Archive pour la catégorie 'Chronique de Lully'

2013-90. Si Eglise et Eucharistie constituent un binôme inséparable, il faut en dire autant de Marie et de l’Eucharistie.

Lundi 9 décembre 2013,
Deuxième jour dans l’octave de l’Immaculée Conception ;
Dans l’Ordre de Saint Augustin, fête de Saint Pierre Fourier.

frise avec lys naturel

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Hier, 8 décembre, après la Sainte Messe de la fête de la conception immaculée de Notre-Dame, notre Frère a rapporté au Mesnil-Marie le texte du sermon de Monsieur l’abbé Henri V., notre chapelain, et, ainsi qu’il m’est déjà arrivé à plusieurs reprises de le faire dans les pages de ce blogue, je veux aujourd’hui encore vous communiquer le texte de ce sermon, afin que, vous aussi, vous puissiez le méditer : il m’a en effet semblé particulièrement remarquable.

Bonne lecture et, surtout, bonne méditation.

Lully.

Ingres la Vierge à l'Hostie musée du Louvre

Jean-Dominique Ingres : la Vierge à l’Hostie (musée du Louvre)

Si Eglise et Eucharistie constituent un binôme inséparable,
il faut en dire autant de Marie et de l’Eucharistie :

   Avec la prière, bien sûr, il apparaît qu’en nos temps qui sont les derniers, Dieu nous propose deux moyens pour demeurer en Son amour, fidèles à la Foi de l’Eglise de Jésus-Christ : à savoir, la Sainte Messe, ainsi que la dévotion ou plutôt le recours au Cœur immaculé de Marie, comme nous l’a indiqué Notre-Dame elle-même à Fatima.

   Aussi, en cette fête de l’Immaculée Conception, je voudrais vous entretenir de Marie et l’Eucharistie, ou plus précisément, vous faire contempler, à la lumière de l’enseignement des Papes contemporains, Marie comme la « Femme eucharistique ».

   A première vue, l’Evangile reste silencieux à ce sujet. Dans le récit de l’Institution, au soir du Jeudi Saint, on ne parle pas de Marie. On sait, en revanche, qu’elle était présente parmi les Apôtres rassemblés après l’Ascension dans l’attente de la Pentecôte. Nul doute ainsi qu’elle assistait aux Célébrations Eucharistiques de la primitive Eglise, assidue à « la Fraction du Pain ».

   Mais en allant au-delà de sa participation aux Messes célébrées par les disciples du Seigneur, il convient d’entrevoir le rapport entre Marie et l’Eucharistie à partir de son attitude intérieure et de sa place particulière au fondement de l’Eglise.

   Si l’Eucharistie est un mystère de Foi, Marie nous sert de soutien et de guide pour croire. Lorsque nous refaisons le geste du Christ, en obéissance à Son commandement : « Faites cela en mémoire de Moi », nous entendons en même temps l’invitation de la Sainte Vierge à Lui obéir fidèlement : « Faites tout ce qu’Il vous dira ».
Avec la sollicitude maternelle dont elle témoigne aux Noces de Cana, Marie nous dit : « Mon Fils, Lui qui fut capable de changer l’eau en vin, est capable également de changer le pain en Son Corps et le vin en Son Sang, par les Paroles et la Puissance qu’Il a données à Ses prêtres agissant en Son Nom ».

   En fait, la Sainte Vierge a exercé sa Foi eucharistique avant même l’institution de l’Eucharistie, par le fait qu’elle a offert son sein virginal pour l’Incarnation du Verbe de Dieu.
Tandis que l’Eucharistie renvoie à la Passion et à la Résurrection, elle se situe avant tout en continuité de l’Incarnation.
A l’Annonciation, la Sainte Vierge a conçu le Fils de Dieu dans la réalité du Corps et du Sang du Christ, anticipant en elle ce qui se réalise sacramentellement en tout fidèle qui reçoit, sous les espèces du pain et du vin, ce même Corps et ce même Sang du Seigneur.

   Il existe donc une analogie profonde entre le « Fiat » par lequel Marie répond aux paroles du Seigneur et l’ « Amen » que l’Eglise prononce à la fin du canon de la Messe, ainsi que la démarche de Foi que chaque fidèle accomplit au moment de la Communion.
A Marie, il fut demandé de croire que Celui qu’elle concevait par l’opération du Saint-Esprit était le Fils de Dieu. A nous, il nous est demandé de croire qu’à la Messe, ce même Jésus, Fils de Dieu et Fils de Marie, Se rend présent dans la totalité de Son Etre, sous les espèces du pain et du vin.

   Aussi, lorsque, au moment de la Visitation, la Sainte Vierge porte en son sein le Verbe fait chair, Marie devient en quelque sorte un tabernacle – le premier tabernacle de l’histoire -, dans lequel le Fils de Dieu, encore invisible aux yeux des hommes, Se présente à l’adoration d’Elisabeth, et par lequel le divin Sauveur sanctifie Jean-Baptiste le Précurseur.
Pensons que nous-mêmes, pauvres pécheurs certes, nous accédons à cette même dignité lorsque nous recevons le Seigneur à la Sainte Communion.

   Allons plus loin.
Durant toute sa vie aux côtés de son divin Fils, et bien sûr au Calvaire, Marie a fait sienne la réalité sacrificielle de l’Eucharistie, sacrement de la Croix.
Quand la Sainte Vierge porta l’Enfant Jésus au temple de Jérusalem pour Le présenter au Seigneur, Marie entendit le vieillard Siméon lui annoncer que cet Enfant serait un signe de division et qu’un glaive devait transpercer son cœur de mère. Le drame de son Fils crucifié était dès lors annoncé à l’avance.
Se préparant ainsi jour après jour à l’offrande de la Croix, Marie vit une sorte de Messe anticipée, une communion spirituelle de désir et d’oblation, dont l’accomplissement se réalisera par l’union avec son Fils au moment de la Passion, et qui s’exprimera ensuite, dans le temps après Pâques, par sa participation aux Célébrations Eucharistiques des Apôtres.

   N’est-ce pas dans son union au Christ, au pied de la Croix, que Marie est devenue la Mère de l’Eglise et notre propre Mère ? « Voici ta mère ».
Et n’est-ce donc pas à la Messe que la Sainte Vierge remplit cette mission de maternelle assistance tandis que nous offrons avec elle le Sacrifice du Seigneur, et que nous recevons le Corps et le Sang de son propre Fils ?

   Si Eglise et Eucharistie constituent un binôme inséparable, il faut en dire autant de Marie et de l’Eucharistie.
Et ce qui ressort du mystère de l’Eglise vivant de l’Eucharistie et de Marie, c’est l’action de grâces, dans l’espérance, telle que l’a célébrée la Sainte Vierge dans le Magnificat, annonçant la merveille de l’Histoire du Salut, tout orientée vers la gloire du Seigneur à la fin de ce monde. Amen !

frise avec lys naturel

2013-88. Où le Maître-Chat Lully publie la lettre que Frère Maximilien-Marie a adressée au bon Saint Nicolas.

Ce 5 décembre.

Je prends la liberté de porter à votre connaissance, chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion, la lettre que Frère Maximilien-Marie a adressée au bon Saint Nicolas… un saint pour lequel nous avons une très grand dévotion, au Mesnil-Marie.
Je n’ai rien à rajouter, si ce n’est que je vous souhaite à tous une bonne et belle fête de Saint Nicolas !

Lully.

Saint Nicolas

Cher Saint Nicolas,

j’ai fait plein d’efforts pour être sage et pour faire plaisir à Jésus, alors j’espère que tu m’apporteras de bonnes choses : je ne te demande pas des fraises tagada, ni des guimauves, ni du chocolat, parce que ce n’est pas très bon pour mes pourcentages de triglycérides, de gammas GT et de cholestérol, mais en revanche je voudrais bien que tu m’apportes des plants de vertus, avec leurs bons engrais spirituels pour les faire croître comme il faut.
Ainsi le petit jardin de mon âme deviendra un lieu de repos et de paix dans lequel le Saint Enfant Jésus pourra venir se reposer dans le silence, lorsque les hommes lui casseront trop les pieds et les oreilles avec leurs incessantes récriminations et réclamations…

J’espère que le Père Fouettard ne sera pas trop dur avec moi : oui,  je le confesse, il y a des moments où je ne suis pas super gentil avec tout le monde ; il y a même des gens que j’ai spontanément envie d’embrocher ou d’étrangler parfois, c’est selon…
Mais, finalement, je suis sûr que, toi qui est un saint – et donc quelqu’un qui aime les belles choses et ce qui plaît à Jésus – , cela doit aussi te hérisser les poils de la barbe quand tu vois, comme moi, et que tu entends, comme moi, ce qui se fait et ce qui se dit sur cette pauvre terre, et dans notre pauvre Royaume de France !

Dis, ne voudrais-tu pas envoyer le Père Fouettard donner la fessée – et une bien grosse – à toutes ces vilaines gens du gouvernement et des loges, des commissions européennes, du groupe Bilderberg, du G8 et du G20, du FMI et de tous ces organismes et structures d’exploitation et de corruption des bonnes gens et des peuples, qui se comportent en ennemis de Jésus et du Règne de Son Sacré-Coeur ?
Je ne te demande pas cela par méchanceté, ou parce que j’aurais du ressentiment contre eux, mais simplement parce que je souhaiterais qu’ils changent, qu’ils se corrigent – si c’est encore possible – , qu’ils s’amendent… et que cesse cet horrible engrenage et cercle vicieux qui entraîne le monde vers l’abîme, le chaos, la violence et peut-être à nouveau la guerre…
Alors je me dis qu’une bonne fessée, bien méritée, ça ne fait pas de mal, et que ça peut même parfois remettre les idées en place !

Enfin, bon et cher Saint Nicolas, avant de terminer cette lettre, je veux t’adresser une prière pour tous mes amis : je te demande, pour eux comme pour moi-même, de nous apporter encore et souvent du rêve et de douces espérances ; préserve-nous de la tentation du découragement, et garde-nous cet esprit d’enfance et d’émerveillement sans lequel nous deviendrions nous aussi des gens tristes et ennuyeux…
Je te remercie par avance,
et je t’embrasse de toute la ferveur de mon coeur d’enfant !

Frère Maximilien-Marie.

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Autres publications relatives à Saint Nicolas :
- Images anciennes > ici
- une autre série d’image > ici
- Prières à Saint Nicolas > ici

2013-87. Quelques citations et quelques réflexions du Maître-Chat Lully – novembre 2013.

Samedi 30 novembre 2013,
Fête de Saint André, apôtre.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Selon mon habitude, je termine ce mois en partageant avec vous quelques citations ou quelques unes des réflexions que m’a inspirées l’actualité au cours des dernières semaines.

Adoration de l'Agneau

Jan van Eyck : l’Agneau entouré des anges et des saints
(triptyque de l’Agneau mystique – Gand)

  Le mois de novembre commence avec la fête de la Toussaint, que nous triplons en quelque sorte, ou plus exactement que nous amplifions ensuite à deux reprises, puisque nous avons célébré – le 3 novembre – la fête de tous les saints du diocèse de Viviers, puis – le 13 novembre – la fête de tous les saints de l’Ordre de Saint Augustin.

   Il est arrivé assez souvent que l’on entende des prêtres – ou des évêques – dire de manière sentencieuse que le second concile du Vatican aurait fait prendre conscience que la sainteté n’était pas réservée aux prêtres et aux religieux (sic) et que – entre autres « nouveautés » – « le » concile avait enfin (re-sic) lancé un appel universel à la sainteté !

   Voilà bien encore une de ces absurdités dont les modernistes sont coutumiers : s’ils avaient un minimum de connaissances historiques, un chouilla de culture, en sus d’un tout petit peu de piété, ils seraient contraints de se rendre à l’évidence : cet appel à la sainteté adressé à toutes les catégories de fidèles, l’Eglise l’a toujours fait entendre ; l’Eglise l’a toujours mis en avant !
Pour s’en bien persuader, il suffit, par exemple, – comme nous le faisons avec la récitation de l’office divin dans sa forme traditionnelle – de lire quotidiennement le martyrologe ; il suffit encore de se nourrir spirituellement de la vie des saints ; il suffit aussi de se laisser instruire par les écrits des Pères de l’Eglise, ainsi que par les exhortations que les pontifes et les conciles des âges passés ont adressées aux fidèles ; il suffit enfin  - et par dessus tout – de méditer quotidiennement sur le Saint Evangile et sur les épîtres des Saints Apôtres…
Je ne vois donc vraiment pas où se trouverait cette prétendue « nouveauté » apportée par « le » concile !

2 novembre au Mesnil-Marie

L’oratoire du Mesnil-Marie, le 2 novembre.

   Novembre, c’est aussi un mois que la dévotion des fidèles tourne particulièrement vers la prière pour les défunts. C’est en raison, bien sûr, de la commémoraison solennelle des trépassés, le 2 novembre.

   Je suis véritablement plus que perplexe devant cette mode actuelle qui, dès qu’il y a des victimes d’une catastrophe naturelle, d’un accident, d’un drame, d’une maladie… bref, de la mort, ne fait plus parler que d’ « hommages » aux défunts.
A tel point que désormais les cérémonies religieuses de funérailles sont qualifiées de « messes en hommage ».

   Malheureusement, la réforme issue du second concile du Vatican a porté atteinte à la Foi, au point que, par exemple, les oraisons de la liturgie du 2 novembre ne présentent plus à Dieu des prières pour que les âmes des défunts soient libérées des peines consécutives à leurs fautes, mais demandent seulement : « Fais grandir notre foi (celle des vivants donc) en ton Fils ressuscité des morts, pour que soit plus vive aussi notre espérance en la résurrection de tous nos frères défunts » (c’est l’oraison que l’on trouve dans la version française de la « liturgie des heures » pour le 2 novembre).
A n’en pas douter, c’est une conception protestante qui a prévalu ici, à l’encontre de la Foi catholique traditionnelle !

   Cette négation factuelle du Purgatoire et des purifications nécessaires – qui peuvent être très longues – avant l’admission dans le Royaume céleste, se retrouve dans nombre de célébrations des funérailles : les messes d’enterrement (ou les pseudo-liturgies qui les remplacent) ne sont plus d’insistantes prières pour le repos de l’âme du disparu, mais des célébrations dans lesquelles l’affect et la sentimentalité prédominent sur la prière et la Foi.
Facilement, on y entend dire que le défunt est déjà « ressuscité », ou bien qu’il a été « accueilli à bras ouverts à la table de Dieu », ou encore qu’il est « entré dans la maison du Père »… etc.
Bref ! on fait de ces funérailles des espèces de béatification… au rabais.

   Car c’est cela une béatification : l’affirmation par l’Eglise qu’un homme est au Ciel. Mais cette affirmation ne peut pas se faire sans preuves, preuves que l’on recherche et que l’on vérifie au cours d’une enquête, normalement longue et minutieuse (le procès en béatification).

   Il est absolument illusoire et mensonger, au moment des funérailles, de dire et de répéter qu’un défunt est déjà au Ciel (ou formules équivalentes).
Sans doute cela est-il fait parce que l’on souhaite consoler des familles et des amis dans le deuil, mais ce faisant on manque cruellement d’authentique charité : si en effet l’on dit qu’un défunt est allé au Ciel, ses parents et ses connaissances ne verront pas la nécessité de prier pour le repos de son âme, ni de faire célébrer des messes de suffrage pour que l’âme du trépassé soit purifiée des conséquences de ses fautes. De fait donc, par la faute de ceux qui ont affirmé que les défunts sont rapidement introduits dans la béatitude du Paradis, leurs âmes restent-elles plus longtemps en Purgatoire !

Notre Saint-Père le Pape Benoît XVI et Monseigneur Domenico Bartolucci

Monseigneur Domenico Bartolucci en 2006 avec Sa Sainteté le Pape Benoît XVI
(Monseigneur Bartolucci sera élevé à la dignité cardinalice en 2010)

   Le 11 novembre, nous avons appris avec émotion la mort de Son Eminence Révérendissime le Cardinal Domenico Bartolucci.
In illo tempore, j’avais publié (cf. > ici) la traduction française de l’entretien que Monseigneur Bartolucci (il n’avait pas encore été créé cardinal) avait accordé à deux journalistes italiens ; c’était en 2009.
Cela fait toujours du bien de relire ses paroles, car il  ne pratiquait pas la langue de bois, ni ne se perdait en circonvolutions diplomatiques lorsqu’il s’agissait de dénoncer le massacre liturgique opéré « depuis le concile ».

   A celui qui proclamait alors qu’il avait toujours célébré la Sainte Messe latine traditionnelle et qu’il aurait bien des difficultés à célébrer la messe du rite moderne puisqu’il ne l’avait jamais dite, a été faite cette ultime insulte : avoir une messe de funérailles selon le nouvel ordo… Horresco referens !
J’en ai éprouvé une très grande peine, mais je suis certain que ceux qui lui ont joué ce mauvais tour devront l’expier (si ce n’est pas en ce monde, ce sera dans l’autre) et, ainsi qu’on le dit familièrement, ne l’emporteront pas en paradis.

   On lira avec intérêt, sur l’excellent site « Benoît et moi », ce qui a été publié à l’occasion du rappel à Dieu de Son Eminence le Cardinal Bartolucci, cf. > ici.

Etrennes socialistes

Les étrennes radicales-socialistes (caricature par A. Lemot, publiée dans « le Pèlerin » – début XXe s.)
Un travailleur croule sous le poids des scandales et charges que lui imposent les politiciens de gauche.
Sur les paquets dont il est chargé on peut lire : confiscations, Zola, expulsions, vols, liberté morte, retraites, impôts nouveaux, grèves, déficit, anti militarisme, écoles sans Dieu… etc.

Sous le dessin on lit : « Espérons, brave travailleur, que cette année tu ne te plaindras pas ! Tu en as de belles étrennes… et ce n’est pas fini ! »

   Lorsque je suis – toujours avec un certain recul – l’actualité politique et sociale de notre France, j’ai l’impression que l’histoire se renouvelle et ramène, comme cycliquement, le même type d’événements.
Qui pourrait s’en étonner ? L
es mêmes causes ne produisent-elles pas toujours les mêmes effets ?

   A la tête de ce pays dont, aujourd’hui, tous les structures et rouages de gouvernement ont été élaborés, voulus et imposés par les loges, nous avons véritablement, cachés sous les oripeaux de leurs proclamations émues des « valeurs de la république », ni plus ni moins que des idéologues intégristes et nostalgiques : intégristes de l’anti-catholicisme, intégristes du Grand Orient, nostalgiques du club des Jacobins, nostalgiques de la sanglante Commune de Paris, nostalgiques du « petit père Combes » et de Ferdinand Buisson…
Et ce que ce système a produit, à chaque fois, c’est l’oppression – voire la terreur – , la guerre, la misère – matérielle, psychologique et spirituelle – , la famine, le brigandage, l’injustice…

   Il y aura fort à faire pour relever de telles ruines… et sans doute n’avons-nous pas encore tout vu !
Tant qu’il n’y aura pas conversion et pénitence, il sera vain d’espérer dans un « changement ».
La conversion des cœurs doit nécessairement entraîner la conversion des mentalités et des structures : les structures de la société, et les structures de l’Etat.

   « Qu’on ne s’y trompe pas : plus un peuple a été bercé d’illusions et plongé dans la vie facile, plus l’élite doit mener une vie austère et sacrifiée, ainsi seulement elle pourra désarmer l’envie, susciter la confiance et amorcer par son exemple une nouvelle discipline et un relèvement des mœurs. C’est par la tête que les sociétés tombent malades et c’est aussi par la tête qu’elles guérissent » (Gustave Thibon). 

Gallia pœnitens

Gallia poenitens : la France pénitente.

« La France, Ma France, n’a pas encore atteint le fond de l’abîme ; elle n’est qu’au début de ses humiliations : il lui faudra encore descendre plus bas, être davantage humiliée, aller encore plus loin, bien plus loin, dans cette voie des outrages et de l’affliction amère où elle marche depuis plus de deux siècles…
C’est l’orgueil qui l’a conduite dans cette voie ; c’est l’orgueil qui la conduit encore ; et son orgueil n’aura de guérison que dans les plus extrêmes humiliations, au point qu’on la croira tout à fait anéantie.
Tant qu’elle n’aura pas fait pénitence, tant qu’elle n’aura pas tout expié, il n’y aura point de salut pour elle, et la porte de l’espérance lui demeurera obstinément fermée.
Tant que vous vous confierez en des moyens humains, vous récolterez l’amertume, la ruine et l’humiliation, roulant d’abîmes en abîmes.
Tant que vous ne vous confierez pas, et uniquement, en Mon Cœur et dans les moyens surnaturels qu’Il vous a tant de fois recommandés, vous aurez beau vous agiter, vous aurez beau dire et beau faire, vous continuerez à vous enfoncer.
Tant que vous ne serez pas revenus à Mon Cœur de toute l’énergie de votre volonté convertie, vous vous enfoncerez encore.
Il n’y a que la pénitence, encore et encore la pénitence, encore et toujours la pénitence, une pénitence inspirée par l’amour et par une contrition absolue, qui sortira la France de l’abîme.
Mais pour l’heure, et pour longtemps encore, il vous faudra gémir sous le pouvoir des ténèbres… »

Le Sacré-Coeur de Jésus

   Et nous voici tout à la fois au dernier jour de novembre et au dernier jour de l’année liturgique : ce soir, en effet, commence le saint temps de l’Avent (cf. > ici) ; ce soir recommence le cycle sacré de la célébration des mystères de notre salut par lequel sont sanctifiées nos années terrestres : nous allons une nouvelle fois revivre les événements du Saint Evangile, non comme des anniversaires historiques, mais par une actualisation des grâces divines qu’ils nous ont values.
A vous tous donc, chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion, bonne, fervente et sainte nouvelle année liturgique, dans la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ !

Patte de chat Lully.

Chatons voeux nouvelle année liturgique

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2013-86. Comparés aux réprouvés, les élus sont en petit nombre.

Extrait d’un sermon
de

notre glorieux Père Saint Augustin
sur
le nombre des élus.

       Nous recopions ici la partie la plus importante d’un sermon que notre glorieux Père Saint Augustin prononça devant les fidèles de Carthage, après la lecture de cette péricope évangélique : « (Jésus) dit encore : « A quoi comparerai-je le Royaume de Dieu ? Il est semblable à du levain qu’une femme a pris et caché dans trois mesures de farine, jusqu’à ce que tout ait fermenté ». Et il allait par les villes et les villages, enseignant, et faisant son chemin vers Jérusalem. Or quelqu’un lui demanda : « Seigneur, n’y en aura-t-il que peu qui soient sauvés ? » Il leur répondit : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite ; car beaucoup, je vous le dis, chercheront à entrer et ne le pourront pas ! » (Luc XIII, 20-24).

Rogier van der Weyden Beaune triptyque du jugement détail la pesée des âmes

Roger van der Weyden : la pesée des âmes (détail du triptyque du Jugement dernier – Beaune)

Comparés aux réprouvés, les élus sont en petit nombre.

Résumé : Les trois mesures de farine dont parle Notre-Seigneur, désignent le genre humain tout entier, mais cela ne signifie pas que tous les hommes seront sauvés. Cela apparaît clairement dans les versets qui suivent la parabole. Car si en d’autres passages la Sainte Ecriture nous dit que le nombre des élus sera très grand – et il sera réellement considérable – , si on examine bien les textes il demeure qu’il sera inférieur à celui de la multitude des réprouvés.  

       « Les trois mesures de farine dont vient de nous parler le Seigneur, désignent le genre humain.
Rappelez-vous le déluge ; il n’y survécut que trois hommes pour repeupler la terre, car Noé eut trois fils qui furent les souches de l’humanité nouvelle.
Quant à cette sainte femme qui cacha son levain, elle figure la sagesse, qui fait crier partout, au sein de l’Eglise de Dieu : « Je sais que le Seigneur est grand » (Ps. CXXXIV, 5).

   Assurément les élus sont peu nombreux.
Vous vous rappelez la question qui vient de nous être rappelée dans l’Evangile : « Seigneur, y est-il dit, est-ce que les élus sont peu nombreux ? »
Que répond le Seigneur ? Il ne dit pas qu’au contraire les élus sont en grand nombre, non ! mais après avoir entendu cette question : « Est-ce que les élus sont peu nombreux ? », il réplique : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite ».
N’est-ce pas confirmer dans l’idée du petit nombre des élus ? Il dit encore ailleurs : « étroite et resserrée est la voie qui mène à la vie, et il y en a peu pour y marcher ; tandis que la voie qui mène à la perdition est large et spacieuse, et il y en a beaucoup pour la suivre » (
Mat. VII, 13, 14).

   Pourquoi donc chercher notre joie dans les multitudes ?
Vous qui êtes en petit nombre, écoutez-moi. Beaucoup en effet prêtent l’oreille, et peu sont dociles. Je vois une aire et mes yeux y cherchent le grain. On l’aperçoit difficilement tant qu’il est sous le fléau, mais viendra le moment de le vanner.
C’est ainsi que comparés aux réprouvés, les élus sont en petit nombre ; tandis que considérés en eux-mêmes, ils formeront une quantité considérable lorsque le Vanneur viendra, le van à la main, nettoyer son aire, serrer le froment au grenier et brûler la paille au feu inextinguible (
Luc, III, 17).
Que la paille ne se rie pas du bon grain : cet oracle est véritable, Dieu ne trompe personne.

Soyez nombreux au sein des nombreux élus, et toutefois vous ne serez qu’en petit nombre ; comparés à une grande multitude. De l’aire du Seigneur doit sortir une telle quantité de bons grains, qu’ils rempliront les greniers célestes.
Le Christ effectivement ne saurait se contredire. S’il a dit qu’il y en a peu pour entrer par la porte étroite et beaucoup pour périr en suivant la voie large ; ailleurs il a dit aussi : « Beaucoup viendront de l’Orient et de l’Occident » (
Matt. VIII,11.). C’est que ceux-ci sont aussi en petit nombre ; ils sont à la fois nombreux et peu nombreux.
Les nombreux et les peu nombreux seraient-ils différents les uns des autres ? Non. Les mêmes sont en même temps nombreux et peu nombreux ; peu nombreux comparativement aux réprouvés, et nombreux absolument dans la société des Anges.

   Ecoutez, mes bien-aimés, voici ce qu’on lit dans l’Apocalypse : « Je vis venir ensuite, avec des robes blanches et des palmes, des élus de toute langue, de toute race et de toute tribu ; c’était une multitude que personne ne saurait compter » (Apoc. VII, 9). Cette multitude est la grande assemblée des saints.
Quand donc l’aire sera vannée ; quand cette multitude sera séparée de la foule des impies, des chrétiens mauvais et hypocrites ; quand seront jetés aux feux éternels ces hommes perdus qui pressent Jésus-Christ sans le toucher – car l’hémorrhoïsse touchait la frange du Christ tandis que la foule le pressait à l’importuner (Luc, VIII, 44, 42) – ; quand enfin tous les réprouvés seront éloignés, et que debout à la droite du Sauveur, la masse purifiée des élus ne craindra plus ni le mélange d’aucun homme méchant, ni la perte d’aucun homme de bien et qu’elle commencera à régner avec le Christ, quel éclat et quelle force ne prendra point sa voix et avec quelle confiance ne s’écriera-t-elle pas : « Je sais que le Seigneur est grand » !

   Par conséquent, mes frères, si j’ai ici de bons grains devant moi, s’ils comprennent ce que je dis et sont prédestinés à l’éternelle vie, qu’ils s’expriment par leurs oeuvres plutôt que par des applaudissements (cf. note *) ».

Rogier van der Weyden les damnés (détail triptyque jugement - Beaune)

Roger van der Weyden : les damnés marchant vers l’enfer
(détail du triptyque du jugement dernier – Beaune)

Note * : on voit ici que Saint Augustin n’approuve pas cette déplorable coutume qu’ont les fidèles d’applaudir dans les églises lorsqu’ils sont touchés par la prédication qu’ils ont entendue, et il les exhorte donc à montrer qu’ils ont aimé l’enseignement qui leur a été dispensé non par des manifestations bruyantes mais par la pratique de ce qui leur a été prêché.

2013-85. Du temps où surviendra la fin du monde et des signes qui la précèderont.

24ème et dernier dimanche après la Pentecôte :
Dimanche de l’annonce de la fin des temps.

       Au vingt-quatrième et dernier dimanche après la Pentecôte, au cours de la liturgie (dans le rite latin traditionnel) la Sainte Eglise nous rappelle solennellement les paroles de Notre-Seigneur Jésus-Christ prophétisant la fin des temps et les signes qui la précèderont. La semaine qui suit et nous amène jusqu’au premières vêpres du premier dimanche de l’Avent, et donc au début d’une nouvelle année liturgique, est la « semaine des fins dernières ».
Il m’a paru bon de vous rapporter ci-dessous des extraits du livre intitulé « Fin du monde présent et mystères de la vie future » du chanoine Charles-Marie Arminjon (1824 – 1885).
Cet excellent ouvrage, qui est au nombre de ceux que Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus a le plus aimés – et qu’elle a d’ailleurs souvent cité – , est une véritable et magistrale somme de tout l’enseignement des Saintes Ecritures, des Pères de l’Eglise et de la Tradition au sujet de la fin des temps et de nos fins dernières.

Lully.

Prédication et chute de l'Antéchrist Michael Wolgemut 1493

Michael Wolgemut : prédication et chute de l’Antéchrist (1493)

Du temps où surviendra la fin du monde
et des signes qui la précèderont.

* * * * *

   Le monde aura une fin, mais cette fin est-elle éloignée ou prochaine ? (…)
La Sainte Ecriture ne nous laisse pas sur ce point dans une ignorance absolue.
Sans doute, Jésus-Christ nous a dit, parlant de la date précise : « Ce jour-là personne ne le connaît, et il est ignoré même des anges qui sont dans les cieux ». Mais d’autre part, il a voulu nous donner des indices et des signes précis, destinés à nous faire connaître que l’avènement des prophéties est proche et que le monde touche à sa fin.
Jésus-Christ a procédé à l’égard du genre humain pris collectivement comme à l’égard des individus : ainsi notre mort est certaine, mais l’heure nous est inconnue. Personne d’entre nous ne peut dire s’il sera en vie dans une semaine, dans un jour (…). Mais si nous pouvons être surpris à toute heure, il y a cependant des signes qui témoignent que notre dernière heure est imminente, et que nous nous bercerions d’une illusion grossière en nous promettant une longue carrière ici-bas.

   « Apprenez, sur ceci, dit le Seigneur, une comparaison prise du figuier : quand ses rejetons commencent à être tendres et qu’il pousse des feuilles, vous connaissez que l’été est proche… De même, quand vous verrez toutes ces choses, c’est-à-dire les guerres, les famines, les tremblements, sachez que le Fils de l’homme est à vos portes » (cf. Matth. XXIV, 32-33).

   A la vérité, ces désastres publics, ces troubles, et les dérangements dans les éléments et le cours régulier des saisons, qui signaleront le dernier avènement du Fils de Dieu, sont des signes vagues et indéterminés… Ils se sont manifestés, avec plus ou moins d’intensité, à toutes les époques néfastes de l’humanité, à toutes les époques de crise et de commotion religieuse (…).

   Ainsi, des désastres et des révolutions actuelles, des désordres moraux, des grands cataclysmes religieux ou sociaux, dont l’Europe et le monde sont en ce moment le théâtre, on ne peut tirer aucune déduction concluante sur la fin des temps. Les signes d’aujourd’hui sont les mêmes signes qui se sont produits dans les temps anciens, et l’expérience constate qu’ils sont insuffisants, pour prouver la proximité du jugement.

   Il importe pourtant de consisérer que Jésus-Christ, dans sa prophétie (Saint Matthieu chap. XXIV), mêle dans un seul tableau les signes qui ont trait à la fin du monde et ceux qui ont trait à la ruine de Jérusalem. Il le fait premièrement à cause de l’analogie de deux événements. Il le fait secondement, parce que dans Dieu il n’y a ni différence ni succession de temps. Les faits rapprochés et les faits plus éloignés sont clairement présents à son esprit, il les voit comme s’ils avaient lieu au même instant…
En outre, Notre-Seigneur Jésus-Christ savait que les Apôtres, avant le jour où ils furent éclairés par l’Esprit-Saint, étaient imbus des illusions et de tous les préjugés judaïques ; à leurs yeux, Jérusalem était tout l’univers, sa ruine équivalait, pour eux, à la chute du monde. Par suite de ce patriotisme étroit et exagéré qui les dominait, les Apôtres persévérèrent jusqu’à la ruine de Jérusalem dans une vigilante et continuelle attente. Ces dispositions étaient le but que Jésus-Christ se proposait d’atteindre, cherchant plutôt à les instruire et à les détacher des grossières espérances de la terre, qu’à piquer leur curiosité en leur dévoilant les secrets cachés de l’avenir.
Ainsi, il leur montre dans sa prophétie comme deux perspectives et deux horizons ayant des traits analogues et se ressemblant par leurs contours, leurs dessins et leurs coloris.
En Saint Matthieu et en Saint Marc, les deux événements, la ruine de Jérusalem et la fin du monde, semblent plutôt se confondre. En Saint Luc, la séparation des deux faits apparaît très nettement : il y a des traits qui ne se rapportent qu’à la fin du monde, par exemple ceux-ci : Et il y aura des signes dans le soleil, dans la lune et dans les étoiles. Et sur la terre les nations seront dans l’abattement et la consternation, la mer faisant un bruit efroyable par l’agitation de ses flots… Et les hommes sécheront de frayeur dans l’attente de ce qui doit arriver dans tout l’univers ; car, les vertus des cieux seront ébranlées… Et alors ils verront le Fils de l’homme venant sur une nuée avec une grande puissance et une grande majesté (Luc XXI).

   (…) Cependant, si Jésus-Christ nous apprend que la fin de ce grand jour est un secret que Dieu s’est réservé dans les conseils de sa puissance, tempora et momenta quae Pater posuit in sua potestate (note : les temps et les moments que le Père a établis dans sa puissance – cf. ), et qui échappe à toutes nos prévisions jusqu’à l’heure même de sa réalisation, toutefois, afin de nous prémunir contre l’incurie et une fausse sécurité, il ne cesse de rappeler aux hommes, premièrement que la fin du monde est certaine, secondement qu’elle est relativement prochaine, troisièmement qu’elle n’aura pas lieu avant que ne se soient produits, non pas des signes communs et généraux tels qu’il s’en est accompli dans tous les temps, mais des signes propres et spéciaux qu’il nous a clairement indiqués. Ces signes ne sont pas seulement des calamités et des révolutions dans les astres, mais des événements d’un caractère public, se rattachant à la fois à l’ordre religieux et social, et sur lesquels il est impossible que l’humanité puisse se méprendre.

   Le premier des événements précurseurs de la fin des temps est celui que nous indique le Sauveur, en Saint Matthieu, chapitre XXIVème, quand il nous dit : « Et cet Evangile du royaume de Dieu sera prêché dans l’univers, donné en témoignage à toutes les nations, et alors seulement arrivera la fin ».
Le second de ces faits sera l’apparition de l’homme de péché, l’Antéchrist (2 Thess. II, 2-4).
Le troisième, la conversion du peuple juif, qui adorera le Seigneur Jésus et le reconnaîtra pour le Messie promis (Rom. XI, 14-17).
« Jusque là, dit Saint Paul, que personne ne s’abuse comme si nous étions à la veille du jour du Seigneur » (2 Thess. II, 2).

« Fin du monde présent et mystères de la vie future »
conférences prêchées à la cathédrale de Chambéry
par l’abbé Arminjon
Oeuvre de Saint-Paul – 1883
pp. 17 à 22 de la réédition de l’Office Cenral de Lisieux – 1964

frise

2013-84. Cantique du Jugement dernier.

Vingt-quatrième et dernier dimanche après la Pentecôte,
Dimanche de l’annonce de la fin des temps.

H.Memling détail du jugement

Hans Memling : les Anges sonnant de la trompette
(triptyque du jugement dernier – détail)

       Est-ce l’effet de la toute proche fête de Sainte Cécile ? J’ai déjà publié l’hymne latine en son honneur composée au XVe siècle (cf. > ici), mais j’ai en outre le goût de me plonger dans la collection des anciens recueils de cantiques qui sont rassemblés sur une étagère de notre Mesnil-Marie.
Il y en a un en particulier qui ne prend jamais la poussière, parce que Frère Maximilien-Marie le consulte régulièrement et qu’il aime à en fredonner les airs : c’est le « Recueil de cantiques populaires » publié par Monseigneur Joseph Besnier (1898-1984), lequel fut pendant cinquante-deux ans – de 1931 à 1983 – maître de chapelle de la cathédrale de Nantes.

   Donc, dans le recueil de Monseigneur Besnier, j’ai retrouvé un cantique que notre Frère affectionne spécialement et qu’il chante souvent en cette période de l’année. Il a été composé sur une musique de Claude Goudimel (1505-1572) et les paroles en ont été écrites par un autre prêtre du clergé nantais, l’abbé Eugène Blineau.
Comme il s’accorde parfaitement au dernier dimanche de l’année liturgique (qui porte le numéro 24e après la Pentecôte dans nos missels), et qu’il résume magnifiquement l’enseignement du Saint Evangile et de la Tradition ecclésiastique, je ne résiste pas à la tentation de vous en reproduire ici la partition et de vous en copier les paroles, qu’il convient de méditer plus encore que de chanter en ces jours où la liturgie nous demande de penser à la fin des temps.

Lully.

Cantique du Jugement -  Vous avez, Jésus-Christ

1. Vous avez, Jésus-Christ,
Plus d’une fois décrit
Cette heure triomphante,
Où le temps finira,
Quand sur nous passera
Un souffle d’épouvante :
Nous verrons dans les cieux
Des signes merveilleux ;
Nous unirons dans l’ombre
A la rumeur des flots
Le bruit des longs sanglots
De nos malheurs sans nombre.

2. A ce cri : « Morts, debout ! »
Que rediront partout
Vos anges de lumière,
Les tombeaux s’ouvriront,
Les morts se dresseront
Dans leur vigueur première.
C’est votre Sainte Croix
Qu’ils verront, Roi des rois ;
Tous lui rendront hommage.
Comme un rayon de feu,
Vous viendrez, Fils de Dieu,
Sur un ardent nuage.

3. Etendant votre main,
De tout le genre humain
Vous ferez le partage :
A droite, vos amis,
Ceux auxquels fut promis
Le ciel en héritage ;
A gauche, les damnés,
A l’enfer destinés
Par leur choix volontaire.
Les décrets proférés,
Vous renouvellerez
La face de la terre.

4. Il viendra, ce grand jour
De justice et d’amour
Tel que l’attend l’Eglise.
Nous croyons fermement
Au dernier jugement
Dans notre foi soumise.
Nous ne quitterons pas
La route qu’ici-bas
Tous vos saints ont suivie,
Pour être, ô doux Jésus,
Du nombre des élus
Dans l’éternelle vie.

H. Memling triptyque du jugement dernier

Hans Memling : triptyque du jugement dernier.

Publié dans:Chronique de Lully, De liturgia, Prier avec nous |on 23 novembre, 2013 |3 Commentaires »

2013-81. In memoriam : Joseph-Etienne de Surville, marquis de Mirabel, et Dominique Allier.

   Nous avons rappelé en son temps l’anniversaire du martyre de l’abbé Claude Allier, prieur de Chambonas, et avons évoqué à cette occasion ce que furent les « Camps de Jalès » (cf. > ici).
Attachons-nous aujourd’hui à la figure de deux de ses continuateurs : le marquis de Surville et Dominique Allier, frère de l’abbé. Cet automne 2013 marque le deux-cent-quinzième anniversaire de leur exécution, à des dates et en des lieux différents, mais après avoir été capturés ensemble toutefois.

2013-81. In memoriam : Joseph-Etienne de Surville, marquis de Mirabel, et Dominique Allier. dans Chronique de Lully surville-dazur-a-trois-roses-dargent-au-chef-dhermines

Surville : d’azur à trois roses d’argent au chef d’hermines

A – Joseph-Etienne de Surville, marquis de Mirabel.

   Il est né le 16 juin 1755 dans une  très ancienne famille de la noblesse vivaroise dont on a la trace au XIIIe siècle. Son père, Jacques de Surville, était capitaine au régiment d’infanterie de Berry ; sa mère était Suzanne de Rey.
Les Surville, délaissant leurs fiefs campagnards, s’étaient établis à Viviers, où leur hôtel particulier existe encore.

   Joseph-Etienne embrasse la carrière militaire et entre, à l’âge de 16 ans, au régiment de Picardie, créé par Henri II en 1558, qui sera renommé régiment Colonel-Général en 1780. Il prend part à la campagne de Corse (1774-1779).
En 1780, il part avec le comte de Rochambeau pour soutenir les insurgés américains contre les troupes britanniques : il est distingué pour son intrépidité au combat.
Rentré en France, on le retrouve en garnison avec le régiment Colonel-Général à Brest en 1783, à Besançon en 1784.
Erreur de jeunesse, entraînement des cadres de l’armée chez lesquels c’est un véritable phénomène de mode, ambiance générale de la haute société menée par l’esprit des « lumières », c’est à Besançon que Joseph-Etienne de Surville est initié à la maçonnerie (loge « la Modeste »), ce qui cependant ne semble pas influencer durablement ses convictions profondes tant pour ce qui concerne la religion que dans l’ordre politique.
Il est possible qu’il ait connu à cette époque le jeune Louis de Frotté, entré en 1781 au régiment Colonel-Général.

chateau-du-pradel-la-chapelle 17 novembre 1798 dans Memento

Château du Pradel : la chapelle et l’entrée des bâtiments (état au début du XXe siècle)

   Le 28 février 1786, à l’âge de 31 ans, il épouse Marie-Pauline d’Arlempdes de Mirabel, dans la chapelle du château du Pradel (ancienne propriété du célèbre Olivier de Serre), proche de Villeneuve de Berg.
Ce mariage lui apportant le marquisat de Mirabel, Joseph-Etienne prend alors le titre de marquis.
De cette union naîtra un seul enfant, qui décédera à l’âge de 4 ans.

   Joseph-Etienne entre le 24 juin de cette même année 1786 au conseil municipal de Viviers. L’année suivante, le 30 juin 1787, il succède à son père comme premier consul de la cité.
En 1788 et 1789 il prend part aux assemblées de la noblesse du Vivarais.
A ma connaissance, on ne possède pas de portrait de lui. Les archives départementales de la Haute-Loire conservent la description faite par les révolutionnaires au moment de son arrestation : « D’une taille de cinq pieds deux à trois pouces », c’est-à-dire qu’il mesure environ 1,70 m, mais le reste est tout-à-fait imprécis : « il possède une jolie figure pleine » et « homme d’esprit, l’air fin et aisé ».

   Tous les historiens ne s’accordent pas sur sa participation au mouvement de Jalès. Il semblerait qu’il ait été arrêté une première fois après l’échec de la conspiration de Saillans (cf. > ici), mais qu’il ait réussi à s’échapper.
En mai 1793, il rejoint l’armée de Condé dans le Würtenberg. Inscrit sur la liste des émigrés, ses biens sont spoliés et vendus ; l’hôtel de Surville, à Viviers, est pillé, et toutes les archives en sont brûlées.

L’inaction lui pesant, il rentre clandestinement en Vivarais au début de l’année 1795. C’est alors qu’il s’engage activement dans le mouvement de chouannerie qui s’étend du Rouergue aux Monts du Lyonnais, en passant par le Gévaudan, la Margeride, les hautes Cévennes, le Vivarais, le Velay et le Forez : il est aux côtés du comte de La Motte (cf. > ici), des frères Allier - on trouvera ci-après le texte de la proclamation du 3 mai 1796 – , et il est en relation avec « notre » Grand Chanéac (cf. > ici) … etc.
Il fut arrêté dans la haute vallée de l’Ardèche, près de Mayres, et conduit à Aubenas, mais parvint à s’échapper encore une fois. 

   L’abbé Charles Jolivet dans son ouvrage sur « Les Chouans du Vivarais » écrit que « malgré le prestige de son nom et la confiance qu’inspira sa valeur, il ne jouera jamais qu’un rôle secondaire ».
Ce jugement nous semble injuste et sévère. Tout d’abord, en effet, le marquis de Surville a joué un rôle non négligeable d’agent de liaison d’une part entre les divers groupes de Chouans, et d’autre part entre l’ensemble du mouvement contre-révolutionnaire du sud-est du Royaume et la Cour en exil : il a ainsi parcouru à maintes reprises les provinces du haut-Languedoc, le Vivarais, le Velay et les environs de Lyon pour ensuite traverser la Suisse et les provinces de l’Empire en guerre, afin de rejoindre, au milieu d’innombrables périls, les Princes émigrés.
Puis il a aussi mené personnellement à bien des actions d’éclat à la tête de sa petite troupe, comme la prise de Pont-Saint-Esprit le 30 septembre 1797.
Dès le 10 juillet 1796, il avait été promu dans l’Ordre Royal de Saint-Louis, et c’est Sa Majesté le Roi Louis XVIII elle-même qui lui en remit le ruban le 8 mars 1797. 

   Nous verrons plus loin dans quelles circonstances il fut arrêté, le 2 octobre 1798.

250px-cachet_chouan 18 octobre 1798 dans Vexilla Regis

B – Déclaration de l’armée chrétienne et royale d’Orient – 3 mai 1796.

Telle qu’elle est citée par Albert Boudon-Lashermes
in « Les Chouans du Velay » (1911) pp. 437-438 

Vive la Religion ! Vive le Roi ! Vive la liberté !

Nous, fidèles sujets de Sa Majesté Très Chrétienne Louis-Stanislas-Xavier, Roi de France et de Navarre,
profondément affectés des malheurs de notre déplorable patrie, regardant cet enchaînement de calamités comme l’effet de la plus terrible vengeance que l’Eternel ait jamais exercée contre aucun peuple de la terre, presque inondée du sang de nos concitoyens de tout âge, et marchant à travers les tombeaux de quatre millions d’entre eux, nous osons supplier ce Dieu de justice et de clémence de daigner enfin mettre un terme à ces terribles fléaux…
En présumant de Ses bontés inépuisables, persuadés que l’obligation première qu’Il nous impose est de rétablir, avec les saints autels, le trône de nos Rois, Fils aînés de l’Eglise, nous déclarons avoir pris à la face du Ciel et sous Ses divins auspices les engagements ci-après énoncés :
1° – De replacer la couronne de nos Rois dans la maison régnante des Bourbons et sur la tête de Louis XVIIIe du nom, sucesseur légitime de feu Louis XVII son auguste et trop infortuné neveu ; … de lui prêter une assistance continue pour rétablir les anciennes lois de son Etat, à l’abri desquelles nos anciens vécurent plus ou moins heureux pendant quatorze siècles.
2° – De faire revivre, dans son premier éclat et dans toute sa pureté, la religion catholique, apostolique et romaine…
Telle est irrévocablement la tâche honorable à l’éxécution de laquelle nous jurons de sacrifier notre repos, notre fortune et nos vies…
Fait au quartier général, sur les bords du Lac d’Issarlès, le 3 mai, jour de l’Invention de la Croix, l’an 1796 et le deuxième du règne de Louis XVIII.

Signé, au nom de tous nos frères d’armes présents :
Les généraux de l’armée chrétienne et royale de l’Orient,

Marquis de Surville
La Mothe 

lac-dissarles abbé Claude Allier

Le lac d’Issarlès : d’une superficie de quelque 90 hectares, 5 km de circonférence et 138 m de profondeur
situé à 1000 m d’altitude dans une région difficile d’accès, les Chouans du Vivarais en firent le lieu de leur quartier général depuis lequel ils lancèrent la proclamation du 3 mai 1796. 

C – Dominique Allier.

   Frère de l’abbé Claude Allier, Dominique seconda son aîné le prieur de Chambonas dans ses entreprises à Jalès, ainsi que nous avons déjà eu l’occasion de le dire (cf. > ici), puis dans la tentative de formation d’un camp royaliste à Séneujols, dans les montagnes du Velay (près de Saugues).
Après l’arrestation et le martyre de l’Abbé Allier, en septembre 1793, Dominique était activement recherché et dut vivre dans la clandestinité (on sait qu’il utilisera des pseudonymes), avec son jeune frère Charles. Peut-être – on ne peut en avoir la certitude absolue – prirent-ils part tous les deux à la défense de Lyon contre les troupes de la Convention.

   L’arrivée du comte de la Motte aux confins du Vivarais et du Velay, vers la fin de l’année 1793 ou au début de l’année 1794, permet de réorganiser et de relancer le mouvement contre-révolutionnaire qui avait été initié par l’abbé Claude Allier, comme nous l’avions aussi déjà raconté (cf. > ici).
Désormais, Dominique Allier sera l’un des plus actifs et des plus efficaces des auxiliaires du comte de La Motte. Ce dernier ne connaissait pas le pays et ses hommes, c’est Dominique Allier qui le présente aux chouans locaux, et qui le met en relation avec la population rurale, toujours méfiante au premier abord.

   Le signalement de Dominique Allier conservé aux Archives de la Haute-Loire le décrit comme étant âgé de 37 à 38 ans (en 1798), d’une taille de « cinq pieds quatre à cinq pouces » (soit environ 1,73 m), les cheveux chatains, la « figure laide et fort rouge », très marquée par la petite vérole, les yeux petits, avec une cicatrice à l’une des paupières qui lui défigure l’oeil, « il prend beaucoup de tabac », est peu loquace, a une certaine rusticité de manières.
Par son allure et ses habitudes de vie, il est très proche des paysans des hauts plateaux du Vivarais et du Velay.
L’abbé Charles Jolivet, déjà cité, écrit à son sujet : « Allier se présente au paysan comme le défenseur de ses intérêts matériels et moraux les plus chers, le redresseur des torts sociaux et surtout le protecteur de la religion, des bons prêtres et de toutes les victimes de la révolution ».

   Après l’exécution sommaire du général-comte de la Motte dans sa prison au Puy (5 octobre 1797), le marquis de Surville obtient pour Dominique Allier une nomination officielle de chef des Royalistes des Cévennes : il le lui écrit depuis Constance le 1er juillet 1798.
Surville et Allier, malgré l’acharnement mis par les « crapauds bleus » à leur recherche, leur jouèrent encore de nombreux « tours » et vinrent s’établir à la limite du Velay et du Forez, aux alentours de Tiranges, Retournac, Craponne, Bas-en-Basset …etc., contrées dont la grande majorité des habitants était ouvertement hostile à la république.

tiranges-vue-generale camps de Jalès

Tiranges (vue générale ancienne) : ce village appartient à l’ancienne province du Forez et a été intégré au département de la Haute-Loire ; il est sis à l’extrémité d’un haut plateau en bordure de la vallée de l’Ance, dont les escarpements font un lieu de refuge idéal.

D – Arrestation et exécution du marquis de Surville et de Dominique Allier.

   Le 2 octobre 1798, alors qu’ils étaient cachés dans le souterrain de la maison de Marie-Anne Théoleyre, veuve Brun, au bord des gorges de l’Ance, le marquis de Surville, Dominique Allier, un prêtre – l’abbé Aulagne – et un jeune chouan de 24 ans nommé Jean-Baptiste Robert, furent trahis (pour 800 livres), pris et conduits au Puy.
Fut également captif dans le même temps Jean-François-Joseph de Charbonnel de Jussac, né en 1774, qui avait été lieutenant du comte de La Motte.

   Dès le 12 octobre, les « patriotes » du Puy étaient avertis de plusieurs côtés que des attroupements se formaient, en Vivarais, en Gévaudan, en Margeride et en Forez, et que des groupes contre-révolutionnaires assez nombreux s’apprêtaient à marcher sur la capitale du Velay afin d’y délivrer Surville, Allier et les leurs.
Pris de panique, les révolutionnaires du Puy firent alors partir Dominique Allier, Jean-François de Charbonnel et Jean-Baptiste Robert pour Lyon, pour qu’ils y soient jugés par un tribunal militaire : ils comparurent le 15 novembre et furent passés par les armes le 17 novembre 1798.
Leur mort fut annoncée à Paris par le communiqué suivant envoyé par les révolutionnaires du Puy :
« Citoyen ministre, nous venons à l’instant de recevoir une lettre du général Pille dont le contenu doit épouvanter tous les ennemis de la république. Elle vous apprendra que la terre de la liberté a dévoré trois de ses plus grands ennemis dans nos contrées, et que Dominique Allier, Charbonnel de Jussac et Robert ne sont plus. Vive la république ! » 

   Quant au marquis de Surville, il avait été gardé au Puy et, sans aucun retard, après un simulacre de procès, il avait été fusillé, contre la façade méridionale de l’église Saint-Laurent, le 18 octobre 1798. Il était âgé de 43 ans et 4 mois.

   Voici le récit de ses dernier instants, écrit par Albert Boudon-Lashermes :
« Une foule immense de sans-culottes, de garde-nationaux, de troupes de ligne, gendarmerie, chasseurs et canonniers avait envahi les abords de Saint-Laurent pour assister à la mort de Surville.
D’un pas assuré, il descendit l’escalier de sa prison ; sa bouche et son cœur priaient. Il monta sur le tombereau, et, calme et souriant, traversa la rue Grange-vieille en saluant les amis accourus sur son passage. Le cortège sortit du Puy par la porte Pannessac.

le-puy-en-velay-porte-pannessac Charbonnel de Jussac

Le Puy-en-Velay : la Porte Pannessac (avant sa mutilation)

- Monsieur, dit-il à l’officier qui commandait le détachement, je crois inutile de vous demander un prêtre fidèle ; ce serait d’ailleurs l’exposer à de grands malheurs. Veuillez donc, s’il vous plaît, m’envoyer le curé constitutionnel.
Le prêtre arrive : « Je vous plains, Monsieur, d’avoir donné ce funeste exemple de prévarication ; je sais néanmoins que, dans le cas où je me trouve, je puis me servir de vous. Veuillez m’écouter ».
Le prêtre schismatique, attendri, remplit son pénible ministère. M. de Surville reçut ses consolations avec une piété et une douceur angéliques.
Un sergent s’avança pour lui bander les yeux : « Comment ! dit-il, depuis ma plus tendre enfance je sers mon Dieu et mon Roi, et vous ne me supposez pas assez de courage pour voir le plomb mortel ? »
Et, mettant la main sur son coeur, il s’écria : « C’est ici qu’il faut frapper ! »
La décharge retentit et Surville tomba mort au pied du contrefort de l’église. »

(Albert Boudon-Lashermes, in « Les Chouans du Velay » pp. 453-454)

   Albin Mazon de son côté écrit de manière plus laconique mais en apportant néanmoins quelques détails supplémentaires : « Conduit sur la place de la fraternité, en face de la ci-devant église des Jacobins, le marquis de Surville refuse de se laisser bander les yeux. « Vive Dieu et Vive le Roi, c’est ici qu’il faut frapper ! » criait-il. Et il montrait son coeur. Trois balles au moins le frappèrent au front ».

   Sans postérité, la branche aînée de la famille de Surville s’éteignit avec le marquis.
Son épouse, Marie-Pauline d’Arlempdes de Mirabel, lui survécut jusqu’en 1848. C’est elle qui fit publier, en 1803, selon les consignes que Joseph-Etienne lui avait laissées, les « Poésies de Marguerite-Éléonore-Clotilde de Vallon-Chalys, depuis Madame de Surville, poète français du xve siècle ». Ces poèmes de celle que l’on nomme plus communément Clotilde de Surville sont l’une des énigmes laissées par la mort du marquis (voir l’article de Wikipédia > ici).

   Pour nous, nous gardons vivante la mémoire du marquis de Surville et de ses intrépides compagnons, et chaque fois que, au Puy-en-Velay, Frère Maximilien-Marie passe à côté de l’église Saint-Laurent (ancienne église des Jacobins, c’est-à-dire des dominicains, avant la révolution), il a une pensée reconnaissante pour ce pur et généreux héros.

Lully.

le-puy-eglise-saint-laurent chouannerie

Le Puy, église Saint-Laurent contre le mur méridional de laquelle fut fusillé le marquis de Surville.

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Publié dans:Chronique de Lully, Memento, Vexilla Regis |on 16 novembre, 2013 |5 Commentaires »

Recette du Mesnil-Marie : Gâteau à la sardine pour l’apéritif.

Une de mes « fans » m’écrit pour me faire remarquer que je n’ai pas publié de recette depuis le mois d’août, et me demande si je n’en ai pas une nouvelle à proposer. Eh bien, si, justement !
Son intitulé pourra surprendre… et pourtant je puis témoigner que le jour où nous avons réalisé ce gâteau à la sardine - c’était pour une réunion d’association, suivie d’un apéritif – , il n’en est pas resté une miette.
Vous pourrez donc soit, comme nous l’avons fait, le présenter découpé en petits carrés comme amuse-gueule pour l’apéritif, soit en faire une entrée servie en même temps qu’une bonne salade en le découpant alors en parts comme les quiches ou les tartes.

Lully.

Recette du Mesnil-Marie : Gâteau à la sardine pour l'apéritif. dans Recettes du Mesnil-Marie titre-gateau-a-la-sardine

Ingrédients (pour une douzaine de convives) :

12 cuillers à soupe de farine ; 1/2 litre de lait ; 4 oeufs ; 220 grammes de fromage râpé (emmental ou gruyère) ; 4 boites de 135 grammes de sardines à l’huile ; sel et poivre.

Préparation :

Préchauffez votre four à 200°. Dans un saladier, mélangez la farine, le lait et les oeufs, salez et poivrez. A part, mixez ou écrasez finement toutes les sardines, puis insérez-les au reste de la préparation. Enfin, ajoutez le fromage râpé : la pâte obtenue ne doit être ni trop épaisse ni trop liquide.
Versez dans un moule à tarte (pour cette quantité nous en avions d’ailleurs deux) que vous avez préalablement garni(s) de papier cuisson sulfurisé. Puis mettre au four pendant environ 35 minutes (bien surveiller la cuisson : l’intérieur doit être cuit mais rester tendre… et la surface ne doit évidemment pas carboniser !).

Si vous servez ce gâteau à la sardine en entrée, vous pouvez l’apporter sur la table encore chaud. Si vous le servez en apéritif, il faut attendre qu’il soit refroidi pour le découper en petits carrés.

Bon appétit !

gateau-aperitif-a-la-sardine apéritif dans Recettes du Mesnil-Marie

Publié dans:Recettes du Mesnil-Marie |on 12 novembre, 2013 |1 Commentaire »

2013-80. Des trois états de l’unique Eglise.

Novembre.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

     On ne dit jamais assez à quel point il est important de prier pour les défunts : ceux de notre famille, de notre parentèle, ceux de nos amis ou de nos bienfaiteurs qui nous ont quitté.
Pendant le mois de novembre très spécialement l’Eglise nous encourage d’une manière encore plus instante à prier pour les défunts ; et elle nous y stimule par l’octroi de précieuses indulgences (cf. > ici).

   Faut-il préciser que nos prières pour les défunts sont à l’intention des âmes qui attendent, depuis le moment où elles ont quitté leur corps, leur entrée au Ciel ? Faut-il préciser que ce sont des âmes qui étaient en état de grâce au moment où elles ont été séparées de leur corps ?
Pour un catholique qui connaît son catéchise cela va de soi, mais en nos temps de confusion et d’édulcoration de la doctrine, il n’est peut-être pas superflu de le redire.

   Les âmes de ceux qui n’étaient pas en état de grâce au moment de leur mort, ne peuvent pas entrer au Ciel : elles vont en enfer ! Nous ne pouvons pas prier pour elles ; nous ne pouvons pas les aider par des prières, par l’obtention d’indulgences ou par l’offrande de messes à entrer au Ciel. Leur sort est scellé.

   Evidemment, nous ne savons pas ici-bas quelles sont les âmes qui sont sauvées et celles qui sont damnées. Cette incertitude est d’ailleurs salutaire.
Les âmes qui sont en état de grâce, elles : celles qui ne sont pas en état de péché mortel (non absous, non pardonné), sont toutes unies entre elles par la vie-même de Dieu, cette vie surnaturelle reçue au baptême qui fait qu’habite en elles la Très Sainte Trinité.
C’est là l’origine du dogme de la communion des saints : dogme affirmé par le symbole des Apôtres.
Pourtant, malheureusement, le commun des fidèles, apporte trop peu d’attention à ce point important de la foi qui nous a été transmise par les Saints Apôtres, dogme qui est souvent mal compris (souvent parce qu’il est mal expliqué).
Voici le texte d’un sermon prononcé en novembre 2013 par un ami prêtre. J’ai résolu de vous en faire profiter vous aussi, de sorte que vous puissiez, tout comme nous, redire avec une attention et une ferveur renouvelées : « je crois à la communion des saints » !

Lully.

2013-80. Des trois états de l'unique Eglise. dans Chronique de Lully la-communion-des-saints

La communion des saints (gravure du catéchisme en images) :
Les trois états de l’Eglise – triomphante, militante et souffrante – réunis autour de la Sainte Trinité. 

La communion des saints,
une seule Eglise en trois états différents :
l’état de gloire,
l’état de souffrance
et l’état de milice.

       « Ce mois de novembre nous invite à prier pour nos morts.

   Chers Amis, il faut reconnaître que le vocable dont nous nous servons pour les désigner exprime mal leur nouvel état de vie.
En réalité, nos morts sont bien plus vivants que nous. « Je ne meurs pas, disait Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, j’entre dans la vie ».
Le vieux français, souvent inspiré, usait du mot « trépassé », qui signifie « ayant passé au-delà ».

   Dans sa liturgie, l’Eglise, qui a toujours le mot juste, parle de « défunts ».
« De-functus » : « de » marque l’achèvement ; « functus » : – d’où est venu le mot fonction - qui s’est acquitté. Le défunt est celui qui a achevé sa fonction terrestre, qui a déposé sa charge ; ce qui suggère l’idée de « repos ».

Voyons avec quelle douceur Saint Paul parle de nos chers défunts : « Frères, nous ne voulons pas que vous soyez dans l’ignorance au sujet de ceux qui dorment, afin que vous ne vous attristiez pas comme les autres qui n’ont pas d’espérance » (1 Thess. IV, 13).

   Ceux que nous appelons morts, brillent par milliards comme des escarboucles sur le manteau d’or de l’Eglise, dont nous ne sommes, nous les vivants de la terre, que la frange fragile.
Certes, le corps meurt pour renaître au jugement général, mais en attendant, l’âme séparée en qui subsiste la personne, jouit d’une vie intense qui décuple nos puissances vitales.

   Nos défunts sont-ils en Purgatoire ? Alors ces âmes souffrent, mais elles sont heureuses : elles se savent sauvées, et aiment Dieu d’une très ardente charité qui s’accroît et se purifie douloureusement à mesure qu’elles s’approchent de la vision béatifique.
Il convient de prier et de mériter pour elles.
En retour, une fois au Paradis, ces âmes, alors près de Dieu, vont intercéder pour nous.

   Il n’y a que les chrétiens de la terre qui peuvent aider, soulager et délivrer les âmes du Purgatoire. Pas les Saints du Ciel, parce que ceux-ci – ayant obtenu la récompense – ne peuvent plus mériter ; mériter est le propre de l’Eglise militante.
Les Saints s’unissent aux âmes du Purgatoire par une sympathie, une solidarité et une fraternité vécues dans le Christ, mais sans exercer d’intervention.

   En revanche, par rapport à nous, comment douter que les Saints puissent exercer sur nous leur charité parfaite ?
Ainsi, l’amour qui se déploie au Ciel dans l’état de béatitude, continue d’unir les âmes qui s’aimaient durant leur vie mortelle.
La grâce ne détruit pas la nature, mais elle la perfectionne.
L’amour filial, l’amour qui unit deux époux, la charité de l’amitié en Dieu, ne disparaissent pas. L’état de gloire qui n’est que le développement de l’état de grâce, ne distend pas les liens naturels sacrés : il les ennoblit et les transfigure.
La vie et les liens terrestres qui lui donnaient sa consistance charnelle et affective sont transformés par l’état de béatitude en Dieu, non pas supprimés.

   On trouve une illustration de cette grande vérité dans la piété populaire. La piété garde le contact avec les morts. L’homme a besoin de savoir que les liens ne sont pas coupés : on rêve de ceux qui nous ont quittés, on prie pour eux, on les prie, on se confie à eux, voire on les interroge.

   Il n’existe pas trois Eglises, l’une qui serait l’Eglise de la terre, la deuxième l’Eglise du Purgatoire, la troisième l’Eglise du Ciel.
Il y a une seule Eglise en trois états différents : l’état de gloire, l’état de souffrance et l’état de milice. Ces états n’impliquent aucune séparation, aucun mur ; seulement un simple voile, au-delà de l’univers visible.
Une même vie circule de l’un à l’autre de ces état s de vie : une même communion, la communion des saints, dont le mystère de charité découle du Christ. L’Eglise est Son Corps mystique : elle vit d’un même amour.

   Le temps de ce monde prépare l’éternité de l’Eglise, appelée à rassembler tous les élus dans l’état de gloire.
En attendant, s’il est vrai, comme le dit magnifiquement Bossuet, que les dons de Dieu sont sans repentance, alors l’époux, le père, la mère de famille, le curé de paroisse introduits auprès de Dieu au Ciel, non seulement n’oublient pas la terre, mais exercent sur les leurs une amitié, une permanence d’attraction, de protection et de vigilance, infiniment supérieures, plus aimantes, plus actives, plus intimes que jamais.

   C’est davantage que de l’espérance.
C’est une conviction, une certitude enracinée, et dans notre être et dans le mystère de Dieu.
Et c’est une joie propre aux chrétiens. » 

cierges Ciel dans De liturgia

On trouvera aussi dans ce blogue :
– Le « musée du Purgatoire », à Rome > ici
- Prière à la Vierge de Compassion en faveur des âmes du Purgatoire > ici

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