Archive pour la catégorie 'Chronique de Lully'

2012-72. Inhumation ou incinération?

Mardi 30 octobre 2012.

A l’approche de la commémoraison solennelle des trépassés, le 2 novembre, et aussi parce que la tradition spirituelle a spécialement consacré le mois de novembre à la méditation des fins dernières, j’avais le désir – en corollaire de cette thématique – de publier sur ce blogue un texte rappelant les règles de l’Eglise Catholique à propos de la crémation des corps des défunts.

C’est alors que, fort opportunément, m’est arrivé le n°39 (novembre 2012) de « La Barrette de Saint-Pierre des Latins », bulletin mensuel destiné aux membres de la communauté Summorum Pontificum du diocèses de Nancy & Toul (cf. > www).
Comme à l’accoutumée, ce bulletin est d’une excellente teneur spirituelle, doctrinale, culturelle… et ne manque pas d’humour, aussi je ne peux que vous engager à le lire dans son intégralité en cliquant ici > www.
Justement, on peut y lire ce mois-ci un texte consacré à la crémation et contenant, à peu de choses près, ce que je me préparais moi-même à écrire : ce pourquoi, avec la très aimable autorisation de Monsieur l’abbé F. Husson - zélé pasteur des fidèles Summorum Pontificum du diocèse de Nancy & Toul, que je remercie très chat-leureusement - , je reproduis tout simplement ci-dessous ce qu’il a publié dans « La Barrette de Saint-Pierre des Latins ».

2012-72. Inhumation ou incinération? dans De liturgia patteschatsLully.           

le-guerchin-et-in-arcadia-ego-1618-22-copie-300x252 2 novembre dans Lectures & relectures

Le Guerchin : « Et in Arcadia ego ».

* * * * *

Inhumation ou incinération : Réflexions.

Commençons le propos par deux anecdotes significatives.

Une de mes connaissances me raconta avoir fait l’acquisition dans une brocante d’un vase en marbre de style incertain « Gréco-Napoléon III ». Il trouvait que l’objet serait décoratif et qu’il aurait sa place dans un certain endroit de sa maison.
Curieusement, le vase Gréco-Empire second (et non pas le second en pire!) était bouché. Toutefois, il nettoya le lourd objet d’art et le plaça à l’endroit voulu. Seulement, l’épouse de notre amateur d’antiquités voulait un vase à fleurs et non pas un objet encombrant de plus. Donc, mon bonhomme s’acharna à déboucher son acquisition. Il y parvint et découvrit que son vase contenait des cendres.
En réalité, il s’agissait d’une urne funéraire. Comment s’était-elle retrouvée dans une brocante, c’est un mystère et cette histoire bien réelle ne le dit pas.

Je vous conte ici une seconde anecdote authentique avant d’évoquer l’essentiel de mon propos.

Ce jour-là, dans sa propriété campagnarde, une de nos amies attendait avec impatience et émotion un colis postal en provenance d’Allemagne où elle avait vécu avant de s’installer en Lorraine.
Le facteur rural arriva dans la petite voiture jaune canari que l’on connaît. Il fit signer les papiers d’usage et remit le colis à notre amie qui ne put cacher son émotion. Prenant le paquet dans les bras, elle s’écria, les larmes aux yeux : « Maman! »… En effet, il s’agissait des cendres de sa mère qui s’était fait incinérer et qui lui parvenaient par colis postal.
L’urne funéraire fut conservée un temps au-dessus de la cheminée du salon. Finalement, notre amie décida de l’enterrer au fond de son jardin, où quelque temps plus tôt elle avait enterré son chien.

On peut se demander quel est le sort des urnes renfermant les cendres des défunts « crématisés » qui ne sont pas déposées dans les cimetières?
Le général Marcel Bigeard voulait que ses cendres soient dispersées sur Dien-Bîen-Phû. Malheureusement, son souhait n’a pas été respecté. L’urne funéraire a été confisquée et déposée au Panthéon. 
J’ai une amie qui a balancé à la mer les cendres de son mari à l’endroit où ils affectionnaient d’aller en vacances… Le moins que l’on puisse dire, c’est que tout cela n’est pas sérieux.

urne-funeraire crémation

L’eglise a toujours refusé l’incinération des défunts, pratique impie, prônée jusqu’à présent par les seuls libre-penseurs et les francs-maçons.
Pourtant cette pratique est aujourd’hui adoptée par les baptisés. Elle est anti-naturelle et anti-catholique. Cette coutume barbare et impie se dresse contre la piété chrétienne et naturelle. L’Eglise a le respect de la dépouille mortelle, d’ailleurs exprimé dans le rite funéraire. Le corps est le temple du Saint-Esprit (1 Cor. III, 16). Le corps temple de Dieu, car sanctifié par les sacrements, doit être déposé en terre bénite, où il se consume naturellement en attendant la résurrection des morts. 
A la fin du XIXe siècle et avec les lois anti-religieuses, les loges maçonniques ont préconisé et se sont efforcées d’introduire l’usage de la crémation des corps des défunts. L’Eglise alors s’éleva avec force contre cette pratique qu’elle sanctionna des plus sévères condamnations. Cette discipline fut pourtant atténuée en 1963, lors du concile (*).

Voyons la signification des mots :

- La crémation désigne brûler les corps au lieu de les inhumer.
- L’inhumation (in et humus) est la déposition d’un cadavre humain en terre (dans le même sens on dit enterrement).
- Incinération est le terme employé pour la crémation des ordures ménagères.
- Cimetière : champ du repos (**) dans l’attente de la résurrection.

On enterre les morts, même ses ennemis. Il y a piété de la pratique chrétienne d’inhumer les corps pour les laisser à la décomposition naturelle dans l’attente de la résurrection. Dieu avait dit à Adam : « Tu retourneras à la terre d’où tu as été tiré » (Genèse III, 19).

La révolution, foncièrement anti-catholique, a voulu favoriser la crémation en 1796, mais le sujet est resté sans écho. C’est en 1886 que la chambre des députés adopta le projet de loi sur la liberté d’être incinéré. Un four crématoire fut alors établi au cimetière du Père Lachaise à Paris. La loi fut rendue  exécutoire le 27 avril 1889.

Durant des années, on a évoqué avec horreur les fours crématoires des camps Nazis et aujourd’hui, on accepte ce mode d’effacement des corps.

Il y a actuellement une volonté d’empêcher d’aller se recueillir sur les tombes. Le but est de faire disparaître toutes traces de Christianisme. La crémation-incinération est désacralisante. Elle est l’oeuvre mise en place par la subversion anti-chrétienne organisée. Elle porte également atteinte au culte des reliques en vue de les faire disparaître.

Que les âmes des fidèles trépassés reposent en paix…
Et nous, va-t-on nous fiche la paix avec l’incinération qui devrait seulement être réservée aux ordures ménagères! 

Jean-Marie Cuny.

(*) L’une des principales raisons invoquées pour cet assouplissement de la discipline est le fait qu’il est impossible, voire interdit, dans certains pays d’Extrême-Orient d’ensevelir les défunts.

(**) Du grec « Koimitirion », lieu où l’on dort.

27979878 défunts

Cheminées du four crématoire au cimetière du Père Lachaise – Paris.

* * * * *

Le droit actuel de l’Eglise :

Voici ce que dit aujourd’hui le Droit Canon à propos de l’incinération :

canon 1176 – §3 : L’Eglise recommande vivement que soit conservée la pieuse coutume d’ensevelir les corps des défunts ; cependant elle n’interdit pas l’incinération, à moins que celle-ci n’ait été choisie pour des raisons contraires à la foi chrétienne.

canon 1184 – §1 : Doivent être privés des funérailles ecclésiastiques, à moins qu’ils n’aient donné quelque signe de pénitence avant leur mort : 1) (…) 2) les personnes qui auraient choisi l’incinération de leur propre corps pour des raisons contraires à la foi chrétienne.

Il est à noter que les évêques italiens ont interdit la sépulture ecclésiastique dans le cas de défunts demandant l’incinération et ensuite la dispersion de leurs cendres (le général Bigeard n’aurait pas pu avoir une cérémonie religieuse en Italie pour ses obsèques, suite à son désir de dispersion des cendres). De même, il y a interdiction si les héritiers veulent « conserver » l’urne. Les obsèques religieuses ne sont donc permises en Italie que si les cendres sont placées dans un colombarium dans un cimetière.

D’autres part, selon les directives romaines, les obsèques religieuses ne peuvent se faire en présence de l’urne, elles doivent se faire avant l’incinération. Et la cérémonie religieuse ne peut avoir lieu sur le lieu de l’incinération.

1330-1340-300x263 droit canon

Enluminure du XIVe siècle représentant une inhumation.

Sujets connexes abordés dans ce blogue :
- De la commémoraison des trépassés > www.
- Prière à la Vierge de Compassion en faveur des âmes du Purgatoire > www.
- A Rome, le Musée du Purgatoire > www.
- Catholicisme et franc-maçonnerie > www.

Publié dans:De liturgia, Lectures & relectures |on 30 octobre, 2012 |1 Commentaire »

2012-71. La victoire de Constantin racontée par Eusèbe de Césarée.

Voici le texte complet des chapitres vingt-sept à trente-neuf du livre premier de l’Histoire de la vie de l’Empereur Constantin, écrite en grec par Eusèbe de Césarée (*), relatant le cheminement spirituel de Constantin, sa vision et le songe qui la suivit, l’institution du Labarum, la bataille du Pont Milvius et la victoire sur Maxence, le 28 octobre 312.

(*) Traduction de Monsieur Cousin, président en la Cour des Monnaies, publiée à Paris en 1686.

2012-71. La victoire de Constantin racontée par Eusèbe de Césarée. dans Lectures & relectures chirhodisk

Chapitre XXVII : Constantin se résout à n’adorer qu’un seul Dieu.

Comme il était persuadé qu’il avait besoin d’une puissance plus considérable et plus invincible que celle des armées, pour dissiper les illusions de la magie dans lesquelles Maxence mettait sa principale confiance, il eut recours à la protection de Dieu. Il délibéra d’abord sur le choix de celui qu’il devait reconnaître. Il considéra que la plupart de ses prédécesseurs, qui avaient adoré plusieurs Dieux et qui leur avaient offert de l’encens et des sacrifices, avaient été trompés par des prédictions pleines de flatterie ; et par des oracles, qui ne leur promettaient que d’heureux succès, et qu’ils étaient enfin péris misérablement, sans qu’aucun de leurs Dieux se fût mis en peine de les secourir. Que son père avait seul reconnu leur égarement, et seul pris le bon chemin, qu’il n’avait adoré que Dieu durant toute sa vie, et que Dieu avait été en récompense son protecteur, le conservateur de son Empire, et l’auteur de tous ses biens. Il fit une sérieuse réflexion sur la multitude des maux, dont avaient été accablés ceux qui avaient suivi une multitude de Dieux, et reconnut qu’aucun d’eux n’avait laissé de postérité, ni même la moindre mémoire de son nom, au lieu que le Dieu de son père lui avait donné d’illustres preuves de sa puissance. Il remarqua aussi que ceux qui en prenant les armes contre les tyrans avaient mis leur espérance dans la protection des Dieux n’en avaient tiré aucun avantage, l’un étant revenu avec ses troupes, sans avoir rien fait de considérable, et l’autre ayant été tué au milieu de son armée. Après avoir longtemps médité toutes ces raisons, il jugea que c’était la dernière de toutes les extravagances d’adorer des Idoles, de la faiblesse et du néant desquelles il avait des preuves si convaincantes, et il se résolut d’adorer le Dieu de Constance son père.

Chapitre XXVIII : Vision de Constantin.

Constantin implora la protection de ce Dieu, le pria de se faire connaître à lui, et de l’assister dans l’état où se trouvaient ses affaires. Pendant qu’il faisait cette prière, il eut une merveilleuse vision, et qui paraîtrait peut-être incroyable, si elle était rapportée par un autre. Mais personne ne doit faire difficulté de la croire, puisque ce Prince me l’a racontée lui-même longtemps depuis, lorsque j’ai eu l’honneur d’entrer dans ses bonnes grâces, et que l’évènement en a confirmé la vérité. Il assurait qu’il avait vu en plein midi une croix lumineuse avec cette inscription : « Vous vaincrez à la faveur de ce signe », et qu’il fut extrêmement étonné de ce spectacle, de même que ses soldats qui le suivaient.

Chapitre XXIX : Songe de Constantin.

Cette vision fit une si forte impression dans l’esprit de Constantin qu’il en était encore tout occupé la nuit suivante. Durant son sommeil le Sauveur lui apparut avec le même signe qu’il lui avait montré en l’air durant le jour, et lui commanda de faire un étendard de la même forme, et de le porter dans les combats pour se garantir du danger.

Chapitre XXX : Constantin fait faire un étendard en forme de croix.

Constantin s’étant levé dès la pointe du jour raconta à ses amis le songe qu’il avait eu, et ayant envoyé quérir des Orfèvres, et des Lapidaires, il s’assit au milieu d’eux, leur proposa le dessein et la figure du signe qu’il avait vu, et leur commanda d’en faire un semblable, enrichi d’or, et de pierreries.

Chapitre XXXI : Description de l’étendard fait en forme de croix.

J’ai vu l’Etendard que les Orfèvres firent par l’ordre de ce Prince, et il m’est  aisé d’en décrire ici la figure. C’est  comme une pique, couverte de lames d’or, qui a un travers en forme d’Antenne qui fait la croix. Il y a au haut de la pique une couronne enrichie d’or et de pierreries. Le nom de notre Sauveur est  marqué sur cette couronne par les deux premières lettres ; dont la seconde est  un peu coupée. Les Empereurs ont porté depuis ces deux mêmes lettres sur leur casque. Il y a un voile de pourpre attaché au bois qui traverse la pique. Ce voile est  de figure carrée, et couvert de perles, dont l’éclat donne de l’admiration. Comme la pique est  fort haute elle a au bas du voile le portrait de l’Empereur et de ses enfants, fait en or jusques à demi-corps seulement. Constantin s’est  toujours couvert dans la guerre, de cet étendard comme d’un rempart, et en a fait faire d’autres semblables pour les porter dans toutes ses armées.

Chapitre XXXII : Constantin lit l’Ecriture Sainte.

Constantin ayant l’esprit tout rempli de l’étonnement qu’une vision si extraordinaire lui avait causé, jugea qu’il n’y avait point d’autre Dieu qu’il dut reconnaître, que celui qui lui était apparu, et ayant envoyé quérir les Prêtres, et ses ministres, il leur demanda, qui était ce Dieu, et ce que signifiait la figure si lumineuse et si éclatante qu’il lui avait montrée. Les Prêtres lui répondirent que le Dieu qui lui était apparu était le fils unique de Dieu, que la figure qui lui avait été montrée, était la marque de l’immortalité, et le trophée de la victoire que le Fils de Dieu avait remportée sur la mort. Ils lui déduisirent les raisons pour lesquelles il est descendu du Ciel en terre, et lui expliquèrent le mystère de son Incarnation. L’Empereur les écouta avec une merveilleuse attention. Il compara leurs discours avec la vision qu’il avait eue, et ne douta point qu’ils ne lui enseignassent la vérité par l’ordre de Dieu. II s’appliqua ensuite à la lecture des livres sacrés, retint toujours les Prêtres auprès de lui, et se résolut d’adorer le Dieu dont ils lui avaient découvert les mystères. L’espérance qu’il avait mise en sa protection, l’excita bientôt après à entreprendre d’éteindre l’embrasement qui avait été allumé par la rage des Tyrans.

Chapitre XXXIII : Adultères commis à Rome par Maxence.

Le Tyran qui s’était emparé de la ville Impériale était monté à cet excès d’impudence, et d’impiété que de se plonger publiquement dans les plus sales débauches. Il arrachait les femmes d’entre les bras de leurs maris, et les leur renvoyait après les avoir violées. Il fit cet outrage aux personnes de la première qualité, et aux plus considérables du Sénat. Il jouit d’un grand nombre de femmes de condition, sans pouvoir rassasier son incontinence. Mais il ne put jamais jouir d’aucune femme Chrétienne. Il n’y en eut point qui n’aimât mieux perdre la vie que l’honneur.

Chapitre XXXIV : La femme d’un Préfet se procure la mort pour conserver sa pudicité.

La femme d’un des principaux du Sénat, et qui avait la dignité de Préfet, ayant appris que les Ministres des débauches de Maxence étaient à la porte de son logis, et que son mari avait consenti qu’ils l’emmenassent, de peur d’être maltraitée, elle leur demanda un peu de temps pour se parer, et étant entrée dans son cabinet, s’enfonça un poignard dans le sein, et publia par une action si éclatante non seulement à tous les peuples de son siècle, mais aussi à tous les siècles à venir, qu’il n’y a que parmi les Chrétiens où l’on trouve une pudicité invincible, et exempte de la mort.

Chapitre XXXV : Massacre du peuple de Rome.

Les grands et les petits, les magistrats et le peuple étaient dans l’oppression, et redoutaient la violence avec laquelle le Tyran commettait les crimes les plus horribles. La patience qu’ils conservaient au milieu des plus injustes traitements ne les mettait en aucune sûreté. Il commanda un jour, pour un fort léger sujet, aux soldats de sa Garde de faire main-basse sur le peuple, qui fut à l’heure-même massacré par les armes non des Scythes et des Barbares, mais de ses propres citoyens. Il n’est  pas aisé de faire le dénombrement des Sénateurs qu’il condamna sur de fausses accusations, à dessein d’enlever leur bien.

Chapitre XXXVI : Maxence s’adonne à la magie.

Maxence couronna ses autres crimes par les cruautés et les sacrilèges de la magie tantôt en ouvrant le ventre des enceintes, et des enfants nés depuis peu de jours, tantôt en égorgeant des lions, et en offrant d’abominables sacrifices, pour évoquer les démons, et détourner la guerre dont il était menacé. Il espérait obtenir la victoire par ces artifices. Il traitait cependant ses sujets avec une dureté si extraordinaire qu’ils souffrirent sous son règne une disette dont il n’y avait point eu d’exemple dans les siècles précédents.

Chapitre XXXVII : Défaite de Maxence.

La compassion que Constantin eut de leur misère lui mit les armes entre les mains contre celui qui en était l’auteur. Ayant imploré la protection de Dieu, et du Sauveur son Fils unique, il fit marcher son armée sous l’étendard de la Croix à dessein de rétablir les Romains en possession de leur ancienne liberté. Maxence mettant sa confiance dans les illusions de la magie plutôt que dans l’affection de ses sujets, n’osa sortir de Rome. Mais il mit des garnisons dans toutes les Villes dont il avait opprimé la liberté, et plaça des troupes en embuscade sur les passages. Constantin dont Dieu favorisait l’entreprise força aisément toutes ces troupes, et entra jusques au cœur de l’Italie.

Chapitre XXXVIII : Mort de Maxence.

Dieu qui ne voulait pas que Constantin fut obligé de mettre le siège devant Rome pour se rendre Maître de Maxence, le lui amena hors des murailles avec des chaînes invisibles. Il fit voir la vérité du miracle, qui passe pour une fable dans l’esprit des incrédules, bien qu’il ne soit point révoqué en doute par les Fidèles, et qu’il avait autrefois opéré contre Pharaon, ses chariots et son armée. Ce Tyran ayant été mis en fuite par les troupes de Constantin, qui était favorisé de la protection du ciel, il voulut passer un pont, où il avait préparé une machine pour surprendre son ennemi. Notre Religieux Prince fut assisté par le Dieu qu’il adorait, et l’impie périt dans le piège qu’il avait dressé, si bien qu’on lui peut appliquer ces paroles de l’Ecriture : Il a ouvert une fosse, et l’a creusée, et il tombera lui-même dans la fosse qu’il a faite, son iniquité retournera contre lui, et ses violences retomberont sur sa tête. La machine s’étant entr’ouverte au temps auquel on s’y attendait le moins, les vaisseaux coulèrent à fond. L’impie tomba le premier comme une masse de plomb avec les soldats qui l’environnaient. L’armée que Dieu avait rendue victorieuse, pouvait chanter alors les mêmes Cantiques que les Israélites avaient chantés autrefois contre Pharaon et dire comme eux : Publions les louanges du Seigneur, dont la gloire a éclaté. Il a jeté dans la mer le cheval, et celui qui était monté dessus. Il a été mon aide, mon protecteur et mon salut. Qui est semblable à vous entre les Dieux, Seigneur, qui est  semblable à vous? Votre gloire a paru dans vos saints. Elle a attiré l’admiration, et vous avez fait des prodiges.

Chapitre XXXIX : Entrée de Constantin dans Rome.

Constantin ayant à l’imitation de Moise chanté ce Cantique, ou quelque autre semblable, en l’honneur de Dieu, qui avait conduit son armée, et qui lui avait accordé la victoire, entra en triomphe à Rome, où les Sénateurs, les Chevaliers, les Hommes, les Femmes, les Enfants et tout le peuple, délivrés de la servitude, accoururent au devant de lui avec toute sorte de témoignages de joie, le saluèrent comme leur libérateur, et leur conservateur, ne pouvant se lasser de faire des acclamations en son honneur. Mais sa piété ne lui permettant pas de s’enfler de ces louanges, il rendit à Dieu la gloire que l’on lui offrait, et protesta que c’était de sa main qu’il tenait la victoire, et que Rome avait reçu sa liberté.

raphael-vision-de-constantin 28 octobre 312 dans Memento

Raphaël : la vision de Constantin (« Stanze Vaticane »)

2012-70. In hoc signo vinces !

2012-70. In hoc signo vinces ! dans Chronique de Lully labarum-4

ἐν τούτῳ νίκα

         Les heureuses dispositions du calendrier font que, chaque année, le dernier dimanche d’octobre, jour établi pour la fête du Christ Roi (cf. > ici) se trouve de ce fait très proche (il arrive même parfois que ces deux dates coïncident) del’anniversaire de la victoire de Constantin sur Maxence au Pont Milvius, le 28 octobre de l’an 312.

   Flavius Valerius Aurelius Constantinus, que nous appelons communément Constantin, est le fils de Constance, surnommé Chlore (c’est-à-dire « au teint pâle »), et d’Hélène, future sainte.
Né en 272, il a été proclamé trente-quatrième empereur de Rome, à York, par les troupes de son père à la mort de ce dernier, le 25 juillet 306.

   L’empire est alors dans une période de troubles en raison des divisions et querelles sans fin engendrées par le délitement de la tétrarchie.
Constantin reconquiert la péninsule italienne contre son rival Maxence : l’engagement décisif a lieu sur la via Flaminia, à une dizaine de kilomètre au nord-est de Rome, au lieu dit des Saxa Rubra (les roches rouges) en avant d’un pont de pierre qui enjambe le Tibre, le Pont Milvius.

L’armée de Maxence est défaite, et Maxence lui-même meurt noyé dans le Tibre.

   Constantin, fils d’une chrétienne, inclinait déjà vers le monothéisme depuis plusieurs mois. Il assurera avoir eu une vision, en plein midi, suivie d’un songe nocturne : la vision lui montrait une croix lumineuse au dessus du soleil avec l’inscription « ἐν τούτῳ νίκα – in hoc signo vinces » (par ce signe tu vaincras) et le songe lui enjoignait de mettre le signe divin sur les boucliers de ses soldats et sur les enseignes de son armée. 
Lactance, apologiste chrétien et rhéteur, écrit : « Il fit marquer la lettre X traversée d’un trait recourbé à son sommet, c’est à dire le monogramme du Christ ». C’est la superposition des deux lettres grecques X (chi) et P (rhô) : les deux premières lettres du mot Christos, écrit en grec.

chi-rho 28 octobre 312 dans Commentaires d'actualité & humeurs

       Si les historiens modernes, lobotomisés par le rationalisme et l’esprit des prétendues lumières, remettent en doute la vision et le songe de Constantin, ils le font en opposition avec une tradition unanime et continue de l’Orient comme de l’Occident.
L’apposition du Xhi-Rho sur les insignes impériaux est de toute façon absolument certaine et la victoire sur Maxence ne peut être mise en doute, pas plus qu’on ne peut remettre en question la conséquence directe de cette victoire : la pleine liberté de culte donnée aux chrétiens qui avaient jusque là été les cibles des persécutions du pouvoir impérial.
Quelques mois plus tard, en effet, sera promulgué l’Edit de Milan (avril-juin 313), qui permettra à l’Eglise de sortir des catacombes et qui sonnera le glas du paganisme à l’agonie.

   Oui, ce 28 octobre 312 est l’une des grandes dates de notre histoire, l’une de ces dates qui a changé le cours de l’histoire.
En 2012 et 2013, le dix-septième centenaire de la victoire du Pont Milvius et de l’Edit de Milan eût dû être marqué par des réjouissances publiques et solennelles, des Etats eux-mêmes, et à combien plus forte raison dans la Sainte Eglise !
Mais nous ne sommes plus dans des Etats chrétiens, et à l’intérieur de l’Eglise romaine elle-même voilà déjà plusieurs décennies que des voix influentes – lorsqu’elles ne sont pas carrément encouragées par les hiérarques soucieux de plaire au monde et à ses modes antichrétiennes – appellent à se démarquer de l’héritage constantinien, alors que nous eussions été en droit d’espérer que l’année 2013 - comme cela avait été le cas en 1913 – vît la promulgation conjointe, par les Eglises de Rome et de Constantinople, d’un jubilé constantinien.

constantin-dans-la-bataille-du-pont-milvius-raphael Annum sacrum dans De liturgia

Raphaël : Constantin dans la bataille du Pont Milvius
(détail de la grande fresque représentant la bataille dans les « Stanze Vaticane »)

   Vous trouverez, ci-après (> ici) le texte même d’Eusèbe de Césarée relatant ces évènements, dont Eusèbe affirme qu’il tient le récit de la bouche même de Constantin.
J’ai choisi de le publier intégralement parce que justement la plupart des historiens l’évoquent sans même le citer, du fait qu’ils ne lui accordent que peu de crédibilité, pour des raisons essentiellement idéologiques.

   Pour l’heure, rapprochant cet anniversaire avec la célébration proche de la fête du Christ Roi, je ne peux omettre de citer le Pape Léon XIII qui écrivait en 1899, dans l’encyclique « Annum sacrum », par laquelle il prescrivit pour toute l’Eglise la récitation de l’acte de consécration du genre humain au Sacré-Cœur, dont le texte doit désormais être repris en cette fête du Christ Roi (cf. > ici) :

    »A l’époque où l’Eglise, toute proche encore de ses origines, était accablée sous le joug des Césars, un jeune empereur aperçut dans le ciel une croix qui annonçait et qui préparait une magnifique et prochaine victoire. Aujourd’hui, voici qu’un autre emblème béni et divin s’offre à nos yeux. C’est le Cœur très sacré de Jésus, sur lequel se dresse la Croix et qui brille d’un magnifique éclat au milieu des flammes. En lui nous devons placer toutes nos espérances ; nous devons lui demander et attendre de lui le salut des hommes. »

   Aussi, malgré la tristesse des temps dans lesquels nous vivons, nos cœurs sont-ils soulevés par une joyeuse espérance en nous souvenant des paroles de Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même à Sainte Marguerite-Marie : « Ne crains rien, Je règnerai malgré Mes ennemis et tous ceux qui voudront s’y opposer. [...] Il règnera ce divin Cœur, malgré ceux qui voudront s’y opposer. Satan demeurera confus avec tous ses adhérents » !

Lully.                 

nika Christ-Roi dans Lectures & relectures

2012-69. « Dieu vivra, Il régnera pleinement et éternellement… »

Dernier dimanche d’octobre.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

Au dernier dimanche du mois d’octobre - selon le calendrier liturgique traditionnel – nous célébrons la fête du Christ Roi.

J’insiste toujours sur la date normale à laquelle cette célébration doit avoir lieu et sur le sens que revêt cette date : le dernier dimanche d’octobre faisant comme une sorte de préparation à la fête de tous les Saints.

Frère Maximilien-Marie s’est déjà exprimé au sujet du déplacement de sens signifié et matérialisé par le déplacement de date de cette célébration dans le calendrier imposé par la réforme de 1969 : je ne vais pas réécrire ici ce qu’il a synthétisé dans le texte intitulé « De la Royauté du Christ à la gloire de ses élus », mais je vous engage à le relire (cf. > ici) parce que ce qu’il met en évidence me semble capital et explique bien des choses.
Je ne vais pas non plus répéter ce que Monsieur l’Abbé Vannier a magnifiquement exprimé dans le sermon qu’il avait prononcé l’année dernière et que j’ai publié > ici.

Je vous encourage cependant à relire et surtout méditer avant dimanche l’acte de consécration du genre humain au Sacré-Coeur du Christ-Roi (cf. > ici) : il convient de s’en nourrir, d’en faire l’objet d’une prière personnelle fervente dès avant la fête, afin que  justement, dimanche prochain lorsqu’il sera publiquement et solennellement lu devant le Très Saint-Sacrement exposé, vos coeurs soient mieux et davantage unis aux paroles et à l’esprit de la Sainte Eglise.

D’autre part, en cette année du sixième centenaire de la naissance de Sainte Jeanne d’Arc, les Français peuvent et doivent se souvenir avec une ferveur particulière de la très officielle donation du Royaume de France au Christ, Roi des rois et Seigneur des seigneurs, accomplie par le Roi Charles VII à l’instigation de la Pucelle.

2012-69.

Dans la basilique nationale du Bois-Chenu, à Donremy, la mosaïque de l’abside de la chapelle sud du transept, reproduite ci-dessus, célèbre cette donation et porte pour légende : « Messire Dieu vray Roy de France de qui Charles a reçu commende », rappelant que le pouvoir des rois, des hommes d’état, de tous ceux qui exercent un rôle dans la cité terrestre ne leur appartient pas mais leur est délégué par Dieu au service de l’ordre voulu par le Créateur et, à la fin de toute chose, au service du salut éternel de ceux sur qui ils ont reçu autorité.

Si Notre-Seigneur Jésus-Christ a enseigné à ses disciples à distinguer ce qui est de Dieu et ce qui est de César, afin de rendre à César en toute justice ce qui lui est dû, il n’a pour autant pas affranchi César de l’autorité de Dieu : comme tout un chacun, César doit en toute justice rendre à Dieu ce qui Lui est dû

Malheureusement, nombre de chrétiens aujourd’hui, nombre d’ecclésiastiques et de pasteurs d’âmes n’osent plus affirmer la Royauté Sociale de Notre-Seigneur Jésus-Christ telle qu’elle a été  solennellement définie par Pie XI dans l’encyclique « Quas primas » (on peut relire cette encyclique > ici).
Le sel s’est affadi : la charité apostolique et le zèle pour le salut des âmes se sont refroidis par l’effet des hérésies modernistes.

Dans nos sociétés occidentales – jadis chrétiennes – le laïcisme se fait plus agressif, le sectarisme maçonnique devient toujours plus arrogant, l’intégrisme antichrétien est de jour en jour plus virulent, l’indifférentisme gagne du terrain, la saine formation intellectuelle et philosophique est en faillite et fait le lit des théories les plus opposées au bon sens et à la nature, l’erreur et les fausses religions sont favorisées par les pouvoirs publics…

Aussi, pour nourrir notre espérance surnaturelle et nous permettre en même temps de garder un sain recul par rapport à une actualité source de beaucoup d’inquiétudes, me semble-t-il judicieux de vous retranscrire ici un texte du grand cardinal Edouard Pie, évêque de Poitiers, vaillant défenseur des droits de Dieu et de Son Eglise, champion de la doctrine de la Royauté du Christ :

« (…) A mesure que le monde approchera de son terme, les méchants et les séducteurs auront de plus en plus l’avantage : Mali autem et seductores proficient in pejus (2 Tim. III, 13 : « les hommes méchants et séducteurs s’enfonceront toujours plus dans le mal »). On ne trouvera quasi plus la foi sur la terre (Luc XVIII, 8), c’est-à-dire, elle aura presque complètement disparu de toutes les institutions terrestres. Les croyants eux-mêmes oseront à peine faire une profession publique et sociale de leurs croyances. La scission, la séparation, le divorce des sociétés avec Dieu, qui est donné par saint Paul comme un signe précurseur de la fin : nisi venerit discessio primum (2 Thess. II,3 : « …avant que ne soit venue la séparation » – souvent traduit par « l’apostasie »), ira se consommant de jour en jour.
L’Eglise, société sans doute toujours visible, sera de plus en plus ramenée à des proportions simplement individuelles et domestiques. Elle qui disait à ses débuts : « Le lieu m’est étroit, faites-moi de l’espace où je puisse habiter : Angustus est mihi locus, fac spatium mihi ut habitem » (Is. XLIX, 20), elle se verra disputer le terrain pied à pied ; elle sera cernée, resserrée de toutes parts ; autant les siècles l’ont fait grande, autant on s’appliquera à la restreindre. Enfin il y aura pour l’Eglise de la terre comme une véritable défaite : « Il sera donné à la Bête de faire la guerre avec les saints et de les vaincre » (Apoc. XIII, 7). L’insolence du mal sera à son comble.

Or, dans cette extrémité des choses, dans cet état désespéré, sur ce globe livré au triomphe du mal et qui sera bientôt envahi par la flamme (2 Petr. III, 10-11), que devront faire encore tous les vrais chrétiens, tous les bons, tous les saints, tous les hommes de foi et de courage?
S’acharnant à une impossibilité plus palpable que jamais, ils diront avec un redoublement d’énergie, et par l’ardeur de leurs prières, et par l’activité de leurs oeuvres, et par l’intrépidité de leurs luttes : ô Dieu, ô notre Père qui êtes dans les cieux, que votre Nom soit sanctifié sur la terre comme au ciel, que votre Règne arrive sur la terre comme au ciel : sicut in caelo et in terra! Sur la terre comme au ciel…!
Ils murmureront encore ces mots, et la terre se dérobera sous leurs pieds. Et comme autrefois, à la suite d’un épouvantable désastre, on vit le sénat de Rome et tous les ordres de l’Etat s’avancer à la rencontre du consul vaincu, et le féliciter de ce qu’il n’avait pas désespéré de la république ; ainsi le sénat des cieux, tous les choeurs des anges, tous les ordres des bienheureux viendront au-devant des généreux athlètes qui auront soutenu le combat jusqu’au bout, espérant contre l’espérance même : contra spem in spe (Rom. IV, 18).
Et alors, cet idéal impossible, que tous les élus de tous les siècles avaient obstinément poursuivi, deviendra enfin une réalité. Dans ce second et dernière avènement, le Fils remettra le royaume de ce monde à Dieu Son Père ; la puissance du mal aura été évacuée à jamais au fond des abîmes (1 Cor. XV, 24) ; tout ce qui n’aura pas voulu s’assimiler, s’incorporer à Dieu par Jésus-Christ, par la foi, par l’amour, par l’observation de la loi, sera relégué dans le cloaque des immondices éternelles. Et Dieu vivra, et il régnera pleinement et éternellement, non seulement dans l’unité de Sa Nature et la société des Trois Personnes divines,, mais dans la plénitude du corps mystique de Son Fils Incarné, et dans la communion de Ses saints (Eph. IV, 12). » (*)

A vous tous, chers Amis, bonne, fervente et sainte fête du Christ-Roi!

Lully.

 cardinal Pie dans De liturgia

(*) Conclusion du discours prononcé le 8 novembre 1859 dans l’église cathédrale de Nantes à l’occasion de la réception des reliques de Saint Emilien – in « Oeuvres de Monseigneur l’Evêque de Poitiers », tome III, pp. 526-528. 

2012-68. Le goût de l’aliment éternel…

Lundi 22 octobre 2012.

        »Je voudrais, mesdames et messieurs, que ces quelques paroles soient… ce serait prétentieux de dire : une nourriture pour vous – mais enfin, je voudrais qu’elles ne soient pas uniquement des mots.
Je conclurai sur une petite histoire – que j’ai dite ailleurs, mais que je n’ai pas dite ici – une histoire vraie. Si vous voyagez dans le département de la Drôme, près de chez moi, vous verrez des panneaux publicitaires vous incitant à consommer le « pintadeau de la Drôme ». Je vous dirai de vous méfier un peu… Bon. On donne à ces pintades une nourriture bizarre, parfaitement moulue et spécialement appâtée pour qu’elles mangent sans faim et, passez-moi ce jeu de mots : sans fin. Or, pendant le gros hiver que nous avons eu il y a trois ans – vous vous souvenez, tous les journaux ne parlaient plus que de la neige sur la Provence, c’était courtelinesque, on ne pouvait plus bouger (*) ; plus d’électricité, plus de chauffage, plus de routes, une vraie catastrophe (c’est ça la technique : quand elle vient à manquer, on est complètement impuissants!) -, la nourriture des pintades, habituellement acheminée par camions spéciaux, n’arrivait plus. Les pauvres bêtes commençaient à claquer sérieusement du bec. Alors des paysans voisins, qui élevaient encore leurs volailles d’une façon archaïque, avec le blé, l’orge, le maïs de leur récolte, ont proposé à leurs collègues modernisés de les dépanner… Mais le plus beau de l’histoire, c’est que les pintades n’ont pas voulu de ce bon grain, tant elles étaient habituées à manger tout moulu, ces demoiselles, eh oui! elles sont mortes de faim…
Belle image, n’est-ce pas? On devrait inscrire ces pintades, au martyrologe d’un certain progrès – elles sont mortes pour attester les fameux slogans « qu’on n’arrête pas le progrès » et « qu’on ne revient pas en arrière » – oui, c’est tout de même un témoignage! Un témoignage inquiétant pour l’homme qui, intoxiqué par tant d’idées faciles et empoisonnées, perd peu à peu le goût de l’aliment éternel, et risque un jour ou l’autre de mourir de faim devant la seule vraie nourriture. »

(*) Note du Maître-Chat : il s’agissait des chutes de neige des derniers jours de décembre 1970 qui paralysèrent totalement le trafic dans la vallée du Rhône. Gustave Thibon s’est servi de cet exemple au cours d’une conférence qu’il donna le 27 mars 1973 à Waremme, en Belgique.

* * * * * * *

       Pour tous ceux qui ont eu la chance, ou plus exactement la grâce – la très grande grâce ! -, d’approcher Gustave Thibon, de converser avec lui – ne serait-ce que quelques courts instants – , de l’entendre en conférence, il n’est pas difficile en lisant ce paragraphe, d’avoir en même temps dans l’oreille ses intonations, son accent, les nuances discrètement malicieuses que pouvait parfois revêtir son expression rocailleuse ; il n’est pas difficile non plus, à cette lecture, de  le « revoir », de revoir ses mimiques, son œil pétillant, sa gestuelle… etc.
Car c’est un Thibon en quelque sorte vivant que ceux qui l’ont connu peuvent retrouver, et que même ceux qui ne l’ont pas connu peuvent comme rencontrer à travers une lecture dans laquelle je ne puis que vous inviter à vous plonger… 

   Ce paragraphe, en effet, je l’ai extrait de l’excellent ouvrage intitulé « Les hommes de l’éternel », sous-titré « conférences au grand public (1940 – 1985) établies et présentées par Françoise Chauvin », qui est arrivé dans les librairies au printemps de cette année 2012 (il est publié chez Mame).

   Est-il besoin de le dire?
Après « Aux ailes de la lettre » (2006) et « Parodies et Mirages ou la décadence d’un monde chrétien – Notes inédites » (2011), le texte inédit des vingt conférences que Françoise Chauvin a pu – au terme d’un long et minutieux travail (qu’elle explique dans son avant-propos) – nous restituer dans cet ouvrage, constitue un véritable trésor

   En quatrième de couverture nous trouvons ces quelques phrases qui nous ravissent :

« Gustave Thibon a donné d’innombrables conférences durant près d’un demi-siècle. S’adressant au grand public, il avait ce don de faire partager à tous non pas les mêmes vérités à la même profondeur, mais les mêmes vérités à des étages divers, des « lieux communs » jusqu’à « la porte infranchissable » afin que chacun pût à son niveau en être éclairé et nourri car « l’évidence la plus commune, si elle pénètre le fond de l’âme, se transforme en révélation inépuisable ».
Ses paroles nous donnent le courage de suivre son ultime recommandation : « Je ne veux pas vous amener à penser dans le même sens que moi, mais à penser vous-mêmes, dans votre sens propre »

   En effet, il n’existe pas, il ne peut pas exister de « thibonistes » ou de « thiboniens », alors qu’on peut par ailleurs parler de thomistes, de kantiens, de marxistes ou de maurrassiens…
Parce que Gustave Thibon n’enferme en aucune manière ses lecteurs dans sa propre pensée, et s’il a des « disciples » ceux-ci ne peuvent jamais rester dans une ornière qu’il aurait imprimée à la surface du chemin de sagesse qu’il a suivi.
L’originalité de Thibon consiste justement dans cette façon unique qu’il a de permettre le développement de l’intelligence, la maturation de la réflexion spirituelle et d’aiguiser le regard intérieur d’un lecteur qu’il propulse – suaviter ac fortiter – dans des sphères qui le révèlent à lui-même et lui permettent de progresser vers sa propre et unique plénitude.

   On ne résume pas la pensée de Thibon : elle est universelle !
Aussi n’y a-t-il rien de mieux que de la goûter, de la manière dont les grands connaisseurs goûtent un grand cru ; aussi n’y a-t-il rien de mieux que de la savourer, avec la délicate lenteur des plus fins gourmets.

   Françoise Chauvin a mis en exergue de l’ouvrage ces autres lignes de Gustave Thibon d’où elle a tiré le titre donné à l’ouvrage :
« Entre les conservateurs qui barrent l’avenir et les progressistes qui renient le passé, nous devons être avant tout les hommes de l’éternel, les hommes qui renouvellent, par une fidélité éveillée et agissante, toujours remise en question et toujours renaissante, ce qu’il y avait de meilleur dans le passé. »


2012-68. Le goût de l'aliment éternel... dans Annonces & Nouvelles les-hommes-de-leternel-gustave-thibon

   Faut-il préciser que, en notre Mesnil-Marie, cette publication posthume de notre cher Gustave Thibon nous enchante et qu’elle nous procure d’immenses joies spirituelles? En vérité, dans cette lecture, nous développons ce « goût de l’aliment éternel » que nous ne voulons pas perdre ainsi que le font malheureusement tant de pauvres pintades humaines qui, près de quarante ans après la conférence où Gustave Thibon en dénonçait le risque imminent, « (meurent) de faim devant la seule vrai nourriture ».

Lully.

* * * * * * *

Nos autres publications consacrées à Gustave Thibon dans les pages de ce blogue :
- In memorian Gustave Thibon (pour le 7ème anniversaire de sa mort) > ici
- Gustave Thibon, dix ans déjà > ici
- le texte intitulé « Eloignement et connaissance » > ici
- le texte qu’il publia à l’occasion du
centenaire de l’apparition de Notre-Dame de La Salette > ici

2012-67. Le Sacré-Cœur de Jésus, deux mille ans de miséricorde.

Au Refuge Notre-Dame de Compassion, nous sommes particulièrement attachés au culte du Sacré-Cœur de Jésus et nous ne cessons d’encourager à en approfondir l’esprit, et à vivre en vérité cette dévotion.
Voilà pourquoi nous ne pouvons que recommander instamment et engager nos amis à se procurer (et bien sûr à lire et à méditer) l’excellent ouvrage, résultat de travaux aussi pieux que savants, intitulé :

Le Sacré-Cœur de Jésus,

Deux mille ans de miséricorde

* * * * * * * *

Cet ouvrage est une véritable somme : il représente des heures et des heures d’un patient travail, inspiré par l’amour et la reconnaissance envers le divin Cœur de notre Rédempteur.

2012-67. Le Sacré-Cœur de Jésus, deux mille ans de miséricorde. dans Chronique de Lully jean-claude-prieto-de-acha-le-sacre-coeur-de-jesus

Je ne peux faire mieux que de citer un extrait de l’introduction de ce livre remarquable :

« A l’occasion de recherches entreprises pour mieux comprendre l’origine et le développement de la dévotion rendue au Sacré-Cœur, nous avons été frappé par l’immense travail théologique et historique accompli sur ce sujet depuis bientôt deux siècles par de nombreux religieux (essentiellement Jésuites) et ecclésiastiques – le premier théologien à s’être penché sur cette question étant reconnu pour être le Père Jean Perrone S.J. (1794-1846), dans son ouvrage « De Verbo incarnato ».

Mais il manquait, nous a-t-il semblé, une vue d’ensemble, qui aurait permis de mieux situer la formidable percée de cette dévotion dans l’histoire de notre pays – qui en a été le berceau – et dans l’histoire de l’Eglise – qui en est aujourd’hui son plus fidèle soutien. Une frise chronologique en quelque sorte, comparable à celles que l’on peut dérouler de nos jours grâce aux encyclopédies informatisées, et sur laquelle le lecteur aurait eu la possibilité de consulter en parallèle non seulement l’ensemble des événements essentiels qui ont forgé le ciment de ce culte, mais également les étapes les plus marquantes de l’histoire de la France et de l’Eglise.

C’est cette lacune que nous avons souhaité combler.

En nous attaquant à cette entreprise, nous nous sommes rapidement heurté à deux difficultés :

La première concerne essentiellement le premier millénaire, mais aussi la première moitié du second. Les dates des événements relatifs à l’histoire de la chrétienté en France et dans le monde pour cette période sont peu ou pas connues, et prêtent souvent à discussion. Seuls peuvent être mis en valeur les hommes et les femmes eux-mêmes qui ont œuvré pour répandre la Bonne Nouvelle, sans qu’il soit toujours possible de situer avec précision les moments clés de leur vie.

La deuxième difficulté concerne la deuxième moitié de ce deuxième millénaire. A l’opposé du premier, il y a là abondance de faits, d’événements datés avec précision, et cette abondance aurait pu nuire à la clarté de l’ensemble. Il a fallu choisir, opérer un tri. Hormis les dates clés concernant la dévotion au Sacré-Cœur pour lesquelles nous avons visé l’exhaustivité, nous avons donc placé ici les repères qui nous semblaient être les plus importants ou les plus caractéristiques de l’histoire politique et religieuse de la France, espérant en cela offrir une vision la plus globale possible de l’enracinement et de l’expansion de cette dévotion.

Compte tenu de ce qui précède, nous avons opté pour une division de cet ouvrage en deux parties principales :

- La première couvre le premier millénaire, et la première moitié du second, les auteurs qui se sont tournés vers le Cœur de Jésus étant regroupés, autant que faire se peut, par famille religieuse, accompagnés de courts extraits de leurs œuvres. Il était impossible ici de les citer tous, mais les noms que nous avons retenus donneront un aperçu assez large du regard porté vers le divin Cœur au cours de ces premiers siècles. Nous avons prolongé cette première partie jusqu’à nos jours, sous la forme d’un résumé qui prépare à la lecture du chapitre suivant.

- La seconde partie commence à l’an mille, et se présente sous la forme d’une chronologie qui permet de situer tous les événements et textes essentiels relatifs à la dévotion, et ceci jusqu’en ce début de XXIe siècle. Pour ne pas faire doublon avec la première partie, seuls les auteurs les plus importants ou les plus connus ont été mentionnés ici concernant la période 1000-1700. Par ailleurs, les évènements qui auraient alourdi inutilement cette chronologie ont été placés en plusieurs « Annexes », selon le thème abordé : l’histoire de la Compagnie de Jésus, de Port-Royal, les événements relatifs à la Révolution française, etc. »

coeurdejsuscopie Jean-Claude Prieto de Acha dans Lectures & relectures

« Le Sacré-Cœur de Jésus, deux mille ans de miséricorde »
par Jean-Claude Prieto de Acha

Format 21 x 29,7 – 460 pages – 45 € (+ port)
Editions Téqui, le Roc saint-Michel – 53150 Saint-Céneré.

Pour commander en ligne > ici

2012-66. « Je veux que tu me serves d’instrument pour attirer des coeurs à Mon Amour ».

17 octobre,
Fête de Sainte Marguerite-Marie.

   Dès les commencements de ce modeste blogue, j’avais eu l’occasion d’évoquer la figure de Sainte Marguerite-Marie et de dire quelques mots sur l’importance qu’a pour nous cette très grande mystique ainsi que le Message dont elle dut se faire l’ambassadrice pour toute la Sainte Eglise (cf. > ici).

   Dans l’une de ces petites B.D. sans prétention qu’avait jadis réalisée Frère Maximilien-Marie, il avait résumé ce Message en quelques dessins et phrases brèves.
Je la publie aujourd’hui parce que – en sus d’être au jour de la fête de Sainte Marguerite-Marie - elle me paraît, en outre, particulièrement adaptée aux nécessités de l’Eglise et du monde qui ont tant besoin de découvrir toujours plus profondément l’unique Rédempteur : Notre-Seigneur Jésus-Christ, « qui a tant aimé les hommes, qu’Il n’a rien épargné jusqu’à S’épuiser et Se consumer pour leur témoigner Son amour … »

   Car il est urgent de faire mieux connaître et mieux aimer le divin Coeur de Jésus pour mieux répondre à Ses appels à l’Amour : ce n’est pas quelque chose de nouveau, c’est l’essence même de la Révélation transmise par la Tradition qu’il est urgent d’annoncer à nouveau ; c’est un renouveau de ferveur missionnaire qu’il faut insuffler dans l’Eglise, c’est un renouveau de zèle pour le salut et la sanctification des âmes qu’il est nécessaire et urgent de ressusciter, parce que « la charité du monde s’est refroidie »

Lully.                       

2012-66.

je-veux-que-tu-me-serves-dinstrument-page-2 17 octobre dans Chronique de Lully

sacrec15 amour divin dans De liturgia

Voir aussi :
- Promesses du Sacré-Coeur en faveur de ceux qui pratiqueront cette dévotion > ici
- Salutations au Sacré-Coeur composées par Sainte Marguerite-Marie > ici

2012-65. Réflexions et citations sans ordre autour d’un anniversaire :

Contribution féline
à la célébration du cinquantième anniversaire
du second concile du Vatican (quatrième partie).

Lundi 15 octobre 2012,
Fête de Sainte Thérèse d’Avila.

2012-65. Réflexions et citations sans ordre autour d'un anniversaire : dans Commentaires d'actualité & humeurs pattes-de-chat-frise-300x81

De Jean XXIII :

- Qui fut en réalité celui pour lequel une espèce de moderne légende dorée veut à tout prix imposer l’image du « bon Pape Jean »?

- Et d’abord : jusqu’au pontificat du vénérable Pie XII, certains très sérieux ouvrages d’histoire de l’Eglise plaçaient Baldassare Cossa, élu au souverain pontificat par le concile de Pise sous le nom de Jean XXIII (1410 – 1415), dans la liste des vrais Papes.
L’élection d’Angelo Giuseppe Roncalli - qui reprit le même nom en 1958 – fit (définitivement?) basculer le pauvre cardinal Cossa dans la liste des antipapes, bien que quelques voix érudites eussent suggéré de prendre le numéro XXIV…
Je note au passage une curiosité : il n’y a pas de Jean XVI dans la liste officielle actuelle des Pontifes Romains.
Pas de Jean XVI, deux Jean XXIII : l’histoire de la papauté est pleine de choses étonnantes, décidément!

- Janus bifrons?
Le Pape Roncalli demeure quoi qu’on en dise une énigme.

Fut-il vraiment un Pontife bonhomme et simple? Ne s’est-il pas montré en plus d’une circonstance redoutablement habile et calculateur?
Etait-il un « homme d’audace et de modernité », comme certains se plaisent à le présenter, ou était-il un étonnant conservateur, comme pourraient le laisser penser son attachement aux antiques pompes liturgiques romaines et les prélats de curie qu’il plaça aux postes clefs du gouvernement de l’Eglise?
Plus je l’étudie, plus les fioretti et la dévotion populaire me semblent une façade en trompe l’oeil…
… plaquée sur la figure d’un singulier matois? ou sur celle d’un imprudent aux frontières de l’irresponsabilité?
Janus bifrons?

- Récit hagiographique officiel : une soudaine et irrépressible inspiration survenue le 25 janvier 1959 – et qui aurait surpris Jean XXIII lui-même – le poussant à convoquer le vingt-et-unième concile oecuménique.
Faux!

Des historiens ont produit les témoignages irréfragables de certains de ses collaborateurs attestant que le dit Pontife avait examiné la question avec eux plusieurs semaines auparavant.

pattes-de-chat-frise-300x81 anniversaire dans Lectures & relectures

De Paul VI :

- Homélie du 29 juin 1972 pour la solennité des Saints Apôtres Pierre et Paul :
« Si credeva che dopo il Concilio sarebbe venuta una giornata di sole per la storia della Chiesa. È venuta invece una giornata di nuvole, di tempesta, di buio, di ricerca, di incertezza. - On croyait qu’après le Concile serait venue une journée de soleil pour l’histoire de l’Eglise. C’est au contraire une journée de nuages, de tempête, d’obscurité, de recherche, d’incertitude, qui est venue. » (cf. > www).

pattes-de-chat-frise-300x81 Bugnini

Des faits !

- L’histoire de ce concile reste à écrire (cf. > www).

- Je me méfierai également des hagiographes et de ceux qui noircissent à outrance.

- Les faits! Les faits!

- Qu’on me donne avec la plus grande objectivité l’histoire des luttes d’ombre et de lumière, l’histoire des intérêts politiques et spirituels mêlés, l’histoire des conflits et des convergences qui sous-tend en réseaux entrecroisés le second concile du Vatican.
Qu’on ne taise pas « l’accord de Metz » (cf. > www) et qu’on ne passe pas non plus sous silence l’inespéré sursaut d’autorité du lundi 16 novembre 1964, véritable preuve d’une assistance de l’Esprit-Saint, par lequel Paul VI – à l’encontre peut-être de ses convictions personnelles (n’était-il pas, par éducation et par conviction un adepte des théories de la démocratie chrétienne?) – fit insérer la « nota praevia » à la constitution dogmatique Lumen gentium avant son adoption définitive par l’assemblée conciliaire!

- Et je me souviendrai qu’une chose est l’histoire, autre chose est le Magistère. 

pattes-de-chat-frise-300x81 célébrations

De Charles de Gaulle :

- Un de mes bons amis, me communique ce témoignage de Son Excellence Monseigneur Georges Gilson, archevêque émérite de Sens-Auxerre : l’anecdote se situe à la fin de l’été 1968 alors qu’il était le secrétaire particulier de Monseigneur François Marty, archevêque de Paris (il ne sera élevé à la pourpre romaine que l’année suivante).
Le général (de brigade à titre temporaire) Charles de Gaulle eut cette remarque à l’adresse de Son Excellence : «Le concile de Vatican II, l’événement le plus important de ce siècle, car on ne change pas la prière d’un milliard d’hommes sans toucher à l’équilibre de toute la planète» (cf. > www).
Comment ne pas y voir, en définitive, une singulière lucidité (celle qui fit défaut à nombre d’ecclésiastiques?)!
Cette réflexion en entraîne beaucoup d’autres et pourrait susciter de nombreux commentaires…

pattes-de-chat-frise-300x81 Charles de Gaulle

Du recul donné par l’histoire de l’Eglise :

- Je révise avec un certain plaisir l’histoire de la papauté aux IXe et Xe siècles.
Cela permet de relativiser pas mal de choses en voyant tous ces Papes (des Papes légitimes, faut-il le préciser?) qui s’emprisonnent mutuellement, s’étranglent entre eux, jugent les cadavres de leurs prédécesseurs et établissent à Rome ce que l’on a appelé avec raison la pornocratie (le palais pontifical du Latran étant transformé en théâtre d’orgies et les « filles » payées avec les vases sacrés) …etc.

- Comme le disait si joliment Saint François de Sales : « Partout où il y a de l’homme, il y a de l’hommerie ».

- Cela n’enlève rien au caractère divin de la Sainte Eglise.

- On raconte que, dans un de ses accès de colère, l’ignoble Buonaparte s’écria devant le cardinal Ercole Consalvi : « Votre Eglise, je la détruirai! » Et le porporato de répondre : « Vous n’y parviendrez pas : voilà dix-neuf siècles que nous autres hommes d’Eglise n’y sommes pas parvenus… »
Alors – aussi imparfait soit-il, aussi ambigu soit-il, aussi déformé soit-il dans son application, aussi récupéré soit-il par les ennemis de l’Eglise (à l’extérieur comme en son propre sein), et autant de dégâts qu’il ait fait et qu’il fasse en conséquence de cela – , un concile pourrait-il la détruire?

- Sans nul doute est-il préférable et souhaitable que les hommes d’Eglise soient des saints, mais, quand ils ne le sont pas (et loin s’en faut que tous le soient), j’en viens à préférer qu’ils se comportent mal dans leurs moeurs et ne perdent que leur propre âme, plutôt qu’ils laissent se propager l’erreur et l’hérésie qui égarent des multitudes d’âmes jusqu’à les faire tomber en enfer…

pattes-de-chat-frise-300x81 concile

Damnatio memoriae?

- Cette année 2012 est celle du centenaire de sa naissance (14 juin 1912), du quarantième anniversaire de sa consécration épiscopale (6 janvier 1972), du trentième anniversaire de sa mort (3 juillet 1982), et pourtant, en marge du cinquantenaire du concile Vatican II,  je n’ai entendu personne célébrer ni même rappeler sa mémoire, alors qu’il fut l’une des plus emblématiques figures de la réforme liturgique qui en est issue!!!

- Son nom? Annibale Bugnini

pattes-de-chat-frise-300x81 crise de l'Eglise
De quelques célébrations :

- Plusieurs diocèses ont voulu marquer l’anniversaire du concile par des rassemblements et des célébrations.

- Leur zèle tapageur pour « Vatican II » est-il pur?
Ferveur de véritables fils de l’Eglise ou espèce d’auto-justification?
En réalité, n’y aurait-il pas dans cette façon d’en marquer l’anniversaire une volonté plus ou moins consciente de masquer l’aveu de leurs désillusions, voire aussi une forme de protestation contre un pontificat jugé « rétrograde » et contre toute tentative de « restauration »?
Est-ce bien le concile qu’ils célèbrent, ou bien ce qu’ils en ont fait : les désobéissances et les déformations dont ils ont été les promoteurs sous le prétexte de sa mise en oeuvre? 
Est-ce le concile qu’ils célèbrent ou son détournement? 

- N’y a-t-il pas quelque cruelle ironie à voir une majorité de vieillards « célébrer le renouveau et le dynamisme de l’Eglise » quand leurs paroisses sont désertifiées, leurs séminaires vides, leurs anciennes congrégations mourantes, leur nombre de prêtres en chute libre, leurs effectifs d’enfants baptisés et catéchisés réduits comme peau de chagrin …etc.?
Inconscience ou aveuglement volontaire?

- Pourquoi cela m’évoque-t-il l’image d’un troupeau de dindes manifestant bruyamment pour protester contre toutes les suggestions de modification du menu traditionnel de Noël?

pattes-de-chat-frise-300x81 Jean XXIII

- Dieu ne met aucune hâte à faire les choses.
Contrairement aux hommes.
Des hommes se sont hâtés de « réformer » ce que l’on croyait immuable. Ce qu’ils ont entrepris semble davantage faire écho à la parole que Notre-Seigneur adressait à Judas : « Ce que tu as à faire, fais-le vite! », plutôt qu’aux exigences de la vertu cardinale de prudence.

- Il n’a fallu que quelques secondes à Adam et Eve pour précipiter l’humanité dans le péché.
Dieu tout-puissant, Lui, a mis « plus de quatre mille ans » – selon l’expression du vieux cantique de Noël – pour réparer (et encore, pas en remettant les choses dans leur état originel) cette faute dont les conséquences perdureront pourtant encore jusqu’à la consommation des siècles.
Pourquoi Dieu a-t-il permis le péché?
Pourquoi Dieu a-t-il tellement tardé à vaincre le péché, puisque pendant ces millénaires les âmes, privées de Sa grâce, étaient encore plus exposées au danger de l’éternelle perdition?
Pourquoi la Rédemption opérée par Son Fils incarné a-t-elle dû se réaliser à travers la trahison et la damnation de l’un de Ses Apôtres dont la vocation n’était pas moindre en dignité que celle de Saint Pierre ou de Saint Jean?
Pourquoi Dieu a-t-il permis qu’un concile devienne « 1789 dans l’Eglise » et soit suivi d’une telle crise?
A vouloir tout comprendre et tout expliquer ne tente-t-on pas de juger l’infinie Sagesse de Dieu selon l’étroitesse de nos vues humaines?

- Il ne m’appartient pas de dire si le Pape a vraiment la foi et en quels degrés, mais il m’appartient de garder moi-même la foi et de me sanctifier dans la foi.

- Jésus a promis à Pierre que les portes de l’enfer ne prévaudraient point contre Son Eglise (cf. Matth. XVI, 18), mais Il ne lui a pas promis qu’elle serait exempte de combats douloureux comparables à des agonies, de blessures – et même de blessures graves – , ni même de mort apparente…

- Dieu sait bien que « la contre-révolution n’est pas une révolution contraire mais le contraire de la révolution » (Joseph de Maistre) ; la manière qu’Il a de réparer les bêtises des hommes participe de Son Etre éternel, de Sa Sagesse éternelle, de Sa Justice éternelle, de Sa Miséricorde éternelle…

- Je l’ai déjà écrit (cf. > www) : j’ai l’intime conviction que le présent Pontificat ne fait que poser les tout premiers jalons de lecture et d’interprétation authentiques du second concile du Vatican.
Il faudra encore du temps, beaucoup de temps : expectans expectavi… (Psalm. XXXIX, 2).

lully-signature mystère

2012-64. Dernière lettre de Sa Majesté la Reine Marie-Antoinette.

écrite à l’intention de sa belle-sœur,
Madame Elisabeth,

et souvent appelée « Testament de la Reine ».

2012-64. Dernière lettre de Sa Majesté la Reine Marie-Antoinette. dans Chronique de Lully s.m.la-reine-chapelle-expiatoire-paris-e1350279990666

Groupe sculpté représentant
S.M. la Reine Marie-Antoinette soutenue par la Religion
Paris –  Chapelle Expiatoire
Sur le socle est gravé le texte de cette dernière lettre, dite « testament de la Reine » 

lys-2 16 octobre dans Lectures & relectures

   J’avais déjà publié la photographie des dernières lignes écrites par Sa Majesté la Reine, sur la page de garde de son livre d’heures (cf. > ici), et j’avais alors rappelé de quelle manière cette infortunée Souveraine avait été assistée dans sa prison par la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich.
Voici aujourd’hui le texte complet de ce que l’on appelle improprement le « testament de la Reine », puisqu’il s’agit en réalité de sa dernière lettre, adressée à sa belle-soeur, Madame Elisabeth de France ; lettre qui ne sera bien évidemment jamais remise à sa destinataire.

lys-2 assassinat de la Reine dans Memento

le 16 Octobre 1793. 4h30 du matin.

   « C’est à vous, ma sœur, que j’écris pour la dernière fois : je viens d’être condamnée non pas à une mort honteuse, elle ne l’est que pour les criminels, mais à aller rejoindre votre frère, comme lui, innocente, j’espère montrer la même fermeté que lui dans ces derniers moments.

Je suis calme comme on l’est quand la conscience ne reproche rien ; j’ai un profond regret d’abandonner mes pauvres enfants ; vous savez que  je n’existais que pour eux et vous, ma bonne et tendre sœur. Vous qui avez, par votre amitié, tout sacrifié pour être avec nous, dans quelle position je vous laisse! J’ai appris, par le plaidoyer même du procès, que ma fille était séparée de vous. Hélas! la pauvre enfant, je n’ose pas lui écrire, elle ne recevrait pas ma lettre ; je ne sais même pas si celle-ci vous parviendra : recevez pour eux deux ici ma bénédiction. J’espère qu’un jour, lorsqu’ils seront plus grands, ils pourront se réunir avec vous, et jouir en entier de vos tendres soins.

Qu’ils pensent tous deux à ce que je n’ai cessé de leur inspirer : que les principes et l’exécution exacte de ses devoirs sont la première base de la vie ; que leur amitié et leur confiance mutuelle en feront le bonheur. Que ma fille sente qu’à l’âge qu’elle a elle doit toujours aider son frère par des conseils que l’expérience qu’elle aura de plus que lui et son amitié pourront lui inspirer ; que mon fils, à son tour, rende à sa sœur tous les soins, les services que l’amitié peut inspirer ; qu’ils sentent enfin tous deux que, dans quelque position où ils pourront se trouver, ils ne seront vraiment heureux que par leur union. Qu’ils prennent exemple de nous : combien, dans nos malheurs notre amitié nous a donné de consolation ; et dans le bonheur on jouit doublement, quand on peut le partager avec un ami ; et où en trouver de plus tendre, de plus cher que dans sa propre famille? Que mon fils n’oublie jamais, les derniers mots de son père, que je lui répète expressément : « qu’il ne cherche jamais à venger notre mort ».

J’ai à vous parler d’une chose bien pénible à mon cœur. Je sais combien cet enfant doit vous avoir fait de la peine ; pardonnez-lui, ma chère sœur ; pensez à l’âge qu’il a, et combien il est facile de faire dire à un enfant ce qu’on veut, et même ce qu’il ne comprend pas : un jour viendra, j’espère, où il ne sentira que mieux tout le prix de vos bontés et de votre tendresse pour tous deux. Il me reste à vous confier encore, mes dernières pensées ; J’aurais voulu les écrire dès le commencement du procès ; mais outre qu’on ne me laissait pas écrire, la marche en a été si rapide que je n’en aurais réellement pas eu le temps.

Je meurs dans la religion catholique, apostolique et romaine, dans celle de mes pères, dans celle où j’ai été élevée, et que j’ai toujours professée ; n’ayant aucune consolation spirituelle à attendre, ne sachant pas s’il existe encore ici des prêtres de cette religion, et même le lieu où je suis les exposerait trop, s’ils y entraient une fois, je demande sincèrement pardon à Dieu de toutes les fautes que j’ai pu commettre depuis que j’existe. J’espère que, dans sa bonté, Il voudra bien recevoir mes derniers vœux, ainsi que ceux que je fais depuis longtemps pour qu’Il veuille bien recevoir mon âme dans sa miséricorde et sa bonté. Je demande pardon à tous ceux que je connais, et à vous, ma sœur, en particulier, de toutes les peines que, sans le vouloir, j’aurais pu vous causer. Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu’ils m’ont fait. Je dis ici adieu à mes tantes et à tous mes frères et sœurs. J’avais des amis ; l’idée d’en être séparée pour jamais et leurs peines sont un des plus grands regrets que j’emporte en mourant ; qu’ils sachent, du moins, que, jusqu’à mon dernier moment, j’ai pensé à eux. Adieu, ma bonne et tendre sœur ; puisse cette lettre vous arriver! Pensez toujours à moi ; je vous embrasse de tout mon cœur, ainsi que ces pauvres et chers enfants : mon Dieu! qu’il est déchirant de les quitter pour toujours. Adieu, adieu, je ne vais plus m’occuper que de mes devoirs spirituels. Comme je ne suis pas libre dans mes actions, on m’amènera peut-être un prêtre ; mais je proteste ici que je ne lui dirai pas un mot, et que je le traiterai comme un être absolument étranger. »

Armes de Sa Majesté la Reine Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine

Voir aussi :
- « Du 16 octobre » > ici
- Oraison funèbre pour SM la Reine Marie-Antoinette > ici
- Premier texte du Rd Père Jean Charles-Roux sur la mort de la Reine > ici
- Requiem de Charles-Henri Plantade à la pieuse mémoire de la Reine Marie-Antoinette > ici
x

 

1...118119120121122...166

A tempo di Blog |
Cehl Meeah |
le monde selon Darwicha |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | mythologie
| jamaa
| iletaitunefoi