Archive pour la catégorie 'Lectures & relectures'

2023-89. Dixième anniversaire du rappel à Dieu de Monsieur l’Abbé Christian-Philippe Chanut.

17 août 2023,
Dans l’Ordre de Saint-Augustin, fête de Sainte Claire de Montefalco ;
Commémoraison de Saint Carloman ;
Commémoraison de Saint Hyacinthe ;
Commémoraison de Sainte Jeanne Delanoüe ;
Commémoraison du 3ème jour dans l’octave de l’Assomption ;
Anniversaire du rappel à Dieu de M. l’Abbé Christian-Philippe Chanut (cf. ici).

memento mortuaire abbé Chanut

       Ce 17 août 2023 marque le dixième anniversaire du rappel à Dieu de notre regretté et cher ami, Monsieur l’Abbé Christian-Philippe Chanut : dix ans déjà !
Il y aurait sans nul doute beaucoup de choses à rappeler à l’occasion de cet anniversaire, mais nous nous contenterons, de vous donner ci-dessous les liens vers quelques enregistrements vidéos actuellement disponibles sur le site internet « You Tube » qui permettent de le revoir et de l’entendre : pour chacune d’entre elles, il vous suffira de faire un clic droit sur l’image/lien que nous publions, puis de cliquer sur « ouvrir dans un nouvel onglet ».

1) Film (d’assez mauvaise qualité, mais ô combien émouvant !), de la Messe de Requiem célébrée par Monsieur le Grand Aumônier de France le 9 février 1989 à la basilique nécropole royale de Saint-Denis à la pieuse mémoire de Sa Majesté le Roi Alphonse II, dix jours après le drame qui l’a ravi à son peuple (l’homélie commence à 18 mn et 25 s) :

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2) Une homélie prononcée à Ars le 11 septembre 2011 à l’occasion du pèlerinage de rentrée du district de France de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre (FSSP) :

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3) Une homélie prononcée quelques mois avant sa mort, à Bordeaux, au cours du carême 2013 :

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4) L’enregistrement d’une émission radiophonique de Philippe Maxence rendant hommage à Monsieur l’Abbé Chanut :

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frise lys deuil

2023-87. « Dieu aime la France ! » (Saint Pie X)

       Il y a eu dans l’histoire de la Sainte Eglise catholique romaine, et jusqu’à une date récente, de très grands Papes qui ont beaucoup aimé la France, parce qu’ils voyaient en elle une sorte de phare pour la Chrétienté.
Mais il peut aussi arriver que certains Pontifes romains ne l’aiment pas et conspirent même avec les artisans de sa ruine : celui qui veut se donner la peine d’étudier l’histoire de la papauté pourra sans peine constater que ce ne sont habituellement ni les plus saints ni les plus édifiants ni les plus sages dans la liste de ceux qui se sont assis sur le Trône de Saint Pierre… car il peut, en effet, y avoir des pontifes calamiteux que la divine Providence, dans ses desseins mystérieux, inflige aux véritables fidèles.
J’en étais là dans mes réflexions lorsque, à l’occasion de l’une de mes études, cette divine Providence a daigné me consoler en me faisant découvrir le texte d’une courte allocution du Pape Saint Pie X prononcée lors de l’audience qu’il accorda le 23 septembre 1904 à un groupe de pèlerins français qui s’étaient rendus à Rome à l’occasion du cinquantième anniversaire de la proclamation du dogme de la Conception immaculée de la très Sainte Mère de Dieu (par le Bienheureux Pie IX le 8 décembre 1854).

   En ces jours de préparation spirituelle à la fête patronale de la France, célébrée le 15 août, il m’a donc paru bon, de vous associer à cette consolation spirituelle qui m’a été donnée à la lecture de ces nobles paroles de Saint Pie X.
Certes, nous semblons encore bien loin de voir la conversion et les relèvements appelés par Saint Pie X, et sans doute – dans notre clergé officiel actuel tout comme dans ces hommes politiques qui usurpent le gouvernement de notre patrie – subissons-nous les châtiments de la révolution et de l’apostasie, mais au-delà de ces tristes réalistes constats, restons fermement ancrés dans l’espérance surnaturelle à laquelle ce texte de Saint Pie X nous exhorte !

Tolbiac

Pape Saint Pie X

Allocution de Saint Pie X
adressée
aux participants du 
Pèlerinage national

à Rome
le 23 septembre 1904

[in AAS, vol. XXXVII (1904-05), pp. 231-235]

       Si Nous n’avions pas déjà d’autres motifs pour faire le plus joyeux accueil aux chers pèlerins de France, il Nous suffirait d’avoir celui de la recommandation du vénéré Archevêque de Paris, au nom duquel, Monseigneur, vous Nous les avez présentés. Une raison spéciale, cependant leur donne droit à Notre bienveillante attention, et c’est qu’ils sont venus à Rome à l’occasion du cinquantième anniversaire de la définition du dogme de l’Immaculée Conception pour affirmer solennellement que la France est le royaume de Marie, et que, par conséquent, comme l’a proclamé la Vénérable Pucelle d’Orléans, Jeanne d’Arc, la France est le royaume de Jésus-Christ.

   Aussi, ne pourriez-vous, chers fils, Nous donner une plus douce consolation dans ces moments où nous sommes profondément affligés par tout ce qui se passe au détriment de la religion dans votre patrie. Votre présence, en effet, Nous confirme dans Notre conviction que Dieu aime la France parce qu’Il aime l’Eglise, et que, puisqu’Il protège Son Epouse, Il veut aussi le salut de sa fille bien aimée.

   Oui, Dieu aime la France, à cause des œuvres si nombreuses qu’elle a fondées pour le salut des âmes ; œuvres qui, comme les eaux d’un fleuve majestueux, répandent de tous côtés leur action bienfaisante. Dieu aime la France, à cause des conquêtes pacifiques de ses Missionnaires intrépides, qui courent porter la lumière de la foi aux extrémités moins connues de la terre et au milieu des ténèbres de l’idolâtrie.

   Dieu aime la France, parce que, si elle n’a pas toujours correspondu à la mission qu’Il lui a confiée et aux privilèges qu’Il lui accordait pour remplir cette mission, Il n’a pas laissé sans punition son ingratitude, et Il l’a relevée par cette même main qui la châtiait.

   Dieu aime la France, parce qu’en ces temps mêmes de proscription et d’angoisses, Il appelle Ses fils auprès des sanctuaires de Montmartre, de Paray-le-Monial et de la Grotte de Lourdes, à prier, à pleurer, et à admirer les merveilles de Sa toute-puissance. Dieu n’accorde des grâces pareilles qu’aux nations qu’Il veut sauver.

   Dieu aime la France, parce qu’Il excite ses fils à manifester leur foi par le dévouement à l’Eglise, par l’attachement au Siège Apostolique et par l’amour envers le Vicaire du Christ, en les amenant, même au prix de sacrifices, auprès de la Chaire de Pierre pour entendre la parole de vérité, pour recevoir une direction dans leur œuvres, pour se ranimer dans les luttes qu’ils ont à soutenir : une nation qui a de tels fils ne doit pas périr.

   Voilà, bien, très chers fils, une consolation que Nous partageons avec vous. A votre retour en France emportez avec vous, non pas seulement l’espérance, mais la certitude que N. S. Jésus-Christ, dans l’infinie bonté de Son Cœur miséricordieux, sauvera votre patrie, en la maintenant toujours unie à l’Eglise, et que, par l’intercession de la Vierge Immaculée, Il fera se lever l’aurore de jours meilleurs ; car ce pèlerinage si édifiant fortifiera encore davantage votre foi ; il donnera un nouvel élan à votre piété et établira un grand exemple à suivre pour tous vos frères.

   Avec une même affection, Nous bénissons donc la France, et tout d’abord votre noble Episcopat, qui pour les intérêts religieux et le salut des âmes déploie un zèle infatigable. Nous bénissons avec toute l’effusion de Notre âme les Vicaires généraux, les Curés et leurs paroisses, et tous les prêtres, en priant Dieu de leur accorder les plus douces consolations dans l’exercice d’un ministère plein de fruits. Nous bénissons enfin de tout cœur vous tous, chers pèlerins, vos familles, vos amis et vos œuvres, afin que vous puissiez travailler avec un courage ardent et une pleine confiance dans le secours du Ciel. Que cette bénédiction soit une source de consolations, constantes pour tous ceux qui sont aujourd’hui présents ici, et pour ceux qui sont demeurés au loin.

PIUS PP. X

Armoiries de Saint Pie X

 

2023-86. « Aux nones d’août, époque où les chaleurs sont très grandes à Rome, une partie du mont Esquilin fut couverte de neige pendant la nuit…»

5 août,
Fête de la dédicace de la basilique de Sainte-Marie aux Neiges (cf. > ici) ;
Anniversaire du martyre du Rd Père Rouville et de ses compagnons (cf. > ici et suivants).

ange du miracle de la neige

Leçons du bréviaire
pour le
deuxième nocturne des matines
de
la fête de la dédicace de la Basilique romaine
de
Sainte Marie aux Neiges
le 5 août :

Quatrième leçon :

Sous le pontificat de Libère (1), le patricien romain Jean et sa noble épouse, n’ayant point d’enfants pour hériter de leurs biens, vouèrent leurs possessions à la très sainte Vierge Mère de Dieu, et ils lui demandèrent instamment, par des prières multipliées, de leur faire connaître, d’une manière ou d’une autre, à quelle œuvre pie elle voulait que ces richesses fussent employées. La bienheureuse Vierge Marie écouta favorablement des supplications et des vœux si sincères et y répondit par un miracle.

Cinquième leçon :

Aux nones d’août, époque où les chaleurs sont très grandes à Rome, une partie du mont Esquilin fut couverte de neige pendant la nuit. Cette nuit même, tandis que Jean et son épouse dormaient, la Mère de Dieu les avertit séparément d’élever une église à l’endroit qu’ils verraient couvert de neige, et de dédier cette église sous le nom de la Vierge Marie ; c’est ainsi qu’elle voulait être instituée leur héritière. Jean rapporta la chose au Pontife Libère, qui affirma avoir eu la même vision pendant son sommeil.

Sixième leçon :

En conséquence, Libère, accompagné de son clergé et de son peuple, vint, au chant des litanies, à la colline couverte de neige, et il y marqua l’emplacement de l’église, qui fut construite aux frais de Jean et de son épouse.
Sixte III restaura plus tard cette église (2). On la désigna d’abord sous divers noms : basilique de Libère, Sainte-Marie-de-la Crèche (3). Mais comme il existait déjà à Rome beaucoup d’églises consacrées à la sainte Vierge, on finit par l’appeler église de Sainte-Marie-Majeure, pour que, venant s’ajouter à la nouveauté du miracle et à l’importance de la basilique, cette qualification même de majeure la mît au-dessus de toutes les autres ayant le même vocable. L’anniversaire de la dédicace de cette église, rappelant la neige qui tomba miraculeusement en ce jour, est célébré solennellement chaque année.

Niccolò Soggi - Miracle de la neige 1520-24 -Musée diocésain d'Arezzo

Niccolò Soggi : le Miracle de la neige (1520-24)
[Musée diocésain d’Arezzo]

Notes :
(1) - Libère, pape de 352 à 366. La date communément admise aujourd’hui pour le miracle de la neige célébré en ce jour est celle du 5 août 358.
(2) - Saint Sixte III, pape de 432 à 440 (il est mentionné au martyrologe à la date du 19 août). La restauration et les embellissements qu’il fait entreprendre sur la basilique libérienne dédiée à la Sainte Mère de Dieu s’inscrivent dans la continuité du concile d’Ephèse (431). Les extraordinaires mosaïques que l’on admire aujourd’hui encore à l’arc triomphal de la basilique datent de son pontificat.
(3) - On n’a pas de certitude sur la date exacte à laquelle les reliques de la Crèche de Notre-Seigneur furent apportées à Rome et déposées dans l’oratoire de la crèche édifié à côté de la basilique. Pour de plus amples informations historiques, se reporter à l’article publié ici dans ce blogue Histoire de la dévotion à la Crèche.

miracle de la neige 5 août

2023-84. Trois citations de Gustave Thibon au sujet de « l’Eglise moderne » que le Prince Tolbiac pense devoir mettre en valeur…

3 août,
Fête de l’invention du corps de Saint Etienne, protomartyr ;
Mémoire de Sainte Lydie de Thyatire (cf. > ici).

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Comme je me rends compte qu’il y a, dans la Sainte Eglise, des personnes , clercs ou laïcs (et même parmi ceux qui sont dits « de sensibilité traditionnelle »), pour arriver à penser qu’on fera œuvre divine au moyen de « grands rassemblements festifs », de danses, de promiscuités desquelles toute prudence morale est absente, enfin bref d’espèces de nouveaux « woodstocks », mal camouflés par une très légère couche de vernis prétendument catholique, encouragés et bénits par des hiérarques dont la seule crainte est de déplaire au monde moderne mais dont la cervelle et le cœur sont comme des girouettes « emportées ça et là à tout vent de doctrine » (cf. Eph. IV, 14), je me permets de vous adresser ce soir, quelques citations de Gustave Thibon, qui me paraissent parfaitement adaptées à ce contexte tout aussi navrant que ridicule où des écervelés pensent voir le dynamisme et l’avenir de l’Eglise…

pattes de chatTolbiac.

Danse macabre - pape

   « Eglise moderne (telle qu’elle est représentée par certains clercs « ouverts » au monde) : une vieille femme qui essaye maladroitement de se rajeunir en se maquillant au goût du jour et dont le fard achève de souligner la décrépitude. Elle veut faire oublier qu’elle est vieille dans la mesure où elle a oublié qu’elle est éternelle. »

   « Les concessions qui mènent au cimetière » (Saint-Aulaire). Je pense à ces hommes d’Eglise qui, à force de s’ouvrir au monde pour ne pas être balayés par le monde, finissent par perdre, après le sens de l’éternel, le plus élémentaire instinct de conservation dans le temps. Corrélation très logique : on est très près de mourir quand on ne cherche qu’à durer. »

   « Post-concile : Dieu bradé à l’enseigne du moindre effort. Mais plus on consent de rabais, plus la clientèle s’évapore. Ce Dieu qui n’a plus rien de divin à donner – puisqu’on en fait le bénisseur impotent du confort et du plaisir – n’a aussi aucun sacrifice à imposer. « Venez à moi qui permets tout », lui font dire ses revendeurs. Mais on se passe si bien de sa permission ! S’il ne donne pas ce que le monde ne peut pas donner, quel besoin a-t-on de lui pour se servir en ce monde ? »

Gustave Thibon,
in « Le voile et le masque » (1985), pp. 115-116

Saint Michel gif

2023-83. De la victoire de Philippe II Auguste à Bouvines le 27 juillet 1214.

27 juillet,
Fête de Saint Pantaléon, médecin anargyre et mégalomartyr ;
Anniversaire de la victoire de Bouvines ;
Anniversaire de la mort de Turenne ;
Anniversaire de l’arrestation de Robespierre et de ses complices terroristes.

Armoiries_France_Ancien

       Le dimanche 27 juillet 1214, dans la plaine de Flandre, le Roi Philippe II, dit Auguste, affronta une coalition de princes. C’étaient l’empereur Otton IV de Brunswick, le comte Ferrand de Flandre, et Renaud, comte de Boulogne.
Au soir de la bataille, le septième souverain Capétien, avec lequel ont combattu ses barons, ses chevaliers, ses sergents, mais également des milices communales, était incontestablement vainqueur, et cette victoire devint celle de tout un peuple uni à son Roi qui défendait la liberté du Royaume, au point que certains historiens, marqués par les théories nationalistes, l’ont désignée comme une étape décisive dans « la naissance du sentiment national ».
La réalité est infiniment plus nuancée et complexe, et ne peut se résoudre à des récupérations idéologiques d’inspiration révolutionnaire, à la manière de Michelet et des livres scolaires d’histoire de feue la troisième république.

   « L’an du Seigneur 1214, quelque chose digne de mémoire est arrivé au pont de Bouvines… », ainsi commence une chronique de ce temps : chronique du règne de Philippe Auguste.
Fils tardif de Louis VII le Jeune (1120-1180) et de sa troisième épouse, Adèle de Champagne, Philippe est né le 21 août 1165. Baptisé dès le lendemain : il a reçu les prénoms de Philippe Dieudonné. Louis VII espérait ce fils depuis près de 28 ans et avait multiplié les prières, les aumônes et les pèlerinages pour obtenir la grâce d’un successeur.
Le jeune prince a reçu une éducation soignée, dans le respect de la religion et la crainte de Dieu.
La santé de son père déclinant, ce dernier fait sacrer Philippe de son vivant, le 1er novembre 1179, alors qu’il n’a pas encore 15 ans. Dès lors, il a été associé au pouvoir, et moins d’un an plus tard, la mort de Louis VII (18 septembre 1180) va faire de lui l’unique souverain d’un royaume prospère où l’on construit la cathédrale Notre-Dame au cœur de l’île de la Cité, et où Chrétien de Troyes compose une œuvre de quelque 9000 vers racontant les hauts faits des chevaliers Lancelot et Perceval le Gallois dans leur quête du Graal : ils sont inspirés par la foi, animés par le sens de l’honneur, vibrants des émotions de l’amour courtois, soumis à la règle de la fidélité…
Ces deux faits d’ordre patrimonial et culturel n’en disent-ils pas autant, sinon davantage, sur son règne que bien des dates strictement « politiques ».

Philippe Dieudonné offert par le ciel à Louis VII et Adèle de Champagne

Philippe Dieudonné, futur Philippe II Auguste, donné par le Ciel à Louis VII et Adèle de Champagne.

   En 1190, Philippe s’est croisé à Vézelay, avec Richard 1er, dit Cœur de Lion, roi d’Angleterre, et son vassal : cette croisade sera l’occasion d’une brouille durable avec le Plantagenêt. En avril 1191, après le siège de Saint Jean d’Acre, Philippe sollicitera du pape d’être relevé de son vœu de croisade et rentrera en France, où la question de la succession flamande est source de conflits risquant d’affaiblir le trône des lys.

   Contre les grands féodaux, qui résistent à l’autorité royale et veulent lui soustraire leur souveraineté sur leurs fiefs, Philippe II devra longtemps guerroyer, à l’intérieur comme aux frontières du royaume : il s’oppose à ces rois-vassaux rebelles Richard Cœur de Lion, puis son successeur, Jean sans Terre ; il rivalise avec Otton IV de Brunswick, empereur romain germanique ; il mène croisade au sud de la Loire contre les hérétiques albigeois ; dans l’intérêt du royaume, il doit même tenir tête au pape Innocent III.
Au terme, Philippe aura renforcé le prestige de la Couronne et étendu le domaine royal.
C’est alors que Rigord, moine de Saint-Denis puis du prieuré d’Argenteuil rédige une chronique intitulée « Gesta Philippi Augustii » (qui couvre la période 1186-1208), dans laquelle il attribue à Philippe le nom d’Auguste : « Parce que les Anciens, dit-il, appelaient Auguste les empereurs qui augmentaient le domaine de l’Etat et aussi parce que Philippe naquit au mois d’août »
Le chroniqueur Guillaume le Breton le qualifie de « Grand », de « Magnanime », de « fils de Charlemagne », le compare à Alexandre et à César ; un autre auteur le désigne sous le nom de « Philippe le Conquérant ».

   Ce Roi, sous le règne duquel on ne parlera bientôt plus du « Rex Francorum » (Rois des Francs) mais désormais du « Rex Franciae » (Roi de France) est encore celui qui donne une nouvelle physionomie à Paris, qu’il fortifie et protège par un mur d’enceinte – un rempart d’environ 2700 mètres de long

comportant une tour tous les 60 mètres -, et édifie la forteresse du Louvre, avec une tour de 32 mètres de haut.

Conquètes de Philippe II Auguste

Le royaume de France au début et à la fin du règne de Philippe II Auguste

   Le dimanche 27 juillet 1214, par une chaleur torride, Philippe Auguste est à Bouvines, petit village du comté de Flandre, situé sur l’ancienne voie romaine qui, entre Tournai et Lille, traverse une région marécageuse.
Le « plateau de Bouvines » domine la plaine de 10 à 20 mètres. 
Il est déboisé, couvert de champs de blé ; la terre est argileuse, et peut devenir très dure par temps sec. C’est l’un des rares espaces où la cavalerie peut se déployer ; aux alentours s’étend une forêt presque continue.

   « En ce lieu, d’un côté, indique la chronique, Philippe, le noble Roi des Francs, avait réuni une partie de son royaume. De l’autre côté, Otton, qui, persévérant dans l’obstination de sa malice, avait été privé de la dignité impériale, excommunié par le décret de la Sainte Eglise. Il avait rameuté les complices de sa malice, Ferrand, comte de Flandre, et Renaud, comte de Boulogne, ainsi que beaucoup d’autres barons, et aussi les stipendiés de Jean Sans Terre, roi d’Angleterre, avides d’argent. Tous voulaient combattre contre les Français. Animés d’une haine insatiable, les Flamands qui se préparaient à attaquer les Français avaient, pour se reconnaître entre eux plus facilement, fixé un petit signe de croix devant et derrière leur cotte, mais bien moins pour l’honneur et la gloire de la croix du Christ que pour l’accroissement de leur malice, le malheur et le dommage de leurs amis, la misère et le détriment de leur corps. Ils ne se remémoraient pas le sacré précepte de l’Eglise qui dit : « Celui qui communique avec un excommunié est excommunié. » Ils persistaient dans leur alliance avec Otton qui, par le jugement et l’autorité du pape, était pris dans les liens de l’anathème et avait été séparé des fidèles de la Sainte Mère Eglise ».

   Les Flamands, riches de leur commerce de draps, pour lequel ils ont besoin de la laine anglaise, veulent que le port de Damme, sur l’ancien estuaire du Zwin et important avant-port de Bruges, reste ouvert à tous les navires. Ils redoutent les ambitions du Capétien et contestent les devoirs de vassalité qui les lient au Roi de France. Et les comtes Ferrand et Renaud, soutenus donc par leurs sujets – bourgeois, fabricants et marchands – négocient donc avec Otton et Jean sans Terre.
La guerre de Flandre, entre Français et Flamands, ravage le pays durant l’hiver 1213 et le printemps 1214. Les Flamands envahissent l’Artois, qu’ils pillent et brûlent. Lille, qui a choisi leur parti, est incendiée par les Français : ses fortifications sont rasées, les fossés comblés. Les bourgeois tués ou vendus comme serfs…
Mais jusqu’au début de juillet 1214, les deux armées se sont évitées. L’affrontement cependant devient inéluctable.

   C’est la première bataille que va livrer un Souverain capétien. Philippe II a rassemblé 1300 chevaliers et entre 4000 et 6000 sergents à pied.
Le camp adverse peut compter sur 1500 chevaliers et 7500 sergents à pied. Chaque partie dispose en outre de plusieurs milliers de « piétons », membres de milices, de communes, qui marchent vers Bouvines pour rejoindre leurs armées.
Il ne s’agit plus seulement d’un combat entre un suzerain et des vassaux rebelles, mais de l’affirmation d’un pouvoir royal qui fait appel à tous ses sujets, chevaliers, bourgeois et vilains pour vaincre, afin de sécuriser durablement le royaume et lui assurer une stable sécurité.

Bataille de Bouvines

   En ce dimanche 27 juillet 1214, les barons français se pressent autour de Philippe : « Que les Teutons, dit le roi, combattent à pied ! Vous, enfants de la Gaule, combattez toujours à cheval ! Que nos bannières reviennent sur leurs pas : allons au-delà de Bouvines gagner les plaines de Cambrai, d’où nous pourrons marcher plus facilement sur nos ennemis. »
Il faudra emprunter la voie romaine et passera le pont de Bouvines.
L’infanterie ouvre la marche avec les bagages. Le gros des forces, avec le Roi, sont au centre. Les hommes du comte de Champagne et du duc de Bourgogne forment l’arrière-garde. L
a chaleur est intense. A midi, l’infanterie des communes françaises, avec l’oriflamme de Saint-Denis, a franchi le pont de Bouvines. On étouffe sous l’armure brûlante : le Roi quitte la sienne et prend un peu de repos près de la petite église Saint-Pierre de Bouvines, à l’ombre d’un frêne.
Comme tous ses chevaliers, il est convaincu qu’on ne se battra pas un dimanche, jour du Seigneur, jour de trêve…

   Tout à coup, on accourt : « Sire, Dieu vous garde du péril ! Armez-vous car nous aurons bientôt la bataille. Les voici près de nous qui arrivent. Ils n’ont pas respecté la trêve de Dieu ! »
Philippe bondit. Mais il entre d’abord dans l’église pour y faire une courte prière. Puis il ordonne aux communes de repasser la rivière. Lui-même va rebrousser chemin, aller au-devant de l’ennemi.
Il s’adresse à ses barons : « Vous voyez que je porte la couronne de France, mais je suis un homme comme vous, et si vous ne m’aidiez pas à la porter, je ne pourrais en soutenir le poids ! » Il l’ôte de sa tête : « La voici, je veux que vous soyez tous rois comme je le suis, et, en vérité, je ne pourrai sans vous gouverner mon royaume ! »
Philippe II monte en selle, galope à la tête de ses barons. Près de lui, Galon de Montigny porte la bannière capétienne semée de fleurs de lys.

   Les deux armées sont face à face, distantes d’un jet de flèche. Otton, tout couvert d’or, est entouré par sa garde de chevaliers saxons. La bannière d’Empire, un énorme dragon surmonté d’un aigle d’or, est portée sur un char à quatre chevaux. Philippe s’adresse encore à son armée : « Le roi Otton et son armée ont été excommuniés par le pape… L’argent qui sert à les solder est le produit des larmes des pauvres, du pillage des terres appartenant à Dieu et au clergé… Nous sommes chrétiens. Dieu nous donnera le moyen de triompher de nos ennemis qui sont aussi les siens ! »
Les chevaliers prient le roi de les bénir. Il élève les mains, implorant pour eux la bénédiction divine. Alors retentit le son des trompettes et le combat commence.

   Les piétons s’avancent. Avec leurs crochets, ils agrippent l’armure des chevaliers qu’ils désarçonnent, et lorsque le chevalier est à terre, impotent tel un gros insecte renversé sur le dos, ils cherchent à l’égorger avec des « couteaux longs et grêles » qu’ils glissent dans les jointures des armures.
A un moment, Philippe lui-même est en péril, enveloppé par la piétaille qui, avec les crochets de ses piques, le harponne et l’arrache de sa selle. On se jette sur lui, on essaie de trouver le défaut de son haubert pour lui porter un coup de dague. Galon de Montigny agite la bannière royale : des barons le rejoignent, libèrent le Roi, qui remonte en selle et charge.
Otton connaît un sort voisin. Des chevaliers français l’entourent, saisissent son cheval par la bride, donnent des coups de glaive. La lame glisse sur l’armure, crève l’œil du cheval, qui désarçonne Otton. Il réussit à fuir : 
« Nous ne verrons plus sa figure aujourd’hui », dit Philippe Auguste.
Le comte Ferrand est fait prisonnier. Renaud de Boulogne s’est placé avec quelques chevaliers saxons au milieu d’une double ligne de fantassins, rangés en cercle. C’est comme une tour humaine hérissée de piques. Elle s’ouvre pour permettre à Renaud de charger, elle le recueille et le protège quand il rompt le combat.
Il sera néanmoins pris, blessé, à la fin de la journée.

Horace Vernet - Philippe le Bel victorieux à Bouvines

Horace Vernet (1789-1863) : Philippe Auguste victorieux à Bouvines
(Château de Versailles, galerie des batailles)

   Dimanche 27 juillet 1214 : au moment où le soleil de Bouvines va disparaître à l’horizon, il ne reste sur le plateau que sept cents fantassins brabançons qui refusent de se rendre. Ils seront massacrés jusqu’au dernier.
La victoire est totale.

   Un extraordinaire mouvement d’enthousiasme populaire est suscité par la victoire royale : « Les habitants de toute classe, de tout sexe et de tout âge accourent de toutes parts pour assister à un si grand triomphe, écrit le chroniqueur Guillaume le Breton, qui a participé à la bataille aux côtés du Roi. Les paysans et les moissonneurs interrompant leurs travaux, suspendant à leur cou leurs faux et leurs petites houes, se précipitent pour voir le comte Ferrand enchaîné…. Ceci se passa sur toute la route jusqu’à ce qu’on fût arrivé à Paris. Les bourgeois parisiens et par-dessus tout la multitude des étudiants, le clergé et le peuple vont au-devant du roi, chantant des hymnes et des cantiques, témoignant de la joie qui remplit leur âme…. Durant sept nuits de suite, ils illuminent, de sorte qu’on y voit comme en plein jour… »
Cette bataille, de fait, n’a pas été qu’un affrontement féodal ; le Roi n’est plus seulement le plus grand des suzerains ; les peuples des diverses provinces de la terre capétienne ne sont plus seulement liés à des fiefs juxtaposés : ils sont tous les sujets du Roi des Lys, victorieux, liés à lui par un lien personnel d’amour filial, membres du beau Royaume de France.

   En ce 27 juillet 1214, où le pouvoir royal l’a emporté, et où le règne de Philippe Auguste est parvenu à son apogée, la réalité temporelle a rejoint la réalité spirituelle, non pour une « naissance du sentiment national », mais pour une prise de conscience quasi mystique de la grandeur de la royauté capétienne et de sa place dans les desseins de Dieu sur la France.

Voir aussi :
- Discours du Prince Louis de Bourbon à Bouvines le 27 juillet 2014, lors de la célébration du 8ème centenaire de la victoire > ici.

Horace Vernet - Bouvines - détail

2023-81. 25 juillet 1593 : l’abjuration de Sa Majesté le Roi Henri IV à l’abbaye de Saint-Denis.

Mardi 25 juillet 2023,
Fête de Saint Jacques le Majeur, apôtre ;
Mémoire de Saint Christophe, martyr ;
Anniversaire de l’abjuration d’Henri IV (25 juillet 1593) ;
Anniversaire de la mort de Louis-Célestin Sapinaud, chevalier de La Verrie (+ 25 juillet 1793).

Lettre mensuelle aux membres et amis
de la
Confrérie Royale

25 juillet 2023

Blason de la Confrérie Royale

Bien chers Membres et Amis de notre Confrérie Royale,

       Ce 25 juillet 2023 marque le 430ème anniversaire de l’abjuration de Sa Majesté le Roi Henri IV, notre premier Roi Bourbon. En guise de « lettre » mensuelle, je vous propose donc simplement ce texte, publié en 1938, par Monsieur Henri Gaubert, historien bien oublié aujourd’hui, extrait de son ouvrage « Les grandes conversions » (1938). Quoique ce texte soit un peu long, je pense qu’il suscitera votre intérêt et retiendra votre attention.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur,
Prieur.

Abjuration d'Henri IV à Saint-Denis - gravure de Franz Hogenberg

L’abjuration d’Henri IV à Saint-Denis, gravure de Frans Hogenberg (1535-1590)
l’église abbatiale est représentée en coupe afin de permettre de voir les cérémonies successives :
au premier plan, le Roi Henri se présente devant le clergé
(en particulier l’archevêque de Bourges, Renaud de Beaune, grand-aumônier de France) ;

au second plan, le Roi ayant abjuré est introduit dans l’église ;
enfin il assiste à la Sainte Messe ;
sur le côté droit on voit les réjouissances populaires que suscite cette conversion (tirs de canons, feux de joie, et danses),
et sur le côté gauche le Roi distribue du pain au peuple.

frise lys

La conversion et l’abjuration d’Henri IV

roi de France et de Navarre

par

Henri Gaubert

 « Car seul Henri de Navarre a droit au trône,
et il est d’un caractère 
trop sincère et trop noble pour ne pas rentrer dans le sein de l’Église ;
tôt ou tard, il reviendra à la vérité. » 

Paroles d’Henri III sur son lit de mort, 1589.

UNE ODIEUSE COMÉDIE ?

   Depuis trois cent cinquante ans que, sous le porche de la basilique de Saint-Denis, Henri de Bourbon a abjuré le protestantisme, nombre d’historiens s’accordent à considérer ce changement de religion comme un acte d’opportunisme politique ; acte très habile, certes, mais au fait assez déplaisant.
   Dès le XVIe siècle, cette volte-face fut jugée avec une certaine sévérité : on le connaissait bien, ce Méridional madré, subtil, moqueur… Après la Saint-Barthélemy, ne l’avait-on pas déjà vu, à la cour de Charles IX, simuler un hypocrite retour à l’Église romaine, puis, quelque temps après, rallier à nouveau les rangs des Réformés, et devenir le chef des huguenots dans le midi de la France ? À bien compter, depuis le baptême catholique reçu à sa naissance, c’était… la quatrième fois qu’Henri changeait de religion ! On ne s’étonnera donc pas si, le 25 juillet 1593, jour de l’abjuration, les ennemis du prince, aussi nombreux du côté protestant que du côté catholique, ne se privèrent point de crier à l’imposture…
   N’arrivant pas à conquérir son royaume par l’épée, à bout de ressources, et chef d’une armée-fantôme, Henri, pour en finir avec cette interminable aventure, aurait pris, semble-t-il, le parti sinon le plus noble, du moins le plus expéditif : l’abjuration.
   Depuis quatre ans, d’ailleurs, l’aristocratie de France offrait au Béarnais de le reconnaître comme roi, à la seule condition qu’il devînt catholique. À la fin d’avril 1593, Henri se décide à parler nettement de sa « conversion à la religion catholique ». Le 26 mai, le conseil du roi se prononce pour le retour d’Henri à l’Église romaine ; à cet effet, un accord se trouve bientôt établi entre le duc de Sully, huguenot déclaré, et le chancelier de Cheverny, catholique de bonne trempe. Mais le temps presse. Le surlendemain, 28 mai, nous voyons Henri convoquer pour le mois suivant l’évêque de Chartres, qui doit prendre charge de l’instruction religieuse du monarque.
   Or, en dépit de ces décisions habilement publiées, certain parti politique faisait mine de vouloir porter le cardinal Louis de Bourbon au trône de France ; le Béarnais, pour couper court à ce danger, annonça officiellement la date de son abjuration. De fait, le 25 juillet de cette même année, il optera solennellement pour la foi catholique.
   On connaît le mot un peu leste qu’à cette occasion le roi écrivait à son amie Gabrielle d’Estrées : « Ce sera dimanche que je fairay le sault périlleux 1. »
   Abjuration hypocrite, pensent les historiens susdits. Conversion sacrilège, en horreur aux protestants aussi bien qu’aux catholiques. Comédie odieuse, qui, sous des dehors religieux, cache simplement les calculs politiques d’un ambitieux. Telle est la thèse dite « historique ».
   Mais le procès mérite révision. Et si, à notre tour, nous nous permettons de procéder à une enquête impartiale à travers les pièces d’archives, nous ne tarderons pas à arriver à des conclusions… entièrement différentes 2.

Statue d'Henri IV au Pont-Neuf

La statue d’Henri IV le victorieux sur le Pont Neuf à Paris

HENRI, LE SEUL BON FRANÇAIS DU ROYAUME

   On ne saurait porter sur Henri de Bourbon un jugement équitable, si l’on ignore la déplorable mentalité des deux clans ennemis qui, à ce moment-là, déchiraient la France.
   En cette année de disgrâce 1592, on pouvait dire, en effet, qu’il n’y avait plus chez nous qu’un seul bon Français : Henri de Navarre, le roi sans royaume. Autour de lui, ou plutôt contre lui, se dressent deux organisations politiques auxquelles, d’ailleurs, il serait fort inexact d’appliquer le qualificatif de « religieuses » : le parti catholique et le parti protestant, tributaires l’un comme l’autre de l’étranger.
   Sous le drapeau catholique de la Ligue, une poignée d’ambitieux vient d’enrégimenter le menu peuple, une partie du clergé, les moines-mendiants devant lesquels on agite l’épouvantail d’un roi hérétique, et à qui on fera bien vite accepter l’ingérence du monarque espagnol Philippe II dans les affaires de notre pays. Chez les protestants, même inconscience, même carence de sens national : sous le fallacieux prétexte de « religion », l’Angleterre, dont la politique extérieure s’efforce de maintenir chez nous le maximum d’anarchie, pousse les calvinistes du Midi et de l’Ouest à se proclamer en républiques indépendantes. Ainsi donc, les dociles huguenots, travaillant sans le savoir « pour le roi d’Angleterre », tendront de toutes leurs forces à saper le pouvoir central et à démembrer notre pauvre pays.
   Dans ce désaxement général des esprits, dans ce tourbillon de folie collective, comment la France ne sombra-t-elle point dans l’anarchie, comment ne devint-elle pas la proie de l’étranger ? Tout simplement parce qu’il y eut Henri de Bourbon qui, loin de partager l’erreur antipatriotique de ses coreligionnaires les calvinistes, et l’aveuglement antifrançais de la Ligue, va donner le coup de barre providentiel et sauver le navire du naufrage.
   Mais le Béarnais ne pouvait, on le conçoit, arriver à ses fins sans l’appui d’un parti décidé à mettre un terme à la guerre civile, et à affranchir le pays de la mainmise étrangère. Or, après quelques années de guerre civile, la Ligue va commencer à se désagréger ; les meilleurs éléments se détacheront bientôt du parti, car les esprits tant soit peu rassis commencent à sentir la nécessité d’un chef, d’un roi, à la tête de l’État. Dès 1592, des ligueurs « modérés » se décident à proposer le trône à Henri de Navarre, s’il accepte de changer de religion. En cas de refus du Béarnais, on n’hésitera pas, et on offrira la couronne au cardinal Louis de Bourbon 3, le plus proche parent du roi défunt après Henri de Navarre.
   L’avertissement était clair, presque menaçant. En face des protestants qui, tels nos moscoutaires actuels, prêchaient autour d’eux l’anarchie politique, sur l’injonction d’une puissance étrangère intéressée à notre abaissement – et en face des trublions catholiques, demandant chez nous l’instauration d’une politique « fasciste » dirigée par un autocrate voisin, se dressait enfin un parti « national », poussant le cri encore actuel de « La France aux Français » !
   Pour ramener tous ces fous à la raison, le parti national formé par les catholiques modérés demandait instamment à Henri de se convertir, pour pouvoir prendre aussitôt en main les commandes de l’État. Mais, en honnête homme, Navarre n’arrivait pas à accepter ce maquignonnage : il lui répugnait d’acheter son trône par une abjuration.

Henri IV en cuirasse atelier de Barthélémy Prieur début XVIIe s - Louvre

Henri IV en cuirasse
statuette de bronze de l’atelier de Barthélémy Prieur, premières années du XVIIe siècle
Musée du Louvre

« RAISON D’ÉTAT »… ET AUTRES RAISONS

   Si Henri possédait cette âme vilement intéressée que les écrivains du temps se plaisent à nous dépeindre, comment expliquer que le Béarnais ait attendu quatre ans avant de faire sa soumission à l’Église catholique ? Puisque le trône pouvait s’acheter si facilement par une abjuration, ce soldat de fortune, qu’on nous présente sous les traits d’un athée et d’un ambitieux, n’avait qu’à accepter de se convertir dès août 1589, dès après l’assassinat d’Henri III : la France eût aussitôt acclamé son nouveau roi.
   Mais ce n’est qu’en 1593, après plusieurs années de luttes, qu’Henri change d’attitude. Il déclare alors qu’il veut se rallier à l’Église romaine : en fait, il se soumet à ce moment-là à la « raison d’État ». Sully, le sage et prudent Sully, lui-même protestant dans l’âme, n’entrevoit point, pour son ami et roi, d’autre solution que la conversion : « Il vous sera impossible – avoue-t-il à Henri – de régner jamais pacifiquement tant que vous serez de profession extérieure d’une religion qui est en si grande aversion à la plupart des grands et des petits de votre royaume 4. »
   Impossible, en effet, de sortir de ce dilemme : ou bien ces tueries continueront, ou bien le prétendant au trône devra abjurer. On devine le parti héroïque que, finalement, prendra le Béarnais, si désireux d’arrêter ces sanglantes discordes : la raison d’État va l’emporter.
   Mais à côté de cette « raison d’État », nous voyons apparaître d’autres motifs, d’un caractère profondément humain. Représentons-nous ce soldat jovial, gai, optimiste, si près du peuple, errant sans répit du sud au nord de son futur royaume, et découvrant en tous lieux l’affreuse misère des cultivateurs, les villages en ruines, les récoltes ravagées par les charges de cavalerie ou par l’incendie. Partout des scènes de détresse, de misère, de désespoir… Écoutons-le exposer, le 9 juin 1593, à M. de Pisany, les raisons qui le poussent à envisager sa prochaine conversion : il veut, dit-il, « gagner autant de temps au soulagement du peuple, où un jour d’attente peut porter un dommage inestimable » ; il veut procurer aux paysans « quelque relasche, bien plus nécessaire en cette saison de la récolte qui approche, que en nulle autre. » En vérité, nous doutions-nous que si l’abjuration ne va pas être retardée au-delà du plein été, ce sera pour essayer de sauver les blés déjà mûrs ?
   Raison d’État, conseille Sully.
   Humanité, pense Henri.
   Il y a encore un troisième motif, plus subtil à saisir, et bien plus vrai, qui pousse le Béarnais à l’abjuration. En effet, lorsque le pasteur La Faye vient tenter, auprès du prince, une dernière démarche pour lui demander instamment de ne point changer de religion, Navarre, résumant à merveille la situation, riposte avec une certaine hauteur : « Si je suivois votre advis, il n’y auroit ni roy, ni royaume en peu de temps en France. Or, je veux donner la paix à tous mes sujets. »
– « Et – ajoute-t-il après un silence, d’une façon un peu sibylline – le repos de mon âme. »

Sébastien Le Clerc -  l'abjuration d'Henri IV

L’abjuration d’Henri IV à Saint-Denis, par Sébastien Le Clerc l’ancien (1637-1714) :
l’artiste a représenté au premier plan le Roi et l’archevêque de Bourges, Renaud de Beaune, grand aumônier de France,
tandis que la scène même de l’arrière-plan figure le couronnement du pape Clément VIII qui prononcera l’absolution solennelle pour le Roi Henri IV.

UN PROTESTANT PEU DISPOSÉ À ABJURER

   Jusqu’en 1592, Henri semblait cependant fort attaché à la religion réformée. Rien, à ce moment-là, ne peut laisser supposer une abjuration, car notre héros paraît peu disposé à considérer le catholicisme comme un simple marchepied lui permettant d’accéder au trône de France. En aucune occasion, il ne cache sa répugnance devant l’éventualité d’une abjuration politique, uniquement basée sur la raison d’État. « Dieu – précise-t-il – ne punit jamais rien sévèrement que l’abus du nom de religion. Que penseront de moi les catholiques, s’ils me voyaient passer d’une religion à l’autre ? Dites à ceux qui vous mettent de telles choses en avant que la religion, s’ils ont jamais su ce que c’est, ne se dépouille pas comme une chemise, car elle est au cœur. » Noble réponse, qui prouve une conviction fortement établie.
   Pourtant, Henri ne refuse pas péremptoirement à considérer comme « possible » un changement de religion. Dès le début des tractations, il ne fait aucune objection sérieuse, mais il souligne que, le cas échéant, sa conversion devra être une réalité spirituelle, et non une manœuvre politique. La conversation qu’il engage, en novembre 1589, à Châteaudun, avec le président de Thou, nous renseigne à merveille sur ses sentiments véritables. « Ce n’étoit – explique-t-il à son interlocuteur – ni entêtement, ni obstination qui le faisoient persévérer dans une croyance où il avoit été élevé, et qu’il croyoit, jusqu’à présent, la plus orthodoxe ; mais il ne refusoit pas d’en embrasser une meilleure, lorsqu’on la luy feroit connoître ; ce n’étoit ni par violence, ni par contrainte qu’il vouloit qu’on l’y amenast, mais de bon gré et comme par la main, ainsi que la Providence l’avoit conduit sur le trône. »
   En définitive, Henri veut bien se rallier à l’Église romaine, mais « par la douceur ». Ce gai luron qui, même dans les circonstances les plus poignantes, sait lancer le mot pour rire, confie plaisamment aux Ligueurs 5 tout le plaisir qu’il éprouverait à être instruit de la doctrine romaine « autrement qu’à coup de canon ».
   Mais ce sont là promesses bien vagues, bien conditionnelles. En fait, le Béarnais reste sur ses positions. À preuve, cette réponse cinglante que, par ordre, Villeroy fit à une députation de « modérés » venant encore une fois, en 1592, offrir la couronne à Henri en échange de sa conversion : « Henri de Bourbon ne sauroit faire cette chose indigne de luy, chose qui sentiroit plutôt son athéisme que son catholicisme. »
   Situation nette : Navarre n’immolera pas sa conscience aux nécessités de la politique. Il se refuse à échanger un trône contre une abjuration. La conscience du prince béarnais n’est pas à vendre…
   Et cependant, un an après la réponse de Villeroy, Henri se convertira. Comment donc expliquer ce brusque changement de principes ? D’un seul mot : Henri de Bourbon vient de se convertir véritablement, de toute son âme, au Catholicisme. 

Henri IV s'appuyant sur la religion pour donner la paix à la France - Château de Pau

« Henri IV s’appuyant sur la religion pour donner la paix à la France »
tableau allégorique anonyme des dernières années du XVIe siècle
Château de Pau 

« MONSIEUR LE CONVERTISSEUR »

   C’est au cours de l’investissement de la place forte de Rouen, en mars-avril 1592, que les idées religieuses du Béarnais vont évoluer très nettement vers le Catholicisme, et cela sous l’influence d’un des intimes du roi, Jacques Davy du Perron, ancien huguenot passé à la religion romaine, homme charmant, subtil et disert, laïc possédant à fond non seulement une culture littéraire des plus étendues, mais encore la science des Écritures et des Pères.
   Pendant les loisirs forcés du siège, Henri se plaît à s’entretenir familièrement avec ce compagnon si agréable. Or, du Perron, excellent exégète, s’enhardit bientôt à aborder avec le prince les questions théologiques. Au cours de ces entretiens, il souligne les contradictions de la doctrine réformée, il réfute savamment les accusations lancées par les protestants contre le dogme romain. Henri, fort intéressé par cette argumentation, et désireux de voir les deux thèses se confronter, décide d’ouvrir à Mantes une sorte de conférence publique où du Perron se trouvera aux prises avec quatre pasteurs huguenots, soutenus par dix de leurs collègues. Après sept jours de discussion, la victoire resta, de l’avis unanime, au champion catholique. Malheureusement, le roi, empêché, ne put assister en personne à ce tournoi mémorable ; cependant, quelque temps après, il ne manquera pas d’être frappé par la conversion à la religion romaine de deux adversaires acharnés de du Perron : le baron de Salignac, et Pierre-Victor Gayet, pasteur protestant et ancien précepteur du prince béarnais.
   Dans ces conditions, on ne saurait s’étonner de voir, au début de juin 1593, Henri de Bourbon présider une seconde controverse du même genre, à Mantes également. « L’Église et le Salut » : tel était le thème. Du côté protestant, les pasteurs Rotan et Morlas. Du côté catholique, l’inévitable du Perron, à ce moment entré dans les ordres, et nouvellement nommé évêque de Dreux. La discussion promettait d’être chaude. Du Perron démontra, en s’appuyant sur les textes sacrés, que l’Église romaine, la plus ancienne des deux, reste « en quelque manière et respect » l’Église de Jésus-Christ ; en dépit de l’argumentation serrée de ses deux adversaires, il parvient à convaincre l’auditoire qu’il eût mieux valu réformer les abus du Catholicisme d’alors, plutôt que de créer un schisme, compliqué de luttes fratricides. Car – poursuivait-il – on trouve certainement dans l’Église catholique « les moyens de faire son salut ». La défaite des pasteurs s’avéra si complète que le huguenot Agrippa d’Aubigné ne trouve, pour expliquer le succès de du Perron, qu’une seule raison : Rotan et Morlas avaient été « achetés » en sous-main par le parti romain. Assertion toute gratuite, d’ailleurs absolument inadmissible quand on songe que Rotan, en particulier, ne cessa jusqu’à sa mort de mener un rude combat contre le « papisme ». D’Aubigné eût été bien en peine d’expliquer la motion que vota, à l’adresse des deux pasteurs de Mantes, le synode de Montauban, les remerciant « de tout ce qu’ils avoient faict pour maintenir la vérité dans la conférence de Mantes », et « de la conduite qu’ils y avoient tenue ».
   Dès cet instant, Henri de Navarre se résout à abjurer. Jusqu’alors, la « raison d’État », qu’agite devant lui le protestant Sully, ne lui était pas apparue suffisante pour qu’il changeât de religion. Pour le décider, il ne fallut rien de moins que les arguments historiques et théologiques de son ami du Perron, lequel, de ce jour, sera ironiquement, mais justement appelé par les Réformés « Monsieur le Convertisseur ».
   À la lumière de ces brèves explications, il est maintenant plus aisé d’apprécier la pleine sincérité de l’aparté d’Henri IV, répondant, comme nous l’avons vu, au pasteur La Faye, qu’il voulait assurer également « le repos de son âme ».

Henri IV en prière estampe de Léonard Gaultier

Henri IV en prière
estampe de Léonard Gaultier (1561-1635) publiée en 1610 dans l’ouvrage de Jean Metezeau « L’Instruction chrestienne »

DERNIERS SCRUPULES

   Au cours des deux jours qui précédèrent l’abjuration solennelle, ce roi, que les pamphlets de l’époque se plaisent à nous présenter comme un homme parfaitement dénué de scrupules religieux, demande qu’on lui ménage à l’abbaye de Saint-Denis de sérieux entretiens avec les théologiens catholiques. Car il veut être éclairé sur quelque points dogmatiques qui lui semblent encore assez difficiles à accepter.
   Tout d’abord, le 23 juillet 1593, au début de la matinée, Henri converse longuement, et en particulier, avec quatre évêques, parmi lesquels nous ne saurions nous étonner de retrouver du Perron, « Monsieur le Convertisseur ». Le monarque assure à ses interlocuteurs qu’il reste bien persuadé de la vérité de la religion romaine dans son ensemble ; ce qui ne l’empêchera pas, durant cinq heures d’horloge, de discuter vivement sur certains points secondaires auxquels il éprouve quelque peine à adhérer : le culte des saints, la confession auriculaire, l’autorité du Pape, le purgatoire, les prières pour les morts. « Vous ne me contentez pas bien – répétait-il en pleurant – et ne me satisfaites pas comme je désirays. Je mets aujourd’hui mon âme entre vos mains ; je vous en prie, prenez-y garde, car là où vous me faites entrer, je n’en sortiray que par la mort ; de cela, je vous le jure et proteste. »
   Par contre, en ce qui concerne la Présence réelle dans le sacrement de l’autel, nulle objection de sa part : « Je n’en suys point en doute, car je l’ay toujours ainsi creu. »
   À la fin de l’entretien, il se déclare d’accord, de bonne foi, sur tous les points, et « promet de se conformer du tout (lisez : entièrement) en la foy de l’Église catholique, apostolique et romaine ».
   Les discussions de l’après-midi furent plus agitées encore.
   Les théologiens, qui viennent d’arrêter le libellé de l’abjuration, la présentent au roi ; celui-ci la lit très attentivement, puis la repousse. Jamais, assure-t-il, il ne signera certains de ces articles, par exemple l’engagement de ramener à la foi catholique les hérétiques sur lesquels, en tant que souverain, il a autorité.
   Quelques prélats commencent alors à s’impatienter, et il faut le doigté, l’habileté de du Perron pour arriver à un arrangement : en définitive, le roi l’emporte, la formule ne portera pas les points discutés, qui d’ailleurs sont en marge de la doctrine catholique.
   Henri, qui vient de passer une très dure journée, rentre alors dans ses appartements. Ce jour-là est un vendredi : au passage, le prince ordonne à son maître d’hôtel de lui préparer un repas maigre.
   Le lendemain, 24 juillet, le Béarnais convoque les vingt prélats venus à Saint-Denis pour la cérémonie officielle. Il s’excuse auprès d’eux d’avoir, la veille, tenu ce petit conseil avec seulement quatre évêques, cela, explique-t-il, afin de rendre la discussion plus rapide, plus aisée. Enfin, devant ces dignitaires, il renouvelle ses promesses de la veille, et fait part de son désir ardent, sincère, de se rallier à l’Église romaine.
   Aussitôt après, dans la joie générale, la vieille abbaye de Saint-Denis se prépare à encadrer dignement cette solennité unique dans les annales de notre histoire : l’abjuration d’un roi.

abjuration d'Henri IV Georges Rouget - Pau musée des Beaux-Arts

L’abjuration d’Henri IV devant le portail de l’abbatiale de Saint-Denis le 25 juillet 1593
toile de Georges Rouget (2ème quart du XIXe siècle) au musée des Beaux-arts de Pau

L’ABJURATION (25 juillet 1593)

   Vers les huit heures du matin, les prélats assemblés sous le porche de l’abbatiale de Saint-Denis virent arriver, « tambours battants, trompettes sonnantes », un magnifique cortège composé de troupes françaises, suisses et écossaises, précédant quelque cinq cents seigneurs et gentilshommes. Peu après, apparaissait, monté sur un superbe destrier, Henri de Bourbon, habillé de satin blanc, avec sur les épaules un manteau noir. Bientôt, le prince, après avoir mis pied à terre, montait les degrés du grand escalier et s’inclinait respectueusement devant Renaud de Beaune, archevêque de Bourges et grand-aumônier de France, lequel, mitré et crossé, attendait, assis dans un grand fauteuil de damas blanc, le royal pénitent.
   « Qui êtes-vous ? » demanda l’archevêque. – « Je suis le roi », repartit Henri. – « Que demandez-vous ? » interrogea à nouveau le grand-aumônier. – « Je demande – continua le prince – à être reçu au giron de l’Église catholique, apostolique et romaine. » – « Le voulez-vous ? » – « Oui, je le veux et le désire. »
   En disant ces mots, Navarre s’agenouilla, affirma sa résolution de vivre et de mourir en l’Église catholique, de la protéger, de la défendre. Puis, il remit à l’archevêque sa profession de foi orthodoxe, ainsi que sa promesse d’obédience au Souverain Pontife. Renaud de Beaune prononça alors la sentence qui, sous réserve des droits du Pape 6, donnait à Henri absolution de son crime d’hérésie et d’apostasie, le réintégrant ainsi dans la communion des fidèles. Alors, s’ouvrirent les portes de la basilique ; l’archevêque s’avança pour aider le roi à se relever, et le conduisit solennellement à l’autel.
   Devant le tabernacle, Henri, agenouillé à nouveau, et tenant la main sur le livre des Évangiles, réitéra son serment. Après quoi, il fut conduit processionnellement derrière le chœur, où le grand-aumônier entendit sa confession.
   Aussitôt après commença la messe, célébrée pontificalement par l’évêque de Nantes, Philippe du Bec. Henri ne communiera pas ce jour-là 7 ; mais il sut néanmoins édifier l’assistance par sa piété profonde ; il suivit avec ferveur tout l’office ; et, au moment de l’élévation, on remarqua fort l’humble prosternation du monarque qui, à plusieurs reprises, battit sa coulpe 8.
   Dans l’après-midi, le roi assista aux vêpres, écouta un sermon de l’archevêque de Bourges, et, après la cérémonie, « monta à cheval pour aller à Montmartre rendre grâce à Dieu en l’église du dict lieu », tandis que la multitude, accourue de Paris en dépit de l’interdiction faite par le duc de Mayenne, chef de la Ligue, « crioit d’allégresse : Vive le roy ! Vive le roy ! Vive le roy ! »
   À la vérité, ce qu’on fêtait là, c’était la ruine imminente de la Ligue et de l’influence espagnole, c’était la fin prochaine des rébellions protestantes et des intrigues anglaises.
   Le parti national peut maintenant se réjouir : il possède bien, ainsi que l’avait réclamé la Satire Ménippée, « un roy déjà faict par la nature, né au vray parterre des fleurs de Lys de France, rejetton droict et verdoyant au tige de saint Louys ».

Henri GAUBERT,
in « Les grandes conversions », éd. Spes, 1938

frise lys


1 Lettres-missives, VIII, 821.

2 Je ne voudrais pas insinuer par là que je suis le premier à présenter le processus psychologique de la conversion d’Henri IV sous son véritable jour historique. Les chercheurs intéressés à cette question devront se reporter à l’ouvrage, merveilleux de clarté et de profondeur, du R. P. Yves de la Brière : La conversion d’Henri IV, Paris, 1901.

3 Louis de Bourbon, quoique revêtu de la pourpre cardinalice, n’avait pas encore reçu les ordres sacrés : il pouvait donc accepter la couronne et se marier.

4 15 février 1593.

5 Négociations de 1590.

6 Henri, ayant été excommunié par le Pape, ne pouvait être officiellement réintégré dans l’Église que par la Cour romaine. Mais cette dernière, gênée à ce moment-là par les influences espagnoles, ne croira devoir promulguer l’absolution qu’en 1695. On s’en souvient, Henri avait déjà quitté par deux fois l’Église catholique. Voir : L’Absolution de Henri IV à Rome, par le R. P. Yves de La Brière ; Études, tome 101, pp. 64 et suivantes, 128 et suivantes (5-20 octobre 1904).

7 Henri ne communiera que sept mois plus tard, au cours de la cérémonie du couronnement à Chartres. Reims se trouvait encore aux mains des Ligueurs. Henri IV fut, de ce fait, un des rares Capétiens qui ne reçut pas le sacre à Reims.

8 Il faut bien dire ici un mot de la célèbre boutade, apocryphe comme de nombreux « mots historiques », que la malignité publique prêta, et prête encore, à Henri IV : « Paris vaut bien une messe ! » L’abjuration est de 1593 ; or, le premier texte rapportant ce mot fameux date de… soixante-neuf ans plus tard ! (Les Caquets de l’accouchée, 1662.) De plus, cet auteur, peu sûr, place le « mot » dans la bouche de Sully. À la fin du XVIIe siècle, on l’attribuera à Henri IV.

Armes de France & Navarre

2023-80. « C’est ainsi que Jésus a coutume d’accorder Ses dons : en plénitude ! »

22 juillet,
Fête de Sainte Marie-Magdeleine (cf. > ici, et > ici)

       La péricope évangélique lue au missel traditionnel à l’occasion de la fête de Sainte Marie-Magdeleine est celle de l’onction de Notre-Seigneur par la pécheresse lors du repas chez Simon le Pharisien (Luc VII, 36-50) avec l’enseignement que le divin Maître prodigue alors au sujet des dispositions du cœur – l’humble contrition et la gratitude – qui se doivent trouver chez les pénitents : « Lequel aimera davantage ?… Ses nombreux péchés lui sont pardonnés, puisqu’elle a montré beaucoup d’amour… »

   Ce récit évangélique a non seulement inspiré de nombreuses œuvres d’art (comme le tableau de Rubens que nous reproduisons ci-dessous), mais il a également suscité une abondante littérature spirituelle (prédication, méditations, commentaires… etc.).
En ce jour de la fête de la pécheresse pénitente qui s’est ensuite montrée l’une des plus fidèles et des plus ardentes parmi les disciples de Notre-Seigneur, nous proposons comme aliment de votre prière de larges extraits d’une ancienne homélie syriaque du VIème siècle sur le pardon accordée à la future Sainte Marie-Magdeleine.

Pierre-Paul Rubens - Repas chez Simon le Pharisien

Pierre-Paul Rubens (1577-1640) : le repas chez Simon le Pharisien (entre 1618 et 1620)
[Saint-Petersbourg, musée de l'Ermitage]

« C’est ainsi que Jésus a coutume d’accorder Ses dons : en plénitude ! »

- Extraits d’une homélie d’un auteur syriaque anonyme du VIème siècle -
cf. Luc VII, 36-50

   L’amour de Dieu, sorti à la recherche des pécheurs, nous est proclamé par une femme pécheresse. Car en appelant celle-ci, c’est notre race tout entière que le Christ invitait à l’amour ; et en sa personne, ce sont tous les pécheurs qu’Il attirait à Son pardon. Il parlait à elle seule ; mais Il conviait à Sa grâce la création tout entière. Personne d’autre ne L’a persuadé de lui donner la main pour qu’elle vienne au pardon. Seul Son amour pour celle qu’Il a modelée L’a persuadé, et Sa grâce L’a prié pour l’œuvre de Ses mains.

   Qui ne serait touché par la miséricorde du Christ, Lui qui, pour sauver une pécheresse, accepta l’invitation d’un pharisien ?
A cause de celle qui est affamée de pardon, Il veut Lui-même avoir faim de la table de Simon le pharisien, alors que, sous l’apparence d’une table de pain, il avait préparé à la pécheresse une table de repentance.

   Le pasteur est descendu du ciel vers la brebis perdue, pour reprendre, dans la maison de Simon, celle qu’avait enlevée le loup rusé. Chez Simon le pharisien, Il a trouvé celle qu’Il cherchait.

   Quand elle voyait les pieds de Jésus, la pécheresse les regardait comme le symbole de Son Incarnation, et quand elle les saisissait, elle croyait saisir son Dieu pour ainsi dire au niveau de Sa nature corporelle. Par ses paroles, elle Le priait comme son Créateur. Car il est clair que ses paroles, quoique non écrites, se laissent deviner par ses gestes. Celle qui, de ses larmes, baigne les pieds de Jésus, les essuie avec ses cheveux, verse sur eux un parfum de grand prix, ne peut que dire des paroles correspondant à ses actes. C’est une prière qu’elle présente au Dieu fait chair : en lui apportant son humilité, elle témoigne de sa confiance en Lui. Et par le dialogue qu’ils ont entre eux, elle apporte la preuve qu’Il est réellement homme.

   Telles furent donc les paroles adressées à Jésus par la pécheresse, quand elle se tenait à Ses pieds. Lui, dans Sa patience, les écoutait, et Il proclamait par Son silence la constance de la femme. Par Sa patience, Il proclamait l’endurance de cette femme, et par Sa bienveillance Il approuvait son audace. Il montrait que c’était justice qu’elle obtienne de Lui le pardon devant tous les invités. Il ne parla pas aussitôt, et, quand Il parla, Il ne dit qu’une parole. Mais, par cette parole, Il détruisit les péchés, supprima les fautes, chassa l’iniquité, accorda le pardon, extirpa le péché, fit germer la justice. Son pardon apparut soudainement au-dedans de son âme et en chassa les ténèbres du péché : elle fut guérie, elle reprit sens et, avec la santé, recouvra la force. Car c’est ainsi que Jésus a coutume d’accorder Ses dons : en plénitude. Il le fait aisément puisqu’Il est le Dieu de l’univers.

Afin qu’il en soit ainsi pour toi, prends conscience que ton péché est grand, mais que désespérer de ton pardon, parce que ton péché te semble trop grand, c’est blasphémer contre Dieu et te faire du tort à toi-même. Car s’Il a promis de pardonner tes péchés quel que soit leur nombre, vas-tu Lui dire que tu ne peux pas Le croire et Lui déclarer : « Mon péché est trop grand pour que Tu le pardonnes. Tu ne peux pas me guérir de mes maladies » ? Là, arrête-toi et crie avec le prophète : J’ai péché contre Toi, Seigneur (2 Reg. XII, 13). Aussitôt Il te répondra : « Moi, J’ai passé par-dessus ta faute ; tu ne mourras pas. »
A Lui, la gloire par nous tous, dans les siècles. Ainsi soit-il !

« Homélies anonymes sur la pécheresse », 1, 4.5.19 26.28 ;
d’après la traduction du syriaque par F. Graffin, dans « L’Orient syrien », 7, 1962, 179.181 189.193.195.

Pierre-Paul Rubens - Repas chez Simon le Pharisien - détail

2023-74. Quelques mots sur la façon d’accompagner les gens qui assistent à la Messe traditionnelle pour la première fois.

Quatrième dimanche après la Pentecôte (cf. > ici & > ici).

       Avec l’aimable autorisation du président du Cercle d’Action Légitimiste, responsable des publications du site Vexilla Galliae, que nous remercions chaleureusement, nous reproduisons ci-dessous l’une de leurs publications : le sermon d’un prêtre, missionnaire au Japon, redonnant très simplement aux fidèles quelques principes pour l’accueil et l’accompagnement des personnes qui découvrent la Messe latine traditionnelle et se trouvent un peu « perdues » au départ. 

   Nous sommes tous appelés un jour où l’autre à faire connaître et aimer ce rite vénérable de la Messe romaine traditionnelle à l’une ou l’autre de nos relations : nous devrions même nous sentir obligés de faire découvrir aux catholiques qui ne connaissent que l’indigence de la liturgie réformée postconciliaire, les richesses multiséculaires de la « Messe des saints », si injustement combattue, voire persécutée, par ceux-là même qui la devraient promouvoir parce qu’elle est la parfaite expression, elle, de l’authentique doctrine catholique…

La sainte messe catholique - Mysterium Fidei

       En ce dimanche, j’aimerais vous dire quelques mots sur la façon d’accompagner les gens qui assistent à la Messe traditionnelle pour la première fois. En effet, cela peut être difficile pour des gens qui n’en ont pas l’habitude. Les non-catholiques ne connaissent pas ou peu le catéchisme catholique, donc ils ne comprennent pas ce qui se passe à la Messe, et les catholiques qui ont l’habitude du Novus Ordo ne savent généralement pas comment suivre la Sainte Messe de toujours. L’expérience montre qu’il y a trois points qu’il est utile d’expliquer à ceux qui découvrent la Messe traditionnelle : pourquoi on utilise le latin, pourquoi le prêtre tourne le dos aux gens, et comment suivre la Messe.

I – L’usage du latin

   Souvent, quand on dit aux gens que la Messe est en latin, ils pensent qu’il est nécessaire de parler le latin couramment pour pouvoir y assister. Il y en a qui pensent que même le sermon est en latin… Donc, s’ils ne parlent pas latin, ils se disent que cela ne sert à rien d’assister à une telle Messe. Ainsi il y a des prêtres qui se moquent de la Messe traditionnelle et découragent les fidèles d’y assister en disant : « Est-ce que vous parlez latin ? Non ! Alors pourquoi vouloir assister à une Messe à laquelle vous ne comprendrez rien ?… ».

   C’est pourquoi, quand vous amenez quelqu’un à la Messe traditionnelle pour la première fois, il est bien de donner une petite explication au sujet de l’utilisation du latin.

   Il y a deux raisons simples à donner et simples à comprendre. Pendant la Messe, on parle à Dieu, le Créateur du ciel et de la terre. En raison de la très grande dignité de Dieu, et par respect pour Lui, on ne Lui parle pas en utilisant la langue de tous les jours, mais on utilise un langage particulier, un langage sacré : le latin. Ceci est facile à comprendre pour des Japonais, puisqu’ils utilisent, pour marquer le respect envers un supérieur, un vocabulaire particulier comme : irasshairu, ossharu, goran ni naru, meshiagaru, etc. À la Messe traditionnelle, c’est la même idée : on montre du respect envers Dieu en employant une langue différente de la langue habituelle.

   On utilise aussi le latin à la Messe traditionnelle pour montrer l’unité de l’Église catholique. En effet, le fait de parler une même langue indique qu’on appartient à un même peuple. Partout dans le monde, les catholiques disent la Messe traditionnelle en latin, en utilisant les mêmes mots [note du Refuge ND de Compassion : ce prêtre parle évidemment des catholiques de rite latin, car il y a des catholiques qui célèbrent dans des rites orientaux dont la liturgie n’est évidemment pas en langue latine]. Ceci indique que tous les catholiques du monde forment un seul peuple, unis entre eux et unis à Dieu par le Sacrifice de la Messe.

   Après avoir expliqué ainsi simplement pourquoi on utilise le latin à la Messe traditionnelle, il est bon de préciser que pour assister à Celle-ci, il n’est pas nécessaire de parler latin comme on parle sa langue maternelle. Les prières de la Messe sont toutes traduites dans les langues vulgaires. Les phrases latines que l’on dit pendant la Messe sont courtes et peu nombreuses, de telle sorte qu’on apprend vite à les comprendre et à les prononcer. Et même si on n’arrive pas à dire ces phrases en latin, cela n’a pas beaucoup d’importance. L’essentiel quand on assiste à la Messe n’est pas de parler un latin parfait, mais d’offrir Jésus Christ en son cœur, avec le prêtre.

II – Le prêtre qui tourne le dos aux fidèles

   Les gens qui découvrent la Messe traditionnelle demandent souvent pourquoi le prêtre tourne le dos aux fidèles ; pourquoi il prie à voix basse de telle sorte qu’on ne peut pas l’entendre. Les catholiques qui ne connaissent que la nouvelle Messe ont l’habitude de voir le prêtre tourné vers eux et de l’entendre dire à voix haute toutes les prières.

   Pour répondre à ces interrogations, il suffit de rappeler que le prêtre est un médiateur entre Dieu et les hommes. Le prêtre offre le sacrifice à Dieu, donc il est tourné vers Dieu et non vers les fidèles. Le prêtre offre le sacrifice à Dieu au nom des fidèles, donc il se place devant eux comme leur chef et leur représentant. Le prêtre instruit les fidèles au Nom de Dieu et leur communique les grâces divines. C’est pourquoi régulièrement pendant la Messe, il se tourne vers les fidèles. Le prêtre ne tourne donc pas le dos aux fidèles, mais avec les fidèles, il fait face à Dieu pour Lui offrir le sacrifice de la Messe.

III – Comment en pratique suivre la Messe

   Les gens qui découvrent la Messe traditionnelle ne savent généralement pas comment la suivre. Ils ne savent pas utiliser le livret de Messe ; ils ne savent pas quand il faut s’agenouiller, se lever, s’asseoir ; ils ne savent pas comment recevoir la Sainte Communion sur la langue. Donc ils ont besoin d’être accompagnés, au moins les premières fois.

   Si donc vous amenez des personnes à la Messe pour la première fois, ou si vous voyez des personnes venir assister à la Messe pour la première fois, ne les laissez pas seuls, mais proposez-leur de les aider à suivre la Messe. Donnez-leur un livret de Messe, et indiquez-leur régulièrement quelles prières le prêtre est en train de dire. Il ne suffit pas de leur donner un livret de Messe, car généralement ils ne savent pas comment l’utiliser et rapidement ils sont perdus. Indiquez-leur aussi au fur et à mesure de la Messe quand il faut se mettre à genoux, s’asseoir, se lever, etc. Si ces personnes sont des catholiques et veulent recevoir la Communion, aidez-les à se diriger vers le banc de Communion.

   Veuillez noter qu’il y a des personnes qui préfèrent regarder la Messe, plutôt que de lire les prières dans le livret de Messe. Dans ce cas-là, il ne faut pas les forcer à lire le livret. L’essentiel est de s’unir de pensée et de cœur au sacrifice de Jésus sur la Croix et d’offrir ce sacrifice à la Trinité Sainte en même temps que le prêtre. Lire les prières de la Messe est une excellente façon d’assister à la Messe, recommandée par le saint pape Pie X, mais ce n’est pas une obligation.

Conclusion

   Chers amis, pour que les âmes comprennent que la Vérité et la Vie éternelle se trouvent dans la Foi catholique telle qu’elle nous a été transmise depuis Jésus-Christ jusqu’à aujourd’hui, pour qu’elles comprennent que la Messe est le moyen qui nous mène à la Vie éternelle, il faut que ces âmes soient touchées par la grâce de Dieu. Donc, en même temps que vous accompagnez quelqu’un dans sa découverte de la Sainte Messe, en votre cœur, priez beaucoup la Très Sainte Vierge Marie d’obtenir pour cette personne une telle grâce. Amen.

Un prêtre missionnaire au Japon
        Source > ici

Messe latine traditionnelle dans la chapelle de l'ancienne Visitation du Puy en Velay

2023-68. Coquelicots et bouquet spirituel.

Jeudi 8 juin 2023 au soir,
Fête du Très Saint Sacrement ;
Anniversaire de la mort de SM le Roi Louis XVII (cf. > ici et > ici).

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Me voici à nouveau auprès de vous, ce soir, par l’intermédiaire de ce modeste blogue dans l’unique dessein de vous apporter une simple diversion aux nouvelles affligeantes de l’actualité de l’Eglise et du monde, qui sont l’occasion de tant d’inquiétudes, de tant de souffrances, de tant de tristesses…

   Bien sûr, ni mon papa-moine ni moi-même ne nous cachons la réalité et surtout la gravité d’une situation qui empire de jour en jour ; bien sûr, nous ne sommes pas insensibles aux misères et aux douleurs de tant de cœurs ; bien sûr encore, nous portons devant Dieu, nous déposons dans le Cœur douloureux et immaculé de Notre-Dame de Compassion, et remettons à l’intercession de notre chère Sainte Philomène, dans le silence et la solitude bénis de notre thébaïde, les intentions de « ceux qui sont dans la souffrance, qui luttent contre les difficultés et qui ne cessent de tremper leurs lèvres aux amertumes de cette vie » (cf. > ici). Et il y en a tant qui nous sont recommandées !

   Mais sans éluder tout cela, parce que nous avons conscience d’être en quelque sorte privilégiés en vivant dans notre hameau reculé et préservé, je souhaite simplement vous apporter en plus un peu d’émerveillement et, s’il est possible, un peu de consolation.

   Saviez-vous que l’un des symboles du coquelicot est la consolation ?
Ah ! Les coquelicots !
Voilà quelques semaines déjà qu’ils ont commencé leur flamboyante floraison tout autour de notre Mesnil-Marie : les voir, chaque jour, déployer leurs pétales, est un enchantement, une joie, une élévation de l’âme par la beauté, un motif d’action de grâces et de louange, un tremplin pour la contemplation.

   J’ai demandé à Frère Maximilien-Marie d’en faire des photographies, et j’en ai sélectionné quelques unes pour vous les offrir ce soir, en les émaillant de quelques belles citations qui nourrissent mes réflexions en ce moment.

1 - Le Mesnil-Marie aux coquelicots - blogue

« L’âme n’est pas faite pour le bruit, mais pour le recueillement ;
et la vie doit être une préparation du Ciel,
non seulement par les œuvres méritoires,
mais par la paix et le recueillement en Dieu… »

Saint Charles de Jésus, lettre du 16 janvier 1912

Sacré-Coeur Foucauld

2 - coquelicots du Mesnil-Marie

« L’amour de Dieu, de sa nature, est silencieux, contemplatif ;
il écoute, il reçoit.
En un mot, c’est Marie aux pieds de Jésus,
c’est l’enfant sur le cœur de sa mère, c’est l’ange devant Dieu.
Cet amour de son essence est contemplatif. »

Saint Pierre-Julien Eymard

Sacré-Coeur Foucauld

3 - coquelicots du Mesnil-Marie

« La foi est un rayon du Ciel
qui nous fait voir Dieu en toutes choses,
et toutes choses en Dieu. »

Saint François de Sales

Sacré-Coeur Foucauld

4 - coquelicots du Mesnil-Marie

« Nous ne pouvons pas toujours offrir à Dieu de grandes choses,
mais nous pouvons à tout instant Lui en offrir de petites, avec un grand amour. »

Sainte Jeanne-Françoise de Chantal

Sacré-Coeur Foucauld

5 - coquelicots du Mesnil-Marie

« Rien ne suscite davantage l’amour chez celui qui est aimé,
que de comprendre combien celui qui l’aime désire fortement son amour. »

Saint Jean Chrysostome

Sacré-Coeur Foucauld

6 - coquelicots du Mesnil-Marie

« Dieu veille à tout, bien mieux que nous ne saurions le faire ;
Il sait à quoi chacun est propre.
Lorsqu’on a déjà donné à Dieu toute sa volonté,
à quoi sert de se gouverner soi-même ? »

Sainte Thérèse de Jésus

Sacré-Coeur Foucauld

7 - coquelicots du Mesnil-Marie

« Dieu aime mieux l’humilité dans les choses mal faites,
que l’orgueil dans celles qui sont bien faites. »

Notre Bienheureux Père Saint Augustin

Sacré-Coeur Foucauld

8 - coquelicots du Mesnil-Marie

« Il faudrait être dans un perpétuel chagrin
s’il fallait se chagriner de toutes les fautes qu’on fait ;
on doit se contenter de s’en humilier devant Dieu
et d’accepter les mortifications qu’elles vous causent. »

Saint Claude de La Colombière

Sacré-Coeur Foucauld

9 - coquelicots du Mesnil-Marie

« Celui-là est tout-puissant qui se défie de lui-même
pour se confier intérieurement à Moi. »

Paroles de N.S.J.C. à Sainte Marguerite-Marie

Sacré-Coeur Foucauld

       Voilà, mes chers Amis : j’espère que ces fleurs de coquelicots jointes à ce bouquet spirituel de citations de quelques grands saints dont Frère Maximilien-Marie m’apprend à savourer les écrits avec encore plus d’avidité que les meilleures croquettes, apporteront quelque force et consolation à vos âmes pour avancer avec persévérance, patience et confiance dans les voies montantes de la perfection chrétienne…

Tolbiac

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