Lundi 5 septembre 2016,
Anniversaire de la naissance de S.M. le Roi Louis XIV Dieudonné (cf. > ici) ;
Anniversaire du martyre de l’abbé Claude Allier (cf. > ici).
Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,
Ceux qui nous connaissent bien savent – mais il n’est pas inutile de le redire pour ceux qui nous connaissent moins bien ou qui ne viennent qu’occasionnellement sur ce blogue – que, très fermement liés au rite latin traditionnel de la Sainte Messe – pour lequel le diocèse de Viviers, où est implanté le Mesnil-Marie, est encore l’un des rares en France à n’offrir aux fidèles aucune célébration stable et régulière (note 1) – , nous sommes donc rattachés à ce que l’on peut à juste titre nommer une quasi paroisse (note 2), dans le diocèse du Puy-en-Velay dont nous sommes géographiquement et historiquement très proches (note 3).
Arrivé dans le diocèse du Puy en 2001, « par la petite porte » – selon sa propre expression – , Monsieur l’abbé Henri Vannier, accueilli par feu Monseigneur Henri Brincard, a été pendant une quinzaine d’années – lesquelles n’ont pas été sans difficultés ni souffrances – l’instrument providentiel de l’établissement de cette quasi paroisse (cf. note 2) dont le lieu de célébration fut d’abord le sanctuaire de Saint Joseph de Bon Espoir, à Espaly-Saint-Marcel jusqu’en 2009, puis, pendant sept ans, la petite église du village de Ceyssac.
Monsieur l’abbé Henri Vannier, s’est toujours montré d’une sollicitude et d’une délicatesse remarquables pour le Refuge Notre-Dame de Compassion et pour Frère Maximilien-Marie, auquel il a peu à peu demandé de prendre une part plus active au service de la petite communauté, l’invitant à participer – avec ses (modestes) moyens – au chant liturgique, au service de l’autel, à la préparation des cérémonies, ou – par intérim – à tenir la sacristie.
Nous ne remercierons jamais assez Monsieur l’abbé Vannier, à titre personnel, pour son soutien et sa confiante amitié, et, pour ce qui concerne la vie de la paroisse, pour le soin apporté aux cérémonies du culte et pour la très grande qualité doctrinale et spirituelle de ses homélies…
Sanctuaire de l’église de Ceyssac, le Saint Jour de Pâques 27 mars 2016
Lorsque la petite église de Ceyssac a été dévolue aux célébrations de la communauté de rite latin traditionnel, elle manquait pratiquement de tout et portait les stigmates de tout ce dont le mauvais goût idéologique de « l’après-concile » a été capable : le maître-autel avait été mutilé ; la statue de la Vierge Noire (copie de celle de la cathédrale, illustrant le fait que c’est à Ceyssac qu’a eu lieu, en l’an 225, la seconde apparition de Notre-Dame du Puy) avait été retirée du ciborium conçu pour elle et avait été placée sur le côté ; une infâme moquette grise avait été sauvagement collée sur le pavement du sanctuaire ; une monstrueuse table carrée avait été fabriquée pour « dire la messe face au peuple » ; les autels latéraux et le chemin de Croix avaient disparu ; la balustrade de communion avait été détruite ; la sacristie était dépourvue d’à peu près tout…
Petit à petit, au fur et à mesure des opportunités et des mois, la patience et la détermination de Monsieur l’abbé Vannier secondées par le zèle et la générosité des fidèles, ont permis de rendre à cette petite église un aspect vraiment catholique et un certain lustre, et nous y avons vécu de très belles et très ferventes cérémonies.
Cela n’a pas été sans susciter quelques oppositions, jalousies, méchancetés ou cabbales… Mais, après tout, n’y a-t-il pas là rien que de très normal ?
Au cours de cette dernière année à Ceyssac, l’opposition de certains édiles municipaux s’est faite telle que nous n’avions même plus assez de lumière dans l’église et dans la sacristie, ne pouvant plus bénéficier de la grande échelle de la commune, seule assez haute pour atteindre les lampes et en changer les ampoules hors d’usage !
Le rappel à Dieu de Monseigneur Brincard et l’arrivée de son successeur, Son Excellence Monseigneur Luc Crépy, sacré le 12 avril 2015, a été l’occasion du franchissement d’une nouvelle étape pour la petite communauté de rite latin traditionnel.
En raison de tant d’expériences douloureuses qui ont crossé leurs justes et légitimes aspirations liturgiques et où leur confiance a été si souvent honteusement abusée, les fidèles fréquentant l’église de Ceyssac, au cours de l’été 2015, avaient très respectueusement et prudemment exprimé à Monseigneur Crépy leurs inquiétudes et leur ferme attachement à ce qui avait été obtenu grâce aux années de ministère de Monsieur l’abbé Vannier.
Monseigneur l’Evêque du Puy leur avait alors répondu : « Si Monsieur l’abbé Vannier devait être appelé à une autre mission, je veillerai à trouver un prêtre qui puisse célébrer la messe à l’église de Ceyssac selon la forme extraordinaire du rite (Saint Pie V) » (sic).
Après des mois de réflexion, compte-tenu des difficultés évoquées ci-dessus, mais aussi parce qu’il semblait à Son Excellence que la messe célébrée selon les dispositions prévues par le motu proprio « Summorum Pontificum » aurait une meilleure visibilité et une plus grande audience si elle l’était dans le centre ville du Puy, Monseigneur Crépy a décidé d’attribuer à l’usage de la communauté traditionnelle la chapelle de l’ancien monastère Sainte-Claire (note 4) – fondé au XIVe siècle par Sainte Colette de Corbie – , monastère dans lequel vivent depuis une année les Soeurs Apostoliques de Saint-Jean.
Maître-autel de l’église de Ceyssac le 28 août 2016 après la Messe
Le dimanche 28 août 2016 a donc été le dernier jour des célébrations dominicales habituelles dans l’église de Ceyssac à laquelle nous étions depuis lors bien affectionnés.
Ce n’est pas sans un pincement au coeur que les fidèles, après la sainte communion, ont vu Monsieur l’abbé Vannier consommer les dernières hosties consacrées, retirer le conopé, éteindre la veilleuse du Saint-Sacrement et laisser le tabernacle vide, puisque les célébrations seront désormais assez rares dans cette église rattachée à la cure de Saint-Laurent…
Ce n’est pas non plus sans émotion qu’il leur a fallu dire au revoir à la copie (de la fin du XIXe siècle) de la statue de Notre-Dame du Puy trônant dans le ciborium, rappelant, comme je l’ai signalé ci-dessus, l’apparition de la Sainte Mère de Dieu à « la dame de Ceyssac », laquelle s’était alors déplacée jusqu’à la « pierre des fièvres », y avait été miraculeusement guérie et y avait bénéficié de nouvelles confidences de la Madone : c’est ce qui a entraîné la construction de la cathédrale primitive et sa dédicace par les anges…
Copie de la statue de Notre-Dame du Puy sur le maître-autel de l’église de Ceyssac
Cette semaine du 28 août au 3 septembre 2016 a donc été marquée par des déménagements.
Comme il devait être absent du diocèse, Monsieur l’abbé Vannier avait demandé à Frère Maximilien-Marie s’il pouvait aider notre dévouée sacristine, d’une part pour déménager de Ceyssac tout ce qui y avait été apporté par lui ou par les fidèles de la communauté traditionnelle, et d’autre part pour obtenir du prêtre désigné par Monseigneur l’Evêque tout ce qui faisait défaut à la chapelle du monastère Sainte-Claire pour la célébration de la messe selon l’usage romain antique.
Sanctuaire de la chapelle du monastère Sainte-Claire
Le monastère Sainte-Claire ne manque ni de beauté ni de charme : fondé au XIVe siècle, par Sainte Colette elle-même, soutenue par quelques familles influentes – dont les Polignac – , il a été restauré ou agrandi aux XVIIe et XIXe siècles (c’est-à-dire après les guerres de religion et la révolution).
La chapelle est empreinte de la simplicité et de l’austérité monastiques propres à l’Ordre des Pauvres Dames de Sainte Claire.
Lors des aménagements postérieurs au second concile du Vatican, a été remise en place, sur un support adapté qui fut confectionné alors, la table d’autel du XIVe siècle, en pierre.
Selon les consignes claires données par Monseigneur l’Evêque, notre sacristine, secondée par Frère Maximilien-Marie, a pu choisir dans les réserves de matériel et de parements liturgiques de la cathédrale et du grand séminaire tout ce qui est nécessaire à la digne célébration de la Sainte Messe latine traditionnelle.
Bien sûr, comme la chapelle sert aussi aux offices des Soeurs Apostoliques de Saint-Jean qui vivent dans le monastère depuis le départ des dernières clarisses, et comme cela se passe dans de très nombreuses églises et chapelles lorsqu’elles ne sont pas affectées à l’usage exclusif de la liturgie antique, il faut, chaque dimanche, procéder aux installations et adaptations idoines…
Bien que n’ayant pas encore tout apporté sur place, et après que de généreuses personnes aient passé tout leur après-midi du vendredi 2 septembre à briquer et astiquer chandeliers, croix d’autel, accessoires divers et vases sacrés, ce dimanche 4 septembre au matin le résultat était néanmoins très digne et satisfaisant.
Sanctuaire de la chapelle du Monastère Sainte-Claire apprêté pour la célébration de la Messe traditionnelle
Alors qu’il a choisi de quitter le diocèse et que – bientôt docteur en droit canonique – il est nommé à de nouvelles fonctions et appelé à un nouveau ministère dans un autre diocèse, Son Excellence Monseigneur Crépy a néanmoins insisté pour que ce soit Monsieur l’abbé Vannier qui inaugure la « prise de possession » de ce nouveau lieu de culte pour les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle.
Au terme de quinze années précieuses dans le diocèse du Puy, Monsieur l’abbé Vannier a donc adressé à ceux qui étaient jusqu’alors ses ouailles sa dernière exhortation dominicale.
Monsieur l’abbé Henri Vannier a adressé sa dernière exhortation dominicale aux fidèles
C’est aussi à cette occassion qu’a été présenté aux fidèles leur nouveau pasteur, officiellement nommé par Monseigneur l’Evêque pour la célébration de la Sainte Messe latine traditionnelle pour tous les dimanches et fêtes dans cette chapelle, Don Gabriele Steylaers, que sa formation prédispose particulièrement à ce ministère, qui aime ce rite, qui le connaît bien et qui vit profondément de toutes ses richesses doctrinales et spirituelles.
Comme je l’ai écrit ci-dessus, il s’agit du franchissement d’une nouvelle étape pour la petite communauté de rite latin traditionnel, ainsi que pour le statut de la Sainte Messe latine selon l’usage antique dans le diocèse du Puy : en effet, depuis l’arrivée de Monsieur l’abbé Vannier dans ce diocèse et jusqu’ici, la célébration selon l’« usus antiquior » n’avait pas vraiment de statut officiel et ne faisait finalement l’objet que d’une « tolérance » (enfin, je m’entends, car tout le monde ne se montrait pas vraiment toujours très « tolérant » !!!).
Désormais, par la volonté de Monseigneur Crépy, la nomination officielle de Don Gabriele avec des publications en règle, l’installation dans une chapelle fermement désignée par l’autorité épiscopale et l’annonce de la célébration comme une « offre paroissiale » dans le centre historique du Puy-en-Velay assurent à la Messe latine traditionnelle un statut, un caractère, une stabilité et une notoriété qu’elle n’avait jamais eus de telle manière dans cette ville depuis la fin des années soixante du précédent siècle ; et nous ne pouvons que nous en réjouir, dans l’attente de nouveaux développements…
Don Gabriele Steylaers s’est présenté à ceux dont il est désormais le pasteur
Même si nous savons bien que toutes les difficultés et oppositions ne sont pas pour autant réduites à néant, parce que – selon l’expression de Saint François de Sales - « partout où il y a de l’homme, il y a de l’hommerie », nous sommes néanmoins pleins d’espérance pour l’avenir de notre quasi paroisse de rite latin traditionnel, et nous prions pour que, avec Don Gabriele qui a désormais toutes les grâces d’état pour être notre pasteur, notre petite communauté croisse en nombre, en vertu, en grâce et en rayonnement authentiquement évangélique…
Lully.
Note 1 :
A ce propos, la situation pour la célébration de la Messe latine traditionnelle dans le diocèse de Viviers n’a absolument pas bougé d’un iota depuis les études publiées par « Paix Liturgique » en 2011, dans ses numéros 292 et 298, que nous avions reproduits > ici et > ici.
Note 2 :
Pour cette notion de quasi paroisse, nous renvoyons aux judicieuses précisions apportées par un canoniste, que nous avions publiées > ici.
Note 3 :
La paroisse de Saint-Martial, sur le territoire de laquelle est implanté le Mesnil-Marie, bien que dans la juridiction des évêques de Viviers, a toujours eu des liens historiques et religieux très forts avec le Puy-en-Velay, tant pour l’administration spirituelle puisqu’elle était une paroisse desservie par les chanoines réguliers de Saint-Augustin d’un prieuré fondé par le chapître cathédral du Puy, que pour la juridiction temporelle puisque, jusqu’à la révolution, une partie de la paroisse (la partie dans laquelle nous sommes installés) dépendait de la justice du Puy.
Note 4 :
Adresse : 2 rue Sainte Claire – 43000 Le Puy-en-Velay.
Un plan pour en faciliter l’accès peut être trouvé dans la publication qui se trouve > ici.