Archive pour la catégorie 'Chronique de Lully'

Prière pour demander à Dieu la conversion des Francs-Maçons.

       Nul n’ignore les liens de l’écrasante majorité des actuels dirigeants de la république française avec la Franc-Maçonnerie et tout spécialement avec le Grand Orient, l’obédience qui est la plus virulente contre le christianisme.
Nous avons retrouvé cette prière, revêtue de l’imprimatur et à laquelle Sa Sainteté le Pape Léon XIII avait accordé des indulgences afin d’encourager à la réciter. Nous la publions parce qu’elle nous semble ne rien avoir perdu de son actualité.

Sacré-Coeur Roi

Seigneur Jésus-Christ, qui Vous plaisez à faire éclater votre toute-puissance principalement en pardonnant aux pécheurs, vous qui avez dit : Priez pour ceux qui vous persécutent et vous calomnient ; nous implorons la clémence de Votre Coeur Sacré pour des âmes créées à l’image de Dieu, qui ont été misérablement trompées par les séductions perfides de la franc-maçonnerie et se précipitent dans la voie de leur perte éternelle.
Ne permettez pas, nous Vous en conjurons, que l’Eglise, Votre sainte épouse, soit opprimée par eux plus longtemps, mais apaisé par l’intrcession de la Bienheureuse Vierge Marie, Votre Mère, et par les prières des justes, daignez Vous souvenir de Votre miséricorde infinie.
Oubliez leur perversité, et faites que, revenant à Vous, ils consolent l’Eglise par une éclatante pénitence et obtiennent la gloire éternelle. O Vous qui vivez et régnez dans les siècles des siècles.

Ainsi soit-il !

Imprimatur :
2 juillet 1896 – Fr. Card. Richard, arch. Parisiensis
Indulgence de 100 jours – Léon XIII, 11 août 1898.

Saint Michel gif

2014-40. Où, à l’occasion de la fête de Saint Georges, Maître-Chat Lully commente impertinemment quelques points de l’actualité politique…

Mercredi de Pâques 23 avril 2014.
Fête de Saint Georges le mégalomartyr (cf. > ici).

Icône de St Georges au Mesnil-Marie

Icône ancienne de Saint Georges à l’entrée du Mesnil-Marie.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

A – De saint Georges.

    Même si la célébration de la fête de Saint Georges est empêchée cette année en raison de la prééminence de l’octave de Pâques, nous ne l’oublions pas dans notre dévotion : au Mesnil-Marie - j’ai peut-être déjà eu l’occasion de le dire -, nous avons une prédilection pour les saints guerriers – tels que Saint Maurice, Saint Martin, Saint Constantin, le Bienheureux Charlemagne, Saint Louis, Sainte Jeanne d’Arc… etc. – et tout spécialement pour Saint Georges, dont une belle petite icône ancienne (une véritable icône peinte, pas une image en papier collée sur une planchette !) protège la porte d’entrée principale. 
Saint Georges est le céleste protecteur de tous les chevaliers de la Chrétienté, il est aussi le saint patron des scouts, ainsi que de la cavalerie française : Frère Maximilien-Marie n’oublie pas que les officiers représentants l’Ecole de Cavalerie de Saumur, dont il était le guide à Rome lors de la béatification du Bienheureux Charles de Foucauld, lui avaient décerné le grade de lieutenant d’honneur de cette prestigieuse institution de l’armée française !

   Plus que jamais donc : « Par Saint Georges, vive la Cavalerie ! », et surtout que vive et se développe toujours plus l’authentique esprit chevaleresque qui a animé tant de héros chrétiens…

Ecole de Cavalerie Saumur logo

B – De l’absence de voeux présidentiels ou gouvernementaux à l’occasion de Pâques.

   On n’a pas manqué de relever qu’à l’occasion de ces fêtes pascales ni le président de la république, ni le chef du gouvernement, ni le ministre de l’intérieur et des cultes n’ont publié le moindre message de vœux à l’intention des chrétiens de France (car Pâques ne concerne pas les seuls catholiques latins, mais également les communautés protestantes et, en outre cette année, la date de Pâque était la même pour les chrétiens de rites orientaux).
Toute une frange de la « bien pensance » catholique joue donc l’indignation et pousse des cris d’orfraie devant ce qui est, bien évidemment, une nouvelle – et grossière – manifestation de sectarisme, cela nous n’en doutons pas.
Toutefois, le constat étant posé, je ne veux pas me priver d’y ajouter quelques réflexions.

   Qui d’entre vous, amis lecteurs, peut-il dire qu’il a véritablement été « frustré » de ne pas recevoir de vœux de Pâques de la part des officiels sus-évoqués ?
Pour être honnête, je dis sans fard que, en ce qui me concerne, des vœux de Pâques à l’adresse des communautés chrétiennes émanant de personnes qui n’ont ni morale, ni respect du christianisme, mais dont la politique s’attache à éradiquer quasi systématiquement ce qui subsiste encore de chrétien dans la vie sociale de notre pays, me paraîtrait davantage une insulte qu’une attention pleine de sollicitude !

   Cet « oubli » me fait même davantage plaisir que si nous, chrétiens, avions dû recevoir un hypocrite message de vœux de la part de ces apostats (car il ne faut pas oublier que ces personnes sont des baptisés dont le comportement montre par trop qu’ils ont renié leur baptême), qui préparent encore des lois et des mesures à l’encontre du christianisme !
Cet « oubli » me fait davantage plaisir que si nous, chrétiens, étions mis sur le même pied que les fausses religions talmudiques et mahométanes, à l’occasion des fêtes desquelles ces messieurs n’oublient pas de formuler des vœux !
Cet « oubli » me fait davantage plaisir que si nous devions voir notre déjà très molle hiérarchie catholique se livrer une nouvelle fois à des séances de courbettes devant des pantins du Grand Orient, en considération des vœux sans sincérité qu’elle en aurait reçus !
Ce qui me scandalise davantage – et qui est pour moi absolument incompréhensible – c’est de voir des cardinaux, des évêques et des religieux, continuer à accepter des promotions à la légion d’honneur (pour laquelle, je ne m’en cache pas, je n’ai aucune estime) !

   Arrêtons l’hypocrisie, s’il vous plaît ! Franchement, les vœux de Pâques du gouvernement, on s’en fiche et on s’en contrefiche, et ils n’ajouteraient rien à notre joie pascale (ce qui ne serait évidemment pas le cas s’ils émanaient d’un Roi Très Chrétien) ! 
Je trouve même que les choses sont plus claires et plus franches ainsi ; et je conclurai ce paragraphe en disant haut et fort qu’il serait tout de même temps que les catholiques abandonnent leurs illusions et cessent d’adopter des attitudes de mendiants envers des autorités républicaines, et du système républicain lui-même qui est par essence anti-chrétien.

La république antichrétienne

La république maçonnique et antichrétienne (carte postale de propagande du début du XXe siècle) :
sous la devise du Grand Orient, devenue devise de la république, un homme (revêtu du seul tablier maçonnique, portant à la main la truelle maçonnique et s’appuyant sur la colonne tronquée des « droits de l’homme » représentés comme les nouvelles tables de la loi) terrasse un prêtre dont le bras est encore appuyé sur la Sainte Bible ; la tiare du Pape, la mitre des évêques et les couronnes des monarques chrétiens gisent en tas dans le coin gauche…

c – Des références dont se revendique le premier sinistre.
(Non, je n’ai pas fait de faute de frappe sur mon clavier en écrivant le titre de ce présent paragraphe !)

   Même si je n’en ai rien écrit à ce moment-là, j’ai suivi avec un certain intérêt les élections municipales et leurs conséquences : à l’échelon national, le changement de gouvernement ne m’en a pas vraiment paru un, et je me suis beaucoup amusé de la réflexion d’un certain député qui, interrogé sur LCI au sujet de la nouvelle (?) équipe gouvernementale, a déclaré : « On a changé le bocal, on a gardé les mêmes cornichons ! »
Force est de constater que – de temps en temps (il ne faut tout de même pas en abuser !) – , quelques hommes politiques semblent avoir de fugaces lueurs de bon sens et d’humour. 

   Qu’ai-je retenu du discours de politique générale prononcé par Monsieur Valls devant le parlement ?
Ses références : Pierre Mendès-France, Valmy, la révolution de 1848, Jaurès, Clémenceau et de Gaulle…
Et il a osé dire que c’était ça « la grandeur de la France » !

   De toute évidence, selon la fameuse répartie, « nous n’avons pas les mêmes valeurs » !
Les noms qu’il a cités sont plutôt ceux d’évènements ou de personnes qui ont été les agents de la démolition, de la décadence et de la corruption de la France : cela fait froid dans le dos ; cela me glace l’échine ; cela laisse présager un avenir encore plus sombre et plus redoutable… Ce pourquoi je ne peux faire autrement de dire – et la dureté de ses traits et de ses expressions ne fait que me le confirmer – que nous avons bien là un premier sinistre !

   Sans toutefois prétendre être prophète, je ne peux cependant que vous annoncer de manière certaine l’échec de ce gouvernement et l’échec de cette politique.
Bientôt, très bientôt, nous allons assister à de nouvelles luttes, à de nouveaux coups bas, à de nouveaux règlements de comptes… etc. Il ne peut pas en être autrement.
Plus que jamais, cette république française me fait penser au film « Jurassic Park » : car elle n’est pas autre chose qu’une réserve de vieux dinosaures pas beaux, coupés du monde réel, et qui « se bouffent entre eux » !

Republic Park

D – De la démocratie illustrée par la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

- Lequel voulez-vous que je vous libère : Barabbas ou Jésus qu’on appelle le Christ ?
- Barabbas !
- Que ferai-je donc de Jésus qu’on appelle le Christ ?
- Crucifiez-le !
- Quel mal a-t-il donc fait ?
- Crucifiez-le !

   Y a-t-il une plus parfaite illustration de la réalité de la démocratie ?

pattes de chat Lully.

On trouvera ci-après une prière pour la conversion des francs-maçons > ici.

P.S. : Je renvoie aussi aux publications que j’ai faites il y a déjà quatre ans
au sujet de la Franc Maçonnerie :
Incompatibilité des principes de la Maçonnerie avec le catholicisme >
2010-46 ; 2010-47a et 2010-47b ainsi que 2010-48.

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2014-39. « Il est descendu aux enfers ».

La descente de Notre-Seigneur Jésus-Christ aux enfers :

       Redisons que c’est là un dogme, enseigné et cru depuis les Saints Apôtres, et insistons une nouvelle fois pour affirmer que les Apôtres n’ont eu connaissance de cet « évènement » que parce qu’ils l’ont appris de la bouche même de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
La publication que nous avons faite, à l’occasion du Samedi Saint, de l’homélie pascale attribuée à Saint Epiphane (cf. > « Eveille-toi, ô toi qui dors… ») nous a valu un certain nombre de messages et de questions, car, là encore je me répète, beaucoup de chrétiens ne comprennent pas vraiment tout ce que signifie cette « descente aux enfers » et toute la richesse de ce mystère.
C’est pourquoi j’ai résolu de vous recopier ci-dessous l’intégralité du commentaire de cet article du « Symbole des Apôtres » rédigé par Saint Thomas d’Aquin, qui n’exprime pas là une opinion personnelle mais qui synthétise l’enseignement des Saintes Ecritures et des Pères de l’Eglise à ce sujet.

Descente aux limbes, Duccio, Maesta, Sienne

Duccio di Buoninsegna : le Christ aux enfers (détail de la Maestà – Sienne)

   § 77. – Comme nous l’avons dit, la mort du Christ a consisté, comme pour les autres hommes, dans la séparation de son âme d’avec son corps mais la divinité était unie de façon si indissoluble au Christ homme que, malgré la séparation de son âme d’avec son corps, la divinité elle-même s’est trouvée toujours parfaitement présente et unie à l’un et à l’autre ; c’est pourquoi le Fils de Dieu fut dans le sépulcre avec son corps et il est descendu aux enfers avec son âme.

   § 78. – Le Christ est descendu aux enfers avec son âme pour quatre motifs.

Le premier motif, ce fut de supporter toute la peine due au péché, afin, par là, de l’expier entièrement. Or la peine du péché de l’homme ne consistait pas seulement dans la mort du corps, mais aussi dans la souffrance de l’âme. L’âme, en effet, elle aussi avait péché, et elle était également punie par la privation de la vision de Dieu.

C’est pourquoi, avant l’avènement du Christ, tous, même les saints Patriarches, descendaient après leur mort aux enfers.

Le Christ, pour souffrir toute la peine due aux pécheurs, voulut donc, non seulement mourir, mais aussi descendre avec son âme aux enfers. Aussi déclare-t-il : « On me compte parmi ceux qui descendent dans la fosse : je suis comme un homme sans secours, libre parmi les morts » (Ps. LXXXVII, 5-6). Les autres, en effet, étaient là comme des esclaves, mais le Christ y était comme une personne jouissant de la liberté.

   § 79. – Le second motif de la descente du Christ aux enfers, ce fut de secourir parfaitement tous ses amis. Il possédait en effet des amis non seulement dans le monde, mais aussi dans les enfers. Car vous êtes les amis du Christ, dans la mesure où vous avez la charité. Or, dans les enfers, il y en avait beaucoup qui étaient morts avec la charité et la foi au Christ qui devait venir : ce fut le cas, par exemple, d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, de Moïse, de David et des autres hommes justes et parfaits. Et parce que le Christ avait visité les siens dans le monde et les avait secourus par sa mort, il voulut aussi visiter les siens qui étaient dans les enfers, et les secourir par sa descente auprès d’eux. « Je pénétrerai toutes les profondeurs de la terre, je visiterai tous ceux qui dorment, et j’illuminerai tous ceux qui espèrent dans le Seigneur » (Eccli. XXIV, 45).

   § 80. – Le troisième motif de la descente de Jésus aux enfers fut de triompher complètement du diable. En effet, quelqu’un triomphe complètement d’un adversaire, non seulement quand il l’emporte sur lui sur le champ de bataille, mais aussi quand il l’attaque jusque dans sa propre maison et qu’il la lui ravit ainsi que le siège même de son empire. Or le Christ avait triomphé dans sa lutte contre le diable et il l’avait vaincu sur la croix ; c’est pourquoi il déclara : « C’est maintenant le jugement de ce monde ; c’est maintenant que le Prince de ce monde – à savoir le diable – va être jeté dehors » (Jean XII, 31). Aussi pour triompher de lui complètement, il voulut lui enlever le siège de son royaume et l’enchaîner dans sa demeure, qui sont les enfers. C’est pourquoi il y descendit et il lui ravit tous ses biens, il l’enchaîna et lui enleva sa proie. Saint Paul écrit en effet aux Colossiens : « Il a dépouillé les Principautés et les Puissances et, avec résolution, il les a traînées dans le déploiement de son propre triomphe » (Col. II, 15).

Le Christ avait reçu en sa possession le ciel et la terre, et toute puissance lui avait été donnée sur l’un et sur l’autre ; pareillement, il voulut aussi recevoir les enfers en sa possession. Et ainsi s’accomplit ce qu’écrira l’Apôtre aux Philippiens : « Qu’au nom de Jésus, tout genou fléchisse aux cieux, sur terre et aux enfers » (Phil. II, 10) et Jésus lui-même avait dit : « En mon nom, ils expulseront les démons » (Marc XVI, 17).

   § 81. – Le quatrième et dernier motif de la descente du Christ aux enfers fut de délivrer les saints qui s’y trouvaient présents.

De même en effet que le Christ voulut souffrir la mort, pour délivrer les vivants de la mort, de même il voulut descendre aux enfers pour libérer ceux qui y demeuraient. Aussi pouvons-nous lui adresser les paroles du prophète Zacharie : « Vous, Seigneur par le sang de votre alliance, vous avez retiré vos captifs de la fosse sans eau » (Zach. IX, 11). Le Seigneur a accompli la parole du prophète Osée : « O mort, je serai ta mort ; enfer, je serai ta morsure ! » (Os. XIII, 14).

En effet, bien que le Christ ait entièrement détruit la mort, il n’a pas complètement anéanti les enfers, mais il les a comme mordus ; car il n’a pas libéré tous les captifs des enfers, mais ceux-là seuls qui étaient exempts du péché mortel et également du péché originel, soit que la circoncision les en ait délivrés quant à leur personne, soit que, avant que Dieu n’ait donné la circoncision aux Patriarches, ils aient été sauvés, ou bien par la foi de leurs parents fidèles – s’ils étaient privés de l’usage de la raison – , ou bien – s’ils étaient adultes – par des sacrifices et par la foi au Christ qui devait venir : mais ils demeuraient dans les enfers à cause du péché originel d’Adam, dont le Christ seul pouvait les libérer selon la nature.

C’est pourquoi le Christ laissa en enfer ceux qui y étaient descendus en état de péché mortel, ainsi que les enfants incirconcis. C’est la raison pour laquelle, s’adressant à l’enfer, il lui déclare : « Je serai ta morsure, enfer ! ».

Ainsi donc le Christ est descendu aux enfers, et pour les quatre motifs que nous venons d’exposer.

   § 82. – Nous pouvons y puiser, pour notre instruction, quatre leçons.

Premièrement, une ferme espérance en Dieu, Car quelque grande que soit l’affliction dans laquelle un homme est plongé, il doit cependant toujours espérer dans le secours de Dieu et mettre sa confiance en lui. On ne peut pas en effet trouver d’état plus pénible que de demeurer dans les enfers. Si donc le Christ a délivré ceux qui s’y trouvaient, quiconque, s’il est l’ami de Dieu, doit avoir une grande confiance d’être délivré par lui de n’importe quelle détresse.

Il est écrit en effet au Livre de la Sagesse : « La divine Sagesse n’abandonna pas le juste vendu ; elle descendit avec lui dans la fosse et ne le quitta pas dans les chaînes » (Sag. X, 13-14). Et parce que Dieu vient spécialement en aide à ses serviteurs, l’homme qui sert Dieu doit vivre dans une grande sécurité. « Celui qui craint le Seigneur », dit en effet l’Ecclésiastique, « ne se troublera jamais, il n’aura pas peur, parce que Dieu est son espérance » (Eccli. XXXIV, 16).

   § 83. – En deuxième lieu, nous devons concevoir de la crainte à l’égard de Dieu et bannir la présomption. En effet, bien que le Christ ait souffert pour les pécheurs et qu’il soit descendu aux enfers, il n’en a pas délivré tous les captifs, mais seulement, comme nous l’avons dit, les âmes exemptes de péché mortel. Il y laissa ceux qui étaient morts avec ce péché. Que tous ceux qui y descendent en cet état n’espèrent donc pas le pardon. Mais ils demeureront aussi longtemps dans les enfers que les saints dans le Paradis, c’est-à-dire éternellement. Le Christ a déclaré en effet : « Les maudits s’en iront au supplice éternel, et les justes à la vie éternelle » (Math. XXV, 46).

   § 84. – En troisième lieu, nous devons faire preuve de grande vigilance, car le Christ est descendu aux enfers pour notre salut. Oui, nous devons être attentifs à y descendre fréquemment en esprit, pour considérer les peines qu’on y souffre, comme le faisait le saint roi Ezéchias, quand il déclarait : « J’ai dit, au milieu de mes jours je m’en vais aux portes de l’enfer » (Is. XXXVIII, 10). Ceux en effet qui, durant leur vie, descendent souvent dans les enfers en pensée, n’y descendent pas facilement à l’heure de la mort car la considération attentive des tourments éternels retire l’homme du péché. Ne voyons-nous pas les habitants de ce monde se garder des mauvaises actions dans la crainte des peines temporelles ? Combien plus doivent-ils se détourner du mal, dans l’appréhension des peines de l’enfer, car celles-ci surpassent grandement les souffrances d’ici-bas par leur durée, leur amertume et leur multiplicité. « Souviens-toi de ta fin », dit l’Ecclésiastique , « et tu ne pécheras jamais » (Eccli. VII, 40).

   § 85. – En quatrième lieu, la venue du Christ aux enfers nous offre un exemple d’amour. Jésus est en effet descendu aux enfers pour délivrer les siens, c’est pourquoi nous devons nous aussi nous y rendre en esprit pour venir en aide aux nôtres.

Les âmes du purgatoire en effet, ne peuvent rien faire pour elles-mêmes ; notre devoir est donc de leur porter secours. Ne serait-il pas extrêmement cruel, celui qui se désintéresserait d’un être cher enfermé dans une prison terrestre ? Comme il n’y a aucune comparaison entre les peines de ce monde et les souffrances de ce lieu de purification, combien plus cruel ne sera pas celui qui laisserait sans secours un ami retenu dans le purgatoire ? « Ayez pitié de moi, ayez pitié de moi, vous du moins, mes amis », disait le saint homme Job, « car la main de Dieu m’a frappé » (Job XIX, 21). Et nous lisons au deuxième Livre des Macchabées : « C’est une pensée sainte et salutaire de prier pour les défunts, afin qu’ils soient délivrés de leurs péchés » (2 Mac. XII, 46).

   § 86. – D’après saint Augustin, on peut secourir les âmes du purgatoire principalement par trois bienfaits, à savoir par des messes, par des prières et par des aumônes. Saint Grégoire en ajoute un quatrième le jeûne. Il n’y a là rien d’étonnant, puisque même en ce monde un ami peut satisfaire pour un ami.

   § 87. – Il est nécessaire à l’homme de connaître deux réalités à savoir la gloire de Dieu et le châtiment de l’enfer. Attirés, en effet par la gloire et effrayés par les châtiments, les hommes veillent sur eux-mêmes et se retirent du péché. Mais il est très difficile à l’homme de les connaître. Ainsi, au sujet de la gloire, il est dit dans la Sagesse : « Qui donc pénétrera ce qui est dans le ciel ? » (Sag. IX, 16). C’est sans aucun doute une oeuvre difficile pour les habitants de la terre, car, dit saint Jean : « Celui qui est de la terre parle de la terre » (Jean III, 31) ; tandis que découvrir ce qui est dans les cieux est chose facile pour les êtres spirituels. Le même saint Jean dit en effet, dans le même passage : « Celui qui vient d’en-haut est au-dessus de tous ». Or c’est précisément pour nous enseigner les choses célestes que Dieu est descendu du ciel et s’est incarné.

Il était pareillement difficile de connaître les peines de l’enfer. Le Livre de la Sagesse met en effet cette parole dans la bouche des impies : « On ne connaît personne qui soit revenu des enfers » (Sag. II, 1). Mais maintenant il n’est plus possible de tenir un tel propos ; en effet, comme le Christ est descendu du ciel pour nous enseigner les choses célestes, de même il est ressuscité des enfers pour nous instruire au sujet des enfers. Il est donc nécessaire que nous croyions, non seulement à l’Incarnation du Christ et à sa mort, mais aussi à sa résurrection d’entre les morts. Et c’est pourquoi il est dit dans le « Je crois en Dieu » : Le troisième jour il est ressuscité des morts.

Saint Thomas d’Aquin – in commentaire du Symbole des Apôtres.

nika

2014-38. « Éveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera ! »

Samedi Saint :
« Il est descendu aux enfers ».

Voici le texte d’une très célèbre homélie de l’antiquité chrétienne, qui a longtemps été attribuée à Saint Epiphane, mais à tort semble-t-il.
Peu importe en réalité par qui elle fut écrite, ce qui compte c’est son contenu ; nous avons ici l’explicitation de ce que nous proclamons dans le symbole des Apôtres : « Il est descendu aux enfers ».
Le dogme de la descente du Seigneur Jésus-Christ aux enfers est enseigné et cru depuis les Apôtres, qui n’ont pu connaître cet évènement du mystère du salut que de la bouche même de Notre-Seigneur lorsqu’Il a achevé de les instruire, après Sa Résurrection ; mais on peut regretter que beaucoup de fidèles dans l’Eglise latine ne prêtent pas assez attention à ce mystère et ne le méditent pas autant qu’il conviendrait.

Icône Anastasis

L’Anastasis ( Η Ανάστασις , en grec = le Relèvement) : représentation traditionnelle de l’Orient chrétien
illustrant tout à la fois le Christ aux enfers et Sa Résurrection.

« Un grand silence règne aujourd’hui sur la terre, un grand silence et une grande solitude. Un grand silence parce que le Roi dort. La terre a tremblé et s’est calmée parce que Dieu S’est endormi dans la chair et qu’Il est allé réveiller ceux qui dormaient depuis des siècles. Dieu est mort dans la chair, et les enfers ont tressailli. Dieu S’est endormi pour un peu de temps, et Il a réveillé du sommeil ceux qui séjournaient dans les enfers…

Il va chercher Adam, notre premier Père, la brebis perdue. Il veut aller visiter tous ceux qui sont assis dans les ténèbres et à l’ombre de la mort. Il va, pour délivrer de leurs douleurs Adam dans ses liens et Eve, captive avec lui, Lui qui est en même temps leur Dieu et leur Fils.
Descendons donc avec Lui pour voir l’Alliance entre Dieu et les hommes…

Là se trouve Adam, le premier Père, et comme premier créé, enterré plus profondément que tous les condamnés.
Là se trouve Abel, le premier mort et comme premier pasteur juste, figure du meurtre injuste du Christ pasteur.
Là se trouve Noé, figure du Christ, le constructeur de la grande arche de Dieu, l’Église.
Là se trouve Abraham, le père du Christ, le sacrificateur, qui offrit à Dieu par le glaive et sans le glaive un sacrifice mortel sans mort.
Là demeure Moïse, dans les ténèbres inférieures, lui qui a jadis séjourné dans les ténèbres supérieures de l’arche de Dieu.
Là se trouve Daniel dans la fosse de l’enfer, lui qui, jadis, a séjourné sur la terre dans la fosse aux lions.
Là se trouve Jérémie, dans la fosse de boue, dans le trou de l’enfer, dans la corruption de la mort.
Là se trouve Jonas dans le monstre capable de contenir le monde, c’est-à-dire dans l’enfer, en signe du Christ éternel.

Et parmi les Prophètes il en est un qui s’écrie : « Du ventre de l’enfer, entends ma supplication, écoute mon cri ! » et un autre : « Des profondeurs, je crie vers Toi, Seigneur, écoute mon appel ! » ; et un autre : « Fais briller sur nous Ta Face et nous serons sauvés… »

Mais, comme par Son avènement le Seigneur voulait pénétrer dans les lieux les plus inférieurs, Adam, en tant que premier Père et que premier créé de tous les hommes et en tant que premier mortel, lui qui avait été tenu captif plus profondément que tous les autres et avec le plus grand soin, entendit le premier le bruit des pas du Seigneur qui venait vers les prisonniers. Et il reconnut la voix de Celui qui cheminait dans la prison, et, s’adressant à ceux qui étaient enchaînés avec lui depuis le commencement du monde, il parla ainsi : « J’entends les pas de quelqu’un qui vient vers nous. »

Et pendant qu’il parlait, le Seigneur entra, tenant les armes victorieuses de la Croix. Et lorsque le premier père, Adam, Le vit, plein de stupeur, il se frappa la poitrine et cria aux autres : « Mon Seigneur soit avec vous ! »
Et le Christ répondit à Adam : « Et avec ton esprit ! »
Et, lui ayant saisi la main, Il lui dit : « Éveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera. »
Je suis ton Dieu et, à cause de toi, Je suis devenu ton Fils. Lève-toi, toi qui dormais, car Je ne t’ai pas créé pour que tu séjournes ici enchaîné dans l’enfer. Relève-toi d’entre les morts, Je suis la Vie des morts. Lève-toi, œuvre de Mes mains, toi, Mon effigie, qui a été faite à Mon image. Lève-toi, partons d’ici, car tu es en Moi et Je suis en toi. A cause de toi, Moi ton Dieu, Je suis devenu ton fils ; à cause de toi, Moi ton Seigneur, J’ai pris la forme d’esclave ; à cause de toi, Moi qui demeure au-dessus des cieux, Je suis descendu sur la terre et sous la terre. Pour toi, homme, Je me suis fait comme un homme sans protection, libre parmi les morts. Pour toi qui es sorti du jardin, J’ai été livré aux juifs dans le jardin, et J’ai été crucifié dans le jardin…
Regarde sur Mon visage les crachats que J’ai reçus pour toi afin de te replacer dans l’antique paradis. Regarde sur Mes joues la trace des soufflets que J’ai subis pour rétablir en Mon image ta beauté détruite. Regarde sur Mon dos la trace de la flagellation que J’ai reçue afin de te décharger du fardeau de tes péchés qui avait été imposé sur ton dos. Regarde Mes mains qui ont été solidement clouées au bois à cause de toi qui autrefois as mal étendu tes mains vers le bois… Je Me suis endormi sur la croix et la lance a percé Mon côté à cause de toi qui t’es endormi au paradis et as fait sortir Eve de ton côté. Mon côté a guéri la douleur de ton côté. Et Mon sommeil te fait sortir maintenant du sommeil de l’enfer.
Lève-toi et partons d’ici, de la mort à la vie, de la corruption à l’immortalité, des ténèbres à la lumière éternelle. Levez-vous et partons d’ici et allons de la douleur à la joie, de la prison à la Jérusalem céleste, des chaînes à la liberté, de la captivité aux délices du paradis, de la terre au ciel.
Mon Père céleste attend la brebis perdue, un trône de chérubin est prêt, les porteurs sont debout et attendent, la salle des noces est préparée, les tentes et les demeures éternelles sont ornées, les trésors de tout bien sont ouverts, le Royaume des Cieux qui existait avant tous les siècles vous attend. »

nika

Voir aussi, ci-après, les explications de St Thomas d’Aquin
concernant la descente de Notre-Seigneur aux enfers > ici

2014-37. La Croix et la bénédiction.

4 janvier,
fête de Sainte Angèle de Foligno.

       Je livre ci-dessous à votre méditation le trente-quatrième chapitre du « Livre des visions et instructions » de Sainte Angèle de Foligno (cf. > ici), il est intitulé : « La Croix et la bénédiction » et contient de très grandes et consolantes promesses de bénédiction à l’intention de ceux ont compassion des souffrances de notre divin Sauveur.

Jehan Fouquet Piéta

Jehan Fouquet : déposition de Croix.

La Croix et la bénédiction :

Sainte Angèle de Foligno
(in « Visions et instructions », chap. XXXIV).

       « Un jour j’étais à la messe dans l’église Saint-François. On approchait de l’élévation et le choeur des Anges retentissait : Sanctus ! Sanctus ! Sanctus ! …etc. ; mon âme fut emportée et ravie dans la lumière incréée ; elle fut attirée, elle fut absorbée, et voici une plénitude ineffable, ineffable, en vérité.

   Regardez comme rien, comme absolument rien, tout ce qui peut être exprimé en langue humaine.
O création inénarrable du Dieu incréé et tout-puissant, les louanges qu’on peut chanter sont de la poussière auprès de Vous !
Absorption sacrée de l’abîme où me plonge la main du Dieu ravissant, après votre transport, mais encore sous l’influence qui l’avait précédé, m’apparut l’image du Dieu crucifié, comme un instant après la descente de croix ; le sang était frais et rouge et coulant encore des blessures et les plaies étaient récentes.

   Alors dans les jointures je vis les membres disloqués ; j’assistai au brisement intérieur qu’avait produit sur la croix l’horrible tiraillement du corps, je vis ce qu’elles avaient fait, les mains homicides. Je vis les nerfs, je vis les jointures, je vis le relâchement, l’allongement contre nature qu’avaient fait dans le supplice – quand ils avaient tiré sur les bras et sur les jambes – les déicides. Mais la peau s’était tellement prêtée à cette tension, que je n’y voyais aucune rupture.
Cette dissolution des jointures, cette horrible tension des nerfs, qui me permit de compter les os, me perça le coeur d’un trait plus douloureux que la vue des plaies ouvertes. Le secret de la Passion, le secret des tortures de Jésus, le secret de la férocité des bourreaux, m’était montré plus intimement dans la douleur des nerfs que dans l’ouverture des plaies, dans le dedans que dans le dehors.
Alors je sentis le supplice de la compassion ; alors, au fond de moi-même, je sentis dans les os et dans les jointures une douleur épouvantable, et un cri qui s’élevait comme une lamentation, et une sensation terrible, comme si j’avais été transpercée tout entière, corps et âme.

   Ainsi absorbée et transformée en la douleur du Crucifié, j’entendis Sa voix bénir les dévoués qui imitaient Sa Passion et qui avaient pitié de Lui :
«Soyez bénis, disait-Il, soyez bénis par la main du Père, vous qui avez partagé et pleuré Ma Passion, vous qui avez lavé vos robes dans mon Sang. Soyez bénis, vous qui, rachetés de l’enfer par les immenses douleurs de Ma croix, avez eu pitié de Moi ; soyez bénis, vous qui avez été trouvés dignes de compatir à Ma torture, à Mon ignominie, à Ma pauvreté. Soyez bénies, ô fidèles mémoires ! Vous qui gardez au fond de vous le souvenir de Ma Passion !
Ma Passion, unique refuge des pécheurs ; Ma Passion, vie des morts ; Ma Passion, miracle de tous les siècles, vous ouvrira les portes du royaume éternel que J’ai conquis pour vous, par elle.
Dans les siècles des siècles, vous qui avez eu pitié, vous partagerez la gloire !
Soyez bénis par le Père, soyez bénis par l’Esprit-Saint, bénis en esprit et en vérité par la bénédiction que Je donnerai au dernier jour ; car Je suis venu chez Moi, et au lieu de Me repousser comme un persécuteur, vous avez offert au Dieu désolé l’hospitalité sacrée de votre amour !
J’étais nu sur la croix, J’avais faim, J’avais soif, Je souffrais, Je mourais, J’étais pendu par leurs clous, vous avez eu pitié! Soyez bénis, ouvriers de miséricorde !
A l’heure terrible, à l’heure épouvantable, Je vous dirai : Venez, les bien-aimés de Mon Père ! car J’avais faim sur la terre, et vous M’avez offert le pain de la pitié… »

   Il ajouta des choses étonnantes ; mais ce qui est absolument impossible, c’est d’exprimer l’amour qui brillait sur ceux qui ont pitié : « O bienheureux ! ô bénis ! Suspendu à la croix, J’ai crié, pleuré et prié pour Mes bourreaux : « Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu’ils font ! » Qu’est-ce que Je ferai, qu’est-ce que Je dirai pour vous, pour vous qui avez eu pitié, pour vous qui M’avez tenu compagnie, pour vous Mes dévoués, qu’est-ce que Je dirai pour vous, quand J’apparaîtrai, non pas sur la croix, mais dans la gloire, pour juger le monde ? »

   Je demeurai frappée au fond, beaucoup plus émue que je ne puis le dire ; les affections qui me venaient de la croix sont au-dessus des paroles. Il ajouta plusieurs paroles qui me mirent en feu ; mais je n’ai ni la volonté ni le pouvoir de les écrire. »

Jehan Fouquet Piéta - détail

Jehan Fouquet : déposition de Croix (détail).

Sa Sainteté Benoît XVI : catéchèse présentant Ste Angèle de Foligno > ici
Ste Angèle de Foligno : « les voies de la délivrance » > ici
Ste Angèle de Foligno : « Ce n’est pas pour rire que Je t’ai aimée » > ici

Prières de Saint Alphonse de Liguori pour honorer les Sept Douleurs de Notre-Dame :

            La liturgie traditionnelle célèbre à deux reprises les Douleurs et la Compassion de Notre-Dame.

   La première et la plus ancienne de ces deux fêtes est celle du vendredi de la Passion (vendredi avant le dimanche des Rameaux).
La seconde – celle du 15 septembre – est, à l’origine, une fête particulière à l’Ordre des Servites de Marie, ordre spécialement dévoué aux Douleurs de Notre-Dame ; en 1817, pour commémorer la fin des souffrances que l’Eglise venait de traverser (persécutions suscitées par la révolution française et l’empire napoléonien, captivité des papes Pie VI et Pie VII), le pape Pie VII étendit cette fête du mois de septembre à toute l’Eglise en la plaçant au 3e dimanche de ce mois (c’est ainsi qu’en 1846, lorsque la Sainte Mère de Dieu apparaît à La Salette, le samedi 19 septembre, elle apparaît de fait à l’heure des premières vêpres de la fête de Notre-Dame des Sept-Douleurs) ; la réforme de Saint Pie X, en 1914, a retiré la fête de Notre-Dame des Douleurs du dimanche pour la fixer au 15 septembre.

   Ces deux fêtes sont, l’une comme l’autre, particulièrement importantes pour le Refuge Notre-Dame de Compassion, et nous invitons tous ceux qui nous sont unis par les liens de la prière à s’associer à nous avec une grande ferveur pour honorer les Sept Douleurs de Notre-Dame, et pour consoler son Coeur douloureux et immaculé en proie à une si grande désolation.

   Nous avons déjà publié sur ce blogue le texte de l’ « Ave, Maria » de la Vierge de Compassion (parfois attribué à Saint Bonaventure, voir > ici), ainsi que la manière dont on peut réciter le « Chapelet des Sept Douleurs » (cf. > ici).
Voici maintenant ci-dessous un exercice pour honorer les Sept Douleurs de Notre-Dame dont les prières ont été rédigées par Saint Alphonse de Liguori.

Statue de N.D. de Compassion du Mesnil-Marie

Statue de Notre-Dame de Compassion au Mesnil-Marie

Première douleur :

   Je compatis, ô Mère affligée, à la douleur que vous causa le premier glaive qui vous a transpercée, quand Siméon, dans le Temple, vous représenta les tourments que les hommes devaient faire endurer à votre bien-aimé Jésus (et que vous connaissiez déjà par les divines Écritures), jusqu’à Le faire mourir sous vos yeux, suspendu à un bois infâme, épuisé de sang et abandonné de tout le monde, sans pouvoir recevoir de vous ni défense ni secours.
Je vous prie donc, ma Reine, par ce souvenir amer qui affligea votre cœur pendant tant d’années, de m’obtenir la grâce de conserver toujours, à la vie à la mort, gravées dans mon cœur, la Passion de Jésus-Christ et vos Douleurs.

Pater, Ave Maria.

Coeur douloureux et immaculé de Marie

Deuxième douleur :

   Je compatis, ô Mère affligée, à la douleur que vous causa le second glaive qui vous a transpercée lorsque vous avez vu votre Fils innocent, à peine né, persécuté à mort par ces mêmes hommes pour lesquels Il était venu dans le monde ; de sorte que vous avez été obligée de fuir en Égypte pendant la nuit et secrètement à l’insu du monde.
Par tant de peines que vous, Vierge délicate, avez endurées, conjointement avec votre petit Enfant exilé, dans ce long et pénible voyage, par des chemins déserts et difficiles, et dans votre séjour en Égypte, où étant inconnus et étrangers, vous avez vécu durant toutes ces années dans la pauvreté et le mépris, je vous prie ma bien-aimée Souveraine, de m’obtenir la grâce de souffrir avec patience dans votre compagnie, jusqu’à la mort, toutes les peines de cette misérable vie, afin que je puisse, dans l’autre, échapper aux peines éternelles de l’enfer que j’ai bien méritées.

Pater, Ave Maria.

Coeur douloureux et immaculé de Marie

Troisième douleur :

   Je compatis, ma Mère affligée, à la douleur que vous causa le troisième glaive qui vous perça le cœur, quand vous avez perdu votre cher Fils Jésus, qui resta trois jours à Jérusalem, éloigné de vous.
Ne voyant plus alors votre amour auprès de vous, et ignorant la cause de Son éloignement, je pense, mon aimable Reine, que vous n’eûtes aucun repos pendant ces nuits, mais que vous ne fîtes que soupirer après Celui qui était tout votre bien : je vous prie donc, par les soupirs que vous avez poussés durant ces trois jours, bien longs et bien douloureux pour vous, de m’obtenir la grâce de ne jamais perdre mon Dieu, afin que je vive toujours uni à Lui et que je meure dans Ses embrassements.

Pater, Ave Maria.

Coeur douloureux et immaculé de Marie

Quatrième douleur :

   Je compatis, ma Mère affligée, à la douleur que vous causa le quatrième glaive qui vous perça le cœur, lorsque vous avez vu votre Jésus condamné à mort, chargé de liens et de chaînes, couvert de sang et de plaies, couronné d’un faisceau d’épines, tombant en chemin sous Sa pesante Croix, qu’Il portait sur Ses épaules ensanglantées, allant comme un agneau innocent mourir pour notre amour. Vos yeux se rencontrèrent alors avec les Siens, et vos regards mutuels devinrent autant de traits dont vous blessâtes réciproquement vos cœurs amoureux.
Je vous prie donc par cette grande Douleur, de m’obtenir la grâce de vivre entièrement résigné à la volonté de mon Dieu, portant ma croix avec joie dans la compagnie de Jésus jusqu’au dernier soupir de ma vie.

Pater, Ave Maria.

Coeur douloureux et immaculé de Marie

Cinquième douleur :

   Je compatis, ma Mère affligée, à la douleur que vous causa le cinquième glaive qui vous perça le cœur, lorsque, présente sur le mont Calvaire, vous avez vu de vos propres yeux, mourir peu à peu, au milieu de tant de tourments et de mépris, sur le lit douloureux de la Croix, votre bien-aimé Jésus, sans pouvoir même Lui donner le moindre des soulagements qu’au moment de la mort on accorde aux plus scélérats.
Et je vous prie, par l’agonie que vous, tendre Mère, avez soufferte avec votre Fils agonisant, et par la tendresse que vous avez éprouvée lorsque, pour la dernière fois, Il vous parla du haut de la Croix, et que Se séparant de vous, Il nous donna tous à vous pour fils dans la personne de Jean ; par la constance avec laquelle vous L’avez vu baisser la tête et expirer, je vous prie de m’obtenir de votre amour crucifié la grâce de vivre et de mourir crucifié à toutes les choses de ce monde, pour ne vivre toute ma vie que pour Dieu, et ainsi aller un jour jouir de lui face-à-face en paradis.

Pater, Ave Maria.

Coeur douloureux et immaculé de Marie

Sixième douleur :

   Je compatis, ma Mère affligée, à la douleur que vous causa le sixième glaive qui vous perça le cœur lorsque que vous vîtes percer d’outre en outre le doux Cœur de votre Fils déjà mort, et mort pour ces ingrats qui, même après L’avoir fait mourir, n’était pas encore rassasiés de Le tourmenter.
Je vous prie donc par cette cruelle douleur que vous avez endurée toute seule, de m’obtenir la grâce d’habiter dans le Cœur de Jésus blessé et ouvert pour moi ; dans ce Cœur, dis-je, qui est la belle demeure d’Amour, où reposent toutes les âmes qui aiment Dieu et que là, passant moi-même ma vie, je ne pense qu’à Dieu et n’aime que Lui. Très Sainte Vierge, vous pouvez le faire, je l’espère de vous.

Pater, Ave Maria.

Coeur douloureux et immaculé de Marie

Septième douleur :

   Je compatis, ma Mère affligée, à la douleur que vous causa le septième glaive qui vous perça le cœur, lorsque vous vîtes entre vos bras votre Fils mort, non plus dans l’éclat de Sa beauté, comme vous L’aviez autrefois reçu dans l’étable de Bethléem, mais ensanglanté, livide et tout déchiré des blessures qui avaient mis Ses os à découvert ; vous écriant alors : mon Fils, mon Fils, en quel état l’amour Vous a réduit !
Et lorsqu’on le porta au sépulcre, vous avez voulu encore L’accompagner, et L’y arranger de vos propres mains, jusqu’à ce qu’enfin, Lui disant le dernier adieu, vous y laissâtes votre cœur brûlant d’amour enseveli avec votre Fils. Par tant de martyres qu’a souffert votre belle âme, obtenez-moi, ô Mère du bel amour ! le pardon des offenses que j’ai commises contre mon Dieu bien-aimé ; je m’en repens de tout mon cœur. Défendez moi dans les tentations ; assistez-moi à l’heure de ma mort, afin que sauvé par les mêmes mérites de Jésus et les vôtres, je parvienne un jour avec votre assistance, après ce malheureux exil, à chanter dans le paradis les louanges de Jésus et les vôtres, pendant toute l’éternité. 
Ainsi soit-il.

Pater, Ave Maria.

Coeur douloureux et immaculé de Marie

V./: Priez pour nous, Vierge très affligée !
R./: Afin que nous soyons rendus dignes des promesses de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Prions :

   O Dieu, dans la Passion duquel un glaive de douleur, suivant la prophétie du vieillard Siméon, a transpercé l’âme très douce de la glorieuse Vierge Marie, Votre Mère, accordez-nous, dans Votre bonté, que en vénérant son coeur transpercé et ses souffrances, nous méritions de recueillir les heureux fruits de Votre Passion ; ô Vous qui, étant Dieu, vivez et régnez pour les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

Statue de N.D. de Compassion du Mesnil-Marie - détail

Statue de Notre-Dame de Compassion au Mesnil-Marie – détail.

Au sujet de la statue de Notre-Dame de Compassion,
voir le texte de présentation > ici

2014-36. Deux choses importantes auxquelles il nous faut penser, parce que le Jeudi-Saint est dans une semaine…

Jeudi de la Passion.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Aujourd’hui, 10 avril de l’an de grâce 2014, c’est le 98ème anniversaire du rappel à Dieu du Chanoine Antoine Crozier, dont j’ai déjà eu l’occasion de vous dire un mot en publiant dans les pages de ce blogue deux textes importants : « Vivons pour le Bon Dieu » (cf. ici) et le « Chemin de Croix pour la France » (cf. > ici). Je ne pouvais omettre ce rappel en commençant ces quelques lignes, parce que ce prêtre stigmatisé, ami du Bienheureux Charles de Foucauld, compte vraiment parmi les « colonnes spirituelles » du Mesnil-Marie.

   Mais surtout, si je vous écris aujourd’hui, c’est parce que dans une semaine exactement, nous serons arrivés au Jeudi Saint, au soir duquel nous entrerons dans le Triduum Pascal.

Philippe de Champaigne la Sainte Cène

Philippe de Champaigne : la Sainte Cène.

   Le Jeudi-Saint marque, bien évidemment le jour de l’institution du Très Saint Sacrement de l’Eucharistie par Notre-Seigneur Jésus-Christ, et, en conséquence logique, afin de perpétuer la Sainte Eucharistie, le jour de l’institution du sacrement de l’Ordre (le sacerdoce) : « Ce que Moi, votre Seigneur et votre Sauveur, Je viens de réaliser ce soir devant vous, à savoir la transubstantiation – le changement du pain et du vin en Mon Corps et Mon Sang offerts en sacrifice, alors même que demeurent les apparences du pain et du vin – , vous l’accomplirez à votre tour désormais, en mémorial, célébrant Ma mort jusqu’à Mon retour dans la gloire ».
Ensuite, Notre-Seigneur se rendra à Gethsémani, et il connaîtra une effroyable solitude pendant Sa Sainte Agonie, avant d’être arrêté, conduit chez les grands prêtres, et de subir des mauvais traitements et des humiliations pendant une bonne partie de la nuit…

   Comme, le jour même du Jeudi Saint, il ne me sera pas possible de vous écrire au sujet de toutes ces choses, j’ai donc résolu d’anticiper aujourd’hui afin de vous inviter à réfléchir sur deux points particuliers très concrets de cette journée que nous vivrons dans une semaine…

sacerdos alter Christus

Sacerdos alter Christus : le prêtre est un autre Christ.

       1 – Le Jeudi-Saint est, au plus haut point, la « fête du sacerdoce catholique ».
J’aimerais vous encourager à penser dès à présent à souhaiter ce jour-là une bonne fête à vos prêtres, et d’une manière plus large à tous les prêtres que vous connaissez

   Beaucoup de prêtres, aujourd’hui, sont surchargés de travail, se donnent sans compter, ne mettent pas de limite à leur générosité… et cependant il arrive trop souvent qu’ils ne reçoivent pas la reconnaissance la plus élémentaire pour leur précieux ministère.

   Je ne suis pas du tout du genre à encourager les fidèles à avoir trop de familiarité avec les prêtres, parce que cela n’est pas dans l’ordre des choses voulues par Dieu dans Son Eglise : le prêtre est, par sa vocation, un « homme à part ». Toutefois, entre « trop de familiarité » et « des attentions pleines d’une respectueuse délicatesse et de discrète sollicitude », il y a un abîme !

   Ainsi donc, si vous avez vraiment conscience de la réalité du sacerdoce (lors même que cet immense mystère de grâce est déposé dans des hommes imparfaits, dans des hommes qui ont leurs défauts, dans des hommes qui, dans leur lourdeur humaine, peuvent même parfois nous déplaire !) , je vous invite à avoir pour vos prêtres, à l’occasion du Jeudi Saint, une attention particulière, une carte de vœux, un mot aimable, un « merci » plus appuyé… etc.
Pour la gloire de Dieu, vous témoignerez ainsi de votre foi en ce qu’il y a de plus grand en eux, en ce qu’il y a de réellement divin en eux : la grâce du sacerdoce imprimée dans leur âme par le Christ qui les conforme ainsi à Lui-même pour nous communiquer Sa vie et la faire grandir en nous au moyen des sacrements.

Le lavement des Pieds Pierre-Paul Rubens

Pierre-Paul Rubens : Le lavement des pieds.

       2 – En outre, le Jeudi-Saint reçoit aussi un caractère particulier du fait des exhortations et de l’exemple de Notre-Seigneur en ce qui concerne la pratique de la charité : Lui-même (et c’est l’Evangile qui nous sera lu lors de la messe vespérale de ce jour-là) va laver les pieds de Ses Apôtres puis donnera la consigne de se mettre ainsi au service les uns des autres.

   La liturgie, afin d’en rendre la leçon plus percutante, fait que le célébrant renouvelle ce geste de notre divin Maître en lavant les pieds de douze hommes ou enfants. Pendant que ce rite est accompli, l’un des chants prescrits est « Ubi caritas et amor, Deus ibi est : où sont amour et charité, Dieu est présent ».

   C’est aussi le Jeudi-Saint que l’on peut organiser dans les églises la collecte des « offrandes de carême » (cela peut même se faire sous la forme d’une procession au cours de laquelle les fidèles à tour de rôle déposent à l’entrée du sanctuaire leurs dons).
Nous ne devons pas l’oublier, en effet, l’un des pôles essentiels du carême chrétien est – avec la prière et la pénitence – la pratique de l’aumône.

   Nos aumônes de carême sont la conséquence directe des « économies » que nous avons réalisées en nous restreignant sur la nourriture, et en accomplissant des sacrifices.
Prenons un exemple concret : en raison du carême, je me suis mortifié en n’achetant pas telle chose qui m’aurait fait plaisir, en n’allant pas à tel spectacle, …etc. Ce n’est évidemment pas pour me l’offrir une fois que la fête de Pâques sera arrivée, mais pour que j’en reverse le prix en faveur de telle œuvre de charité, pour aider tel ou tel nécessiteux, pour soutenir tel mouvement ou telle congrégation qui travaille à l’assistance matérielle ou spirituelle… etc.
Je me permets donc ces questions : avez-vous vraiment pensé à ce que sera votre offrande de carême ? avez-vous « mis de côté » les sommes correspondant à ce dont vous vous êtes privés, en vue de le donner à Dieu dans Ses pauvres et Ses nécessiteux ?

   Il peut arriver donc que, dans certaines paroisses, une quête particulière soit faite, vers la fin du carême, en faveur de telle ou telle oeuvre censée venir en aide aux malheureux, mais cela ne signifie pas que l’on doive impérativement donner à cette oeuvre-là : en effet, chacun est libre de disposer de son aumône en faveur de qui il veut (une autre oeuvre dans laquelle on a davantage confiance, une association que l’on connaît mieux et dont on sait les besoins, un projet « humanitaire » auquel nous sommes davantage sensibilisés, une congrégation religieuse – ou bien un ecclésiastique particulier que nous connaissons – pour ses oeuvres d’assistance matérielle ou spirituelle… etc.).
Ce qui compte, c’est la pratique de l’aumône ; or l’aumône est pour chacun des fidèles qui prend au sérieux son carême un impérieux devoir !

   Pour terminer, je vous encourage à aller vous-mêmes lire et relire les chapitres 8 et 9 de la seconde épître de Saint Paul aux Corinthiens, et à vous souvenir, selon la parole de Notre-Seigneur Jésus-Christ, que, dans l’éternité, Dieu nous comblera selon la mesure avec laquelle nous avons nous-mêmes donné aux autres !

Lully.

David Teniers le  jeune - les sept oeuvres de miséricorde

David Teniers II, dit le jeune : les sept oeuvres de miséricorde.

Prière pour la conversion de ses moeurs et le changement de sa vie.

(attribuée à Saint Augustin)

       La prière que nous publions ci-dessous constitue le premier chapitre de l’opuscule intitulé « Les méditations de Saint Augustin ».
Ces « méditations » sont habituellement publiées – en un seul volume – à la suite d’un recueil spirituel appelé « Soliloques » et d’un « Manuel » eux aussi attribués à Saint Augustin. Les « Soliloques » dont il s’agit ici ne sont pas l’ouvrage philosophique du même nom rédigé par le jeune Augustin en 387 peu de temps après sa conversion. Ces trois textes (« Soliloques », « Manuel » et « Méditations ») sont en réalité des apocryphes, fortement imprégnés de la pensée et du style du grand Docteur de la grâce, reprenant même parfois certains passages de ces oeuvres authentiques, et ils furent probablement composés – ou réunis – au XIVe siècle, par un moine anonyme. L’apogée de leur diffusion est sans aucun doute au XVIIe siècle où des traductions françaises de qualité contribueront énormément à leur succès auprès des âmes ferventes.
Bien qu’étant apocryphes, donc, il n’en demeure pas moins que ce sont des textes d’une profonde spiritualité et que nous pouvons toujours nous en nourrir et en faire, avec fruits, l’objet de nos pieuses aspirations et de nos approfondissements.
La prière qui suit est même tout particulièrement adaptée au temps du carême et aux efforts de conversion personnelle auxquels il nous invite avec insistance.

Soliloques de St Augustin 1684

Page de garde d’un exemplaire des « Soliloques, Manuel et Méditations de Saint Augustin » daté de 1684
(bibliothèque du Mesnil-Marie)

Prière pour la conversion de ses mœurs et le changement de sa vie :

   « O mon Seigneur ! faites, par l’effusion de votre grâce, que mon cœur Vous désire ; qu’en Vous désirant, il Vous cherche ; qu’en Vous cherchant, il Vous trouve ; que Vous ayant trouvé, il Vous aime, et qu’en Vous aimant, il m’inspire des désirs ardents et efficaces de racheter mes péchés, et à ne les plus commettre à l’avenir. Faites, ô mon Dieu ! qu’il conserve éternellement l’esprit de pénitence ; que mon âme soit toujours pénétrée d’une vive douleur, que mes yeux deviennent une source intarissable de larmes, que mes mains ne cessent point de faire des aumônes et des œuvres de charité.

   O mon Roi ! étouffez en mon cœur tous les désirs de la chair, et embrasez-le du feu sacré de votre amour. O mon Rédempteur ! éloignez de moi l’esprit d’orgueil, et accordez-moi celui de l’humilité que Vous avez si saintement pratiquée, et qui est le plus précieux trésor que je puisse jamais posséder. O mon Sauveur ! délivrez-moi des saillies et des transports de la colère, et armez-moi de la patience, comme d’un bouclier impénétrable à tous les traits de mes ennemis. O mon Créateur ! purgez mon âme de toute sorte d’aigreur et de chagrin, afin de la rendre capable de vos douceurs et de vos délices toutes célestes.

   Donnez-moi, ô Père de miséricorde ! une foi solide, une espérance ferme et une charité inaltérable ; et, puisque c’est Vous qui me gouvernez, délivrez-moi de l’orgueil de la vie, de la légèreté d’esprit, de la dissipation du cœur, de l’esprit de raillerie, de l’insolence des yeux, de l’intempérance de la langue, des médisances, des vaines curiosités, de la convoitise des richesses, de la passion pour les grandeurs, des déguisements de l’hypocrisie, du poison funeste de la flatterie, du mépris des pauvres, de l’oppression des faibles, de la turpitude de l’avarice, de la malignité de l’envie, de l’horreur du blasphème, et de tous ces crimes pour lesquels Vous menacez de la seconde mort.

   Retranchez en moi, ô Créateur de mon âme ! la malice, la témérité, l’opiniâtreté, l’inquiétude, l’assoupissement, la paresse, la stupidité d’esprit, l’aveuglement du cœur, l’attache à mes propres sentiments, la brutalité des mœurs, l’opposition au bien, la résistance aux sages conseils, l’intempérance de la langue. Faites que je n’augmente point la misère des pauvres en les pillant ; que je n’exerce point de violence contre ceux qui sont dans l’impuissance ; que je ne calomnie jamais les innocents ; que je n’aie nulle négligence à l’égard de ceux qui me sont soumis, ni aucune sévérité pour mes domestiques ; que je ne sois ni infidèle à mes amis, ni cruel envers mes proches.

   O mon Dieu ! dont la miséricorde est si grande envers moi, je Vous supplie, par votre Fils bien-aimé, de produire en moi un véritable amour pour les œuvres de miséricorde, en me donnant tous les sentiments de piété qui sont nécessaires pour compatir à la misère de ceux qui souffrent, pour redresser ceux qui sont dans l’égarement, pour secourir les misérables, pour soulager les nécessiteux, pour consoler les affligés, pour délivrer ceux que l’on opprime, pour soutenir les pauvres, pour consoler ceux qui pleurent, pour remettre les dettes à ceux qui me sont redevables, pour pardonner à ceux qui m’offensent, pour aimer ceux qui me haïssent, pour rendre le bien à ceux qui m’auront fait du mal ; pour ne mépriser personne, mais pour honorer tout le monde ; pour imiter les gens de bien, pour éviter l’exemple et la conduite des méchants, pour embrasser la vertu, pour m’éloigner de tous les vices, pour posséder la patience dans les adversités, pour me modérer dans les prospérités, pour garder ma langue et mettre un frein sur mes lèvres ; pour fouler aux pieds les biens de la terre, et pour n’être altéré que des biens du Ciel. »

Gravure du XVIIe siècle représentant St Augustin en habit monastique

Saint Augustin en habit de moine
(gravure du XVIIe siècle)

2014-35. « Devant le Crucifix, nul ne peut se trouver innocent ! »

Francisco de Zurbaran crucifixion

Francisco de Zurbaran : Crucifixion.

« Devant le Crucifix, nul ne peut se trouver innocent ! »

- notes de prédication de l’abbé Henri Huvelin -

« Il semble que, du haut de Sa croix, le divin Sauveur désire, avant toute chose vous attirer à Lui.
Avec une sorte d’impatience Il disait : « Quand Je serai élevé de terre, J’attirerai tout à Moi ».
Là, Il nous donne plusieurs leçons.

Vous pensez : « Où est la beauté de la vie ? »…
On se lasse de se dévouer et l’on pense : « A quoi bon ? », trois petits mots terribles qui viennent entraver tout élan généreux.
Où est le beau de la Vie ?
Il est dans le sacrifice, le dévouement ; dans l’amour qui va jusqu’à la mort.

La leçon que le Christ veut d’abord vous donner, c’est de vous éclairer sur le vrai sens de la Vie.
Ne craignez pas d’êtres dupes, si vous êtes dupes avec Jésus qui se donne.
C’est pour cela que nous sommes avec Lui : pour nous donner, pour nous dévouer et toujours, et encore, et jusqu’au bout.
Il nous a aimés jusqu’au bout de Son Coeur, jusqu’au bout de Lui-même.
Voilà la première leçon.

Vous êtes des âmes qui souffrent…
Qui que vous soyez, le Divin Maître vous voit, dit votre nom.
Vous êtes des âmes qui portent la souffrance ; s’Il l’a prise avec Lui, ce n’est pas pour la supprimer !
La douleur venue de Dieu est chargée par Lui de faire de grandes choses au fond du coeur de l’homme ; et le Maître a voulu nous montrer comment il faut souffrir.
Avec Lui, ce n’est plus cette douleur qui rend amer, qui rapetisse ou aigrit ; mais une douleur qui se tourne en bonté.

Voyez la douleur du Sauveur : « Mon Dieu, pardonnez-leur ! » est un des derniers cris de Son Ame.
Sa douleur s’échappe en une exclamation, en une invitation de bonté, en une bénédiction qui retombe sur les auteurs de Ses souffrances.

La douleur vous visite-t-elle ?… Ne la tournez pas en amertume, en je ne sais quel masque sceptique… Plus vous souffrirez avec Jésus, plus la souffrance vous rendra meilleurs.

Le Divin Maître s’est proposé de nous apprendre à souffrir. Nous sommes à Ses pieds ; en Le voyant, frappons notre poitrine. Il faut avoir le sentiment de ses péchés et de sa faute.
Devant le Crucifix, nul ne peut se trouver innocent !
Là on voit combien on est coupable ; et c’est le sentiment que le Maître en Croix veut nous donner : le regret de nos fautes !
Non pas un regret amer, désespéré. Non pas une espèce de mépris de soi qui succède à la faute et devient la plus grande de toutes les fautes ! Mais la douleur qui espère ; le sentiment qui se tourne en repentir et en espérance.

Sur la Croix passe la justice de Dieu.
Oui, elle frappe terriblement, on ne peut le nier.
Mais sur la Croix passe l’infinie Miséricorde ; et, si on se sent coupable, que l’on vienne aux pieds de ce Jésus frappé pour nos péchés ; il faut voir combien nous avons été coupables, mais aussi combien nous avons été aimés !

Que cette douleur même soit noyée dans l’amour !

Magdeleine apporte aux pieds du Sauveur, peu de temps avant Sa mort, un vase plein de parfums… C’étaient les trésors de son âme, les nouvelles dispositions de son coeur relevé.
Mais qu’étaient ce trésor, ce parfum précieux, auprès du Sang du Maître qui coulait sur elle, qui se répandait sur son âme pécheresse et la purifiait, l’embellisait ?

Le Christ est mort pour nous faire sentir ce qu’est le péché. Dans un mouvement sincère, déclarons notre faute. Frappons notre poitrine. Reconnaissons la Justice de Dieu, mais aussi Son immense Amour.
Reconnaissons-le dans ce sourire divin, dans ce regard qui va vers Dieu.
Reconnaissons-le par le repentir et la connaissance de nous-mêmes.

Par ses fautes mêmes, on conçoit dans un sentiment profond – douloureux à force d’être pénétrant – ce qu’est Sa Miséricorde, Sa Bonté ! »

nika

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