2015-82. De la lutte que tout chrétien doit soutenir, de la connaissance de l’adversaire qu’il doit affronter, de la façon dont Satan établit sa domination sur l’homme, et de Celui dans lequel la victoire est donnée.
Jeudi 17 septembre 2015,
Fête de Sainte Hildegarde de Bingen (cf. > ici).
La célébration de la fête de l’Exaltation de la Sainte Croix, il y a quelques jours, et, bientôt, la fête de l’archange Saint Michel orientent les regards de notre esprit vers les graves réalités du combat spirituel : tant de chrétiens, surtout en nos temps, en escamotent la réalité au profit d’une (fausse) spiritualité qui n’est pas sans rappeler le quiétisme (hérésie condamnée).
A ce pseudo catholicisme de « bisounours », on peut – on doit – rappeler cet aphorisme de Gustave Thibon : « Aux pacifistes. – Tuez d’abord la fausse paix. Après vous tuerez la guerre… » (in « L’Echelle de Jacob », p. 189 de l’édition de 1946).
Je livre donc aujourd’hui à votre méditation un texte de notre glorieux Père Saint Augustin résumant ce qu’est le combat spirituel, le nécessaire combat sans lequel il n’y a pas de vie chrétienne authentique, le combat qu’il faut soutenir tous les jours et jusqu’à son dernier souffle, le combat qu’ont dû soutenir tous les saints, le combat dont nous devons toujours nous souvenir qu’il n’est pas le nôtre mais celui du Christ en nous…
Lully.
La chute des anges rebelles,
chef-d’oeuvre de Domenico Beccafumi (vers 1526-1535)
église San Niccolo del Carmine, Sienne.
La couronne est promise aux vainqueurs :
le combat qu’il faut soutenir et l’adversaire qu’il faut affronter
c’est par et dans le Christ qu’est donnée la victoire.
La palme de la victoire n’est offerte qu’à ceux qui combattent.
Dans les Saintes Écritures, nous trouvons à chaque pas la promesse de la couronne, si nous sortons victorieux de la lutte ; mais – pour éviter une foule de citations – ne lit-on pas en termes clairs et précis dans l’apôtre saint Paul : « J’ai achevé mon oeuvre, j’ai fourni ma course, il ne me reste plus qu’à recevoir la couronne de justice qui m’est réservée » (2 Tim. IV, 7-8) ?
Il faut donc connaître quel adversaire nous avons à vaincre pour être couronnés.
C’est celui que Notre-Seigneur Lui-même a vaincu le premier, afin que nous aussi, en Lui demeurant unis, nous puissions le vaincre à notre tour.
La Vertu et la Sagesse de Dieu – le Verbe par qui tout a été fait, c’est-à-dire le Fils unique de Dieu – demeure éternellement, immuable au-dessus de toute créature.
Or, si toute créature que n’a pas souillée le péché, est sous Sa dépendance, à plus forte raison en est-il de même pour celle que le péché a dégradée. Si tous les anges restés purs sont sous Lui, encore ne sont-ils pas bien davantage sous Lui, tous ces anges prévaricateurs dont Satan est le chef ?
Mais, comme Satan avait séduit notre nature, le Fils unique de Dieu a daigné revêtir notre humanité pour vaincre Satan avec elle, et pour mettre sous notre dépendance celui qu’Il tient sans cesse sous la sienne ; c’est ce qu’il fait entendre Lui-même quand Il dit : « Le prince du monde a été chassé » (Jean XII, 31).
Non qu’il ait été chassé hors du monde, comme le pensent quelques hérétiques, mais il a été rejeté hors des âmes de ceux qui restent fidèles à la parole de Dieu, loin de s’attacher au monde dont Satan est le maître ; car s’il exerce un pouvoir absolu sur ceux qui recherchent les biens éphémères du siècle, il n’est pas pour cela le maître du monde ; mais il est le prince de toutes ces passions qui nous font convoiter les biens périssables ; de là vient l’empire qu’il exerce sur tous ceux qui négligent Dieu, dont le règne est éternel, pour n’estimer que des frivolités que le temps change sans cesse : « car la cupidité est la racine de tous les maux, et c’est en s’y laissant aller que quelques-uns se sont écartés de la foi et se sont attirés de nombreux chagrins » (1 Tim. VI, 10).
C’est à cause de cette concupiscence que Satan établit sa domination sur l’homme, et prend possession de son coeur. Voilà l’état de ceux qui aiment ce monde.
Or, nous bannissons Satan, toutes les fois que nous renonçons du fond du coeur aux vanités du monde ; car on se sépare de Satan, maître du monde, quand on renonce à ses attraits corrupteurs, à ses pompes, à ses anges.
Aussi Dieu Lui-même, une fois revêtu de la nature triomphante de l’homme, nous dit-Il : « Sachez que j’ai vaincu le monde » (Jean XVI, 33).
Saint Augustin, « Du combat chrétien », chap. 1er.
D. Beccafumi : la chute des anges rebelles (détail)