Archive pour la catégorie 'Chronique de Lully'

2016-60. De l’anniversaire de la mort de Don Antonio Vivaldi et de son oratorio « Juditha triumphans ».

28 juillet,
Fête des Saints Nazaire et Celse, martyrs, Victor 1er, pape et martyr,
et Innocent 1er, pape et confesseur ;

En Bretagne, fête de Saint Samson de Dol, évêque et confesseur ;
Anniversaire du sacre de Pépin 1er le Bref à Saint-Denis par Etienne II ;
Anniversaire de la mort de Jean Cottereau, dit Jean Chouan.

Caravage Judith tranchant la tête d'Holopherne 1598

Le Caravage : Judith tranchant la tête d’Holopherne (1598)

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

        Sans doute, les événements qui s’enchaînent, de jour en jour, de mois en mois, d’année en année – dans la Sainte Eglise et dans le monde -, et qui nous donnent la plupart du temps l’impression d’une dégringolade sans fin, d’abîme en abîme, sont, certes, la source inépuisable de réflexions, de commentaires ou de publications. Mais, aujourd’hui, je ne veux pas entrer dans une surenchère de gloses, et j’ai délibérément pris le parti de n’aborder l’actualité que d’une manière qui, pour être indirecte et allusive, n’en touche pas moins à la réalité profonde, et non épiphénoménique (si l’on me permet ce néologisme) des maux de ce temps.

   Le 28 juillet est en effet l’anniversaire de la mort de l’un des compositeurs que nous affectionnons le plus au Mesnil-Marie (car même si je me prénomme Lully, je n’en goûte pas moins d’autres génies musicaux) : Don Antonio Vivaldi, qui rendit son âme à son Créateur, à Vienne, le 28 juillet 1741.

   Je ne vais pas faire ici un résumé de la vie de celui que sa chevelure fit surnommer « il prete rosso : le prêtre roux ».
Je ne veux pas non plus m’étendre sur les qualités ou les vices – réels ou supposés car c’est sans aucune preuve qu’on lui a prêté une vie dissolue – du compositeur : même s’il ne célébrait pas la sainte messe, nous avons par ailleurs des témoignages sur sa réelle dévotion, ainsi que sur sa stricte fidélité à la récitation du bréviaire et au port de l’habit ecclésiastique.

   Je ne suis pas non plus en mesure de publier quelque « scoupe » sur les derniers mois, les derniers jours et les dernières heures du génialissime vénitien, qui restent – et peut-être resteront – toujours environnés d’un certain mystère : Don Antonio a quitté Venise, qu’il ne reverra jamais, en mai 1740, pour un voyage qu’il prévoyait long…
Par quelles villes avait-il prévu de passer ? Il est difficile de le préciser.
Vienne, sans nul doute, mais quand y arriva-t-il exactement ? Nul ne peut le dire.

   Ce qui est certain en revanche c’est que la mort de l’empereur Charles VI, au mois d’octobre, le priva d’un précieux mécène.
Sans protecteur ni ressources stables, pour survivre « à la petite semaine », Vivaldi composait et vendait quelques compositions, ainsi qu’en fait foi le dernier autographe connu de sa main : un reçu daté du 28 juin 1741 pour le paiement de concertos.
Le 27 ou le 28 juillet 1741, il décéda, pauvre et seul, âgé de 63 ans et à peine 5 mois.
Ses funérailles, célébrées le 28, furent celles des indigents.

   La maison dans laquelle il logea, le cimetière où il fut inhumé, tout a disparu…
Il ne nous reste que sa musique.
Sa prodigieuse et incomparable musique.

seul portrait authentique Vivaldi Rome - 1723

Le seul portrait authentique et certain d’Antonio Vivaldi qui nous soit parvenu
est une esquisse, presque une caricature, réalisée par Pier Leone Ghiezzi.
Datée de 1723, elle est conservée à la bibliothèque du Vatican.

   Mais plutôt que de rester à ruminer la tristesse des circonstances dans lesquelles Don Antonio Vivaldi s’est éteint, je veux m’attacher aujourd’hui à évoquer l’un de ses plus époustouflants chefs d’œuvre : l’oratorio intitulé « Juditha triumphans devicta Holofernis barbarie », plus couramment appelé « Juditha triumphans ».

   C’est le seul des quatre oratorios composés par Vivaldi qui nous soit parvenu, à ce jour (sous la référence RV 644) : le manuscrit, longtemps oublié, en a été retrouvé à Turin en 1926.
Le livret est l’oeuvre de Iacopo Cassetti. On le trouvera en intégralité (texte latin et traduction) > ici.
Cela vaut vraiment le coup d’en lire attentivement les textes.

   L’oratorio fut composé entre la fin du mois d’août et le mois de novembre 1716 où il fut représenté à l’Ospedale della Pietà. Il connut un vif succès.

   En reprenant l’histoire de Judith, racontée par le livre éponyme de l’Ancien Testament, c’est une actualisation symbolique à laquelle se livre l’oratorio car, de fait, il célèbre la victoire de la Sérénissime sur le Croissant, à Corfou, le 18 août 1716.

   En effet, en juillet 1716, la flotte turque avait assiégé l’île de Corfou, cherchant à s’en emparer : malgré la résistance acharnée des Corfiotes, l’île – qui s’était placée sous la protection de Venise depuis la fin du XVe siècle et qui constituait une sorte de poste avancé de la Chrétienté face à l’empire ottoman – était bien près de succomber.
La république de Venise contracta une alliance avec le Saint Empire Romain Germanique, et la flotte, commandée par le comte Johann Matthias von der Schulenburg, remporta, le 18 août 1716, une bataille décisive qui contraignit les Ottomans à lever le siège : cela se passait il y a trois siècles… et l’histoire se reproduit avec des avatars jamais tout-à-fait identiques, mais substantiellement les mêmes.

   L’histoire recommence toujours.
Pas seulement autour de l’île de Corfou, mais dans toute la Chrétienté, qui apparaît bien tiède et fissurée dans ses forces spirituelles ; car ce ne sont pas les gesticulations exubérantes, et souvent bien superficielles, sous forme de « marches blanches », de cortèges pacifiques de « solidarité », de « grand rassemblement festif », de dépôts de peluches ou de discours ministériels accompagnés de prises de paroles de chefs religieux prônant le « vivre ensemble »,  qui sont l’indice de la véritable vitalité de la Chrétienté…

   « Arma, caedes, vindictae, furores… Armes, carnages, vengeance, fureurs guerrières, pauvreté, terreur, précédez-nous ! Tournoyez ! Livrez bataille ! O sorts de la guerre, attirez mille plaies, mille morts ! » C’est ce que chantent en chœur les soldats assyriens – symbolisant les troupes mahométanes – au début de l’œuvre, accompagnés par les cuivres.

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   Le chœur final « Salve, invicta Iuditha », désormais considéré comme l’hymne de Venise, fait chanter aux femmes de Judée les paroles suivantes : « Salut, ô Judith invaincue, belle, splendeur de la patrie et espérance de notre salut, tu es vraiment le modèle de la plus haute vertu, tu seras toujours glorieuse dans le monde ! Le barbare Thrace ainsi vaincu, que la Reine de la mer soit triomphante ! Et que l’ire divine étant ainsi apaisée, Adria vive et règne dans la paix ! »

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   Qu’en face des modernes Holopherne, ce qui est encore lucide et courageux dans la Chrétienté sache donc, comme Judith armée de foi, de jeûne et de prière, mais aussi avec une intelligence tactique inspirée, brandissant avec une juste maîtrise les véritables glaives qui s’imposent, repousser victorieusement la barbarie mahométane et les complices sournois qui la favorisent au milieu de nous…

Etendard vénitien gif

Publié dans:Chronique de Lully, Memento, Textes spirituels |on 28 juillet, 2016 |3 Commentaires »

2016-58. De la légitime défense des individus et des sociétés.

La justice n’est pas la vengeance. Et, comme l’écrit Saint Jacques  « La colère de l’homme n’accomplit point la justice de Dieu : ira enim viri justitiam Dei non operatur » (Jac. I, 20).
Cela ne signifie évidemment pas non plus qu’il faille être – ou même seulement paraître – faible en face de tout ce qui porte atteinte au droit et à la justice.
Il ne sera donc pas inutile de relire et de méditer sur l’enseignement de l’Eglise au sujet de la légitime défense  : celle des individus comme celle des sociétés…

Jean-Marc Nattier - la justice châtiant l'injustice

Jean-Marc Nattier : « la justice châtiant l’injustice » (1737)

La légitime défense

2263 - La défense légitime des personnes et des sociétés n’est pas une exception à l’interdit du meurtre de l’innocent que constitue l’homicide volontaire. « L’action de se défendre peut entraîner un double effet : l’un est la conservation de sa propre vie, l’autre la mort de l’agresseur … L’un seulement est voulu ; l’autre ne l’est pas » (S. Thomas d’A., s. th. 2-2, 64, 7).

2264 - L’amour envers soi-même demeure un principe fondamental de la moralité. Il est donc légitime de faire respecter son propre droit à la vie. Qui défend sa vie n’est pas coupable d’homicide même s’il est contraint de porter à son agresseur un coup mortel :
« Si pour se défendre on exerce une violence plus grande qu’il ne faut, ce sera illicite. Mais si l’on repousse la violence de façon mesurée, ce sera licite… Et il n’est pas nécessaire au salut que l’on omette cet acte de protection mesurée pour éviter de tuer l’autre ; car on est davantage tenu de veiller à sa propre vie qu’à celle d’autrui » (S. Thomas d’A., s. th. 2-2, 64, 7).

2265 - En plus d’un droit, la légitime défense peut être un devoir grave, pour qui est responsable de la vie d’autrui. La défense du bien commun exige que l’on mette l’injuste agresseur hors d’état de nuire. A ce titre, les détenteurs légitimes de l’autorité ont le droit de recourir même aux armes pour repousser les agresseurs de la communauté civile confiée à leur responsabilité.

2266 - L’effort fait par l’Etat pour empêcher la diffusion de comportements qui violent les droits de l’homme et les règles fondamentales du vivre ensemble civil, correspond à une exigence de la protection du bien commun. L’autorité publique légitime a le droit et le devoir d’infliger des peines proportionnelles à la gravité du délit. La peine a pour premier but de réparer le désordre introduit par la faute. Quand cette peine est volontairement acceptée par le coupable, elle a valeur d’expiation. La peine, en plus de protéger l’ordre public et la sécurité des personnes, a un but médicinal : elle doit, dans la mesure du possible, contribuer à l’amendement du coupable.

2267 - L’enseignement traditionnel de l’Eglise n’exclut pas, quand l’identité et la responsabilité du coupable sont pleinement vérifiées, le recours à la peine de mort, si celle-ci est l’unique moyen praticable pour protéger efficacement de l’injuste agresseur la vie d’êtres humains.

Mais si des moyens non sanglants suffisent à défendre et à protéger la sécurité des personnes contre l’agresseur, l’autorité s’en tiendra à ces moyens, parce que ceux-ci correspondent mieux aux conditions concrètes du bien commun et sont plus conformes à la dignité de la personne humaine.

Aujourd’hui, en effet, étant données les possibilités dont l’Etat dispose pour réprimer efficacement le crime en rendant incapable de nuire celui qui l’a commis, sans lui enlever définitivement la possibilité de se repentir, les cas d’absolue nécessité de supprimer le coupable « sont désormais assez rares, sinon même pratiquement inexistants » (Evangelium vitae, n. 56).

in « Catéchisme de l’Église Catholique »,
Explication du 5e commandement de Dieu

Saint Michel gif

2016-57. Du saint prophète Elie insurpassable modèle des adorateurs du vrai Dieu.

20 juillet,
Fête du saint prophète Elie (cf. > ici).

       A la date du 20 juillet, le martyrologe romain fait mention du saint prophète Elie : sa fête ne figure pas au calendrier de l’Eglise universelle, mais seulement au calendrier particulier de certains lieux et congrégations, dont l’Ordre du Carmel qui reconnaît en lui son fondateur.

   Au Mesnil-Marie aussi, nous célébrons aujourd’hui l’office de Saint Elie, avec le même degré de célébration qu’une fête d’apôtre (double de 2ème classe) : nous vénérons en lui le Père de tous les ermites, l’une des plus parfaites figures de chercheur de Dieu, l’une des plus parfaites figures de totale consécration au service du Très Haut, l’une des plus parfaites figures de la vie religieuse alliant contemplation et action.

   En appelant Elie, Dieu a en quelque sorte appelé et béni en même temps – à travers tous les âges et jusqu’à la consommation des siècles – la foule de ceux qui, épris de l’absolu divin, ne souffrent ni médiocrité, ni compromis, ni demi-mesure.
Tantôt retiré du monde et absorbé dans une intime conversation avec Dieu, tantôt en première ligne des combats qu’il faut soutenir pour la vraie foi, il reste pour toutes les générations de croyants un exemple à imiter : exemple de zèle et d’ardeur, exemple de soif d’absolu, exemple d’intégrité et de force morale – malgré l’expérience de ses propres faiblesses et la tentation du découragement – , mais aussi exemple de douce humanité et de compassion authentique (car l’humanité et la compassion ne sont ni la faiblesse ni la compromission).
Voilà pourquoi il m’apparaît comme très important de souvent lire, relire, approfondir et méditer la « geste d’Elie » dans les chapitres XVII à XXI du troisième livre des Rois (selon la Vulgate ; il est appelé premier livre des Rois dans la majorité des éditions modernes de la Sainte Bible) car, au-delà des contingences temporelles des faits rapportés, nous y trouvons tant de lumières pour notre propre conduite aujourd’hui…

   C’est la raison pour laquelle j’ai particulièrement aimé le tableau reproduit ci-dessous : s’il ne s’agit que d’une toile somme toute assez ordinaire du XIXe siècle, néanmoins en quelque manière elle illustre la permanence de la figure du prophète Elie dans l’histoire de l’Eglise, par le geste protecteur de sa main gauche étendue en direction de la silhouette de la basilique Saint-Pierre du Vatican, symbole de l’Eglise contre laquelle les portes de l’enfer ne prévaudront point.
Le glaive ardent que tient toujours le saint prophète – glaive avec lequel il égorgea les quatre-cent-cinquante faux prophètes de Baal sur le Mont Carmel – et le cadavre de l’Antéchrist gisant à ses pieds, nous rappellent que des combats comparables à celui d’Elie - qui doit revenir avec Enoch dans le temps de la grande tribulation finale – font toujours l’actualité de l’Eglise et la feront jusqu’à la fin des temps, cette dernière étant évoquée dans le haut du tableau par les anges sonnant de la trompette.

Le prophète St Elie - huile sur toile Italie XIXe s

Le prophète Saint Elie, huile sur toile du XIXe siècle
Diocèse de Melfi – Rapolla – Venosa (Basilicate – Italie)

   Merveilleux Saint Elie !
Comme vous fûtes heureux de ne pas avoir vécu à la fin du XXème siècle et en ce début du XXIème siècle !
Car si vous fûtes persécuté par le perfide Achab et l’idolâtre Jézabel, il vous fut toutefois loisible d’affirmer et de proclamer haut et fort à la face d’Israël qu’il n’y a pas d’autre Dieu que le Seigneur qui S’est révélé à Moïse – et qui S’est depuis pleinement et définitivement révélé en Notre-Seigneur Jésus-Christ, Son Verbe incarné – et que les autres « dieux » n’en sont pas.
Point de déclaration « Dignitatis humanae » qui soit alors venue troubler la compréhension de la Vérité et jeter de l’ombre sur la Révélation divine, introduire le relativisme, et insinuer que l’on doive mettre sur un même pied l’authentique religion et les croyances mêlées d’erreurs !

   Bienheureux Saint Elie !
Pourchassé par la vindicte des païens adorateurs de démons, vous ne fûtes néanmoins pas puni par les représentants officiels du vrai Dieu, ainsi que cela arrive aujourd’hui à des prêtres fidèles au sein de l’Eglise catholique, lorsqu’ils rappellent qu’il n’y a qu’une seule authentique Révélation de Dieu et qu’en dehors d’elle, et après Notre-Seigneur Jésus-Christ, il n’y a pas eu de vrai prophète mandaté par Dieu pour fonder une autre religion !

   Glorieux Saint Elie !
Ni le pseudo œcuménisme ni le « dialogue inter-religieux », ne sont venus mettre des entraves à cette proclamation sans concession de la Vérité divine, que vous avez énergiquement accomplie en paroles et en actes quoi qu’il dut vous en coûter ! 
Vous vous êtes « levé comme un feu et votre parole brûla comme une torche ardente » (cf. Eccli. XLVIII, 1) et nul n’osa plus en face de vous, parce que vous agissiez pour le salut éternel des âmes des fils d’Israël, se faire l’apologue des doctrines d’erreur et de la fausse tolérance qui précipite les âmes en enfer…

   Intercédez donc aujourd’hui pour nous, et donnez-nous, comme à votre disciple Saint Elisée, d’avoir quelque part à votre esprit. Ainsi soit-il !

Blason du Carmel

Blason de l’Ordre du Carmel
surmonté du bras de Saint Elie brandissant le glaive ardent

et portant pour devise sa parole :
« Zelo zelatus sum pro Domino Deo exercituum :
je suis embrasé d’un zèle ardent pour le Seigneur Dieu des armées » (3 Reg. XIX, 14).

2016-56. « Depuis que je suis sur la terre, je n’ai vu mourir personne plus chrétiennement. »

14 mai,
Anniversaire de la sainte mort de S.M. le Roi Louis XIII (+ 14 mai 1643) ;
19 juillet,

Fête de Saint Vincent de Paul.

       Je profite de ce que ce jour est celui de la fête de Saint Vincent de Paul pour publier ci-dessous la lettre que le saint écrivit au Révérend Père Codoing, supérieur de la communauté des Lazaristes de Rome, le 15 mai 1643, c’est-à-dire le lendemain de la mort de Sa Majesté le Roi Louis XIII à laquelle il avait assisté, ayant veillé le Souverain mourant pendant ses trois derniers jours.
Voici donc le témoignage d’un saint sur la sainte mort d’un Roi qui a justement mérité son titre de Très Chrétien.

Lully.

Saint Vincent de Paul assistant Louis XIII en son agonie - vitrail de l'église Saint-Séverin à Paris

Saint Vincent de Paul assistant le Roi Louis XIII dans son agonie
(vitrail de l’église Saint-Séverin, Paris)

« Depuis que je suis sur la terre, je n’ai vu mourir personne plus chrétiennement. »

15 mai 1643.

Monsieur,

   Il a plu hier à Dieu de disposer de notre bon Roi, le jour auquel il avait commencé à l’être, il y a trente-trois-ans (note 1). Sa Majesté désira que j’assistasse à sa mort avec nosseigneurs de Lisieux (note 2) et de Meaux, son premier aumônier (note 3) et le Révérend Père Dinet, son confesseur (note 4). Depuis que je suis sur la terre, je n’ai vu mourir personne plus chrétiennement. Il y a environ quinze jours qu’il me fit recommander d’aller le voir ; et pour ce qu’il se porta mieux, le lendemain je m’en revins. Il me fit redemander il y a trois jours, pendant lesquels Notre-Seigneur m’a fait la grâce d’être auprès de lui. Je n’ai jamais vu plus d’élévation à Dieu, plus de tranquillité, plus d’appréhensions des moindres atomes qui paraissent péché, plus de bonté ni plus de jugement en une personne en cet état.
Avant-hier, les médecins l’ayant vu assoupi et les yeux tournés, appréhendèrent qu’il ne dût passer et le dirent au Père confesseur, qui l’éveilla tout aussitôt et lui dit que les médecins estimaient que le temps était venu, auquel il fallait faire la recommandation de son âme à Dieu. Au même instant, cet esprit plein de celui de Dieu embrassa tendrement et longtemps ce bon Père et le remercia de la bonne nouvelle qu’il lui donnait ; et incontinent après, levant les yeux et les bras au ciel, il dit le Te Deum laudamus et l’acheva avec tant de ferveur, que le seul ressouvenir m’attendrit tant à l’heure que je vous parle. Et pour ce que la cloche m’appelle qui m’empêche de vous en dire davantage, je finis en le recommandant à vos prières et à celles de la Compagnie.

Vincent Depaul            
prêtre indigne de Saint-Lazare.

Voir aussi le texte de l’abbé Gabriel Equin sur Louis XIII publié > ici

Saint Vincent de Paul assisant Louis XIII en son agonie - détail

Note 1 : Le règne de Louis XIII a commencé le 14 mai 1610, au moment de l’assassinat de son père Henri IV et s’est achevé trente-trois ans plus tard, comme le fait remarquer Saint Vincent de Paul, le 14 mai 1643.
Note 2 : L’évêque de Lisieux était Monseigneur Philippe Cospéan – ou Cospéau, ou encore Cospeaux – (1571-1646). D’abord évêque d’Aire-sur-l’Adour (1607), c’est lui qui prononça l’éloge funèbre d’Henri IV à Notre-Dame de Paris lors des funérailles du Souverain ; il fut ensuite transféré à l’évêché de Nantes (1622), et enfin à celui de Lisieux (1636).
Note 3 : Monseigneur Dominique Séguier (+ 1659), frère du chancelier de France Pierre Séguier, doyen de Notre-Dame de Paris et nommé alors premier aumônier du Roi, il est alors archevêque in partibus de Corinthe ; en 1631, Louis XIII le nomma à l’évêché d’Auxerre, puis en 1637 le fit transférer à Meaux. Il était réputé pour sa charité envers les nécessiteux.
Note 4 : Le Rd. Père Jacques Dinet, de la Compagnie de Jésus, qui avait été professeur de René Descartes au collège de La Flèche devint confesseur du Roi le 18 mars 1643 ; il était proche de Mazarin.

lys 2

2016-55. Anthropophagie canoniale ?

Rions un peu…

       Si vous pensiez qu’un chanoine était un ecclésiastique d’âge respectable trottinant doucettement dans les vieilles rues de nos quartiers cathédraux de province pour aller psalmodier l’office divin plusieurs fois le jour dans son antique stalle, et revenir du même pas de sénateur jusqu’en son logis afin de s’y adonner à quelque inoffensif travail d’érudition, vous pourriez bien être surpris par ce que certains textes à destination des touristes et amateurs du patrimoine suggèrent parfois, sans s’en rendre compte…

chanoine au choeur

Paisible chanoine récitant son bréviaire…

       L’autre soir, alors qu’il était en train de relire attentivement une notice qu’on lui a envoyée afin qu’il fasse part de ses éventuelles corrections ou suggestions, j’ai vu Frère Maximilien-Marie s’esclaffer soudain jusqu’à en avoir les larmes aux yeux.
Je me suis donc approché pour m’enquérir de ce dont il s’agissait.

   Le texte soumis à son avis est une rapide présentation de la vieille ville de Viviers, notre belle et antique cité épiscopale (cf. > ici).
Or, il y était écrit que la « rue du Fournas » tient son nom du fait qu’il s’y trouvait jadis un four banal, et que – je cite – :
« c’est là que les Chanoines y faisaient cuire leur pain ainsi que les habitants du quartier » !!!

   Nous n’épiloguerons pas sur la présence tout-à-fait inutile et inélégante de l’adverbe « y » ; mais, avec notre Frère, nous pourrons à notre tour rire de cette construction de phrase maladroite qui suggère finalement que les chanoines du très vénérable chapitre cathédral de Viviers s’adonnaient à l’anthropophagie, ce qui m’a fait m’écrier : « Espérons du moins que ce n’était ni en carême ni en quelque autre jour d’abstinence ! »

pattes de chat Lully

chats riant gif

2016-54. De l’homme d’honneur dans la médiocrité de ce temps.

Dimanche soir 17 juillet 2016,
Anniversaire du sacre de S.M. le Roi Charles VII grâce à Sainte Jeanne d’Arc ;
Anniversaire du martyre des Bienheureuses Carmélites de Compiègne (cf. > ici).

Le 23 juin dernier, chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion, je vous présentais l’ouvrage du Rd. Père Jean-François Thomas intitulé « Les mangeurs de cendres » et je vous en livrais une citation remarquable (voir > ici). Certains m’ont écrit qu’à la suite de ma publication ils avaient commandé cet ouvrage, car ce que j’avais publié leur mettait l’eau à la bouche – au sens spirituel bien sûr – , ce dont je me réjouis.
Nous-mêmes, au Mesnil-Marie, nous avançons notre lecture lentement, car ce qui est écrit par le Rd. Père Thomas doit être médité et longuement approfondi.
Ce soir, je ne résiste pas au plaisir de vous en citer un nouveau passage, que Frère Maximilien-Marie a quasi « ruminé » cet après-midi dans la sérénité de notre oratoire, et que je vous invite à « ruminer » vous aussi…

Lully.

frise

Rembrant - le cavalier polonais

Rembrandt Harmenszoon van Rijn : le cavalier polonais (1657)

Opter pour l’honneur, contre l’opportunisme et l’hédonisme :

« L’homme d’honneur, héros ou saint, souffre de la médiocrité ambiante, plus que nul autre ne peut en faire l’expérience. Mais cela ne le conduit pas au désespoir. Il n’essaie pas de défier cette médiocrité. Il ne la combat qu’en se jetant à corps perdu dans l’exercice de la charité. Pas celle qui s’affiche, succédané de vraie charité, sur les écrans de télévision ou dans les pages glacées des magazines, mais celle qui ne fait pas de bruit. L’homme d’honneur n’arrache rien et ne se fait pas justicier. Il comble au contraire de trésors invisibles ce qui se complaît dans le médiocre. Il n’est pas un réformateur. Saint François d’Assise n’est pas Martin Luther. Le réformateur est l’homme de la désespérance. Son souci de purification est tel qu’il détruit et brise tout ce qu’il touche et que son destin est généralement tragique à cause de cette inflexibilité. Le désespoir n’est pas forcément un péché contre l’esprit ou une déliquescence lente de l’âme. S’il n’est que le signe passager d’une souffrance face aux ténèbres, il ne fait pas courir de danger car il finit par être résorbé, grâce à la foi indéracinable, dans le sein de Dieu. S’il est la marque d’une désespérance de fond vis-à-vis de l’Eglise et de Dieu, il aboutit à rejeter même l’homme ou bien à ne plus le considérer que comme une pièce récalcitrante qu’il faut faire plier par tous les moyens afin de l’intégrer dans une mécanique vue comme parfaite.
L’homme d’honneur n’est jamais corrompu par la médiocrité, alors que celui qui se pose en juge, subissant la fascination du mal, sera peu à peu transformé, défiguré par l’objet de sa haine. Certes, la douce pitié de Dieu cache toujours quelque stratagème insurpassable pour sauver même ce qui risque de se précipiter tête première vers l’enfer. L’homme d’honneur ne se jette jamais dans la révolte et ne laisse pas son coeur être entraîné par l’amertume.
Quant à la caractéristique de l’homme d’honneur chrétien, elle tient dans la priorité accordée au Royaume de Dieu, un homme capable, idéalement, de consacrer une part égale de sa vie à l’action et à la pensée alliée à la contemplation. Un tel équilibre est rare. L’époque contemporaine n’est pas avare en hommes d’actions, tout au moins en hommes qui en donnent l’apparence, qui bougent, qui voyagent, qui remuent et font remuer les choses, des choses… Elle est plus pingre en ce qui concerne la réflexion et la contemplation car elle ne les favorise point, ayant horreur de ce qui permet de juger, de discerner, de prendre du recul, d’admirer, de s’étonner. Elle rabote et piétine les esprits qui feraient preuve d’indépendance et de liberté. Il s’agit d’un vertige universel, qui nous saisit tous, dans une plus ou moins large mesure. Mais nous sommes libres de nous y soustraire si nous optons pour l’honneur, contre l’opportunisme et l’hédonisme. Il subsiste dans le monde des franges d’humanité où l’effort pour connaître et aimer n’est point mort, franges qui sont et seront de précieuses réserves, les dernières sans doute, pour répondre à l’agression contre les esprits et l’Esprit.
Ces hommes d’honneur sont les ultimes témoins au sein du bouleversement universel et de la folie scientiste. (…) »

Rd. Père Jean-François Thomas, sj.
in « Les mangeurs de Cendres » pp. 68-70

frise

Publié dans:Commentaires d'actualité & humeurs |on 17 juillet, 2016 |1 Commentaire »

2016-53. Où, à l’occasion d’un pèlerinage à La Louvesc, nous avons appris une très triste nouvelle.

Mercredi 13 juillet 2016,
fête de Saint Anaclet, pape et martyr.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

   Comme j’ai déjà eu l’occasion d’en parler dans ce blogue, vous savez que le village de La Louvesc est bien cher à notre coeur.
Frère Maximilien-Marie s’y rend au moins une fois par an en pèlerinage (cf. par exemple > ici), auprès des reliques de deux très grands saints que nous aimons beaucoup : Saint Jean-François Régis (cf. > ici) et Sainte Thérèse Couderc (cf. > ici).

   Hier, mardi 12 juillet, notre Frère a profité du passage de l’un de nos amis qui ne connaissait pas ces deux saints pour les lui faire découvrir « in situ ».
D’une certaine manière, c’était un jour idéal pour cette démarche spirituelle : au-dessus de 800 m d’altitude, le brouillard régnait quasi partout, souvent accompagné d’une petite pluie froide.
Avec de telles conditions météorologiques et un horizon obstinément bouché, point de hordes de touristes superficiels et bruyants, trop court vêtus ou débraillés.
Tant pis pour le panorama, et tant mieux pour l’atmosphère de recueillement ! 

Basilique de La Louvesc 12 juillet 2016

La basilique de La Louvesc enveloppée de brouillard ce 12 juillet 2016 :
à une trentaine de mètres de la façade principale, on distinguait à peine les croix au sommet des deux flèches !

   Frère Maximilien-Marie et notre ami ont donc visité le diorama de Georges Serraz présentant la vie de Saint Jean-François Régis.
Ils y étaient seuls.

   Ils se sont ensuite recueillis dans la « chapelle mortuaire », au lieu même où, le 31 décembre 1640, quelques minutes avant la minuit, les cieux se sont ouverts et où Notre-Seigneur et Notre-Dame sont venus recueillir l’âme de Saint Régis.
Ils y étaient seuls.

   Puis ils sont allés prier à la basilique, devant la châsse renfermant les reliques du saint père (nota : depuis l’époque de ses missions sur les hauts plateaux du Vivarais et du Velay et jusqu’à nos jours, quand les catholiques de ces terres d’en-haut parlent du saint père, il ne s’agit pas du pape, mais de Saint Jean-François Régis qui a si profondément et si durablement marqué le pays par sa parole et ses exemples).
Là, ils ont dû voir défiler à peine une quinzaine de personnes.

   Comme à chaque fois, Frère Maximilien-Marie a fait brûler une veilleuse devant la châsse : sa petite flamme matérialisant toutes les intentions qui nous sont recommandées et qu’il a confiées à l’intercession du bon Saint Régis.

Châsse de Saint Jean-François Régis

Châsse renfermant la plus grande partie des reliques de Saint Jean-François Régis

   En revanche, nos pèlerins ne se sont pas rendus à l’exposition, annoncée à grand renfort de tracts et d’affiches, consacrée au Père Pierre Teilhard de Chardin.
Il n’est point nécessaire, je pense, que je vous en détaille les raisons.
Pour moi, je ne cesse pas de m’étonner de la manière avec laquelle des personnes embarquées sur un navire qui prend l’eau de toutes parts semblent déployer toutes leurs énergies à en agrandir les fissures et percer encore des trous dans la coque, comme pour en accélérer l’engloutissement… et leur propre noyade. Cela me paraît défier toute espèce de raison.

   Mais bien sûr, nos deux pèlerins se sont rendus à la chapelle du Cénacle pour prier devant la châsse où est exposé le corps de Sainte Thérèse Couderc.

Châsse de Sainte Thérèse Couderc

Corps incorrompu de Sainte Thérèse Couderc dans la chapelle du Cénacle à La Louvesc

   Frère Maximilien-Marie a été fasciné par Sainte Thérèse Couderc déjà quand il avait cinq ou six ans. Lorsqu’il était étudiant à Lyon, il est allé souvent se recueillir dans sa chambre mortuaire au Cénacle de Fourvière. A l’âge de 17 ans, il a lu, approfondi et médité plusieurs ouvrages fouillés (ceux de l’abbé André Combes ou de la Rde Mère Jeanne Dehin par exemple) sur la spiritualité de la sainte fondatrice du Cénacle : ce sont des liens intimes et très anciens qui le lient à cette remarquable figure de sainteté vivaroise, et c’est donc toujours avec une ferveur toute particulière qu’il se rend près de sa dépouille mortelle incorrompue, exposée dans la chapelle du Cénacle de La Louvesc dans l’attente de la résurrection.

   Mais hier, en ce Cénacle de La Louvesc, notre Frère a été douloureusement frappé au coeur.
A la sortie de la chapelle, il a été abordé par une religieuse (il a su que c’était une religieuse parce qu’elle arborait un badge sinon rien dans sa tenue n’eût permis de le deviner), fort aimable au demeurant, qui lui a demandé d’où il venait et s’il connaissait déjà Sainte Thérèse. La conversation s’est donc engagée, jusqu’à ce que :

La sœur : « Vous savez que cette maison va fermer ? »
Fr.Mx.M. (interloqué) : « Non… mais… comment… ??? » 
La sœur : « Elle va être vendue. C’est bientôt fait. » [voir note en bas de page]
Fr.Mx.M. (abasourdi) : « Mon Dieu ! Mais… et la chapelle ? »
La sœur : « Vendue aussi. »
Fr.Mx.M. (atterré) : « Mais qu’est ce que tout cela va devenir ? »
La sœur : « Nous ne le savons pas. »
Fr.Mx.M. (d’une voix blanche) : « Et la châsse de Sainte Thérèse ? »
La sœur : « Nous ne savons pas… »
Là, Frère Maximilien-Marie a eu « une fuite aux yeux » ; il avait du mal à parler tant il avait la gorge nouée et parce que c’était comme si la « burle » s’était mise à souffler à l’intérieur de sa tête.
S’en sont néanmoins suivies quelques autres paroles : Frère Maximilien-Marie avait l’impression de s’entendre parler et d’entendre la religieuse répondre très loin, comme dans un rêve.
La sœur lui a dit que les reliques de Sainte Thérèse appartiennent en définitive à l’Eglise et que c’est l’Eglise qui en disposera. Avec un petit sourire complice elle lui a même demandé s’il ne voulait pas les emporter au Mesnil-Marie, ce à quoi, même s’il sait bien que c’est irréalisable, notre Frère a répondu qu’il les y prendrait avec empressement…

   Moi, qui suis resté auprès de lui la nuit dernière, je puis témoigner qu’il a mal dormi et qu’il a pleuré – et encore ce matin – en repensant à la fermeture et à la vente de cette maison où Sainte Thérèse Couderc a fondé la congrégation du Cénacle.

   Une fois de plus, et au fond du fond c’est bien cela qui est le plus douloureux et le plus affligeant, nous constatons, à travers la décadence et l’extinction d’œuvres admirables que le Saint-Esprit avait suscitées dans la Sainte Eglise par la vie et l’action des saints, combien le modernisme est stérile et mortifère.

   Depuis la fin du concile vaticandeux, les ruines s’accumulent et la désolation s’étend inexorablement : après avoir abandonné tout le trésor doctrinal et spirituel de l’authentique Tradition, c’est tout le patrimoine temporel des paroisses, des congrégations, des diocèses, qui est peu à peu dilapidé, vendu… et profané.
Car ramener à un usage profane des biens qui avaient été acquis, établis et développés, bénits et sanctifiés, pour le service et la gloire de la divine Majesté, c’est à proprement parler accomplir une profanation.
Un coeur profondément religieux ne peut qu’être douloureusement meurtri à ce constat.

   Ce que la grande révolution n’avait pas pu mener totalement à sa fin – et seulement en recourant à la terreur et aux plus extrêmes violences – , ce sont finalement les enfants de l’Eglise gangrenée par le modernisme, qui le mènent tout doucement – d’une manière « soft » - à son entier accomplissement depuis un demi-siècle.
Ils le font tantôt avec une espèce de résignation, tantôt avec une béate irresponsabilité, souvent en se gargarisant de pseudo motifs spirituels faussement évangéliques.

   Que l’on ne m’objecte pas que mes propos sont empreints de matérialisme et d’attachement aux biens de ce monde : la Sainte Eglise, figure du Royaume éternel et porte par laquelle il faut passer pour y accéder, est néanmoins établie en ce monde.
En ce monde où pour vivre, croître, se développer, rayonner et travailler pour le Royaume des Cieux, il est indispensable de recourir à des moyens matériels : les tâches spirituelles ont besoin du support des biens terrestres.
Pour mener à bien la mission qui lui a été confiée par son divin Fondateur, l’Eglise doit user des biens de ce monde, dans l’esprit de la première Béatitude bien sûr, mais aussi avec le soin et la diligence du bon intendant fidèle ou du serviteur industrieux auquel ont été confiés les cinq talents d’argent, décrits par Notre-Seigneur en Ses paraboles.

   Ainsi, lorsque nous sommes affligés et que nous versons des larmes sur la dilapidation des biens de l’Eglise et des congrégations, c’est sur la disparition progressive de la Chrétienté que nous pleurons ; c’est sur la destruction – qui apparaît parfois comme inexorable, bien que nous ne cessions pas d’être animés par l’espérance et la foi surnaturelles – de tout ce qu’avaient merveilleusement construit et patiemment édifié les longs siècles de civilisation chrétienne qui nous ont précédés ; c’est parce qu’ « il y a grande pitié au Royaume de France » et que ces abandons et pertes du patrimoine religieux ne sont que le signe et le symbole de la trahison des clercs et de la perte des âmes

Saint Jean-François Régis, Sainte Thérèse Couderc, priez pour nous !
Secourez-nous en ces temps si douloureux !
Obtenez-nous quelque part à la force des consolations divines !

Venez-nous en aide et gardez-nous inébranlables dans la foi,
dans l’espérance et dans la charité !
Ainsi soit-il. 

Lully.

Sainte Thérèse Couderc

Note complémentaire :
La décision de vendre les bâtiments du Cénacle, avec la chapelle et le grand parc, nous a été annoncée en juillet 2016 dans les termes exacts où ils ont été reproduits dans cet article. Depuis ce temps, à la date où nous rédigeons cette note [été 2022], les bâtiments ont été vidés, la châsse de Sainte Thérèse Couderc a été transportée dans la basilique Saint-Jean-François-Régis le 22 septembre 2018 (cf. > ici et > ici), mais la vente n’a toujours été pas réalisée…

2016-52. Conseils spirituels d’un « maillot jaune ».

Mardi 12 juillet 2016,
Anniversaire de l’assassinat du comte de Saillans (cf. > ici)

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

Ce n’est pas du triste anniversaire de ce jour que je veux vous entretenir, mais, puisque la treizième étape du Tour de France 2016 va se dérouler en nos contrées vivaroises, je vais profiter de cette occasion pour porter à votre connaissance une citation qui m’a été communiqué par l’un de nos bons amis, que je remercie au passage.

Si je vous donne le nom d’Edouard Louis Joseph baron Merckx vous aurez peut-être quelques hésitations, mais si je dis Eddy Merckx vous vous écrirez : « Ah oui ! Bien sûr… »
Eh bien ! c’est de ce talentueux sportif, cinq fois vainqueur du Tour de France, qu’est la citation suivante : si – tout comme moi – vous n’avez qu’un intérêt très limité pour le cyclisme (et pour le sport en général), vous ne devez néanmoins pas vous désintéresser des conseils donnés par ce « maillot jaune » qui, comme Saint Paul dans l’épître du dimanche de la Septuagésime, utilise la métaphore de la compétition sportive pour nous encourager de quelques bons conseils spirituels pour notre sanctification.

pattes de chatLully.

cycliste gif

Eddy Merckx tour de France 1969

Eddy Merckx sur le Tour de France en 1969

« Puis-je vous prier de dire à vos élèves que le cyclisme ne réussit pas à tout le monde, qu’il y a beaucoup d’appelés mais peu d’élus, qu’il faut beaucoup de volonté pour arriver à un résultat, tout comme pour les études ; qu’il faut ne jamais se décourager. 
Puisque vous êtes leur père spirituel, veuillez leur dire qu’il en est de même pour le salut de leur âme, que la prière est un peu le contrôle de ravitaillement où l’on reprend des forces pour reprendre la route, que la communion procure la force de vivre et de conserver sa place dans le peloton.
Je suis très croyant et la foi me soutient dans les moments les plus durs de la compétition. Dites-leur de s’approcher de la Sainte Vierge, de lui offrir leurs succès d’études en ce mois de mai, comme je l’ai toujours fait depuis ma tendre jeunesse. »

Eddy Merckx,
lettre à l’aumônier d’un collège catholique de Bilbao
(citée dans la revue « France Catholique-Ecclésia » n°1149 du 20.9.74)

chat en tricycle

Publié dans:Commentaires d'actualité & humeurs |on 12 juillet, 2016 |2 Commentaires »

2016-51. Du dixième anniversaire de Son Altesse Sérénissime Monseigneur le Maître-Chat Lully.

Lundi 11 juillet 2016.

C’était hier le jour de mon dixième anniversaire…
Dix ans ! Il paraît que dix ans chez un chat est l’équivalent de cinquante-six ans chez un homme : cela signifierait donc que, en théorie, j’aurais dépassé l’âge de mon papa-moine !… Mais je suis pourtant toujours son « gros-bébé-chat-d’amour-câlinou ».

Comme à l’accoutumée pour mon anniversaire, j’ai été comblé de tendres câlins et de prévenantes attentions… et de nombreux amis de notre Refuge Notre-Dame de Compassion m’ont adressé leurs voeux et témoignages d’affection, pour lesquels je les remercie très chat-leureusement.

Vous trouverez ci-dessous le poème que Frère Maximilien-Marie m’a dédicacé à l’occasion de mes dix ans.

Patte de chat Lully.

Lully 10 ans

Devant la cheminée.

Quand le sommeil tombe sur nous
Tu te blottis sur mes genoux.

Mes mains carressent les contours
De ton amitié de velours.

La lueur dansante du feu
N’est qu’une fente dans tes yeux.

Le chas d’aiguille est si subtil
Qu’à grand-peine y passe le fil.

Et si doux se fait le ronron
Que je crois sentir sous mes doigts

La lueur du feu qui décroît,
Le silence de la maison.

Pierre Menanteau (1895-1992)
in « A l’école du buisson ».

chat dodo

Publié dans:Chronique de Lully |on 11 juillet, 2016 |7 Commentaires »
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