Archive pour la catégorie 'Chronique de Lully'

2017-12. A la Basilique de Saint-Denys, le projet de reconstruction de la tour nord et de sa flèche.

Mardi 31 janvier 2017,
Fête de la Bienheureuse Marie-Christine de Savoie, reine des Deux-Siciles,
Mémoire de Saint Jean Bosco.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

En corollaire à toutes mes publications relatives à la cérémonie du 21 janvier célébrée à la basilique nécropole royale de Saint-Denys (cf. > ici ou > ici ) aussi bien qu’au bicentenaire de la ré-inhumation des restes profanés de nos anciens souverains et princes (cf. > ici), je voudrais terminer ce mois de janvier 2017 avec quelques mots consacrés à la basilique elle-même.

Basilique de Saint-Denys façade (état actuel)

Façade de la basilique de Saint-Denys dans son état actuel

Je n’ai pas l’ambition d’exposer ici toute l’histoire de l’abbaye de Saint-Denys et de son église abbatiale : un simple article n’y suffirait pas. Aussi vous renvoie-je par exemple à l’assez bon résumé qui en est présenté sur le site de la basilique ( > ici), bien qu’on puisse y regretter quelques interprétations fallacieuses, notamment en dénaturant totalement les intentions de Saint Louis ; à cette lecture, vous saurez donc exercer votre discernement et faire le tri entre les données historiques et les interprétations de nature idéologique, propres à dénigrer la monarchie et les Rois dont le texte est émaillé…
En cette année 2017, il est d’ailleurs à signaler que l’on commémore le 750e anniversaire de l’inauguration de la nécropole royale par Saint Louis, lequel avait commandé la réalisation de 16 gisants de ses prédécesseurs (il n’en subsiste que 14), en même temps que les grands travaux du transept et de la nef.

Depuis Dagobert 1er jusqu’à Louis XVIII, ce sont quarante-deux rois, trente-deux reines, soixante-trois princes et princesses, et dix grands du royaume qui ont été inhumés à Saint-Denys.
Ce rôle de principale nécropole royale constitue déjà un lien très fort entre l’abbaye et le pouvoir royal ; mais il faut en outre se souvenir que c’est à Saint-Denys qu’étaient conservés les Regalia, et que c’est également à Saint-Denys que, en temps de guerre, le Souverain venait recevoir de l’Abbé la fameuse oriflamme écarlate, semée de flammes d’or, sur laquelle étaient brodés les mots « Montjoie Saint-Denys », exclamation et cri de ralliement qui sont devenus la devise du Royaume.

Basilique Saint-Denys façade photographiée avant le démontage de la tour nord

La façade de la basilique de Saint-Denys
photographiée avant le démontage de la tour nord et de sa flèche.

Jusqu’en 1837, la flèche de la tour nord de la façade, qui culminait à 86 mètres, fut le plus haut édifice religieux du diocèse de Paris.
En plus des gravures, nombreuses, il existe une photographie, prise par un inconnu, montrant la façade de la basilique avant la disparition de cette tour et de la flèche : c’est celle que j’ai reproduite ci-dessus.

Je voudrais maintenant vous inviter à visionner un reportage de 26 minutes, réalisé en novembre 2016 par le site historique Hérodote.net, reportage dans lequel Jacques Moulin, architecte en chef des monuments historiques, revient in situ sur l’histoire architecturale de la basilique et explique de manière très concrète le projet actuel de reconstruction de la tour nord et de sa flèche, projet qui existe depuis l’époque même de son démontage, et qui demeure depuis 1846 un souci et une volonté récurrents de la municipalité dionysienne.
Pour voir ce reportage et tout comprendre de ce projet, cliquez 
> ici.

L’accord de l’Etat ayant été obtenu, ce projet est maintenant entré dans la phase préparatoire des travaux, dont il est prévu qu’ils durent une dizaine d’années.
Si donc Dieu nous prête encore dix à quinze années de vie ici-bas, et si les projets actuellement bien engagés ne subissent pas de nouveaux échecs et ne souffrent pas trop de retards, voici ce que nous pourrions un jour contempler de nos propres yeux…

Basilique de Saint-Denys simulation de la façade restituée

Simulation montrant la façade de la basilique de Saint-Denys pleinement restituée.

Puisse le Tout-Puissant nous en faire la grâce, et nous donner de voir aussi un jour la restauration de la vie monastique dans les prestigieux bâtiments de l’abbaye rendus à leur vocation, dans un Royaume de France pleinement restauré…

Lully.

Grandes Armes de France

Montjoie Saint-Denys !

Publié dans:Annonces & Nouvelles, Vexilla Regis |on 31 janvier, 2017 |4 Commentaires »

2017-10. Pourquoi continuer à célébrer des Messes de Requiem le 21 janvier alors que, à la suite du pape Pie VI, nous sommes bien convaincus que Louis XVI est au Ciel ?

Statue de S.M. le Roi Louis XVI dans le déambulatoire de la basilique de Saint-Denys

Détail du cénotaphe de Sa Majesté le Roi Louis XVI,
près de la sacristie, dans la basilique nécropole royale de Saint-Denys.

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Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

Pour tout fervent royaliste, chaque année, ce jour du 21 janvier ne peut se passer comme s’il s’agissait d’un jour ordinaire, et il ne peut être vécu comme une commémoraison du même type qu’il y en a de nombreuses autres.
Le 21 janvier a un caractère absolument unique.

En écrivant ces mots je ne veux pas sombrer dans une espèce de pathos romantique malsain, ni dans une sensibilitié larmoyante (ce qui serait « profondément superficiel »  si on me permet l’oxymore).
Tout au contraire !

S’il convient – d’une façon qui me semble quasi impérative – que la Sainte Messe célébrée le 21 janvier soit une Messe de Requiem, et non la Messe du jour (la plupart du temps celle de la fête de Sainte Agnès), la grandiose gravité des textes de la liturgie latine traditionnelle, et la sublime austérité de ses ornements noirs n’ont rien de triste ni d’afflictif : jamais peut-être la sérénité surnaturelle et la radieuse espérance du rituel traditionnel des défunts n’ont plus de sens qu’en cette occasion.
Cette Messe n’est d’ailleurs pas célébrée, comme on le voit malheureusement écrit parfois, « pour le repos de l’âme de Louis XVI », puisque l’âme de Louis XVI – authentique martyr [nous en sommes certains et le pape Pie VI l’a solennellement affirmé de manière non équivoque cf. > ici] – est montée directement au Ciel, et n’a donc en définitive pas besoin d’être secourue par nos suffrages.

Alors, me direz-vous, pourquoi une Messe de Requiem ?
Eh bien, c’est tout simplement parce que, dans l’attente du jour où le Roi martyr sera officiellement élevé sur les autels et honoré d’un culte public par la Sainte Eglise, ce qui permettra alors de célébrer en ce jour la fête de Saint Louis XVI, la Messe des défunts exprime avec davantage de force combien la révolution – dont l’assassinat du Roi Très Chrétien constitue en quelque sorte le symbole le plus expressif en même temps qu’elle en résume à elle seule toutes les abominations sacrilèges – est tout entière une oeuvre de mort, en face de laquelle tout vrai Français se doit de porter le deuil, tant que la France n’aura pas été totalement purgée du venin révolutionnaire et ne sera pas guérie de toutes ses funestes conséquences.

21 janvier 2017 à Saint-Denys - pendant le chant de l'Evangile

Ce 21 janvier 2017 à Saint-Denys :
pendant le chant de l’Evangile par le diacre
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L’idéal est, bien sûr, que l’on puisse multiplier dans toutes les provinces du Royaume ces Messes de Requiem du 21 janvier.
Les Cercles Légitimistes affiliés à l’UCLF, là où ils existent, s’y emploient autant que possible.
Mais en nombre de cas, ce n’est justement pas possible parce que, même à l’intérieur du clergé traditionnel en principe plus éveillé à l’importance de cette célébration, il n’est pas toujours facile de trouver un prêtre qui accepte de le faire (soit par défaut de convictions, soit par pusillanimité, soit en raison de diverses pressions extérieures qui peuvent s’exercer ou de véritables représailles dont il peut ensuite devenir la cible…).

Au Mesnil-Marie, vous le savez, nous n’avons pas de prêtre, et, compte-tenu de notre situation géographique et des conditions météorologiques défavorables à la circulation, fréquentes en cette période de l’année, il est bien difficile d’en faire venir un ; d’autant que, pour le moment, l’assistance risquerait d’être très peu fournie… Malheureusement !
Nous nous emploierons cependant de toutes nos forces à ce que cela change, et nous œuvrerons avec une persévérante ténacité (de cela, nous avons une pratique assidue !) à ce qu’un jour la Sainte Messe à la mémoire du Roi martyr soit célébrée ici, qu’elle devienne une véritable institution, et qu’elle prenne le plus d’ampleur possible.

21 janvier 2017 à Saint-Denys - absoute sur la tombe de Louis XVI

Ce 21 janvier 2017 à Saint-Denys :
l’absoute chantée sur la tombe de Sa Majesté le Roi Louis XVI
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En conclusion, je voudrais insister sur le fait que l’un des très heureux fruits de ces Messes du 21 janvier - qu’elles soient très solennelles et suivies par une assistance nombreuse, comme à Saint-Denys, ou plus humblement célébrées dans des églises ou chapelles de province – consiste à fortifier et à faire croître dans l’âme la ferme détestation de la révolution.
En effet, un authentique chrétien ne peut que haïr la révolution et toutes ses conséquences de la même manière qu’il doit haïr le péché !

A la basilique nécropole royale de Saint-Denis, le fait de se trouver – lorsqu’il est présent – à proximité de Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, de jure notre Roi Louis XX, pendant une célébration religieuse en ce jour anniversaire du régicide, est un puissant stimulant à s’engager plus ardemment à prier : prier pour sa personne, prier pour la mission qui lui incombe du fait de sa naissance, prier pour qu’il ait toutes les grâces de crainte du Seigneur, de piété, de science, de force, de conseil, d’intelligence et de sagesse qui lui sont nécessaires pour cela…
C’est en particulier le but de la Confrérie Royale, et nous ne serons jamais trop nombreux à offrir des prières et des sacrifices à l’intention de notre Souverain légitime, puisque la restauration monarchique, selon les principes de la royauté capétienne traditionnelle de droit divin, ne pourra se faire qu’avec le puissant secours de la grâce divine.

Enfin, pour justement vous encourager à prier toujours plus pour notre Prince, voici une photo de Monseigneur et de son épouse, prise, ce 21 janvier 2017, par Frère Maximilien-Marie qui se trouvait tout près d’eux dans la crypte pendant l’absoute célébrée sur la tombe du Roi martyr et qui a été impressionné par le recueillement ému du Prince en ce moment-là.

Lully.

21 janvier à Saint-Denys le couple royal recueilli dans la crypte pendant l'absoute

Ce 21 janvier 2017 à Saint-Denys :
le couple royal profondément recueilli pendant les prières de l’absoute sur la tombe de Sa Majesté le Roi Louis XVI
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Publié dans:Chronique de Lully, Memento, Vexilla Regis |on 29 janvier, 2017 |7 Commentaires »

2017-7. Quelques réflexions pour comprendre ce que fut en réalité la mort de Sa Majesté le Roi Louis XVI. Articles à lire, relire, approfondir et méditer à l’occasion du 21 janvier.

Statue de Louis XVI - Chapelle Expiatoire

« Fils de Saint Louis, montez au Ciel ! »

(paroles attribuées à l’abbé Edgeworth de Firmont au moment de l’exécution du Roi)

       Chaque année, la date du 21 janvier ramène l’anniversaire, terrible et magnifique, de l’assassinat de Sa Majesté le Roi Louis XVI.

Terrible !

   - Terrible, parce que la date du 21 janvier 1793 n’est pas seulement celle de la mort injuste d’un homme bon et innocent (des hommes bons et innocents meurent chaque jour depuis les origines de l’humanité, et il en mourra encore chaque jour jusqu’à la fin des temps), comme s’il s’agissait uniquement d’une simple « bavure » – regrettable mais finalement anecdotique – liée aux déchaînement de passions ponctuelles, aujourd’hui dépassées.

   - Terrible, parce que le régicide du 21 janvier 1793 doit être compris comme un événement majeur de l’histoire, non seulement de la France, mais de toute l’ancienne Chrétienté, mais de toute l’humanité.

   - Terrible, parce que le 21 janvier 1793 est une date-clef pour comprendre les enjeux profonds d’une révolution qui avait commencé bien avant le 14 juillet 1789 et qui se continue et se perpétue avec un impitoyable déroulement logique.

   - Terrible, parce que l’exécution de Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XVI fut, dans sa réalité profonde, une sorte de sacrifice humain – prélude à des milliers d’autres – offert à Satan par les ennemis du Règne de Dieu, à fin de sceller dans le sang d’une victime innocente, pure et pieuse, la construction d’une « société nouvelle », tournant le dos aux desseins de Dieu et s’opposant radicalement aux plans du Rédempteur sur le monde.

   - Terrible, parce que tant que les faux principes qui ont conduit à l’accomplissement sordide de cette liturgie sacrificielle impie célébrée le 21 janvier 1793 sur la « place de la révolution », présideront aux destinées de la France et empoisonneront les consciences individuelles autant que les pseudo institutions qui constituent les rouages de son fonctionnement aujourd’hui, la France ne pourra en aucune manière se relever mais dégringolera d’abîmes en abîmes, entraînant dans sa chute une grande partie de l’humanité.

Bosio statue de Louis XVI à la chapelle expiatoire - détail

François-Joseph Bosio (1768-1845) : détail de la statue de Louis XVI à la Chapelle Expiatoire.

Magnifique !

   - Magnifique, parce que, en face d’un déferlement de haine et de l’exacerbation des plus basses passions déchaînées, Sa Majesté le Roi Louis XVI, qui, par bien des côtés était un enfant de son siècle – et donc plus ou moins consciemment imprégné par les idées des pseudo « Lumières » – , a opéré une admirable croissance dans l’ordre de la grâce, jusqu’à parvenir non seulement à sa pleine stature de chrétien sur un plan personnel, mais jusqu’à atteindre sa pleine dimension de Roi Très Chrétien.

   - Magnifique, parce que, par l’acceptation libre et responsable du sacrifice de sa vie, ce Souverain profondément attaché à la foi catholique et resté ferme pour la défendre, est arrivé à une authentique conformation au Christ Sauveur en Sa douloreuse Passion : offrant sa vie, pardonnant à ses bourreaux, priant pour que ce crime ne leur soit point imputé, suppliant pour que sa propre mort – sacrilège – ne fasse pas le malheur des peuples sur lesquels la divine Providence l’avait établi roi.

   - Magnifique, parce que que nous croyons que Louis est un authentique martyr et que son sacrifice a déjà été, et sera encore, fécond dans l’ordre de la grâce, tant pour ses successeurs que pour le Royaume de France et pour la Sainte Eglise tout entière.

   - Magnifique, parce que loin de nous enfermer dans une mélancolie passéiste, le souvenir de ce 21 janvier 1793, revivifié d’année en année, solennellement commémoré et religieusement célébré, entretient et nourrit en nous la formidable espérance d’une résurrection authentique de la monarchie sacrée, d’une reviviscence de la royauté capétienne de droit divin, d’une pleine restauration de la Légitimité, et d’un entier triomphe de la Couronne des Lys sur toutes les puissances infernales auxquelles la révolution a livré la France et le monde

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Coeur.  

Bosio statue de Louis XVI à la chapelle expiatoire - détail 2

Articles à lire, relire, approfondir et méditer à l’occasion du 21 janvier :

1) Les dernières heures de Sa Majesté le Roi Louis XVI > ici
2) Le testament de Louis XVI > ici
3) « Louis XVI aux Français », complainte > ici
4) Allocution consistoriale du pape Pie VI sur le martyre de Louis XVI > ici
5) Oraison funèbre de Louis XVI prononcée devant le pape Pie VI > ici
6) Oraison funèbre de Louis XVI prononcée à la basilique Saint-Denys, le 21 janvier 2016, par le Rd. Père Augustin Pic, op. > ici
7) Messe de Requiem composée par Cherubini à la mémoire de Louis XVI > ici
8) Maximes et pensées de Sa Majesté le Roi Louis XVI > ici
9) Voeu de Louis XVI au Sacré-Coeur de Jésus > ici
10) La sainte icône représentant Leurs Majestés les Rois Louis XVI, Louis XVII, la Reine Marie-Antoinette et Madame Elisabeth, exposée dans l’oratoire du Mesnil-Marie > ici

Icône des martyrs royaux filigranée 421x600

2017-5. « La monarchie se définit d’abord par sa référence au transcendant » (Gustave Thibon).

Jeudi 19 janvier 2017
Dans le diocèse de Viviers, fête de Saint Arconce, évêque et martyr ;
16e anniversaire du trépas de Gustave Thibon.

       Nous voici à la date du 19 janvier, date qui ramène l’anniversaire du rappel à Dieu de Gustave Thibon (+ 19 janvier 2001), auquel, après Dieu, je dois de manière indubitable l’éveil de ma réflexion – intellectuelle et spirituelle – au moment de l’adolescence, et donc aussi, de ce fait, la maturation de mon mode de pensée et le passage à une foi profondément personnelle et vivante.
J’ai choisi aujourd’hui (le Maître-Chat m’ayant laissé quartier libre pour le faire), de vous présenter ci-dessous un extrait de l’ouvrage de Philippe Barthelet intitulé « Entretiens avec Gustave Thibon », publié en 1983, mais qui a été –  fort heureusement – réédité il y a quelques mois.
A travers les réponses qu’il donne aux questions de Philippe Barthelet, Gustave Thibon nous permet, par son impitoyable réalisme et sa solide sagesse, d’étoffer et d’étayer toujours davantage notre argumentation en faveur de la royauté monarchique traditionnelle… 

   Que sa mémoire soit en bénédiction ; et que Dieu soit à jamais sa récompense pour avoir contribué à faire de moi ce que je suis aujourd’hui !

                                                                             Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur

Nota bene : Dans l’extrait publié ci-dessous, la mise en caractères gras de certains passages est de notre fait en raison de l’importance que nous leur attribuons.

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Sacre - miniature des Grandes Chroniques de France

Sacre du roi de France (miniature des « Grandes chroniques de France »)

Philippe Barthelet :
Le monde où nous vivons pourrait être caractérisé par l’éclipse de tout ce qu’il y a de suprême, dans tous les ordres… Un monde où les poètes se taisent, ou deviennent fous, un monde d’où les dieux se sont retirés ; un monde découronné. Ce qui vaut spécialement, bien sûr, pour la forme monarchique du gouvernement, qui n’est aujourd’hui plus guère de saison [...]. 

Gustave Thibon :
Il est vrai que les trônes ont sauté partout – et que là où ils demeurent, on leur a ôté toute signification profonde. Car l’idée royale est en dernière analyse une idée religieuse. Et aussi, car tout se tient, une idée poétique.
Voyez le rôle que jouent les rois dans la poésie, et avec quelle abondance les chante un Victor Hugo, qui était pourtant démocrate. Nul ne songerait à chanter ainsi, ès qualités, un dictateur ou même un président. Essayez d’employer le mot de « président » dans un poème, sans faire rire… Ou de placer M. Mitterrand « entre Auguste à l’oeil fier et Trajan au front pur »…
Il y a dans l’institution monarchique une sorte de transparence au divin, une délégation de pouvoir de Dieu Lui-même. « Toute autorité vient de Dieu », dit saint Paul. Certes, mais elle en vient quelquefois par des intermédiaires et des détours si bizarres, qu’on n’y retrouve, à première vue, plus grand-chose de son origine… Ce qui ne doit pas être le cas avec la monarchie. Il y a, ou il devrait y avoir, dans le roi quelque chose de divin…

P.B. : Quelque chose du principe dans le prince…

G.T. : … qui ne doit pas nous faire oublier toute l’épaisseur humaine dont il a la charge – et peut-être aussi le chargement… A côté de l’aspect mystique de la monarchie, l’investiture divine, il y a son aspect politique, tout le poids de la prudence humaine, de l’erreur humaine, de l’abus humain. Les choses les plus hautes sont aussi, par le fait même, les plus exposées au mélange et à l’altération.
Il reste que la monarchie se définit d’abord par sa référence au transcendant. Par le roi on peut en appeler à Dieu, dont il est le représentant sur la terre. Le « Porte-glaive de Dieu », comme on disait des Césars germaniques…

P.B. : Le véritable roi de France est Dieu, « Roi du Ciel », comme le rappelle Jeanne d’Arc. Et le roi couronné n’est ici-bas que son lieutenant…

G.T. : Henry Montaigu a montré – et Paul Barba-Negra, dans son film sur Reims – tout ce que le sacre pouvait conférer à un homme.
Reste que la psychologie et le social sont là, qui font que le roi n’est pas toujours un saint – il l’est même rarement. La politique elle aussi a ses exigences, dont Machiavel a parfaitement tracé la portée et les limites – et la portée en est grande, et les limites lointaines…

P.B. : Encore que Machiavel ait pris soin d’excepter la France de sa démonstration, comme « la monarchie la plus réglée par les lois qu’aucun autre Etat de son temps… »

G.T. : Reste ce qui fait que je me sens viscéralement royaliste : l’allégeance, sur quoi Simone Weil insistait tant, la fidélité que l’on doit à un homme : « C’est mon roi. » « Le roi que mon coeur nomme », comme dit le père Hugo… Ce rapport direct, de personne à personne, qui d’ailleurs a fait la solidité de la monarchie, pendant si longtemps ; cette connivence avec le peuple, le serment – toutes choses dont la démocratie a aboli jusqu’à l’idée…
Et toutes choses, encore une fois, éminemment poétiques. Ce sont les vers de Péguy dans Jeanne d’Arc :

La maison souveraine ainsi qu’au temps passé…
De Monsieur Charlemagne ou de Monsieur Saint Louis…
Quand le comte Roland mourait face à l’Espagne
Et face aux Sarrasins qu’il avait éblouis
Quand le comte Roland mourait pour Charlemagne…

   Maintenant, qui mourra pour ? Pour M. Giscard d’Estaing, pour M. Mitterand ? Dans La Chanson de Roland, le preux à l’agonie pense à « Charlemagne, son seigneur, qui l’a nourri… » Tout cela, l’hommage et la protection, constituait le climat monarchique [...].
Encore une fois, que les princes aient plus ou moins trahi, ou forfait, c’est incontestable. Il en va de même pour le prêtre : je vois mal une religion sans prêtre, et je vois mal un prêtre incarnant totalement la religion. Il faut faire, on ne le sait que trop, sa part à la pesanteur, au trop humain, au Gros Animal – et le Gros Animal est lourd…
Mais du moins peut-on l’empêcher de peser de tout son poids… La monarchie, par sa nature même, cet appel à un ordre transcendant, représentait une sauvegarde contre la tendance proprement totalitaire du Gros Animal à tout subordonner à sa pesanteur… Au lieu que les démocraties, étrangères, sinon opposées, à toute transcendance, réduiront tout à la logique sociale, c’est-à-dire aux caprices du Gros Animal. Camus définissait très justement les « vrais monarchistes » : « Ceux qui concilient l’amour vrai du peuple avec le dégoût des formes démocratiques. »

P.B. : Eugenio d’Ors remarquait que « tout ce qui n’est pas tradition est plagiat ». Il est assez piquant de voir quelle malédiction s’attache aux formes politiques modernes, condamnées à contrefaire ce qu’elles ont aboli. Voir nos présidents de la république plagiant pour leur compte le protocole de la monarchie, et paradant sous les ors de palais qui n’ont pas été faits pour eux…

G.T. : C’est une contradiction de plus du monde monderne. Mais que voulez-vous, nos présidents n’ont rien à se mettre, il faut bien qu’ils usurpent les oripeaux du vestiaire royal. Sans quoi ils iraient nus…
Que l’on doive conserver quelque chose de solennel dans l’exercice de l’autorité prouve assez le caractère sacré, sinon sacral, de celle-ci. A cette nuance près qu’avec les princes, le protocole est naturel, mais qu’il l’est beaucoup moins avec les élus du peuple – élus parce qu’ils ont su manier le peuple… Ils n’inspirent pas un respect spontané. Tout au plus peut-on leur donner les titres de leur fonction, sans y mettre rien de cordial, et moins encore de religieux. Ce qui fait qu’il est beaucoup plus humain de dire « Votre Majesté » que « Monsieur le président de la république » [...].

Philippe Barthelet, « Entretiens avec Gustave Thibon », pp. 69-74
(Editions du Rocher – 1983 / réédition Desclée de Brouwer, poche – 2016)

Entretiens-avec-Gustave-Thibon

2017-4. « Afin de lui inspirer une humilité salutaire, le Sauveur abandonna Pierre pour un temps. »

Premier sermon
de

notre glorieux Père Saint Augustin
sur
la chute de Pierre.

* * * * * * *

Rombouts Theodor - le reniement de Pierre

Theodor Rombouts (Anvers 1597 – Anvers 1637) :
le reniement de Pierre ["Liechtenstein Museum", Vienne (Autriche)]

       A l’occasion de la fête de la Chaire de Saint Pierre à Rome, je livre à votre réflexion et méditation ce premier sermon de notre glorieux Père Saint Augustin sur la chute de Pierre : je le tiens en réserve depuis le printemps 2013 – « Qui potest capere capiat » – et crois utile aux âmes et aux intelligences de le publier finalement en ce jour.
Utile pour chacune de nos âmes qui, toujours exposées aux dangers que leur fait courir leur propre fragilité ont toujours davantage besoin, comme le Prince des Apôtres lui-même, de s’humilier pour se mieux relever ; utile aussi pour être moins exposés aux scandales et conserver au mieux la sérénité intérieure dans les difficiles circonstances actuelles de la vie de la Sainte Eglise…

* * * * * * *

« Afin de lui inspirer une humilité salutaire,
le Sauveur abandonna Pierre pour un temps. »

§ 1. La présomption de Pierre. 

   De Saint Pierre, vous connaissez la sublime profession de foi au sujet de la divinité de Jésus-Christ ; vous savez aussi que, à la voix d’une servante, il renie Celui qu’il avait adoré.
Pour confondre sa présomption, le Sauveur lui avait dit : « Tu me renieras » (Matth. XXVI, 75) ; plus tard aussi, pour affermir son amour, Jésus-Christ lui posa cette question : « M’aimes-tu ? ». C’est donc au moment même où Saint Pierre chancelait dans sa foi, qu’il présuma le plus de ses propres forces.

   Le Psalmiste avait depuis longtemps formulé ce reproche : « Ceux qui mettent leur confiance dans leur vertu » (Ps. XLVIII, 7). Pierre méritait donc qu’on lui fît l’application de ces autres paroles : « J’ai dit dans mon abondance : jamais je ne me laisserai ébranler » (Ps. XXIX, 7). Dans son abondance, il avait dit au Sauveur : « Je suis avec Vous jusqu’à la mort » (Luc XXII, 33) ; dans son abondance, il avait dit : « Jamais je ne me laisserai ébranler ».

   Toutefois Jésus-Christ, en Sa qualité de suprême Médecin, savait mieux que le malade lui-même ce que réclamait sa maladie. Ce que font les médecins dans les maladies du corps, Jésus-Christ peut le faire dans les maladies de l’âme.
Qu’importe, après tout, au malade, que le médecin lui rende toujours raison du traitement qu’il lui applique ? Le malade peut connaître les souffrances qu’il supporte ; mais quand il s’agit de décider si la maladie est dangereuse, d’en connaître les causes, et de juger de l’efficacité des remèdes, c’est l’oeuvre propre du médecin qui, après avoir examiné le corps, reste libre de communiquer à son malade les raisons du traitement qu’il lui applique.

   Quand donc le Seigneur dit à Pierre : « Tu Me renieras trois fois », Il prouvait à Pierre qu’Il avait sondé son coeur.
Or, les prévisions du médecin se réalisèrent, et la présomption du malade se trouva confondue.

§ 2. Sa chute fut salutaire à Pierre parce qu’elle le fit entrer dans la voie de l’humilité.

   Continuons à étudier dans le même psaume les révélations que nous fait le Saint-Esprit.
Après avoir dit : « Dans mon abondance, je ne me laisserai jamais ébranler », le Psalmiste, se reprochant d’avoir ainsi présumé de ses propres forces, s’empresse d’ajouter : « Seigneur, par l’effet de Votre volonté, Vous avez ajouté la force à ma beauté ; Vous avez détourné Votre face, et je suis tombé dans le trouble et la confusion » (Ps. XXIX, 8).
Que dit-il ?
Ce que j’avais ne venait que de Vous, et je croyais ne le tenir que de moi ; « mais Vous avez détourné Votre face » ; Vous avez repris ce que Vous m’aviez donné et « je suis tombé dans le trouble et la confusion » ; en Vous retirant de moi, Vous m’avez montré ce que je suis par moi-même.

   Ainsi donc, afin de lui inspirer une humilité salutaire, le Sauveur abandonna Pierre pour un temps.
Jésus le regarda ensuite, et Pierre versa des larmes amères, comme parle l’Evangile ; c’est ainsi que s’accomplit la prédiction du Sauveur.

   Que lisons-nous ? « Le Seigneur regarda Pierre, et celui-ci se souvint » (Luc XXII, 61).
Si Jésus-Christ ne l’eût pas regardé, Pierre aurait tout oublié. « Le Seigneur regarda Pierre, et celui-ci se souvint que Jésus lui avait dit : avant que le coq chante, vous Me renierez trois fois, et, étant sorti, il pleura amèrement » (Ibid. 62).
Pour laver le crime de son reniement, Pierre avait donc besoin du baptême des larmes. Mais ce baptême lui-même il n’aurait pu l’avoir si Dieu ne lui en avait fait la grâce.

Rombouts Theodor - reniement détail

Theodor Rombouts : le reniement de Pierre (détail)

2017-3. La prière des ânes.

Jeudi 12 janvier,
7e jour dans l’octave de l’Epiphanie (cf. > ici) ;
Mémoire de Sainte Césarie, vierge et abbesse (cf. > ici).

       J’avoue ne plus très bien savoir qui m’a fait parvenir – il y a déjà un peu de temps de cela – le texte qui va suivre, que j’avais alors mis de côté en vue de le publier. En effet, il m’avait beaucoup plu.

   Puisque nous arrivons à la fin de l’octave de l’Epiphanie, qui met un terme aux célébrations de la Nativité de Notre-Seigneur, j’ai résolu de vous le livrer aujourd’hui : d’une part parce que la présence de l’âne dans toutes les représentations relatives à la Naissance du Sauveur est très importante (arrivée à Bethléem, crèche, fuite en Egypte), et d’autre part parce que derrière un certain humour de surface, cette « prière des ânes » renferme des pépites spirituelles très sérieuses et véritablement précieuses pour la vie intérieure de tout chrétien… 

pattes de chat  Lully.

Prière des ânes - blogue

Prière des ânes :

   Donnez-nous, Seigneur, de garder les pieds sur terre…
et les oreilles dressées vers le ciel pour ne rien perdre de Votre Parole.

   Donnez-nous, Seigneur, un dos courageux…
pour supporter les hommes les plus insupportables.

   Donnez-nous, d’avancer tout droit,
en méprisant les caresses flatteuses, autant que les coups de bâton.

   Donnez-nous, Seigneur, d’être sourd aux injures et à l’ingratitude :
c’est la seule surdité que nous ambitionnons.

   Ne nous donnez pas d’éviter toutes les sottises,
car un âne fera toujours des âneries…
Mais donnez-nous simplement, Seigneur, de ne jamais désespérer de Votre miséricorde, si gratuite pour ces ânes si disgracieux que nous sommes,  d’après ce que disent les pauvres humains qui n’ont rien compris ni aux ânes, ni même à Vous, qui avez fui en Egypte avec un de nos frères, et qui avez fait Votre entrée messianique à Jérusalem sur le dos de l’un des nôtres.

Ainsi soit-il !

âne gif

Lire aussi
« La légende de la sauge » > ici

2017-2. Au-delà des vœux conventionnels.

4 janvier au soir,
fête de Sainte Angèle de Foligno (voir > ici),

& octave des Saints Innocents.

Véronèse - la foi guidant l'homme vers l'éternité - villa Barbaro à Maser fresque (1560-61)

« La foi guidant l’homme vers l’éternité »
Fresque de Véronèse (1560-1561) dans la Villa Barbaro, à Maser (Vénétie).

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Après l’expression toute traditionnelle de voeux qui, pour conventionnels qu’ils soient, n’en sont toutefois pas moins l’expression d’une volonté de bien et de bonheur pour ceux auxquels ils sont adressés, surtout s’ils sont fondés dans la prière (cf. la « Métaphysique des voeux » publiée dans ce blogue en 7 parties au début de l’année 2015 à partir > d’ici), je voudrais, comme bien souvent aussi en pareille période, vous partager quelques réflexions en lien avec les temps que nous vivons et avec les perspectives qui se dessinent devant nous, puisque justement la période des voeux est souvent l’occasion de regarder l’avenir, de l’envisager, de le « planifier » parfois, de s’y projeter en quelque sorte au moyen des résolutions prises, bref d’y penser et même de tenter d’exercer une influence sur lui.

   Nous souhaitons à nos proches, à nos amis, à tous ceux qui nous sont chers – et d’une manière plus globale à nos connaissances – , une bonne et heureuse année.
Nous voudrions que toute la méchanceté disparaisse, que tout le mal qui est dans le monde cesse, que les conflits s’apaisent et que la vie de tous les hommes ne soit environnée que de choses « positives » : paix, lumière, douceur, santé, bienveillance, amour… etc.

   Bien sûr que, moi aussi, qui n’entretiens de mauvais sentiments envers personne, je souhaiterais que la vie de tous les hommes d’ici-bas se déroule dans une espèce de paradis terrestre, ignorant le mal et toutes ses conséquences porteuses de souffrances.
Mais nous savons bien que, quelles que soient la sincérité et la ferveur avec lesquelles nous appelons le bien et le bonheur sur les hommes et sur le monde, il n’en sera pas exactement ainsi et que le terrible quotidien des mesquineries, des méchancetés, des jalousies, de la cupidité, de la malveillance, de la violence psychologique et physique, de la volonté de domination perverse des autres… etc. aura tôt fait de nous rattraper, de nous encercler, et de nous assaillir.

   Et il y a bien pis !
Le mal n’est pas uniquement et exclusivement autour de nous : il est également et très réellement en nous.

   Parce que, en fait, vous aussi bien que moi, nous portons tous, en nous, des racines de malice et de perversion, conséquences intimes du péché originel hérité de nos premiers parents, et conséquences aussi de toutes les mauvaises actions et pensées auxquelles nous avons laissé de la place dans nos coeurs.

   Qui osera prétendre qu’il n’en est pas ainsi en lui ?
Qui osera rejeter la responsabilité de tout le mal qui est dans le monde sur « les autres », ou sur « la société », ou sur « les structures mauvaises héritées du passé » ?
Chacun de nous, s’il est un peu observateur et capable d’analyser ses propres actes, ne peut que faire ce constat, triste et amer : si je ne fais pas d’efforts quotidiens et continus, si je ne travaille pas à m’améliorer, si je me laisse glisser sur mes propres pentes de facilité – en raison de mon orgueil et de mes égoïsmes aux variantes infinies – , je contribue moi-même à la propagation du mal dans le monde.

   De la même manière, mais inverse, que « toute âme qui s’élève élève le monde », ainsi aussi toute âme qui s’abandonne au mal, même dans le secret de la plus intime solitude et sans conséquence apparente sur le prochain, oeuvre en réalité à l’enfoncement du monde dans le mal.
Et nul homme – ni vous ni moi – ne peut soutenir qu’il n’y est lui-même pour rien (le « c’est pas moi, c’est l’autre », qui nous est si spontané depuis notre petite enfance !).
Tous et chacun, nous portons notre part de responsabilité actuelle et quotidienne sur la malice des temps dans lesquels nous vivons
.

   Mais c’est aussi un fait que chacun possède, à sa propre mesure, à sa mesure exacte, des moyens – personnels et uniques – pour combattre la propagation du mal qui navre le monde, la société et les familles… etc. : cela s’appelle le travail sur soi, la lutte personnelle contre le péché, la conversion morale, la pénitence, la sanctification…
C’est ainsi que chacun peut neutraliser une partie des causes responsables du mal qui est dans le monde ; c’est ainsi que chacun, pour la partie qui lui incombe à lui, peut exercer une influence contre la prolifération de la malice et de la laideur morale du monde.
De la même manière qu’un lac n’est jamais que l’accumulation de simples petites gouttes d’eau, et qu’une prairie n’est jamais que le rassemblement de brins d’herbe uniques, le climat moral de la société n’est d’une certaine manière que la somme des dispositions morales des individus qui la composent.
Si chacun se repose sur les autres pour que « ça aille mieux », et se dispense de l’effort nécessaire pour contrer le mal à l’intérieur de lui-même et sur ce qui est dans son rayon d’influence immédiat, il est évident que la décadence et l’accélération vertigineuse du mal ne pourront qu’aller en empirant.

   Cela ne sera sans doute pas suffisant pour ôter tout le mal du monde – parce qu’il existe aussi des causes extérieures à nous-mêmes sur lesquelles nous n’avons que peu de prise – , mais si, toutefois, chacun, de manière très concrète et immédiate, au jour le jour, agit conformément au Vrai, au Beau et au Bien dans le champ d’action qui s’offre à lui, et parfois à lui seul, il est néanmoins certain que des résultats seront visibles.

   En résumé, pas de « bonne année » sans conversion.
Pas de « bonne année », s’il n’y a pas d’efforts réels, concrets et suivis d’effets.
Pas de « bonne année », s’il n’y a pas d’amendement personnel capable de se répercuter sur la société.
Parce que les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets, n’imaginez pas un seul instant que l’année 2017 sera meilleure que l’année 2016 ou que l’année 2015 s’il n’y a pas ces conversions intérieures profondes qui peuvent seules changer le cours de l’histoire et renouveler le monde.

   Vous avez détesté 2015, son climat social, sa dégringolade institutionnelle, son terrorisme et ses attentats sanglants ?
Vous avez détesté 2016, son climat social, sa dégringolade institutionnelle, son terrorisme et ses attentats sanglants ?
Malgré tous les souhaits de « bonne et heureuse année », vous aurez aussi en 2017 un climat social catastrophique, une dégringolade institutionnelle accélérée, un terrorisme toujours plus prégnant, des attentats horriblement sanglants, et même infiniment pis… si vous ne travaillez pas plus efficacement à votre conversion !

   Les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets.
Les plans gouvernementaux d’alerte et les dispositifs vigipirates renforcés, les états d’urgence mobilisant les forces de l’ordre et les manifestations populaires d’indignation n’y changeront rien ; pas plus que les propos lénifiants (léninifiants ?) des « curés » bisounours et œcuménisant ; pas davantage que les discours « fermes et résolus » des politiques, qu’ils soient de droite, de gauche, d’extrême centre, de l’infanterie, de la cavalerie ou de la marine (à voile et à vapeur)…
La seule, l’unique manière de faire en sorte qu’il n’y ait « plus jamais ça » réside dans la conversion profonde et continue des coeurs, des intelligences, des esprits, et des âmes.

   Voilà pourquoi, à l’occasion de cette nouvelle année 2017, je vous souhaite de n’avoir plus d’illusions, mais – tout au contraire – je vous souhaite par-dessus tout d’avoir les yeux grands ouverts sur la réalité, afin d’entrer dans le réalisme des conversions qui s’imposent.
Je ne vous souhaite pas de n’avoir pas de problèmes, mais je vous souhaite d’avoir la gnaque pour leur rentrer dedans et les combattre de la bonne manière.
Je ne vous souhaite pas des petits bonheurs de bourgeois bornés à leurs horizons bien cosy, mais je vous souhaite l’enthousiasme guerrier des chevaliers de jadis quand ils se préparaient aux mêlées sanglantes.
Je ne vous souhaite pas des espoirs de bonheur se limitant aux horizons du boulot, de la santé et de la paye mensuelle, pour vous et vos proches, mais je vous souhaite des espérances vraiment surnaturelles qui transfigurent le quotidien.
Je ne vous souhaite pas l’absence de souffrances (ce qui est le propre des corps anesthésiés), mais je vous souhaite des capacités de générosité jusqu’au sacrifice, pour porter la Croix et faire de vos vies offertes – voire sacrifiées – des instruments de Rédemption !

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur       

Véronèse - la foi guidant l'homme vers l'éternité - villa Barbaro à Maser fresque (1560-61) - détail

2017-1. Sept cartes du Nouvel An 1917.

Mardi soir 3 janvier 2017,
Fête de Sainte Geneviève (cf. > ici et > ici),
Octave de Saint Jean.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

Frère Maximilien-Marie, après l’adresse des voeux que vous avez certainement reçue (cf. > ici), reprendra la parole bientôt afin de développer quelques réflexions qui lui tiennent à coeur, dans le contexte actuel.
En attendant, de manière un peu plus anecdotique, je voulais vous faire découvrir sept cartes du nouvel an qui sont très exactement centenaires, puisqu’elles ont toutes été envoyées à l’occasion du 1er janvier 1917, et qui ne manquent pas de charme.

Les deux premières sont tout-à-fait dans le style de la « belle époque » et évoquent encore la frivolité désuète et les galanteries badines de la fin du XIXème siècle :

Blogue janvier 2017 1

Blogue janvier 2017 2

Toutefois, beaucoup de ces cartes de voeux de notre collection – on le comprend aisément en cette période de guerre – ont des accents patriotiques et veulent entretenir l’espérance de la victoire.
Ainsi celle-ci où le coq gaulois, campé sur le gui du nouvel an, annonce une aurore de gloire et de victoire pour 1917, au-delà de l’évocation des combats en cours (guerre des tranchées, barbelés, explosion) :

Blogue janvier 2017 3

Et sur celle-là, c’est la victoire personnifiée par une femme effleurant d’un pied léger le sol français, qui brandit la palme immense de la victoire de telle manière qu’elle semble fustiger le soldat allemand culbuté devant elle :

Blogue janvier 2017 4

La carte ci-dessous est allemande et montre deux fêtards dans une position cocasse.
Le clairon qu’embouche l’un d’eux doit-il sonner la proclamation de la prochaine victoire de l’Allemagne ?

Blogue janvier 2017 5

Les deux cartes suivantes, d’origine britannique, sont à l’adresse des soldats alliés. La première à l’intention des troupes françaises :

Blogue janvier 2017 6

Et la seconde pour les soldats belges, francophones aussi bien que néerlandophones :

Blogue janvier 2017 7

Pour nous qui, avec le recul, savons que 1917 ne sera pas encore l’année de la cessation du conflit, mais bien au contraire l’année où les propositions de paix de l’empereur Charles 1er de Habsbourg et la tentative de médiation du pape Benoît XV se heurteront à une inflexible volonté des dirigeants français de poursuivre les combats, non pas en considération du bien des peuples, mais pour des raisons purement idéologiques, ces cartes « patriotiques » demeurent comme les témoignages éloquents des aberrations auxquelles peut aboutir le dévoiement nationaliste, héritage direct des idées de la révolution française.

Prions Dieu de guérir aujourd’hui en profondeur les coeurs des Français de ce funeste poison nationaliste, si contraire aux préceptes évangéliques, et si néfaste au développement d’une authentique politique chrétienne…

pattes de chatLully.

Publié dans:Chronique de Lully |on 3 janvier, 2017 |1 Commentaire »

2016-95. « Montrant en tout douceur et contentement pour Lui faire plaisir »…

Samedi 31 décembre 2016,
Fête de Saint Sylvestre, pape et confesseur,
Mémoire du 7e jour dans l’octave de la Nativité.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

De la même manière que je ne souhaite pas le « bonjour » la veille au soir pour la journée du lendemain, je ne présente pas de voeux de « bonne année » avant que la nouvelle année ne soit arrivée.
Pour ce 31 décembre donc, même si la journée est bien avancée, vous devrez vous contenter d’une de ces belles formules de jadis que nous affectionnons tant, en particulier le magnifique souhait provençal : « A l’an que vèn, se sian pas mai que sian pas mens : A l’année prochaine, et si nous ne sommes pas plus nombreux, que nous ne soyons pas moins nombreux ! » (voir > ici).
Nous nous retrouverons donc l’un de ces prochains jours, si Dieu nous les accorde, pour exprimer et développer les voeux de nouvel an.

En attendant, et parce que depuis le 24 décembre je n’ai pas pu le faire, ayant été très occupé par mes fonctions de garde-malade, je me hâte de terminer aujourd’hui auprès de vous cette année de publications sur mon blogue, en vous offrant cette petite image de Noël, que Frère Maximilien-Marie et moi avions mise de côté il y a déjà plusieurs semaines en prévision de ces fêtes de la Nativité 2016.

Montrant en tout douceur et contentement

« …Montrant en tout douceur et contentement pour Lui faire plaisir… »

Cette ancienne image de dévotion est d’une teneur toute salésienne, et nous devons en recueillir la leçon très précieusement : Quoi qu’il advienne, tout est voulu – ou du moins permis – par Dieu, dans les mystères de Sa Sagesse et de Sa Providence qui n’ont nuls comptes à nous rendre, et dont, avec une absolue confiance, nous devons simplement être persuadés que cela peut être utile au bien de nos âmes, à notre sanctification et à notre croissance dans la foi, l’espérance et la charité…
Alors, quels que soient les événements qui nous touchent, affectent ou éprouvent, efforçons-nous de montrer, en tout et toujours, douceur et contentement, et, dans notre âme, de faire monter le chant du saint abandonnement vers le Coeur de l’Enfant-Dieu.

C’est bien ce à quoi nous nous sommes appliqués, en notre Mesnil-Marie, depuis l’avant-veille de Noël.

Je vous ai écrit, ci-dessus, que j’avais été très occupé par mes fonctions de garde-malade : c’est qu’en effet Frère Maximilien-Marie a commencé à ressentir les atteintes d’une angine le vendredi 23 décembre en fin de journée… Au terme d’une nuit sans sommeil, il s’est révélé, le 24 au matin donc, qu’il avait une fièvre déjà importante.
Malgré les « remèdes de cheval » qu’il a absorbés tout au long du jour afin de la neutraliser, notre Frère – qui n’imaginait pas un seul instant qu’il puisse « laisser tomber » Monsieur l’Abbé pour les cérémonies de la Sainte Nuit et du Jour de Noël – avait plus de 39,5° le samedi 24 en début de soirée : il n’était évidemment pas question de sortir, de prendre le volant et de faire une heure de route pour aller préparer la Messe de Minuit, la chanter, la servir, … etc.
Et il en fut de même le Saint Jour de la Nativité…

Une semaine après, bien que n’ayant plus de fièvre, Frère Maximilien-Marie est encore bien fatigué et tousse toujours.
Il a été examiné par son médecin, lequel a confirmé et le diagnostic que j’avais posé et les soins que j’avais déjà prescrits. Il ne s’agit pour lui maintenant que d’être patient et prudent dans l’attente d’un total rétablissement, montrant en tout douceur et contentement pour faire plaisir à Jésus, puisque Jésus a voulu ou permis que ce soit sous sa couette que, cette année, notre Frère s’unisse au mystère de la Nativité du divin Rédempteur.

Pour terminer l’année avec le sourire, j’ai demandé à Frère Maximilien-Marie de réaliser, selon mes indications, un petit dessin que je puisse vous livrer. Le voici, avec sa légende…

A l’année prochaine !

pattes de chatLully.

Moine malade :
(les numéros figurant sur le dessin renvoient à des explications publiées en dessous)

Moine malade

1 – Moine fiévreux, « chouté » par les médicaments, pratiquant le saint abandonnement à Dieu, et montrant douceur et contentement en sa maladie (note-à-benêts : on remarquera que le moine alité est tout-à-fait comme les icebergs, c’est-à-dire que la partie la plus importante est invisible).
2 – Empilement de couettes.
3 – Garde-malade qui se transforme volontiers en bouillotte-ronronnante.
4 – Livres (ne sont ici figurés de manière symbolique que quelques exemplaires, car en réalité ils sont environ une centaine à environner le lit de Frère Maximilien-Marie).
5 – Mini-crèche provenant d’Amérique latine et installée à l’intérieur d’une tasse (Important : ne pas boire !).
6 – Tasse avec infusion de thym-citron-miel (Important : boire !).
7 – Sirop homéopathique pour soigner la toux (Frère Maximilien-Marie l’appelle « sirop pour ma toux et pour matou » étant donné qu’il soigne aussi bien sa toux à lui que la mienne).

Sacré-Coeur gif

Publié dans:Chronique de Lully |on 31 décembre, 2016 |5 Commentaires »
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