Archive pour la catégorie 'Lectures & relectures'

2022-112. Vers la Patrie ! (vingtième dimanche après la Pentecôte).

Vingtième dimanche après la Pentecôte.

Paolo Veronese - l'officier royal suppliant le Christ

Paolo Veronese (1528-1588) : l’officier royal suppliant le Christ
(Musée d’art de Tolède)

Méditation pour le 20ème dimanche après la Pentecôte

Présence de Dieu :
« O Seigneur, montrez-moi la voie pour arriver à Vous ! »

Méditation :

     1 – La liturgie des derniers dimanches après la Pentecôte a sa tonalité particulière, celle de ce qui touche à son terme. En effet, l’année liturgique s’achèvera bientôt, et en finissant, elle nous invite à réfléchir sur la caducité de la vie présente et à tourner nos regards vers l’éternité qui nous attend.
Spontanément, les âmes se recueillent et font le point : comment avons-nous employé le temps reçu de Dieu ?
Dans l’introït de la Messe, nous trouvons l’humble confession : « Seigneur, nous avons péché contre Vous, et nous avons désobéi à Vos commandements », et dans la collecte, nous prions pour obtenir le pardon : « laissez-Vous fléchir, nous Vous en supplions, Seigneur, et accordez à Vos fidèles le pardon et la paix ».
Dans l’épître, ensuite, Saint Paul nous enseigne à employer de la meilleure manière le temps qui nous reste, afin de parvenir à la gloire éternelle : « Prenez bien garde à votre conduite ; qu’elle soit celle non d’insensés, mais de sages qui tirent bon parti de la période présente, car nos temps sont mauvais » (Eph. V, 15-16). L’Apôtre nous explique en quoi doit consister notre sagesse : « ne vous montrez pas inconsidérés, mais sachez voir quelle est la volonté du Seigneur » (ibid. V, 17).
La plus grande folie, la plus grande imprudence que nous puissions commettre au cours du voyage de cette vie, est de suivre notre caprice, notre propre volonté ; de cette manière on s’engage dans une voie très dangereuse qui ne conduira jamais au but ; la seule route qui y mène est celle de la volonté de Dieu. Celui qui cherche la volonté divine et chemine d’un cœur sincère dans cette voie, ne sera pas guidé par son esprit, mais par l’Esprit de Dieu même, l’Esprit Saint.
Saint Paul nous exhorte aujourd’hui à « chercher dans l’Esprit notre plénitude ». « Récitez entre vous des psaumes, des hymnes et des cantiques inspirés ; chantez et célébrez le Seigneur de tout votre cœur… Soyez soumis les uns aux autres » (ibid. V, 18-19 ; 21).
Lorsqu’une âme se laisse docilement guider par l’Esprit Saint, Il la prend et l’envahit jusqu’à la remplir de Lui-même. De cette plénitude, germe spontanément l’esprit de prière, la vertu s’épanouit ainsi que l’humble soumission et la concorde fraternelle.
Vivre dans la volonté divine, sous la direction de l’Esprit Saint, est la voie la plus rapide et la plus sûre pour arriver à la céleste Patrie.

Veronèse - officier royal - détail 1

     2 – Il est impossible de découvrir la voie de la volonté divine et d’y progresser sans la foi. L’Evangile de ce dimanche nous parle précisément de la foi et des qualités qu’il lui faut pour plaire à Dieu.
Un officier du roi, ayant entendu parler des guérisons merveilleuses opérées par jésus, va Le trouver et Le prie de descendre chez lui pour « guérir son fils, qui se mourait ». Cet homme a foi dans la vertu miraculeuse du Maître, mais il est encore éloigné de croire qu’Il est le Fils de Dieu. Jésus comprend et répond : « Si vous ne voyez signes et prodiges, vous ne croirez donc pas ! ». Ces paroles, nous rapporte l’histoire, étaient adressées à l’officier royal et à ses compatriotes, mais elles valent moralement pour tous ceux qui font dépendre leur foi de ce qu’ils voient ou entendent. Rares sont ceux qui croient simplement à l’Evangile, à la Révélation, au magistère de l’Eglise ; la plupart demeurent indifférents et s’émeuvent seulement à l’occasion de quelque fait insolite qui frappe leurs sens.
Il est vrai que le Seigneur peut Se servir même de cela pour venir au secours de notre faiblesse, mais telle n’est pas la foi qui Lui plaît : « Heureux ceux qui croiront sans avoir vu » (Joan. XX, 29), dit-Il à Thomas qui ne voulait croire s’il ne voyait l’endroit des clous et ne mettait la main dans Son côté.
La raison profonde de la foi n’est pas notre expérience, elle ne consiste pas à avoir vu ou touché de la main ; c’est l’autorité de Dieu. Dieu S’est révélé, Il ne Se trompe pas, ni ne peut nous tromper, et nous avons foi en Sa parole. Croire sur la parole de Dieu, telle est la foi authentique, la foi pure qui plaît au Seigneur.
Jésus, qui voulait conduire l’officier royal à une foi plus parfaite, lui dit : « Va, ton fils vit. L’homme crut à la parole que Jésus lui avait dite et se mit en route ». Ce n’était pas encore la foi surnaturelle dans le Fils de Dieu ; toutefois, c’était un acte de foi dans la parole du Maître et, bien qu’imparfait, il produisit son fruit : l’enfant fut guéri.
Le Seigneur ne demande pas plus que ce que chacun peut donner ; quand Il voit la bonne volonté, l’effort sincère, il intervient lui-même et achève l’œuvre. La foi encore imparfaite et humaine de l’officier royal fut récompensée par la guérison de son fils et, conséquemment, sa foi devint surnaturelle : il crut en Jésus, non plus comme en un simple prophète ou thaumaturge, mais comme au Fils de Dieu : « il crut, lui et tous les siens ».
En cette vie, nous cheminons vers Dieu, non dans la vision, mais dans la foi. Plus notre foi sera pure, dépouillée d’éléments humains, plus elle plaira à Dieu et nous permettra de connaître et d’accomplir avec amour Sa sainte volonté.

Veronèse - officier royal - détail 2

Colloque :

       « O divin Maître, Père, Seigneur, soyez propice à Vos enfants. Accordez, à nous qui gardons Vos préceptes, de réfléchir Votre image et autant que le permettent nos forces, d’expérimenter Votre bonté et non la sévérité de Votre jugement.
Accordez-nous de vivre dans Votre paix, d’être admis dans Votre royaume, après avoir traversé sans naufrage, les flots du péché. Puissions-nous être poussés, dans un grand calme, par l’esprit Saint, Votre Sagesse ineffable, et guidés par Lui, jour et nuit, jusqu’au jour parfait.
Accordez-nous, jusqu’à notre heure dernière, de prier en remerciant et de remercier en priant l’unique Père et Fils, Fils et Père, le Fils éducateur et Maître, avec l’esprit Saint » (Saint Clément d’Alexandrie).

       « Seigneur, Vous connaissez ce qui m’est le plus avantageux, faites donc que la chose arrive selon Votre bon plaisir. Donnez-moi ce que Vous voudrez, quand Vous le voudrez. Faites de moi ce qui Vous plaira pour mon plus grand bien et pour Votre plus grande gloire. Placez-moi où Vous voudrez et en toutes choses disposez de moi selon Votre volonté. Je suis entre Vos mains, faites de moi ce que Vous voudrez. Je suis Votre serviteur, prêt à tout ; je ne veux plus vivre pour moi-même, mais pour Vous. Oh ! que ce soit avec toute la perfection que Vous demandez de moi !
O jésus très aimable, faites que je désire toujours ce qui Vous est le plus agréable et le plus cher. Que Votre volonté soit toujours la mienne, que je la suive et m’y conforme en toutes choses. Que je n’aie avec Vous qu’une même volonté, Seigneur, et qu’il ne soit pas en mon pouvoir de désirer autre chose que ce que Vous voulez » (Imitation III, XV, 3).

Veronèse - officier royal - détail 3

St-Esprit & Ste Bible

2022-110. Le récit de la « Légende dorée » au sujet de Sainte Ursule et des Onze Mille Vierges.

21 octobre,
Fête de Sainte Ursule et de ses compagnes, vierges et martyres (cf. > ici) ;
Mémoire de Sainte Céline de Laon, mère de Saint Remi de Reims et de Saint Principe de Soissons ;
Mémoire du Bienheureux Charles Ier de Habsbourg, empereur et roi, confesseur ;
Mémoire de Saint Hilarion de Gaza, abbé et confesseur ;
Anniversaire de la naissance de S.M. la Reine Marie-Marguerite (21 octobre 1983).

Sainte Ursule et ses compagnes - XVIe siècle - Rijkmuseum Amsterdam

Sainte Ursule et ses compagnes
anonyme, vers 1525-1530, collection du Rijksmuseum à Amsterdam

       Sainte Ursule est l’une des saintes les plus populaires de la Chrétienté.
La crise moderniste, depuis le début du XXème siècle, a toutefois voulu jeter le discrédit sur son culte et sur ses dévots, au prétexte que les sources historiques la concernant étaient trop peu nombreuses et trop peu fiables. On a aussi mis en avant des « incohérences » et fait valoir des « exagérations » dans sa légende (en particulier le chiffre de onze milles pour les jeunes filles qui furent ses compagnes), pour finalement arriver à rien ou quasi rien.

   On ne peut, certes, nier qu’il y a des « zones d’ombre » et des incertitudes dans les divers récits qui nous sont parvenus, mais cela n’est pas vraiment probant. Les traditions au sujet de Sainte Ursule et de ses compagnes, transmises par oral avant d’être écrites, ont pu recevoir des amplifications et subir quelques déformations au cours des siècles sans que cela en vienne à constituer des preuves contraires à l’existence d’une sainte dont le culte a été non seulement authentifié par la Sainte Eglise, mais aussi promu par elle pour encourager les fidèles à vivre de ses exemples.
Ajoutons encore que de très nombreux saints – bien mieux inspirés que nos modernes « savants » hypercritiques – ont eu une très grande dévotion pour Sainte Ursule, par l’intercession de laquelle ils ont reçu des grâces signalées, et que certains d’entre eux, telle Sainte Angèle Mérici ou la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich, pour n’en citer que deux, ont été gratifiés de visions ou d’apparitions de Sainte Ursule et de ses compagnes…
Bref ! En des siècles où les savants ne craignaient pas d’être en même temps des hommes de foi, ils n’hésitèrent pas à prendre Sainte Ursule pour sainte patronne : ce fut en particulier le cas, au XIIIème siècle, de l’Université de Paris, à laquelle les universités de Coïmbre, au Portugal, et Vienne, en Autriche, emboitèrent le pas un peu plus tard.

   Au Mesnil-Marie, nous avons pour Sainte Ursule une très grande dévotion, et, à la suite de très nombreux et saints éducateurs chrétiens, nous la prions de nous assister et inspirer dans nos tâches de transmission de la culture, de la civilité, et de la foi catholique. Tous les 21 octobre, nous nous rendons en esprit dans l’église qui lui est dédiée à Cologne, édifiée à l’emplacement de l’antique nécropole où ses reliques et celles de ses compagnes ont été découvertes.

la camera aurea - église Sainte Ursule à Cologne

Cologne, église Sainte-Ursule : la « camera aurea » (chambre d’or)
où sont exposées les reliques des Onze mille Vierges.
Nous tenons d’un ami colonais que, lors des bombardements subits par Cologne en 1942 et 1944, l’église Sainte-Ursule fut grièvement endommagée
mais que la « camera aurea » est, elle, restée debout et intacte, preuve, pour les fidèles, de la sainteté du lieu et de la protection particulière des saintes.

palmes

   Voici, le texte de la « Légende dorée » (voir > ici, ce que nous avons dit au sujet de cet ouvrage) par lequel, au XIIIème siècle, le Bienheureux Jacques de Voragine résuma l’histoire de Sainte Ursule et des Onze Mille Vierges.

       Les onze mille vierges furent martyrisées ainsi qu’il suit :
Il y avait en Bretagne un roi fort chrétien nommé Notlhus, ou Maurus, dont la fille s’appelait Ursule. Elle se faisait distinguer par la douceur admirable de ses mœurs, sa sagesse et sa beauté ; de sorte que sa renommée était répandue en tout lieu. Or, le roi d’Angleterre, prince fort puissant, qui avait subjugué à ses lois une quantité de nations, en entendant parler de cette jeune vierge, avouait qu’il serait le plus heureux des hommes si elle épousait son fils unique. Le jeune homme en témoignait aussi un ardent désir. On envoie donc une ambassade solennelle au père de la jeune fille ; à des flatteries et à de grandes promesses on ajoute des menaces, si les ambassadeurs reviennent sans une réponse favorable.

Maître de Sainte Ursule - Bruges - 1er panneau

Le Maître de Sainte Ursule (Bruges) :
le roi d’Angleterre remet un message pour le roi de Bretagne à son messager.

   Le roi de Bretagne se trouva dans une extrême anxiété. Il regardait comme une indignité de donner à un adorateur des idoles une personne qui s’était rangée sous la foi de Jésus-Christ ; il savait bien d’ailleurs qu’elle n’y consentirait jamais ; enfin, il redoutait singulièrement la férocité du roi anglais. Mais Ursule, inspirée de Dieu, conseilla à son père d’accéder à la demande du prince à condition toutefois que le roi son père, de concert avec son futur époux, lui donnerait dix vierges très distinguées pour la consoler ; qu’on lui confierait à elle et aux autres, mille vierges ; qu’on équiperait des vaisseaux ; qu’on lui accorderait un délai de trois ans pour faire le sacrifice de sa virginité, et que le jeune homme lui-même se ferait baptiser et instruire dans la foi, dans le même espace de trois ans. C’était prendre un sage parti en effet, ou bien détourner le jeune homme de son dessein car les conditions qu’elle mettait devaient sembler difficiles à accepter, ou bien pour avoir le moyen de pouvoir consacrer à Dieu toutes ces vierges avec elle. Mais le jeune homme souscrivit de bon coeur à ces conditions, insista lui-même auprès de son père ; et, s’étant fait baptiser, il commanda de hâter l’exécution de tout ce que la jeune vierge avait exigé. Le père d’Ursule régla que cette fille chérie eût aussi pour cortège des hommes qui la protégeraient elle-même et ses compagnes. De toutes parts donc les vierges s’empressent, de toutes parts les hommes accourent à un si grand spectacle. Grand nombre d’évêques se joignent à Ursule et à ses compagnes qu’ils veulent suivre ; parmi eux se trouvait Pantulus, évêque de Bâle, qui les conduisit jusqu’à Rome, et qui, à son retour, reçut avec elles le martyre.

Maître de Sainte Ursule - embarquement

Le Maître de Sainte Ursule (Bruges) :
Sainte Ursule, ayant pris congé de ses parents, embarque avec les Onze Mille Vierges.

   Sur l’avis officiel que lui en avait donné par lettres le père de sainte Ursule, sainte Gérasime, reine de Sicile (dont le mari, fort cruel, était devenu, grâce à elle, un agneau pour ainsi dire, de loup qu’il était), sœur de l’évêque Marcirisus et de Daria, mère de sainte Ursule, suivit l’inspiration divine, laissa le royaume à un de ses fils et mit à la voile pour la Bretagne avec ses quatre filles, Babille, Julienne, Victoire et Aurée. Hadrien, un de ses enfants encore tout petit, se mit aussi de lui-même, en pèlerinage, par amour pour ses sœurs. De l’avis de sainte Gérasime se rassemblèrent des vierges de différents royaumes : elle fut constamment leur conductrice et souffrit enfin le martyre avec elles. D’après ce dont il avait été convenu, la reine s’étant procuré des trirèmes bien approvisionnées, dévoile aux vierges qui devaient l’accompagner le secret de son dessein, et toutes jurent d’être fidèles à ce nouveau genre de milice. Bientôt, en effet, elles préludent aux exercices de la guerre ; tantôt elles courent ici, tantôt là. Quelquefois elles font semblant de fuir ; tout ce qui se peut présenter à leur esprit pour s’exercer à tous les genres de jeux, elles l’exécutent ; quelquefois elles revenaient à midi, quelquefois à peine au soir. Il y avait affluence de princes, de seigneurs pour jouir d’un pareil spectacle et tous en étaient comblés d’admiration et de joie. Enfin, quand Ursule eut converti toutes les vierges à la foi, après un jour de traversée et sous un vent favorable, elles abordèrent à un port de la Gaule nommé Tyelle, et de là à Cologne, où un ange apparut à Ursule et lui prédit qu’elles reviendraient toutes ensemble en ce lieu où elles recevraient la couronne du martyre.

Maître de Sainte Ursule - arrivée à Cologne

Le Maître de Sainte Ursule (Bruges) :
Sainte Ursule et ses compagnes arrivent à Cologne ; un ange lui annonce leur martyre.

   Sur l’avis de l’ange, et se dirigeant vers Rome, elles abordèrent à Bâle, où, ayant quitté leurs navires, elles vinrent à pied à Rome. A leur arrivée, le pape Cyriaque fut tout joyeux ; il était originaire lui-même de la Bretagne, et comptait parmi elles beaucoup de parentes. Il les reçut avec tout son clergé en grande pompe. Cette nuit-là même, le pape eut du ciel révélation qu’il devait recevoir la couronne du martyre avec les vierges. Il ne parla de cela à qui que ce fut, et conféra le baptême à beaucoup de ces jeunes personnes qui n’avaient point encore reçu ce sacrement. Voyant une circonstance si favorable, après avoir gouverné l’église, le dix-neuvième après saint Pierre [note : ce fut saint Antère qui est noté aujourd’hui comme étant le dix-neuvième après saint Pierre, 235-236, et ce pourrait être celui qui est nommé Amétus ci-dessous – quant à Cyriaque, comme le dit plus loin le texte, il fut effacé de la liste des pontifes romains], pendant un an et onze semaines, il découvrit son projet au public, et devant tout le monde, il résigna sa dignité et son office. Les réclamations furent unanimes surtout de la part des cardinaux qui pensaient que le pape était dans le délire pour vouloir quitter les honneurs du pontificat afin de suivre quelques petites femmes folles ; il ne tint cependant aucun compte de leurs observations ; mais il ordonna pontife à sa place un saint homme qui fut nommé Amétus. Et pour avoir quitté le siège apostolique malgré le clergé, celui-ci effaça son nom du catalogue des pontifes, et cette sainte compagnie de vierges perdit dès ce moment tous les égards qu’on avait eus pour elles à la cour de Rome.

Maître de Sainte Ursule - départ de Rome

Le Maître de Sainte Ursule (Bruges) :
départ de Rome

   Il y avait alors à la tête des armées romaines deux mauvais princes, Maxime et Africanus, qui, en voyant cette multitude de vierges accompagnées de beaucoup d’hommes et de femmes, craignirent que, par elles, la religion des chrétiens ne prit trop d’accroissements. Ils eurent donc soin de s’informer exactement du chemin. qu’elles devaient prendre, et envoyèrent des députés à Jules, leur parent, et prince de la nation des Huns, afin que, marchant contre elles avec une armée, il les massacrât à leur arrivée à Cologne, parce qu’elles étaient chrétiennes. Alors le bienheureux Cyriaque sortit de Rome avec cette illustre multitude de vierges. Il fut suivi par Vincent, cardinal-prêtre et par Jacques qui, de la Bretagne, sa patrie, venu à Antioche, y avait exercé la dignité archiépiscopale pendant sept ans. Il était à cette époque en visite auprès du pape, et déjà il avait quitté la ville, lorsqu’il entendit parler de l’arrivée des vierges ; il se hâta de revenir et il fut le compagnon de leur route et de leur martyre. Maurice, évêque de Lévicane, oncle de Babile et de Julienne, Foillau, évêque de Lucques, et Sulpice, évêque de Ravenne, alors à Rome, se joignirent encore à ces vierges. Ethéré, époux de sainte Ursule, qui était resté en Bretagne, avait été averti du Seigneur, par l’entremise d’un ange, d’exhorter sa mère à se faire chrétienne. Car son père était mort un an après avoir été converti à la foi, et Ethéré lui avait succédé dans le gouvernement du royaume. Quand les vierges sacrées revinrent de Rome avec les évêques, dont il a été parlé, Ethéré reçut du Seigneur l’avertissement d’aller de suite à la rencontre de sa fiancée, afin de recevoir avec elle, dans Cologne, la palme du martyre. Il acquiesça aux avertissements de Dieu, fit baptiser sa mère et, avec elle, une toute petite sœur nommée Florentine déjà chrétienne ; accompagné de l’évêque Clément, il alla au-devant des vierges pour s’associer à leur martyre. Marculus, évêque de Grèce et sa nièce Constance, fille de Dorothée, roi de Constantinople, qui avait fait vœu de virginité après la mort de son fiancé, un fils de roi, prévenus par une vision, vinrent à Rome et se joignirent aussi à ces vierges pour avoir part à leur martyre. Toutes donc, et ces évêques revinrent à Cologne alors assiégée par les Huns. Quand ces barbares les virent, ils se jetèrent sur elles en poussant des cris affreux et comme des loups qui se jettent sur des brebis, ils massacrèrent toute la multitude. Quand, après le massacre des autres, on arriva au tour de sainte Ursule, le chef, voyant sa merveilleuse beauté, resta stupéfait, et en la consolant de la mort de ses compagnes, il lui promit de s’unir à elle par le mariage. Mais comme elle rejeta sa proposition bien loin, cet homme, se voyant méprisé, prit une flèche et en perça Ursule qui consomma ainsi son martyre.

Maître de Sainte ursule - le martyre

Le Maître de Sainte Ursule (Bruges) :
le martyre

   Une des vierges, nommée Cordula, saisie de frayeur, se cacha, cette nuit-là, dans le vaisseau ; mais le lendemain, elle s’offrit de plein gré à la mort et reçut la couronne du martyre. Or, comme on ne faisait pas sa fête parce qu’elle n’avait pas souffert avec les autres, elle apparut longtemps après à une recluse, en lui ordonnant de célébrer sa fête le lendemain de celle des vierges.
Elles souffrirent l’an du Seigneur 238. La supputation des époques, d’après l’opinion de quelques-uns, ne permet pas de penser que ces choses se soient passées alors. La Sicile, ni Constantinople n’étaient pas des royaumes, et cependant on dit ici que les reines de ces pays accompagnèrent ces vierges : il vaut mieux croire que ce fut après Constantin, au moment où les Huns et les Goths exerçaient leurs ravages, que ce martyre eut lieu, c’est-à-dire, du temps de l’empereur Martien (selon qu’on le lit dans une chronique) qui régna l’an du Seigneur 352.
Un abbé avait demandé à l’abbesse de Cologne le corps d’une vierge, avec promesse de le placer en son église dans une châsse d’argent ; mais l’ayant laissé, une année entière, sur un autel, dans une châsse de bois, une nuit, que l’abbé de ce monastère chantait matines avec sa communauté, cette vierge descendit corporellement de dessus l’autel et après avoir fait une profonde révérence devant l’autel, elle passa, en présence de tous les moines effrayés, à travers le chœur et se retira. L’abbé courut alors à la châsse qu’il trouva vide. Il vint en toute hâte à Cologne et exposa la chose en détail à l’abbesse. Ils allèrent à l’endroit où ils avaient pris le corps et l’y trouvèrent. L’abbé, après avoir fait ses excuses, demanda le même corps ou au moins un autre, avec les promesses les plus certaines de faire confectionner au plus tôt fine châsse précieuse ; mais il ne put l’obtenir.
Un religieux, qui avait une grande dévotion pour, ces saintes vierges, vit, un jour qu’il était gravement malade, une vierge d’une grande beauté, lui apparaître et lui demander s’il la connaissait. Comme il était surpris de cette vision, et avouait qu’il ne la connaissait aucunement, elle lui dit : « Je suis une des Vierges, à l’égard desquelles vous avez une touchante dévotion ; et afin de vous en récompenser, si par amour et par honneur pour nous, vous récitez onze mille fois l’oraison dominicale, vous éprouverez, à l’heure de votre mort, les effets de notre protection et de notre consolation ». Alors elle disparut, et le religieux accomplit ce qu’on lui avait demandé le plus tôt qu’il put ; et aussitôt après il fit appeler l’abbé pour recevoir l’extrême-onction. Au milieu de la cérémonie, ce religieux s’adressa tout à coup aux assistants en leur criant de se retirer, pour faire place aux Vierges saintes qui arrivaient. L’abbé lui ayant demandé ce que cela signifiait, le religieux lui raconta la promesse qu’il avait faite à la vierge, alors tous se retirèrent, et revenant un moment après, ils trouvèrent que le religieux avait rendu son âme à Dieu.

 Maître de Sainte Ursule - la dévotion des fidèles

Le Maître de Sainte Ursule (Bruges) :
les pèlerins affluent auprès des reliques de Sainte Ursule et de ses compagnes

palmes

Prière à Sainte Ursule
pour en recevoir une grâce

   Ô Sainte Ursule, je me présente devant vous, qui avez manifesté une foi invincible et une force admirable pour lui demeurer fidèle dans l’adversité et les contradictions, sans chercher à préserver les honneurs que donne le monde, et jusqu’au sacrifice de votre propre vie : entendez aujourd’hui les prières de votre serviteur (votre servante) et daignez présenter à Dieu mes intentions… [ici on peut les nommer] et intercéder pour moi, si cela est conforme à mon bien véritable et au salut de mon âme.
Obtenez-moi surtout de mon Dieu, d’être fortifié (fortifiée) et de persévérer dans la pratique des vertus chrétiennes, en particulier… [ici on peut citer les vertus qui nous sont le plus nécessaires], pour que, soutenu (soutenue) par vos prières et par vos exemples, je sois vainqueur (victorieuse) des tentations et des embûches de Satan, je sois patient (patiente) dans les épreuves, porte vaillamment les croix que la divine Providence permet pour moi, et mérite de mourir saintement, afin de vivre éternellement auprès de Dieu dans le Ciel, où je pourrai vous remercier de votre assistance.
Ainsi soit-il !

Prière composée par Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur

Voir aussi les Litanies de Sainte Ursule > ici

Sainte Ursule - statue de la nef de l'église Sainte-Ursule à Cologne

Sainte Ursule
(église Sainte-Ursule, à Cologne)

2022-109. Hommage à la Révérende Mère Geneviève Gallois qui, par une « Simple Question », m’a ouvert des perspectives spirituelles infinies…

19 octobre,
Fête de Saint Théofrède de Carméri (cf. > ici) ;
Mémoire de la Bienheureuse Agnès de Jésus (cf. > ici et > ici) ;
Mémoire de Saint Pierre d’Alcantara ;
Anniversaire du rappel à Dieu de S.M. la Reine Marie-Thérèse de France (cf. > ici) ;
Anniversaire du rappel à Dieu de la Révérende Mère Geneviève Gallois, osb.

Bédoin - chapelle de la Madelène

Bédoin (Comtat Venaissin) : chapelle de la Madeleine

moine perplexe gif

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

      A l’heure où je vous écris – l’heure où « le soir étend sur la terre son grand manteau de velours » -, en ce 18 octobre 2022, cela fait exactement quarante-cinq ans un mois et onze jours, que, en conclusion de la fête de la Nativité de Notre-Dame, le jeudi 8 septembre 1977, je descendais de voiture sur l’aire de stationnement aménagée au chevet d’une toute petite chapelle romane du XIème siècle édifiée sur l’un des contreforts méridionaux du Mont Ventoux, au débouché de la « Combe obscure », en contrebas de la route départementale qui vient de Malaucène et se dirige vers le village de Bédoin (nota bene : nous avons déjà évoqué ce village dans les pages de ce blogue, à propos du massacre des catholiques auquel les révolutionnaires se livrèrent le 28 mai 1794 – cf. > ici).
Cette chapelle, dite de la Madeleine (ou de la Madelène selon la graphie héritée du provençal), était alors le siège du « Prieuré Sainte Madeleine » fondé par Dom Gérard Calvet (1927-2008), et j’y venais assister à la prise d’habit d’un ami, condisciple de lycée pendant l’année scolaire précédente, qui, sitôt l’obtention du baccalauréat, avait rejoint la jeune et dynamique communauté bénédictine traditionnelle, dont les moines, en raison de l’exigüité des lieux, vivaient dans des caravanes devenues légendaires !

   L’ami à la prise d’habit duquel je venais assister était plus âgé que moi. En cette fin d’été 1977 je venais juste d’avoir 15 ans, j’entrais en classe de première, et, depuis une année (il y avait eu « l’été chaud » 1976 où avait éclaté « l’affaire Lefebvre », puis, en février 1977, la libération de Saint-Nicolas du Chardonnet… etc) la découverte de l’existence et de la vitalité du mouvement traditionnel avait provoqué en moi un sursaut salutaire : feu le Maître-Chat Lully a déjà eu l’occasion d’en parler dans les pages de ce blogue (cf. > ici), et il avait justement cité cette soirée au Prieuré Sainte Madeleine et l’électrochoc spirituel que j’y ai reçu…

Bédoin Sainte-Madeleine

carte postale datant de l’époque où la communauté fondée par Dom Gérard Calvet occupait l’ancien Prieuré de la Madeleine à Bédoin,
avant la construction de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux 

   Mais il y a un détail que je n’avais pas mentionné dans l’interrogatoire que Monseigneur le Maître-Chat Lully m’avait alors fait subir et dont je veux parler ce soir : ce soir spécialement parce que ce 19 octobre 2022 marque le soixantième anniversaire du rappel à Dieu d’une moniale bénédictine qui, sans l’avoir jamais rencontrée (puisqu’elle est morte le 19 octobre 1962, je n’avais que trois mois et demi à cette date !), a exercé sur moi une influence durable : Mère Geneviève Gallois.

   En effet, aux murs de la pièce d’accueil où nous avions pu rencontrer les moines, se trouvaient accrochés quelques cadres : je suis bien incapable de dire ce qu’ils représentaient, sauf pour l’un d’eux qui m’a marqué pour la vie et qui montrait exactement ceci :

Simple question - Mère Geneviève Gallois - Vie du Petit Saint Placide

   Le trait, caricatural mais tellement éloquent, et surtout la légende de la scène, eurent sur mon âme un effet percutant.

   Je n’eus pas alors le loisir de poser des questions au sujet de ce cadre, mais à quelque temps de là, écrivant à mon ami novice, je lui demandais s’il pouvait m’en recopier le texte et surtout s’il pouvait me dire d’où provenait cette image.
Il me répondit que c’était la reproduction d’une page d’un ouvrage un peu inclassable d’une bénédictine, Mère Geneviève Gallois, qui s’intitulait « La vie du Petit Saint Placide » et que, bien que sa première publication datât de 1953, on pouvait encore le trouver en librairie.
Je fonçai aussitôt chez un libraire et commandai l’ouvrage…

  Je ne le lus pas : je le dévorai !
Pas une fois, mais plusieurs à la suite.
Inlassablement, je reprenais ma lecture au début dès que j’arrivais à la fin !
Avec une avidité spirituelle qui croissait à chaque relecture, je réfléchissais à ces leçons que je découvrais à travers ces dessins tellement improbables et expressifs : j’interrogeais ce prêtre érudit – mon professeur de grec – dont j’ai parlé dans le récit des souvenirs sus mentionné (cf. > ici), et je réfléchissais encore, et encore, et encore…
En fait, je disais que je « réfléchissais » mais je crois que c’est par cet ouvrage que je suis alors entré, sans le savoir, dans les voies de la méditation.

   Ce que Marcelle Auclair a écrit dans la préface se vérifiait : « La Vie du Petit Saint Placide est un exquis traité d’oraison par l’image (…) Les images de Mère Geneviève tendent à notre futilité un piège subtil. On feuillette, et on est pris ; l’œil est distrait, mais l’esprit, de traits de plume en traits de lumière, se recueille. Et le divin tour est joué, ou plutôt ce que Mère Geneviève appelle : « ce drame poignant qui se joue entre l’âme et Dieu ». Notre cœur est tout entier « aspiré comme par un siphon » : c’est ainsi que le petit saint Placide fut aspiré par Dieu ».

moine perplexe gif

   « La Vie du Petit Saint Placide » ne me quitta pas de toute l’année de première ; elle était toujours dans la sacoche qui me tenait lieu de cartable, afin de l’avoir partout avec moi et de pouvoir m’y replonger à tout moment : pendant les études où je m’ennuyais, et pendant les cours qui m’ennuyaient (et dont, en définitive, les professeurs, résignés, préféraient que je fusse absorbé par un livre – alors pourquoi pas un livre avec des caricatures de moines réalisées par une bonne sœur ! – plutôt que je dissipasse tout le reste de la classe).
J’étais totalement « accro ».

   Et je le suis resté.
« La Vie du Petit Saint Placide » est un ouvrage qui m’accompagne depuis quarante-cinq ans. Dans mon bureau, toujours à portée de main, à côté des ouvrages de Gustave Thibon. Dans tous mes déménagements, toujours dans un carton spécial : celui dont on sort le contenu en priorité.

   Bien sûr, j’ai voulu savoir qui était cette Mère Geneviève Gallois, qui avait quitté cette terre alors que je venais d’y entrer. J’ai été étonné du « parcours » de cette jeune artiste inclassable qui, convertie par la liturgie grégorienne des Bénédictines de la Rue Monsieur, entra chez elles en 1917, mais dut attendre vingt-deux ans pour être admise à la profession solennelle, tant son tempérament original et fort déroutaient ses supérieures !
J’ai été émerveillé du travail de la grâce dans cette âme dont les dessins, franchement moches – osons le mot -, sont porteurs d’une telle force et fécondité spirituelles !

   Je me suis souvent posé cette question : si Mère Geneviève Gallois, au lieu de s’éteindre à 74 ans le 19 octobre 1962, avait connu les soubresauts du concile vaticandeux et la période de folie qui l’a suivi, n’aurait-elle pas eu quelques coups de crayons bien sentis, pour traduire en images suréloquentes la vérité pérenne et paisible découlant du bon sens spirituel et de l’authentique vie intérieure en des temps qui, dans la Sainte Eglise, en ont cruellement manqué ?  

   Quoi qu’il en soit, à titre personnel, au jour anniversaire de sa mort, je ne peux que rendre à Dieu de très ferventes actions de grâces pour tout ce qu’elle a fait pour moi à travers son Petit Saint Placide !

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur

« Mais, mon cher Père, la leçon de la guerre n’a pas porté !
Le monde ne se convertit pas ! etc. etc… »
Petit Placide réfléchissait :
Et les Bons Pères, est-ce qu’ils se convertissent ?
Et Moi ? Ce Moi qui est le seul pays de Mission sur lequel j’ai pouvoir,
et dont j’aurai à rendre compte.

moine perplexe gif

2022-108. Nous avons lu et nous avons aimé : « Pour Dieu et le Roi… avec Bonchamps ».

18 octobre,
Fête de Saint Luc, évangéliste ;
Anniversaire de l’Edit de Fontainebleau (cf. > ici et > ici) ;
Anniversaire de la mort du marquis de Bonchamps (cf. > ici) ;
Anniversaire de l’exécution du marquis de Surville (cf. > ici).

      En 2013, Brigitte Lundi commençait la collection « Pour Dieu et le Roi… », aux éditions Les Petits Chouans, avec un premier volume intitulé « Pour Dieu et le Roi… en Vendée ».

Brigitte Lundi - Pour Dieu et le Roi en Vendée

   Cette série s’adresse prioritairement aux enfants… mais de très très grands enfants – tel que mon papa-moine aujourd’hui sexagénaire – trouvent eux aussi un très très grand plaisir à la lecture de ces ouvrages, puisque cette collection compte aujourd’hui quatre volumes : après « Pour Dieu et le Roi… en Vendée » (2014) sont venus « Pour Dieu et le Roi… avec Cathelineau » (2014), « Pour Dieu et le Roi… avec Stofflet » (2015) et « Pour Dieu et le Roi… avec Bonchamps » (2018). Et maintenant, j’attends la suite avec impatience !

   Pour moi, qui suis en pleine période d’éducation, c’est une manière tout-à-fait passionnante d’aborder l’histoire de ces héros dont Frère Maximilien-Marie me parle avec enthousiasme et ferveur.
C’est également parfait pour des parents ou des grands parents désireux de transmettre à leur descendance la flamme sacrée qui anima ces grandes figures de notre histoire catholique et royale !

pattes de chatTolbiac.

L’auteur :

   Tombée dans la marmite de la contre révolution quand elle était petite, Brigitte Lundi a pris sa plume pour transmettre l’amour de la France et de la civilisation européenne et chrétienne. Petite fille de réfractaires vendéens et d’officiers, elle a raconté les guerres de Vendée pour les enfants. Elle fait partie du comité de lecture de Livres en Famille (où l’on peut trouver tous ses ouvrages), et contribue à la collection jeunesse Bulle d’Or. Devant la décrépitude du pays, elle a écrit un récit de politique fiction L’Aube de Jéricho, un « 25 ans après » La Nuit de Jéricho, co-écrit par Alain Sanders et Serge de Beketch. Elle collabore occasionnellement à TV Libertés et Boulevard Voltaire pour la défense de la culture française et européenne. Son dernier ouvrage, Les Derniers Croisés, préfacé par Alain Sanders, est paru au printemps 2022, inspiré par une idée de Jean Raspail.

Brigitte Lundi - Pour Dieu et le roi avec Bonchamps

Pour Dieu et le Roi… avec Bonchamps :

   Ce quatrième volume, comme les précédents, se présente sous la forme du récit d’un adulte à des enfants avides d’apprendre. Cette fois, c’est leur oncle, religieux montfortain à Saint-Laurent-sur-Sèvre, qui – à travers huit lettres – raconte à ses neveux la geste de Monsieur de Bonchamps, sans oublier son voyage aux Indes, avant le déclenchement de la grande révolution, épisode que beaucoup ne connaissent que d’une manière indicative et très superficielle. Il se lit avec plaisir et facilité, et cependant on n’y trouve aucune superficialité : le sujet ne saurait le permettre. On suit donc Charles-Melchior de Bonchamps à Paris, dans la défense de la personne sacrée du Roi aux Tuileries, jusqu’au sinistre 10 août 1792, puis dans son retour en Anjou et dans les péripéties de la guerre de Vendée, jusqu’à sa mort en héros et en héros chrétien, pour lequel le pardon n’est pas un vain mot ! Quant au dernier chapitre de l’ouvrage, il constitue une belle et émouvante surprise, que je vous laisserai découvrir par vous-mêmes…

Tombeau de Bonchamps à St-Florent-le-Vieil

2022-107. Message de Sa Majesté le Roi Louis XX à l’occasion de l’anniversaire de l’assassinat de Sa Majesté la Reine Marie-Antoinette.

- 16 octobre 2022 -

Armes de France pour le deuil

   A l’occasion de l’anniversaire de l’odieux assassinat de Sa Majesté la Reine Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine, ce dimanche 16 octobre, en début d’après-midi, Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou, de jure Sa Majesté le Roi Louis XX, a publié sur les réseaux sociaux le message suivant :

   N’oublions pas notre histoire de France !

En ce 16 octobre, nos pensées et nos prières vont à la Reine Marie-Antoinette, odieusement assassinée, après un procès inique.
Durant les derniers mois qu’elle a vécus, d’abord avec le Roi Louis XVI et leur famille, puis seule, séparée de ses proches et notamment de ses enfants, Marie-Antoinette a montré comment savait mourir une Reine de France.
Jusqu’au bout elle a tenu tête à ses ennemis.

   Plus de deux siècles après elle demeure un modèle pour les chefs d’état qui savent que le sacrifice fait partie de leur devoir et de la charge qu’ils ont reçue de Dieu pour gouverner les hommes.

SM la Reine Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine avec ses enfants - Elisabeth Vigée-Lebrun

Célèbre portrait de S.M. la Reine Marie-Antoinette avec ses enfants
par Elisabeth Vigée-Lebrun

2022-106. Du Requiem en ré mineur de Charles-Henri Plantade à la pieuse mémoire de Sa Majesté la Reine Marie-Antoinette.

16 octobre,
En France : fête de l’apparition de Saint Michel au Mont Tombe (cf. > ici) ;
Anniversaire de l’assassinat de S.M. la Reine Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine ;
Anniversaire de la fondation de la Milice de l’Immaculée (cf. > ici).

Reconstitution de la cellule de la Reine à la Conciergerie

Reconstitution de la cellule de la Reine à la Conciergerie

Charles-Henri Plantade (1764-1839) :

   Claveciniste et compositeur né à Paris le 19 octobre 1764, Charles-Henri Plantade entra à l’école des pages du Roi à Versailles : choisis pour leurs capacités musicales, ces jeunes gens se formaient sous la conduite d’un maître de musique et égayaient la cour par le chant et la pratique orchestrale.
Les aptitudes vocales du jeune Plantade le firent rapidement remarquer. Elles lui valurent d’interpréter plusieurs « soli » dans les grandes messes solennelles de Versailles. Plus encore, distingué par Gluck il fut choisi par lui pour chanter des duos avec la jeune Reine. Durant cette période, selon plusieurs biographes, Plantade apprit la composition et s’initia à la maîtrise instrumentale avec plusieurs grands maîtres de l’époque. Cette solide formation fit de lui un claveciniste de très bon niveau, capable d’accompagner de multiples ensembles à la partition, mérite encore rare à cette époque. Ces compétences lui ouvrirent les portes des salons aristocratiques, toujours à l’affut d’une musique de qualité pour agrémenter les bals et les réceptions. Mais ces premiers succès tournèrent à la coqueluche quand il s’attacha au genre musical qui devint à la mode dans les dernières années de l’Ancien Régime : la romance. Ces romances de Plantade se faisaient remarquer par la qualité des accompagnements qui tranchaient sur la foule des pièces médiocres qui fleurissaient un peu partout. Ces succès toutefois étant insuffisant pour lui assurer une vie décente, Plantade entra alors dans l’orchestre de l’Opéra Comique et se lança en même temps dans le professorat de chant.
En 1799 il est nommé professeur de chant au Conservatoire et enseigne aussi au pensionnat de jeunes filles fondé par Madame Campan à Saint-Germain-en-Laye. Il y rencontre alors Hortense de Beauharnais, belle-fille du Buonaparte, qui y est élève, à laquelle il s’attache de manière durable, et dont la protection va propulser sa carrière.
En 1806, Hortense de Beauharnais devenue Reine de Hollande, se l’attache en qualité de maître de chapelle et le fait nommer directeur de la musique du Roi. Quatre ans plus tard, quand l’éphémère royaume est annexé à l’empire français, Plantade revient à Paris avec sa protectrice qui lui conserve toutes ses fonctions auprès d’elle.
Après quelques incertitudes, Charles-Henri Plantade va survivre honorablement au changement de régime : d’abord réformé de sa chaire du conservatoire en 1816, il la retrouve deux ans plus tard lorsque l’institution devient l’Ecole royale de chant et de déclamation. Son retour en grâce avait déjà été marqué par sa nomination, à la maîtrise de la Chapelle Royale (1816-1830), dirigée par Cherubini. Dans ce poste, Plantade se consacre pleinement au genre religieux. Il écrit ainsi plusieurs messes de Requiem exécutées à la nécropole royale de Saint-Denys lors de cérémonies officielles. Il compose surtout le Te Deum et le Salve Regina joués à Reims à l’occasion du Sacre de Sa Majesté le Roi Charles X, le 29 mai 1825.

Avec la révolution de 1830, Plantade perd la plupart de ses charges, hors ses fonctions de chef de chant à l’opéra. Ressentant une grande amertume de cette mise à l’écart, il se retire aux Batignolles. Malade, il rejoint Paris en 1839 pour y mourir le 18 décembre à l’âge de soixante-quinze ans.

Le Requiem à la pieuse mémoire de Sa Majesté la Reine Marie-Antoinette :

   Les spécialistes ont du mal à dater précisément la composition de la Messe de Requiem à grand orchestre, « composée et dédiée à Mme la Baronne de La Bouillerie » d’après la page de titre. Cette œuvre semble préexister à l’événement qui l’a rendue célèbre : la commémoration, en 1823, du trentième anniversaire de la mort de Sa Majesté la Reine Marie-Antoinette.
Le répertoire de la Chapelle des Tuileries ne comportait pas alors beaucoup de messes funèbres, et on demanda à Charles-Henri Plantade – qui n’était pas du nombre des principaux maîtres de Chapelle (comme Le Sueur ou Cherubini) de retravailler une Messe en ré mineur inédite, bien que sans doute déjà jouée, qu’il avait en réserve. Une édition luxueuse, publiée par Frey à cette occasion, est due pour une bonne part à la générosité de la Baronne de La Bouillerie, et à une liste importante de souscripteurs sollicités par la baronne.
« La musique de ce Requiem offre un pont saisissant entre les modèles d’Ancien Régime et le premier romantisme. Le chœur est écrit avec trois parties d’hommes (les ténors étant toujours divisés) et une seule ligne de femmes. La sonorité, de ce fait, se rapproche des anciens motets hérités de l’esthétique lullyste puis ramiste. La découpe conserve le plan traditionnel Introït / Kyrie / Graduel / Prose / Offertoire / Sanctus / Pie Jesu / Agnus. Après une introduction dont le chromatisme représente l’affliction devant la mort, et dont les coups de tam-tam semblent rappeler l’implacable destin de l’homme, le Kyrie opte pour une fugue plus énergique, débutée en faux plain-chant, et dont les volutes ne sont pas sans imiter certains mélismes haendéliens. Le Graduel, intimiste, divise par moment la ligne de sopranos en deux parties et aspire à la plénitude de l’homorythmie, en opposition complète avec le Kyrie. La prose – par la longueur de son texte – est la section la plus développée de la messe des morts, et c’est aussi celle où Plantade fera montre de toute la richesse de son inventivité : on y sent passer les frémissements opératiques des ouvrages révolutionnaires de Méhul et Cherubini, et même la nervosité du style de Rossini, alors en pleine vogue. Le très beau Pie Jesu qui conclut cette section offre un magnifique exemple de style rétrospectif, où altos et violoncelles résonnent comme un consort de violes louis-quatorzien. Mais c’est précisément dans le « véritable » Pie Jesu – celui qui précède l’Agnus, plus loin dans la messe – que Plantade utilisera l’effet d’orchestration le plus moderne de sa partition : un gémissement plaintif du cor en note « ouverte » et chromatique, produisant un son inquiétant que Berlioz dut particulièrement apprécier » (livret du CD).

Voici les enregistrements de cette œuvre réalisés en 2016 par « Le Concert Spirituel » dirigé par Hervé Niquet, dans la collection « Château de Versailles » (Alpha-Classics).
Pour écouter, faire un clic droit sur l’image, puis « ouvrir dans un nouvel onglet ».

L’introït Requiem :

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Le Kyrie :

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Le graduel Requiem :

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La prose Dies Irae :

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L’offertoire Domine Iesu Christe :

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Le Sanctus :

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Le Pie Iesu :

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L’Agnus Dei :

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Armes de Sa Majesté la Reine Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine

 

2022-105. De Sainte Angadrême de Renty, vierge et abbesse, céleste protectrice de Beauvais, que l’on invoque pour être préservé de l’incendie et des méfaits du feu.

14 octobre,
Fête de Sainte Angadrême de Renty, vierge ;
Mémoire de Saint Calliste 1er, pape et martyr.

Statue de Sainte Angadrême dans l'église Notre-Dame du Marissel à Beauvais

Statue de Sainte Angadrême
église Notre-Dame du Marissel, à Beauvais

   La fête de Sainte Angadrême (en latin : Angadrisma, d’où Angadresme, puis aujourd’hui Angadrême) nous ramène au VIIème siècle et nous permet d’admirer l’un des magnifiques fleurons de la sainteté des temps mérovingiens.

   Angadrême était la fille unique de Robert (Chrodobertus dans les textes latins : d’où le fait qu’on le trouve aussi nommé Chrodobert ou Chrodebert) resté dans l’histoire sous le nom de Robert le Référendaire.
On ne connaît pas le nom de sa mère.
De même, on ne connaît pas la date de sa naissance, qui doit se situer au plus tard vers 615 selon l’âge qui lui est donné au moment de sa mort. Elle serait née à Thérouanne ou dans les environs : le village de Renty, en Artois, qui est associé au nom de Sainte Angadrême, est situé à un peu plus de quatre lieues à l’ouest de Thérouanne ; ce pourrait être le lieu de sa naissance, ou celui du domaine où elle a grandi.

   Par son père, elle appartient à la haute noblesse franque : il est hautement probable que c’est cette lignée de laquelle est issue la famille royale des Robertiens, à laquelle, après Hugues Capet, est attribué le nom de Capétiens.
Robert, dit le Référendaire, exerça cette fonction, qui cumule à peu près les charges de chancelier et de garde des sceaux, pour les Rois Dagobert 1er et Clotaire III (fils de Sainte Bathilde). Ami et disciple de Saint Ouen (v. 603 – 686), fonctionnaire royal puis archevêque de Rouen, Robert, comme lui, embrassera la carrière ecclésiastique et deviendra évêque de Tours et peut-être aussi de Paris.
Robert donna pour précepteur à sa fille Audemar de Thérouanne (600-667) (en latin : Audomarus, aujourd’hui connu comme Saint Omer) : auprès de lui, Angadrême acquit non seulement une vaste culture profane, mais aussi de solides connaissances religieuses et développa une profonde vie spirituelle et une grande piété.
C’est ainsi que, grandissant en âge, en sagesse et en grâce, Angadrême, éprise du Christ, lui voua sa virginité.

   Ignorant du vœu de sa fille, Robert avait résolu de la marier à Ansbert, fils du riche et noble Siwin (Silvinus), seigneur de Chaussy dans le Vexin français.
Il se trouve que le jeune homme, lui aussi, à l’insu de sa famille, avait fait vœu de virginité.
Les deux fiancés malgré eux, ayant de toute évidence compris quelle flamme intérieure les animait, s’ouvrirent l’un à l’autre de leur aspiration à la vie consacrée, mais l’un comme l’autre redoutaient de désobéir à leurs pères et de les contrister, en un temps où ces sortes d’engagement revêtaient des importances peu comprises aujourd’hui, et où leur rupture pouvaient avoir de redoutables conséquences.
Ansbert et Angadrême supplièrent Dieu de leur permettre de répondre à leur vocation, et Dieu les exauça d’une surprenante manière : Angadrême, qui était d’une grande beauté, avait demandé : « Que périssent ces charmes qui m’exposent à manquer à mes promesses ! qu’ils soient remplacés par des traits propres à éloigner de moi les vaines adulations des hommes » ; elle eut soudain le visage couvert d’une maladie de peau – qualifiée de lèpre – qui la rendit repoussante, et, les médecins jugeant qu’il n’y avait point de remède à ce mal, les parents durent naturellement convenir que les arrangements qu’ils avaient conclus étaient rendus caducs par cette maladie.
C’est ainsi qu’Ansbert, après avoir dû exercer un temps la charge de référendaire à la cour de Clotaire III, put finalement réaliser sa vocation et entrer à l’abbaye de Fontenelle (aujourd’hui Saint Wandrille). A la mort de Saint Wandrille (+ 668), Lambert, cousin germain d’Angadrême (il était fils d’Erlebert, frère de Robert), fut élu abbé, mais une dizaine d’années plus tard, Lambert fut choisi pour devenir archevêque de Lyon et Ansbert devint le troisième abbé de Fontenelle. A la mort de Saint Ouen (+ 684), à son corps défendant, il fut élu archevêque de Rouen.
Saint Ansbert est fêté le 9 février.
Saint Ouen, Saint Omer, Sainte Bathilde, Saint Lambert, Saint Ansbert… et quelques autres que les limites de cette publication ne me donnent pas le loisir de citer : on est frappé par cette « concentration » de sainteté dans la parenté et l’entourage de celle qui va devenir Sainte Angadrême !

Statue de Sainte Angadrême - cathédrale de Beauvais

Statue de Sainte Angadrême
cathédrale Saint-Pierre de Beauvais

Certaine qu’elle pourrait désormais accomplir sa vocation, Angadrême avoua à son père« J’ai pris Jésus-Christ pour époux. Il veut que je n’appartienne à nul autre qu’à Lui. C’est pour me protéger et me défendre qu’Il m’a envoyé cette difformité ». Robert la conduisit lui-même à Rouen devant Saint Ouen qui lui remit le voile des vierges consacrées. Angadrême ne trouva pas seulement la paix et la joie de l’âme dans la reconnaissance de sa vocation et son accomplissement, mais elle fut aussi guérie de sa maladie de peau et retrouva toute sa beauté.
Ce miracle rendit encore plus éclatant l’authenticité de l’appel exclusif de Dieu envers la noble jeune fille.

Vers 660, après avoir vécu de manière exemplaire les vertus religieuses et la discipline communautaire, elle est contrainte d’accepter la charge d’abbesse, dans le monastère de vierges et de veuves que son Père, Robert, avait fait construire à quelque deux lieues de Beauvais, sur la route d’Amiens, entre Guignecourt et Abbeville-Saint-Lucien, à côté de l’oratoire de Saint Evrou (ou Evroult), au lieu-dit Oroër (nom dérivé du verbe latin orare – qui signifie prier – en raison du fait qu’il y avait un grand nombre d’oratoires qui permettaient de faire monter vers le ciel une sorte de louange continue).
Un jour l’oratoire de Saint Evrou fut en proie aux flammes. Angadrême se précipita pour saisir la châsse des reliques de Saint Evrou qu’elle opposa à l’incendie, lequel céda aussitôt.
La tradition rapporte aussi qu’Angadrême, étant allée faire des dévotions dans l’église Saint-Michel de Beauvais (à cette époque la clôture monastique des femmes n’était pas aussi stricte qu’elle le devint par la suite, et les moniales pouvaient sortir pour visiter les pauvres, soigner les malades et accomplir des pèlerinages) et y trouvant la lampe du Saint Sacrement éteinte, alla demander du feu à un boulanger voisin. Celui-ci, importuné, lui jeta violemment des charbons ardents qu’elle reçut dans ses habits sans qu’ils brûlassent. Effrayé, le boulanger se prosterna à ses pieds.
C’est cet événement qui fit que lorsque le monastère d’Oroër fut détruit par les normands (en l’an 851), on choisit de transférer les reliques de Sainte Angadrême dans l’église Saint-Michel plutôt qu’à la cathédrale (malheureusement cette église Saint-Michel fut à son tout détruite en 1810).
Ces deux faits – l’incendie de l’oratoire de Saint Evrou et le miracle des charbons ardents lancés par le boulanger – font que Sainte Angadrême est très spécialement invoquée contre les incendies et les méfaits du feu.

La prière de Sainte Angadrême protégeant Beauvais de l'incendie - attribué à Claude François, dit Frère Luc (1614-1685) cathédrale de Beauvais

La prière de Sainte Angadrême préservant Beauvais de l’incendie
Tableau de la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais
attribué à Claude François, dit Frère Luc (1614-1685)

   Dans son monastère, Angadrême conduisit ses compagnes à la vertu bien plus par la force de ses exemples que par l’autorité de son commandement. En effet, ses compagnes, la voyant si assidue à la prière, si humble dans son gouvernement, si modeste dans sa tenue et sa vêture, ayant grand soin des pauvres et des nécessiteux, toujours attentive aux détresses spirituelles de ses sœurs, et utilisant un langage nourri par la méditation des saintes Ecritures pour les entraîner à l’amour de Dieu, voulurent la garder comme abbesse pendant plus de trente années !
Elle, toujours plus humble, leur tiendra ce langage au moment où elle allait recevoir les derniers sacrements : « Sur le point de recevoir mon Dieu et mon juge, moi, votre indigne abbesse, je vous demande pardon de tous les mauvais exemples que j’ai pu vous donner, et des peines dont j’ai été pour vous la cause. Je ne mérite pas ce pardon, je le sais ; mais vous aurez pitié de moi et de mes faiblesses ».

Elle rendit son âme à Dieu un 14 octobre, probablement en 695, âgée de plus de 80 ans.

Après sa mort, des miracles éclatants eurent lieu sur sa tombe, qui devint donc un lieu de pèlerinage, jusqu’à ce que les Normands détruisissent le monastère (il sera reconstruit ailleurs près de deux-cents ans plus tard), ce qui fut, comme nous l’avons dit plus haut, l’occasion du transfert de ses reliques dans l’église Saint-Michel de Beauvais.
La ville de Beauvais, en revanche, fut protégée du pillage et de la destruction des Normands, et depuis lors, Sainte Angadrême est la patronne principale de la ville (et la patronne secondaire du diocèse de Beauvais-Noyon-Senlis).

   Cette protection se fit sentir d’une manière toute particulière lors de la guerre de Cent-Ans. En 1472, Beauvais fut assiégée par plus de 80.000 Bourguignons (alliés des Anglais), conduits par Charles le Téméraire.
La ville est à toute extrémité, les assiégés sont épuisés. C’est alors que les jeunes filles de Beauvais courent à l’église Saint-Michel et se chargent de la châsse de Sainte Angadrême qu’elles portent en procession sur les remparts : à cette vue, le courage renaît et une force quasi surnaturelle saisit les défenseurs : une ardeur guerrière s’empare des femmes elles-mêmes et, au plus fort du combat, au moment où un soldat bourguignon va planter son étendard sur le sommet du rempart où il vient de parvenir, une jeune fille, Jeanne Laîné (ou Laisné), l’abat avec une hachette. L’étendard bourguignon tombe dans le fossé, les défenseurs sont galvanisés et reprennent l’avantage.
Repoussés de toutes parts, les Bourguignons s’enfuient, laissant plus de 3.000 cadavres ou blessés, tandis qu’on ne déplore la perte que de 80 combattants parmi les Beauvaisiens, convaincus que la protection de Sainte Angadrême a été leur salut.

Jeanne Laîné ne sera plus désormais appelée que Jeanne Hachette.
Louis XI ordonna que chaque année, le dimanche le plus proche du 27 juin (jour de cette victoire), fut célébrée une procession solennelle pour rappeler la protection de Sainte Angadrême et la mémoire de l’héroïque Jeanne Hachette.

Cette procession fut accomplie jusqu’à la révolution qui l’abolit. Rétablie en 1805, elle fut supprimée par la « monarchie de juillet », à nouveau rétablie après la révolution de 1848 jusqu’en 1885 où les lois anti-catholiques de la république vont d’abord entraîner la dissociation (un cortège laïc nommé « fête de Jeanne Hachette » d’une part, et la procession religieuse avec la châsse de Sainte Angadrême d’autre part) puis la disparition pure et simple de la procession religieuse après les lois dites de « séparation ».

La procession de la châsse de Sainte Angadrême le 27 juin 1472 et l'héroïsme de Jeanne Hachette

Les jeunes filles de Beauvais portant la châsse de Sainte Angadrême le 27 juin 1472
et l’héroïsme de Jeanne Hachette
(détail d’un tableau de la chapelle de Sainte Angadrême dans la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais)

frise fleurs de lys

Prière à Sainte Angadrême
pour lui demander
la fidélité dans notre quête de la perfection

   Nous recourrons à vous, puissante Sainte Angadrême, et nous vous supplions de nous assister de vos prières dans les nécessités de notre vie chrétienne :
- dès votre enfance, vous avez compris qu’il ne fallait rien préférer à l’amour de Jésus-Christ et vous êtes demeurée inébranlable dans votre résolution malgré les oppositions qu’elle rencontrait : aidez-nous à demeurer fidèles à nos devoirs de chrétiens, aux promesses de notre baptême, à nos engagements de piété et de charité, aux exigences de notre devoir d’état, et, ainsi, à croître chaque jour dans la pratique de l’amour de Dieu ;

- vous avez préféré sacrifier votre beauté et une situation enviée plutôt que de renier vos engagements : enseignez-nous à être généreux dans la pratique des renoncements qui s’imposent pour demeurer fidèles aux exigences de notre vocation chrétienne ;
- vous avez vécu humblement les vertus évangéliques dans l’obscur quotidien de la vie monastique : apprenez-nous à être fidèles dans les petites choses que nous imposent nos devoirs de chaque jour, en les accomplissant avec beaucoup d’exactitude et sans lassitude, avec l’esprit qui convient aux actions héroïques les plus éclatantes ;
- vous avez combattu les flammes de l’incendie par la prière et la foi dans l’intercession des saints : communiquez-nous votre ardeur pour nous opposer aux flammes des passions mauvaises et à la contagion du mal ;
- vous avez entendu les prières et les supplications de ceux qui criaient vers vous à l’heure du péril : soutenez notre espérance et fortifier notre confiance pour que nous ne nous découragions jamais, et puissions parvenir au bonheur éternel du ciel en votre compagnie et celle de tous les saints, dans la vision de Dieu Notre-Seigneur !

Ainsi soit-il.

(prière composée par Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur)

Tableau de la procession de la châsse de Sainte Angadrême - détail

2022-104. Profession de foi de Saint Bruno à l’heure de sa mort.

6 octobre,
Fête de Saint Bruno le Chartreux, confesseur ;
Mémoire de Sainte Enimie, Fille de France, vierge.

La mort de Saint Bruno - Eustache Le Sueur

Eustache Le Sueur (1616-1655) : la mort de Saint Bruno
[musée du Louvre]

frise

   Au soir de sa vie, Saint Bruno voulut témoigner devant ses frères qu’il avait combattu jusqu’au bout le bon combat, qu’il avait achevé sa course en gardant la foi (cf. 2 Tm 4, 7). Le texte qui suit fut recueilli par ses compagnons de vie religieuse dans l’ermitage Santa Maria de la Torre de Calabre, en Italie, et nous transmet fidèlement cette profession de foi solennelle qu’il fit avant sa mort, survenue le 6 octobre 1101.

Introduction rédigée par les Chartreux Santa Maria de la Torre :
« Nous avons pris soin de recueillir la profession de foi de Maître Bruno, prononcée devant tous ses frères réunis, quand il sentit approcher, pour lui, l’heure d’entrer dans la voie de toute chair ; car il nous avait demandé de façon très pressante d’être les témoins de sa foi devant Dieu.

Texte même de la profession de foi (note 1)

   1 – Je crois fermement au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit : le Père non engendré, le Fils seul engendré, le Saint-Esprit procédant de l’un et de l’autre ; et je crois que ces trois Personnes sont un seul Dieu.

   2 – Je crois que ce même Fils de Dieu a été conçu du Saint-Esprit dans le sein de la Vierge Marie.
Je crois que la Vierge était très chaste avant l’enfantement, qu’elle est demeurée vierge dans l’enfantement et l’est restée éternellement par la suite.
Je crois que ce même Fils de Dieu a été conçu parmi les hommes comme un homme véritable, sans péché.
Je crois que ce même Fils de Dieu a été victime de la haine des Juifs perfides 
(note 2), et qu’après avoir été injustement fait prisonnier, Il a été couvert de crachats et d’insultes et flagellé ; qu’Il est mort, a été enseveli et qu’Il est descendu aux enfers pour en libérer les Siens qui s’y trouvaient captifs ; qu’Il est descendu (des Cieux) pour notre rédemption, est ressuscité et est remonté aux Cieux d’où Il viendra juger les vivants et les morts.

   3 – Je crois aux Sacrements en lesquels croit l’Eglise catholique et qu’elle vénère ; je crois particulièrement que ce qui est consacré sur l’autel est le vrai Corps, la vraie Chair et le vrai Sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ, que nous recevons pour la rémission de nos péchés, dans l’espérance du salut éternel.
Je crois à la résurrection de la chair et à la vie éternelle.
Ainsi soit-il.

   4 – Je confesse et je crois en la sainte et ineffable Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, qui est un seul Dieu par nature, d’une seule substance, d’une seule nature, d’une seule majesté et puissance.
Nous professons que le Père n’a été ni engendré ni créé, mais qu’Il est inengendré.
Le Père Lui-même ne tire Son origine de personne.
De Lui, le Fils reçoit la naissance et le Saint-Esprit la procession.
Il est donc la source et l’origine de toute la Divinité.
Et le Père, ineffable par essence, a, de Sa substance, engendré le Fils ineffablement ; sans engendrer autre chose que ce qu’Il est Lui-même : Dieu a engendré Dieu, la Lumière a engendré la Lumière.
C’est donc de Lui que découle toute Paternité, au Ciel et sur la terre.
Ainsi soit-il.

frise

Notes :
1 – Cette magnifique profession de foi de Saint Bruno manifeste que, au cours de ses longues années d’enseignement à l’Ecole-cathédrale de Reims, il fut strictement fidèle à la doctrine catholique authentique, mais que cette doctrine n’était pas pour lui purement intellectuelle, mais qu’elle était intériorisée pour alimenter et faire croître sa vie spirituelle, sa vie de contemplation silencieuse. Au moment où Saint Bruno allait quittait ce monde, la doctrine trinitaire était le pivot de son amour et de sa confiance après avoir illuminé sa vie. La formule de profession trinitaire que l’on trouve au quatrième paragraphe reprend la profession de foi du XIème concile de Tolède, qu’il met à la première personne.
2 – En latin : « perfidis Judæis ». L’expression reprend textuellement ce qui se trouve au Missel traditionnel dans les oraisons solennelles du Vendredi Saint.

Sainte Trinité - vitrail

2022-101. Du sublime et mystique sanctuaire Saint Michel d’Aiguilhe.

29 septembre,
Fête de Saint Michel Archange (cf. > ici, > ici, > ici et > ici) ;
Anniversaire de la naissance de SMTC le Roi Henri V (cf. > ici et > ici) ;
Anniversaire du rappel à Dieu de SMTC le Roi Charles XII.

Saint Michel d'Aiguilhe 00

Le Puy-en-Velay, vue générale, avec au premier plan le rocher d’Aiguilhe portant la chapelle de Saint Michel

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

    A ma grande confusion, je me suis rendu compte que, mise à part la mention qu’en avait faite feu Monseigneur le Maître-Chat Lully à la fin de l’une de ses chroniques en date du 8 octobre 2008 (cf. > ici), il n’y a pas eu jusqu’ici dans ce blogue de présentation un peu détaillée d’un sanctuaire en l’honneur de l’archange Saint Michel qui nous est particulièrement cher, celui de Saint-Michel d’Aiguilhe.

   Le rocher d’Aiguilhe, auquel on a très longtemps donné le nom de dyke mais que les géologues et volcanologues préfèrent aujourd’hui appeler neck, n’est pas autre chose que la cheminée d’un volcan à l’intérieur de laquelle, lors de sa dernière éruption, la lave s’est solidifiée. L’érosion, tout au long des siècles, a ensuite emporté toutes les scories, cendres et poussières volcaniques accumulées qui formaient le volcan, ne laissant que la lave solidifiée dans la cheminée, plus résistante. Il en résulte ce rocher original de 82 mètres de hauteur qui confère à la ville du Puy l’une de ses plus originales beautés.
Il est plus que probable que les Celtes y avaient établi un lieu de culte en l’honneur de l’une de leurs divinités, mais il n’en reste plus de trace visible aujourd’hui.
Ce qui est absolument certain, en revanche, c’est qu’en l’an 961 de notre ère, le doyen du chapitre de la cathédrale Notre-Dame de l’Annonciation, nommé Truannus (ou Triannus), fit ériger au sommet du rocher une chapelle en l’honneur de l’archange Saint Michel, dont l’évêque Gotescalc (ou Godescalc) célébra la dédicace le 18 juillet de l’an 962. Ce prélat est par ailleurs célèbre parce qu’il est, en l’état actuel de nos connaissances, le premier français connu à s’être rendu en pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle au départ du Puy, en 950, ouvrant en quelque sorte la Via Podiensis à des milliers de pèlerins jusqu’à nos jours.

Saint Michel d'Aiguilhe 01

   Le sanctuaire préroman que le chanoine Truannus avait fait bâtir au sommet du rocher n’avait pas les dimensions que nous connaissons aujourd’hui à cette église : c’était un espace carré, couvert d’une coupole et flanqué de trois absidioles hémisphériques – à l’est, au nord et au sud – tandis que la façade ouest était ornée du portail d’entrée.
Au XIIème siècle, en raison de l’affluence des pèlerins, la chapelle fut agrandie d’une nef à déambulatoire qui épouse la forme du rocher, utilisant ainsi tout l’espace disponible de la plateforme. En raison de cet agrandissement et de la configuration du rocher, le portail fut déplacé au sud-est et une tribune reliant les deux constructions fut édifiée à l’intérieur. Un clocher fut également construit, et, pour faciliter l’accès des pèlerins, on aménagea dans la roche un escalier, en grande partie taillé dans le roc, au lieu du rude sentier muletier qui avait été pratiqué au Xème siècle.
En outre, trois oratoires, dont il subsiste encore quelques vestiges, jalonnèrent l’ascension.
Le clocher fut foudroyé en 1247 ; il fut reconstruit dans la première moitié du XIXème siècle.
Les sectateurs de Calvin détruisirent la statue de Saint Michel en 1562.
Lors de la grande révolution la chapelle fut délaissée, et son abandon entraîna plusieurs déprédations. Il fallut l’intervention de Prosper Mérimée pour qu’on s’intéressât à nouveau à elle : elle fait partie de la première liste d’inscription comme monument historique protégé, en 1840.

   Eh bien, je vous propose maintenant de me suivre pour gravir les 268 marches qui nous conduiront au sommet.
Nous mettons ici nos pas dans ceux des Rois Charles VII, Louis XI et Charles VIII, qui sont montés par ce même escalier jusqu’au sanctuaire de l’Archange…

Saint Michel d'Aiguilhe 02

   Je me rends au minimum une fois par an en pèlerinage à Saint Michel d’Aiguilhe : durant la montée, qu’il me faut accomplir assez lentement, en raison de l’essouflement qu’elle occasionne, je récite mon chapelet ou bien la « couronne angélique » (voir > ici).

   Lorsqu’on arrive au sommet, on est ébloui : on ne se lasse jamais de la beauté de la façade.
Quelque temps qu’il fasse, quelle que soit la luminosité, qu’il fasse grand soleil ou que le ciel soit couvert, en pleine journée ou lorsque le soleil baisse à l’horizon, c’est, selon une inépuisable déclinaison de nuances, un saisissement qui se répète indéfiniment.

Saint Michel d'Aiguilhe 04

   Cette marqueterie de pierres aux coloris alternés, encadrant les sculptures, n’est pas qu’un porche physique et esthétique permettant l’entrée dans l’édifice : c’est aussi un porche spirituel, un porche mystique et théologique, qui nous fait entrer dans un mystère sacré !

   Au sommet, et au centre, se trouve le Christ, Pantocrator et souverain Juge à la fin des temps, entouré de Sa Très Sainte Mère – suprême intercessrice -, de Saint Jean, qui était au pied de la Croix et assista à l’ouverture du Cœur adorable, fut élevé aux sommets de la contemplation et reçut les révélations de l’Apocalypse, de Saint Michel, archange guerrier et psychopompe, et de Saint Pierre, auquel furent confiées les clefs du Royaume des Cieux.

Saint Michel d'Aiguilhe 06

   Au-dessus du linteau, sur lequel sont sculptées deux sirènes affrontées, le tympan est vide : on pense qu’il était originellement orné d’une scène sculptée dans du stuc qui n’a pas résisté au temps.
L’archivolte et l’arc trilobé sont ornés de rinceaux de feuillages desquels émergent des motifs antropomorphes.
L’intérieur des lobes représente la liturgie céleste, dans laquelle l’Agneau vainqueur reçoit l’adoration des vieillards et des Quatre Vivants présentant des coupes d’or, comme cela est décrit dans le livre de l’Apocalypse (Apoc. chap. IV & V).

Saint Michel d'Aiguilhe 07

   Il est possible que les deux sirènes, l’une avec une queue de serpent et l’autre avec une queue de poisson, symbolisent la terre et la mer avec tout leur peuplement : « J’entendis toutes les créatures qui sont dans le ciel, sur la terre, sous la terre, et celles qui sont sur la mer et en elle ; je les entendis toutes disant : A Celui qui siège sur le trône et à l’Agneau, bénédiction, honneur, gloire et puissance dans les siècles des siècles » (Apoc. V, 13). Peut-être les oiseaux (des aigles aux ailes déployées) qui ornent le chapiteau de gauche et les figures humaines celui de droite (figures que l’on appelle habituellement diacres parce qu’il semble qu’elles portent une étole diaconale) complètent-elles l’illustration de la citation scripturaire par l’évocation des créatures célestes et de l’humanité appelée au salut ?

Saint Michel d'Aiguilhe 08

   Mais puisque nous nous sommes laissés silencieusement instruire en reprenant notre souffle, et que nous sommes maintenant bien avertis qu’ici se joue un mystère invisible qui prélude aux combats de la fin des temps par lesquels sera mis un terme aux cheminements terrestres et inauguré le Culte éternel, nous pouvons entrer par cette porte ouverte et accéder au sanctuaire…

Saint Michel d'Aiguilhe 05

   « Pavensque, quam terribilis est, inquit, locus iste ! Non est hic aliud nisi domus Dei, et porta caeli ! » (Gen. XXVIII, 17) : « Et saisi d’effroi : qu’il est terrible, dit-il, ce lieu-ci ! Ce n’est autre chose que la Maison de Dieu et la Porte du Ciel ! »

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   La nef et son déambulatoire qui, en raison de la configuration du sommet du rocher, donnent l’impression d’une espèce d’enroulement, les nuances de la lumière, que tamisent les fenêtres aux profonds ébrasements, ne contribuent pas peu à l’atmosphère sacrée de la chapelle.

Saint Michel d'Aiguilhe 10

   Le sanctuaire tel qu’il est aujourd’hui aménagé occupe tout l’espace carré de la construction primitive : deux des trois absidioles primitives subsistent, la troisième (au sud, du côté de l’épître), a été supprimée lors des travaux d’agrandissement du XIIème siècle du fait de la construction de ce que l’on appelle « avant tribune » et « tribune ».
L’autel actuel est composé d’éléments anciens découverts lors de travaux de réfection du sanctuaire en 1955 : il s’agit d’une table d’autel médiévale et d’un fragment de colonne antique qui la supporte.
Les fresques qui couvrent les murs et la voûte du sanctuaire présentent le plus grand intérêt.

Saint Michel d'Aiguilhe 11

   A noter que dans ce sanctuaire, sous l’autel actuel, en 1955, lors de travaux de réhabilitation – et plus précisément de réfection de l’autel -, fut découvert le « trésor », à la valeur historique inestimable : un Christ reliquaire du Xème siècle, et un coffret en ivoire byzantin du XIIIème siècle, dans lequel se trouvait une croix pectorale, ainsi que deux coupelles de bronze renfermant des reliques, furent mis à jour : ces objets sont aujourd’hui présentés dans une niche sécurisée pratiquée dans le mur du sanctuaire du côté de l’épître.
Je vous invite à lire la communication savante qui donne les détails circonstanciés de cette précieuse découverte > ici.

   Mais il nous faut bien sûr aller sans retard saluer l’archange Saint Michel :

Saint Michel archange, de votre lumière éclairez-nous !
Saint Michel archange, de vos ailes protégez-nous !
Saint Michel archange, de votre épée défendez-nous !

Saint Michel d'Aiguilhe 12

Sancte Michael Archangele, defende nos in proelio ;
contra nequitiam et insidias diaboli esto praesidium.
Imperet illi Deus, supplices deprecamur :
tuque, Princeps militiae Caelestis,
satanam aliosque spiritus malignos,
qui ad perditionem animarum pervagantur in mundo,
divina virtute in infernum detrude.
Amen !

Saint Michel Archange, défendez-nous dans le combat ; soyez notre secours contre la malice et les embûches du démon.
Que Dieu lui commande, nous vous en supplions : et vous, Prince de la Milice Céleste, repoussez en enfer, par la force divine,
Satan et les autres esprits mauvais qui rôdent dans le monde pour la perte des âmes.
Ainsi soit-il !

Saint Michel d'Aiguilhe 13

   Revenons maintenant vers le sanctuaire et levons les yeux vers la fresque de la coupole : on y voit le Christ glorieux (sur ce cliché il se trouve la tête en bas) : il est entouré des symboles des quatre Evangélistes, peints dans des cercles.
Saint Michel, terrassant le dragon infernal, est figuré du côté opposé au Christ de gloire (donc ici en bas de la photo).
Un décor de nuages, d’anges et les figures antropomorphiques du soleil et de la lune complètent cette fresque.

Saint Michel d'Aiguilhe 14

   Je ne détaillerai pas toutes les autres fresques, d’autant que certaines sont difficiles à lire, mais je vous signale particulièrement celles du mur oriental du sanctuaire, au-dessus de l’absidiole, où l’on distingue bien, à droite de la fenêtre Saint Michel opérant la pesée des âmes, et à gauche Saint Michel faisant entrer les sauvés dans la Jérusalem céleste.

Saint Michel d'Aiguilhe 15

   J’ai eu à plusieurs reprises l’immense joie d’assister à des Saintes Messes latines traditionnelles dans cette chapelle, au temps où cela était encore relativement facile à obtenir.

   En ce 29 septembre, dans notre prière, transportons-nous en esprit dans ce sanctuaire plus que millénaire, afin d’y solliciter instamment les secours de l’archange vainqueur pour la Sainte Eglise, ses pasteurs et ses fidèles, puisque nous sommes en ces temps où « l’Église, épouse de l’Agneau immaculé, des ennemis très rusés l’ont saturée d’amertume et abreuvée d’absinthe ; ils ont porté leurs mains impies sur tout ce qu’elle a de plus précieux. Là où a été établi le Siège du bienheureux Pierre et la Chaire de la Vérité pour la lumière des nations, là ils ont posé le trône de l’abomination de leur impiété ; de sorte qu’en frappant le Pasteur, ils puissent aussi disperser le troupeau…» (exorcisme de Léon XIII, version originelle).

Saint Michel d'Aiguilhe 16

   Avant d’entamer la descente, nous faisons encore une fois le tour extérieur de la chapelle, par le chemin de ronde, et nous nous extasions sur l’extraordinaire point de vue dont on jouit vers le rocher Corneille, la statue de Notre-Dame de France et l’insigne basilique-cathédrale Notre-Dame de l’Annonciation, dont la dédicace fut accomplie par les Anges (11 juillet 225).

Saint Michel d'Aiguilhe 17

O Dieu, qui réglez de manière admirable les tâches respectives des anges et des hommes,
veuillez accorder que ceux qui se tiennent toujours devant Vous dans le Ciel pour Vous servir,
soient sur la terre les protecteurs de notre vie.
Nous Vous le demandons par Jésus-Christ Notre-Seigneur.
Ainsi soit-il !

Saint Michel d'Aiguilhe 18

Saint Michel terrassant le dragon
détail de la fresque de la voûte du sanctuaire

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Prière à Saint Michel,
écrite en 1962
par
Son Excellence Monseigneur Jean Dozolme, évêque du Puy,

à l’occasion du
millénaire de la dédicace

de la chapelle de Saint-Michel d’Aiguilhe (18 juillet 962) :

   Saint Michel qui, avec tous les Anges, habitez l’inaccessible lumière de la gloire divine, depuis un millénaire vous nous donnez, dans le sanctuaire aérien du rocher d’Aiguilhe, le gage d’une présence d’aide et d’amour.
Vous prenez ainsi place auprès de l’Eglise angélique de Notre-Dame du Puy, la Reine céleste que les Anges ont saluée dans son Annonciation et élevée au Ciel dans son Assomption.
Défenseur de l’Eglise, soyez son soutien contre toutes les forces du mal.
Protecteur de la France, à qui vous avez envoyé Sainte Jeanne d’Arc pour la rétablir dans sa liberté, l’unir aux autres nations chrétiennes et la faire mieux servir avec elles au rayonnement de l’Evangile, guidez-la dans son rôle de Fille Aînée de l’Eglise.
Gardien des âmes dans leur labeur terrestre, leur résistance au démon et leur sortie de ce monde, assistez-nous.
Rendez-nous fidèles à la vérité, ennemis du péché, confiants en la Vierge Marie et attachés au Christ qui nous conduit au Père.

Ainsi soit-il.

Saint Michel d'Aiguilhe 19

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