Archive pour la catégorie 'Lectures & relectures'

2008-59. Saint Raphaël, l’archange des guérisons divines.

1. Saint Raphaël dans la Sainte Ecriture
et dans la tradition biblique :

       Le nom porté par cet Archange signifie « Dieu guérit« : on sait que dans la tradition biblique, le nom exprime et représente la personnalité – l’être profond – de celui, qui le porte. C’est essentiellement par le livre de Tobie que nous connaissons cet ange qui se présentera lui-même comme « l’un des sept qui se tiennent devant le Seigneur« (1).

   Tobie est le nom d’un pieux israélite captif à Ninive.  Le livre de la Sainte Ecriture qui porte son nom nous raconte une histoire touchante, pleine de délicatesse et d’enseignements spirituels : dans sa première partie (chapitres I à III), il nous présente deux personnes justes et bonnes, Tobie et Sara, éprouvées par la souffrance ; une deuxième partie (IV à XII) nous montre comment Dieu, par le moyen de l’ange Raphaël, va leur venir en aide : Tobie sera guéri de sa cécité et Sara libérée du pouvoir d’un démon ; enfin la troisième partie (XIII & XIV) conclut l’ouvrage par le cantique d’action de grâces de Tobie et les perspectives de relèvement d’Israël.

   L’archange Saint Raphaël est un personnage clef dans cet ouvrage : ayant pris une apparence humaine et sous le nom d’emprunt d’Azarias, il se présente au jeune Tobie (en effet deux hommes portent le nom de Tobie : le père et le fils ont le même prénom ; pour des raisons de commodité nous en parlerons donc en précisant « Tobie l’ancien » pour l’un et « le jeune Tobie » pour l’autre) ; il lui propose de le conduire en Mêdie, où son père l’envoie pour recouvrer une dette.
Après avoir inspiré confiance à Tobie l’ancien, il guidera donc le jeune Tobie et lui prodiguera de judicieux conseils ; il l’invite à s’arrêter à Ecbatane, chez Raguël – un de ses parents – et à demander la main de Sara, fille de son hôte. Pour déjouer les maléfices du démon Asmodée, qui a déjà tué, avant même que le mariage soit consommé, les sept précédents maris de Sara, Raphaël enseigne à Tobie un moyen infaillible : il faut brûler le coeur et le foie d’un certain poisson que Tobie a capturé grâce à lui, et la fumée écartera tout esprit mauvais.
Après le mariage de Tobie, Raphaël continuera seul le voyage jusqu’en Mêdie et reviendra avec l’argent dû à Tobie l’ancien.
A leur retour à Ninive, toujours sur les instructions de l’ange, Tobie le jeune oint les yeux de son père avec le fiel du même poisson, ce qui lui rend la vue. Le miracle illumine le coeur du pieux vieillard qui chante alors les louanges de Dieu et la splendeur de la Jérusalem à venir. Puis Raphaël « retourne vers Celui qui l’a envoyé« 
(2).

   Le nom de cet ange n’apparaît pas ailleurs dans la Bible, mais on le trouve dans le Livre d’Hénoch (un apocryphe qui avait une grande audience chez les Juifs et – semble-t-il aussi – chez les premiers chrétiens puisque Saint Jude y fait allusion dans son épître au verset 14).

   Au temps de Notre-Seigneur, l’ange de la piscine probatique venait agiter l’eau à certains jours et le premier malade qui descendait dans la piscine après cette agitation mystérieuse était toujours guéri (3). Cet Ange, croit-on, était Saint Raphaël et c’est la raison pour laquelle l’Eglise a choisi ce récit évangélique pour la Messe propre de la fête de l’archange, le 24 octobre.

(1) Tobie XII,15.
(2) Tobie XII,20.
(3) Jean, V,4.

2. L’Archange Saint Raphaël dans la tradition chrétienne :

       L’archange Saint Raphaël est souvent considéré comme appartenant à l’ordre des séraphins. Il est aussi considéré par un certain nombres d’auteurs spirituels comme le chef des anges gardiens, et aussi comme l’ange de la Providence qui veille sur toute l’humanité.

   On le représente habituellement avec un bâton, des sandales, une gourde et une besace retenue par une bandoulière autour de son épaule : il marche en compagnie d’un jeune homme, le jeune Tobie, et de son chien ; c’est tout naturellement qu’on l’invoque comme le céleste protecteur des voyageurs et des pèlerins : et pas seulement ceux qui sont en déplacement physique mais  aussi de ceux dont la démarche intérieure est en quête de Dieu.

Saint Raphaël peint par Verrocchio

   On le prie bien évidemment pour la guérison des malades, pour être délivré des vexations diaboliques et pour être préservé de la cécité, aussi bien physique que spirituelle.

   Le culte de saint Raphaël Archange existe dans l’Eglise depuis les premiers siècles et il s’intensifia à la suite d’interventions jugées miraculeuses. En voici un exemple : Saint Magnus, évêque d’Héraclée, fuyant les barbares  à travers les lagunes, eut une apparition de Saint Raphaël qui lui promit sa protection mais lui demanda « en échange » d’ériger une église dans un lieu qui devint plus tard un quartier de Venise nommé Dorso duro, et le saint Archange fut depuis lors invoqué comme l’un des protecteurs particuliers de Venise.

3. Prières à l’Archange Saint Raphaël :

3a – Pour demander une grâce particulière :

   Glorieux Archange Saint Raphaël,
Prince de la cour céleste, très illustre par les dons de Conseil et de Sagesse, Guide des voyageurs, Consolation de ceux qui souffrent ou que la maladie tourmente, je vous supplie de m’assister dans toutes mes nécessités et dans les peines de cette vie, de la même manière que vous avez jadis secouru la famille de Tobie dans ses tribulations.
Puisque – selon votre nom – vous êtes « Remède de Dieu », je vous supplie humblement de guérir mon âme de ses nombreuses infirmités, et mon corps des maux qui l’affligent. Je vous demande en particulier……
(nommer ici la grâce particulière que l’on confie à l’intercession de l’Archange).
Soutenez-moi dans le périlleux voyage de cette vie, préservez-moi des attaques démoniaques et du découragement, en sorte que je parvienne sous votre conduite jusqu’à la céleste patrie où je pourrai avec vous et tous les Choeurs des Anges chanter éternellement les miséricordes du Seigneur.

Ainsi soit-il.

3b – Pour être préservé de la cécité physique et spirituelle
(d’après un manuscrit du XIème siècle) :

   Venez à mon secours, je vous en supplie, glorieux Prince Saint Raphaël, médecin des âmes et des corps ! O vous qui avez guéri les yeux du vieux Tobie, donnez à mes yeux la lumière physique et à mon âme la lumière spirituelle ; et par vos célestes supplications, éloignez de moi toutes ténèbres.

Ainsi soit-il.

* * * * * * *

Texte publié par  Lully en 2007 au sujet de la fête du 24 octobre et de Saint Raphaël > ici.

2008-58. Le 23 octobre, nous fêtons les Bienheureuses Ursulines martyres de Valenciennes :

23 octobre,
Fête de la Bienheureuse Marie-Clotilde de Saint-François-Borgia
et ses dix compagnes, ursulines de Valenciennes, vierges et martyres.

Les Ursulines martyres de Valenciennes - Diogène maillard

Diogène Maillart (1840-1926) : le martyre des Ursulines de Valenciennes

frise avec lys naturel

       En 1790, trente-deux religieuses habitaient le couvent des Ursulines de Valenciennes : conformément à leur vocation, elles se consacraient à l’éducation des jeunes filles.
Quand, le 18 août 1792, les congrégations religieuses enseignantes furent contraintes de se disperser, les Ursulines durent abandonner leur maison et s’exilèrent en Belgique, à Mons (deux religieuses Brigittines, chassées de leur couvent, s’intégrèrent alors à la communauté).

   Au printemps 1793, les troupes autrichiennes occupèrent Valenciennes.
Les religieuses revinrent alors dans leur couvent, rouvrirent leurs classes et reprirent leur apostolat auprès de la jeunesse de la ville.
Cette situation dura plus d’un an.

   Mais, en août 1794, l’armée autrichienne dut abandonner la ville qui fut investie par les troupes révolutionnaires.
Les « patriotes » valenciennois s’empressèrent d’incarcérer plus d’un millier de personnes, considérées comme ennemies de la république et accusées – selon la terminologie en vogue – d’être des « aristocrates » et des « fanatiques ». Parmi elles, dix religieuses Ursulines (dont les deux anciennes Brigittines) et une ancienne Clarisse qui avait rejoint la communauté des Ursulines, où sa soeur de sang était religieuse, parce que son monastère était supprimé : arrêtées le 3 septembre 1794, elles furent emprisonnées… dans leur propre couvent !
Notons au passage que la tête de Robespierre était tombée depuis déjà plusieurs semaines et que les livres d’histoire nous enseignent que, depuis lors, la « Terreur » était terminée…

   Néanmoins, quelques jours après, les habitants de la place d’armes virent se dresser une guillotine à l’endroit traditionnel des exécutions capitales, soit, à quelques mètres près, entre l’entrée de la rue de Paris et celle de la ruelle Burianne.
Les Ursulines furent tenues au courant ; Soeur Anne-Marie Erraux avoua avoir une grande frayeur à se présenter devant le bourreau si cela devait se produire. La Mère Supérieure lui rétorqua : « Je passerai devant vous pour vous montrer l’exemple ».

   Le 13 octobre, sept personnes (dont trois prêtres) furent condamnées à mort.
Le 15 octobre, sept autres prêtres furent guillotinés.
Enfin, le 17 octobre, cinq Ursulines et trois prêtres comparurent devant le tribunal.

   Mère Marie-Clotilde avait donné ordre à ses Sœurs de déclarer qu’elles n’avaient pas émigré, puisqu’elles étaient allées à Mons avec un laisser-passer en règle et qu’elles n’étaient rentrées que pour rendre service aux habitants qui leur avaient demandé de reprendre l’instruction de leurs enfants.
Elles s’en tinrent à cette défense face au président qui les interrogeait. Puisqu’elles étaient sorties du territoire avec des papiers en règle, que pouvait-on encore leur reprocher ? Rien … et le tribunal ne pourrait que les relâcher.
Mais la « justice » révolutionnaire ne voyait pas les choses de la même façon et, surtout, elle ne pouvait admettre que les Ursulines eussent repris leur vie communautaire et réorganisé l’enseignement catholique dans une ville occupée par les Autrichiens.

   Le Tribunal voulait donc leur mort ; aussi rédigea-t-il une sentence où l’injuste se mêlait à l’infâme : « Les susnommées se sont rendues coupables du crime d’émigration en abandonnant, de leur propre et entière volonté, le territoire de la République. Au mépris des lois elles y sont revenues exercer, sous la protection de l’ennemi, des fonctions qui leur avaient été interdites. Nous avons jugé à l’unanimité qu’elles ont encouru la peine de mort prononcée par les décrets des 23 et 25 octobre 1792 ».

On peut imaginer l’émotion qui étreignit les cinq Ursulines en retrouvant leurs sœurs dans la prison et en leur apprenant la condamnation dont elles venaient d’être frappées.
L’éxécution eut lieu le même jour…

guillotine

   Simplement vêtues d’un jupon et d’une chemise, les cheveux coupés courts pour faciliter le travail du couperet, elles s’avancèrent vers la guillotine en priant à haute voix avec une dignité et un calme qui impressionnèrent tous les spectateurs. A leur vue, la foule ne proféra ni cris de mort ni insultes. Des témoins déclarèrent ensuite avoir vu des gens pleurer, d’autres dirent avoir entendu ces paroles d’une religieuse à ses compagnes : « Courage, mes Sœurs, nous allons au ciel ! »

   Les cinq autres Ursulines et la Clarisse ne doutaient point du sort qui les attendait.
Mère Marie-Clotilde put faire passer à l’une de ses nièces une lettre, conservée depuis lors avec piété par sa famille, dans laquelle elle exprimait les sentiments qui l’animaient à l’approche de la mort. Elle y disait notamment que le moment lui tardait de verser son sang pour sa Foi et ajoutait : « Prenez part à mon bonheur ! »

   Le 23 octobre, elles furent convoquées devant la commission militaire.
Même interrogatoire, mêmes réponses, même sentence.
La supérieure eut beau vouloir tout prendre sur elle, les juges demeurèrent implacables.

  Elles aussi furent exécutées le jour même.
Mère Marie-Clotilde déclara aux soldats de l’escorte : « Citoyens, nous vous sommes fort obligées, ce jour est le plus beau de notre vie ! »
Elle monta la première sur l’échafaud, en chantant le Magnificat, et montra, en ce suprême instant, toute la force d’âme dont elle avait donné tant de preuves durant sa vie.

   Les corps des victimes furent transportés au cimetière Saint-Roch, récemment créé, mais on n’a jamais pu retrouver le lieu exact de leur inhumation.

   Ces onze religieuses martyrisées furent béatifiées le 13 juin 1920 par le pape Benoît XV.
Voici les noms de ces femmes héroïques :

1 – Mère Marie-Clotilde de Saint-François-Borgia (née Clotilde-Angèle Paillot),  guillotinée à l’âge de 55 ans ;
2 – Sœur Marie-Ursule de Saint-Bernardin (née Hyacinthe-Augustine Bourla), 48 ans ;
3 – Sœur Marie-Cordule de Saint-Dominique (née Jeanne-Louise Barré), 44 ans ;
4 – Sœur Marie-Augustine du Sacré-Coeur (née Marie-Madeleine Déjardins), 34 ans ;
5 – Sœur Marie-Louise de Saint-François-d’Assise (née Marie-Geneviève Ducrez), 38 ans ;
6 – Sœur Anne-Marie (née Augustine Erraux), ancienne Brigittine, 32 ans ;
7 – Sœur Marie-Françoise (née Liévine Lacroix), ancienne Brigittine, 41 ans ;
8 – Sœur Marie-Scholastique de saint-Jacques (née Marie-Marguerite Leroux), 43 ans ;
9 – Sœur Marie-Laurentine de Saint-Stanislas (née Marie-Reine Prin), 47 ans ;
10 – Sœur Marie-Nathalie de Saint-Louis (née Marie-Louise Vanot), 66 ans,
11 – Sœur Joséphine (née Anne-Joseph Leroux), Clarisse, âgée de 47 ans.

Oraison : 

       Seigneur notre Dieu, Vous avez été glorifié par le martyre la Bienheureuse Marie-Clotilde et de ses compagnes ; faites, nous Vous en prions, que suivant l’exemple de leur foi et de leur charité apostolique, nous soyons affermis dans Votre amour de sorte que rien ne puisse nous séparer de Vous. Nous Vous le demandons par Jésus, Christ, Notre-Seigneur.
Ainsi soit-il.

Ursulines martyres de Valenciennes

2008-57. Les promesses du Sacré-Cœur en faveur de ceux qui pratiqueront cette dévotion.

   A l’occasion de la fête de Sainte Marguerite-Marie (17 octobre – voir aussi l’article publié l’an dernier à cette même date, en cliquant > ici), nous tenons à publier ici le texte des promesses que Notre-Seigneur Jésus-Christ a faites en faveur des personnes qui pratiqueraient la dévotion envers son Sacré-Cœur.
Ces douze promesses constituent un résumé des paroles que Notre-Seigneur a adressées à Sainte Marguerite-Marie en diverses circonstances et en plusieurs occasions. Elles ont été (bien évidemment !) contestées, mais il est facile à une personne familière des écrits de Sainte Marguerite-Marie de démontrer qu’elles sont authentiques même si, pour des raisons pratiques, elles ont été rédigées de manière plus simple.

Jésus manifestant son Coeur à Ste Marguerite-Marie

1. Je leur donnerai toutes les grâces nécessaires à leur état.

2. Je mettrai la paix dans leur famille.

3. Je les consolerai dans toutes leurs peines.

4. Je serai leur refuge assuré pendant la vie et surtout à l’heure de la mort.

5. Je répandrai d’abondantes bénédictions sur toutes leurs entreprises.

6. Les pécheurs trouveront dans mon Cœur la source et l’océan infini de la miséricorde.

7. Les âmes tièdes deviendront ferventes.

8. Les âmes ferventes s’élèveront à une grande perfection.

9. Je bénirai moi-même les maisons où l’image de mon Sacré-Cœur sera exposée et honorée.

10. Je donnerai aux prêtres le talent de toucher les cœurs les plus endurcis.

11. Les personnes qui propageront cette dévotion auront leur nom écrit dans mon Cœur, et il n’en sera jamais effacé.

12. Je te promets, dans l’excès de la miséricorde de mon Cœur, que son amour tout-puissant accordera à tous ceux qui communieront les premiers vendredis du mois, neuf fois de suite, la grâce de la pénitence finale, qu’ils ne mourront point dans ma disgrâce, ni sans recevoir leurs Sacrements, et que mon divin Cœur se rendra leur asile assuré à cette dernière heure.

Voir aussi les prières en l’honneur du Sacré Cœur de Jésus que nous avons déjà publiées :
- la neuvaine de confiance > ici ;
- la prière composée par Sainte Madeleine-Sophie Barat > ici ;
- le « Souvenez-Vous » au Sacré-Coeur > ici ;
- l’acte d’offrande de Saint Claude de la Colombière > ici.

2008-51. A Lourdes, notre Saint-Père le Pape Benoît XVI nous a parlé de la Compassion aimante et souriante de Notre-Dame:

   Au mois de septembre 2008, Sa Sainteté le Pape Benoît XVI s’est rendue en pèlerinage à Lourdes.
Nous ne publions pas ici l’intégralité des textes (discours, messages & homélies) que le Souverain Pontife nous a alors donnés à l’occasion de son voyage apostolique en France – vous pouvez les retrouver > ici - mais, parce que la fête de Notre-Dame des Douleurs est la fête patronale du Refuge Notre-Dame de Compassion -, nous voulons retranscrire ici l’homélie que le Saint Père a prononcée au cours de la Sainte Messe du 15 septembre 2008, qu’il a célébrée sur le parvis de la basilique du Rosaire à l’intention des personnes qui souffrent : une homélie qui nous touche particulièrement puisqu’elle met en valeur la Compassion aimante et souriante de Notre-Dame. En voici donc ci-dessous le texte intégral.

Piéta de Villeneuve les Avignon par Enguerrand Quarton (XVème siècle)

Chers frères dans l’Épiscopat et dans le Sacerdoce,
Chers malades, chers accompagnateurs et hospitaliers,
Chers frères et sœurs !

   Nous avons célébré hier la Croix du Christ, l’instrument de notre Salut, qui nous révèle dans toute sa plénitude la miséricorde de notre Dieu. La Croix est en effet le lieu où se manifeste de façon parfaite la compassion de Dieu pour notre monde. Aujourd’hui, en célébrant la mémoire de Notre-Dame des Douleurs, nous contemplons Marie qui partage la compassion de son Fils pour les pécheurs. Comme l’affirme saint Bernard, la Mère du Christ est entrée dans la Passion de son Fils par sa compassion (cf. Homélie pour le dimanche dans l’Octave de l’Assomption). Au pied de la Croix se réalise la prophétie de Syméon : son cœur de mère est transpercé (cf. Luc II, 35)par le supplice infligé à l’Innocent, né de sa chair. Comme Jésus a pleuré (cf. Jean XI,35), Marie a certainement elle aussi pleuré devant le corps torturé de son enfant. La discrétion de Marie nous empêche de mesurer l’abîme de sa douleur ; la profondeur de cette affliction est seulement suggérée par le symbole traditionnel des sept glaives. Comme pour son Fils Jésus, il est possible de dire que cette souffrance l’a conduite elle aussi à sa perfection (cf. Hébr. II, 10), pour la rendre capable d’accueillir la nouvelle mission spirituelle que son Fils lui confie juste avant de « remettre l’esprit » (cf. Jean XIX, 30) : devenir la mère du Christ en ses membres. En cette heure, à travers la figure du disciple bien-aimé, Jésus présente chacun de ses disciples à sa Mère en lui disant : « Voici ton Fils » (cf. Jean XIX, 26-27).

   Marie est aujourd’hui dans la joie et la gloire de la Résurrection. Les larmes qui étaient les siennes au pied de la Croix se sont transformées en un sourire que rien n’effacera tandis que sa compassion maternelle envers nous demeure intacte. L’intervention secourable de la Vierge Marie au cours de l’histoire l’atteste et ne cesse de susciter à son égard, dans le peuple de Dieu, une confiance inébranlable : la prière du « Souvenez-vous » exprime très bien ce sentiment. Marie aime chacun de ses enfants, portant d’une façon particulière son attention sur ceux qui, comme son Fils à l’heure de sa Passion, sont en proie à la souffrance;  elle les aime tout simplement parce qu’ils sont ses fils, selon la volonté du Christ sur la Croix. Le psalmiste, percevant de loin ce lien maternel qui unit la Mère du Christ et le peuple croyant, prophétise au sujet de la Vierge Marie que « les plus riches du peuple … quêteront ton sourire » (Ps. XLIV, 13). Ainsi, à l’instigation de la Parole inspirée de l’Écriture, les chrétiens ont-ils depuis toujours quêté le sourire de Notre Dame, ce sourire que les artistes, au Moyen-âge, ont su si prodigieusement représenter et mettre en valeur. Ce sourire de Marie est pour tous ; il s’adresse cependant tout spécialement à ceux qui souffrent afin qu’ils puissent y trouver le réconfort et l’apaisement. Rechercher le sourire de Marie n’est pas le fait d’un sentimentalisme dévot ou suranné, mais bien plutôt l’expression juste de la relation vivante et profondément humaine qui nous lie à celle que le Christ nous a donnée pour Mère.

   Désirer contempler ce sourire de la Vierge, ce n’est pas se laisser mener par une imagination incontrôlée. L’Écriture elle-même nous le dévoile sur les lèvres de Marie lorsqu’elle chante le Magnificat : « Mon âme exalte le Seigneur, mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur » (Luc I, 46-47). Quand la Vierge Marie rend grâce au Seigneur, elle nous prend à témoin. Marie partage, comme par anticipation, avec ses futurs enfants que nous sommes, la joie qui habite son cœur, pour qu’elle devienne la nôtre. Chaque récitation du Magnificat fait de nous des témoins de son sourire. Ici à Lourdes, au cours de l’apparition qui eut lieu le mercredi 3 mars 1858, Bernadette contempla de manière toute particulière ce sourire de Marie. Celui-ci fut la première réponse que la Belle Dame donna à la jeune voyante qui voulait connaître son identité. Avant de se présenter à elle, quelques jours plus tard, comme « l’Immaculée Conception », Marie lui fit d’abord connaître son sourire, comme étant la porte d’entrée la plus appropriée à la révélation de son mystère.

   Dans le sourire de la plus éminente de toutes les créatures, tournée vers nous, se reflète notre dignité d’enfants de Dieu, cette dignité qui n’abandonne jamais celui qui est malade. Ce sourire, vrai reflet de la tendresse de Dieu, est la source d’une espérance invincible. Nous le savons malheureusement : la souffrance endurée rompt les équilibres les mieux assurés d’une vie, ébranle les assises les plus fermes de la confiance et en vient parfois même à faire désespérer du sens et de la valeur de la vie. Il est des combats que l’homme ne peut soutenir seul, sans l’aide de la grâce divine. Quand la parole ne sait plus trouver de mots justes, s’affirme le besoin d’une présence aimante : nous recherchons alors la proximité non seulement de ceux qui partagent le même sang ou qui nous sont liés par l’amitié, mais aussi la proximité de ceux qui nous sont intimes par le lien de la foi. Qui pourraient nous être plus intimes que le Christ et sa sainte Mère, l’Immaculée ? Plus que tout autre, ils sont capables de nous comprendre et de saisir la dureté du combat mené contre le mal et la souffrance. La Lettre aux Hébreux dit à propos du Christ, qu’il « n’est pas incapable de partager notre faiblesse ; car en toutes choses, il a connu l’épreuve comme nous » (cf. HébR. IV, 15). Je souhaiterais dire, humblement, à ceux qui souffrent et à ceux qui luttent et sont tentés de tourner le dos à la vie : tournez-vous vers Marie ! Dans le sourire de la Vierge se trouve mystérieusement cachée la force de poursuivre le combat contre la maladie et pour la vie. Auprès d’elle se trouve également la grâce d’accepter, sans crainte ni amertume, de quitter ce monde, à l’heure voulue par Dieu.

   Comme elle était juste l’intuition de cette belle figure spirituelle française, Dom Jean-Baptiste Chautard, qui, dans L’âme de tout apostolat, proposait au chrétien ardent de fréquentes « rencontres de regard avec la Vierge Marie » ! Oui, quêter le sourire de la Vierge Marie n’est pas un pieux enfantillage, c’est l’aspiration, dit le Psaume XLIV, de ceux qui sont « les plus riches du peuple » (v./ 13). « Les plus riches », c’est-à-dire dans l’ordre de la foi, ceux qui ont la maturité spirituelle la plus élevée et savent précisément reconnaître leur faiblesse et leur pauvreté devant Dieu. En cette manifestation toute simple de tendresse qu’est un sourire, nous saisissons que notre seule richesse est l’amour que Dieu nous porte et qui passe par le cœur de celle qui est devenue notre Mère. Quêter ce sourire, c’est d’abord cueillir la gratuité de l’amour ; c’est aussi savoir provoquer ce sourire par notre effort pour vivre selon la Parole de son Fils Bien-aimé, tout comme un enfant cherche à faire naître le sourire de sa mère en faisant ce qui lui plaît. Et nous savons ce qui plaît à Marie grâce aux paroles qu’elle adressa aux serviteurs à Cana : « Faites tout ce qu’il vous dira » (cf. Jean II, 5).

   Le sourire de Marie est une source d’eau vive. « Celui qui croit en moi, dit Jésus, des fleuves d’eau vive jailliront de son cœur » (Jean VII, 38). Marie est celle qui a cru, et, de son sein, ont jailli des fleuves d’eau vive qui viennent irriguer l’histoire des hommes. La source indiquée, ici, à Lourdes, par Marie à Bernadette est l’humble signe de cette réalité spirituelle. De son cœur de croyante et de mère, jaillit une eau vive qui purifie et qui guérit. En se plongeant dans les piscines de Lourdes, combien n’ont-ils pas découvert et expérimenté la douce maternité de la Vierge Marie, s’attachant à elle pour mieux s’attacher au Seigneur ! Dans la séquence liturgique de cette fête de Notre-Dame des Douleurs, Marie est honorée sous le titre de « Fons amoris », « Source d’amour ». Du cœur de Marie, sourd, en effet, un amour gratuit qui suscite en réponse un amour filial, appelé à s’affiner sans cesse. Comme toute mère et mieux que toute mère, Marie est l’éducatrice de l’amour. C’est pourquoi tant de malades viennent ici, à Lourdes, pour se désaltérer auprès du « Fons amoris » et pour se laisser conduire à l’unique source du salut, son Fils, Jésus le Sauveur.

   Le Christ dispense son Salut à travers les Sacrements et, tout spécialement, aux personnes qui souffrent de maladies ou qui sont porteuses d’un handicap, à travers la grâce de l’onction des malades. Pour chacun, la souffrance est toujours une étrangère. Sa présence n’est jamais domesticable. C’est pourquoi il est difficile de la porter, et plus difficile encore – comme l’ont fait certains grands témoins de la sainteté du Christ – de l’accueillir comme une partie prenante de notre vocation, ou d’accepter, comme Bernadette l’a formulé, de « tout souffrir en silence pour plaire à Jésus ». Pour pouvoir dire cela, il faut déjà avoir parcouru un long chemin en union avec Jésus. Dès à présent, il est possible, en revanche, de s’en remettre à la miséricorde de Dieu telle qu’elle se manifeste par la grâce du Sacrement des malades. Bernadette, elle-même, au cours d’une existence souvent marquée par la maladie, a reçu ce Sacrement à quatre reprises. La grâce propre à ce Sacrement consiste à accueillir en soi le Christ médecin. Cependant, le Christ n’est pas médecin à la manière du monde. Pour nous guérir, il ne demeure pas extérieur à la souffrance éprouvée ; il la soulage en venant habiter en celui qui est atteint par la maladie, pour la porter et la vivre avec lui. La présence du Christ vient rompre l’isolement que provoque la douleur. L’homme ne porte plus seul son épreuve, mais il est conformé au Christ qui s’offre au Père, en tant que membre souffrant du Christ, et il participe, en Lui, à l’enfantement de la nouvelle création.

   Sans l’aide du Seigneur, le joug de la maladie et de la souffrance est cruellement pesant. En recevant le Sacrement des malades, nous ne désirons porter d’autre joug que celui du Christ, forts de la promesse qu’il nous a faite que son joug sera facile à porter et son fardeau léger (cf. Mt 11, 30). J’invite les personnes qui recevront l’onction des malades au cours de cette messe à entrer dans une telle espérance.

   Le Concile Vatican II a présenté Marie comme la figure en laquelle est résumé tout le mystère de l’Église (cf. « Lumen Gentium »  n. 63-65). Son histoire personnelle anticipe le chemin de l’Église, qui est invitée à être tout aussi attentive qu’elle aux personnes qui souffrent. J’adresse un salut affectueux à toutes les personnes, particulièrement le corps médical et soignant, qui, à divers titres dans les hôpitaux ou dans d’autres institutions, contribuent aux soins des malades avec compétence et générosité. Je voudrais également dire à tous les hospitaliers, aux brancardiers et aux accompagnateurs qui, provenant de tous les diocèses de France et de plus loin encore, entourent tout au long de l’année les malades qui viennent en pèlerinage à Lourdes, combien leur service est précieux. Ils sont les bras de l’Église servante. Je souhaite enfin encourager ceux qui, au nom de leur foi, accueillent et visitent les malades, en particulier dans les aumôneries des hôpitaux, dans les paroisses ou, comme ici, dans les sanctuaires. Puissiez-vous, en étant les porteurs de la miséricorde de Dieu (cf. Matth. XXV, 39-40), toujours ressentir dans cette mission importante et délicate le soutien effectif et fraternel de vos communautés !

   Le service de charité que vous rendez est un service marial. Marie vous confie son sourire, pour que vous deveniez vous-mêmes, dans la fidélité à son Fils, source d’eau vive. Ce que vous faites, vous le faites au nom de l’Église, dont Marie est l’image la plus pure. Puissiez-vous porter son sourire à tous !

   En conclusion, je souhaite m’unir à la prière des pèlerins et des malades et reprendre avec vous un extrait de la prière à Marie proposée pour la célébration de ce Jubilé : « Parce que tu es le sourire de Dieu, le reflet de la lumière du Christ, la demeure de l’Esprit Saint, parce que tu as choisi Bernadette dans sa misère, que tu es l’étoile du matin, la porte du ciel, et la première créature ressuscitée, Notre-Dame de Lourdes », avec nos frères et sœurs dont le cœur et le corps sont endoloris, nous te prions ! Amen.

2008-46. Notre Saint-Père le Pape Benoît XVI met en évidence deux saints : Thérèse-Bénédicte de la Croix et Maximilien-Marie Kolbe :

   En ce mercredi 13 août 2008, notre Saint-Père le Pape Benoît XVI – rentré à Castel Gandolfo après quelques jours de repos dans la province du Sud Tyrol – , s’est montré au balcon de la Cour intérieure du Palais Apostolique pour rencontrer les fidèles rassemblés pour l’Audience générale du mercredi. Dans le discours en langue italienne, le Pape s’est arrêté sur les figures de deux Saints fêtés ces jours-ci : Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (dans le monde Edith Stein) et Saint Maximilien-Marie Kolbe. Après le Pater Noster et la Bénédiction Apostolique, le Saint Père a adressé des salutations en diverses langues aux groupes de fidèles présents.

Catéchèse du Saint-Père en langue italienne :
l’exemple de deux saints martyrs d’Auschwitz,
Saint Maximilien-Marie Kolbe
et
Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix

   Chers frères et sœurs !

   Rentré de Bressanone, où j’ai pu passer une période de repos, je suis content de vous rencontrer et de vous saluer, chers habitants de Castel Gandolfo, et vous, chers pèlerins, qui êtes venus aujourd’hui me rendre visite. Je voudrais encore une fois remercier ceux qui m’ont accueilli et ont veillé sur mon séjour en montagne. Ces journées ont été des journées de détente sereine, où je n’ai pas cessé de rappeler au Seigneur tous ceux qui se confient à mes prières. Et ceux qui m’écrivent en me demandant de prier pour eux, sont vraiment très nombreux. Ils me manifestent leurs joies, mais aussi leurs préoccupations, leurs projets de vie, mais aussi les problèmes familiaux et de travail, les attentes et les espoirs qu’ils portent dans leur cœur, à côté des inquiétudes liées aux incertitudes que l’humanité vit en ce moment. Je peux assurer à tous et à chacun mon souvenir, tout particulièrement dans la célébration quotidienne de la Sainte Messe et dans la récitation du Saint Rosaire. Je sais bien que le premier service que je peux rendre à l’Église et à l’humanité est vraiment celui de la prière, parce qu’en priant je mets avec confiance dans les mains du Seigneur, le ministère que Lui-même m’a confié, avec le destin de la communauté ecclésiale et civile tout entière.

   Celui qui prie ne perd jamais l’espérance, même lorsqu’il lui arrive de se trouver dans des situations difficiles et même humainement désespérées. C’est ce que nous enseignent les Saintes Écritures et ce dont l’histoire de l’Église témoigne. Combien d’exemples, en effet, nous pourrions évoquer de situations dans lesquelles la prière a vraiment été un soutien sur le chemin des saints et du peuple chrétien! Parmi les témoignages de notre époque, je voudrais citer celui de deux saints dont nous célébrons la mémoire ces jours-ci : Thérèse-Bénédicte de la Croix, Edith Stein, dont nous avons célébré la fête le 9 août, et Maximilien-Marie Kolbe que nous célèbrerons demain, 14 août, veille de la solennité de l’Assomption de la Vierge Marie. Tous les deux ont terminé par le martyre leur expérience terrestre dans le camp d’Auschwitz. Apparemment, leurs existences pourraient être retenues comme une défaite, mais c’est précisément dans leur martyre que se reflète l’éclat de l’amour qui vainc les ténèbres de l’égoïsme et de la haine. On a attribué à Saint Maximilien Kolbe les paroles suivantes qu’il aurait prononcées dans la pleine fureur de la persécution nazie : « La haine n’est pas une force créatrice : c’est seulement l’amour ». Et la preuve héroïque de l’amour fut le don généreux qu’il fit de sa personne en échange de son compagnon de captivité, don qui a culminé quand il est mort de faim dans le bunker, le 14 août 1941.

   Edith Stein, le 6 août de l’année suivante, à trois jours de sa fin dramatique, en approchant quelques sœurs du monastère d’Echt, en Hollande, leur a dit : « Je suis prête à tout. Jésus est même ici parmi nous. Jusqu’à présent, j’ai pu très bien prier et j’ai dit avec tout mon cœur : ‘Ave, Crux, spes unica’ ». Des témoins qui réussirent à fuir l’horrible massacre, racontèrent que Thérèse-Bénédicte de la Croix, alors qu’elle était vêtue du vêtement carmélitain et avançait consciente vers la mort, se distinguait par son comportement empli de paix et par son attitude sereine, par son comportement calme, et attentive aux nécessités de tous. La prière fut le secret de cette Sainte copatronne de l’Europe, qui « après être parvenue à la vérité dans la paix de la vie contemplative, elle dût vivre jusqu’au bout le mystère de la Croix » (Lettre Apostolique « Spes aedificandi » : Enseignements de Jean Paul II, XX, 2, 1999 pag.511).

   « Ave Maria ! » : ce fut la dernière invocation sur les lèvres saint Maximilien-Marie Kolbe alors qu’il tendait le bras à celui qui le tuait par une injection d’acide phénique. Il est émouvant de constater que le recours humble et confiant à la Vierge Marie est toujours source de courage et de sérénité.
Alors que nous nous préparons à célébrer la solennité de l’Assomption, qui est une des célébrations mariales les plus chères à la tradition chrétienne, renouvelons notre confiance à Celle qui, du Ciel, veille avec un amour maternel sur nous à tout moment. C’est en effet ce que nous disons dans la prière familière de l’Ave Maria Lui demandant de prier pour nous « maintenant et à l’heure de notre mort ».

Saint Maximilien-Marie Kolbe

2008-40. 22 juillet, fête de Sainte Marie-Magdeleine.

22 juillet,
Fête de Sainte Marie-Magdeleine, pénitente.

En ce jour de la fête de Sainte Marie-Magdeleine, nous reproduisons ici le texte d’une conférence donnée par Mgr Jean-Pierre Ravotti à la Sainte Baume le lundi de Pentecôte 5 juin 2006. Mgr Ravotti, qui a grandi à Saint-Maximin à l’ombre du couvent des dominicains abritant les reliques de sainte Marie-Magdeleine, nous livre ici les raisons de son attachement à cette haute figure de sainteté que les Provençaux continuent d’honorer et aimer eux aussi .

2008-40. 22 juillet, fête de Sainte Marie-Magdeleine. dans Chronique de Lully reliquaire2copie

Reliquaire du chef de Sainte Marie-Magdeleine dans la crypte de la basilique de Saint-Maximin.

« Avant d’aborder mon sujet, je voudrais apporter quelques précisions que je considère comme importantes car, d’une part, elles me permettent de délimiter l’argument – le thème de ma « conversation (conversazione comme on dit de façon si charmante en italien) » – et, d’autre part, elles vous permettent, à vous qui m’écoutez, de ne pas attendre de moi ce que je ne suis nullement en mesure de vous offrir.

Première précision : je ne suis ni un exégète ni un historien. Je n’ai donc aucune compétence particulière pour vous parler de Marie-Madeleine, un personnage évangélique d’autant plus attrayant qu’il demeure par certains aspects bien mystérieux. L’histoire s’est bien vite emparée de ce personnage, sans toutefois parvenir à élucider complètement le mystère. L’essai de Dan Brown – le fameux « Da Vinci Code » – truffé d’erreurs historiques n’y est d’ailleurs pas plus parvenu que d’autres bien plus sérieux et crédibles ! J’éviterai donc de me lancer dans des discussions exégétiques ou historiques dont je me sens bien incapable… Accueillez ce que je vais vous dire simplement comme un témoignage. Je n’ai que mon cœur d’homme et que ma foi de chrétien et de prêtre pour vous parler de celle «que mon cœur aime», selon l’expression du Cantique des Cantiques, texte biblique que la tradition liturgique a mis sur les lèvres de Marie-Madeleine. Et vous le savez bien, mes amis, vous surtout les Provençaux, on parle toujours volontiers de ceux que l’on aime !

Deuxième précision : je suis mû par une autre conviction, qui s’est affermie au cours des années. Ce n’est pas nous qui choisissons les saints ; ce sont eux, au contraire, qui nous choisissent et qui s’imposent à nous. Je veux dire par là que ce que nous recevons d’eux est infiniment plus important et plus déterminant, infiniment plus précieux que le peu que nous pouvons leur offrir ou que tout ce que nous pouvons imaginer à leur sujet.
J’ai grandi à l’ombre de la Basilique de Saint-Maximin. J’en connais tous les recoins. La Madeleine de mon enfance était liée aux fastes des célébrations en son honneur. Il n’y avait pas que Huysmans – pardonnez-moi la comparaison – qui était sensible à cette beauté parlante de la liturgie ! En mûrissant – non pas au sens populaire de l’expression : «Il est mûr !» – j’ai mieux appris à découvrir cette présence de Marie-Madeleine comme un don et une grâce offerts à ma vie, en particulier à ma vie de prêtre. Aussi je fais mienne la conviction du Père Vayssière, gardien de la Grotte de la Sainte-Baume, qui rétorquait à des touristes ou à des pèlerins curieux de savoir si Marie-Madeleine était vraiment venue sur nos terres provençales : « Je ne sais pas si elle est venue, je ne sais pas si elle n’est pas venue, ce que je sais c’est qu’elle y est !»

Une dernière précision. La Marie-Madeleine à laquelle je pense et que j’aime, parce que je dois non pas expliquer mais raconter les raisons d’un amour – du reste, un amour ne s’explique pas, il ne peut que se raconter ! – est celle qui a toujours été reçue à Saint-Maximin et à la Sainte-Baume, au moins depuis Charles II d’Anjou. C’est la Madeleine de Grégoire le Grand, pour qui la pécheresse de saint Luc, la sœur de Marthe et de Lazare et la femme qui est clairement nommée dans les Évangiles Marie la Magdaléenne ne font qu’un. Je sais toutes les querelles, anciennes et modernes, que cette identification a suscitées. Comme je l’ai déjà dit, je n’entends pas m’introduire dans ces délicates questions d’exégèse. Permettez-moi cependant de préciser – et je ne suis pas le seul à le penser – qu’il est tout à fait légitime de défendre la figure évangélique de cette Marie-Madeleine qui, comme le dit Régis Burnet , «parle davantage au cœur».

Je ne m’en tiendrai donc – il va s’en dire – qu’à la Marie-Madeleine des Évangiles canoniques telle que l’a reçue la tradition occidentale latine, qui, si elle a en saint Grégoire le Grand son interprète le plus autorisé, n’en est pas moins confirmée par de nombreux Pères de l’Église (saint Augustin [Commentaire de l’Évangile de Jean], Hippolyte de Rome…). Les Évangiles «apocryphes» n’offrent aucune crédibilité car ils sont nés de courants minoritaires influencés par le gnosticisme.

Cette Marie-Madeleine «composite», comme la définissent les auteurs modernes – le Père Bruckberger parlait d’elle comme de «la femme coupée en morceaux» – recèle bien des richesses et des subtilités. Elle laisse entrevoir une figure certes complexe, mais, aux détours d’un cheminement long et fécond, d’une profonde unité psychologique et spirituelle – une figure très vraisemblable, donc! Rien de paradoxal, sinon en apparence, rien de décousu, rien de choquant dans cette existence pourtant si mouvementée, mais une tension continuelle et persévérante vers une parfaite unité. Marie-Madeleine est l’image d’une existence, d’une vie humaine « unifiée » par la foi en Jésus-Christ. La convertie devient disciple, car se convertir signifie marcher à la suite du Christ, et le disciple devient apôtre, puisque l’on ne peut être disciple sans être témoin de Jésus et porteur de son Évangile. Tous les convertis se reconnaissent en Marie-Madeleine. Comme elle, ils retrouvent en Jésus-Christ le sens et l’unité de leur vie. Je ne retiendrai qu’un nom, Charles de Foucauld, qui à trois reprises (1900, 1902 et 1913) est venu à la Grotte de la Sainte-Baume et a beaucoup écrit sur sainte Marie-Madeleine.

Mais le temps passe… et il faut encore que je vous dise pourquoi j’aime Marie-Madeleine.

1. Une femme

J’aime Marie-Madeleine – faudrait-il le taire ? – d’abord et surtout parce qu’elle est une femme. C’est bien ainsi que nous la présente saint Luc dans son Évangile de la pécheresse pardonnée : «Et voici qu’une femme…» (Luc VII, 37). N’allez pas croire à une figure figée, embaumée, mièvre, comme certains imaginent les saints… Pensez plutôt à ces belles femmes au passage desquelles on se retourne pour les contempler plus longuement. Une femme en chair et en os, quoi ! L’iconographie plus récente privilégie d’ailleurs cette image. Il n’y a pas que des Madeleine exsangues et décharnées, dont l’abondante chevelure est le seul vêtement. Dans tout l’Évangile, Marie-Madeleine apparaît bien comme une femme avec une sensibilité, des réactions, des gestes de femme. Vous voyez un homme parfumant les pieds ou la tête de Jésus !

Marie a bien un cœur de chair, qui vibre, qui s’émeut, qui se passionne, qui gémit aussi, qui cherche, qui s’accroche, avec cette ténacité et cette fidélité, ce courage, dont les femmes seules sont capables. Comme le fait la liturgie, aussi bien l’ancienne liturgie de sainte Marie-Madeleine que la nouvelle, on peut bien lui prêter les confidences de l’Épouse du Cantique des Cantiques : «J’ai cherché celui que mon cœur aime [...], je l’ai saisi, je ne le lâcherai pas» (Cant III, 1.4). Remarquez combien ce texte se rapproche de la page de saint Jean racontant la rencontre de Marie de Magdala avec le Ressuscité au matin de Pâques. Toujours ces mêmes attitudes de femme empressée, désireuse de retrouver et de retenir l’objet de son amour : «Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? [...] Cesse de me tenir (ou : Ne me retiens pas ainsi)… » (Jean XX, 15.17).

Mes amis, la vie chrétienne est sans cesse un appel au dépassement, à la conversion, à la vie nouvelle. Mais Dieu ne saurait nous demander de renoncer à notre humanité, lui qui nous a créés «à son image et à sa ressemblance» (cf. Gen I, 27), Lui qui en Jésus-Christ a pris chair, notre chair, de la Vierge Marie. La foi n’exige nullement le reniement de notre humanité, mais bien plutôt sa transfiguration. Nous sommes appelés à la vivre, à l’incarner, à lui donner chair, dans nos cœurs et dans nos corps, sur cette «terre douloureuse, dramatique et magnifique», comme le disait Paul VI dans son testament. Alors, il n’est pas indifférent que nous soyons des hommes ou des femmes. Femmes qui m’écoutez, laissez-moi chanter en Marie-Madeleine et dans vos vies cet éternel féminin qui est plus à même d’accueillir, de comprendre et de vivre le mystère, et donc plus à même d’aimer ! Lorsque vous entendez dire que la religion est une affaire de femmes, réjouissez-vous : on vous fait le plus beau compliment !

2. Une pécheresse

J’aime Marie-Madeleine – oserais-je le dire ? – parce qu’elle est pécheresse, se sait pécheresse et ne cache pas sa misère. La pire des illusions consiste à l’oublier et à se croire justes, alors que nous avons tous infiniment besoin du pardon de Dieu. Laissez-moi vous dire à ce propos que l’abandon de la confession n’est sûrement pas un gain, mais bien plutôt une perte : perte du sens de Dieu, perte du sens du péché, perte de notre capacité de pardon, de notre capacité à accueillir et à offrir le pardon. Je suis souvent impressionné par la dureté et la raideur de notre monde. On ne veut plus de normes, surtout morales, tout est enfin permis… mais lorsqu’un pauvre homme tombe, lorsque le scandale éclate, on devient impitoyable. L’Église, qui expérimente elle aussi sa misère, fait tout le contraire. Elle nous rappelle, parfois dans le désert, que nous ne saurions vivre sans une loi morale et des principes éthiques, mais lorsque quelqu’un succombe, elle est toujours prête à lui offrir sa miséricorde, qui n’est autre que celle de Dieu.

J’ai évoqué tout à l’heure le souvenir de Charles de Foucauld. Qu’il me soit permis de vous rappeler que sa conversion est née de sa confession à l’abbé Huvelin, en l’église Saint-Augustin de Paris, un jour de fin octobre 1886. Il y était allé pour s’entretenir avec un prêtre, pour lui demander des explications, pour «s’instruire», nous dit-il. Le prêtre l’invita simplement à se reconnaître pécheur et à accueillir le pardon de Dieu.

C’est cette même vérité que j’aime en Marie-Madeleine. Elle ne triche pas avec Dieu : elle reconnaît sa faute et elle pleure son péché, en appelant à la seule miséricorde de Jésus. Marie-Madeleine devient ainsi porteuse d’un suave parfum d’espérance. Les icônes orientales et les plus anciennes peintures de l’Occident la représentent très souvent comme la «myrophore», la femme aux parfums, du matin de Pâques. Ne vous étonnez pas de la trouver dans le jardin du tombeau. Elle n’y va pas pour embaumer un corps, mort, mais pour y rencontrer la vie qui naît et renaît sans cesse du pardon de Dieu.

Mes amis, il est bienfaisant de nous reconnaître pécheurs. Sachons être comme ces frères dominicains qui entraient jadis au couvent en demandant, selon la formule d’admission dans l’ordre des Prêcheurs, «la miséricorde Dieu et celle de leurs frères».

3. Une femme d’audace

J’aime aussi Marie-Madeleine parce qu’elle n’est pas un personnage étriqué, guindé, ni une sainte nitouche, ni une vieille fille renfrognée, mais une femme d’audace, une chrétienne qui ose. Le Père Bruckberger l’a si bien dit : «Elle voit grand, elle aime grand, elle ne frappe qu’aux portes dont le marteau est à hauteur de cavalier. Par sa seule beauté, par son style, pas la hardiesse et la justesse de ses gestes, elle est trop spectaculaire. Elle est provocante. Elle provoque l’admiration et du côté de l’ombre, la colère.»

Rien ne l’arrête, Madeleine. Elle ne recule devant rien, ni devant les «qu’en dira-t-on» des bien-pensants, ni devant l’incrédulité de tant de contemporains de Jésus, ni devant l’insécurité et la souffrance de la Passion, alors que tous se sont enfuis, ni devant l’obscurité du chemin qui mène au tombeau. Marie connaît des gestes fous et l’étonnante prodigalité de l’amour. Elle ose approcher le Maître, le toucher, lui saisir les pieds, les baigner de ses larmes et les essuyer de ses cheveux dénoués, les couvrir de baisers et les oindre d’un parfum au prix aussi démesuré que son geste. Cette audace impressionne tellement l’évangéliste Jean que lorsqu’il raconte la résurrection de Lazare et fait allusion, au début du récit, à sa sœur Marie, il prend soin de préciser, faisant probablement allusion au récit plus ancien de Luc, que c’était celle-là même «qui oignit le Seigneur de parfum et lui essuya les pieds avec ses cheveux» (Jean 11, 2).

Dans le cortège des saints, il y a plus de fous – ces «fols en Dieu» comme les appelle la tradition spirituelle de l’Orient chrétien – que de gens sagement alignés. C’est là un des aspects les plus déconcertants de la sainteté ! Pensez à François d’Assise distribuant aux pauvres toute la fortune paternelle et se présentant nu devant l’évêque d’Assise pour pouvoir désormais dire en toute vérité : «Notre Père…» A saint Dominique décidant de disperser ses premiers frères, alors que l’Ordre pouvait paraître encore si fragile. A Catherine de Sienne exhortant le Pape, avec quelle tendresse et quelle fougue !, à quitter Avignon et à regagner le Siège de Rome. A Don Bosco, que certains confrères de Turin auraient voulu faire enfermer. A Charles de Foucauld, vivant à Nazareth dans une cabane de jardinier. A Mère Térésa dans un mouroir de Calcutta… Notre monde repu et enlisé, notre Église qui tourne parfois en rond autour de ses problèmes internes et où l’on perd souvent son temps dans des discours inutiles, ont tant besoin de témoins de cette sainte folie de l’Évangile. Si sainte Marie-Madeleine pouvait nous donner l’audace de l’annonce, le courage des gestes toujours un peu fous de la miséricorde gratuite, inventive et prévenante !

Puissions-nous, comme elle, être des chrétiens qui osent, qui risquent…!, qui n’ont pas peur de dire ce qu’ils pensent, même si personne ne semble nous entendre, qui osent aller là où personne ne va, qui osent faire ce que les autres refusent de faire, qui osent s’approcher de ceux que tous récusent ou repoussent, qui osent des gestes de vérité et d’amour, alors que la plupart s’enferment dans leurs préjugés et leurs jugements impitoyables.

4. Une sainte

J’aime Marie-Madeleine parce qu’elle est la compagne et la complice des saints. Il n’y a pas que la sordide solidarité du mal et dans le mal. Pensez à tous ces liens de misère qui enchaînent parfois des groupes et lient les hommes les uns aux autres ; les scandales finissent souvent par éclabousser bien des gens…

Il existe aussi une solidarité du bien et dans le bien. Marie-Madeleine est une femme qui fascine car le témoignage de sa vie résonne comme un puissant appel, comme une provocation à la sainteté. Je ne m’étonne pas qu’elle ait eu, de tout temps, tant d’amis, non seulement parmi les pécheurs, mais aussi parmi des gens en quête de Dieu et de sainteté. J’ai parlé il y a peu de saint Grégoire le Grand, mais comment oublier Louis IX – saint Louis – qui vint en pèlerinage à la Sainte-Baume, sainte Catherine de Sienne, saint François d’Assise, sainte Catherine de Ricci, sainte Thérèse d’Avila… Plus prés de nous, Charles de Foucauld – qui a été enfin béatifié le 13 novembre 2005 -, sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, le Père Lacordaire, à qui nos lieux magdaléniens doivent tout, le Père Vayssière, le Père Lataste (fondateur des dominicaines de Béthanie pour le rachat et la réhabilitation des prisonnières et des prostituées)…

Lorsqu’on considère le nombre d’ouvrages qui paraissent chaque année sur Marie-Madeleine, on se dit qu’elle n’a pas fini d’attirer l’attention et de susciter un intérêt certain.

5. Une femme enveloppée de mystère

J’aime enfin Marie-Madeleine – et c’est peut-être la seule vraie raison d’un amour qui au fond demeure inexplicable -, parce qu’elle reste enveloppée de mystère. Qui est-elle au juste, cette femme ? Est-elle bien venue chez nous ou ne sommes-nous pas plutôt allés à elle ? Personnage déconcertant et fascinant, Marie de Magdala n’en finit jamais de nous interroger et de plonger nos vies dans le mystère même de Jésus, le Fils de Dieu fait homme. Lui aussi on croit le connaître, et pourtant, comme elle, il reste sans cesse à découvrir.

La seule chose dont je suis sûr c’est, pour reprendre le mot du Père Étienne Vayssière, que Marie-Madeleine est bien ici. Elle est dans notre Fenestrado Basilico à la gloire dédiée. Elle est au cœur de l’histoire de Saint-Maximin et de la Sainte-Baume comme elle est au cœur de nos vies. Qu’elle y enracine la foi. Qu’elle y fasse fleurir un feu de son amour!

 * * * * * * *

Je voudrais vous citer, pour (au moins) finir en beauté, les derniers mots du Père Lacordaire dans son admirable petit livre sur sainte Marie-Madeleine. Ce fut sa dernière œuvre, écrite en 1860, sur son lit de mort, et il est significatif qu’il l’ait dédié à Marie-Madeleine, cette femme que lui aussi aimait tant.

Le P. Lacordaire conclut : «Oh ! qui que vous soyez… si jamais vous avez connu les larmes du repentir, ou celles de l’amour, ne refusez pas à Marie-Madeleine qui a tant pleuré et tant aimé, une goutte de ce parfum dont elle embauma les pieds de votre Sauveur.»

J’espère, mes amis, vous avoir offert un peu de cette fragrance d’amour pour Marie-Madeleine dont mon cœur est comblé. »

2008-26. « Summorum Pontificum cura » : nouvelles déclarations du Cardinal Castrillon Hoyos.

On serait tenté d’écrire : « Le Cardinal Castrillon Hoyos a encore frappé…« 

En effet, le Président de la Commission Pontificale « Ecclesia Dei », après les déclarations faites dans l’ Osservatore Romano du 28 mars dernier que nous avions relayées ici www, a récemment récidivé.

Dans un entretien mis en ligne par Vittoria Prisciandaro (www.sanpaolo.org), puis traduit et diffusé en France par le site « Eucharistie Sacrement de la Miséricorde » (et dont nous donnerons le lien à la fin de ce texte), le Cardinal Castrillon Hoyos laisse entendre un tout autre son de cloche que la plupart de Nos Seigneurs les Evêques de France, dont les manoeuvres pour entraver la mise en application du motu proprio « Summorum Pontificum cura » sont manifestement bien connues, et dont les pseudos arguments sont ici balayés de façon magistrale.

Outre qu’on peut remarquer l’insistance de Son Eminence pour affirmer que le mouvement lefebvriste n’est pas un schisme - ce qui nous stimule à prier et à oeuvrer pour que l’Eglise catholique retrouve une totale unité dans la vérité et la charité -, nous sommes encouragés à rendre à Dieu de très ferventes actions de grâces pour la sollicitude et l’action de notre Saint-Père le Pape Benoît XVI et nous sommes également invités à supplier ardemment le Ciel de nous conserver un tel Pontife. Prions aussi pour que les Evêques, en France particulièrement, cessent de renacler et soient de bons collaborateurs du Saint-Père en se libérant des entraves idéologiques surannées qui les empêchent d’avancer.

Pour lire les déclarations du Cardinal Castrillon Hoyos, cliquer sur ce lien:

http://eucharistiemisericor.free.fr/index.php?page=1305081_mgr_hoyos

2008-21. « Summorum Pontificum cura » : précision du Cardinal Castrillon Hoyos.

L’entretien avec Son Eminence Monsieur le Cardinal Dario Castrillon Hoyos, président de la Commission Pontificale Ecclesia Dei, que l’Osservatore Romano a publié en date du 28 mars 2008, n’a pas suscité de grands commentaires dans la presse épiscopale française… Faut-il s’en étonner?

Comme nous étions en déplacement et qu’il était tout occupé par les premiers travaux à entreprendre dans notre futur Mesnil-Marie, ce n’est qu’à notre retour que Frère Maximilien-Marie en a pris connaissance et qu’il m’en a ensuite fait part : nous devons au site « Eucharistie miséricordieuse » (cf.www) d’en avoir le texte, et nous remercions chaleureusement ses concepteurs d’avoir révélé la substance de cette entrevue, car jusqu’ici nous n’avons pas pu trouver une traduction française intégrale des paroles du Cardinal.

Son Eminence le Cardinal Dario Castrillon Hoyos

Je ne veux pas plagier ce compte rendu publié par « Eucharistie miséricordieuse« , vous êtes capables de vous y reporter et de le lire vous-mêmes dans son intégralité… Toutefois je veux relever ici une très intéressante remarque du Cardinal, et pour cela je vais me permettre un « copier-coller« : « … certains demandent la permission de célébrer ou d’assister à la messe tridentine, comme s’il s’agissait d’une concession ou d’un cas exceptionnel, alors que le document du pape est clair : il n’y a pas besoin de permission. Car Benoît XVI offre à tous les prêtres la possibilité de célébrer la messe traditionnelle et aux fidèles le droit d’assister à ce rite selon les conditions spécifiées dans le Motu Proprio.« 

Vous avez bien lu : il n’y a pas besoin de permission.

Il n’y a pas besoin de permission! C’est un DROIT du prêtre que de célébrer selon le missel et le rituel des sacrements en usage en 1962, c’est un DROIT des fidèles d’assister à la Sainte Messe latine traditionnelle et de recevoir sacrements et sacramentaux selon les livres liturgiques anté-conciliaires…

Il n’y a pas besoin de permission : il ne faut donc pas aller trouver les curés de paroisse ou les évêques afin de solliciter de leur « bonne volonté » (!!!) et comme si c’était une faveur exceptionnelle la célébration de la Messe ou des sacrements selon les livres liturgiques antérieurs à la réforme de Paul VI, il faut au contraire tout simplement (et respectueusement certes) faire valoir un droit auquel ni les curés ni les évêques ne peuvent s’opposer, parce que ce droit est donné à tous – prêtres et fidèles – par le Souverain Pontife.

Il n’y a pas besoin de permission. Nos Seigneurs les Evêques et Messieurs les Curés ne peuvent en aucune manière limiter ou restreindre le droit qui est affirmé et garanti par la plus haute autorité de l’Eglise, par le Vicaire du Christ! S’ils le font, ils commettent des abus de pouvoir ; s’ils le font, ils vont contre le droit des fidèles et ceux-ci sont donc habilités à recourir à une autorité supérieure et à engager une procédure à leur encontre ; s’ils le font, ils montrent clairement qu’ils ne sont pas unis au Souverain Pontife…

Il n’y a pas besoin de permission. Les fidèles qui demandent la Sainte Messe et les sacrements selon « la forme extraordinaire du rite romain » ne doivent pas – en allant « mendier » une concession – placer leurs curés ou leurs évêques devant la tentation de commettre un abus de pouvoir, contraire aux dispositions de notre Saint-Père le Pape ; ils doivent au contraire – par la fermeté respectueuse et la détermination paisible de leur attitude – leur permettre d’entrer pleinement dans une obéissance joyeuse aux dispositions du Souverain Pontife en vue du bien et de la paix de la Sainte Eglise catholique.

Sachons le dire, sachons nous en faire l’écho, sachons le faire comprendre et assimiler…

Lully.

Publié dans:De liturgia, Lectures & relectures |on 16 avril, 2008 |3 Commentaires »

2008-15. Marie au Calvaire (3ème et dernière Partie).

RÉFLEXIONS PRATIQUES

(Suite et fin du texte de Monsieur Olier, in « Vie intérieure de la Très-Sainte Vierge Marie« , chapitre XII)

Mater Dolorosa

 

 » Quelle reconnaissance ne devez-vous pas à Marie pour l’amour qu’elle vous a témoigné en endurant tant de tourments, afin de donner la vie à votre âme! Il est vrai que Jésus-Christ, père du siècle futur, est seul la source de notre vie ; mais ne pensez pas que vous puissiez pour cela vous dispenser de donner aussi à Marie des témoignages de sincère reconnaissance pour le bienfait de votre régénération? Par la volonté de Dieu, elle a été associée à Jésus-Christ, nouvel Adam, afin qu’elle contribuât de sa part à votre naissance spirituelle, en l’offrant elle-même et en s’offrant aussi de son côté avec lui comme hostie pour votre salut. Dans l’ordre naturel, vous êtes redevable de votre naissance à votre mère comme à votre père ; ainsi en a-t-il été de votre régénération. C’est pourquoi le Sage, après avoir dit : « Honorez votre père« , ajoute aussitôt, en parlant mystérieusement de Marie : « Et n’oubliez pas les gémissements de votre mère ; souvenez-vous que sans eux vous ne seriez pas né ». Votre mère, selon la chair, s’est sans doute acquis des droits à votre reconnaissance par les douleurs qu’elle a endurées pour vous ; mais ces douleurs, quelque violentes qu’elles aient pu être, n’ont été qu’une figure et une ombre légère de celles que Marie a souffertes, par amour pour vous, au pied de la Croix.

Pour vous mériter le pardon de vos péchés, il a fallu que Jésus-Christ les connût, qu’il les confessât et les détestât intérieurement devant son Père, et qu’enfin il s’abandonnât à la rigueur de sa justice, afin de recevoir sur lui les châtiments qui auraient dû tomber sur vous ; et c’est aussi ce que Marie a fait de son côté dans l’oeuvre de votre réconciliation. De quelle douleur n’a-t-elle pas été accablée à la pensée de tant de fautes que son Fils avait à expier! Pour la comprendre, il faudrait sonder la profondeur de sa charité, celle de sa sainteté incomparable, la connaissance qu’elle avait de la grandeur de Dieu que le péché outrage, et de la bassesse de la créature qui ose bien se révolter contre cette adorable Majesté. Si l’on a vu de saintes âmes verser des torrents de larmes, exercer sur leur corps d’affreuses pénitences pour des fautes très légères, à cause de la vivacité de leur amour pour Dieu, quelle idée pourrons-nous donc nous former de la componction et de la douleur de Marie, élevée à la sainteté la plus éminente qui puisse être après celle de Dieu!

Pour nous donner quelque idée de la douleur de Marie, le Saint-Esprit, par l’organe du saint vieillard Syméon, l’a comparée à celle qu’eût pu produire un coup d’épée, qui eût percé d’outre en outre le coeur de cette divine Mère. Mais cette comparaison, prise des choses sensibles, est plutôt pour aider votre imagination que pour vous donner la mesure exacte des tourments qu’elle a endurés : jamais vous ne les connaîtrez. L’Église, comme pour expliquer et commenter les paroles du saint vieillard Syméon, représente Marie le coeur percé de sept glaives. Par ce nombre de sept, qui est mystérieux, elle veut dire que cette divine Mère a souffert pour expier tous les péchés sans exception, qu’on rapporte ordinairement à sept, appelés capitaux, parce qu’ils sont la source de tous les autres ; et c’est ce qui lui fait justement appliquer ces paroles : « O vous qui passez par le chemin, venez et considérez s’il est une douleur comparable à la mienne » ; et encore ces autres paroles : « Votre contrition est vaste comme la mer« .

Savez-vous quelle était la considération qui soutenait Marie au milieu des ces angoisses inexprimables, et qui les lui faisait endurer pour votre amour avec tant de constance et de générosité? La pensée qu’un jour vous la dédommageriez en vous appropriant sa propre pénitence, c’est-à-dire en recevant dans votre coeur ces sentiments d’humiliation, de componction et d’abandon à la justice divine auxquels elle se livrait alors pour vous. Ah! si vous avez eu le bonheur de vous humilier devant Dieu et d’être touché du véritable esprit de pénitence, c’est à Marie, l’avocate des pécheurs, que vous le devez. C’est elle qui, par le grand désir qu’elle a de votre salut, a communiqué à votre âme les sentiments qu’elle avait conçus dans son coeur pour vous aider à pleurer, à détester et à expier toutes vos offenses. Sa pénitence, si agréable à Dieu et si puissante sur son coeur, est, en effet, un immense trésor qu’elle est ravie de mettre à notre disposition pour subvenir à nos nécessités. Aussi n’avez-vous jamais reçu le sacrement de Pénitence, qu’en même temps l’Église ne vous ait fait une application spéciale, non-seulement des mérites de la Passion de Notre-Seigneur, mais encore de ceux que la Très-Sainte Vierge a acquis pour vous.

Ouvrez donc votre coeur à Marie, et priez-la de le remplir de ces saintes dispositions d’humiliation, de componction et d’abandon de tout vous-même à la justice divine. Entrez dans ces sentiments toutes les fois que, récitant : Je confesse à Dieu, vous arrivez à ces paroles : la bienheureuse Marie toujours vierge ; mais spécialement lorsque vous approchez du saint Tribunal ou que vous recevez l’absolution. Rappelez-vous dans ce moment que, si Jésus-Christ est la source de toute vraie pénitence, Marie est le canal qui en amène les eaux jusqu’à nous. Recourez donc à elle comme à une fontaine intarissable et vivifiante, c’est-à-dire unissez-vous intimement à Marie, désirant d’être pénétré de ses sentiments intérieurs, d’attirer en vous son esprit pénitent, et d’être tout transformé en lui-même. Par là, vous consolerez le coeur de cette tendre Mère, vous réjouirez celui de Dieu, et vous sentirez s’augmenter dans le vôtre la confiance et l’amour, toujours inséparables d’une âme qui a le bonheur d’être en paix avec Dieu et avec soi-même.

Considérez l’amour que Marie vous a témoigné sur le Calvaire, en substituant Jésus à votre place pour l’exposer à tous les traits de la justice de son Père qui n’auraient dû tomber que sur vous. Vit-on jamais une mère sacrifier son propre fils par amour pour un enfant étranger? Marie seule en est venue à cet excès. Quoique vous fussiez alors un étranger pour elle et de plus l’enfant du démon, et par conséquent l’ennemi de Dieu et de Marie elle-même, elle n’a pas hésité à livrer à la justice divine son Fils unique, l’objet de ses complaisances, pour vous acquérir à ce prix comme son enfant d’adoption. Eussiez-vous pensé qu’elle pût avoir pour vous une telle prédilection? Y aura-t-il jamais rien de comparable? En vérité, son amour pour vous ne saurait être comparé qu’à celui du Père éternel ; mais cette comparaison est juste, puisque si Jésus est le Fils de Dieu le Père, il est également le Fils de Marie, sa véritable Mère selon la chair. Il faut donc dire d’elle, comme du Père éternel, qu’elle vous a aimé jusqu’à donner pour vous son Fils unique; qu’elle n’a pas épargné son propre Fils, et l’a livré pour vous à la mort.

En le sacrifiant ainsi, elle vous a montré qu’elle vous aimait mille fois plus qu’elle-même. N’est-il pas certain que par l’amour incompréhensible qu’elle portait à Jésus, Marie aurait été ravie de donner sa propre vie des milliers et des millions de fois pour lui si elle l’eût pu? Si donc elle a livré ce même Fils à la justice divine pour vous procurer le salut, un pareil excès d’amour vous dit assez hautement que pour vous elle se serait livrée à la mort mille fois elle-même ; peut-il y avoir rien de plus incompréhensible? Jugez par là de l’estime qu’elle fait de vous, et si elle est jalouse de posséder votre coeur tout entier.

Que pouvez-vous lui refuser après un pareil sacrifice? N’est-il pas vrai que la moindre réserve ne pourrait manquer de blesser et d’affliger la générosité, la grandeur et la délicatesse de son amour? Prenez donc la résolution de ne lui rien refuser de ce que vous savez qu’elle demande de vous, dans l’état où elle vous a placé, et de désirer toujours de faire toutes vos actions par amour pour elle. Par là, vous serez assuré de n’agir que pour le pur amour de Jésus, à qui elle serait ravie de donner et de consacrer tous les coeurs. C’est le seul moyen que vous ayez pour la dédommager du sacrifice qu’elle a fait sur-le Calvaire ; c’était la seule espérance qui pût la soutenir debout au pied de la Croix, et c’est le seul retour qu’elle attend de votre coeur s’il est reconnaissant et sensible. »

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