère le plus grand et le plus élevé qui soit : celui d’un Dieu qui S’est incarné dans le but de racheter Sa créature déchue au moyen des souffrances de Sa Passion, dans un acte d’amour infini qui appelle l’amour en retour.

   Les témoignages de l’époque nous montrent que l’établissement de ce « Grand Voyage » attira rapidement les foules de toutes les paroisses avoisinantes… et de plus loin.
Certains écrits citent les voeux que prononcent les fidèles dans le temps de l’épreuve ou de la maladie : on promet à Dieu, s’Il exauce les prières qu’on Lui adresse, d’aller faire le pèlerinage du Calvaire à Boucieu-le-Roi, en action de grâces…
Et Les miracles ont lieu : des guérisons et des conversions qui étendent la renommée de l’oeuvre du Père Vigne et contribuent à intensifier la ferveur.

Sculpture station

Détail de l’une des sculptures de Dante Donzelli
dans la station évoquant la rencontre de Jésus avec Sa Très Sainte Mère lors de la montée au Calvaire.

Calvaire de Boucieu-le-Roi

Le Calvaire, au sommet de la colline qui domine Boucieu-le-Roi,
à côté de la chapelle du couvent des religieuses du Saint-Sacrement :
c’est le point culminant du « Grand Voyage ».

« Voici le royal trône où Jésus voulait être :
Ses pieds y sont cloués comme aussi chaque main.
Voilà le saint autel qui soutient ce grand prêtre :
Quel malheur si pour nous Il sacrifie en vain ! »

Bienheureux Pierre Vigne,
extrait des « Considérations sur les souffrances et la mort de Jésus ».

Bx Pierre Vigne 6

   Le « Voyage du Calvaire » est destiné prioritairement aux petites gens qui, pour le plus grand nombre en ce début du XVIIIe siècle, sont peu capables de lire, le Père Pierre Vigne souhaite donc des personnes dévouées et disponibles formées à accompagner les pèlerins, à leur expliquer les stations et à les faire prier tout le long de ce Chemin de Croix.

   Dès 1714 une jeune femme vient à Boucieu-le-Roi se mettre à disposition du Père pour ce service : elle s’installe au village, où elle fait aussi l’école aux enfants.
Cette première accompagnatrice ne persévère pas mais, avant son départ, d’autres jeunes filles et veuves sont venues se placer sous la direction du Père Vigne : elles sont finalement sept auxquelles il donne le saint habit et remet la Croix, le 30 novembre 1715, dans l’église de Boucieu-le-Roi.
Une nouvelle congrégation religieuse vient de naître.

   Les sœurs se relaient tout au long du jour devant le Saint-Sacrement ; matin et soir, elles font de pieuses lectures aux fidèles dans l’église ; elles accompagnent les pèlerins dans le « Voyage du calvaire » ; elles instruisent les enfants et visitent les malades.

   Les « Sœurs du Calvaire et de l’adoration perpétuelle du Saint-Sacrement », maintenant simplement nommées « Sœurs du Saint-Sacrement », sont aujourd’hui présentes dans cinq pays d’Europe, au Brésil et en Afrique du Sud.

Retour du corps du Bx Pierre Vigne

   Après une période presque entièrement consacrée à Boucieu-le-Roi, à son « Grand Voyage » et à la fondation des religieuses, en 1722, le Bienheureux Pierre Vigne repart sur les routes pour des missions qui le mènent parfois fort loin.

   L’hiver 1739-1740 est éprouvant pour sa santé : il est dans sa 70ème année et sent ses forces décliner au point que, alors qu’il doit partir prêcher une mission à Rencurel, dans le Vercors, il demande à recevoir l’extrême onction avant de s’y rendre !

   Il arrive à Rencurel le 12 juin, prêche et confesse jusqu’au 24 juin. Il est alors totalement épuisé et doit s’aliter. Il envoie un exprès mander « ses chères filles de Boucieu ».
La Supérieure et l’une des premières sœurs se mettent aussitôt en chemin, espérant le sauver par leurs soins et leur prières. En vain.
Aux deux religieuses désolées il fit ses dernières recommandations puis « celui qui n’avait vécu que pour son Dieu ne s’occupa plus que du bonheur d’aller se réunir à Lui dans le séjour de la gloire ».

   « La fièvre était si violente qu’elle lui ôtait la respiration ; mais lui revivait les souffrances du Sauveur du monde : prié de boire un remède très amer, il l’accepta avec soumission en souvenir du fiel qui fut donné à Jésus en Croix.
Le souci des âmes le poursuivait jusque dans son agonie ; il murmurait, torturé par la soif : « Ah ! Seigneur ! Si je pouvais prêcher encore, je ferais bien sentir au peuple, par l’expérience que j’en fais moi-même, combien était ardente la soif qu’éprouva Jésus-Christ lorsqu’Il expira pour le salut des hommes ».
La Supérieure de Boucieu, qui était auprès de lui, lui passa, sur sa demande, le crucifix qu’il portait toujours avec lui dans ses missions. Il le contempla avec amour, le baisa, le pressa sur son coeur.
C’était la fin : « ayant ouvert les yeux, il aperçoit Jésus et Sa Sainte Mère et, prononçant ces noms sacrés, il rend son âme entre leurs mains » (Thérèse Ardouin, citant un document contemporain relatant la mort du Père, in « Pierre Vigne », éd. Visages du Vivarais – 1966, p.113).

   C’était le 8 juillet 1740 vers les 4 h de l’après-midi, c’était un vendredi, et c’était un siècle après la mort de Saint Jean-François Régis qui avait toujours été pour lui un modèle.

Tombe du Bx Pierre Vigne

Tombe du Bienheureux Pierre Vigne,
au pied de l’autel de la Sainte Vierge, dans l’église de Boucieu-le-Roi.

Accompagné par une foule fervente et émue, son corps fut ramené à Boucieu-le-Roi pour y être inhumé dans l’église.

Bx Pierre Vigne 7

Le Bienheureux Pierre Vigne demeure pour toutes les générations de fidèles
un modèle de zèle pour faire connaître et aimer la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ,
une vivante invitation à lire et étudier assidument, inlassablement,
« (…) avec soin et persévérance le livre des livres,
le livre que Dieu a composé dans la plénitude d’un amour ardent pour nous,
le livre écrit non pas avec de l’encre mais avec Son Sang,
non sur du papier mais sur Son propre Corps couvert de plaies. »

nika

2017-34. Sermon de notre Bienheureux Père Saint Augustin sur le Chemin du Ciel.

« Souffrons le présent, ayons confiance dans l’avenir. »

Lundi de la Passion.

   La Messe du lundi de la Passion nous donne en exemple, à l’épître, la pénitence des Ninivites qui détourna d’eux les châtiments de la justice divine. Dans cette perspective, lisons et méditons ce court sermon de notre Bienheureux Père Saint Augustin.

Le Christ en prière - vers 1514 - attribué à Niklaus Weckmann

Le Christ en prière
sculpture en bois de tilleul, vers 1514, attribuée à Niklaus Weckmann (1481-1526)

Sermon 217
de
notre Bienheureux Père Saint Augustin,

vers la fin du Carême,
à propos du chemin du Ciel,

à partir des paroles de
Notre-Seigneur Jésus-Christ :
« Mon Père, Je veux que là où Je suis soient aussi avec Moi ceux que Vous m’avez donnés »
(Jean XVII, 24).

§ 1. Le Christ qui est Dieu prie Dieu Son Père. Rappels concernant la doctrine trinitaire.

   Le Christ Notre-Seigneur nous exauce avec Son Père ; pour nous cependant Il a daigné prier Son Père. Est-il rien de plus sûr que notre bonheur, quand il est demandé par Celui qui le donne ? Car Jésus-Christ est en même temps Dieu et homme ; Il prie comme homme, et comme Dieu Il donne ce qu’Il demande. S’Il attribue au Père tout ce que vous devez conserver de Lui, c’est que le Père ne procède pas de Lui, mais Lui du Père. Il rapporte tout à la source dont Il émane, quoique en émanant d’elle Il soit source aussi, puisqu’Il est la source de la vie. C’est donc une source produite par une source. Oui, le Père qui est une source produit une source ; mais il en est de ces deux sources comme du Père et du Fils qui ne sont qu’un seul Dieu. Le Père toutefois n’est pas le Fils, le Fils n’est pas le Père et l’Esprit du Père et du Fils n’est ni le Père ni le Fils ; mais le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne sont qu’un seul Dieu. Appuyez-vous sur cette unité pour ne pas tomber en désunissant.

§ 2.  Le Christ demande à Son Père que nous allions au Ciel, séjour de félicité absolue tandis que cette terre est un lieu de craintes et de souffrances.

   Vous avez vu ce que demandait le Sauveur, ou plutôt ce qu’Il voulait. Il disait donc : « Je veux, mon Père, que là où Je suis soient aussi ceux que Vous m’avez donnés ». Oui, « Je veux que là où Je suis ils soient aussi avec Moi ».
Oh ! l’heureux séjour ! Oh ! L’inattaquable patrie ! Elle n’a ni ennemi ni épidémie à redouter. Nous y vivrons tranquilles, sans chercher à en sortir ; nous ne trouverions point de plus sûr asile. Sur quelque lieu que se fixe ton choix ici-bas, sur la terre, c’est pour craindre, ce n’est point pour y être en sûreté. Ainsi donc, pendant que tu occupes cette résidence du mal, en d’autres termes, pendant que tu es dans ce siècle, dans cette vie pleine de tentations, de morts, de gémissements et de terreurs, dans ce monde réellement mauvais, fais choix d’une autre contrée pour y porter ton domicile.

§ 3. Pour aller au Ciel il faut pratiquer le bien. Différences entre le séjour d’ici-bas et celui du Ciel.

   Mais tu ne saurais te transporter au séjour du bien, si tu n’as fait du bien dans ce pays du mal.
Quelle résidence que cette autre où personne ne souffre de la faim ?  Mais pour habiter cette heureuse patrie où la faim est inconnue, dans la patrie malheureuse où nous sommes, partage ton pain avec celui qui a faim. Là nul n’est étranger, chacun est dans son pays.
Veux-tu donc habiter ce séjour heureux où il n’y a point d’étranger ? Dans ce séjour malheureux ouvre ta porte à celui qui est sans asile. Donne l’hospitalité, dans ce pays du malheur, à l’étranger, afin d’être admis toi-même sur la terre fortunée où tu ne pourras la recevoir.
Sur cette terre bénie, personne n’est sans vêtement, il n’y a ni froid ni chaleur excessifs ; à quoi bon des habitations et des vêtements. Au lieu d’habitation on y trouve la protection divine ; on y trouve l’abri dont il est dit : « Je me réfugierai à l’ombre de Vos ailes » (Ps. LVI, 2). Ici donc reçois dans ta demeure celui qui n’en a pas, et tu pourras parvenir au lieu fortuné où tu trouveras un abri qu’il ne te faudra point restaurer, attendu que la pluie ne saurait le détériorer. Là jaillit perpétuellement la fontaine de vérité, eau féconde qui répand la joie et non l’humidité, source de véritable vie. Que voir en effet dans ces mots : « En Vous est la fontaine de vie » (Ps. XXXV, 10) » ; sinon ceux-ci : « Le Verbe était en Dieu  » (Jean I, 14 ) ?
Ainsi donc, mes bien-aimés, faites le bien dans ce séjour du mal, afin de parvenir au séjour heureux dont nous parle en ces termes Celui qui nous le prépare : « Je veux que là où Je suis ils soient aussi avec Moi ». Il est monté pour nous le préparer, afin que le trouvant prêt nous y entrions sans crainte. C’est Lui qui l’a préparé ; demeurez donc en Lui. Le Christ serait-Il pour toi une demeure trop étroite ? Craindrais-tu encore Sa passion ? Mais Il est ressuscité d’entre les morts, et Il ne meurt plus, et la mort n’aura plus sur Lui d’empire (Rom. VI, 9).

§ 4. Ce monde est marqué par le mal et la division. Le Ciel sera le lieu de l’unité en Dieu.

   Ce siècle est à la fois le séjour et le temps du mal.
Faisons le bien dans ce séjour du mal, conduisons-nous bien dans ce temps du mal ; ce séjour et ce temps passeront pour faire place à l’éternelle habitation et aux jours éternels du bien, lesquels ne seront qu’un seul jour.
Pourquoi disons-nous ici des jours mauvais ? Parce que l’un passe pour être remplacé par un autre. Aujourd’hui passe pour être remplacé par demain, comme hier a passé pour être remplacé par aujourd’hui. Mais où rien ne passe on ne compte qu’un jour.
Ce jour est aussi et le Christ et son Père, avec cette distinction que le Père est un jour qui ne vient d’aucun jour, tandis que le Fils est un jour venu d’un jour.

§ 5. Le temps du Carême et de la Passion sont liés aux peines d’ici-bas. Le temps de la résurrection est l’annonce et le gage du bonheur du Ciel.

   Ainsi donc Jésus-Christ Notre-Seigneur, par Sa Passion, nous prêche les fatigues et les accablements de ce siècle ; Il nous prêche, par Sa Résurrection, la vie éternelle et bienheureuse du siècle futur.
Souffrons le présent, ayons confiance dans l’avenir.
Aussi le temps actuel que nous passons dans le jeûne et dans des observances propres à nous inspirer la contrition, est-il l’emblème des fatigues du siècle présent ; comme les jours qui se préparent sont l’emblème du siècle futur, où nous ne sommes pas encore.
Hélas ! oui, ils en sont l’emblème, car nous ne le tenons pas. La tristesse doit durer en effet jusqu’à la Passion ; après la Résurrection, les chants de louanges !

Le Christ en prière - détail

Le Christ en prière attribué à Niklaus Weckmann – détail.

2017-33. Sept cartes de poissons d’avril pour célébrer notre souriante amitié.

1er avril,
La fête du Bienheureux Charles 1er de Habsbourg-Lorraine, empereur et roi, confesseur ;
Au diocèse de Viviers, fête de Saint Hugues de Châteauneuf, évêque et confesseur ;

En Carême ou dans la semaine de la Passion, mémoire de la férie.

Gif animé poisson d'avril 3

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Pour une fois, le 1er avril n’arrive pas en pleine Semaine Sainte ou même pendant le Triduum Sacré : je puis donc « marquer le coup » et vous rejoindre, non pas en publiant un canular, mais tout simplement en reproduisant ci-dessous à votre adresse quelques unes de ces anciennes cartes de correspondance dont vous me savez amateur, et dont la naïve fraîcheur nous ramène au gracieux royaume de l’enfance qui vit encore au fond de chacun de nos coeurs, ainsi qu’aux si plaisantes anciennes traditions de ce qui fut la douce France.

   On a proposé des centaines d’hypothèses afin d’expliquer cette tradition amusante des poissons et des blagues du 1er avril : aucune ne s’impose vraiment et, à vrai dire, cela importe peu : conservons nos traditions et rappelons-nous, avec Saint François de Sales, qu’ « un saint triste est un triste saint ».
Je veux donc marquer ce jour et célébrer notre souriante amitié.
Dans ma petite collection de cartes anciennes, j’en ai
 sélectionné 7 à votre intention : 7 cartes de « Poissons d’Avril », sur lesquelles figurent aussi des chats (cela ne vous étonnera pas) ; et j’intercalerai entre elles quelques petites histoires ecclésiastiques qui, je l’espère, vous feront sourire…

Poisson d'avril 1

Couronne ?
(cette histoire-ci est absolument authentique : Frère Maximilien-Marie en a été le témoin)

   Une religieuse fait visiter l’église du village à de tout petits enfants. La visite est didactique : elle est l’occasion d’un véritable catéchisme.
Voici donc notre petite troupe devant l’autel de la Très Sainte Vierge Marie.
La religieuse interroge : « Mes enfants, qui est représenté par cette statue ? »
Et les enfants répondent en chœur : « C’est la Sainte Vierge ! »
– Qui est la Sainte Vierge ? demande la sœur.
– C’est la maman de Jésuuuuus ! répondent encore les petits.
– Qu’est-ce que vous voyez sur sa tête ?
– Une couroooooonne !
– Et savez-vous pourquoi la Sainte Vierge porte une couronne ?
– …
Là, les bambins calent.
Jusqu’à ce qu’une petite fille s’écrie soudain d’un ton triomphant :

– Parce qu’elle a eu la fève !

Poisson d'avril 2

Mais d’où m’appelez vous ?

   Pour ce 1er avril là, un paroissien facétieux avait voulu faire à son curé une blague. Blague d’assez mauvais goût à la vérité, puisqu’il avait fait paraître dans le journal l’avis de décès du dit curé.
Le matin du 1er avril donc, en prenant son petit déjeuner, Monsieur le Curé découvre dans le journal l’annonce de sa propre mort, avec le jour, l’heure et le lieu de son enterrement !
Très en colère, il se précipite sur le téléphone et appelle l’évêché : « Allô, Monseigneur ? Ici l’abbé X, curé de Y. Dites donc, Monseigneur, avez-vous lu ce matin dans le journal le faire-part de mon décès ? »

– Bien sûr que je l’ai lu, Monsieur le Curé…
Puis, hésitant, l’évêque interroge : « Mais au fait, d’où m’appelez-vous ? »

Poisson d'avril 3

Parce que les plus courts sont les meilleurs…

   Ce dimanche-là, pendant la Messe, tous les paroissiens ont pu remarquer que Monsieur le Curé avait un pansement au menton. A la sortie de l’église, un paroissien l’interroge :
-  Alors, Monsieur le Curé, que vous est-il arrivé ?

– Oh ! répond le prêtre, ce matin, en me rasant, j’étais tellement concentré sur mon sermon que je m’en suis coupé le menton.
– Eh bien ! Monsieur le Curé, permettez-moi juste ce petit conseil : dimanche prochain, concentrez-vous sur votre menton, et coupez plutôt votre sermon !

Poisson d'avril 4

Imparable logique.

   C’est le début du cours de catéchisme. Monsieur le Curé qui prépare des enfants à leur première confession, veut, avant de poursuivre, s’assurer que ce qui a été dit la semaine dernière a bien été assimilé. Il interroge :
- Alors, mes enfants, pour faire une bonne confession, par quoi faut-il commencer ?
- Par faire des péchés ! répond un enfant, très sûr de lui.

Poisson d'avril 5

La raison du miracle est évidente…

   Un Écossais en pèlerinage en Terre-Sainte regarde les affiches des bateliers qui proposent de faire une promenade en bateau sur le lac de Tibériade. Hésitant, il s’enquiert des tarifs auprès de l’un d’eux :
– C’est 50 dollars pour l’heure, répond l’homme.
– Mais vous êtes fou ! s’écrie l’Ecossais. C’est bien trop cher…
– Hé, peut-être ! mais souvenez-vous que c’est ici que Jésus a marché sur les eaux.
– Cela n’a rien d’étonnant, rétorque l’Écossais. Avec de tels tarifs, il a préféré se débrouiller tout seul !

Poisson d'avril 6

Pas pratiquants.

   Ce jour-là, les pièces de 20 centimes sont attendues au Paradis.
Dès qu’elles paraissent, encore au loin, les portes – pavoisées – sont ouvertes à deux battants : Saint Pierre a revêtu sa plus belle tenue, des angelots jettent des pétales sous leurs pas, tandis qu’un orchestre de chérubins joue des airs de triomphe. En vérité, en vérité je vous le dis, les pièces de 20 centimes furent accueillies en grande pompe au Paradis !

   A quelque temps de là, des billets de 500 euros se présentent à leur tour à la porte du Ciel.
Mais, de toute évidence, ils ne sont pas attendus : ils doivent toquer longtemps avant que Saint Pierre, en tenue très ordinaire, entrebâille à peine la porte et consente à les laisser pénétrer. Pas de fanfare et point de fleurs.

Les billets de 500 euros en sont très mortifiés et font remarquer qu’il est vraiment choquant que les pièces de 20 centimes aient reçu un tel accueil, alors que, eux – des billets de 500 euros ! – , sont reçus avec si peu de chaleur… Tout de même !
Et la réponse de Saint Pierre tombe avec un ton qui n’admet pas de réplique :
« Hé là ! Dites donc ! Les pièces de 20 centimes, on les voyait tous les dimanches à la Messe, elles !… »

Poisson d'avril 7

       Bonne et belle journée à vous, mes chers Amis !

Patte de chat Lully.

Gif animé poisson d'avril 1

Publié dans:Chronique de Lully |on 1 avril, 2017 |8 Commentaires »

2017-32. Réflexions félines et citations – mars 2017.

Vendredi 31 mars 2017,
Commémoraison solennelle du Très Précieux Sang de Notre-Seigneur (cf. > ici)
Mémoire du vendredi de la 4e semaine de Carême.

Politiciens corrompus

   Comme les magouilles des partis politiques républicains sont omniprésentes en ce moment dès qu’on ouvre un journal ou veut écouter un bulletin d’information, j’en profite pour citer une « blagounette ».
Elle est archi-connue, mais je la trouve toujours aussi amusante.

Lorsque Dieu eut créé le monde, après le septième jour – pendant lequel Il s’était certes reposé mais avait néanmoins beaucoup réfléchi – , Il décida de concéder à chacun des peuples qui seraient issus d’Adam deux vertus caractéristiques, qui constituraient en quelque sorte leur identité psychologique. 
Ainsi, par exemple, statua-t-Il :
- Les Suisses seront ordonnés et respectueux des lois,
- Les Anglais seront opiniâtres et flegmatiques,
- Les Japonais seront travailleurs et patients,
- Les Italiens seront joyeux et romantiques…
etc… etc…
Mais au sujet des Français, Dieu dit :
« Ceux-ci seront intelligents, honnêtes et socialistes ! »

En entendant cela, l’ange qui présidait aux distributions des vertus fronça le sourcil et osa faire remarquer au Très-Haut : « Seigneur, Vous aviez déclaré « à chaque peuple deux vertus », et voilà que pour les Français Vous en avez énoncé trois… Serait-ce une espèce de favoritisme ? »
« En vérité, en vérité Je te le dis – répondit le Créateur – , il n’y a là aucune espèce d’injustice car ils ne pourront réellement en posséder que deux : si un Français est intelligent et honnête, il ne pourra pas être socialiste ; s’il est socialiste et honnête, il ne sera pas intelligent ; mais s’il est socialiste et intelligent, il ne lui sera pas possible d’être honnête… »

Lully Ah ! Ah ! Ah !

Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah !

Crise de l’Eglise.

   En 1975, l’historien protestant Pierre Chaunu avait ainsi analysé la crise de l’Église :
« La médiocrité intellectuelle et spirituelle des cadres en place des églises occidentales au début des années 1970 est affligeante. Une importante partie du clergé de France constitue aujourd’hui un sous-prolétariat social, intellectuel, moral et spirituel ; de la tradition de l’Église cette fraction n’a souvent su garder que le cléricalisme, l’intolérance et le fanatisme. Ces hommes rejettent un héritage qui les écrase, parce qu’ils sont, intellectuellement, incapables de le comprendre et, spirituellement, incapables de le vivre ».
(in « De l’histoire à la prospective » – Robert Laffont, 1975).

moine perplexe gif

   Quand je lis dans le compte-rendu d’une récente visite pastorale accomplie par un évêque une formulation telle que celle-ci : « (…) pour inventer une Eglise qui colle à son temps, au service de tous, croyants ou pas », je ne peux m’empêcher de penser qu’on a encore affaire – bien malheureusement – à des prêtres et à des « laïcs engagés » qui sont de véritables dinosaures, survivants de la période glaciaire postvaticandeuse et égarés au XXIe siècle…
Et je me demande aussi quand est-ce qu’on va les empailler avant de les remiser au musée des monstruosités ecclésiologiques.

   L’Eglise n’est pas à inventer : on la reçoit de Dieu par la Tradition immuable qui nous vient du Christ Lui-même qui l’a fondée sur Ses saints Apôtres et leur a confié une Révélation à laquelle rien ne peut être ajouté et rien ne peut être retranché.

moine toc toc gif

Progrès ?

   Citation du vicomte Louis de Bonald :
« Jamais on n’a autant parlé des progrès de l’esprit humain, ni vu autant d’hommes égarés : est-ce que le progrès des esprits n’empêche pas leur égarement ? ou serait-ce cet égarement même que l’on prend pour un progrès ? »

Millau - buste de Louis de Bonald

Louis de Bonald
(buste sur une place de Millau)

« Je ne puis rien nommer si ce n’est par son nom.
J’appelle un chat un chat et Rollet un fripon. »
(Nicolas Boileau – Première satire)

Conversation entendue :

   - Mon Frère, vous devriez arrêter de parler d’ « hérétiques » lorsque vous nommez les protestants. C’est chargé d’une connotation très négative ; ça donne tout de suite l’impression que vous vous posez en juge ; ça évoque l’inquisition… Enfin bref ! c’est très désobligeant pour nos frères séparés…

   - Cher Monsieur l’Abbé, en ce qui me concerne je crois que la vérité est une, et que donc ce qui n’est pas la vérité s’appelle l’erreur. L’erreur, en matière religieuse possède un nom spécifique précis : c’est l’hérésie.
Vous savez, quand on a des diarrhées c’est très désagréable (pour celui qui les a en tout premier lieu, mais ça peut l’être aussi pour ceux qui sont autour) : parler de diarrhée, c’est chargé d’une connotation très négative. Dire que son voisin a la diarrhée donne l’impression que vous le jugez du haut de votre bonne digestion, et ça peut le couvrir de ridicule… 
Or, si pour ne pas être désobligeant envers votre frère chiasseux, vous dites en mettant la bouche en schtroumpf de poule « qu’il a de légers embarras intestinaux », cela ne changera rien à la réalité : ce n’est pas parce que vous ne lui donnerez pas le nom de diarrhée que ce n’en sera pas une et que votre frère chiasseux se trouvera guéri ! 
Maintenant, nous sommes bien d’accord sur le fait que celui qui a une diarrhée et veut avoir un transit normal se trouve affronté à des difficultés qui dépassent ce que peut opérer sa simple et seule volonté. 
Alors qu’il n’en est pas de même pour l’hérésie : celui qui est contaminé par l’hérésie et qui, à travers les paroles de celui qui vit dans la vérité catholique, prend conscience qu’il est un hérétique, peut, à la seconde même, ne plus l’être. Il lui suffit pour cela en définitive d’un seul acte de sa volonté libre, en adhérant de toute son intelligence, de toute sa volonté et de tout son coeur à la plénitude de la Vérité révélée qui a été confiée à l’Eglise catholique. 
C’est aussi simple que cela.

moine écrivant gif

   Citation de Gustave Thibon :
« A un jeune homme : Restez fidèle à ce que vous avez entrevu de plus pur et de plus haut – et croyez encore que c’était vrai alors que tout vous dira, autour de vous et en vous, que c’était faux… »
(in « L’illusion féconde » p. 127)

angelot gif

   Allez, encore une « blagounette »
Celle-ci se raconte dans certains couloirs, à Rome même, ces derniers temps :

Le Père, le Fils et le Saint-Esprit prennent leur petit-déjeuner ensemble et discutent d’un pèlerinage qu’ils aimeraient faire.
Le Père propose : « Si nous allions à Jérusalem ? ».
- Ah non ! dit le Fils, j’en ai gardé un trop mauvais souvenir…
- Alors, nous pourrions peut-être nous rendre à Rome ?
- Ah ! Très bonne idée ! dit le Saint-Esprit, il y a tellement longtemps que je n’y suis pas allé…

Lully Ah ! Ah ! Ah !

Ah ! Ah ! Ah !

   Citation célèbre du Docteur Albert Schweitzer :
« Il y a deux moyens d’oublier les tracas de la vie : la musique et les chats ».

Chat pianiste

2017-31. Où le Maître-Chat vous démontre par les faits que l’on ne peut pas avoir toutes les vocations en même temps…

Jeudi soir 30 mars 2017,
Fête de Saint Jean Climaque, abbé et confesseur ;
Mémoire du jeudi de la 4e semaine de Carême.

Lully observateur

Lully, l’observateur

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

Ce soir, je ne viens pas vous entretenir de thèmes spirituels, ni de Légitimité, ni de quelque autre sujet connexe à la crise de l’Eglise, je viens juste vous donner quelques nouvelles de la vie au Mesnil-Marie et vous démontrer de manière incontestable que Frère Maximilien-Marie n’a pas, mais alors pas du tout, absolument pas du tout la vocation… de cascadeur.
Jugez-en plutôt par vous-mêmes…

pattes de chatLully.

grenouille gif

Mon moine n'a pas la vocation de cascadeur - BD

grenouille gif

2017-30. A la glorieuse mémoire de Monsieur de Charette, généralissime de la Grande Armée Catholique et Royale.

frise lys deuil

   C’est le 29 mars 1796 que François-Athanase Charette de La Contrie, communément appelé Charette, dernier généralissime de la Grande Armée Catholique et Royale du Bas-Poitou et du Pays de Retz, fut fusillé à Nantes, sur la place Viarme, après avoir longuement et courageusement combattu les troupes de la révolution impie.
Capturé par le républicain Jean-Pierre Travot, le 23 mars 1796, dans les bois du manoir de La Chabotterie (paroisse de Saint-Sulpice-le-Verdon), le « Roi de la Vendée », fut c
onduit à Nantes.
Nous avons publié (cf. > ici) le procès verbal de son interrogatoire qui eut lieu le 28 mars. Sans surprise, il fut condamné à mort.
Ce 29 mars 1796, il fut donc conduit sur la place Viarme, en face du peloton d’exécution.

   Charette est prêt.
Confiant dans le Seigneur pour lequel il a combattu, il prie : « In manus tuas, Domine, commendo spiritum meum : Seigneur, entre Vos mains je remets mon esprit ». Puis, refusant d’avoir les yeux bandés,
 il dirige lui-même le peloton de sa propre exécution, en lançant aux soldats : « Lorsque je fermerai les yeux, tirez droit au cœur ! » 

   Au moment où ses exécuteurs ont ouvert le feu, dans un ultime réflexe de combattant, il s’est élancé en avant…

Julien Le Blant - Exécution du général de Charette

Le célèbre tableau de Julien Le Blant (1851-1936) représentant l’exécution du général de Charette
sur la place Viarme, à Nantes, le 29 mars 1796.

  En ce 29 mars donc, jour anniversaire de la mort de ce héros, dont la geste demeure un exemple toujours actuel, nous pouvons réécouter, à sa glorieuse mémoire, le fameux chant composé par Paul Féval vers le milieu du XIXème siècle que beaucoup d’entre nous ont chanté avec ardeur lors de camps ou de pèlerinages : « Monsieur d’Charette a dit… »
En voici deux enregistrements : le premier déjà ancien reprend strictement la mélodie d’origine, mais n’a pas tous les couplets ; le second les a tous, mais prend quelques libertés avec la partition originelle.

Pour écouter faire un « clic droit » sur chacune des images ci-dessous,
puis « ouvrir le lien dans un nouvel onglet ».

Image de prévisualisation YouTube

Image de prévisualisation YouTube

frise lys deuil

Publié dans:Chronique de Lully, Memento, Vexilla Regis |on 29 mars, 2017 |2 Commentaires »

2017-29. Ce que je hais dans la démocratie…

   Tandis que la campagne en vue des élections pestilentielles atteint des records d’inconsistance démagogique, prenons du recul et relisons ces quelques réflexions, nées du plus élémentaire bon sens mais qu’il fallait savoir exprimer avec autant de pertinence. 

Gustave Thibon

Ce que je hais dans la démocratie…

   « [...] Ce que je hais précisément dans la démocratie, ce qui, dés l’aurore de ma pensée, m’a incliné vers la solution monarchique et vers les traditions qu’elle incarne et qu’elle couronne, eh bien ! c’est que la démocratie, c’est le règne de la quantité sous toutes ses formes : la quantité brutale sous la forme du nombre, sous la forme de la masse, sous la forme de la pesanteur, c’est à dire le règne de tout ce qu’il y a d’anonyme, de matériel, de mécanique dans l’homme et dans le peuple.

   Autrement dit, la fatalité de la démocratie c’est de cultiver et de dilater jusqu’à l’éclatement le coté quantitatif du réel.
Par le suffrage universel d’abord.
Je n’ai pas à insister sur la loi du nombre ; la loi du nombre où le vrai, l’utile, le bien sont livrés aux caprices d’une foule, où l’individu manié par des propagandes est appelé à décider non ce qui le concerne – et directement, là où il a compétence – , mais sur des programmes abstraits, lointains, qui, par le fait même qu’ils s’adressent à tout le monde, ne concernent plus personne.

   Ce qui, d’ailleurs [...], par la centralisation qui en résulte, étouffe toutes les libertés personnelles et locales au nom d’une liberté abstraite et inexistante.
[...] On peut évoquer ici Valéry qui, parlant quelque part de la démocratie, dit qu’elle est l’art à la fois d’empêcher les hommes de s’occuper de ce qui les regarde, et de les faire décider sur ce à quoi ils n’entendent rien [...] »

Gustave Thibon
(extraits d’une conférence prononcée lors du rassemblement royaliste de Montmajour en 1971)

élections truc cochon

2017-28. « Je suis « entré en Légitimité » de la même manière que j’étais entré en religion… »

27 mars,
Fête de Saint Jean Damascène, confesseur et docteur de l’Eglise (cf. > ici) ;
Anniversaire de la naissance de SMTC le Roi Louis XVII (cf. > ici).

icône des martyrs de la famille royale détail : Louis XVII dans son cachot

Le petit Louis XVII dans son cachot
(détail de l’icône des martyrs de la Famille Royale dans l’oratoire du Mesnil-Marie)

fleur de lys

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Il y a de cela déjà un certain temps de cela, sur le Forum du Royaume de France, Frère Maximilien-Marie avait répondu à cette question : « Comment êtes-vous devenu royaliste ? » Je lui avais alors demandé l’autorisation de publier cette réponse sur mon blogue, mais il n’y avait pas consenti, au prétexte que cela avait été une réponse hâtive, imparfaite dans son style, incomplète… etc.
Depuis lors, j’ai maintes et maintes fois reporté l’antienne, affiné mes questions, noté ses explications, insisté pour obtenir des précisions… et, avec un ami qui m’a assisté dans l’ « intervioue » finale, nous avons
 obtenu les réponses que nous souhaitions ainsi que l’autorisation de les publier à votre intention.
C’est à dessein que j’ai choisi ce jour pour le faire, afin de marquer d’une certaine manière l’anniversaire de la naissance de l’infortuné petit Roi-martyr, Louis XVII (27 mars 1785).

Lully.

grandes armes de France

   - Frère Maximilien-Marie, il y a déjà un certain temps, vous aviez consenti à répondre rapidement à la question : « Comment êtes-vous devenu royaliste ? »
Je vous sollicite aujourd’hui sur ce même thème, parce que finalement beaucoup de personnes qui vous connaissent peuvent, plus ou moins consciemment, se le demander elles aussi, sans forcément oser vous interroger, et peuvent avoir envie de connaître pourquoi et comment « vous en êtes arrivé là », puisque vos convictions et vos engagements ne sont un secret pour personne…

   Réponse :
Cette question « Comment êtes-vous devenu royaliste ? » peut recevoir deux réponses. Deux réponses différentes, ou plutôt une réponse en deux parties qui ne s’excluent pas l’une l’autre mais se complètent.
Je m’explique : En tout premier lieu, je crois pouvoir affirmer que je ne suis pas « devenu royaliste », parce que, aussi loin que remontent mes souvenirs (et ils remontent jusqu’en ma toute petite enfance), je constate que j’ai toujours été royaliste par mes convictions personnelles profondes. Je n’ai pas conscience – ni le souvenir – d’avoir jamais été autre chose que royaliste.
En second lieu cependant, il faut ajouter qu’il m’a bien fallu moi-même réfléchir sur cette conviction profonde, presque innée, et – particulièrement en raison des oppositions qu’elle a rencontrées – l’approfondir, la discuter, la justifier, argumenter… etc.
En ce sens, il y a donc bien eu une forme de devenir, qui a consisté en une maturation, en un développement, en un épanouissement, selon le même processus qui fait que la graine devient fleur.

fleur de lys

   - Vous dites que vous avez toujours été royaliste depuis votre petite enfance : est-ce parce que vous avez grandi et avez été éduqué dans un milieu royaliste ?

   Réponse :
Pas du tout !
Je suis né et j’ai grandi dans une famille pour laquelle, depuis la fin du XIXe siècle (avec ce fameux et funeste « ralliement » demandé par Léon XIII), puis sous l’influence du « catéchisme des diocèses de France » imposé après la seconde guerre mondiale, la république était devenue la « norme » politique.
En outre, depuis l’âge de 6 ans où je suis entré au cours élémentaire et jusqu’à l’âge de 10 ans, j’ai été scolarisé dans une école communale – l’école laïque, « l’école de la république » – , où, bien évidemment, spécialement dans les cours d’histoire et les leçons de morale civique, l’on dispensait le prêt-à-penser républicain au sujet de la royauté et de l’Ancien Régime.
Mon instituteur des CM 1 et CM2, qui avait participé au maquis avec les « rouges », était tout-à-fait dans la ligne des « hussards noirs de la république », et je me suis rendu compte qu’il était en quelque manière inquiet de mes assurances et de ma passion pour nos Rois, voire presque pénétré de crainte en face d’elles.
Je me souviens en particulier d’un jour où l’inspecteur d’académie était passé dans notre classe, y avait assisté à la matinée de cours et m’avait interrogé à plusieurs reprises ; ensuite, au moment de la récréation, j’avais tout-à-fait fortuitement entendu mon maître et l’inspecteur parler de moi : mon instituteur disait avec une grande perplexité : « Je ne comprends pas comment cela se fait, mais il est vraiment royaliste… »
A l’âge de 10 ans, je suis entré au collège, un collège dit catholique tenu par les « Chers Frères ». C’était la rentrée de septembre 1972 : partout triomphait « l’esprit du concile » (!!!) conjugué aux modes pédagogiques et à la mentalité post-soixante-huitardes. Puis, lorsque j’ai eu 14 ans, je suis allé au lycée, un lycée de l’enseignement diocésain dans un diocèse où l’évêque, très progressiste, ne cachait pas son soutien à la gauche (il lui est même arrivé de se rendre à la « fête de l’Humanité » !) : vous pensez bien que, dans ces deux établissements, je n’ai jamais rencontré – ni parmi les religieux, ni parmi les professeurs, ni parmi les élèves – le moindre royaliste !
A l’exception du prêtre qui fut mon professeur de Grec classique au lycée, l’écrasante majorité des enseignants, lorsqu’ils n’étaient pas ouvertement socialistes, se plaçaient de près ou de loin dans la mouvance de la « démocratie-chrétienne », et étaient donc de fait des républicains de gauche ou de centre-gauche.
Vous le voyez, je ne dois donc à aucun de mes éducateurs d’être royaliste depuis mon enfance !

fleur de lys

   - Alors, à quoi attribuez-vous cet attachement précoce à la royauté ?

   Réponse :
A cette question, j’ai envie de vous répondre par une citation de Saint Paul : « Gratia autem Dei sum id quod sum, et gratia ejus in me vacua non fuit : c’est par la grâce de Dieu que je le suis, et Sa grâce n’a pas été vaine en moi ! » (cf. 1 Cor. XV, 10 a).
Dois-je parler d’une espèce d’intuition « mystique » ?
A tout le moins, je peux affirmer que le Bon Dieu m’a fait depuis ma toute petite enfance la grâce d’être attiré par Lui et par les splendides et profondes vérités de notre religion catholique.
Depuis toujours, s’est aussi imposé à moi avec une irréfragable clarté que, de ces vérités catholiques, découle nécessairement un ordre social : tout ce que le pape Pie XI a exprimé dans l’encyclique « Quas primas » au sujet de la Royauté du Christ est, spontanément, d’une limpide évidence pour qui a véritablement la foi catholique !
Alors certes, à l’âge de 6 ou 7 ans je n’avais ni la formation ni les arguments pour l’exprimer de manière construite et pour argumenter, néanmoins je comprenais dans une lumière certaine que la royauté capétienne traditionnelle a été pour notre France une forme d’incarnation de cet ordre social chrétien, et il m’apparaissait que c’est aussi la raison pour laquelle elle a été combattue et abattue ; et je constatais que la république en France, quelque « soft » qu’elle fasse l’effort de se montrer, n’est que la continuation institutionnalisée de la révolution antichrétienne.
Mais, ainsi que je vous le disais au début, tout cela se trouvait en moi à l’état d’intuitions, ou d’évidences premières, et j’ai eu besoin d’étudier et d’approfondir pour le pouvoir formuler de manière cohérente et argumentée.

fleur de lys

   - Parlons donc de la manière dont vous avez procédé pour cette maturation et ce développement de votre attachement à la royauté traditionnelle.

   Réponse :
Ce fut d’abord essentiellement par la lecture.
Au fur et à mesure que je grandissais, étant à la fois bibliophage et passionné d’histoire, j’ai dévoré tous les livres qui me tombaient sous la main. Avec mon argent de poche, je m’achetais des livres. Je fréquentais aussi de manière assidue les bibliothèques. Il y avait là du bon et du moins bon ; cela m’a aussi permis de développer mon discernement. Par dessus tout, j’ai appris à prendre du recul avec l’enseignement officiel et avec la pensée dominante, j’ai appris à réfléchir de manière cohérente en même temps que je développais mes connaissances.
J’ai peu à peu acquis les éléments qui me permettaient, déjà simplement en ce qui concerne l’histoire, de voir combien l’enseignement officiel est partial et partiel au sujet de l’Eglise, du Moyen-Age, de l’Ancien Régime et de la révolution.
Si, dès l’âge de 7 ans, j’avais eu l’intuition que l’on me mentait sur ces sujets, en grandissant j’en accumulais désormais de multiples preuves.
C’est aussi entre 10 et 11 ans que j’ai lu le roman « Quatre-Vingt-treize » de Victor Hugo (lequel, avant de trahir et d’apostasier, avait été un ardent légitimiste pendant la Restauration) ; lorsque mon professeur de Français le sut, elle en fut abasourdie, elle qui n’avait fait que survoler l’œuvre lorsqu’elle étudiait à l’université. J’avais appris par cœur la longue tirade du marquis de Lantenac qui, lorsqu’il est emprisonné, démontre à son neveu, le traître Gauvin, les grandeurs de l’Ancien Régime avec une impitoyable éloquence (cela se trouve dans la 3ème partie, livre septième, premier chapitre). Je me récitais ce plaidoyer avec passion.
C’est enfin à l’âge de 14 ans que j’ai découvert Gustave Thibon et que j’ai commencé à lire ses œuvres : je ne suis pas devenu un « thibonien » – cela n’existe d’ailleurs pas – , mais il a été pour moi un accoucheur (n’est-ce pas ainsi que Socrate se définissait lui-même ?) : la lecture du philosophe de Saint-Marcel d’Ardèche, puis quelques contacts personnels que j’eus ensuite avec lui, m’ont grandement aidé à développer toutes mes capacités de réflexion et de raisonnement, en dehors des sentiers battus.

fleur de lys

   - Mais avant de lire puis de rencontrer Gustave Thibon, vous ne connaissiez toujours pas de royalistes « en chair et en os » ! Cela a parfois dû être difficile pour vous, non ?

   Réponse :
Dès le moment où j’ai commencé à exprimer non pas encore des convictions royalistes mais seulement déjà une pensée différente des sacro-saints dogmes républicains, il est clair que mon entourage s’en est effrayé.
Mes parents, les premiers, ont commencé à me regarder « comme une poule qui a couvé un canard », selon une expression de chez nous !
Je me souviens que, vers l’âge de 9 ans, j’avais dessiné une allégorie : un drapeau blanc orné d’une fleur de lys triomphait du drapeau tricolore et d’un étendard portant l’aigle napoléonien, lesquels gisaient à terre devant lui, leurs hampes brisées. J’avais affiché mon dessin dans un lieu de passage du moulinage où mon père travaillait (il y exerçait des responsabilités qui faisaient que nous bénéficiions alors d’un logement de fonction, ce qui explique donc que j’avais accès à l’usine) et, bien sûr, mon père avait trouvé ce dessin et l’avait prestement retiré…

A partir de mon entrée en sixième (je venais juste d’avoir 10 ans), et pendant mes quatre années de collège, mes camarades de classe m’ont surnommé avec un ton méprisant « le royaliste ». Certains, profitant de leur supériorité physique (j’étais toujours le plus jeune et le plus chétif de la classe), ont parfois dépassé le stade des insultes et des violences verbales pour me maltraiter : être royaliste était à leurs yeux un véritable motif d’infamie et de mise à l’écart… et l’on sait ce que certains adolescents bourrus sont capables de faire dans ces cas-là.
Ces vexations ne m’ont jamais ébranlé, elles ont contribué à me fortifier intérieurement et m’ont irrémédiablement blindé contre les opinions du commun et les modes de la pensée dite moderne.
Il me faut ici préciser que les lectures – et plus tard la rencontre – de Gustave Thibon, qui sont venues au terme de ces quatre années de collège, ne sont pas arrivées pour achever de me convaincre (c’était déjà fait !), mais comme une confirmation paisible, un encouragement, une consolation, et un stimulant à aller plus loin encore dans mon cheminement intellectuel et spirituel.

fleur de lys

   - Vous m’avez dit que votre attachement fondamental à la royauté traditionnelle est lié à votre foi catholique…

   Réponse :
Oui, ainsi que je l’exprimais ci-dessus, j’ai acquis la conviction inébranlable qu’il y a dans la royauté française traditionnelle un caractère spirituel et sacré voulu par Dieu.
Avant l’âge de trois ans, j’avais découvert dans la bibliothèque de mes parents une « Histoire sainte » de jadis (elle avait été offerte à mon père à l’occasion de sa communion). On y trouvait, avec une abondance d’illustrations magnifiques – qui me ravissaient et dont la contemplation me soustrayait pendant des heures à tout ce qui m’entourait -, le résumé de l’Ancien Testament, de l’Evangile, des Actes des Apôtres et, dans une harmonieuse continuité, le résumé de l’histoire religieuse de la France à partir de ses premiers évangélisateurs au 1er siècle : depuis les saints de Provence et Saint Denys, en passant par la geste de Saint Martin, la mission de Sainte Geneviève, le rôle majeur de Saint Remi, la conversion et le baptême de Clovis, le Bienheureux Charlemagne, Saint Louis et l’épopée de Sainte Jeanne d’Arc…
Lors même que je ne savais pas encore lire, je me faisais inlassablement lire et expliquer par ma mère les récits de cette « Histoire sainte » et leurs images.
Quand ensuite j’ai été capable de lire moi-même, je l’ai tout aussi inlassablement lue et relue pendant des années, jusqu’à ce que l’ouvrage, imprimé sur un mauvais papier du temps de la seconde guerre mondiale, tombât véritablement en lambeaux malgré les multiples tentatives de consolidation opérées d’année en année.
J’étais nourri d’une foi traditionnelle vivante, enracinée dans l’histoire vivante d’un pays, un pays qui était une patrie, selon le sens qui découle du quatrième commandement de Dieu.

Jusqu’au début des années 70 du précédent siècle, notre paroisse avait gardé bien des éléments traditionnels et, malgré l’arrivée de la nouvelle liturgie, les cérémonies restaient encore dignes, on y chantait encore régulièrement le kyriale en grégorien (voire la Messe Royale de Henry du Mont) et les prêtres, en clergyman en ville, revêtaient encore la soutane quand ils venaient à l’église…
Mais, à peu près dans le même moment où je suis entré en sixième et où, au collège, je me suis trouvé aux prises avec la réalité ravageuse du progressisme, nous avons changé de curé et, dans notre paroisse aussi, tout est devenu plus « moderne ».
C’est une 
nouvelle religion issue du concile vaticandeux que l’on voulait m’imposer, et cela se faisait au travers de véritables violences psychologiques. Tout ce à quoi je croyais, tout ce à quoi j’aspirais était dédaigneusement qualifié de « dépassé » ou de « définitivement remplacé », par les religieux, par l’aumônier puis par le curé et ses vicaires, qui n’avaient jamais assez de mots pour critiquer et condamner « ce qui se faisait avant », maintenant que nous étions entrés dans le nouveau « printemps de l’Eglise », dans un œcuménisme forcené et dans un néo-christianisme aussi incertain que socialiste.

Comme cette nouvelle religion se trouvait absolument incapable de répondre à mes attentes, intellectuelles et  spirituelles, je l’ai peu à peu évacuée de ma vie, ne gardant plus au cœur qu’une espèce de vide douloureux.

Lorsque, au mois de juin 1976 (à la fin de ma classe de 3ème, alors que j’arrivais à mes 14 ans), a éclaté « l’affaire Lefebvre », j’ai entendu les paroles de celui qu’on qualifiait d’ « évêque rebelle ».
J’ai entendu de sa bouche les paroles spirituelles dont mon âme avait soif, et j’ai su que la religion catholique que j’aimais, la religion telle qu’elle avait toujours été, et telle que j’aspirais à la vivre, n’avait pas été totalement engloutie dans le naufrage post-conciliaire. 
J’ai bu comme du petit lait les paroles de la fameuse homélie de Lille (29 août 1976) dans laquelle, sans ambiguïté, Monseigneur Lefebvre a dénoncé l’alliance adultère de l’Eglise avec la révolution (cf. extrait publié > ici).

Tout est alors redevenu clair dans ma tête, et surtout dans mon âme : indépendamment de ma famille et du milieu clérical progressiste dans lequel elle était immergée (puisque mes parents étaient très actifs au sein de la paroisse), je suis revenu à la foi catholique de toujours, à la liturgie traditionnelle, à la prière et aux sacrements vécus de manière traditionnelle… etc.

Ainsi, à l’éveil de ma raison, ma foi catholique d’enfant avait été la principale source de ma conviction royaliste et, dans une sorte de mouvement d’aller-et-retour logique et harmonieux, au terme de ma crise d’adolescence, mes convictions royalistes me permettaient de revenir à la foi catholique authentique.

fleur de lys

   - Vous étiez avec de fortes convictions royalistes, mais vous n’étiez pas encore à proprement parler un légitimiste.

   Réponse :
Avec ma foi retrouvée, fortifiée et grandie, revint en mon âme la vocation religieuse que je portais au fond de moi depuis ma toute petite enfance. Dès lors, mes années de lycée furent des années de plus intense approfondissement historique, doctrinal et spirituel. Après avoir été reçu au baccalauréat, n’étant pas encore majeur, j’ai dû attendre encore une année pour pouvoir concrétiser mon désir de vie religieuse. J’ai donc passé cette année à Lyon, en faculté de lettres classiques, touchant aussi à l’histoire et à l’histoire de l’art.
C’est alors seulement que j’ai rencontré d’autres royalistes « en chair et en os » (j’avais certes commencé à correspondre avec Gustave Thibon mais que je ne l’avais pas encore rencontré) : je n’en avais jamais côtoyé ni approché jusque là !
Toutefois, soit ils appartenaient à la mouvance maurassienne, à l’A.F., ou à d’autres tendances orléanistes, soit ils étaient survivantistes ou naundorfistes…
Au fond de mon âme, quelque chose me disait que ce n’était pas la voie. Autant les différents avatars de l’orléanisme m’apparaissaient fondamentalement comme un refus de la transcendance et une acceptation partielle des erreurs de la révolution, autant le survivantisme et ses diverses ramifications me semblaient errer dans une inconsistance intellectuelle et une forme d’exaltation pseudo mystique sans équilibre.
Et il n’y avait personne, absolument personne, pour me dire qu’il existait un détenteur légitime de la Couronne, personne pour me parler des Lois Fondamentales
 du Royaume de France et de celui qu’elles désignent indubitablement, personne pour m’enseigner les caractères dynastiques et doctrinaux de la Légitimité…

fleur de lys

   - Alors, de quelle manière avez vous connu la Légitimité ?

   Réponse :
Entré en religion dès que j’ai eu 18 ans, l
a première partie de ma vie religieuse a été marquée par les études spirituelles et doctrinales fondamentales puis par des années d’enseignement (j’étais en effet chargé de formation auprès des novices et jeunes profès).
Là encore, mes convictions royalistes ont souvent fait l’objet de plaisanteries condescendantes de la part de mes supérieurs ou confrères. Nos supérieurs, qui enseignaient que c’est un péché grave de se soustraire à son « devoir électoral », m’ont contraint, avec menaces et « au nom de la sainte obéissance », à  aller urner lors de toutes les élections, en me donnant des consignes de vote précises ; c’était pour moi un véritable tourment psychologique et moral.

C’est en 1987, à l’occasion du millénaire capétien, que j’ai entendu parler pour la première fois de l’aîné des Capétiens, alors Monseigneur le Prince Alphonse de Bourbon, duc d’Anjou et de Ségovie. Ainsi ai-je découvert la Légitimité et m’y suis-je attaché.
Mais je ne connaissais toujours aucun légitimiste !
Après la mort tragique de notre Prince, survenue le 30 janvier 1989, des amis m’ont envoyé le texte de l’homélie que prononça Monsieur l’abbé Christian-Philippe Chanut en la basilique-nécropole royale de Saint-Denys, à l’occasion de la Messe de Requiem qui fut célébrée à l’intention du regretté Prince Alphonse : c’est ainsi que j’ai commencé à connaître, à travers ses écrits, Monsieur le Grand Aumônier de France.
L’évolution interne de ma communauté, les changements intervenus dans son statut canonique, puis, en conséquence, l’exclaustration canonique qui m’a été accordée en 1993, m’ont alors permis de rencontrer « en chair et en os », Monsieur l’Abbé Chanut (cf. > ici).
Peu de temps après, pour la première fois de ma vie, je me suis trouvé en présence de Monseigneur le Prince Louis de Bourbonde jure Louis XX, alors jeune Roi de 20 ans – à l’occasion de la célébration du quatrième centenaire du Sacre de Henri IV à Chartres (27 février 1594/27 février 1994). J’ai alors fait connaissance – enfin ! – avec un certain nombre d’autres légitimistes affirmés…

Encore quelques années plus tard, j’ai découvert qu’il existe une structure politique (la seule et unique !) qui défend et promeut fidèlement l’intégralité de la doctrine monarchique traditionnelle, dans un parfait équilibre du temporel et du spirituel : l’Union des Cercles Légitimistes de France (UCLF), ce qui répondait pleinement à mon attente de toujours, et qui m’a permis (et me permet encore) de combler les lacunes de ma formation doctrinale.

Dès lors, je puis dire que je suis « entré en Légitimité » de la même manière que j’étais entré en religion : de tout mon cœur, de tout mon esprit, de toute mon âme et de toute ma force.

Louis de Bourbon et sa famille

Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou, aîné des Capétiens,
de jure Sa Majesté le Roi Louis XX,
avec son épouse la Princesse Marie-Marguerite et leurs trois enfants
(photographie de leur carte de voeux pour le nouvel an 2017).

fleur de lys

1...133134135136137...240

A tempo di Blog |
Cehl Meeah |
le monde selon Darwicha |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | mythologie
| jamaa
| iletaitunefoi