Archive pour la catégorie 'Lectures & relectures'

2025-26. « Restez imperturbablement fidèles à l’héritage que le Christ vous a confié et transmis par la longue chaîne de vos saints ! »

4 février,
Fête de Sainte Jeanne de France, Reine puis moniale ;
Mémoire de Sainte Véronique, veuve, modèle des âmes réparatrices ;
Mémoire de Saint Raban Maur, évêque et confesseur ;
Mémoire de Saint Joseph de Léonisse, martyr, dont nous possédons une relique au Mesnil-Marie ;
Mémoire de Saint André Corsini, évêque et confesseur.

Canonisation de Sainte Jeanne de France - procession d'entrée - bannière

Dimanche de Pentecôte 29 mai 1950 : canonisation de Sainte Jeanne de France.
Procession d’entrée dans la basilique vaticane avec la bannière de Sainte Jeanne de France.

       A l’occasion de la fête de Sainte Jeanne de France, il n’est pas inutile, je crois, de lire et de relire le discours de Sa Sainteté le Pape Pie XII à l’adresse des pèlerins français qui s’étaient rendus très nombreux à Rome (ils étaient plus de 25.000) pour la canonisation de cette Fille de France.
Cette canonisation fut célébrée le dimanche 28 mai 1950, dimanche de Pentecôte de l’Année Sainte.

   Rappelons – ce n’est jamais inutile compte-tenu du fait que nous sommes, malgré tout, tous pollués par les pratiques qui se sont imposées depuis le concile vaticandeux – que, dans la liturgie traditionnelle, le Souverain Pontife ne prêche pas aux fonctions solennelles.
En 1950, on n’avait pas encore échangé le « sermon sur la montagne » en une montagne de sermons !
C’est donc le lendemain, lundi de Pentecôte 29 mai 1950, que le Vénérable Pie XII reçut la délégation française en audience et qu’il prononça l’allocution dont nous reproduisons ci-dessous le texte intégral.

Canonisation de Sainte Jeanne de France - Pie XII pendant le rite de canonisation

Dimanche de Pentecôte 29 mai 1950 : canonisation de Sainte Jeanne de France.
Le Vénérable Pie XII préside aux rites de la canonisation.

   Un lecteur attentif et non superficiel fera de ce discours du Vénérable Pie XII un véritable aliment de sa méditation, non seulement en ce qui concerne la vie et les exemples de Sainte Jeanne de France, mais aussi en ce qui concerne la France, sa vocation catholique et royale, et les devoirs qui incombent aux Français.

   Pie XII aimait la France : il l’aimait en Dieu, en raison de la mission particulière qui lui a été assignée par la divine Providence en ce monde. Pie XII aimait l’histoire sainte de la France. Pie XII aimait aussi la langue française, en laquelle il s’exprimait parfaitement et avec style (ce discours a été entièrement rédigé par lui, et directement en français) ; il aimait la culture française classique…

   Mon Dieu, que la lecture de ce discours fait du bien à l’âme et nous change de la grossièreté de la pensée et de l’expression vulgaire des hiérarques d’aujourd’hui !!!

Tolbiac.

Canonisation de Sainte Jeanne de France - Pie XII lisant la collecte de la nouvelle canonisée

Dimanche de Pentecôte 29 mai 1950 : canonisation de Sainte Jeanne de France.
Le Vénérable Pie XII chantant la collecte de la nouvelle canonisée.

fleur de lys gif2

« Restez imperturbablement fidèles à l’héritage

que le Christ vous a confié et transmis

par la longue chaîne de vos saints ! »

       La Pentecôte ! la Pentecôte de l’Année Sainte, année d’effusion, extraordinairement abondante, de l’onction divine : spiritalis unctio ! Quelle fête ! quelle joie pour l’univers chrétien, pour les pèlerins accourus des quatre points cardinaux à la Ville éternelle, autour de la Chaire du successeur de Pierre !

   Mais quelle fête et quelle joie spéciales pour vous, chers fils et filles de France, de la nation qui vient de voir couronner du diadème lumineux et impérissable de la sainteté une de ses reines, une reine qui s’était, avec la majesté d’une incomparable humilité et d’une incomparable dignité, laissée frustrer de la couronne terrestre, dont Bossuet, citant les paroles mêmes de saint Grégoire le Grand, disait qu’elle était « autant au-dessus des autres couronnes du monde que la dignité royale surpasse les fortunes particulières » (Oraison funèbre d’Henriette-Marie de France – Cf. S. Gregorius I Childeberto, regi Francorum, 595 sept. 1. VI ep. 6 – Monum. Germaniae hist. Epist. t. I pag. 384).

   Cette affluence, ce fleuve imposant de pèlerins, après tant d’autres déjà venus cette année de votre patrie, porte aujourd’hui ses flots, dans un élan de gratitude, aux pieds de celui qui a eu l’honneur et la consolation de mettre au rang des saints de l’Eglise, près d’un demi millénaire depuis sa naissance, cette fille de sang royal, Jeanne de France. Peut-on n’y voir pas comme le plébiscite de la foi d’un peuple fier d’une galerie de saints, qui difficilement le cède en ampleur et en magnificence à celle de tous les autres pays du monde ?

   Qu’est-elle donc cette nouvelle sainte que, de toutes les provinces et diocèses, pèlerins de tous âges, de toutes conditions, de toutes professions, prêtres, religieux, laïques, vous êtes venus honorer et vénérer ici dans la capitale de la chrétienté ? Elle est une de ces héroïnes silencieuses, dont la silhouette, d’une grandeur morale exceptionnelle, loin de s’estomper au cours des âges, semble commencer seulement à prendre dans la lumière de l’histoire, des contours plus nets, un coloris plus éclatant.

   Telle est Jeanne de France. Elle est du nombre de ces saints, dont la lumière, naissante et croissante à l’écart du monde, était restée, au cours de leur vie d’ici-bas, presque entièrement cachée sous le boisseau. Mais cette lumière, aujourd’hui, élevée sur le flambeau, rayonne aux yeux de tous les fidèles ; elle marche, elle monte, entraînant dans son sillage de clarté tous ceux qui savent encore regarder, comprendre, apprécier les vraies valeurs de la vie. Jeanne prend place en reine glorieuse sur un trône que jamais ses contemporains n’eussent songé à lui assigner. Et voici que ce temple même, où viennent de se dérouler les cérémonies solennelles de sa canonisation, est, en ce moment, témoin de l’affectueuse rencontre du Père de la grande famille chrétienne avec sa fille aînée, la France catholique !

   Aussi, tout rempli encore de l’émotion de cette inoubliable matinée, Nous sentons Notre cœur se dilater et Nos lèvres s’ouvrir pour un paternel souhait de bienvenue, qui spontanément se mue aussitôt en une prière ardente et une tendre exhortation. Nous vous disons à tous : écoutez et suivez l’appel intérieur de cette sainte de la terre de France, le message qu’elle adresse à l’âme et à la conscience de tous ceux qui, vivant dans une ambiance, trop souvent hélas ! bien éloignée du Christ, prennent au sérieux leur dignité de chrétiens.

   Il Nous semble voir la vie et l’œuvre de Jeanne de France marquée d’un triple sceau divin : dons intérieurs, dont l’Esprit Saint l’enrichit dès sa prime jeunesse — intelligence exceptionnellement pénétrante de la vie et de l’action efficace de la Vierge Mère du Rédempteur — et, fruit de l’union de sa vie avec la vie de la Mère de Dieu, union d’autant plus étroite avec le Christ, sans limite ni réserve, haussée d’un élan généreux au-dessus de toutes les épreuves et de toutes les humiliations, victorieuse de toutes les amertumes et de toutes les douleurs.

   Chers fils et chères filles, de retour dans votre patrie, si belle et, quand même, secouée par les troubles de l’heure présente, restez imperturbablement fidèles à l’héritage que le Christ vous a confié et transmis par la longue chaîne de vos saints. Restez fidèles à l’Esprit que l’Eglise invoque en cette fête de Pentecôte : sans le secours de votre divin pouvoir, l’homme n’a plus rien en lui, plus rien qui ne soit pour son mal et sa perte : sine tuo numine, nihil est in homine, nihil est innoxium.

   Regardez-le notre temps, avec ses misères et ses angoisses, avec ses erreurs et ses égarements, avec ses soulèvements et ses injustices : ne vous offre-t-il pas une trop fidèle peinture de l’horreur qui menace l’humanité tout entière et chacun des individus qui la composent, dès qu’ils prétendent se soustraire au joug aimable de l’Esprit de Dieu ? Seule une France docile à cet Esprit divin, purifiée, obéissante à son essentielle vocation, appliquée à valoriser toujours davantage ses plus belles ressources, sera capable d’apporter à l’humanité, à la chrétienté, en toute plénitude, une contribution digne d’elle pour l’œuvre de réconciliation et de restauration.

   La profonde pénétration de Jeanne de France dans la vie de la Bienheureuse Mère de Dieu, la totalité absolue de sa consécration à Marie, le reflet resplendissant des sentiments et des vertus mariales dans sa propre vie et dans son Ordre de « l’Annonciade », donnent de nos jours à ses exemples et à ses règles l’aspect d’un nouveau Message à la France. Dans les grandes luttes spirituelles de ces temps, où les tenants du Christ et ses négateurs se trouvent confondus dans la foule, la dévotion à la Mère de Jésus est une pierre de touche infaillible pour discerner les uns des autres. Catholiques de France, votre histoire, dont toute la trame est tissue des grâces et des faveurs de Marie, vous fait un devoir tout spécial de veiller sur l’intégrité et sur la pureté de votre héritage marial. Défendez-le contre ceux qui ont rompu leurs liens avec vos antiques et glorieuses traditions, par votre courageuse persévérance dans la poursuite de vos intérêts les plus sacrés, unie à l’exemple du respect des justes lois et de l’ordre légitime de l’Etat. Vous allez quitter ces lieux, où vous venez d’assister au triomphe de votre sainte ; vous allez de nouveau fouler la terre, qui tant de fois a éprouvé les effets de la protection et de l’intercession puissante de Marie : faites alors monter vers le ciel d’azur et de lumière le grand désir de votre cœur, l’ardente prière de votre âme : Vierge sainte, rendez nous forts dans le combat contre vos ennemis : Virgo sacrata, da mihi virtutem contra hostes tuos !

   La vie de Jeanne porte enfin le sceau de son union avec le Christ. Cette union l’imprègne, jusque dans les profondeurs de son âme, de grandeur héroïque. Sa naissance de sang royal, sa destinée de reine, fille, sœur, épouse, de rois, réservaient à la pauvre créature disgraciée aux yeux du monde, mais toute gracieuse de charmes divins, un sort des plus douloureux. De bien rares éclairs de joie et d’honneur allaient faire descendre un peu de lumière dans la nuit d’une vie de douleur et d’humiliation ; à peine quelques gouttes de douceur allaient atténuer un peu l’amertume de son calice d’affliction. Quel cœur resterait impassible à mesurer la distance de la félicité, qui aurait dû être la sienne, à l’abîme de tribulations, où s’est écoulée son existence mortelle. Elle traverse la vallée de larmes et gravit les sommets avec la sérénité de ceux qui, formés à l’école sublime de la folie de la Croix, ont su y tremper et affiner leurs esprits.

   Au cœur des femmes de France, à qui dans les conjonctures actuelles, incombe une mission de souveraine importance, daigne Dieu, le Seigneur tout-puissant, infuser en une mesure riche et débordante, le courage dans la souffrance et dans la lutte, par où s’est héroïquement signalée la vie intérieure de Jeanne de France.

   Elle est admirable la part des femmes dans l’histoire de la France. Clotilde la délivre de l’infidélité et de l’hérésie, et par la baptême de Clovis elle est donnée au Christ ! Blanche de Castille est l’éducatrice de Saint Louis, « le bon sergent du Christ » ! Jeanne d’Arc rend à la France sa place dans le monde, et son étendard porte les noms de Jésus et de Marie ! La glorification, aujourd’hui, de Jeanne de France n’est-elle pas un présage que son message de paix, resté si longtemps, comme le grain, enfoui dans la terre et stérile en apparence, va germer enfin et monter en épis dorés, dont porteront joyeusement les gerbes, pour la France et pour le monde, ceux qui l’avaient semé dans les larmes et dans leur sang ?

   A une condition ! que la femme française continue de répondre à sa vocation, de remplir sa mission. Ces héroïnes providentielles ont rempli la leur par la sagesse de leur esprit, la force de leur volonté, la sainteté de leur vie, la générosité dans le sacrifice total d’elles-mêmes, en somme par l’imitation des vertus de Marie, trône de la Sagesse, femme forte, servante du Seigneur, Vierge compatissante au cœur percé du glaive, Mère de l’Auteur de la Paix et Reine de la Paix. Soyez telles, femmes de France. Par votre jeunesse virginale, par votre dévouement filial et conjugal, par votre sollicitude maternelle, par la dignité de votre vie chrétienne, privée et sociale, vous ferez plus encore pour la vraie, la grande paix que ne pourraient faire, sans vous, les conquérants, les législateurs, les génies.

   C’est dans cette pensée et avec cet espoir que Nous appelons sur la France, par l’intercession de sainte Jeanne, les plus belles faveurs de Dieu, en gage desquelles Nous vous donnons de tout cœur Notre Bénédiction apostolique.

A.A.S., vol. XXXXII (1950), n. 5 – 6, pp. 481 – 484.

Sainte Jeanne de France - gravure XVIIIème siècle

2025-25. La vie de Saint Blaise de Sébaste dans la « Legenda aurea ».

3 février,
Dans le diocèse de Viviers, la fête de Sainte Anne-Marie Rivier, vierge, fondatrice de la Congrégation de la Présentation de Marie ;
Dans l’Ordre des Ermites de Saint Augustin, la fête du Bienheureux Simon de Cascia, confesseur ; 
Mémoire de Saint Blaise de Sébaste, évêque et martyr.

Saint Blaise et les animaux fresque ombrienne du XVIIe siècle

   « Blaise excellait en douceur et en sainteté, ce qui le fit élire par les chrétiens évêque de Sébaste, ville de Cappadoce. Après avoir reçu l’épiscopat, il se retira dans une caverne où il mena la vie érémitique, à cause de la persécution de Dioclétien (Note : le Bienheureux Jacques de Voragine cite ici le bréviaire qu’il utilisait en son temps). Les oiseaux lui apportaient sa nourriture, et s’attroupaient véritablement ensemble autour de lui, et ne le quittaient que quand il avait levé les mains pour les bénir. Si quelqu’un d’eux avait du mal, il venait aussitôt à lui et retournait parfaitement guéri.

   Le gouverneur du pays avait envoyé des soldats pour chasser ; et après s’être fatigués longtemps en vain, ils vinrent par hasard à l’antre de Saint Blaise, où ils trouvèrent une grande multitude de bêtes rangées devant lui. Or, n’ayant pu prendre aucune d’elles, ils furent remplis d’étonnement et rapportèrent cela à leur maître, qui aussitôt envoya plusieurs soldats avec ordre de lui amener Blaise avec tous les chrétiens.
Mais cette nuit-là même, Jésus-Christ était apparu au saint par trois fois en lui disant : « Lève-toi et offre-Moi le sacrifice ». Voici que les soldats arrivèrent et lui dirent : « Sors d’ici, le gouverner t’appelle ». Saint Blaise répondit : « Soyez les bienvenus, mes enfants ; je vois à présent que Dieu ne  m’a pas oublié ».
Pendant le trajet qu’il fit avec eux, il ne cessa de prêcher, et en leur présence il opéra beaucoup de miracles.
Une femme apporta aux pieds du saint son fils qui était mourant d’un os de poisson arrêté dans la gorge ; elle lui demanda avec larmes la guérison de son enfant. Saint Blaise lui imposa les mains et fit une prière pour que cet enfant, aussi bien que tous ceux qui demanderaient quoi que ce fût en son nom, obtinssent le bienfait de la santé, et sur-le-champ, il fut guéri (ibid.).

guérison de l'enfant étouffé par une arrête

   Une pauvre femme n’avait qu’un seul pourceau qu’un loup lui ravit, et elle priait Saint Blaise de lui faire rendre son pourceau. Il lui dit en souriant : « Femme, ne te désole pas : ton pourceau te sera rendu ». Et aussitôt le loup vint et rendit la bête à cette veuve.

   Or Saint Blaise ne fut pas plutôt entré dans la ville que, par ordre du prince, il fut jeté en prison.
Le jour suivant, le gouverneur le fit comparaître devant lui. En le voyant, il le salua en lui adressant ces paroles flatteuses : « Blaise, l’ami des dieux, soyez le bienvenu ». Blaise lui répondit : « Honneur et joie à vous, illustre gouverneur ; mais n’appelez pas dieux ceux qui sont des démons, parce qu’ils seront livrés au feu éternel avec ceux qui les honorent ».
Le gouverneur irrité le fit meurtrir à coups de bâton, puis rejeter en prison. Blaise lui dit : « Insensé, tu espères donc par tes supplices enlever de mon cœur l’amour de mon Dieu qui me fortifie lui-même ? »
Or, la veuve à laquelle il avait fait rendre son pourceau, entendit cela ; elle tua l’animal, et en porta la tête et les pieds, avec une chandelle et du pain, à Saint Blaise. Il l’en remercia, mangea, et lui dit : « Tous les ans, offre une chandelle à une église qui porte mon nom, et tu en retireras bonheur, toi, et ceux qui t’imiteront ». Ce qu’elle ne manqua pas de faire, et il en résulta en sa faveur une grande prospérité.
Après quoi, le gouverneur fit tirer Blaise de sa prison, et comme il ne le pouvait amener à honorer les dieux, il ordonna de le suspendre à un arbre et de déchirer sa chair avec des peignes de fer ; ensuite il le fit reporter en prison.

Saint Blaise déchiré par les peignes de fer

   Or, sept femmes qui le suivirent dans le trajet ramassaient les gouttes de son sang. On se saisit d’elles aussitôt et on les força de sacrifier aux dieux. Elles dirent : « Si tu veux que nous adorions tes dieux, fais-les porter avec révérence à l’étang afin qu’après avoir été lavés, ils soient plus propres quand nous les adorerons ».
Le gouverneur devient joyeux et fait exécuter au plus vite ce qu’elles ont demandé. Mais elles prirent les dieux et les jetèrent au milieu de l’étang en disant : « Si ce sont des dieux, nous le verrons ».

   A ces mots le gouverneur devint fou de colère et se frappant lui-même, il dit à ses gardes : « Pourquoi n’avez-vous pas tenu nos dieux afin qu’ils ne fussent pas jetés au fond du lac ? »
Ils répondirent : « Vous vous êtes laissé mystifier par les paroles trompeuses de ces femmes et elles les ont jetés dans l’étang ».
« Le vrai Dieu n’autorise pas les tromperies, reprirent-elles ; mais s’ils étaient des dieux, ils auraient certainement prévu ce que nous leur voulions faire ».
Le gouverneur irrité fit préparer du plomb fondu et des peignes de fer ; de plus, il fit préparer d’un côté sept cuirasses rougies au feu, et il fit placer d’un autre côté sept chemises de lin. Il leur dit de choisir ce qu’elles préféraient ; alors une d’entre elles, qui avait deux jeunes enfants, accourut avec audace, prit les chemises et les jeta dans le foyer.
Ces enfants dirent à leur mère : « O mère chérie, ne nous laisses pas vivre après toi ; mais de même que tu nous as rassasiés de la douceur de ton lait, rassasie-nous encore de la douceur du royaume du ciel ».

   Alors le gouverneur commanda de les suspendre et de réduire leurs chairs en lanières avec des peignes de fer. Or, leur chair avait la blancheur éclatante de la neige et, au lieu de sang, il en coulait du lait.
Comme elles enduraient les supplices avec répugnance, un ange du Seigneur vint vers elles et leur communiqua une force virile en disant : « Ne craignez point : un  bon ouvrier qui commence bien et qui mène son œuvre à bien, mérite la bénédiction de celui qui le fait travailler. Pour ce qu’il a fait, il reçoit le prix de son labeur, et il est joyeux de posséder son salaire ».
Alors le gouverneur les fit détacher et jeter dans le foyer ; mais Dieu permit que le feu s’éteignît et qu’elles sortissent sans avoir éprouvé aucune douleur.
Le gouverneur leur dit : « Cessez donc d’employer la magie et adorez nos dieux ».
Elles répondirent : « Achève ce que tu as commencé, parce que déjà nous sommes appelées au royaume céleste ».
Alors il porta une sentence par laquelle elles devaient avoir la tête tranchée.
Au moment où elles allaient être décapitées, elles se mirent à genoux et adorèrent Dieu en disant : « O Dieu qui nous, avez ôtées des ténèbres et qui nous, avez amenées à cette très douce lumière, qui nous avez choisies pour vous être sacrifiées, recevez nos âmes et faites-nous parvenir à la vie éternelle ».
Elles eurent donc la tête tranchée et passèrent au Seigneur.

Martyre de Saint Blaise

   Après cela, le gouverneur se fit présenter Saint Blaise et lui dit : « Adore à l’instant nos dieux, ou ne les adore pas ».
Blaise lui répondit : « Impie, je ne crains pas tes menaces ; fais ce que tu veux ; je te livre mon corps tout entier ».
Alors il le fit jeter dans l’étang. Mais Saint Blaise fit le signe de la croix sur l’eau qui s’endurcit immédiatement comme une terre sèche ; et il dit : « Si vos dieux sont de vrais dieux, faites-nous voir leur puissance et entrez ici ». Et soixante-cinq qui s’avancèrent furent aussitôt engloutis dans l’étang.
Mais il descendit un ange du Seigneur qui dit au saint : « Sors, Blaise, et reçois la couronne que Dieu t’a préparée ».
Quand il fut sorti, le gouverneur lui dit : « Tu es donc bien déterminé à ne pas adorer les dieux ? »
« Apprends, misérable, répondit Blaise, que je suis le serviteur de Jésus-Christ et que je n’adore pas les démons ».
Et à l’instant l’ordre fut donné de le décapiter.
Quant à Blaise, il pria le Seigneur que si quelqu’un réclamait son patronage pour le mal de gorge, ou pour toute autre infirmité, il méritât aussitôt d’être exaucé. Et voici qu’une voix du ciel se fit entendre à lui qu’il serait fait comme il avait demandé.
Ainsi fut décapité ce saint avec deux petits enfants, vers l’an du Seigneur 283. »

Bienheureux Jacques de Voragine,
in « Legenda aurea – la légende dorée »

Saint Blaise (2)

2025-24. Une couronne de lumière dans notre Oratoire.

2 février 2025,
Chandeleur : fête de la Purification de la Très Sainte Mère de Dieu (cf. > ici) ;
Mémoire de Sainte Hadeloge de Kitzingen (cf. > ici).

Chers Amis et Bienfaiteurs,

   Avez-vous su que, pour la restitution au culte de la cathédrale métropolitaine Notre-Dame de Paris, Son Excellence Monseigneur l’Archevêque de Paris a refusé qu’y fût réinstallé le grand lustre que, en 2014 – après sa restauration -, son prédécesseur avait « banni » de la croisée du transept et qui, de ce fait, a trouvé refuge à la basilique-nécropole royale de Saint-Denis ?
Je vous renvoie à l’article que « La Tribune de l’Art » a consacré à cette triste affaire > ici.

Basilique Saint-Denis - couronne de lumière de Notre-Dame de Paris

Basilique de Saint-Denis : couronne de lumière de Notre-Dame de Paris

   Au Mesnil-Marie, nous ne partageons pas (mais alors pas du tout du tout du tout) les « goûts » liturgiques et décoratifs de la plupart de Nos Seigneurs les Evêques de France ; « goûts » bien souvent sous-tendus de beaucoup d’ignorance, d’un évident défaut d’éducation, et d’effrayantes lacunes en ce qui touche l’histoire de la liturgie, mais qui, en revanche, sont nourris jusqu’à satiété d’idéologie et de suffisance.

   Sans prétendre en aucune manière rivaliser avec la moindre cathédrale ou basilique, nous sommes nous-mêmes désormais très heureux d’avoir – installée depuis vendredi matin par les électriciens – notre modeste couronne de lumière dans notre Oratoire.

   Un concours de circonstances tout à fait providentiel a en effet permis que les électriciens vinssent ce 31 janvier pour la suspendre et la mettre en service, alors que, depuis exactement deux années entières, mon papa-moine la leur avait confiée afin qu’ils l’électrifiassent, après sa restauration.
« Tout vient à point pour qui sait attendre », nous dit la sagesse populaire.

installation de la couronne de lumière dans l'oratoire

Installation de la couronne de lumière dans l’oratoire du Mesnil-Marie
vendredi 31 janvier 2025
(la qualité de la photo n’est pas excellente, mais du moins permet-elle de garder le souvenir de cette installation)

   Ainsi donc notre propre couronne de lumière a-t-elle été mise en service juste avant que la liturgie nous donnât de célébrer, en cette fête de la Chandeleur (mot dérivé de « candelarum festa : la fête des chandelles », ainsi qu’on l’appelait de manière populaire au Moyen-Age), Notre-Seigneur Jésus-Christ Lumière pour éclairer les nations, selon la prophétie de Saint Siméon que nous avons chantée en ce jour magnifique.

   Mon papa-moine a acquis ce lustre d’église en 2022 : il avait énormément souffert depuis que le prétendu « renouveau liturgique » l’avait chassé du sanctuaire, et il se trouvait épouvantablement oxydé et sale.
Un artisan spécialisé dans la restauration d’objets du culte, l’a entièrement nettoyé et réparé, puis les électriciens lui ont permis d’avoir à nouveau une fonction éclairante, parfaitement « aux normes » aujourd’hui requises, mais avec des fils électriques dits « en tissu tourné », restituant l’aspect ancien, et avec des ampoules LED qui, tout en diffusant davantage de clarté, devraient permettre une baisse appréciable de la facture d’électricité, puisque jusqu’ici notre éclairage provisoire était constitué de projecteurs de chantier de 600 watts chacun !

Oratoire du Mesnil-Marie avec la couronne de lumière

L’Oratoire du Mesnil-Marie avec la couronne de lumière

   Les couronnes de lumière, appelées aussi lustres à roue, ou encore chandeliers à roue, existent dans les églises au moins depuis que le culte chrétien – grâce à Saint Constantin 1er le Grand – put sortir des catacombes : nous savons en effet que dans la basilique de l’Anastasis, qu’il fit édifier à Jérusalem pour englober le Calvaire et le Saint Sépulcre après que Sainte Hélène a retrouvé le bois de la Sainte Croix, Saint Constantin avait fait placer au-dessus du rocher du Golgotha un grand lustre richement orné, qui devint en quelque manière le modèle et la référence des luminaires d’église.
Tantôt placé au milieu du sanctuaire, ou bien au milieu de l’église (puis à partir de l’époque romane souvent à la croisée du transept), le lustre à roue, par sa forme circulaire, représente la Jérusalem céleste : le cercle, en effet, qui n’a ni commencement ni fin, symbolise l’éternité.

   Le chiffre 12 a une part importante dans ces couronnes de lumière : il renvoie aux données numérologiques de la description des portes et des tours de la Cité céleste révélées à Saint Jean dans les visions de l’Apocalypse. La plupart des lustres à roue est donc composée d’éléments qui se trouvent par douze ou par des multiples de douze (bobèches et cierges, tours figurées ou représentées de manière symbolique, représentations de portes de villes crénelées… etc.).
De la même manière, les pierres précieuses ou semi-précieuses dans lesquelles sont taillées les portes de la Jérusalem céleste, sont évoquées par le fait que les couronnes de lumières sont fréquemment ornées de pierres ou de cabochons de couleur.

   La présence d’un lustre à roue dans une église ou une chapelle, symbolise ainsi l’Eglise triomphante du Ciel qui éclaire l’Eglise militante sur terre, l’invite à marcher à sa lumière, lui permet d’avancer hors des sentiers de ténèbres, lui donne déjà – dans ses liturgies terrestres – d’avoir un avant-goût de la liturgie céleste.

Couronne de lumière du Mesnil-Marie - détail 3

Couronne de lumière du Mesnil-Marie :
détail des chaînes de suspension

   La couronne de lumière du Mesnil-Marie possède au total 24 bobèches, disposées sur deux cercles superposés ; toutefois une sur deux seulement ont été munies d’une fausse bougie portant une ampoule électrique, sinon l’éclairage eût été beaucoup trop fort : ainsi nous avons douze lampes, et sur les douze bobèches libres nous allons placer de véritables bougies de cire (lesquelles, en cas de panne électrique, pourront d’ailleurs être allumées).
Les fleurs de bronze qui en sont le motif ornemental principal (il ne faut jamais oublier que le mot « paradis » vient du grec « paradeisos », qui signifie parc, jardin) ont toutes un cabochon de couleur en guise de cœur.

Couronne de lumière du Mesnil-Marie

Couronne de lumière du Mesnil-Marie - détail 1

Couronne de lumière du Mesnil-Marie - détail 2

   Vous imaginer aisément, chers Amis, à quel point notre Frère Maximilien-Marie est heureux de l’installation de cette couronne de lumière dans notre oratoire : nous tenons à ce qu’elle soit dûment bénite, évidemment, et profiterons du prochain passage d’un prêtre au Mesnil-Marie pour que ce soit fait.

   Pour achever mon propos, je vous invite à méditer avec nous ces paroles de notre Bienheureux Père Saint Augustin commentant le Psaume XXVI :

   « Le Seigneur est ma lumière et mon salut, que pourrai-je craindre ? » C’est Lui qui m’éclaire ; arrière les ténèbres ! c’est Lui qui est mon salut, arrière l’infirmité ! En marchant dans la force et dans la lumière, qu’ai-je à craindre ? Ce salut qui vient de Dieu n’est point un salut qu’on puisse m’arracher ; ni Sa lumière un flambeau que l’on puisse éteindre. C’est donc Dieu qui nous éclaire, et nous qui sommes éclairés, c’est Dieu qui nous sauve, et nous qui sommes sauvés. Si donc c’est Dieu qui est lumière, nous qui sommes éclairés, Lui qui est sauveur, nous qui sommes sauvés, sans Lui nous ne serions que ténèbres et que faiblesse. Ayant donc en Lui une espérance ferme, fondée, inébranlable, qui pouvons-nous craindre ? Le Seigneur est donc ta lumière, le Seigneur est ton sauveur… » (Saint Augustin, « Discours sur les Psaumes » : 2ème discours sur le Ps. XXVI,  3).

   Que le Christ-Lumière soit toujours avec vous, chers Amis, et qu’Il écarte de vos âmes toute espèce de ténèbres !

Patte de chat Tolbiac.

Nota bene : si vous désirez nous aider pour régler les frais de restauration de cette couronne de lumière, et le travail des électriciens > ici

Oratoire du Mesnil-Marie avec la couronne allumée

2025-22. De Saint Sigisbert III, roi des Francs (Austrasie) et confesseur.

1er février,
Fête du Bienheureux Guillaume Repin et de 98 ses compagnons, martyrs d’Angers et d’Avrillé (cf. ici et ici) ;
Mémoire de Saint Ignace d’Antioche, évêque et martyr (cf. > ici) ;
Mémoire de Saint Sigisbert III, Roi des Francs et confesseur.

Saint Sigisbert ou Sigebert - vitrail de l'église Saint-Vincent de Paul à Clichy

Saint Sigisbert ou Sigebert
(vitrail de l’église Saint-Vincent de Paul, à Clichy)

       Né à Clichy vers l’an 630, Saint Sigisbert – ou Sigebert – était fils du Roi Dagobert 1er et de Ragintrude ou Ragnétrude, qui était l’une des concubines du souverain. Celui-ci en effet menait alors une vie peu édifiante. Il fut toutefois touché par la grâce au moment de cette naissance et il résolut de s’amender et de réparer ses torts : en particulier, désireux de faire baptiser Sigisbert par le plus saint des prélats de son royaume, il pensa à Saint Amand, évêque de Maëstricht, qu’il avait précédemment exilé en raison du fait que ce digne pontife n’avait pas hésité à lui reprocher ses désordres.
Ayant fait venir Saint Amand à Clichy, il se prosterna à ses pieds, lui demanda pardon et le pria de procéder au baptême de l’enfant, auquel il donna pour parrain son frère Caribert, roi d’Aquitaine, avec lequel aussi il avait été précédemment brouillé.
C’est ainsi que Sigisbert fut perçu comme un prince de paix dès sa naissance, puisqu’elle permit la réconciliation de son père avec son frère Caribert et l’évêque Saint Amand.

   Sigisbert avait neuf jours lorsqu’il fut baptisé dans la cathédrale d’Orléans. A ce baptême assistaient aussi Saint Ouen et Saint Eloi, qui étaient encore laïcs.
Les anciens biographes n’ont pas manqué de rapporter un miracle qui marqua beaucoup les contemporains : le nourrisson répondit lui-même un « Amen » distinct à l’oraison que récitait Saint Amand.

Le baptême de Saint Sigisbert dans un manuscrit de la Légende dorée de 1348

Baptême de Saint Sigisbert par Saint Amand
(miniature d’un manuscrit de La Légende dorée daté de 1348]

   L’éducation du jeune prince fut confiée à Saint Pépin de Landen (voir sa biographie > ici) et nous avons justement rapporté dans la vie de ce dernier le résumé des agitations politiques de la période qui suivit la mort de Dagobert 1er (+ 19 janvier 639), qui, conformément à l’usage des Mérovingiens, avait partagé son royaume entre ses deux fils, Sigisbert III et Clovis II.
A Clovis II, le plus jeune, échut la Neustrie, tandis qu’à Sigisbert revint l’Austrasie, ou Francie orientale, qui comprenait alors la Provence et la Suisse (démembrées de l’ancien royaume des Burgondes), l’Albigeois et le Quercy, l’Auvergne et le Rouergue, les Cévennes, la Champagne et la Lorraine, la Haute Picardie, l’archevêché de Trèves, l’Alsace et le Palatinat, la Franconie et la Thuringe (dont, à l’âge de 12 ans, il dut mater militairement une révolte), la Souabe et la Bavière, et d’autres provinces jusqu’aux frontières de la Frise et de la Saxe.

   Sigisbert renouvela Saint Pépin de Landen dans la charge de Maire du Palais qu’il avait précédemment exercée sous Dagobert, puis après la mort de celui-ci (+ 21 février 640) la confia à son fils Grimoald, qui était pour lui un véritable ami.
En 647 (il avait donc environ 17 ans), Sigisbert épousa la princesse Chimnechilde (en latin Chimnechildis), probablement sœur de Bereswinde (épouse du duc Etichon d’Alsace et mère de Sainte Odile -  cf. > ici et > ici). Comme leur union resta sans fruit pendant plusieurs années, Sigisbert adopta pour fils, en 651, le fils de Grimoald,  Childebert, qui avait alors une quinzaine d’années et lui succédera à sa mort (Childebert III « l’adopté »). Toutefois, Chimnechilde lui donnera finalement deux enfants : un garçon, Dagobert (futur Dagobert II), et une fille, Bilichilde.

Bague de Saint Sigisbert

Bague de Saint Sigisbert
[Paris, musée du Moyen-Age dans l'ancien Hôtel de Cluny]

   Se confiant entièrement à Grimoald pour la gestion politique et administrative de son royaume, Saint Sigisbert III s’adonna surtout à la contemplation et aux œuvres de piété, fonda une douzaine d’églises et de monastères, et fit de larges aumônes aux pauvres.
Il s’éteignit saintement à l’âge de 26 ans, terrassé par une maladie, le 1er février de l’an 656.

   D’abord inhumé dans une église qu’il avait fondée en l’honneur de Saint Martin de Tours, près de Metz, mais au début du XVIIème siècle, le duc souverain de Lorraine Charles III fit translater ses reliques à Nancy, dont il devint dès lors le saint patron, lorsqu’il y fit construire une cathédrale primatiale.
En 1793, les « patriotes » profanèrent et livrèrent aux flammes la plupart des reliques de Saint Sigisbert, dont une petite partie toutefois put être sauvée et se trouve vénérée soit à la cathédrale Notre-Dame de l’Annonciation et Saint-Sigisbert, à Nancy, soit dans quelques heureuses paroisses ou communautés religieuses.

Reliquaire de Saint Sigisbert au carmel de Plappeville

Reliquaire de Saint Sigisbert III au Carmel de Plappeville (près de Metz)

2025-21. Février, au Mesnil-Marie mois de dévotion au mystère de la Compassion de Notre-Dame.

1er février,
Commencement du mois dédié au mystère de la Compassion de la Très Sainte Vierge Marie.

Coeur douloureux et immaculé de Marie

       En notre Refuge Notre-Dame de Compassion, le mois de février – tout comme le mois de septembre – est dédié à intensifier et approfondir la dévotion aux Douleurs de Notre-Dame et à sa Compassion : cela s’explique parce que, au début de ce mois, lors de la si riche et si importante fête de la Purification (ou Chandeleur), nous entendons le saint vieillard Siméon prophétiser à la Très Sainte Mère de Dieu le glaive de douleur qui lui transpercera l’âme. Ainsi, cette fête de lumière est-elle en même temps la première des Sept-Douleurs.

   En outre, le mois de février comportant vingt-huit jours (mis à part évidemment aux années bissextiles), permet-il de consacrer chacun de ces jours, pendant quatre séries successives, à l’une des Douleurs de la Vierge de Compassion : le 1er, le 8, le 15 et le 22 février à la première douleur, le 2, le 9, le 16 et le 23 à la deuxième… etc.
C’est une pratique qui est devenue habituelle pour moi depuis l’époque lointaine de mon noviciat.
Enfin, le grand et saint Carême arrivant habituellement pendant le mois de février ou à son terme, la dévotion à la Compassion et aux Douleurs de la Bienheureuse Vierge Marie est une sublime préparation à une plus grande communion aux souffrances de notre divin Rédempteur.

   Le paragraphe suivant, extrait d’un texte beaucoup plus long du Vénérable Jean-Jacques Olier de Verneuil, constitue une excellente introduction à l’approfondissement du mystère de la Compassion de Notre-Dame.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.  

Vierge de Pitié - Cathédrale du Puy

Descente de Croix (XVème siècle) : Vierge de Compassion
[cathédrale Notre-Dame de l'Annonciation du Puy-en-Velay]

Coeur douloureux et immaculé de Marie

La même affliction qui sera dans le Fils de Dieu sera aussi dans Marie :

       « (…) Parce que Marie tient la place de l’Eglise, dans l’œuvre de notre rédemption, elle doit participer plus que personne aux souffrances du Rédempteur.
Lorsque Adam, dans le paradis terrestre, goûta le coupable plaisir que Jésus-Christ vient expier par Sa mort, Eve partagea avec lui cette criminelle jouissance, et devint par là, pour tous ses enfants, le canal empoisonné qui leur communiqua à tous le péché et la mort ; et Dieu veut que Marie partage au Calvaire les douleurs et la pénitence de Jésus-Christ, afin de la communiquer aussi par elle à l’Eglise.
Il veut qu’elle Le voie souffrir intérieurement et extérieurement, et qu’à la vue de la colère divine allumée contre son Fils, chargé de nos crimes, elle ait le cœur percé de part en part, comme d’un coup d’épée.
C’est ce que Dieu lui fait connaître dans ce jour par la bouche de Siméon, qui semble n’être prophète que pour elle seule, et de qui elle reçoit cette prophétie vivante : Et quant à vous, votre âme sera transpercée d’un glaive, afin que les sentiments de beaucoup de cœurs soient manifestés (cf. Luc II, 35).

   Votre âme sera transpercée, c’est-à-dire votre cœur sera affligé d’un coup très perçant de la blessure mortelle qui fera mourir la victime elle-même. Par là il lui apprend que les douleurs et les souffrances du Messie, prédites par les prophètes, seraient aussi ses propres douleurs : le coup qui fera mourir cette adorable victime devant percer sa Mère elle-même. Car il ne parle que d’une douleur et d’un glaive ; la même affliction qui sera dans le Fils de Dieu sera aussi dans Marie, par une très-intime communication.

   A ces paroles de Siméon, Marie comprenant ce qu’elle aurait à endurer par la vue de la mort de son Fils, ce furent des larmes et des douleurs très grandes. « Eh quoi ! disait-elle, au nom de l’Eglise en son affliction, un Dieu porté dans le temple comme un pécheur ; l’innocent offert comme un coupable ; celui qui est le maître de tout, qui sait tout, qui est la force même, pris pour le plus  pauvre du monde, pour un ignorant, pour un enfant emmaillotté ! ».
Et puis, L’embrassant, elle lui disait : « Mon bien-aimé est à moi, et moi je suis à Lui » (Cant. II, 16).

   De son côté, l’enfant Jésus versait des larmes et souffrait par compassion, pour les douleurs de Sa Mère affligée de Sa mort à venir ; et, S’adressant intérieurement à elle, Il lui disait, pour l’encourager par les fruits que produirait Son sacrifice : « Déliez les liens aux pécheurs ; donnez la lumière aux aveugles ; retirez les hommes de leurs offenses et procurez-leur tous les biens ».

   Admirable bonté de Dieu, qui vérifie aujourd’hui en notre faveur cette parole de David : « A ceux qui vous craignent, vous avez fait signe de fuir devant l’arc » (Ps. LIX, 6), y exposant Votre Fils et Sa Mère.
Car ce n’est point Marie qu’Il avertit, d’éviter les coups et de fuir comme feront les autres. Au contraire, elle fera paraître plus de force de Dieu dans l’accablement des
  douleurs de son Fils, dont elle sera tout abreuvée, que n’en montreront jamais toutes les autres créatures ; et, au lieu de fuir devant l’arc, qui est la croix, elle demeurera ferme et debout auprès de son Fils.
Mais si c’est l’Eglise qu’Il avertit de fuir devant l’arc, pourquoi veut-Il faire la même blessure à Jésus et à Marie, et les percer tous deux de douleur ? Pourquoi veut-Il tenir ces deux innocentes victimes, abîmées et absorbées dans la pénitence et la douleur de nos crimes ? C’est, comme Il nous l’apprend par la bouche de Siméon, 
afin de manifester les sentiments de beaucoup de cœurs (cf. Luc II, 35), c’est-à-dire afin de faire naître dans beaucoup de coeurs les sentiments de pénitence et de douleur, dont Jésus-Christ est pénétré.
Il veut que Marie les fasse passer en eux, après s’en être pénétrée elle-même.
Il veut que, touchés de ce même esprit de pénitence et de componction, nous pleurions nos propres péchés, après que Marie, tout innocente qu’elle est, les aura pleurés amèrement ; et que Jésus, l’innocence même, non-seulement les aura pleurés et détestés, mais nous aura encore mérité, par Ses douleurs, la grâce de les pleurer et de souffrir en esprit de pénitence les peines temporelles que la justice divine exige de nous… »

Vénérable Jean-Jacques Olier de Verneuil, dit Monsieur Olier,
fondateur de la  Congrégation des Prêtres de Saint-Sulpice,
in « Vie intérieure de la Très Sainte Vierge »
au Chap. VIII « Mystère de la Purification de Marie… », § 5

Vierge de Pitié - Cathédrale du Puy - détail

Récapitulatif de toutes les publications de ce blogue dédiées aux douleurs et à la compassion de la Très Sainte Vierge > ici

2025-20. La première statue de Sainte Philomène, dite « statue miraculeuse ».

30 janvier,
Fête de Sainte Bathilde, Reine des Francs, veuve et moniale (cf. ici) ;
Mémoire de Sainte Aldegonde de Maubeuge, vierge et abbesse (cf. ici) ;
Mémoire de Sainte Martine, vierge et martyre ;
Mémoire de Saint Mutien-Marie, confesseur (cf. > ici) ;
Anniversaire de la canonisation équipollente de Sainte Philomène (30 janvier 1837) ;
Anniversaire du rappel à Dieu de SM le Roi Alphonse II (cf. ici), et de l’avènement de SMTC le Roi Louis XX.

Grégoire XVI sur la sedia gestatoria par Francesco Podesti 1834 - blogue

Sa Sainteté le Pape Grégoire XVI porté sur la sedia gestatoria (vers 1834)
tableau de Francesco Podesti (1800-1895) – Musées du Vatican

       On s’en souvient, c’est le 25 mai 1802 que le corps de Sainte Philomène fut découvert dans la catacombe de Priscille, à Rome. Trois ans plus tard, le pape Pie VII accorda à Don Francesco de Lucia, prêtre du du diocèse de Nole, en Campanie, dans le Royaume des Deux-Siciles, les précieuses reliques de la jeune martyre qu’il avait été inspiré de solliciter afin de les apporter à Mugnano del Cardinale, où elles arrivèrent le 10 août 1805.
Ce don des reliques de Sainte Philomène, ainsi que leur installation dans l’église Notre-Dame de Grâces, avec toutes les autorisations canoniques nécessaires, comportait bien évidemment une autorisation de culte public : d’abord local, ce culte fut par la suite étendu à l’Eglise universelle par le pape Grégoire XVI, en 1837, consécutivement à la guérison miraculeuse de la Bienheureuse Pauline Jaricot, en 1835.

   Grégoire XVI fut le témoin particulièrement autorisé de cette guérison : ce fut elle qui le décida à mettre en route toute la « machine » romaine d’étude des très nombreux miracles, guérisons et conversions dont Sainte Philomène était l’instrument à Mugnano del Cardinale, étude qui fut conclue de manière positive, si bien que les 13 et 30 janvier 1837, Grégoire XVI signa les Actes apostoliques qui, par une procédure d’exception prévue par le droit, revenaient à une canonisation équipollente de Sainte Philomène et autorisaient son culte dans l’Eglise universelle.

statue miraculeuse de Sainte Philomène 1805-1806 - blogue

Première statue de Sainte Philomène réalisée à Naples en 1805-1806
et appelée « statue miraculeuse », conservée dans la basilique de Mugnano del Cardinale,
gravure de la première moitié du XIXème siècle. 

   Comme nous l’avons expliqué, et comme les faits l’attestent, il n’était point nécessaire d’attendre cette canonisation équipollente de 1837 pour que Sainte Philomène bénéficiât, depuis la translation de ses précieuses reliques à Mugnano del Cardinale, d’un culte public local légitime, d’abord dans la paroisse de Mugnano puis rapidement dans la totalité du diocèse de Nole.

   Dès l’installation du corps saint de la jeune martyre, enfermé dans son gisant de cire, dans l’église de Mugnano, constatant les grâces en cascade qu’accordait Sainte Philomène, considérant aussi l’affluence des pèlerins et considérant enfin l’accroissement prodigieux de la dévotion envers la jeune thaumaturge, le clergé de cette paroisse voulut organiser le pèlerinage qui se développait.

   Ainsi pour l’anniversaire de son martyre et jour de sa fête liturgique, qui était aussi de manière providentielle le jour de l’arrivée des reliques à Mugnano del Cardinale, il fut décidé qu’il y aurait une procession. Toutefois, pour des raisons de prudence, le clergé ne voulait pas que ce fût avec la châsse contenant le gisant dans lequel étaient refermées les reliques du corps de Sainte Philomène (un peu plus tard il fut statué que la procession avec cette châsse serait accomplie tous les cinquante ans). C’est pourquoi il fut décidé que l’on ferait sculpter une statue la représentant.

Première satue de Sainte Philomène - blogue

La première statue de Sainte Philomène dans son état actuel

   Ce fut donc la première statue de Sainte Philomène jamais réalisée : elle est de style néo-classique, en bois polychrome, fut commandée dans un atelier de Naples, mais on ignore le nom de son sculpteur.
Elle a été offerte par le cardinal-archevêque de Naples, Son Eminence Révérendissime Luigi Ruffo-Scilla (1750-1832), et arriva à Mugnano del Cardinale au printemps 1806.

   Depuis la première célébration solennelle de la fête de Sainte Philomène – le 10 août 1806 -, à l’exception des années cinquantenaires, c’est donc cette statue qui est portée en procession à l’extérieur de la basilique.
Le reste du temps, elle est habituellement présentée à la dévotion des fidèles dans le transept gauche, au-dessus de l’armoire à reliques qui y a été réalisée.

Première statue de Sainte Philomène - emplacement actuel

    Toutefois, elle est descendue de sa niche à l’occasion des fêtes de Sainte Philomène, et elle est alors placée avec honneur en avant du pilastre à l’entrée du sanctuairen du côté de l’Evangile, ainsi qu’on peut le voir sur le cliché suivant.

Présentation de la statue miraculeuse pour les fêtes de Sainte Philomène - blogue

Présentation solennelle de la statue miraculeuse de Sainte Philomène - blogue

   Son nom de « statue miraculeuse » vient du fait que c’est sur son passage, en particulier, lors des processions, que nombre de guérisons ou conversions se sont produites.

   Depuis 1806, elle a fait l’objet à trois reprises de restaurations, la dernière a été menée à bien en 2017.

Procession de la statue miraculeuse de Sainte Philomène 1

Procession avec la statue miraculeuse de Sainte Philomène

Procession de la statue miraculeuse de Sainte Philomène 2

Toutes les publications de ce blogue relatives à Sainte Philomène seront bientôt à retrouver > ici (lien invalide pour le moment)

2025-19. Saint Mutien-Marie, Frère des Ecoles Chrétiennes.

30 janvier,
Fête de Sainte Bathilde, Reine des Francs, veuve et moniale (cf. ici) ;
Mémoire de Sainte Aldegonde de Maubeuge, vierge et abbesse (cf. > ici) ;
Mémoire de Sainte Martine, vierge et martyre ;
Anniversaire du rappel à Dieu de SM le Roi Alphonse II (cf. ici),
et de l’avènement de SMTC le Roi Louis XX.

Dans tous les diocèses de Belgique, chez les Frères des Ecoles Chrétiennes et en divers lieux : fête de Saint Mutien-Marie, confesseur, dont nous possédons une relique au Mesnil-Marie.

Saint Mutien-Marie - blogue

   Nous remercions notre ami Patrick Martin de nous avoir accordé l’autorisation de reproduire ci-dessous la notice sur Saint Mutien-Marie dont il est l’auteur :

       Louis-Joseph Wiaux vit le jour, le 20 mars 1841 à Mellet, dans le Hainaut, dans une famille très chrétienne.
Après ses études primaires, il devint apprenti dans la forge de son père. A l’âge de 15 ans, sur les conseils de son curé, il entra au noviciat des Frères des Ecoles chrétiennes à Namur. Quelques mois plus-tard, le 1er juillet 1856, le jeune homme recevait l’habit des Frères et le nom de Frère Mutien-Marie.
Durant toute sa vie religieuse, le saint religieux fut un modèle d’obéissance à la Règle de Saint Jean-Baptiste de la Salle. Il se distingua par son intense vie de prière, au point d’être surnommé “le Frère qui prie toujours”. Ses deux dévotions principales étaient la Sainte Eucharistie et la Bienheureuse Vierge Marie.
Sa confiance envers la Mère de Dieu était totale. Un jour, il confia à l’un de ses supérieurs : “J’ai demandé à la T. S. Vierge Marie de m’accompagner partout et toujours, de telle sorte que je me sens toujours à ses côtés. Je lui parle alors avec abandon et une confiance absolue. Je dépose toutes mes demandes entre ses mains, afin qu’Elle les présente à son divin Fils”. Partout, on le voyait son chapelet à la main, récitant inlassablement des “Je vous salue, Marie”.
Tous les temps libres du saint se déroulaient à la chapelle entre le maître-autel et l’autel de la Sainte Vierge.

   Le Frère Mutien-Marie fut nommé à Bruxelles, puis à Chimay, puis fut envoyé à l’Institut Saint-Berthuin de Malonne, près de Namur, en 1859. Après avoir essuyé un premier échec comme maître de classe, il se vit confier les tâches les plus basses de la communauté. Le saint religieux accueillit tout cela avec une parfaite docilité, y voyant la sainte volonté de Dieu.
Le Frère Mutien-Marie exerça également pendant de nombreuses années l’emploi de sonneur où il fit l’édification de ses confrères par sa parfaite régularité. On a pu dire de lui qu’il ne faisait qu’un avec la Règle de saint Jean-Baptiste de la Salle.
C’est dans cette obéissance parfaite et cette prière ininterrompue que sa vie s’écoula lentement jusqu’au 30 janvier 1917 où son âme s’envola vers les demeures célestes dans la paix de la nuit.

   Des miracles furent attribués à sa prière déjà de son vivant. Dès son décès, une foule innombrable se rendit sur la tombe de l’humble religieux et y obtint de nombreuses faveurs. Le Frère Mutien-Marie fut béatifié, le 22 octobre 1977, et canonisé, le 10 décembre 1989.

Chapelet

Prier Saint Mutien-Marie :

(prière publiée après sa béatification avec l’imprimatur de l’évêché de Namur)

   Dieu tout-puissant, Vous avez glorifié Votre serviteur le Bienheureux Mutien-Marie. Daignez exaucer les prières que nous Vous adressons par son intercession.

   Bienheureux Mutien-Marie, humblement soumis à Dieu en toute chose, aidez-nous à nous ouvrir pleinement à l’action de l’Esprit-Saint.

   Bienheureux Mutien-Marie, modèle de dévotion à l’Eucharistie et à la Très Sainte Vierge, apprenez-nous à aimer Dieu, le Christ et Sa Sainte Mère.

   Bienheureux Mutien-Marie, entièrement consacré au service des jeunes, aidez-nous à nous dévouer totalement au service du prochain.

   Bienheureux Mutien-Marie, plein de compassion pour ceux qui souffrent, priez pour tous ceux qui sont frappés par l’épreuve, et spécialement pour… (on mentionne ici l’intention particulière pour laquelle on sollicite l’intercession du saint).

   Je vous salue, Marie…

Tombeau de Saint Mutien-Marie

Tombeau de Saint Mutien-Marie à Malonne (Belgique)

2025-18. Première lettre mensuelle aux membres et amis de la Confrérie Royale pour l’année 2025 : dixième anniversaire et annonce du pèlerinage annuel au Puy-en-Velay.

Samedi 25 janvier 2025,
Fête de la conversion de Saint Paul ;
Mémoire de Saint Pierre, apôtre ;
Dans la Confrérie Royale, journée de prières plus instantes et d’offrande à l’intention de Sa Majesté le Roi.

Affiche de l'annonce du pèlerinage - blogue

Lettre mensuelle aux membres et amis de la

Confrérie Royale

- 25 janvier 2025 – 

Bien chers Amis,

       Cette année 2025 de l’Incarnation de Notre-Seigneur Jésus-Christ, année jubilaire du quart de siècle, année où l’on commémore aussi le dix-septième centenaire du concile de Nicée (325), est aussi celle du dixième anniversaire de notre Confrérie Royale, dont la fondation fut annoncée à l’occasion de la fête de Saint Louis, le 25 août 2015, alors que nous nous apprêtions à célébrer, quelques jours plus tard, le troisième centenaire de la mort du Grand Roi (+ 1er septembre 1715).

   J’aimerais que tous les membres de notre Confrérie profitent de ce dixième anniversaire pour revivifier et approfondir le sens de leur appartenance et de leur engagement, afin de ne pas laisser la routine en éroder l’importance et la ferveur, afin de ne pas laisser le redoutable pouvoir d’édulcoration des habitudes en amoindrir la fécondité et en gâter les fruits.

   Nous devons tous – et chacun (insistons sur ce renvoi à notre propre première personne du singulier, parce que le pluriel pourrait facilement se transformer en un paravent derrière lequel, plus ou moins inconsciemment, nous réussirions à camoufler notre responsabilité personnelle) – nous poser cette question : que puis-je faire pour marquer ce dixième anniversaire de manière à progresser dans l’intensité de mon engagement spirituel au service du Roi ?

   Bien sûr, ce n’est pas une question de pure rhétorique. Chacun se la doit poser afin d’y apporter une réponse : une vraie réponse, une réponse qui n’élude pas la question, une réponse personnelle, une réponse concrète, une réponse suivie d’effets, une réponse franche, une réponse sans complaisance pour notre tendance à nous contenter du « minimum syndical », une réponse comparable à un saut énergique et joyeux sur un trampoline !

   Pour se la poser et y répondre, il ne faut pas se placer en face d’un miroir, afin de se contempler soi-même (et de s’apitoyer sur ses bobos), mais il se faut mettre à genoux à côté de Saint Remi et de Sainte Clotilde suppliant le Ciel de toucher le cœur du roi encore païen Clovis ; à genoux à côté de Saint Charlemagne mettant son glaive au service de la foi ; à genoux à côté de Saint Louis prononçant son vœu de croisade ; à genoux à côté de Sainte Jeanne d’Arc criant les saints noms de Jésus et Marie au milieu du brasier ; à genoux à côté de la Vénérable Thérèse de Saint-Augustin (née Louise de France) s’adonnant à d’austères pénitences dans sa cellule du Carmel de Saint-Denis ; à genoux à côté de la guillotine dont Leurs Majestés le Roi Louis XVI et la Reine Marie-Antoinette, ainsi que la Vénérable Elisabeth de France gravissent les marches ; à genoux à côté de Sa Majesté le Roi Louis XVII, emmuré vivant, dévoré de vermine dans les ténèbres et amené à toute extrémité par la tuberculose… A genoux, bien sûr, en face de notre crucifix !

   Voilà ce qu’il nous faut considérer et méditer avec persévérance lorsque nous nous interrogeons sur la manière dont nous devons revivifier et intensifier notre engagement dans la Confrérie Royale.

   Dans quelques jours, nous vous ferons parvenir un programme et un formulaire concernant le dixième pèlerinage de la Confrérie Royale au Puy-en-Velay, qui aura lieu, comme à l’accoutumée, à l’Ascension (qui sera cette année le jeudi 29 mai : providentiellement, ce 29 mai sera aussi l’exact deuxième centenaire du Sacre de Sa Majesté le Roi Charles X – dimanche 29 mai 1825 -, dernier Sacre célébré à Reims).

   Comme en 2024, pour des raisons évidentes déjà explicitées l’année dernière, parce qu’il ne nous est plus possible de trouver un lieu d’hébergement à des tarifs raisonnables au Puy même, ni d’y disposer d’un lieu décent pour y célébrer la liturgie traditionnelle (sans parler de la campagne de calomnies par laquelle une presse locale à l’affût jouant au Guépéou nous veut désigner à la vindicte de groupuscules fanatiques), l’essentiel du séjour se fera de manière discrète – et totalement sereine – dans une structure champêtre en dehors du Puy, où nous ferons un déplacement afin d’y prier et d’y obtenir de précieuses indulgences dans les sanctuaires de cette ville sainte.

   Dès ce jour-ci, les personnes qui désirent prendre part au pèlerinage (voire nous aider dans sa préparation), peuvent nous le signaler en nous écrivant au moyen de cette adresse électronique :

pelerinage.confrerie@gmail.com

   Je vous laisse méditer sur les éléments que je vous ai livrés au travers de ces modestes lignes, et, en vous recommandant tous et chacun aux bénédictions de Notre-Seigneur et de Notre-Dame, ainsi qu’à l’intercession de Saint Michel, de Saint Charlemagne, de Saint Louis, de Sainte Jeanne d’Arc, de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus de la Sainte Face, et de tous les saints de France, je vous assure de mon entier et religieux dévouement…

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur,
Prieur. 

Blason Confrérie Royale petite taille

2025-17. Le 23 janvier, nous célébrons la fête des Epousailles de Notre-Dame avec Saint Joseph.

23 janvier,
Fête des Epousailles de la Bienheureuse Vierge Marie et de Saint Joseph ;
Mémoire de Saint Barnard, archevêque de Vienne & confesseur ;
Mémoire de Sainte Emerentienne, catéchumène & martyre ;
Mémoire de Saint Raymond de Penyafort, confesseur ;
Mémoire du 2e jour dans l’octave de Saint Vincent.

Monogramme de Marie couronné - vignette blogue

       C’est une fête bien oubliée de nos jours. Malheureusement !
Certes, elle n’a jamais figuré au martyrologe romain ni au calendrier universel, mais on la trouve dans les derniers siècles du Moyen-Age au calendrier particulier de plusieurs Ordres religieux, et Jean Gerson (1363-1429), chancelier de l’Université de Paris, fit célébrer cette fête à Notre-Dame de Paris.
Au XVIIème siècle, en conséquence et action de grâces d’une victoire de l’empereur Léopold 1er de Habsbourg (1640-1705) sur les troupes ottomanes à Buda lors de la quatrième guerre contre les Turcs (1663-1664), à la demande du vainqueur, le Saint Siège accorda à tous les diocèses qui en ferait la demande la faculté de célébrer la fête des Epousailles de la Bienheureuse Vierge Marie, à cette date du 23 janvier.

   Presque tous les diocèses du Royaume de France eurent donc cette fête dans leurs calendriers propres, mais les ultramontains fanatiques de la seconde moitié du XIXème siècle – qui combattirent avec une étroitesse d’esprit quasi sectaire tant de légitimes particularismes et privilèges anciens de nos diocèses, au prétexte d’anéantir un « gallicanisme » fantasmé présenté comme la racine de tous les maux de l’Eglise -, puis les modernistes liturgiques de la première moitié du XXème siècle, œuvrèrent pour faire oublier cette célébration pourtant spirituellement si riche.

   Au Mesnil-Marie, nous la maintenons à un double titre : 1) l’ancien calendrier propre du diocèse de Viviers, et 2) le martyrologe propre des Ermites de Saint Augustin ainsi que la dévotion des Augustins français du Grand Siècle envers cette fête, laquelle, en outre, a inspiré pour leurs églises conventuelles de purs chefs d’œuvre de la peinture religieuse du XVIIème siècle.
Je pourrais même ajouter un troisième motif, qui est l’immense plaisir que l’on peut éprouver à s’opposer aux courants modernistes, ainsi qu’à toute espèce de jacobinisme spirituel destructeur des anciens privilèges.

Anonyme XVIIe siècle - mariage de la Vierge - blogue

Le Mariage de la Vierge (anonyme du XVIIème siècle) :
nous aimons très spécialement cette toile parce qu’on y retrouve tous les détails des anciennes traditions.

   Selon les plus anciennes traditions, que l’on trouve évoquées ou expressément mentionnées chez de nombreux Pères de l’Eglise et auteurs ecclésiastiques anciens, la Bienheureuse Vierge Marie se trouvait  encore dans le temple lorsque moururent Saint Joachim (âgé de 80 ans) et Sainte Anne (âgée de 78 ans), laissant leur fille héritière de leurs biens encore assez importants, bien qu’ils eussent, tout au long de leur vie, largement dépensé leur fortune en aumônes pour les nécessiteux ainsi qu’en largesses auprès des pèlerins et pour les œuvres de religion. D’après « les Petits Bollandistes » (tome XVI p. 94), la Vierge immaculée n’était âgée que de onze ans lorsqu’elle se retrouva orpheline.
Ces biens de son héritage furent alors administrés pour elle par un homme de confiance de sa parentèle (que d’aucuns pensent avoir été Saint Joseph), et elle acheva pendant encore trois années son temps de formation religieuse dans cette sorte de pensionnat d’élite pour les jeunes filles de la haute société judéenne, qui était accolé aux bâtiments du temple de Jérusalem.

   Lorsqu’elle eut quatorze ans, Dieu inspira aux prêtres de lui chercher un époux.
Selon Saint Grégoire de Nysse et Saint Siméon Métaphraste, la jeune Vierge aurait alors elle-même révélé au Grand Prêtre son vœu de perpétuelle virginité, et, reconnaissant en cela une inspiration sacrée, celui-ci aurait voulu protéger les dispositions de la divine Providence en cherchant à lui trouver un époux qui se ferait le protecteur de sa virginité consacrée.
Mais d’autres auteurs anciens pensent que la jeune fille aurait tenu secret son vœu de virginité et se serait abandonnée à la Providence qui le lui avait inspiré, pour qu’elle-même œuvrât pour lui donner un époux accordé à ces dispositions particulières.

   Descendante d’Aaron par Sainte Anne (c’est ainsi qu’elle se trouvait cousine de Sainte Elisabeth, mère du Précurseur, dont le Saint Evangile nous dit explicitement qu’elle était de la descendance d’Aaron), la Très Sainte Vierge Marie descendait de David par Saint Joachim.
Les prêtres de Jérusalem, inspirés par Dieu, cherchèrent pour elle un époux qui fût lui aussi issu de la race royale de Juda, et, après qu’ils en eurent trouvé plusieurs, ils demandèrent au Très-Haut de leur désigner de manière indubitable parmi ceux-là, celui auquel Il voulait que la future Mère de Dieu fût liée par les liens du mariage.
C’est ainsi que, en application de la prophétie d’Isaïe (au premier verset du chapitre XI) qui annonçait depuis quelque huit-cents ans, qu’ « une fleur montera de la tige de Jessé », chacun des prétendants fut placé un bâton à la main en face de la façade du temple pendant que les prêtres faisaient monter vers Dieu une ardente supplication. Le bâton que Saint Joseph, qui était au nombre de ces descendants de David non mariés, tenait à la main a alors éclos en formant un lis éclatant de blancheur, puis une colombe plus blanche que neige descendit du ciel et vint se reposer dessus.

   C’est par obéissance aux dispositions de la divine Providence exprimées à travers l’autorité légitime des prêtres que la Vierge Marie épousa Saint Joseph ; et c’est aussi par obéissance à la divine Providence que Saint Joseph, convoqué par les prêtres, consentit à épouser la Vierge Marie.

   Si certains auteurs ont écrit que Saint Joseph était déjà un vieil homme (voire un veuf), en pensant que son âge avancé serait la garantie qu’il respecterait la virginité de sa jeune épouse (ce qui à nos yeux n’est pas probant parce qu’on trouve des hommes âgés chez lesquels les flammes de la concupiscence charnelle sont loin d’être éteintes), nous sommes plutôt enclins à croire, avec plusieurs mystiques authentiques – que la Sainte Eglise a canonisés et qu’elle recommande en raison de la sûreté de leurs voies -, qu’il était un homme d’une trentaine d’années (ayant donc environ une quinzaine d’années de plus que la Très Sainte Vierge), connu pour sa piété et ses vertus, prévenu de grâces de choix, qui avait été lui aussi mû par Dieu pour prononcer un vœu de chasteté parfaite.
Ces saints mystiques affirment aussi que Notre-Dame et Saint Joseph se confièrent l’un à l’autre qu’ils avaient prononcé ce vœu de virginité, et qu’ils furent des plus heureux de découvrir des dispositions semblables aux leurs chez leur « promis ». Cela les établissait ainsi l’un envers l’autre dans une très grande confiance surnaturelle.

   Seule, d’ailleurs, cette explication simple permet, avec les Pères, de comprendre que le mariage avait bien été célébré dans son intégralité, et que Joseph et Marie étaient bien pleinement époux, bien qu’ils n’habitassent pas sous le même toit lorsque eut lieu l’Annonciation.
Le texte évangélique, en effet, montre à l’évidence que leur mariage était une réalité entièrement accomplie, lorsque l’archange Gabriel se présenta devant Notre-Dame.
La traduction française qui use d’une expression telle que « fiancée à un homme de la Maison de David appelé Joseph » n’est pas exacte : elle est même un véritable mensonge, inspiré par l’exégèse rationaliste, protestante et moderniste !
Preuve en est que lorsque l’ange est envoyé à Saint Joseph en songe afin de dissiper son trouble, il ne lui dit pas : « Ne crains pas de prendre chez toi ta fiancée » ni : « Ne crains pas d’accomplir les derniers rites d’un mariage par étapes », mais bien : « Ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse » (Matth. I, 20).

   L’un des rôles de Saint Joseph étant de garantir l’honneur de Notre-Dame (notion totalement oubliée par les mentalités modernes qui s’imaginent qu’il est normal d’avoir des relations intimes avant le mariage, et qui ont totalement perdu la notion de « bâtardise »), en même temps que d’assurer au Fils de Dieu incarné une indiscutable parenté légale dans la descendance de David, cela n’eût point été le cas si la conception de Notre-Seigneur Jésus-Christ eût été accomplie pendant un temps de « fiançailles », et donc si l’Annonciation se fût trouvée avant l’achèvement plénier de toutes les cérémonies du mariage juif.

   Pour reprendre une expression de naguère, dans nos campagnes où l’on était très vigilant sur le respect des lois divines prescrivant de n’accomplir « œuvre de chair qu’en mariage seulement » (version rimée du sixième commandement de Dieu), et où de manière systématique les matrones, lors d’une première naissance, comptaient les mois écoulés depuis le mariage, il n’eût point été conforme à l’honnêteté des mœurs que l’on eût pu soupçonner que la Très Sainte Mère de Dieu et Saint Joseph eussent pu « faire Pâques avant les Rameaux » !

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur       

Anonyme XVIIe siècle - mariage de la Vierge - détail

1...45678...112

A tempo di Blog |
Cehl Meeah |
le monde selon Darwicha |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | mythologie
| jamaa
| iletaitunefoi