Archive pour la catégorie 'Lectures & relectures'

2024-149. De Sainte Amalberge de Maubeuge, veuve et moniale, que l’on fête le 10 juillet.

10 juillet,
Fête de Sainte Amalberge de Maubeuge, veuve et moniale ;
Fête des Bienheureuses Martyres d’Orange (cf. > ici & > ici) ;
Anniversaire de la mort de l’abbé Henri Huvelin (+ 10 juillet 1910 – cf. > ici & > ici).

Sainte Amalberge veuve et Sainte Amalberge vierge

Sainte Amalberge, vierge, et Sainte Amalberge, veuve, de l’Ordre de Saint Benoît
fêtées toutes les deux le 10 juillet

   Il existe au moins trois saintes qui portent le nom d’Amalberge (ou Amelberge), toutes trois Bénédictines, dont deux sont fêtées à la date du 10 juillet :

- l’une est une vierge, mentionnée au martyrologe romain : « Apud Gandávum, in Flándria, sanctæ Amelbérgæ Vírginis : près de Gand, en Flandre, Sainte Amalberge vierge », appelée Amelberge de Gand ou Amelberge de Tamise : originaire des Ardennes et issue de lignée aristocratique, morte en 772, qui vécut près de Tamise (en flamand Temse, dans l’actuelle province de Flandre orientale en Belgique) dont les reliques ont été transportées à Gand en 870 ;
- l’autre est une veuve puis moniale qui a vécu un siècle avant la précédente : Amalberge ou Amelberge de Maubeuge, que Monseigneur Guérin cite à deux reprises dans les notices particulières aux martyrologes des Eglises des Gaules, le 10 juin et le 10 juillet (in « Les Petits Bollandistes », tome VI p.543 & tome VIII p.226 ; c’est à cette dernière date qu’il rédige une courte biographie), dont les reliques furent transportées à la collégiale Saint-Ursmer de Binche (la date du 10 juin pourrait être celle de cette translation).
C’est d’elle que nous parlons aujourd’hui.

   La troisième Sainte Amelberge ou Amalberge, fut abbesse de l’abbaye bénédictine de Susteren (dans la partie du Limbourg aujourd’hui néerlandais) à la fin du IXème et au commencement du Xème siècle, qui éleva dans son monastère les deux filles d’un roi de Lorraine. Elle est fêtée le 21 novembre. 

 De cet ancien prénom germanique, latinisé en Amelberga ou Amalberga, découle le moderne prénom Amélie.

Livre d'heures - vignette blogue

   Sainte Amalberge de Maubeuge nous intéresse particulièrement parce qu’elle est une nouvel astre resplendissant dans la prodigieuse constellation de sainteté qui environne l’avènement de la dynastie carolingienne

   Pour certains auteurs Amalberge est sœur de Saint Pépin de Landen (cf. > ici) pour d’autres elle est sa nièce ; certains autres enfin – pour ne pas trop se mouiller – se contentent d’écrire qu’elle est d’illustre extraction dans l’aristocratie franque austrasienne proche des Pépinides.
La notice qui lui est consacrée dans une célèbre « encyclopédie en ligne » (cf. > ici) la fait fille de Saint Germer de Fly, qui fut conseiller des Rois Dagobert 1er et Clovis II avant d’entrer au monastère.

   Selon les recherches conjuguées de plusieurs historiens, archivistes et généalogistes, il semble aujourd’hui plus vraisemblable de penser que Saint Pépin de Landen a bien eu une sœur prénommée Amalberge (que l’on distingue en l’appelant Amalberge de Landen). Celle-ci, de son union avec Walbert, comte de Hainaut (qui ne serait pas identifiable avec Saint Germer de Fly), aurait eu deux enfants – un garçon et une fille – prénommés comme leurs parents Walbert et Amalberge, et ce serait cette dernière que nous appelons désormais Sainte Amalberge de Maubeuge.

   Nièce de Saint Pépin de Landen, Sainte Amalberge est donc cousine germaine de Sainte Begge d’Andenne - trisaïeule de Saint Charlemagne – (cf. > ici), et de Sainte Gertrude de Nivelles (cf. > ici)
Quant à son frère Walbert, dit Walbert le jeune pour le distinguer de son père, il épousera Bertille et sera le père de Sainte Waudru et de Sainte Aldegonde de Maubeuge (cf. > ici).

   Amalberge, née probablement vers l’an 600, à Saintes en Hainaut, près de Tubize et de Braine-le-Comte, aurait d’abord été mariée à Thierry – ou Théodoric – un noble franc que l’on dit avoir été un homme pacifique, vivant sur ses terres, en Hainaut et en Brabant. Plus âgé qu’elle, veuf et père de deux enfants, il aura, de son union avec Amalberge, une fille prénommée Pharaïlde, qui sera canonisée (on la fête le 4 janvier).

   Veuve de Thierry, Amalberge se remaria avec le comte Witger, seigneur de Condace et de Vergÿ, auquel elle donna plusieurs enfants dont trois sont canonisés : Saint Emébert (ou Hildebert), évêque de Cambrai et Arras (+ vers l’an 700) ; Sainte Renelde (ou Reinelde ou encore Ernelle), vierge et martyre (+ vers 680) ; et Sainte Gudule, vierge, qui est la co-patronne de Bruxelles (+ 714).

   Witger et Amalberge, une fois que leurs enfants n’eurent plus besoin d’eux, décidèrent de se séparer pour entrer au service exclusif de Dieu : Witger entra à l’abbaye de Lobbes, en Hainaut, où il mourut peu de temps après ; et Amalberge entra au monastère de Maubeuge, fondé par sa nièce Sainte Aldegonde.
Elle reçut le voile des mains de Saint Aubert de Cambrai, évêque d’Arras et Cambrai (+ vers 669), et ne se préoccupa plus désormais qu’à vivre avec application sa vie de prières et de sacrifices.

   Sainte Amalberge rendit son âme à Dieu en 670, probablement le 10 juillet.
Après son décès, son corps fut transporté à Lobbes pour être déposé auprès de celui de son saint époux.
Par la suite, ses reliques furent transférées à la collégiale Saint-Ursmer de Binche, mais elles furent profanées et détruites par les révolutionnaires français en 1794.

gravure baroque de Sainte Amalberge

« Ne crains pas, Amalberge, tes larmes, tes prières et tes aumônes sont montées vers le Seigneur »

2024-148. La fête des Prodiges de la Bienheureuse Vierge Marie.

9 juillet,
Chez les Augustins, la fête des Prodiges de la Bienheureuse Vierge Marie ;

La mémoire de Saint Jean Lenaerts d’Oosterwijk, chanoine régulier et de ses 18 compagnons, martyrs de Gorcum ;
Au couvent de Picpus, à Paris, la fête de Notre-Dame de Paix (cf. > ici).

Très Sainte Vierge Marie reine de gloire - blogue

       Dans l’Ordre de Saint Augustin (mais cette fête existait aussi dans un très grand nombre de diocèses de France avant que de véritables purges staliniennes ne viennent « épurer » les calendriers particuliers au cours du XXème siècle), est assignée à la date du 9 juillet une fête des miracles de la Très Sainte Mère de Dieu plus couramment appelée fête des Prodiges de la Bienheureuse Vierge Marie.

   Monseigneur Paul Guérin écrit :

   « Ce n’est pas sans raison que l’Eglise honore la Sainte Vierge sous ce titre, car tout est miraculeux dans cette Créature incomparable :

  1. Prodiges dans sa Conception : par une grâce spéciale et par un privilège tout particulier de la Bonté divine, Marie est non-seulement sanctifiée dans le sein de sa mère, mais elle est exempte et entièrement préservée de toute tache du péché originel au premier instant de sa Conception ;
  2. Prodiges dans sa naissance : par une faveur toute céleste, Marie vient au monde avec le parfait usage de sa raison et de sa liberté, ornée de toute la plénitude de la grâce ;
  3. Prodiges dans l’Incarnation et la naissance du Fils de Dieu : Marie, par le miracle le plus inconcevable, devient la Mère de Dieu, et, par l’opération de l’Esprit-Saint, et sans cesser d’être vierge, Marie conçoit dans son sein et de son propre sang elle enfante, elle nourrit de son lait le Fils de l’Eternel, le Créateur et le Sauveur du monde ;
  4. Prodiges dans sa mort : pour la récompenser de son exemption de tout péché, Dieu la préserve de toute douleur dans son trépas ;
  5. Prodiges dans son sépulcre, car si Marie descend dans le sein de la terre, elle triomphe de la corruption du tombeau, pour prix de sa pureté angélique et de sa maternité divine ;
  6. Prodiges dans son Assomption et son couronnement dans le ciel, car, tandis que les corps des autres mortels tombent en dissolution et demeurent dans le sein de la terre jusqu’au jour de la résurrection, le corps de Marie sort de la tombe trois jours après sa mort, et, revêtu de toutes les qualités des corps glorieux, il est porté triomphalement vers le ciel sur les ailes des anges. »

(in « Les Petits Bollandistes », tome VIII pp. 187-188)

   Nous pouvons, bien évidemment, ajouter à cette liste des prodiges accomplis par Dieu dans la personne de la Très Sainte Vierge Marie, celle des prodiges qu’Il a accomplis à travers elle, grâce à son intercession et sa médiation, que ce soit dans l’histoire de la Sainte Eglise universelle, à travers d’éclatants et célèbres miracles, dans l’histoire plus particulière des Ordres religieux – en général ou bien dans leurs couvents et monastères particuliers -, dans l’histoire des Royaumes et des pays, dans l’histoire des diocèses, ou dans l’histoire personnelle de chacun des fidèles…

   Ainsi, au jour octave de la Visitation de Notre-Dame, est-ce une vibrante et amoureuse fête de louange et d’action de grâces qui monte vers son trône céleste en application de la prophétie sortie de sa bouche sous l’effet de l’inspiration du Saint-Esprit :

« Quia respexit humilitatem ancillae suae, ecce enim ex hoc beatam me dicent omnes generationes ;
Quia fecit mihi magna qui potens est – et sanctum nomen ejus ! -
Et misericordia ejus a progenie in progenies timentibus eum… »

(Magnificat cf. Luc  I, 48-50)

   Oui, nos âmes magnifient le Seigneur avec elle parce qu’Il a jeté les yeux sur l’humilité de Sa servante et qu’Il a accompli en elle d’incommensurables merveilles : ainsi, de génération en génération, à travers toute l’histoire humaine et dans toute la Chrétienté, ceux qui les contemplent la proclament bienheureuse, puisque, ayant réalisé en sa faveur de grands prodiges, le Tout-Puissant accomplit désormais encore par elle d’éclatants prodiges et miracles, et que nous sommes certains qu’Il ne cessera d’en opérer jusqu’à la consommation des siècles.

pattes de chat  Tolbiac. 

Monogramme de la Vierge Marie - vignette blogue

2024-147. « Entrez donc dans ce Cœur paternel… »

Premier vendredi du mois de juillet.

Sacré-Cœur de Jésus

       « Considérez que le Cœur de notre adorable Jésus est plutôt percé par l’amour qu’Il nous porte, que par le fer de la lance.
Il sera éternellement ouvert, afin que nous voyons la cause de sa mort qui est ce divin amour, et que nous y puissions tous entrer, et y trouver notre véritable repos.

   Il est toujours ouvert pour faire écouler sans cesse sur nous la communication de toutes les grâces dont Il est le trésor infini, et pour nous donner entrée en la félicité éternelle, par cette grande porte qui ne peut nous être fermée. Ne résistez pas à cet adorable Cœur dont l’ouverture est comme une bouche sacrée qui vous exhorte amoureusement de vous en approcher pour en recevoir toutes les consolations dont vous avez besoin.

   Admirez Sa bonté en ce que, nonobstant toutes vos ingratitudes, Il ne laisse pas de S’ouvrir encore plus pour vous communiquer abondamment les richesses des trésors qui y sont renfermés.

   N’ayez pas la cruauté de Lui refuser votre cœur, après qu’Il vous a ouvert et donné si amoureusement le Sien.

   Ne soyez pas si insensible à votre salut, que de refuser ou négliger ce lieu de refuge et de toute consolation, et de ne pas vouloir entrer au ciel par cette grande porte qui vous est continuellement ouverte pendant votre vie.

   Entrez donc confidemment et amoureusement dans ce Cœur paternel, pour n’en jamais sortir, et pour y jouir de toute la joie et la consolation qui vous peuvent rendre heureux, pendant cette vie et dans toute l’éternité…

   Honorez ce côté percé pour votre salut, afin qu’il vous soit à la mort un refuge assuré, et une facile entrée en la vie éternelle. »

Rd Père Pierre Guillaume, franciscain récollet
(extrait d’un ouvrage de « méditations » publié à Lyon en 1670)

Coeur Sacré de Jésus rayonnant avec la lance

2024-144. De la royauté divine sur la France.

3 juillet,
En notre Mesnil-Marie, nous célébrons en ce jour une fête particulière en l’honneur des Saints Anges protecteurs de Sa Majesté le Roi, de la fonction royale, de l’auguste Maison de France et du Royaume de France ;
Mémoire de Saint Léon II, pape et confesseur ;
Mémoire du 5ème jour dans l’octave des Saints Pierre et Paul ;
Mémoire du 4ème jour dans l’octave de Saint Martial ;
Anniversaire du couronnement de S.M. le Roi Hugues 1er dit Capet (3 juillet 987) ;
Anniversaire du décret « Lamentabili » (3 juillet 1907 – cf. > ici).

Vignette Lys - blogue

       Le texte qui suit a été envoyé aux membres et sympathisants de la Confrérie Royale à l’occasion du 25 novembre 2017.
Chacun sait que le 25 novembre est le jour de la fête de Sainte Catherine d’Alexandrie, l’une des saintes qui apparurent à Sainte Jeanne d’Arc afin de la préparer à sa mission : délivrer Orléans et faire sacrer le Roi, et par là, restaurer le Roi légitime et rappeler la Royauté divine sur la France.

Mosaïque Christ Roi de France abside sud Donremy

Mosaïque du Christ Roi de France
(basilique du Bois-Chenu à Domrémy)

* * * * * * *

La Royauté divine sur la France.

       Comme pour le Saint-Sacrifice de la Messe et tout acte de culte, la reconnaissance de la Royauté de Dieu a quatre fins : l’adoration et l’action de grâces envers Dieu qui maintient l’Etat et le pays, et la sanctification et la protection du peuple par Dieu.

I – Adoration et action de grâces envers Dieu.

   Comme le disait Louis XIV, « il y a un souverain infiniment élevé au-dessus des rois de la terre. C’est à nous à nous soumettre à ses ordres suprêmes ».
De là, comme le disait le Cardinal-duc de Richelieu, « le règne de Dieu est le principe du gouvernement des Etats ».
Henri IV disait déjà : « Il ne faut pas diviser l’Etat d’avec la Religion. La Religion et la justice sont les colonnes et les fondements de ce Royaume ».

   L’ordre de Dieu est un ordre hiérarchique et monarchique (Saint Denys l’Aréopagite). Ce qui fit dire à Monseigneur Henri Delassus : « La monarchie existe dans le ciel. Il n’y a qu’un Dieu qui règne sur tout l’univers. Dieu a fait la famille et l’Eglise, ces deux sociétés principales, à l’image de ce qui est au plus haut des cieux : un père souverain et un pape souverain comme un Dieu souverain Seigneur. L’histoire montre avec la plus lumineuse clarté, que les nations ont prospéré d’autant plus que leur constitution se rapprochait davantage de la constitution si admirable dont la Providence avait doté la France ».

   En conséquence de l’ordre divin, Saint Thomas d’Aquin écrivait : le Roi est « dans son royaume comme l’âme dans le corps et comme Dieu dans le monde, établi pour exercer dans son royaume l’office de juge à la place de Dieu ».
Et le philosophe Antoine Blanc de Saint-Bonnet écrivait : « La légitimité des rois est l’anneau par lequel les nations se rattachent à Dieu pour demeurer vivantes et honorées ».

   Le respect dû au Roi est donc en vue du respect dû à Dieu, devant qui le Roi s’efface. Bossuet pouvait dire : « Il y a quelque chose de religieux dans le respect qu’on rend au Prince. Le service de Dieu et le respect pour les Rois sont choses unies. Ce que Tertullien appelle très bien « la religion de la seconde majesté ». Cette seconde majesté n’est qu’un écoulement de la première ; c’est-à-dire de la divine, qui pour le bien des choses humaines, a voulu faire rejaillir quelque partie de son éclat sur les rois ».
Et ailleurs il dit : « Je n’appelle pas majesté cette pompe qui environne les rois. C’est le rejaillissement de la majesté et non la majesté elle-même. La majesté est l’image de la grandeur de Dieu dans le prince. Elle est empruntée de Dieu, qui la lui donne pour le bien de ses peuples ».

   Monseigneur de Ségur écrivait : « Pour un souverain quelconque, régner de droit divin, c’est tout simplement régner légitimement, en vertu des droits légitimes ; c’est être le représentant légitime de Dieu pour le gouvernement d’une société, d’un peuple ».

   En conséquence, comme le dit Louis XX, le sacre était « l’onction divine, le renouvellement de la société, un nouveau souffle dans la continuité du pays, un espoir, celui de tout un peuple pour celui qui incarnait l’unité de la France ».

   Le Roi est donc seul responsable de ses sujets, devant Dieu (sur son salut éternel) et en présence des hommes (malgré toutes les théories démocratiques des monarchies constitutionnelles ou parlementaires).
C’est ainsi que l’Empereur d’Autriche François-Joseph disait : « Toutes ces histoires de responsabilités ministérielles ne sont au fond qu’une plaisanterie. En réalité, la responsabilité, c’est nous qui la portons ! »
Et le Bienheureux Charles 1er d’Autriche ajoutait : « Le monarque est seul responsable devant l’histoire ».

Le Cardinal de Faulhaberg, archevêque de Freysing, disait aux funérailles du Roi (détrôné) de Bavière Louis III : « Les rois par la grâce du peuple ne sont pas une grâce pour le peuple, et lorsque le peuple est son propre roi, il sera tôt ou tard son propre fossoyeur ».

Sacre de Hugues Capet

Sacre de Hugues Capet

II – Sanctification et protection du peuple.

   De cette légitimité divine provient le rôle du Roi envers ses sujets. « Ce qu’un souverain, touché par la grâce de Dieu, peut faire dans l’intérêt de l’Eglise et des âmes, mille missions ne le feront jamais », disait Saint Alphonse-Marie de Liguori.

   C’est ainsi que Monseigneur Freppel disait : « Le plus grand missionnaire de tous les temps fut Constantin ».
Et les papes Saint Grégoire II et Saint Grégoire III dirent de Charles Martel, maire du Palais, qu’il avait le plus contribué après Dieu (avant même Saint Boniface) à la conversion de cent mille idolâtres par l’assistance qu’il donna à Saint Boniface en Germanie.
Ainsi Saint Grégoire 1er le Grand écrivait-il aux Empereurs de Byzance : « Le pouvoir a été donné d’en-haut à mes seigneurs sur tous les hommes, pour guider ceux qui veulent faire le bien, pour ouvrir plus largement la voie qui mêne au ciel, pour que le royaume terrestre soit au service du royaume des cieux ».

   C’est bien le rôle du souverain, tel qu’il est compris par les humbles. Il n’est pas question de forcer les consciences, mais de leur montrer l’exemple et de les guider par des institutions et des actes vers Dieu et le salut.
Un paysan russe en pèlerinage à Ekaterinbourg en 2008 disait de l’Empereur Nicolas II de Russie : « Nicolas était un souverain, et un souverain ce n’est pas un président. Il guide son peuple vers Dieu ».
Un paysan français interrogé par Daniel Halévy au début du XXème siècle, disait, associant Dieu et le Roi avec confiance : « Les maux de la nature, c’est à Dieu d’en garder, les maux de la société, c’est au Roi ».

   Le Roi gouverne en bon père de famille, soucieux du corps et de l’âme de ses sujets.
Comme le disait le marquis de Roux, « la Restauration a été le dernier gouvernement français qui ait compté parmi ses devoirs d’Etat l’appui à donner à l’Eglise pour le bien des âmes ».

   L’humilité des Rois s’incline devant la Loi divine, la miséricorde est introduite dans les jugements, la sainteté du mariage chrétien et de la famille est favorisée, la sanctification de la vie quotidienne et donc le salut éternel sont plus faciles.
En effet, le vénérable Pie XII déclarait : « De la forme donnée à la société, conforme ou non aux lois divines, dépend et découle le bien ou le mal des âmes ».
Les sujets en sont protégés, élevés, sanctifiés, et même leur obéissance est plus facile. Car, comme le dit Louis de Bonald, « la religion chrétienne, réunissant par les liens d’une charité fraternelle des hommes que séparent des inégalités naturelles et des distinctions sociales, rend le gouvernement plus débonnaire et la dépendance moins chagrine ».

Louis XX à Argenteuil le 1er avril 2016

Sa Majesté le Roi Louis XX en prière
devant la Sainte Tunique de NSJC
à Argenteuil (avril 2016) 

III – Devoirs des rois envers Dieu.

   Ce rôle du Roi entraîne de grands devoirs envers Dieu en une grande conversion et sanctification personnelle. C’est le Roi qui gouverne, certes, et non pas le clergé, mais le gouvernement en est surélevé.

   Saint Grégoire de Nazianze prêchait aux Empereurs de Byzance : « Ô monarques ! Respectez votre pourpre, révérez votre propre autorité qui un rayon de celle de Dieu. Les choses hautes sont à lui seul ; il partage avec vous les inférieures : soyez les sujets de Dieu, comme vous en êtes les images ».
Le serviteur de Dieu Louis XIII reconnaissait donc : « Dieu ne m’a fait Roi que pour lui obéir et donner l’exemple ».
Et Saint Louis IX recommandait à son fils, le futur Philippe III : « Je t’enseigne premièrement que tu aimes Dieu de tout ton cœur et de tout ton pouvoir ».
Le Roi Louis XIV disait donc à son petit-fils le nouveau Roi d’Espagne Philippe V : « Faites honorer Dieu partout où vous aurez du pouvoir ; procurez sa gloire ; donnez-en l’exemple : c’est un des plus grands biens que les rois puissent faire » ; et à son arrière-petit-fils, le futur Roi Louis XV : « Mettez en Dieu toute votre confiance, vivez en chrétien plus qu’en roi ».
Le vénérable Louis XVI résumait en disant : « Régner c’est connaître et faire connaître Dieu ».

   En conséquence, le Roi doit d’abord entraîner ses sujets par son exemples et ses décisions vers Dieu et la sanctification.
Saint Childebert 1er disait : « Il est de devoir et de nécessité que Nous fassions observer dans Notre Royaume les ordonnances des premiers Ministres de l’Eglise ».
Saint Charlemagne recommandait à ses sujets « de servir fidèlement le Seigneur et de persévérer constamment dans son service ».
Saint Louis IX disait à son fils le futur Philippe III : « Mets grande peine à ce que les péchés soient supprimés en ta terre ».
Philippe IV le Bel affirmait : « Je suis chargé de la part du Roi des cieux de la défense de la Religion ».
Et le serviteur de Dieu Louis XIII demandait aux évêques « d’admonester tous Nos Peuples d’avoir une dévotion particulière à la Vierge ».

Ingres : le voeu de Louis XIII

Vœu de Louis XIII
(Jean-Dominique Ingres, cathédrale de Montauban)

IV – Devoirs des rois envers leurs sujets.

   Mais ce rôle du Roi entraîne de grands devoirs envers ses sujets, qui lui ont été donnés par Dieu pour fils et pour filles. Tous les devoirs matériels des Rois et des sujets demeurent, mais ils sont transfigurés, le Roi est plus humble et les sujets plus aimés et plus aimants.

La Reine Blanche de Castille disait à son fils Saint Louis IX : « N’oubliez jamais que vous appartenez aux deux cités : que vous êtes dans la cité terrestre le suzerain de vos sujets, et que vous êtes dans la cité céleste le serviteur de vos serfs ».
Ce que disait Dante : « Si le consul ou le roi ont seigneurie sur les autres au regard de la route à suivre, il n’empêche qu’au regard du but ils sont serviteurs des autres ».
Louis XV, qui disait de ses sujets : « Ils sont tous mes enfants » ; enseignait à son fils le Dauphin : « Il est bon que vous vous accoutumiez à vous regarder comme le père, plutôt que le maître, des peuples qui doivent être un jour vos sujets ».
Louis XIV écrivait de même : « Comme je tiens lieu de père à mes sujets, je dois préférablement à toute autre considération songer à leur conservation ». Et il écrivait à son petit-fils Philippe V : « Quoique rebelles, ils sont vos sujets, et vous devez les traiter en père ».
Et Louis XVIII disait encore à la naissance du futur Henri V : « Il nous est né un enfant. Un jour il sera votre père. Il vous aimera comme je vous aime ».

   Cela change tout dans les relations entre le Prince et ses sujets. Les ordres mêmes du Prince sont faits pour le bien commun de ses sujets. Louis XX est notre père : le voyons-nous comme tel ?
Christine de Pisan parlait de « l’amour réciproque du roi et de son peuple, fondement de la monarchie ».
Et Bossuet disait : « La crainte servile nous fait un tyran, l’espérance mercenaire nous donne un maître, mais l’amour soumis par devoir et engagé par inclination donne à notre cœur un roi légitime ».
Louis XIV enseignait donc à son fils le Dauphin : « Nous devons considérer le bien de nos sujets bien plus que le nôtre propre ». Et encore : « S’il y a quelque caractère singulier dans cette monarchie, c’est l’accès libre et facile des sujets au prince ».

   En d’autres circonstances Louis XIV put écrire : « Je ne veux point qu’on soit dur à mon peuple ». Et à un général : « Ayez grand soin des malades et des blessés ».
Charles X disait encore : « Descendez jusque dans la cabane du pauvre pour y interroger ses besoins, et je vous y suivrai ».
L’Impératrice Marie-Thérèse d’Autriche pouvait donc dire : « Nous, les Rois, sommes dans ce monde pour faire du bien aux autres ».
Et le Roi Charles V disait : « Je ne connais qu’un seul bonheur attaché au pouvoir. C’est de pouvoir faire du bien à autrui ».

Saint Louis lavant les pieds des pauvres et des mendiants

Saint Louis lavant les pieds des pauvres et des mendiants

* * * * * * * 

Conclusion :

   La monarchie française est éminemment divine et catholique, familiale et populaire.
Tous ses Rois l’on comprise ainsi et ont donné l’exemple à leurs peuples. A nous de suivre cet exemple et de reconstruire autour de nous, selon nos possibilités et notre devoir d’état, cette société divine et catholique, familiale et populaire, et bientôt, espérons-le, royale et monarchique.

   En ce sens, même le moins vertueux des Rois de France est supérieur au meilleur des présidents de la République (même catholique à titre privé), car le Roi procure tout le bien (même surnaturel) de son peuple et le conduit à Dieu pour le salut temporel et éternel du peuple et de son souverain.

   Et ce caractère de la monarchie française impressionne même ses adversaires. Ainsi même Jean Jaurès parlait du « charme séculaire de la monarchie ». Et l’abbé Sieyès avouait : « Il y a plus de liberté pour le citoyen en la monarchie qu’en la république ».

   Souvenez-vous que le vénérable Philippe II Auguste pouvait dire avant la bataille de Bouvines dans un mélange d’humilité personnelle et de conscience royale de son devoir : « Seigneur, je ne suis qu’un homme, mais roi de France est cet homme ».

   Ayons nous-mêmes cet esprit catholique et surnaturel, et songeons à nous sanctifier, là où Dieu nous a placés, par les moyens voulus par Dieu : la prière et le devoir d’état personnel, dans la fidélité à Dieu, à Marie et au Roi. La Confrérie Royale est un moyen de sanctification.

   Rappelons-nous cette phrase de la Mère Camille de Soyecourt, carmélite qui traversa fortement la Révolution : « Bien comprise, la fidélité à la monarchie est un hommage rendu à la Majesté divine ».

   Et selon le mot de Julie Lavergne, « la terre de France ne produira que des épines, tant que les lys n’y refleuriront pas ».

« Seigneur, sauvez le Roi :
Et exaucez-nous au jour où nous vous invoquerons ».
(prière pour le Roi tirée du Psaume XIX, 10)

                                              Abbé Gabriel Equin +

grandes armes de France

2024-142. Le mystère du Sang versé

1er juillet,
Fête du Très Précieux Sang de NSJC (double de 1ère classe).

Nota bene :
Le texte qui suit fut envoyé le 25 juillet 2018 en guise de lettre mensuelle aux membres et amis de la Confrérie Royale ; mais il constitue de fait un document bien plus vaste qu’un écrit circonstanciel : il nous semble donc très important de le proposer aussi aux lecteurs de notre blogue au commencement du mois de juillet. 

Jésus-Christ outragé - blogue

Le mystère du Sang versé 

    Le mois de juillet est consacré au mystère du Précieux Sang du Sauveur.

   Le Seigneur Jésus, Fils de Dieu, S’est fait homme pour assumer notre chair et notre âme et ainsi nous rejoindre en notre pauvre humanité blessée. Dieu fait homme, Il S’est offert Lui-même en offrande salutaire. Assumant tous les sacrifices de l’ancienne Alliance, le Roi des rois et Seigneur des seigneurs S’est offert Lui-même en holocauste d’agréable odeur à Son Père pour notre Salut et celui du monde entier. Par cet unique et parfait sacrifice du Golgotha, une fois pour toute, l’humanité a été plongée dans l’infinie miséricorde de notre Dieu qui jaillit de chacune de Ses plaies et de Son Cœur transpercé.

   Le Docteur angélique, Saint Thomas d’Aquin, nous rappelle qu’une seule goutte de ce Sang précieux aurait suffi à laver le monde de tous ses crimes. Pourtant, une goutte ne Lui suffit pas. Dans Son Amour infini pour notre humanité blessée, c’est tout Son Sang qu’Il versa pour nous et la multitude. Et Il ne cesse, d’âge en âge, de nous L’offrir par le moyen de Ses prêtres quand nous venons participer à la divine liturgie et que nous communions au Saint Sacrement de l’autel, à la divine Eucharistie.

Croix Hostie et calice - blogue

   Tout au long du mois de juillet, nous sommes appelés à contempler la grandeur de l’amour infini de notre Dieu. Mystérieusement, les paroles acrimonieuses de la foule s’accomplirent comme promesse de Salut. Ils criaient : « A mort ! A mort ! Crucifie-Le ! ~ Que Son Sang retombe sur nous et sur nos enfants ! ». Au lieu d’une juste vengeance, d’une seule parole qui aurait pu convoquer à l’instant-même des légions d’Anges pour l’annihilation de ce monde pécheur, notre Dieu laissa couler Son Sang pour racheter tous les peuples de la terre et rendre la vie à ceux qui, comme le larron, ouvriraient leur cœur à Son amour infini. Son Sang injustement versé couvre une multitude de péché car c’est, pour l’éternité, le sacrifice suprême de la charité.

   Si les gouvernements qui se succèdent depuis 1789 célèbrent le 14 juillet comme une grande fête de la libération du peuple français de l’Ancien Régime, de son carcan religieux et de ses antiques traditions ainsi que de ceux qui l’asservissaient, l’historien – comme tout homme de bien – ne peut que tristement constater l’effroyable boucherie sacrilège que fut la Révolution.

révolution sanglante

   Des milliers de meurtres plus abominables les uns que les autres furent perpétrés au nom de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. Au nom des fameuses « valeurs » de la république naissante, on tuait, on pillait et on violait impunément. Hommes, femmes, vieillards ou enfants, rien ni personne ne pouvait trouver grâce aux yeux de ce nouveau Moloch prêt à engloutir l’humanité entière au nom de son idéologie meurtrière. Les églises étaient détruites. Les mystères sacrés, singés. Les saintes espèces, profanées. Les prêtres, religieux et consacrés, avilis avant d’être sauvagement exterminés. Ce fut jusqu’au principe-même de la France, son histoire, sa foi, sa famille royale qui incarnait dans sa chair notre pays ; tout fut odieusement et systématiquement souillé de manière sacrilège pour l’annihiler.

   Si le 14 juillet est un jour de deuil et de honte, le 17 juillet, lui, est pour nous source d’espérance et de joie. En 1794, seize femmes, seize bienheureuses carmélites du couvent de Compiègne offrirent leurs vies place de la Barriere du Trône renversé (aujourd’hui place de la Nation) pour le Salut et la paix de la France. Unissant leur sang au Sang du Sauveur, elles permirent la fin de la Terreur et de mettre un terme à la folie meurtrière de Robespierre qui fut guillotiné dix jours plus tard.

carmélites de Compiègne broderie - blogue

   « O mon Dieu, écrivait un directeur de conscience à la bienheureuse Mère Thérèse de Saint-Augustin ocd, une âme simple et touchée a tout réparé ; ô miséricordes divines, que vous êtes adorables ! Faite pour aimer Dieu sans réserve, livrez-vous toujours à l’attrait qui vous conduira toute à Lui, ne consultez que cet attrait, même au milieu des désolations que doit nécessairement produire la vue de quelque chute : commencez par aimer mieux, et finissez par aimer parfaitement. Le calvaire vaudra toujours mieux pour le ciel que tous les plaisirs. Que Dieu vous y fixe avec Lui, et nous donne la grâce d’y mourir comme Lui ». 

   Et la Bienheureuse Sœur Julie-Louise de Jésus, ocd, disait à ses sœurs :

   « Nous sommes les victimes du siècle et nous devons nous immoler pour sa réconciliation avec Dieu. Une éternité de bonheur m’attend, hâtons-nous donc, courons vers ce terme, et souffrons volontiers pendant les courts moments de cette vie. Aujourd’hui la tempête gronde, mais demain nous serons dans le port » (témoignage de Sr. Marie de l’Incarnation, ocd.).

   Le roi Louis XVI, dans son testament écrit à la prison du Temple le 25 décembre 1792, s’offrit à ses bourreaux dans le même esprit :

   « Je plains de tout mon cœur nos frères qui peuvent être dans l’erreur, mais je ne prétends pas les juger, et je ne les aime pas moins tous en Jésus-Christ suivant ce que la charité chrétienne nous l’enseigne. Je prie Dieu de me pardonner tous mes péchés. Je prie Dieu de recevoir la confession que je lui en ai faite, et surtout le repentir profond que j’ai. Je pardonne de tout mon cœur à ceux qui se sont fait mes ennemis. Je pardonne encore très volontiers à ceux qui me gardaient, les mauvais traitements et les gênes dont ils ont cru devoir user envers moi ». 

Louis XVI dans sa prison

   Le mystère du Sang versé pour le pardon de l’humanité assuma tous les crimes et révoltes du monde. Puisque le Sang du Sauveur versé sur la Croix offrit le Salut au monde entier, prions pour que le sang de ses martyrs et de ses saints apporte le Salut et la paix à notre monde, à notre pays en particulier. 

   Unissons nos prières et nos sacrifices pour le salut et la grandeur de la France. Qu’elle retrouve sa place dans le concert des nations et redevienne en vérité « Fille aînée de l’Eglise » !

   Que Dieu bénisse la France, sa famille royale, et nous donne la grâce de Le servir de tout notre cœur !

   « Seigneur Jésus, ayez compassion de la France, daignez l’étreindre dans Votre Amour et lui en montrer toute la tendresse. Faites que, remplie d’Amour pour Vous, elle contribue à Vous faire aimer de toutes les nations de la terre. O Amour de Jésus, nous prenons ici l’engagement de Vous rester fidèles et de travailler d’un cœur ardent à répandre Votre Règne dans tout l’univers. Ainsi soit-il. » (prière dictée par le Seigneur Jésus au Vénérable Marcel Van).

lys rouge - blogue

Voir aussi :
Prières au Précieux Sang pour le mois de juillet > ici
Sept offrandes du Précieux Sang de Jésus-Christ au Père éternel > ici
Texte sur la dévotion au Précieux Sang (abbé Christian-Philippe Chanut) > ici

2024-141. Que mon cœur devienne uni à Votre Cœur par un indissoluble lien d’amour !

30 juin,
Conclusion du mois du Sacré-Cœur ;
Fête de Saint Martial, apôtre, évêque et confesseur (cf. > ici) ;
7ème jour dans l’octave de Saint Jean-Baptiste ;
2ème jour dans l’octave des Saints Apôtres Pierre & Paul.

Antoine van Dick  crucifixion - blogue

Antoine van Dick (1599-1641) : Crucifixion

Vignette - mains jointes - blogue

Que mon cœur devienne uni à Votre Cœur par un indissoluble lien d’amour !

« Esto mihi in domum refugii ;
Soyez pour moi une demeure de refuge »
(
Ps. XXX, 3).

       Seigneur Jésus-Christ, Vous, source inépuisable d’amour et de grâces !
Je Vous loue, je Vous remercie de la dure transfixion de Votre saint côté après Votre mort ; car alors, ô Saint des saints, Votre côté a été si profondément blessé par la lance du soldat, que la pointe du fer pénétra jusque dans l’intérieur de Votre poitrine et vint percer le milieu même de Votre tendre Cœur. De cette large blessure commença à couler pour nous la très salutaire source de sang et d’eau qui arrose la terre et sauve le monde.
O bienfaisante et merveilleuse effusion de sang qui s’échappe du Côté de Jésus endormi sur la croix, du sommeil de la mort pour la rédemption du genre humain !
O très pure et très douce effusion de cette eau mille fois bénie, qui vient du plus profond des entrailles de notre Sauveur et Rédempteur pour laver toutes nos souillures !

   Moïse, dans le désert, avait frappé le rocher, il en était sorti une eau rafraîchissante destinée simplement aux usages et au soulagement du peuple d’Israël et de ses troupeaux : mais quand Longin, l’intrépide soldat, de sa robuste main frappa la Pierre avec la lance, c’est-à-dire quand il fendit le Côté droit du Christ, alors il en sortit, et pour toujours, une source mystérieuse d’eau et de sang à laquelle notre chaste Mère, la Sainte Eglise catholique, vient puiser les sacrements de son salut. Eve fut nommée mère de tous les vivants et formée d’une côte d’Adam son Epoux ; de même, la Sainte Eglise militante est nommée mère de tous ceux qui vivent de la foi, et elle est formée du Côté du Chris son Epoux.

   O grande, précieuse, charitable blessure de mon Sauveur, tu es creusée plus profondément que toutes les autres et ouverte de manière à présenter une large entrée à tous les fidèles, blessure d’où s’échappent, sans mesure et sans fin, des trésors de bénédictions, blessure du Côté faite la dernière mais devenue cependant la plus célèbre !
Quiconque boit à long trait, à la toute sainte et divine source de cette blessure — ou même n’y prend que quelques gouttes — oubliera tous ses maux, sera délivré de la soif des plaisirs éphémères et grossiers, sera enflammé de l’amour des choses éternelles et célestes, et rassasié de l’ineffable douceur de l’Esprit-Saint : alors coulera dans son âme une source d’eau vive qui rejaillit jusqu’à la Vie éternelle.

   O mon âme, entre ! entre dans le Côté droit de ton Seigneur crucifié ; entre par cette blessure bénie jusqu’au fond du Cœur tout aimant de Jésus, percé d’outre en outre par amour : repose-toi dans le creux du rocher à l’abri des tempêtes du monde ; entre dans ton Dieu !
Tu as devant toi, couverts d’herbes et de fleurs odoriférantes, le chemin de la Vie, le sentier du Salut, le pont qui mène au Ciel. Le Cœur de Jésus, C’est la ville de refuge, où l’on est à l’abri des poursuites de l’ennemi, la ville de refuge qui nous protège contre la colère du Juge irrité : ce Cœur est la source intarissable de l’huile de la miséricorde pour les pécheurs vraiment repentants, ce Cœur est la source du fleuve divin jaillissant au milieu du Paradis pour arroser la surface de la terre, pour étancher la soif du cœur humain aride et desséché, pour effacer les péchés, pour éteindre les feux impurs de la concupiscence, pour régler les écarts de l’imagination, pour apaiser les fureurs de la colère.
Approche-toi donc et prend le breuvage de l’amour à cette source du Sauveur, afin qu’à l’avenir tu ne vives plus en toi, mais en Celui qui a été crucifié pour toi.
Donne ton cœur à Celui qui t’a ouvert Son Cœur ; ne donne point ton cœur au monde, mais au Christ ; ne le donne point à la vaine prudence humaine mais à l’éternelle Sagesse.
Où peux-tu reposer plus tranquillement, où peux-tu habiter plus sûrement, où peux-tu dormir plus doucement que dans les plaies et les blessures du Christ crucifié pour toi ?

   O tout resplendissant et aimable Jésus, Créateur du monde mystérieux et invisible de la grâce ; Vous, Hôte des cœurs aimants, Modèle crucifié des âmes écrasées sous le poids de la croix ; Vous, divin Réservoir de toutes les richesses et de tous les dons du Ciel ; Roi Jésus, Sauveur des fidèles, qui avez voulu que Votre saint Côté fût ouvert par la pointe d’une lance impitoyable, je Vous en prie humblement, ardemment, ouvrez-moi les portes de Votre miséricorde, et laissez-moi pénétrer, à travers la large ouverture de Votre adorable et très saint Côté, jusque dans l’intérieur de Votre tout infiniment aimable Cœur, de sorte que mon cœur devienne uni à Votre Cœur par un indissoluble lien d’amour.
Blessez mon cœur de Votre amour, faites pénétrer la lance du soldat à travers ma poitrine, et que mon cœur Vous soit ouvert, uniquement à Vous seul, et soit fermé au monde et au démon ! Protégez mon cœur, défendez-le contre les assauts de mes ennemis par le signe de Votre croix.
Ainsi soit-il !

Extrait des écrits spirituels d’un Chartreux anonyme de Nuremberg,
tiré d’un ouvrage imprimé en vieil allemand à Nuremberg en 1480.

Sacré-Cœur convertissant - blogue

2024-140. « Rappelez-vous de quel côté seront les boucs et de quel côté les brebis ! »

28 juin,
Fête de Saint Irénée de Lyon, évêque et martyr (cf. > ici) ;
Vigile des Saints Apôtres Pierre et Paul ;
5ème jour dans l’octave de Saint Jean-Baptiste ;
Dernier jour du Jeûne des Apôtres (cf. > ici).

       A la veille de la fête des Saints Apôtres Pierre et Paul, voici un court sermon de notre Bienheureux Père Saint Augustin, dit « sermon sur le troupeau du Christ » qui peut nous être utile pour entrer dans l’esprit de cette grande fête.

Commandement du Christ à Pierre carton pour tapisserie Raphaël vers 1515 - Copie

« Le commandement du Christ à Pierre » (vers 1515) :
carton pour tapisserie réalisé par Raphael (1483-1520)

[papier monté sur toile, collection royale, prêté au V&A Museum, Londres]

clefs de l'Eglise - vignette

 Sermon CXLVI
de
notre Bienheureux Père Saint Augustin
sur
le Troupeau du Christ

§ 1 – Saint Augustin rappelle en quelles circonstances Notre-Seigneur a confié à Pierre le soin de Son troupeau.

   Votre charité a remarqué, durant la lecture d’aujourd’hui (Note : il s’agit de la triple confession de Saint Pierre en réparation de son reniement : Jean XXI, 16-17), que le Seigneur demandait à Pierre : « M’aimes-tu ? ». Pierre Lui répondait : « Vous savez, Seigneur, que je Vous aime » ; il répondit ainsi deux et trois fois, et à chaque fois le Seigneur ajoutait : « Pais Mes brebis ».
Ainsi le Christ confiait à Pierre le soin de paître Ses brebis, et c’était Lui qui paissait Pierre.
Que pouvait Pierre en faveur du Christ même, depuis surtout qu’Il avait un corps immortel et qu’Il était sur le point de monter au ciel ? Aussi en lui demandant : « M’aimes-tu ? » le Seigneur semblait-Il lui dire : Pour montrer que tu M’aimes, « pais mes brebis ».

§ 2 – Les chrétiens doivent se souvenir sans cesse de l’importance d’appartenir au troupeau du Christ.

   C’est pourquoi, mes frères, rappelez-vous avec soumission que vous êtes les brebis du Christ, comme nous nous rappelons nous-même avec crainte ces paroles : « Pais mes brebis ».
Ah ! si nous n’accomplissons notre devoir qu’avec crainte, si nous tremblons pour nos ouailles, comment ne doivent-elles pas à leur tour trembler pour elles-mêmes. A nous donc la sollicitude, à vous l’obéissance ; à nous la vigilance pastorale, à vous l’humble soumission du troupeau.
Vous nous voyez, il est vrai, vous adresser la parole d’un lieu plus élevé ; la crainte ne nous en tient pas moins sous vos pieds, car nous savons combien est redoutable le compte qu’il nous faut rendre de ce haut siège que nous occupons.
Aussi, mes très-chers enfants, tendres germes de l’Eglise catholique, membres du Christ, songez au Chef illustre que vous avez. Fils de Dieu, songez à quel Père vous vous êtes donnés. Songez, Chrétiens, à quel héritage vous êtes appelés ; il ne ressemble pas à tes domaines terrestres que les enfants ne sauraient posséder qu’après la mort de leurs parents. Nul en effet n’hérite de son père qu’après le trépas de celui-ci, tandis que du vivant même de notre Père qui ne saurait mourir, nous serons maîtres de Ses biens.
Je dis plus, je dis bien plus, et pourtant c’est la vérité : notre Père sera Lui-même notre héritage !

§ 3 – Sollicitude de Saint Augustin pour les fidèles qui lui ont été confiés, en particulier les nouveaux baptisés.

   Vivez donc honorablement, vous surtout, ô blancs enfants du Christ, qui venez de recevoir le baptême ; vivez conformément aux avis que je vous ai donnés, conformément à ceux que vous donne encore aujourd’hui la sollicitude dont je me sens pénétré, car la dernière lecture de l’Evangile a encore redoublé mes craintes.
Tenez-vous sur la réserve, gardez-vous d’imiter les chrétiens mauvais, gardez-vous de dire : Je puis faire cela, puisque tant de fidèles le font.
Ah ! ce ne serait point vous préparer une défense mais vous chercher des compagnons d’enfer. Développez-vous sur cette aire sacrée : si vous êtes bons, vous y découvrirez de bons chrétiens qui auront vos sympathies.

§ 4 – Les fidèles ne sont pas la propriété des pasteurs visibles de l’Eglise : différence de mentalité entre les authentiques pasteurs catholiques et les chefs des groupes sectaires ou hérétiques.

   Etes-vous donc notre, propriété ? Les hérétiques et les schismatiques ont pris au Seigneur pour se faire des domaines privés ; ce ne sont pas les troupeaux du Christ, mais les leurs, qu’ils ont prétendu conduire malgré le Christ. Sans doute ils ont mis Son nom sur ces troupeaux qu’ils Lui ont ravis, et c’était comme pour les défendre par cet aspect imposant.
Que fait donc le Christ quand se convertissent ces hommes qui en dehors de l’Eglise ont reçu Son nom avec le Baptême ? Il chasse le voleur, conserve le titre de la maison et Il y entre comme Son nom L’y invite. Pourquoi changerait-Il un nom qui est le Sien ? Ces sectaires considèrent-ils ces paroles que le Seigneur adressa à Pierre : « Pais Mes agneaux ; Pais Mes brebis » ? Il ne lui dit pas : Pais tes agneaux ; pais tes brebis.

§ 5 – Exhortation à rester dans le troupeau du Christ.

   Après donc les avoir exclus de Son bercail, que dit-Il à Son Eglise dans le Cantique des cantiques ?
Là l’Epoux parle ainsi à l’Epouse : « Si tu ne te reconnais toi-même, ô toi qui l’emportes en beauté sur les autres femmes, sors ». En d’autres termes : Je ne te chasse pas ; sors, si tu ne te reconnais toi-même ; si tu ne te reconnais toi-même, ô la plus belle des femmes, dans le miroir des Ecritures ; si tu ne te mets en face de ce miroir qui ne te donne pas un éclat menteur ; si tu ne reconnais qu’à toi s’appliquent ces mots : « Ta gloire s’étend sur toute la terre » (Ps. LVI, 12) ; et ces autres : « Je te donnerai les nations pour héritage et pour domaine , jusqu’aux extrémités de la terre » (Ps. II, 8); ainsi que beaucoup d’autres témoignages qui désignent l’Eglise catholique.
Si donc tu ne te reconnais ainsi, pour toi point de partage, tu ne saurais te rendre héritière. Aussi « sors sur les traces des troupeaux », et non avec le troupeau, « et pais tes boucs » (Cant. I, 7) ; tes boucs et non Mes brebis, comme Je disais à Pierre.
A Pierre en effet il est dit : « Mes brebis », et aux schismatiques : « tes boucs ». Ici des brebis, là des boucs ; ici Mes brebis, là tes boucs. Rappelez-vous ce qui sera à la droite et ce qui sera à la gauche de notre Juge ; rappelez-vous de quel côté seront les boucs et de quel côté les brebis (Matth. XXV, 33).
Ainsi vous verrez clairement où est la société de la droite, où est la société de la gauche ; où est la blancheur, ou est l’obscurité ; où est la lumière, où sont les ténèbres ; où est la beauté, où est la difformité ; à qui est destiné le royaume éternel, et qui doit s’attendre à l’éternel supplice.

Cranach le vieux - jugement dernier

Lucas Cranach l’Ancien (1472-1553) : le jugement dernier
[Musée Nelson-Atkins, Kansas City - USA]

2024-139. Le nationalisme, phase dialectique de la révolution.

28 juin,
Fête de Saint Irénée, évêque et martyr (cf. > ici) ;
Vigile des Saints Apôtres Pierre et Paul.

       Nous reproduisons ici des extraits d’une lettre que le Révérend Père Grasset, des Coopérateurs Paroissiaux du Christ-Roi (C.P.C.R.) - parfois appelés « Pères de Chabeuil », du nom du village de la Drôme où ils furent fondés pour la prédication des Exercices spirituels de Saint Ignace - écrivit en janvier 1959 à l’un de ses confrères, le Révérend Père Vinson.

   Ces lignes méritent d’être lues avec attention : on y trouve en effet l’exposition d’importants principes pour éviter certains confusions de notions et pièges dont les catholiques doivent avoir conscience, afin de ne pas se fourvoyer dans leurs engagements politiques et pour ne pas faire le jeu de la révolution qu’ils prétendent toutefois combattre.

   L’authentique patriotisme qui découle du quatrième commandement de Dieu, n’est pas le patriotisme idéologique né de la révolution, et il ne peut en aucune manière non plus se confondre avec le nationalisme et ses divers avatars. Le nationalisme est, en effet, une conséquence des faux principes que les doctrines révolutionnaires ont substitués aux sains fondements d’une pensée politique véritablement chrétienne : les lignes du Révérend Père Grasset sont éclairantes, et elles nous invitent à la plus grande prudence et au discernement.

Vitrail du Christ-Roi - blogue

29 janvier 1959.

        »[...] Certes, beaucoup de points défendus par les nationalistes les plus catholiques sont authentiquement contenus et exprimés dans l’enseignement traditionnel de l’Église. Nous pourrons même concéder que quelques nationalistes ne visent que la restauration de l’ordre social chrétien…
Mais, je le répète, ce qui compte, c’est le formel et non le matériel. On peut à l’extrême se faire les champions de la lettre du catholicisme, avoir pour objet la matière de l’enseignement catholique. Cependant on n’en est pas pour autant formellement catholiques, si on ne possède pour cela l’esprit du catholicisme.

   [...] Il manque aux nationalistes comme à la majeure partie des catholiques modernes cette lumière spécifique, ce lumen sub quo des scolastiques.
Cette cécité n’est pas nouvelle, elle est le péché de tous les naturalistes, ou mieux le châtiment de leur orgueil naturaliste.
Charles Maurras, le grand Charles Maurras, était frappé de cette cécité intellectuelle. Il admirait profondément l’Église catholique. Il chantait en elle la civilisatrice par antonomase. Il lutta pour elle contre ses ennemis. Mais il ne voyait pas que cet ordre, qui le séduisait tant, était l’effet d’une action surnaturelle.

   L’Église est un corps harmonieux, mais c’est la mutiler que d’y supprimer son âme vivifiante : l’Esprit-Saint de Jésus, son époux. L’erreur des nationalistes est une erreur sur l’Incarnation du Verbe.
[...] Ils voudraient, ils veulent même, l’ordre admirable causé par l’Église catholique romaine. Ils le veulent pour plusieurs motifs : par tradition catholique ; par amour de l’ordre et de la raison ; par opposition à des adversaires qui combattent cette même Église romaine. Mais ils ne savent pas – ou s’ils le savent, c’est sans influence formelle sur leur action, c’est-à-dire que leur action n’est pas informée par cette vue, cette connaissance – que cet ordre naturel est impossible sans le surnaturel, qu’il est le fruit de la grâce du Christ rédempteur, [...] et, par suite, qu’il ne peut se défendre ou se conquérir que par les moyens naturels surnaturalisés.
Le grand péché des nationalistes est ce naturalisme pratique, je dirai cette praxis athée (pour employer le langage marxiste) avec lesquels ils s’efforcent de vaincre leurs adversaires et d’instaurer l’ordre social chrétien. Effort tragiquement stérile.

   Voilà la raison profonde des échecs répétés de la Contre-Révolution.
Elle s’oppose matériellement à la Révolution, à savoir son but ; son objet matériel est contradictoire, objectivement contradictoire du but, de l’objet matériel de la Révolution, mais formellement, elle voit cet objet sous une lumière analogue à la lumière marxiste, naturaliste, et par suite elle agit en naturaliste travaillant sans s’en rendre compte dans le sens de la Révolution.
Elle est une phase de la Révolution, une phase dialectique, qui, opposée diamétralement (mais sur le même plan) à d’autres phases extrêmes de la Révolution, reste contraire, formellement contraire et non contradictoire à l’action révolutionnaire [...].

   Pour bien comprendre ceci, je vais donner quelques exemples.

   Le Parti. Cette conception moderne du parti est une idée révolutionnaire. Elle échappe rarement à l’orgueil de caste et à la tyrannie de la partie sur le tout. Elle s’origine d’une pensée, plus ou moins confuse ou précise, subjectiviste, individualiste.
Le parti, c’est l’individu collectif. Par principe, il est antinaturel, donc source de désordre. Il a une conception de l’homme qui n’est pas organique, divine. Il forme des forces au service d’une idéologie abstraite. L’homme de parti est de type standard interchangeable. Vous vous rappellerez ce que dit notre ami, l’autre jour, en parlant des ouvriers : « Ce sont les nôtres ». Le sens de la propriété est très nuisible à l’harmonie chrétienne. On pourrait croire que notre ami est jaloux de voir que d’autres s’occupent d’un problème qu’il se croit seul capable de résoudre. Voilà un bien grand danger.
Le Parti veut être celui qui fait tout. Il s’achève, quand il triomphe, en un étatisme dictatorial insupportable et sa tyrannie se maintient par la persécution, jusqu’à ce qu’un autre naturalisme, un autre parti le détruise. [...]
Le parti, par essence, se sépare du peuple parce que le peuple se rend très vite compte (et les autres tyrans de demain se chargent de le mettre en évidence) que le parti ne le sert pas, mais qu’au contraire il est, lui [le peuple], l’esclave (selon divers degrés de confort) du parti (quelle que soit la chose désignée par ce mot de parti : soit une classe, soit un individu, soit un consortium, etc.). Comme ceci est contraire à l’esprit de Jésus-Christ qui, Lui, est venu non pour être servi, mais pour servir !
Comment vaincre la Révolution qui a engendré l’esprit de parti, avec un autre parti ?
Erreur, profonde et grave erreur, même si la cause proposée à l’activité du parti est le règne de Jésus-Christ. Ne croyez pas que ceci soit dit à la légère. Que s’examinent sincèrement nos nationalistes (une bonne retraite de cinq jours !) et ils découvriront qu’ils ne souffrent pas avec patience que d’autres qu’eux-mêmes travaillent à la même cause et puissent récolter la gloire du succès.
Avec cet esprit partisan, [...] comment comprendre la complémentarité catholique des œuvres ? Les partis de droite crèvent chroniquement parce qu’ils veulent tout faire comme l’État totalitaire. Et ceci vient de leur fausse vision du réel, essentiellement parce qu’ils oublient que la Contre-Révolution, l’ordre social chrétien, est avant tout l’œuvre de Dieu. Ils feraient bien de méditer la doctrine du Corps Mystique [...] exposée dans saint Paul (1 Cor. XII). Divers membres, mais un seul Esprit, diverses fonctions, mais un seul Esprit.
Leur naturalisme inconscient leur fait croire qu’ils sont la source unique de l’ordre. De là au rationalisme positiviste, il n’y a qu’un pas ; au marxisme, deux pas, ce dernier mettant la source de toute réalité dans la pure action humaine… Je ne parle pas des confusions que cet esprit de parti (qui a pour origine l’orgueil au service du bien tandis que le marxisme est l’orgueil au service du mal) engendre entre l’ordre spéculatif et l’ordre pratique. Vous savez, vous, combien on a vite fait d’ériger en dogme ce qui n’est que norme d’action et ne relève que de la prudence. [...] « Ma, ou notre position est la seule ». On dogmatise – on exclut – on a vite fait de douter de la bonne foi des autres… Ces autres, bientôt, on les haïra…

   [...] Prenons un autre exemple caractéristique.
En fait, c’est dire la même chose sous un autre aspect.
A méconnaître (par défaut de voir les choses dans la lumière de la foi et des dons de science et d’intelligence) le surnaturel, ou, du moins, à le méconnaître pratiquement, dans leur action politique et sociale, les nationalistes se dépensent inutilement à répondre aux ennemis sur leur propre terrain.
Folie dont les conséquences sont fatales !
Que d’efforts, que de sacrifices pour la bonne cause !
Et, pour récolte, une série renouvelée d’échecs de plus en plus graves !
On s’arme de sa plume, on polémique, on se bat, on fait le coup de feu même et puis, que voit-on ? Les ennemis plus forts que la veille et les champions de la bonne cause découragés et divisés…

   Il faut le dire, on a perdu le sens du combat contre-révolutionnaire parce qu’on n’a plus le sens surnaturel, l’esprit surnaturel. On ne sait plus que s’il faut combattre, certes, c’est cependant « Dieu qui donne la victoire ». On néglige de prier sans discontinuer, selon la recommandation du Christ Lui-même. On oublie pratiquement que sans Dieu nous ne pouvons rien faire. Sans doute, la raison peut connaître quelques vérités, mais pas toutes, sans la grâce qui la fortifie et l’élève. Sans doute, la volonté peut faire des actes des vertus naturelles, mais pas pratiquer sans la grâce toutes les vertus et s’y maintenir.
[...] Alors, pas d’ordre social stable et durable sans Notre-Seigneur Jésus-Christ, c’est-à-dire concrètement, sans la doctrine de Jésus-Christ éclairée dans la lumière de Jésus-Christ, sans la grâce et la charité de Jésus-Christ distribuées et produites par les moyens surnaturels, en particulier les sacrements. Et comme le péché (originel et actuel) est le grand obstacle à l’ordre divino-humain, pas d’ordre social sans la croix de Jésus-Christ, c’est-à-dire sans l’abnégation, la pauvreté, la contradiction.

   Voilà des années que Dieu nous donne la leçon des faits et nous ne voulons pas comprendre.
Notre naturalisme pratique échoue. Que faut-il de plus pour y renoncer une bonne fois ?
Allons-nous recommencer les mêmes erreurs suivies des mêmes châtiments ?
Allons-nous enfin comprendre, selon le mot du cardinal Pie, que Jésus-Christ n’est pas facultatif ?
Saurons-nous apprécier à sa juste valeur la cause que nous voulons servir ?
Saurons-nous voir l’ordre enchanteur du christianisme avec les yeux de la foi, dans la haute et nécessaire lumière du catholicisme formel ?

   [...] Les vrais hommes d’action sont des contemplatifs. Ils voient tout dans le Verbe de Dieu comme le Père voit toutes choses dans Son Verbe, Sa propre splendeur. Alors, ainsi élevés et fortifiés de cette lumière qui est vie (Jn. I, 1), ils découvrent mieux que les autres quels sont les moyens les plus efficaces et les plus sûrs (cf. Principe et fondement des Exercices de saint Ignace [1]) pour arriver au but.
Les vrais (il y en a de faux qui ne sont que des rêveurs séparés du réel, des idéalistes fumeux) contemplatifs sont les plus prudents. [...]

Note :
[1] Exercices spirituels de Saint Ignace, Principe et fondement, n° 23 : « Désirant et choisissant uniquement ce qui nous conduit plus sûrement à la fin pour laquelle nous sommes créés ».

Sacré-Coeur Roi

2024-138. « Invoque-moi dans le péril, et ne crains rien ! »

27 juin,
Fête de Notre-Dame du Perpétuel Secours (cf. > ici & > ici) ;
Fête de Saint Crescent, évêque et martyr ;
4ème jour dans l’octave de Saint Jean-Baptiste ;
11ème jour du Jeûne des Apôtres (cf. > ici).

       A l’occasion de la fête de Notre-Dame du Perpétuel Secours, lisons ou relisons cet exemple donné par Saint Alphonse-Marie de Ligori au sujet de la sollicitude maternelle de la Très Sainte Mère de Dieu pour nous et de la puissance des secours que nous pouvons espérer de son intercession.

Monogramme de la Vierge Marie - vignette blogue

       « Vincent de Beauvais raconte que, dans une ville d’Angleterre, un jeune homme de sang noble, nommé Ernest, avait donné aux pauvres tout son patrimoine, et était entré dans un monastère, où il avait bientôt conquis l’estime de ses supérieurs par une vie très parfaite et spécialement par sa grande dévotion à la Sainte Vierge.
Survint une peste qui obligea les habitants de la ville à s’adresser aux moines et à réclamer le secours de leurs prières. L’abbé commanda à Ernest d’aller se mettre en prières devant l’autel de Marie, et de ne pas se retirer que la Reine du ciel ne lui eût donné une réponse.
Au bout de trois jours, Marie lui indiqua certaines prières que l’on devait réciter ; on le fit, et le fléau cessa.

Gloires de Marie exemple - blogue

   Or, il advint qu’Ernest s’étant ensuite refroidi dans sa dévotion à Notre-Dame, se vit assailli de fréquentes tentations, principalement contre la pureté ; le démon lui suggéra même l’idée de sortir du monastère ; et, faute de s’être recommandé à Marie, le malheureux en vint à former le projet de s’enfuir en escaladant le mur de clôture.
Comme donc il passait dans un corridor vis-à-vis d’une image de Marie, il entendit la Mère de Dieu qui lui disait : « Mon fils, pourquoi me quittes-tu ? » A ces mots, Ernest, interdit et confus, tomba par terre et répondit : « Mais, Vierge Sainte, ne voyez-vous pas que je ne puis plus résister ? pourquoi ne venez-vous pas à mon secours ? » La bonne Mère reprit : « Et toi, pourquoi ne m’as-tu pas invoquée ? si tu n’avais pas négligé de te recommander à moi, tu n’en serais pas venu là. A l’avenir, invoque-moi dans le péril, et ne crains rien ».

   Le jeune homme retourna à sa cellule ; mais, les tentations revenant à la charge, il négligea comme par le passé de se recommander à Marie, et il finit par s’enfuir du couvent.

   Dès lors, il se livra à une vie criminelle, et, de péché en péché, il en vint jusqu’à louer une auberge pour y assassiner de nuit les voyageurs et s’emparer de leurs dépouilles. Il égorgea ainsi entre autres le cousin du gouverneur de l’endroit. Celui-ci lui fit son procès, et, sur les indices qu’il put recueillir, il le condamna à la potence.
Mais, pendant que le procès s’instruisait, arriva à l’auberge un jeune cavalier, et aussitôt le scélérat de songer à le traiter, comme d’ordinaire il traitait ses hôtes. Il entre la nuit dans la chambre de l’étranger pour l’assassiner, et que voit-il ? Au lieu du cavalier il voit sur le lit un crucifix tout couvert de plaies, qui, le regardant avec bonté, lui dit : « Ne te suffit-il pas, ingrat, que je sois mort une fois pour toi ? veux-tu de nouveau m’ôter la vie ? eh bien ! lève le bras, et tue-moi ».
Tout hors de lui-même à cette vue, Ernest fond en larmes : « Seigneur, s’écrie-t-il en sanglotant, je me rends à Vous ; puisque Vous daignez me faire miséricorde, je veux me convertir ».

Monogramme de la Vierge Marie - vignette blogue

   Il quitte aussitôt l’auberge et se dirige vers son monastère pour y faire pénitence ; mais, rencontré en chemin par les ministres de la justice, il est saisi et mené au juge ; il avoue tous ses forfaits ; on le condamne à la corde, on ne lui donne pas même le temps de se confesser.
Pendant qu’on le traînait au supplice, il se recommanda à Marie ; elle lui conserva la vie, le détacha elle-même de la potence et lui dit : « Retourne au couvent, fais pénitence ; et, quand tu me verras à la main la sentence du pardon de tes péchés, prépare-toi à la mort ».

   Ernest rentra au monastère, raconta le tout à l’abbé, et fit une rigoureuse pénitence. Plusieurs années après, il vit Marie tenant à la main l’acte de son pardon ; aussitôt, il se prépara à la mort, et il mourut saintement.»

Exemple rapporté par Saint Alphonse-Marie de Ligori dans les « Gloires de Marie » en illustration du chapitre intitulé : « Marie est aussi la Mère des pécheurs repentants ».

Gloires de Marie exemple 2 - blogue

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