Archive pour la catégorie 'Lectures & relectures'

2015-82. De la lutte que tout chrétien doit soutenir, de la connaissance de l’adversaire qu’il doit affronter, de la façon dont Satan établit sa domination sur l’homme, et de Celui dans lequel la victoire est donnée.

Jeudi 17 septembre 2015,
Fête de Sainte Hildegarde de Bingen (cf. > ici).

       La célébration de la fête de l’Exaltation de la Sainte Croix, il y a quelques jours, et, bientôt, la fête de l’archange Saint Michel orientent les regards de notre esprit vers les graves réalités du combat spirituel : tant de chrétiens, surtout en nos temps, en escamotent la réalité au profit d’une (fausse) spiritualité qui n’est pas sans rappeler le quiétisme (hérésie condamnée).
A ce pseudo catholicisme de « bisounours », on peut – on doit – rappeler cet aphorisme de Gustave Thibon : « Aux pacifistes. – Tuez d’abord la fausse paix. Après vous tuerez la guerre… » (in « L’Echelle de Jacob », p. 189 de l’édition de 1946).
Je livre donc aujourd’hui à votre méditation un texte de notre glorieux Père Saint Augustin résumant ce qu’est le combat spirituel, le nécessaire combat sans lequel il n’y a pas de vie chrétienne authentique, le combat qu’il faut soutenir tous les jours et jusqu’à son dernier souffle, le combat qu’ont dû soutenir tous les saints, le combat dont nous devons toujours nous souvenir qu’il n’est pas le nôtre mais celui du Christ en nous

Lully.

Domenico Beccafumi Sienne église San Niccolò al Carmine chute des anges rebelles

La chute des anges rebelles,
chef-d’oeuvre de Domenico Beccafumi (vers 1526-1535)
église San Niccolo del Carmine, Sienne.

La couronne est promise aux vainqueurs :
le combat qu’il faut soutenir et l’adversaire qu’il faut affronter
c’est par et dans le Christ qu’est donnée la victoire.

       La palme de la victoire n’est offerte qu’à ceux qui combattent.
Dans les Saintes Écritures, nous trouvons à chaque pas la promesse de la couronne, si nous sortons victorieux de la lutte ; mais – pour éviter une foule de citations – ne lit-on pas en termes clairs et précis dans l’apôtre saint Paul : « J’ai achevé mon oeuvre, j’ai fourni ma course, il ne me reste plus qu’à recevoir la couronne de justice qui m’est réservée » (2 Tim. IV, 7-8) ?

   Il faut donc connaître quel adversaire nous avons à vaincre pour être couronnés.
C’est celui que Notre-Seigneur Lui-même a vaincu le premier, afin que nous aussi, en Lui demeurant unis, nous puissions le vaincre à notre tour.

   La Vertu et la Sagesse de Dieu – le Verbe par qui tout a été fait, c’est-à-dire le Fils unique de Dieu – demeure éternellement, immuable au-dessus de toute créature.
Or, si toute créature que n’a pas souillée le péché, est sous Sa dépendance, à plus forte raison en est-il de même pour celle que le péché a dégradée. Si tous les anges restés purs sont sous Lui, encore ne sont-ils pas bien davantage sous Lui, tous ces anges prévaricateurs dont Satan est le chef ?

   Mais, comme Satan avait séduit notre nature, le Fils unique de Dieu a daigné revêtir notre humanité pour vaincre Satan avec elle, et pour mettre sous notre dépendance celui qu’Il tient sans cesse sous la sienne ; c’est ce qu’il fait entendre Lui-même quand Il dit : « Le prince du monde a été chassé » (Jean XII, 31).
Non qu’il ait été chassé hors du monde, comme le pensent quelques hérétiques, mais il a été rejeté hors des âmes de ceux qui restent fidèles à la parole de Dieu, loin de s’attacher au monde dont Satan est le maître ; car s’il exerce un pouvoir absolu sur ceux qui recherchent les biens éphémères du siècle, il n’est pas pour cela le maître du monde ; mais il est le prince de toutes ces passions qui nous font convoiter les biens périssables ; de là vient l’empire qu’il exerce sur tous ceux qui négligent Dieu, dont le règne est éternel, pour n’estimer que des frivolités que le temps change sans cesse : « car la cupidité est la racine de tous les maux, et c’est en s’y laissant aller que quelques-uns se sont écartés de la foi et se sont attirés de nombreux chagrins » (1 Tim. VI, 10).
C’est à cause de cette concupiscence que Satan établit sa domination sur l’homme, et prend possession de son coeur. Voilà l’état de ceux qui aiment ce monde.

   Or, nous bannissons Satan, toutes les fois que nous renonçons du fond du coeur aux vanités du monde ; car on se sépare de Satan, maître du monde, quand on renonce à ses attraits corrupteurs, à ses pompes, à ses anges.
Aussi Dieu Lui-même, une fois revêtu de la nature triomphante de l’homme, nous dit-Il : « Sachez que j’ai vaincu le monde » (Jean XVI, 33).

Saint Augustin, « Du combat chrétien », chap. 1er.

Chute des anges rebelles D. Beccafumi détail

D. Beccafumi : la chute des anges rebelles (détail)

2015-79. A ceux qui cherchent le Royaume de Dieu rien ne manque.

Quatorzième dimanche après la Pentecôte.

       A l’occasion du quatorzième dimanche après la Pentecôte - appelé quelquefois « dimanche de la divine Providence », mais parfois aussi « dimanche des deux maîtres » - il est bon de lire ou de relire, le commentaire que notre glorieux Père Saint Augustin donne de la péricope évangélique de ce jour (Matth. VI, 24-33) dans son « Explication du sermon sur la montagne ».

   Après avoir expliqué le sens exact de la recherche du Royaume de Dieu et de sa justice, ainsi que de l’abandon confiant à la divine Providence, en écartant quelques fausses interprétations, Saint Augustin apporte à l’appui de son interprétation par des exemples tirés de la vie même de Notre-Seigneur, de la vie de la première communauté de Jérusalem et des Apôtres, en particulier Saint Paul. Il termine en examinant le cas où les serviteurs de Dieu viendraient à manquer des biens nécessaires à leur vie et explique que ce n’est pas infidélité de Dieu à Ses promesses mais que Sa Providence peut aussi s’exercer en cela pour notre purification et notre guérison.

Augustin enseignant - B. Gozzoli

Saint Augustin enseignant (Benozzo Gozzoli)

A ceux qui cherchent le Royaume de Dieu rien ne manque.

Saint Augustin : « Explication du sermon sur la montagne »
(au chapitre XVII, § 56, 57 & 58)

       « (…) Quand nous cherchons premièrement le royaume de Dieu et sa justice, c’est-à-dire quand nous les mettons au dessus de tout le reste au point de ne chercher dans tout le reste qu’un moyen de les obtenir, alors nous ne devons pas craindre de manquer de ce qui est nécessaire en cette vie pour parvenir au Royaume de Dieu. Car plus haut le Seigneur a dit : « Votre Père sait que vous en avez besoin ».
Aussi, après avoir dit : « Cherchez premièrement le Royaume de Dieu et sa justice », Il n’ajoute point : cherchez ensuite ces choses, bien qu’elles soient nécessaires ; mais Il dit : « Et toutes ces choses vous seront données par surcroît », c’est-à-dire vous arriveront, si vous les cherchez sans vous en mettre en peine, pourvu qu’en les cherchant vous ne vous détourniez point du but ; que vous ne vous proposiez point deux fins, d’abord le Royaume de Dieu pour lui-même et ensuite ces choses nécessaires, mais que vous cherchiez celles-ci en vue de celui-là : dans ce cas, elles ne vous feront point défaut.
La raison en est que vous ne pouvez servir deux maîtres. Or c’est servir deux maîtres que de chercher le Royaume de Dieu comme un grand bien, puis ces objets temporels. On ne peut avoir l’œil simple, ni servir Dieu comme seul maître, si on ne rapporte tout le reste, même le nécessaire, à ce but unique, c’est-à-dire au Royaume de Dieu.
Mais comme tout soldat reçoit une ration et une solde, ainsi tous ceux qui évangélisent reçoivent la nourriture et le vêtement. Seulement tous les soldats ne se battent pas pour le salut de la république ; il en est qui ont en vue leur salaire. Ainsi tous les ministres de Dieu ne se proposent par le salut de l’Eglise : il en est qui cherchent les avantages temporels, comme qui dirait leur ration et leur solde ; ou même se proposent les deux buts à la fois. Mais on l’a dit plus haut : « Vous ne pouvez pas servir deux maîtres ».
Nous devons donc faire du bien à tous avec un coeur simple, seulement en vue du Royaume de Dieu, et non pour nous procurer des avantages temporels soit uniquement, soit conjointement avec le Royaume de Dieu : avantages que le Seigneur renferme sous le nom de lendemain, quand Il nous dit : « Ne soyez point inquiets du lendemain ». Car ce mot n’a d’application que dans le temps, où l’avenir succède au passé.
Par conséquent, quand nous faisons quelque chose de bien, ne songeons point aux choses du temps, mais à celles de l’éternité ; alors l’oeuvre sera bonne et parfaite. « En effet, continue le Seigneur, le jour de demain sera inquiet pour lui-même », c’est-à-dire prenez votre nourriture, votre boisson, votre vêtement quand il faudra, quand la nécessité s’en fera sentir. Car tout se trouvera là, puisque notre Père sait que nous en avons besoin. « A chaque jour, dit le Seigneur, suffit son mal », c’est-à-dire il suffit que la nécessité vous force à user de ces choses (…). 

   Cependant il faut bien prendre garde ici d’accuser de désobéissance au divin précepte et d’inquiétude pour le lendemain, un serviteur de Dieu que nous voyons attentif à se pourvoir des choses nécessaires, ou pour lui ou pour ceux dont le soin lui est confié. Car le Seigneur lui-même, servi par les anges (Matt. IV, 16), a daigné, pour l’exemple, pour que personne ne se scandalise de voir un de ses serviteurs se procurer les choses nécessaires, a daigné, dis-je, avoir une bourse avec de l’argent, pour fournir aux besoins de la vie ; bourse dont Judas, qui le trahit, fut tout à la fois le gardien et le voleur, comme cela est écrit (Jean, XII, 6).
Et l’Apôtre Paul aussi pourrait passer pour avoir eu souci du lendemain, lui qui écrit : « Quant aux aumônes que l’on recueille pour les saints, faites, vous aussi, comme je l’ai réglé pour les églises de Galatie. Qu’au premier jour de la semaine, chacun de vous mette à part chez lui et serre ce qui lui plaira, afin que ce ne soit pas quand je viendrai que les collectes se fassent. Lorsque je serai présent, j’enverrai ceux que vous aurez désignés par vos lettres, porter vos charités à Jérusalem. Que si la chose mérite que j’y aille moi-même, ils viendront avec moi. Or je viendrai chez vous lorsque j’aurai traversé la Macédoine ; car je passerai par la Macédoine. Peut-être m’arrêterai-je chez vous et y passerai-je même l’hiver, afin que vous me conduisiez partout ou j’irai. Car ce n’est pas seulement en passant que je veux vous voir cette fois ; j’espère demeurer quelque temps avec vous, si le Seigneur le permet. Je demeurerai à Ephèse jusqu’à la Pentecôte » (1 Cor. XVI, 1-8).
Nous lisons également dans les Actes des Apôtres qu’on s’était procuré des vivres dans l’attente d’une famine prochaine : « Or, en ces jours-là, des prophètes vinrent de Jérusalem à Antioche, et il y eut une grande joie. Et quand nous fûmes assemblés, l’un d’eux, nommé Agabus, se levant, annonçait, par l’Esprit-Saint, qu’il y aurait 
une grande famine dans tout l’univers ; laquelle, en effet, arriva sous Claude César. Et les disciples résolurent d’envoyer, chacun suivant ce qu’il possédait, des aumônes aux frères qui habitaient dans la Judée. Ce qu’ils firent en effet, les envoyant aux anciens parles mains de Barnabé et de Saul » (Act. XI, 27-30).
Or, lorsque Paul se mit en mer, les provisions qu’on lui offrit paraissent avoir été bien au de là du besoin d’un seul jour (Act. XXVIII, 10).
Quant à ce passage d’une de ses épîtres : « Que celui qui dérobait ne dérobe plus, mais plutôt qu’il s’occupe en travaillant de ses mains à ce qui est bon, pour avoir de quoi donner à qui est dans le besoin » (Eph. IV, 25) ; ceux qui le comprennent mal croient y voir une contradiction avec le précepte du Seigneur : « Regardez les oiseaux du ciel ; ils ne sèment ni ne moissonnent ni n’amassent dans des greniers », et encore : « Voyez les lis des champs, comme ils croissent ; ils ne travaillent ni ne filent » ; tandis que l’Apôtre veut qu’on travaille de ses mains pour avoir de quoi donner aux autres. Et lorsque, parlant de lui-même, il dit qu’il a travaillé de ses mains pour n’être à charge à personne (1 Thess. II. 9 & 2 Thess. III, 8) ; et qu’on écrit de lui qu’il s’était joint à Aquila pour travailler avec lui et gagner sa vie (Act. XVIII, 2-3), il ne semble pas qu’il ait imité les oiseaux du ciel ni les lis des champs. Mais par ces passages des Ecritures et beaucoup d’autres du même genre on voit assez que Notre-Seigneur ne désapprouve pas celui qui se procure ces ressources par des moyens humains, mais seulement le ministre de Dieu qui travaille en vue d’obtenir des avantages temporels et non le Royaume de Dieu.

   Donc tout le commandement se réduit à cette règle : Qu’on s’occupe du Royaume de Dieu même en se pourvoyant des choses matérielles, et qu’on ne songe point aux choses matérielles lorsqu’on combat pour le Royaume de Dieu.
Par là, quand même ces ressources nous feraient défaut, ce que Dieu permet souvent pour nous exercer, non seulement notre résolution n’en serait point ébranlée, mais elle n’en serait qu’éprouvée et affermie. « Car, dit l’Apôtre, nous nous glorifions dans les tribulations, sachant que la tribulation produit la patience ; la patience, la pureté ; et la pureté l’espérance. Or l’espérance ne confond point, parce que la charité est répandue en nos coeurs par l’Esprit-Saint qui nous a été donné » (Rom. V, 3-5). Or, parmi les tribulations 
et les souffrances qu’il passe en revue, Paul ne mentionne pas seulement les prisons, les naufrages et les autres épreuves de ce genre, mais aussi la faim et la soif, le froid et la nudité (II Cor. XI, 23-27).
Ne nous figurons pas toutefois en lisant cela, que le Seigneur ait manqué à Ses promesses, parce que, en cherchant le Royaume de Dieu et sa ,justice, l’Apôtre a souffert la faim, la soif et la nudité, bien qu’on nous ait dit : « Cherchez premièrement le Royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par surcroît ». Le Médecin à qui nous nous sommes confiés sans réserve, de qui nous tenons les promesses de la vie présente et de la vie future, sait quand Il doit, dans notre intérêt, nous accorder ou nous retirer ces ressources, Lui qui nous gouverne et nous dirige en cette vie à travers les consolations et les épreuves, pour nous établir solidement ensuite dans le repos éternel (…).

Lys du Mesnil-Marie

« Regardez les lys des champs… Salomon lui-même dans toute sa gloire n’a pas été vêtu comme l’un d’eux. »

2015-76. Bref exposé des Lois Fondamentales du Royaume de France concernant la dévolution de la Couronne.

Henri V - Comte de Chambord

Henri Charles Ferdinand Marie Dieudonné d’Artois, Duc de Bordeaux, Comte de Chambord,
de jure Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Henri V
(29 septembre 1820 – 24 août 1883)

       Le 24 août 1883 s’éteignit, en exil, Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Henri V de France, communément désigné par son « titre de courtoisie » : le Comte de Chambord.

   Il est relativement fréquent de lire que ce Prince – dernier descendant légitime en ligne masculine directe de Leurs Majestés les Rois Louis XV et Charles X – est « mort sans héritier », et que sa disparition a « ouvert une querelle dynastique ».

   S’il est exact que le Comte de Chambord est mort sans postérité, en revanche il est absolument faux de dire qu’il est « mort sans héritier » (ou plus exactement sans successeur) : en effet, comme lors des morts des derniers Rois Capétiens directs (Jean 1er le Posthume, Philippe V le Long et Charles IV le Bel) et des Rois Valois (Charles VIII, Louis XII, François II, Charles IX et Henri III) – tous décédés sans descendance mâle – , il y a toujours un successeur légitime pour la couronne de France : ce successeur est le plus proche parent mâle dynaste du Souverain défunt.
Ainsi, un arbre généalogique dûment établi suffit-il à trouver ce parent mâle dynaste : frère, oncle, ou cousin le plus proche.
Et les prétendues « querelles dynastiques » ne sont-elles jamais que l’expression des ambitieuses prétentions (la prétention n’est-elle pas le propre des prétendants ?) de Princes qui veulent nier ou occulter la réalité généalogique.

   En ce 24 août 1883, le plus proche parent mâle dynaste du Comte de Chambord était son cousin Jean de Bourbon (1822-1887) dit Comte de Montizon, descendant direct de Louis XIV et désormais aîné des Capétiens.
Le testament du Comte de Chambord est d’ailleurs sans ambiguïté et, après le décès de son époux, la Comtesse de Chambord soutint les légitimistes français qui reconnurent Jean de Bourbon comme leur souverain de droit : Jean III de France. 

   La qualité de dynaste est réglée par les lois successorales (lesquelles peuvent varier d’un royaume à l’autre).
En France, les règles de succession sont contenues dans ce que l’on appelle traditionnellement les « Lois fondamentales du Royaume de France » : ce sont des règles coutumières qui ont été précisées au cours des âges afin de résoudre des situations concrètes graves ; quoique non écrites, elles n’en ont pas moins de force et elles ont toujours été observées, assurant ainsi la continuité de l’Etat et garantissant au mieux l’ordre et la paix civile.
Bien qu’il soit aisé à quiconque veut bien s’en donner la peine, de retrouver l’énoncé et l’explication des « Lois fondamentales du Royaume », il m’a paru opportun, en cet anniversaire du rappel à Dieu de Monseigneur le Comte de Chambord, de publier ci-dessous un résumé de celles qui concernent les règles de dévolution de la Couronne, tout en invitant mes lecteurs à se reporter à des études plus développées et approfondies (par exemple les publications de l’excellent site « Vive le Roy » géré par l’Union des Cercles Légitimistes de France > ici).

Lully.

Trône réalisé en 1873 pour le Comte de Chambord

Trône réalisé en 1873 pour Monseigneur le Comte de Chambord.

Lois Fondamentales du Royaume de France :

1) La succession à la Couronne est héréditaire de mâle en mâle par ordre de primogéniture :

   En l’absence d’une descendance directe mâle du souverain défunt, la Couronne est dévolue, à l’infini, à l’aîné de la branche collatérale la plus proche (qui devient la nouvelle branche aînée).
Pourquoi la masculinité ?
Lors de la cérémonie du Sacre, le Roi de France est oint avec le Saint Chrême (les autres souverains chrétiens sacrés reçoivent leurs onctions avec une autre huile, bénite et non consacrée : seul le Roi de France a le privilège d’être oint avec le Saint Chrême, comme le sont les évêques). Le Sacre, qui n’est pas un simple couronnement, est un sacramental (il a même parfois été assimilé à un huitième sacrement) : il fait du Roi un lieu-tenant du Christ, parfois appelé « l’évêque du dehors ». En effet, si elle n’appartient pas à la hiérarchie de l’Eglise, toutefois la royauté sacrée propre à la France possède un caractère quasi-sacerdotal ; or seul les hommes peuvent être appelés au sacerdoce.
La règle de masculinité empêche non seulement la dévolution de la couronne à une femme, mais aussi à la descendance mâle d’une fille de souverain français : cela empêche que le Royaume de France ne passe sous la domination d’un souverain étranger ayant épousé une princesse française ou descendant d’une princesse française mariée à un souverain étranger.

2) La Couronne de France est indisponible :

   Le Roi régnant ne peut en rien changer l’ordre de succession. Il ne peut ni abdiquer, ni exhéréder (c’est-à-dire exclure de la succession), ni faire renoncer à ses droits un Prince dynaste.
La succession royale n’est pas patrimoniale, mais elle est dite « statutaire ». Le statut coutumier du Royaume est hors de portée des volontés humaines : la volonté du Roi, comme celle de son successeur ou de tout autre successible.
Par conséquent, le Roi (de fait ou de droit) ne peut renoncer à la Couronne en abdiquant, ni limiter les prérogatives de ses successurs, ni porter atteinte à l’ordre de succession ; il n’a pas le pouvoir de faire renoncer à ses droits un successible, et les éventuelles « renonciations » sont donc, de plein droit, nulles.

En France, le Royaume n’est pas la propriété du souverain : celui-ci exerce une fonction – la fonction royale – qui le dépasse et dont il est en quelque sorte le serviteur plus que le maître.

3) La succession est instantanée : « Le Roi est mort, vive le Roi ! ».

   Les ordonnances de Charles VI, en 1403 et 1407, règlent que le Roi est tel dès la mort de son prédécesseur, instantanément et quel que soit son âge, selon l’ancien adage juridique : « le mort saisit le vif ».
Le Sacre n’est pas constitutif de la royauté : ce n’est pas le Sacre qui fait le Roi, mais la force de la coutume. Le Sacre est seulement dit « déclaratif » : il consacre, par les prières et les onctions de l’Eglise, un Prince qui est déjà le Roi légitime et qui peut exercer sa royauté quand bien même il ne pourrait recevoir le Sacre.
Cette instantanéité de la succession fait dire que « en France, le Roi ne meurt jamais ».

4) La règle de catholicité :

   « Fils aîné de la Sainte Eglise catholique romaine », le Roi de France doit être né d’un mariage catholique (ou canoniquement réputé tel au moment de la naissance lors même qu’un jugement de l’autorité ecclésiastique reconnaîtrait plus tard que ce mariage était nul), et doit être lui-même de confession catholique.
Cela ne signifie toutefois pas que ses sujets aient l’obligation d’embrasser la foi catholique.

Grandes armes de France

2015-69. Dominus flevit : le mystère des larmes de Jésus.

Neuvième dimanche après la Pentecôte 2015.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

   Au neuvième dimanche après la Pentecôte, le Saint Evangile nous entraîne à contempler Notre-Seigneur Jésus-Christ pleurant sur Jérusalem (Luc XIX, 41-47). Permettez donc que je propose à votre réflexion et à votre méditation le texte de l’homélie prononcée à l’occasion de ce dimanche par Monsieur l’Abbé Henri V. lors de la Sainte Messe, à l’intention des fidèles réunis dans l’église de Ceyssac.

Bonne lecture et bonne méditation à vous…

Lully. 

Flevit super illam - Enrique Simonet 1892

« Flevit super illam » – toile monumentale d’Enrique Simonet (1892 – musée de Malaga)

Le mystère des larmes de Jésus.

Homélie de Monsieur l’Abbé Henri V.,
sur l’Evangile du IXe dimanche après la Pentecôte (Luc. XIX, 41-47).

Jésus a pleuré.
Il pleure.

Contemplons Jésus pleurant.
Cet Evangile a de quoi nous toucher. Comme ce spectacle inattendu est émouvant : le Fils de Dieu pleurant.

Adorons.
Et recueillons ces larmes divines avec piété et vénération ; elles attirent notre amour, n’est-ce-pas ? Qui pourrait être insensible aux larmes du Christ !

Un mauvais esprit pourrait s’en choquer, en y voyant un signe de faiblesse.
Mais c’est bien le Fils de Dieu qui pleure, Lui dont l’humanité sainte est d’une absolue perfection, Dieu qui a pris un cœur foyer d’émotion et dont la sensibilité est d’une infinie délicatesse, aux frontières de Son Esprit d’amour, le Fils de Dieu qui a voulu partager notre condition humaine ici-bas, dans cette vallée de larmes.

Jésus pleure avec ceux qui pleurent.
Mais là, pourquoi pleure-t-Il ?
Le Seigneur pense aux malheurs qui vont s’abattre sur Jérusalem à cause de l’infidélité des hommes. Car Jérusalem, c’est ce que le Père Lui a confié et qui est l’objet de Son amour et de Sa miséricorde.

Jérusalem représente tout d’abord le Peuple élu, celui de la Promesse, cette nation que Dieu avait chérie tout au long de l’Ancien Testament, mais qui dans son ensemble, exceptés quelques justes ainsi que les plus humbles, a refusé de reconnaître le Christ comme le Messie, au temps du Salut : « Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçu » (Jean I, 11).
Jésus pense donc aux calamités qui vont s’abattre en conséquence : la destruction de Jérusalem, la dispersion du peuple, mais aussi l’aveuglement et la dureté de cœur.
Certes, les dons de Dieu sont irréversibles, de sorte qu’Il leur garde Son amour au point même de prévoir que ce peuple reviendra à Lui avant la fin de ce monde.

De façon plus générale, cette Jérusalem sur laquelle pleure le Seigneur, représente les pécheurs qui refusent Sa grâce, la cité sans Dieu, là où l’amour de soi conduit à sa perte.
Souvenons-nous de la station sur le chemin du Calvaire où Jésus déclare aux femmes de Jérusalem : « Pleurez plutôt sur vous et sur vos enfants ».
En effet, la mort, la souffrance, la guerre, la violence, la haine sont le fruit du péché.
Mais Dieu aime l’homme qu’Il a créé. Il veut son bonheur, Il pleure son malheur. Il aime le pécheur qu’Il a sauvé sur la Croix. Le Fils de Dieu est venu en ce monde non pas pour juger mais pour guérir.
Certes Notre-Seigneur assume la souffrance de l’homme à laquelle Il a donné la vertu de la Rédemption, mais Il compatit et a pitié de nos épreuves.
Ouvrez l’Evangile : le Seigneur console, accomplit sans cesse des miracles de guérison, donne à manger à ceux qui ont faim, ressuscite.
Bien sûr, au-delà des biens et des joies d’ici-bas, sa mission essentielle consiste en le Salut et la vie éternelle. En pleurant, Il pense donc à tous ceux qui refuseront Sa grâce et qui se damneront. Car s’Il est infiniment bon et miséricordieux, Dieu est également parfaitement juste.

Nous pouvons comprendre ici que les larmes du Seigneur coulent de son Cœur Sacré plein d’amour, mais qu’elles ne sont pas l’effet d’une émotion égoïste ou d’une faiblesse sentimentale.
Jésus pleure sur les malheurs dont les pécheurs sont eux-mêmes responsables et qu’ils causent par leur propre faute. Jésus déplore que l’amour ne soit pas aimé, que les ténèbres refusent la lumière, que la mort soit préférée à la vie.

Ces malheurs, Dieu ne les veut pas, ce sont les châtiments que les hommes se causent à eux-mêmes. Et si Dieu les permet, alors, Il veut S’en servir pour purifier, relever et restaurer, sachant par Sa toute puissance miséricordieuse tirer du mal un plus grand bien.
N’est-ce pas en souffrant que l’homme pécheur souvent revient à Dieu ?
Alors, les larmes se transforment en joie parce qu’il n’y a pas de plus grande joie dans le Ciel que celle du pécheur qui se convertit.

De tout cela, il ressort que les larmes du Seigneur ne sont pas des larmes de tristesse, mais des larmes de compassion. Elles ont une vertu salutaire : elles méritent et provoquent la conversion des pécheurs ; elles sont édifiantes ; elles arrosent nos cœurs pour les consoler et les guérir.

Cette Jérusalem sur laquelle pleure le Seigneur représente l’Eglise, Son Epouse mystique bien-aimée, parce que celle-ci, pourtant l’objet de toutes Ses bontés, est cependant, tout au long de son pèlerinage ici-bas, la proie de tant de luttes et d’épreuves, mais aussi de péchés et d’infidélités qui blessent sa sainteté, éclipsent son rayonnement et apportent confusion même en son propre sein.
Ces hommes d’Eglise qui oublient ou trahissent leur mission au service du Salut, qui falsifient l’Evangile et la Parole de Dieu, ceux qui pactisent avec le monde ennemi de Jésus-Christ ou qui ouvrent les portes du sanctuaire à l’abomination de la désolation…
Ces chrétiens qui abandonnent les promesses de leur baptême et les exigences de leur Foi, et qui laissent envahir leurs cœurs par les illusions et les vanités de ce monde.
Mais aussi ces chrétiens qui disent : « Seigneur ! Seigneur ! », mais dont la Foi ne sert à rien parce qu’ils ne pratiquent pas la charité.
Et ces chrétiens appelés à la sainteté et que Dieu comble de grâces mais qui ne vont pas jusqu’au bout de l’amour.

Jésus pleure sur l’Eglise, parce qu’elle est ce qu’Il a de plus cher et que l’infidélité de ses membres entraîne la perte de beaucoup d’âmes et l’apostasie désastreuse du monde !
Certes, Dieu est fidèle ; Il lui a promis qu’elle ne serait jamais abattue mais qu’au contraire elle sortirait toujours plus forte et plus belle en ses victoires assurées : « Je vis la Cité sainte, la nouvelle Jérusalem descendant du Ciel d’auprès de Dieu, parée comme une épouse et ornée pour son époux » (Apoc. XXI, 2).

Quant à nous, qui voyons Jésus pleurer, que pouvons-nous donc faire pour Le consoler et Lui sécher Ses larmes ?

Flevit super illam (détail)

2015-65. Où Gustave Thibon, interrogé sur ses racines paysannes, citant Dante, expliquait que l’homme doit être enraciné pour parvenir à la contemplation des vérités éternelles.

Mardi 16 juin 2015,
fête de Saint Jean-François Régis (cf. > ici).

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Parmi les commémorations remarquables de cette année 2015, il y a  le sept-cent-cinquantième anniversaire de la naissance de Dante.

   C’est en effet au printemps de l’année 1265 (entre la mi-mai et la mi-juin : on n’en connaît pas la date exacte) qu’est né, à Florence, Durante degli Alighieri, couramment appelé Dante Alighieri.
Ecrivain et poète, il est considéré comme le « père de la langue italienne » et demeure à jamais l’un des plus grands poètes de la période médiévale, l’un des plus grands écrivains de la Chrétienté.
Il est également un homme politique qui prend une part active non seulement à l’administration de la ville de Florence, mais encore à la lutte armée, à la diplomatie, et aux mouvements d’idée de son temps.

   Les célébrations du sept-cent-cinquantième anniversaire de la naissance de Dante ont été solennellement inaugurées au début du mois de mai par les autorités italiennes lors d’une cérémonie au Sénat au cours de laquelle l’acteur Roberto Benigni a lu le Chant XXXIII du « Paradis », celui qui marque la fin du voyage du poète et s’achève dans la contemplation de la splendeur divine.

   Au passage, je ne peux m’empêcher d’imaginer – et de vous porter à imaginer – quel déchaînement de furieuse bêtise laïciste et quelles manifestations de l’intégrisme maçonnique déclancherait en France la lecture publique et officielle, au parlement, d’un texte poétique qui commence par magnifier la Très Sainte Vierge Marie et se termine de manière quasi extatique sur la louange de l’incommensurable lumière, beauté et sagesse de Dieu  (cf. > Parad. cant. XXXIII) !

   Plusieurs centaines de cérémonies ou manifestations culturelles, célébrant Dante et son oeuvre, marqueront les prochains mois, non seulement en Italie, mais dans le monde entier.
J’encourage bien évidemment mes fidèles lecteurs et amis à profiter de cet anniversaire pour découvrir – s’ils ne la connaissent pas déjà – ou pour relire de manière méditative l’oeuvre majeure de l’Alighieri : la justement célèbre « Divine Comédie ».

   Ma – très modeste – contribution à cet anniversaire, se bornera à faire paraître, ci-dessous, un texte – à ma connaissance non encore publié par écrit - (je l’ai moi-même retranscrit) de Gustave Thibon, : il est extrait d’un entretien qu’il avait accordé à la radio diocésaine de Viviers, quelques semaines après la publication de « Au soir de ma vie » (1993), et dont nous conservons précieusement l’enregistrement au Mesnil-Marie.
Interrogé sur ses origines paysannes, Gustave Thibon se saisit de l’occasion pour parler du nécessaire enracinement de l’homme, et c’est alors qu’il appuie son propos sur l’exemple et une citation de Dante, dont la lecture lui était familière.

   Le style oral, le style de la conversation impromptue qui est celui de cet entretion, remettra immanquablement dans l’oreille de ceux qui ont eu le bonheur de l’entendre et d’échanger avec lui, les accents à la fois rocailleux et chantants, de Gustave Thibon.

Lully.

Domenico di Michelino - 1465 - Dante illuminant Florence par son oeuvre

Dante illuminant Florence par son oeuvre :
détail de « Dante et les trois royaumes », huile sur toile de Domenico di Michelino, 1465
(musée de l’Oeuvre du Duomo – Florence)

giglio

« L’homme a besoin de racines : de racines sur la terre qui lui permettent de fleurir dans le ciel… et d’avoir même des racines dans le ciel. »

* * * * * * *

   « Paysan, eh bien, oui ! c’est l’homme du pays, l’homme de la terre, l’homme enraciné, l’homme d’un terroir, l’homme localisé en quelque sorte, c’est-à-dire l’homme qui a des racines.
Notez bien que les racines ne suffisent pas. Seulement, les fleurs, eh bien, naissent des racines en quelque sorte.
Il n’y a pas de belle floraison s’il n’y a pas d’enracinement. Alors je crois beaucoup, eh bien, aux racines terrestres qui sont nécessaires même pour l’épanouissement spirituel le plus universel.

   A ce sujet je pourrai citer une anecdote : vous savez que Dante a été exilé de Florence à la fin de sa vie, dans ces querelles des gibelins et des guelfes qu’on a oubliées aujourd’hui. Il était donc exilé à Ravenne, et quelqu’un lui avait écrit : tu dois être bien malheureux loin de ta patrie. Et alors il a répondu un très beau mot, en latin d’ailleurs – je traduis - , il a répondu : « Les hautes vérités dans leur douceur suprême sont visibles sous tous les cieux » !
Alors moi je commenterai : elles sont visibles sous tous les cieux, mais elles ne poussent pas dans toutes les terres ! Et si Dante n’avait pas été un florentin, s’il n’avait pas été nourri de cette civilisation extraordinaire de Florence, il n’aurait pas pu voir les vérités suprêmes sous tous les cieux.

   Je crois que c’est extrêmement important.
Regardez les grandes oeuvres du génie humain : les plus universelles, les plus admirées dans le monde entier, sont des œuvres enracinées.
« L’Illiade » est une œuvre très localisée : le conflit des Troyens, bon, ainsi de suite… « La Divine Comédie » de Dante est florentine jusqu’au dernier point : il y parle de toutes les familles de Florence. Le « Quichotte » de Cervantès : c’est localisé dans la Castille, et en même temps ça a une portée universelle. Le « Mireille » et le « Calendal » de Mistral sont des œuvres enracinées dans la Provence et qui prennent également une portée universelle…

   Alors, l’homme a besoin de racines : de racines sur la terre qui lui permettent de fleurir dans le ciel… et d’avoir même des racines dans le ciel.
Platon parlait du double enracinement de l’homme qui est en même temps enraciné dans la terre et en même temps ouvert aux vérités célestes, qui viennent d’en-haut.
Je crois que cette union est absolument nécessaire.

   Simone Weil a été très méchante pour les Américains – je m’empresse de dire Simone Weil la grande, la philosophe, pas la femme politique, n’est-ce pas ! – ; eh bien, (elle) disait en parlant des Américains - elle était en Amérique à la fin de sa vie – un peu sévèrement : « Ils sont impropres au surnaturel parce qu’ils n’ont pas assez d’enracinement terrestre ». Peut-être exagérait elle un peu, mais enfin il y a de ça, quoi !

   C’est pourquoi je crois profondément à une vie qui est très près de la terre et qui permet de monter plus haut ! »

Gustave Thibon
réponse à Monsieur l’abbé Estieule qui l’interrogeait pour « Radio présence »
(entretien enregistré au Mas de Libian, à Saint-Marcel d’Ardèche, en 1993).

Miniature Divine Comédie Cod. It. IX. 276 1380-1400 - Bibliothèque Marciana, Venisee

Détail d’une miniature du manuscrit de la « Divine Comédie » des années 1380-1400
(Codex it. IX-276, Bibliothèque Marciana, Venise)

2015-64. La révolution française ne fut pas une révolution de type politique et social, mais une révolution d’essence métaphysique et spirituelle caractérisée par la haine de la religion chrétienne.

14 juin,
Fête de Saint Basile le Grand, évêque et confesseur, docteur de l’Eglise (cf. > ici).
Anniversaire du massacre des catholiques et des capucins de Nîmes en 1790 (cf. > ici).

Clergé malmené

Ecclésiastiques malmenés et chassés (gravure de l’époque révolutionnaire)

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Vous le savez bien, au Mesnil-Marie nous essayons de n’oublier aucun des anniversaires de nos grands héros chrétiens et français et de ceux qui ont été martyrisés ou sacrifiés sur l’autel de l’idéologie révolutionnaire.

   Ainsi, en ce 14 juin, nous nous souvenons avec émotion et piété des catholiques et des capucins de Nîmes qui ont été massacrés en haine de la foi catholique et de la fidélité à la monarchie traditionnelle, par les révolutionnaires huguenots les 13 et 14 juin 1790 : je vous ai longuement raconté ces faits (et je vous renvoie à cette publication > ici).
Des faits qui ne doivent pas tomber dans l’oubli, et ce d’autant plus que la plupart des livres d’histoire ou bien les cèlent ou bien les édulcorent et les minimisent. C’est ainsi que ce massacre de plusieurs centaines de catholiques, onze mois seulement après la « prise » de la Bastille et un mois tout juste avant la fête de la fédération (en une période où l’on voudrait nous faire croire que la terreur n’avait pas commencé et que la « nation unanime » communiait dans l’enthousiasme aux idées nouvelles) est officiellement pudiquement appelé « bagarre de Nîmes », comme s’il s’agissait d’un banal fait divers entre quelques individus avinés à la sortie d’un bistrot !

   Au risque de passer pour importun, j’insiste, chaque fois qu’il m’en est donné l’occasion, et je répète et répèterai encore pour dire que l’essence de la révolution française – et par conséquent de la république qui en est le fruit – c’est l’antichristianisme.

   Dans la bibliothèque du Mesnil-Marie, nous avons un ouvrage qui date un peu, dans la mesure où il avait été rédigé et publié pour anticiper ce fameux bicentenaire de la révolution de 1789 que la république mitterrandienne s’apprêtait à célébrer, afin de prémunir contre les contre-vérités qui n’allaient pas manquer de nous être ressassées à cette occasion.
Ce livre a été écrit par le Rd. Père Yves-Marie Salem-Carrière et s’intitule : « Terreur révolutionnaire et résistance catholique dans le Midi ». Il présente de manière succincte un ensemble de faits tus, oubliés ou minimisés prouvant l’antichristianisme viscéral de la révolution et rappelle – comme le titre l’indique – les divers mouvements de résistance qui s’y opposèrent en Languedoc.

   Cet ouvrage est préfacé par notre cher Gustave Thibon.
Au-delà des caractères circonstanciels liés à l’auteur, à l’ouvrage lui-même et au contexte de sa parution, Gustave Thibon, de sa plume aiguisée, a bien su mettre en évidence (qui d’ailleurs pourrait en douter ?) les caractéristiques de la révolution.

   Comme l’ouvrage du Rd. Père Salem-Carrière est aujourd’hui difficile à trouver, à l’occasion du triste anniversaire du massacre des catholiques et des capucins de Nîmes, j’ai donc résolu de recopier ci-dessous à votre intention, chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion, le texte de cette préface de notre cher Gustave !

Lully.

Le Pape Pie VI caricaturé en âne (détail d'une gravure révolutionnaire de 1790)

Le Pape Pie VI caricaturé en âne, détail d’une estampe révolutionnaire de 1790

La Révolution française ne fut pas une révolution de type politique et social,

mais une révolution d’essence métaphysique et spirituelle,

caractérisée avant tout par la haine de la religion chrétienne.

 * * *

       « Je tiens à souligner l’importance de ce travail du P. Salem sur les causes et les effets de la fièvre révolutionnaire dans notre province du Languedoc.
Son livre est convaincant, non seulement par les idées qu’il défend mais par les faits qu’il rapporte. Car, si l’on peut discuter sans fin sur les idées, on ne peut pas récuser les faits. « Vous connaîtrez l’arbre à ses fruits », dit l’Evangile.

   La conclusion que tire le P. Salem de cet exposé de tant d’horreurs mêlées à tant d’héroïsmes est que la Révolution française ne fut pas une révolution de type politique et social comme tant d’autres au long de l’histoire, mais une révolution d’essence métaphysique et spirituelle, caractérisée avant tout par la haine de la religion chrétienne et de ses institutions.

   Il ne s’agit pas d’idéaliser la société de l’Ancien Régime. Il y avait certes des abus à supprimer et des réformes à accomplir et l’Eglise même, au cours des âges, n’a jamais cessé de se réformer pour mieux adapter ses structures temporelles à son modèle éternel.

   Or il apparaît clairement ici que le vœu profond des organisateurs de la Révolution ne fut pas de corriger les imperfections de ces vieilles institutions qui reposaient toutes sur un fondement religieux mais de renverser ce fondement même, c’est-à-dire de substituer le culte de l’homme au culte divin. Quitte, ensuite, car tout idolâtrie se retourne contre elle-même, à fouler aux pieds ces fameux droits de l’homme si hautement proclamés en mettant la terreur au service du délire idéologique.

   Il suffit pour faire éclater cette contradiction entre les principes et leurs conséquences de juxtaposer les trois grands mots de la devise républicaine et leur interprétation par les ouvriers de la terreur.
Liberté ? Oui mais « pas de liberté pour les ennemis de la liberté », c’est-à-dire pour tous ceux qui ne partagent pas la nouvelle conception de la liberté.
Egalité ? Oui encore, mais imposée par la violence : « l’égalité ou la mort ».
Fraternité ? Mais toujours le même refrain : « Sois mon frère ou je te tue ».

   Et toutes ces atrocités sont barbouillées d’inepties grandiloquentes où le grotesque s’allie au tragique. On en trouvera ici maints exemples puisés dans les discours ou dans les faits, dont le plus drôle est celui du coq au cocorico séditieux jugé et exécuté en bonne et due forme (voir la note * en bas de page).

   Mais ce sombre tableau garde un côté lumineux : celui où sont relatés la vigueur de la résistance populaire à l’influence idéologique et l’héroïsme de tant de prêtres et de fidèles qui préférèrent la mort à l’apostasie.

   Cela dit, nous célébrerons nous aussi le bicentenaire de la Révolution mais celui de ses victimes et de ses martyrs et non celui de ses auteurs et de ses bourreaux. »

Gustave Thibon.
Préface du livre du Rd Père Yves-Marie Salem-Carrière, lazariste,
intitulé « Terreur révolutionnaire et résistance catholique dans le Midi »
(ed. Dominique Martin Morin – 1989).

Terreur révolutionnaire et résistance catholique dans le Midi - R.P. Salem-Carrière

Note * :

   Les catholiques fidèles poussaient fréquemment le cri de « cocorico » en présence des prêtres jureurs : c’était une manière de leur rappeler le reniement de Saint Pierre et de les inciter à la conversion.
En conséquence, le « cocorico » était fort mal perçu par les sans-culottes. Le Rd. Père Salem-Carrière rapporte donc qu’à Montpellier, le 5 décembre 1791, lors des funérailles d’un « patriote », lorsque le curé constitutionnel parut, un puissant « cocorico » retentit à une fenêtre. Voici la suite telle qu’elle est racontée dans son livre :

« Les gardes nationaux montèrent au deuxième étage chez mademoiselle Sauvaire, vendeuse de faïence, saisirent un coq en cage sur la fenêtre et amenèrent la fille avec eux au tribunal correctionnel.
Le juge l’interrogea :
- Vous avez dressé le coq pour vous moquer des prêtres assermentés.
- C’est un cadeau, répondit-elle, je l’ai mis en cage parce que étant très maigre je voulais l’engraisser.
- Oui, mais ce n’est pas un animal à mettre en cage sur une fenêtre.
- Si je l’avais laissé libre dans mon magasin de faïence il aurait tout cassé.
Ainsi se déroula le dialogue « patriotique » et le jugement suit la logique révolutionnaire. La fille est condamnée à deux jours de prison et à une amende.
Et le coq ?
Le juge propose de l’offrir à l’hôpital. Non pas, estime le tribunal, les malades qui absorberaient son bouillon pourraient devenir aristocrates ou monarchistes.
« Qu’on le décapite, crie un assistant, puisqu’il a chanté en nous insultant. »
Aussitôt un garde saisit son sabre et décapite l’animal… »

(in « Terreur révolutionnaire et résistance catholique dans le Midi » p. 54).

Coq sur un canon (époque révolutionnaire)

Coq sur un canon
(peinture sur faïence – époque révolutionnaire)

2015-58. Les « petites phrases » du successeur du Grand Roi.

Mercredi 3 juin 2015,
fête de Sainte Clotilde, reine des Francs,
et anniversaire du rappel à Dieu de S.M. le Roi Louis XIX (3 juin 1844).

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Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Sans doute le savez-vous, nos Souverains légitimes, Monseigneur le duc d’Anjoude jure Louis XX – et son épouse la Princesse Marie-Marguerite, ont effectué une visite officielle en Bretagne les 29, 30 et 31 mai derniers.

   S’il n’était pas possible à notre Frère de s’y rendre, vous vous doutez bien néanmoins que nous accompagnions  ce voyage de nos Princes par la pensée et la prière, en union avec de nombreux amis qui s’y trouvaient, et en particulier avec les représentants de l’Union des Cercles Légitimistes de France (UCLF) et de l’Institut de la Maison de Bourbon (IMB).
En confidence (mais une telle joie peut-elle vraiment demeurer confidentielle ?), je peux aussi vous révéler que Frère Maximilien-Marie a reçu ce jour d’hui même par la poste, une carte envoyée de Sainte-Anne d’Auray portant deux « simples » signatures - « Louis » et « Marie-Marguerite » – , carte qui, vous l’imaginez sans peine, a ému notre Frère jusqu’aux larmes…

   Les visites officielles du descendant direct de Saint Louis, d’Henri IV et de Louis XIV, sont ponctuées par des entretiens ou discours auxquels il convient de porter la plus grande attention.
En effet, même si – circonstances obligent – le Prince doit user de quelque diplomatie avec les représentants du régime d’occupation qui sévit malheureusement en France, ses prises de parole  ne sont néanmoins pas anodines et elles sont émaillées de « petites phrases » précieuses qui sonnent à nos oreilles comme de véritables mots d’ordre :
« que celui qui a des oreilles pour entendre entende » (cf. Matth. XI, 15)…

   Je ne vais donc pas reproduire ici l’intégralité des discours de notre Prince : on peut déjà les retrouver sur quelques uns de nos sites amis, et en particulier ici > Visite de Louis XX en Bretagne, mais je vais en extraire ces « petites phrases » qui m’ont paru d’une importance remarquable parce que, à travers leur heureuse formulation, souvent concise, ce sont de vraies lignes directrices de pensée et d’action que Monseigneur le Prince Louis vient de laisser à ses fidèles ; certaines constituent d’ailleurs de beaux et purs slogans que nous pouvons mettre en exergue à notre combat légitimiste.

   A ces discours officiels, il ne faut pas omettre d’adjoindre le texte de l’entretien exclusif que Monseigneur le Prince Louis avait accordé au « Télégramme » le 29 mai et dont on retrouvera l’intégralité ici > L’héritier des Rois en visite en Bretagne.
Les réponses de notre Prince aux questions des journalistes sont à bien des égards remarquables, aussi convient-il de les lire avec attention et de bien les méditer.
Comme pour les discours, j’en extrais les mots d’ordre qui m’ont le plus touché.

Vivent nos Princes !
Vive le Roi Louis XX !
Vive la Reine Marie-Marguerite !

Lully.

Le Prince Louis et la Princesse Marie-Marguerite à l'issue de la Messe à Sainte-Anne d'Auray dimanche 31 mai 2015

Monseigneur le Prince Louis et son épouse la Princesse Marie-Marguerite
à l’issue de la Messe célébrée dans la basilique de Sainte-Anne d’Auray,
le dimanche 31 mai 2015.

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Les « petites phrases » de l’héritier du Grand Roi :

Dans l’entretien accordé au « Télégramme » :

- « Je suis le seul héritier des rois qui ont régné sur notre pays, de Clovis à Charles X. »

- « On ne peut être le descendant direct d’une dynastie dont la destinée se confond avec l’Histoire de France sans se sentir investi d’une mission. »

- « Il me semble que par rapport aux souverains passés, j’ai aussi le devoir de montrer que leur œuvre se poursuit et que les principes qui ont fait que ce régime a tenu 800 ans, ont toujours leur place : la justice, le respect du droit naturel, l’harmonie sociale. »

- « Face à un pouvoir qui ne défend plus l’ordre naturel, comme héritier de la dynastie capétienne, je demeure le garant des valeurs morales. »

Dans le discours prononcé lors de la réception par la municipalité de Lorient au musée de la Compagnie des Indes Orientales :

- « La grandeur des politiques se perçoit aux fruits qu’elles portent sur le moment et dans la durée. »

Lors du dîner offert à Vannes le samedi 30 mai :

- « La royauté, en effet, n’a pas à être une nostalgie mais, au contraire, doit aider à préparer l’avenir. C’est ainsi que nous sommes dignes de l’héritage reçu. »

- « Tradition et modernité. Il me semble que depuis que je suis devenu chef de la Maison Capétienne, héritier des rois de France, c’est le message que je veux faire passer. Les traditions sont peu de choses lorsqu’elles ne sont que conservatisme. Elles sont beaucoup lorsqu’elles permettent d’ouvrir sur le présent et le progrès. Elles sont peu lorsqu’elles ne sont que regrets du passé. Elles sont beaucoup, en étant espoir et encouragement à la jeunesse et à l’innovation. »

- « L’unité est gage de succès.
Doivent s’unir et se conforter toutes les associations, les bonnes volontés publiques et privées, les autorités religieuses et civiles, les forces vives de l’économie et des sciences, les chercheurs et les enseignants. »

- « Nous sommes des héritiers mais nous ne devons pas cacher notre trésor. Nous devons au contraire le faire fructifier. Tel est notre devoir. Nous avons un héritage à transmettre. Nous devons faire vivre et croître ce que nous avons reçu, par respect pour ceux qui nous ont précédés et pour préparer l’avenir de nos enfants. »

Dans le discours prononcé au Champ des Martyrs de Brec’h :

- « Le souvenir du passé doit nous aider à affronter les malheurs des temps présents. Nous ne devons pas avoir peur de nous engager pour nos familles et nos enfants. En étant les gardiens de la tradition, nous sommes les précurseurs du monde meilleur que nous souhaitons à nos héritiers. »

- « La religion catholique nous enseigne que le sang des martyrs est le terreau dans lequel s’ensemence l’avenir. »

- « En restant fidèles au sacrifice des anciens, nous sommes aussi les artisans de l’avenir ! »

Dans le discours prononcé devant le monument édifié en l’honneur du Comte de Chambord :

- « Le Comte de Chambord n’était pas un homme du passé. Ses écrits montrent combien il avait le sens des événements et comme il voyait les problèmes de son temps. »

- « Ne pas rester figés sur la nostalgie d’un monde passé mais créer le monde de demain sur les principes de la tradition. »

- « Il s’agit de prolonger la mission de progrès qui a toujours été celle de la royauté française. »

- « Etre ouvert à son temps, ce n’est pas en accepter benoîtement les dérives et les propositions contre nature. »

- « Redonner du sens à la vie. Être des porteurs d’espoir. Ré-enchanter la société, tel est notre devoir. Il s’impose à l’égard de notre pays et à tous les Français. N’ayons pas peur ! Ne soyons pas découragés ! »

- « Le Comte de Chambord fut aussi l’homme des combats qui paraissent impossibles. Il n’est pas remonté sur le trône de ses ancêtres mais il a conservé intact le principe de la royauté sans l’affadir, ni le compromettre.
Il nous appartient de continuer son œuvre de fidélité et d’espoir, et de lui rendre l’hommage qui lui revient. »

- « Nous sommes les veilleurs de la mémoire, en charge de transmettre des valeurs dans lesquelles nos enfants puiseront pour continuer à écrire l’histoire de France. »

Grandes armes de France

2015-44. Etant revêtus du sacerdoce de Jésus-Christ, nous sommes obligés d’être revêtus de Sa sainteté.

nous dédions très spécialement ce texte à tous

nos Amis Prêtres,

auxquels nous présentons nos vœux les plus fervents
à l’occasion du Jeudi Saint,
fête du Sacerdoce Catholique.

Sacerdos, alter Christus

       A l’occasion du Jeudi Saint, jour où nous revivons sacramentellement, par la liturgie – qui le rend actuel – , le Mystère de l’Institution de l’Eucharistie et du Sacerdoce, nos pensées et nos prières rejoignent tous les prêtres, et d’une manière très particulière bien sûr les prêtres qui honorent de leur amitié le Refuge Notre-Dame de Compassion, auxquels, avec nos vœux de fête, nous adressons aussi nos plus vifs remerciements.

   Nous leur dédions ce magnifique texte de Saint Jean Eudes, résumant la sublime quintessence du sacerdoce.
Tous nos amis laïcs, je n’en doute pas, sauront eux aussi faire leur miel de ce texte qui contribue à vivifier en nos âmes l’action de grâces et le respect pour ce grand mystère de grâce déposé en nos prêtres…

Très beau, très fervent et très saint Jeudi Saint à tous !

frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.

Sainte Eucharistie

       « Puisque Notre-Seigneur Jésus-Christ nous associe avec Lui dans Son sacerdoce éternel et dans Ses plus divines qualités, et que nous sommes obligés, étant revêtus de Son sacerdoce, de Ses pouvoirs et de Ses privilèges, d’être aussi revêtus de Sa sainteté et de continuer Sa vie, Ses exercices et Ses fonctions sacerdotales sur la terre, considérons ce qu’Il est et ce qu’Il fait :

1 – au regard de Son Père ;
2 – au regard de tous les hommes, spécialement de Son Eglise ;
3 – au regard de Soi-même, afin de Le suivre en ces trois choses comme une règle.

   Si nous considérons ce qu’Il est et ce qu’Il fait au regard de Son Père, nous verrons qu’Il est tout à Son Père et que Son Père Lui est tout : Il ne regarde et n’aime que Son Père, et Son Père ne regarde et n’aime que Lui.
Toute Sa prétention est de faire connaître, adorer et aimer Son Père, et tout le dessein de Son Père est de Le manifester et de Le faire adorer à tous les hommes.
Il est la complaisance, la gloire et le trésor de Son Père ; et toutes Ses richesses, Son honneur et Son contentement sont de chercher la gloire de Son Père, et d’accomplir Sa très sainte volonté. Et à cette fin Il S’est comporté très saintement dans toutes les fonctions sacerdotales, et les a faites avec des dispositions toutes divines.
Aussi le Prêtre, étant l’héritage de Dieu, et Dieu étant tout son partage, selon la profession qu’il en a faite entrant dans l’état de la cléricature, en disant ces paroles : le Seigneur est ma part d’héritage (Ps. XV, 1), il doit être tout à Dieu, et Dieu lui doit être tout. Il doit être possédé de Dieu comme son héritage, et ne doit point prétendre en ce monde d’autre fortune ni d’autre possession que Dieu, qui est son unique trésor, auquel il doit donner tout son cœur et toutes ses affections. Surtout il doit prendre un très grand soin de faire saintement toutes les fonctions sacerdotales, comme le Saint Sacrifice de l’autel, l’office divin, l’administration des sacrements et de la Parole de Dieu, etc.
Toutes ces choses sont très saintes et divines ; c’est pourquoi elles doivent être faites d’une manière digne de Dieu, digne de l’excellence de notre ministère, digne de l’excellence de ces divines fonctions, digne de la sainteté du Souverain Prêtre avec Lequel nous les faisons, digne enfin du prix infini de Son Précieux Sang, par lequel Il nous a élevés à la dignité en laquelle nous sommes, et nous a mérité la grâce pour en exercer les emplois.

   Si nous désirons voir ce que Jésus-Christ est et ce qu’Il fait au regard des hommes, et spécialement de Son Eglise, nous n’avons qu’à jeter les yeux de la foi sur toutes les choses qu’Il a faites et qu’Il a souffertes, pendant qu’Il était sur la terre ; nous verrons que ce sont autant de bouches et de langues qui nous crient : C’est ainsi que Dieu a aimé le monde. C’est ainsi que Jésus a aimé l’Eglise. C’est ainsi que le Christ a aimé les âmes.
Et en même temps ces mêmes voix nous diront : c’est ainsi qu’il faut aimer l’Eglise de Jésus ; c’est ainsi qu’il faut travailler pour le salut des âmes qui Lui sont si chères ; c’est ainsi qu’il faut tout faire, tout quitter, tout souffrir, tout donner, tout sacrifier, fût-ce le Sang et la vie d’un Dieu, si on l’avait, pour contribuer au salut d’une seule âme : la plus divine des choses divines est de coopérer avec Dieu au salut des âmes.

   Si nous considérons ce que Jésus est et ce qu’Il fait au regard de Soi-même, nous verrons qu’étant le Souverain Prêtre, Il veut prendre aussi la qualité d’hostie, et que, Se regardant comme une hostie (*) destinée à la mort et au sacrifice pour la gloire de Son Père, Il S’humilie et S’anéantit Soi-même incessamment (Phil. II, 7) ; et toute Sa vie n’est autre chose qu’une mort perpétuelle à toutes les choses de ce monde et à toutes Ses volontés : Je suis descendu du ciel pour faire non pas Ma volonté mais la volonté de Celui qui M’a envoyé (Jean VI, 38). Et Sa vie est un sacrifice continuel de tout ce qui est en Lui, à l’honneur de Son Père.
Aussi, celui qui a été appelé à la participation du sacerdoce de Jésus-Christ, doit-il entrer aussi avec Lui dans la qualité d’hostie. »

Saint Jean Eudes
in « Mémorial de la vie ecclésiastique » (5e partie, § 10).

(*) Hostie = victime.

Sainte Eucharistie

2015-41. « Crucifiée dans son amour pour Jésus, et crucifiée avec Lui par son amour pour nous ! »

Vendredi de la Passion,
Commémoraison solennelle de la compassion de Notre-Dame.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Ce vendredi dans la semaine de la Passion a été consacré, depuis de très nombreux siècles, à honorer les douleurs de la Très Sainte Vierge Marie, et à célébrer liturgiquement sa compassion.

   Historiquement c’est la première, et donc en un sens la plus importante, des deux fêtes de Notre-Dame des Douleurs célébrées au calendrier liturgique traditionnel. Celle que l’on trouve actuellement fixée au 15 septembre est, en effet, d’institution récente.
Aussi ne peut-on qu’être étonné par le fait que ceux qui, à partir du milieu du XXe siècle, ont prétendu réaliser un travail de « restauration de la liturgie » se sont employés à minimiser (jusqu’à faire la disparaître totalement dans le calendrier liturgique de la réforme consécutive au second concile du Vatican) la fête de la compassion de la Vierge célébrée le vendredi de la Passion.

   Au Refuge Notre-Dame de Compassion, nous maintenons bien sûr cette célébration, la considérant comme l’une de nos fêtes patronales.

   A cette occasion, je veux proposer à votre réflexion un très bel extrait d’un ouvrage qu’il est aujourd’hui devenu assez difficile – voire quasi impossible – de trouver : « Mater Dolorosa », du Révérend Père Augustin-Marie Lépicier (1880-1963) de l’Ordre des Servites de Marie, livre publié en 1948.
Chacune des phrases, chacun des mots de ce texte doivent être approfondis, longuement médités, lentement assimilés et compris avec le coeur de notre âme.

Nota bene : les phrases ou extraits de phrases qui sont en caractères gras dans le texte ci-dessous, l’ont été mis par nous, parce qu’ils nous semblaient particulièrement importants.

Statue de N.D. de Compassion du Mesnil-Marie

Notre-Dame de Compassion
(Piéta de taille naturelle conservée au Mesnil-Marie)

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« Crucifiée dans son amour pour Jésus, et crucifiée avec Lui par son amour pour nous ! »

       Quiconque a tant soit peut médité « le mystère de Marie » n’ignore rien de la tragique réalité de la souffrance dans sa vie – de la cause et des sources de ses souffrances – de l’immensité de cet océan d’amertume dont les flots inondèrent son âme. Il sait que depuis le Fiat de l’Annonciation auquel devait faire écho le Fiat du Calvaire, la vie de la Mère du Rédempteur fut surtout une suite de jours dont l’angoisse enveloppa de brumes ses heures les plus heureuses.
Ne devait-il pas en être ainsi ? La Toute Sainte, Celle que les générations proclameront bienheureuse ne devait-Elle pas être plongée dans l’abîme de toutes les afflictions ?
Car la sainteté est faite d’amour et le degré de sainteté est en proportion du degré d’amour pour Dieu. Or, ici-bas, la mesure de notre amour pour Dieu c’est la somme de souffrances que nous endurons par amour pour Lui.

   Puisque Marie fut prédestinée, en tant que Mère du Verbe Incarné, à aimer Dieu comme jamais créature ne pourra L’aimer, il fallait, dans son amour pour Celui qui devait, par Sa Passion et par Sa Croix, sauver le monde, qu’Elle endurât une somme de souffrances supérieure à celle de toutes les créatures.
Aussi la dévotion à ses douleurs est-elle la « reine des dévotions envers Marie », comme l’assure le Père Faber : elle est à la base de ses grandeurs, le témoignage de son amour et de sa sainteté.

   Quand on pense à tout cela, on se demande comment ils se fait que la dévotion aux Douleurs de Marie n’est pas mieux comprise et davantage pratiquée dans le monde foncièrement chrétien, voire dans le monde sacerdotal ; qu’elle n’occupe pas l’une des premières places dans les associations mariales et que, dans la plupart des ouvrages de mariologie, l’on en fassse, trop souvent, si peu mention…
« Enfermons-nous donc dans le jardin secret des Douleurs de Marie. C’est un des plus chers paradis de Dieu » (Père Faber).

   Mais avant d’aller plus loin, répondons à une objection qui se présente peut-être, naturellement, à l’esprit de beaucoup : ne devons-nous pas croire que les joies de Marie compensèrent largement ses Douleurs ?
Tout d’abord, qui pénétrera assez intimement dans le mystère de Marie pour les départager et établir dans quelles proportions les joies contrebalancèrent ses souffrances ?
Certes, l’amour de Dieu est le suprême bonheur et, dès ici-bas, depuis Saint Paul (cf. 2 Cor. VII, 4), que de saints n’ont pas laissé échapper le cri de leur surabondante allégresse au milieu de leurs tribulations ?

   Remarquons toutefois qu’entre Marie et les saints la distance est immense. Car la cause principale des souffrances de la Mère des Douleurs fut précisément Celui qui était aussi l’objet de son incomparable amour – Celui dont Elle était, d’une façon ineffable, la Mère et l’Epouse, comme Elle en était la sublime rachetée – , tandis que les saints mettaient leur joie dans la souffrance, par imitation et en esprit d’amoureuse immolation pour le Christ qui S’était immolé par amour pour eux.
Ensuite, si la présence de Jésus, depuis la Crèche jusqu’à ce qu’Il la quittât pour sauver Ses frères, fut pour Sa divine Mère une source de fréquentes joies, elle Lui fut aussi source de douleurs qui assombrissaient singulièrement ses instants de bonheur. Car, en ces moments, son âme profonde ne pouvait oublier le souvenir des douleurs passées et la certitude de plus grandes douleurs à venir.
Enfin, graduellement, tandis qu’Elle voyait sous ses yeux grandir l’Agneau pour le sacrifice, la souffrance s’implantait en son âme d’une façon de plus en plus permanente, ne lui laissant guère, surtout au cours de la douloureuse Passion, pendant et après la mort effroyable de son Fils et de son Dieu, que l’ineffable, mais aussi bien amère jouissance de réaliser dans son coeur tout ce que réalisait dans Son corps comme dans Son âme sainte le Divin Rédempteur.

   Joie toute surnaturelle qui se nourrit de larmes et de souffrances : joie faite d’admiration pour le courage de son Divin Fils ; joie aussi dans l’union du martyre de Jésus à son propre martyre – du partage de Son immolation expiatrice, pour venger l’honneur dû à Dieu et réhabiliter, par son courage maternel, joint à celui du Christ, toute l’humanité.

   Marie est heureuse, enfin, car c’est dans cette union de ses souffrances avec celles de Jésus, qu’Elle devient, au pied de la Croix, la Mère de tous les rachetés.
C’est ainsi qu’il faut entendre certains auteurs qui nous assurent que Marie, au pied de la Croix, connut plus grande joie qu’aux jours de l’Annonciation et de Noël. N’offrit-Elle pas de grand coeur, et même « avec joie », comme l’asssure Sainte Mechtilde, « son Fils bien-aimé à l’immolation pour le salut du monde » ?

   D’autre part, nouvelle Eve du nouvel Adam, Elle devait être aussi, dans son amour sublime pour son divin Fils comme pour l’humanité qu’Elle enfantait à la grâce, par son offrande et son sacrifice, la Mère des Douleurs de l’Homme des Douleurs, Sa Co-Rédemptrice dans l’oeuvre de la Rédemption.

   Elle fut donc doublement Mater Dolorosa : crucifiée dans son amour pour Jésus, et crucifiée avec Lui par son amour pour nous !

Rd.P. Augustin-Marie Lépicier, « Mater Dolorosa » p.2 et suivantes.

Statue de N.D. de Compassion du Mesnil-Marie - détail

Pour honorer Notre-Dame de Compassion :
-  « Ave, Maria » à la Vierge de Compassion > ici
- Méditations de Monsieur Olier sur « Marie au Calvaire » à partir d’ > ici
- Neuvaine à Notre-Dame des Douleurs > ici
- Chapelet des Sept Douleurs > ici
- Confiante supplication à Notre-Dame de Compassion > ici
- Prières de St Alphonse pour honorer les Sept Douleurs de Notre-Dame > ici

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