2015-23. Un très bel ouvrage à consulter et à mettre en pratique : « Le livre des Simples » d’Erika Laïs.
« Nous voulons que l’on cultive dans le jardin toutes les plantes, à savoir : lis, roses, fenugrec, costus, sauge, rue, aurone, concombres, melons, gourde, dolique, cumin, romarin, carvi, pois chiche, scille, iris, estragon, anis, coloquinte, chicorée amère, ammi, chervis, laitue, nigelle, roquette, cresson, bardane, menthe pouliot, maceron, persil, ache, livèche, sabine, aneth, fenouil, chicorée, dictame, moutarde, sarriette, nasitort, menthe, menthe sauvage, tanaisie, cataire, grande camomille, pavot, bette, asaret, guimauve, mauve, carotte, panais, arroche, blette, chou-rave, chou, oignons, ciboulette, poireau, radis, échalote, cive, ail, garance, cardon, fève, pois, coriandre, cerfeuil, épurge, sclarée.
Et que le jardinier ait au-dessus de sa maison de la joubarbe. »
Bienheureux Charlemagne – capitulaire « de villis vel curtis imperialibus », § 70.
Mercredi 28 janvier 2015,
Fête de Saint Charlemagne, roi des Francs et empereur d’Occident (cf. > www) ;
Anniversaire de la mort de Henri de La Rochejaquelein (28 janvier 1794).
Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,
Il y a déjà plusieurs semaines que je voulais vous entretenir d’un très bel ouvrage, que l’auteur, Madame Erika Laïs, nous a fait l’honneur et la joie de nous offrir à l’occasion de la fête de Saint Nicolas (un saint que nous aimons beaucoup au Mesnil-Marie !).
Si j’ai attendu ce 28 janvier, c’est en raison de la fête de Saint Charlemagne - à tout seigneur tout honneur – lui qui légiféra (ainsi que l’atteste la citation de sa célèbre capitulaire « de Villis » que j’ai mise en tête de ma publication de ce jour), pour que les domaines royaux et les monastères cultivassent quatre-vingt-quatorze plantes potagères, fruitières, médicinales, textiles et tinctoriales.
« Cultiver les plantes médicinales, ce n’est pas seulement « jardiner », c’est aussi se plonger dans notre histoire, dans les racines de notre civilisation, dans un univers où les plantes parlent depuis longtemps à ceux qui savent les observer avec des yeux sensibles », écrit très justement Erika Laïs dans son introduction.
« Le Livre des Simples » est tout à la fois un ouvrage remarquable par la qualité et le soin de sa présentation – on se plaît à le feuilleter déjà rien que pour le plaisir des yeux – , un livre « pratique » parce qu’il explique de façon claire comment cultiver chacune des plantes qu’il décrit et dont il expose les vertus, et une véritable somme rassemblant un pan précieux de notre culture occidentale, aujourd’hui menacée par les assauts d’une effrayante barbarie…
A votre intention, chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion, j’ai voulu poser sept questions à Erika Laïs, auxquelles elle a répondu de très bonne grâce : qu’elle soit ici très chat-leureusement remerciée pour ce très beau livre, pour le travail qu’elle accomplit, ainsi que pour sa bienveillante amitié.
Lully.
Erika Laïs : « Le livre des Simples » – Rustica éditions.
Question n° 1 : Erika Laïs, vous avez été la bonne fée de quelques-uns de mes cousins : je ne citerai que Zébulon, abandonné dans un trou du mur entourant le Musée Picasso de Vallauris ; Odinn, recueilli au pied du mur du cimetière qui va de la plage au village de Sainte-Anne en Martinique ; et Radja, récupéré de force par l’Ecole du Chat en Picardie pour cause de maltraitance… Je sais donc que vous prêterez une oreille attentive aux questions d’un chat monastique !
Pourriez-vous donc, s’il vous plaît, nous dire tout d’abord quel a été votre parcours ?
Réponse : Mon cher Maître-Chat Lully, tes questions mêmes comprennent déjà pas mal d’indices à mon égard.
J’aime les chats ! et les animaux en général ! et la nature globalement ! et les plantes, et les hommes !!!
Alors, mon parcours s’est exercé dans un certain nombre de ces domaines. Par exemple, j’ai suivi, dès les années 1970, des enseignements d’herboristerie et de phytothérapie. Et cela même au cours de l’été 1976, année d’extrême sécheresse, où toutes les campagnes de France furent grillées et quasi réduites en cendres. Hormis l’Aveyron, lieu de mon stage, qui fut contre toute attente une oasis de verdure ! A nous donc la saponaire, l’aigremoine, l’herbe-au-charpentier et tant d’autres plantes médicinales.
Question n° 2 : Comment et pourquoi êtes-vous arrivée à approfondir la connaissance des plantes et de leurs bienfaits ?
Réponse : J’ai été soignée par les plantes médicinales – et d’ailleurs par d’autres méthodes naturelles – depuis mon enfance par ma mère. Cela fait donc partie de mes « expériences » thérapeutiques de toujours.
Par ailleurs, étant née en Forêt-Noire, j’ai grandi dans un environnement magnifique, d’une richesse exceptionnelle en plantes sauvages, quasiment toutes médicinales. Certains endroits furent tenus bien secrets, l’endroit où pousse l’arnica des montagnes par exemple, à l’instar des endroits bien gardés par les chasseurs de champignons !
Cela dit, mon cher Lully, note bien que certains cas nécessitent des remèdes plus virulents, pour les hommes comme pour les petits félins.
Question n° 3 : Présentez-nous votre Livre des Simples.
Réponse : Dans mon Livre des Simples, je présente cinquante plantes faciles à trouver dans la nature ou faciles à cultiver au jardin.
Pour chaque plante, je présente une petite introduction historique la concernant, puis ses vertus et ses signes particuliers, ses parties utilisées ainsi que sa cueillette et sa conservation. Quelques recettes viennent compléter chaque portrait de plante.
Mais j’ai aussi tenu à indiquer la façon de cultiver soi-même les plantes dans son jardin, de façon tout à fait pratique, sur la base de mes expérimentations personnelles conduites dans mon propre jardin. Et, le croirais-tu ? J’ai même fait pousser de l’Herbe-à-chats (Valeriana officinalis) !
J’ai complété le livre par un petit aperçu de personnages – anciens et modernes – qui ont apporté leur pierre à l’édifice des plantes médicinales à travers les siècles et que j’affectionne particulièrement, un glossaire pour les termes spécifiques, et une liste de fournisseurs où le lecteur peut trouver toutes les graines ou plants pour créer son propre jardin des Simples. J’attire ton attention aussi sur le « Prologue » qui condense en un seul poème un bon nombre de mes préférences : l’Ecole de Salerne, le Moyen Age, les lais courtois…
Question n° 4 : Cet ouvrage n’est pas votre première publication : qu’est-ce qu’il a de différent, de complémentaire, par rapport à vos autres ouvrages ?
Réponse : D’un livre à l’autre, le choix des plantes peut varier, mais aussi leur angle de présentation.
Le Livre des Simples est avant tout centré sur les propriétés médicinales des plantes, tandis que mon Grimoire des plantes de sorcière dévoile surtout les propriétés mystérieuses des plantes, leurs usages dans les croyances populaires, mais tout comme pour les Simples, je donne aussi des conseils de plantation dans son jardin.
Dans mon ABCdaire des Plantes aromatiques et médicinales, j’ai voulu mettre en avant l’histoire des plantes et de la médecine par les plantes (thériaque, élixir de jouvence, théorie des signatures, etc.), et dans Des plantes médicinales faciles à trouver, le titre dit déjà presque tout : des plantes courantes, reconnaissables même par le non initié, et des recettes simples à mettre en œuvre.
Question n° 5 : Vous faites connaître les plantes à travers des livres, mais pas seulement, parlez-nous de vos autres activités et de vos projets.
Réponse : En fait, j’avais créé et géré pendant assez longtemps une herboristerie à Paris. A cet effet, j’avais suivi de nombreux enseignements et stages, et mes livres sont le fruit de mes connaissances et expériences personnelles.
En plus de mes livres, j’écris régulièrement pour le journal de jardinage « Rustica Hebdo » ; je donne des conférences ou organise des ateliers pratiques, y compris pour des enfants.
Actuellement, je travaille sur le Hors-Série de « Rustica Pratique » qui se présente un peu comme les anciens almanachs et qui sortira pour 2016. J’ai également plusieurs projets de livres, il faudra que je voie cela avec mes différents éditeurs.
Question n° 6 : Et Sainte Hildegarde ?
Réponse : Sainte Hildegarde est une figure importante dans l’histoire des plantes médicinales. Ce fut une mère abbesse du XIIe siècle, en Rhénanie, qui rédigea plusieurs traités concernant les plantes et d’autres remèdes naturels. Ses indications furent si justes que des médecins et pharmacologues du XXe siècle n’hésitèrent pas à les citer en exemple.
Il y a cependant un « plus » chez Sainte Hildegarde : elle n’attribue pas le pouvoir de guérison aux plantes seules, mais fait également intervenir la dimension divine.
En fait, selon Hildegarde, la santé est un équilibre entre le corps, l’âme et l’esprit. Même la musique peut contribuer à créer cet équilibre ; Hildegarde fut aussi une grande compositrice.
L’on ne s’étonnera donc pas de retrouver des traces de Sainte Hildegarde dans mes différents livres.
Question n° 7 : Ma dernière question : pourquoi ne viendriez-vous pas faire des « sessions » ou des « stages » dans le massif du Mézenc ?
Réponse : Je pense que cela pourrait être formidable, vu l’environnement fantastique que représente le Mézenc. Mais il faudrait d’abord que je vienne faire une tournée de reconnaissance sur le terrain.
Je compte sur toi, mon cher Maître-Chat Lully, pour me montrer les bons coins à serpolet, arnique et autres ails des ours !!!
Lully, lecteur très attentif du « Livre des Simples ».
