Archive pour la catégorie 'Lectures & relectures'

2023-30. Entrons avec confiance et ferveur dans le mois de Saint Joseph !

1er mars,
Commencement du mois de Saint Joseph.

       Vous savez, chers Amis, à quel point nous aimons les anciennes images de dévotion – en particulier les canivets -, que nous collectionnons avec une admiration quasi enfantine.
Ainsi, pour commencer le mois dédié à honorer avec une ferveur encore plus intense le père adoptif de notre divin Rédempteur, nous sommes heureux de partager avec vous ci-dessous la reproduction de l’une de ces images qui nous enchantent :

Canivet Saint Joseph - recto

Allez à lui pour tous vos besoins temporels et spirituels
Saint Joseph
Patron de la Sainte Eglise Catholique Apostolique et Romaine
« Je vous ai mis à Ma place dans son cœur ! »

Ch. Letaille Editeur Pontifical - Rue Garancière, 15, Paris

Texte imprimé au verso de l’image :

Jésus :

Adressez-vous à lui, et faites tout ce qu’il vous dira      

  »Ce que le roi Pharaon disait à son peuple en lui montrant le fils de Jacob qu’il élevait à la première dignité de son empire, Moi, votre Roi, je vous le répète, en vous montrant celui dont le premier Joseph n’était que la figure :
- Dans les dangers publics ou particuliers qui vous pressent, allez à lui, et faites ce qu’il vous dira ; car mon Père céleste a réservé la glorification de son grand serviteur pour vos jours de luttes et d’épreuves.
- Dans la détresse universelle où vous a jeté l’oubli de Dieu, dans cet état de famine spirituelle où tant d’âmes défaillent et meurent à la grâce, la Providence divine vous tenait en réserve l’Econome fidèle, qui, après avoir été le Père nourricier de Son Fils, était destiné à être encore le Père nourricier de Son Eglise.
- Elle n’y met qu’une condition, c’est que vous receviez avec foi cette paroleque Je vous répète : Allez à Joseph… et que vous confiant à lui comme Je M’y suis confié Moi-même, vous receviez par lui le pain matériel et spirituel de chaque jour ».

Le fidèle :

  « Docile à la voix de Jésus et de Son Eglise, je vénère en vous, ô Saint Joseph, le Gardien de la Sainte Famille et le patron de l’Eglise universelle.
- Priez pour nous Celui qui ne peut rien vous refuser… Montrez-nous votre puissance… Nous recourons à vous avec une confiance que vos bienfaits augmentent chaque jour.
- Nos besoins temporels sont grands !… Mais Notre-Seigneur ayant dit de chercher d’abord le règne de Dieu, nous promettant le reste par surcroît, nous vous demandons avant tout : l’horreur du vice, et l’amour de la vertu… le courage de faire le bien et de repousser le mal… un attachement inébranlable à l’Eglise Romaine et la joie immense d’être témoins de son triomphe ici-bas, en attendant le beau jour où les vicissitudes de notre misérable terre feront place aux ineffables joies de la Paix et de l’Amour dans le royaume de l’éternelle Charité ».

frise avec lys naturel

Quelques une des publications de ce blogue relatives à Saint Joseph :

- Prières pour le mois de Saint Joseph > ici
- Salutations de Saint Jean Eudes à Saint Joseph > ici
- Neuvaine pour préparer la fête de Saint Joseph > ici

- Méditation sur les sept douleurs de Saint Joseph > ici
- Méditation sur la vie de foi de Saint Joseph > ici
- Cantique « Saint Joseph, ô pur modèle » > ici

- Sainte Thérèse d’Avila et Saint Joseph > ici
- La consécration de la France à Saint Joseph par SM le Roi Henri V > ici
- Le sanctuaire de Saint Joseph de Bon Espoir > ici

- BD « Ite ad Joseph – Allez à Joseph! » > ici
- BD « Saint Joseph et le carême » > ici

Saint Joseph - détail d'une bannière

2023-29. Enfin, les choses étaient dans l’ordre !

27 février,
Dans le diocèse de Viviers : dédicace de la cathédrale Saint-Vincent ;
Ailleurs : fête de Saint Gabriel de l’Addolorata (cf. > ici) ;
Anniversaire de la signature de l’Edit de Thessalonique (cf. > ici) ;
Anniversaire du Sacre de S.M. le Roi Henri IV (cf. > ici) ;
Anniversaire de la restitution au culte catholique de l’église Saint-Nicolas du Chardonnet.

       Cette date du 27 février est riche de belles fêtes et anniversaires.
Pour moi, qui était alors dans ma quinzième année et qui me rappelle avec émotion de l’espoir et de l’enthousiasme que l’événement suscita alors en mon âme (cf. > ici), je voudrais aujourd’hui revenir sur le dernier de ceux qui sont énumérés ci-dessus : la restitution au culte catholique de l’église Saint-Nicolas du Chardonnet, le 27 février 1977.

   Si, vivant en province, je n’étais pas présent à ce magnifique coup d’éclat accompli par Monsieur l’abbé Vincent Serralda (1905-1998), Monsieur l’abbé Louis Coache (1920-1994), Monseigneur François Ducaud-Bourget (1897-1984) et leurs amis prêtres résistant à la « nouvelle messe » alors présents à Paris, j’ai néanmoins eu la grâce et la joie de connaître, plus tard, plusieurs protagonistes, prêtres ou laïcs, de cette libération, qui m’ont partagé leurs souvenirs.
J’ai également eu la joie de rencontrer à plusieurs reprises l’auteur des lignes qui suivent, le cher André Figuéras (1924-2002), dont j’ai décidé de vous livrer, ci-dessous, le savoureux récit qu’il a fait de cet événement dans l’avant-propos de son bel ouvrage (devenu assez difficile à trouver) : « Saint Nicolas du Chardonnet : le combat de Mgr Ducaud-Bourget ».

   Dans les combats qu’il faut continuer à soutenir pour la pleine liberté de la célébration de la Sainte Messe latine traditionnelle, en des circonstances à nouveau bien pénibles où nous avons – non sans justesse – le sentiment que nous pourrions nous retrouver acculés à retourner, en certains diocèses, dans de discrètes chapelles de fortune pour y assister à la liturgie multiséculaire de l’Eglise catholique, il est toujours bon de nous souvenir des exemples que nous ont donnés les « résistants » de l’immédiat après-concile, et de nous en imprégner pour nous fortifier, pour nous prémunir contre toute espèce de découragement, pour savoir réagir avec pertinence, pour anticiper, pour être audacieux, et enfin pour passer à l’action quand les circonstances l’exigeront…

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur 

église Saint-Nicolas du Chardonnet façade principale

Paris : église Saint-Nicolas du Chardonnet

frise

« Enfin, les choses étaient dans l’ordre ! »

       « Assurément, nous ne sommes pas en mesure de dire si c’était, oui ou non, pour la première fois de sa vie. Toujours est-il que, ce matin du dimanche 27 février 1977, l’abbé Bellégo eut, pendant quelques instants, toute raison de croire au miracles.
Ce prêtre de la paroisse de Saint-Séverin, dans le V° arrondissement de Paris, avait responsabilité particulière pour l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, sise dans le même arrondissement, et dont le clergé contemporain avait décidé la réduction à l’état de sous-paroisse.
Ce bel édifice avait pourtant connu des jours meilleurs… [ici, l'auteur fait un résumé, qui occupe néanmoins plusieurs pages, de l'histoire de cette paroisse et des chefs d'œuvres artistiques qui se trouvent dans l'église].

   [...] En ce matin du dimanche 27 février 1977, on ne retrouvait plus la trace de ce passé et de cette gloire. Devant un groupe minuscule de fidèles, plus résignés que transportés, l’abbé Bellégo achevait, sinon à la manière d’un pensum, du moins sans transports manifestes, de débiter une de ces messes sans latin à propos de laquelle le chanteur Georges Brassens a employé un verbe énergique.
Tout à coup, un frémissement concentré et retenu commença de se faire à l’entrée de la nef. L’abbé Bellégo, qui disait sa messe hors du chœur, sur une petite table installée sur un gigantesque podium, et en tournant le dos au Christ, n’eut qu’à lever les yeux pour se rendre compte de ce qui se passait.
Et c’est là qu’il put avoir, l’espace d’un instant, la notion d’un miracle. Voilà en effet que l’église quasi déserte – parce que depuis longtemps quasi désertée – s’emplissait d’une foule recueillie. Bientôt toutes les chaises furent occupées, même dans les bas-côtés, et, l’afflux ne cessant point, quantité de gens entendirent debout la fin de l’office.
Jamais pareille aventure n’était arrivée à l’abbé Bellégo, longuement habitué à des auditoires chétifs. Il en était encore à se demander ce qui se passait, lorsque ses quêteuses revinrent en faisant grise mine. Dans cette vaste assemblée, elles n’avaient rien recueilli du tout. Comme on n’était pas en train de plaisanter, personne n’avait fait même le geste de donner un bouton de culotte.
Or, ce problème de la quête est, depuis quelques années, l’obsession du clergé post-conciliaire, qui suscite si peu la générosité des derniers fidèles, qu’ils ne parviennent plus à joindre les deux bouts, comme on dit [...].

   Donc en voyant ses aumônières aussi indigentes qu’à l’accoutumée, l’abbé Bellégo conçut que ce qui était en train de se produire ne devait pas être faste pour lui. C’est donc dans l’inquiétude et la hâte qu’il acheva sa messe.
Effectivement, à l’instant qu’il achevait, il se passa quelque chose, sinon de miraculeux, en tout cas de prodigieux.

   Tandis que l’immense assistance, debout, entonnait le Credo, un groupe de prêtres, revêtus des habits sacerdotaux traditionnels, se dirigeaient vers le chœur.
Voilà que la messe de saint Pie V éclatait sous ces voûtes qui l’avaient tant entendue, et qui, sans nul doute, et parce qu’il y a une âme des choses – surtout lorsque ces choses sont des pierres d’église – l’attendaient depuis qu’elles en étaient privées.
Car tout se passa très simplement comme un retour à la vérité, et pour ainsi dire à la nature, comme une résurrection. Tandis qu’une sorte de liesse sacrée saisissait la foule, on retrouvait tout à coup, et cela semblait la chose la plus normale du monde, la magnificence de l’Histoire, et la splendeur de la France.
Un sentiment commun de libération semblait créer une connivence entre l’église et les assistants. De telle sorte que cette messe avait, si l’on peut dire, l’air tout ensemble d’une cérémonie expiatoire et d’un baptême.
Enfin, depuis dix ans que cela ne se présentait plus, les choses étaient dans l’ordre…»

André Figuéras,
in « Saint-Nicolas du Chardonnet – le combat de Mgr Ducaud-Bourget »
éditions de Chiré, 1977

27 février 1977 - à l'issue de la Messe, exposition du Saint-Sacrement

27 février 1977, à Saint-Nicolas du Chardonnet :
de gauche à droite Monsieur l’abbé Michel de Fommervault, Monseigneur François Ducaud-Bourget, Monsieur l’abbé Juan,
et au fond, au micro, Monsieur l’abbé Louis Coache

2023-28. Le grand combat.

Premier dimanche de Carême.

Barthélemy Parrocel - la tentation au désert

Barthélémy Parrocel (1595-1663) : tentation du Christ au désert
[musée du pays Brignolais, palais des comtes de Provence à Brignoles]

Le grand combat

Présence de Dieu :

   O Jésus, je me retire en esprit avec Vous au désert ; apprenez-moi comment je dois combattre la triple concupiscence de la chair, de l’orgueil, de l’avarice.

Méditation :

   1 – Au début de la période strictement quadragésimale, l’Eglise nous invite à ce grand combat, à cette lutte contre le péché, qui doit nous conduire à la résurrection pascale.
Le modèle, c’est Jésus, Lui qui, bien qu’exempt de toute tendance au mal, a voulu être tenté, pour nous, par le démon, afin de « compatir à nos faiblesses » (Hebr. IV, 15).
Après quarante jours de jeûne rigoureux, alors qu’Il sent l’aiguillon de la faim, Jésus est tenté par Satan de changer les pierres en pain. Personne ne peut embrasser un régime de pénitence sérieuse ou de mortification sans en subir les incommodités ; mais c’est le moment, alors, de résister aux voix insinuantes qui invitent à une plus grande condescendance vis-à-vis des exigences physiques, en répondant avec Jésus : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». La vie de l’homme dépend beaucoup plus de la volonté de Dieu que de la nourriture matérielle. Celui qui est convaincu de cette vérité, aura le courage de se soumettre à des privations, se confiant, pour son entretien, en la divine Providence.
Jésus fut ensuite tenté d’orgueil : « Si Vous êtes le Fils de Dieu, jetez-Vous en bas… et les Anges Vous porteront dans leurs mains ». Un miracle pareil aurait attiré l’admiration et l’enthousiasme du peuple, mais Jésus sait que le Père a choisi pour Lui une tout autre voie : pas de triomphes, mais des humiliations, la croix, la mort ; Il n’en veut pas sortir et repousse résolument la proposition orgueilleuse. Le meilleur moyen de vaincre les tentations d’orgueil et de vanité est de choisir expressément ce qui nous humilie et nous fait disparaître aux yeux d’autrui.
Le démon revient à la charge et tente Jésus d’avarice : « Je Vous donnerai tout cela si, tombant à mes pieds, Vous m’adorez », mais Il répond : « Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu ne serviras que Lui seul ! » Celui dont le cœur est fortement ancré en Dieu, ne se laisse jamais détacher de Son service par l’attrait et la convoitise des biens terrestres. Mais si cette forte adhésion à Dieu vient à manquer, que de fois la tentation d’avarice réussira-t-elle à faire dévier même ceux qui devraient, par vocation particulière, « servir Dieu seul ».

Michael-Angelo Immenraet - tentation au désert

Michael-Angelo Immenraet (1621-1683) : la tentation au désert
[église de l'Union, à Idstein dans le Duché de Nassau]

   2 – Jésus a été tenté parce qu’Il l’a voulu.
Nous sommes tentés aussi, sans le vouloir, et même, très souvent, contre notre volonté.
La tentation de Jésus a été purement extérieure, car elle ne trouvait aucun écho en Lui ; en nous, au contraire, la nature, blessée par la triple concupiscence de la chair, de l’orgueil, de l’avarice, non seulement offre facilement prise aux assauts du démon, mais est elle-même source de multiples tentations. Il est dès lors impossible, pour nous, de vivre sans tentations, et notre vertu ne consiste pas à en être exempts, mais à pouvoir les vaincre. C’est une lutte à laquelle personne ne peut se soustraire, et même, Dieu veut que cette lutte soit le gage de la vie éternelle : « Bienheureux l’homme qui supporte l’épreuve, car lorsqu’il aura été éprouvé, il recevra la couronne de la vie » (Jacq. I, 12).
Apprenons de Jésus comment il faut nous comporter dans les tentations ; avant tout, il faut une grande confiance en Dieu. Jésus n’a pas voulu apaiser Sa faim, ni S’imposer aux hommes au moyen d’un miracle éclatant, ni accepter royaumes et richesses. Il avait pleine confiance en Son Père, aux soins duquel Il avait tout confié : Sa vie, Sa mission, Sa gloire. Celui qui se confie pleinement en Dieu et est sûr de Sa divine Providence, ne se laissera pas facilement attirer par les vaines flatteries du démon, du monde, de la chair, car il sait que Dieu seul peut lui donner le vrai bien, la vraie félicité.
Mais d’autre part, nous devons cultiver la confiance au moment de la tentation. Si Dieu permet que nous soyons tentés, Il ne permet cependant pas que nous le soyons au-dessus de nos forces, et à côté de chaque tentation, il y a une grâce actuelle spéciale suffisante pour la vaincre. C’est pourquoi, au lieu de nous laisser troubler par la violence de la lutte, prenons conscience de la grâce que Dieu nous offre et tâchons ne nous l’appliquer par une prière humble et confiante.

tentation du Christ - Juan de Flandes

Juan de Flandes (vers 1460-après 1510) : la tentation du Christ au désert
[Galerie nationale d'art, à Washington]

Colloque :

       « Seigneur, Père et Dieu, vie qui donnez l’existence à tous les êtres et sans qui toutes choses seraient comme mortes, ne m’abandonnez pas dans la pensée maligne et dans l’orgueil des yeux ; éloignez de moi les concupiscences et ne me livrez pas à une âme sans pudeur et folle, mais possédez mon cœur afin que je pense toujours à Vous…
Maintenant, ô Rédempteur, aidez-moi, je Vous en prie, afin que je ne tombe pas devant mes adversaires, pris aux pièges qu’ils me dressent pour abaisser mon âme, mais sauvez-moi, force de mon salut, afin que je ne devienne pas un sujet de risée pour mes ennemis qui Vous haïssent. Levez-Vous, ô Seigneur, mon Dieu, ma force, et Vos ennemis seront dispersés, et ceux qui Vous haïssent fuiront devant Votre face !
Comme la cire fond au feu, ainsi les pécheurs s’évanouiront-ils devant Votre Face ; et je me cacherai en Vous, et jouirai avec Vos enfants, rassasié de Vos biens.
Et Vous, ô Seigneur Dieu, Père des orphelins, et vous, Mère tutélaire, étendez Vos ailes, afin que nous nous y réfugiions pour nous sauver des ennemis » (Saint Augustin). 

   Je me confie à Vous, mon Dieu et mon Sauveur ! Je veux, surtout au moment de la lutte, me réfugier en Vous avec une confiance redoublée, car « Vous êtes mon défenseur… et Vous me délivrerez des filets du chasseur et de toute calamité. Vous me couvrirez de Vos ailes et je serai en sécurité. Votre fidélité m’entourera comme d’un bouclier, et je n’aurai à craindre ni les épouvantes de la nuit, ni la flèche qui vole pendant le jour, ni la peste qui rôde dans les ténèbres, ni les attaques du démon de midi. Vous êtes mon espérance, Seigneur ; ô Très-Haut, Vous êtes mon refuge ! Vous avez ordonné à Vos anges de me garder en toutes Vos voies ; et ils me porteront dans leurs mains afin que mes pieds ne heurtent pas la pierre… » (cf. Ps. XC – trait de ce dimanche).

Père Gabriel de Sainte Marie-Madeleine,
in « Intimité divine »

Lodovico Carracci 1608-1610 Le Christ servi par les anges dans le désert

Lodovico Carracci (1555-1619) : le Christ au désert servi par les anges
[peint en 1608-1610, Musée d'Etat de Berlin]

2023-27. « Voici que nous montons à Jérusalem ».

25 février 2023

Lettre mensuelle
aux membres et amis de la
Confrérie Royale

frise fleurs de lys

Rappel :

       Les membres de la Confrérie Royale s’engagent à sanctifier d’une manière particulière le 25 de chaque mois de la manière suivante, en sus des 3 angélus quotidiens qu’ils offrent habituellement en y ajoutant l’oraison pour le Roi extraite du Missel romain : chaque 25 du mois donc, ils redoublent de prières, et offrent avec encore davantage de ferveur qu’à l’accoutumée les exercices de leur devoir d’état ainsi que les peines et les joies de ce jour ; ils travaillent plus méticuleusement à leur sanctification ; et, lorsque cela leur est possible, ils assistent à la Sainte Messe et offrent la sainte communion à l’intention du Roi ; ou bien encore, ils accomplissent quelque petit pèlerinage ou acte de dévotion supplémentaire, offerts à l’intention de Sa Majesté et du Royaume des Lys.
La lettre mensuelle, envoyée à tous les membres ainsi qu’aux amis qui ont manifesté le désir de la recevoir, à l’occasion de ce 25 de chaque mois, est écrite par les prêtres, religieux ou clercs membres de la Confrérie Royale. Le but de cette lettre est de raviver la ferveur et la détermination des membres, en leur proposant des réflexions et des approfondissements, qui sont toujours nécessaires.

entête confrérie royale carême

« Voici que nous montons à Jérusalem » (Matth. XX, 18)

Samedi 25 février,
En la fête de sainte Isabelle de France, sœur de saint Louis IX.

       Au Temps de la Septuagésime, qui précède durant trois semaines la sainte Quarantaine appelée Carême, dom Prosper Guéranger rappelait l’état d’esprit dans lequel nous devions entrer : « Le Chrétien, s’il veut entrer dans l’esprit de l’Église, doit faire trêve à cette fausse sécurité, à ce contentement de soi qui s’établissent trop souvent au fond des âmes molles et tièdes, et n’y produisent que la stérilité. Heureux encore lorsque ces dispositions n’amènent pas insensiblement l’extinction du véritable sens chrétien ! Celui qui se croit dispensé de cette vigilance continuelle tant recommandée par le Sauveur, est déjà sous la main de l’ennemi ; celui qui ne sent le besoin d’aucun combat, d’aucune lutte pour se maintenir et pour cheminer dans le bien, à moins d’avoir été honoré d’un privilège aussi rare que dangereux, doit craindre de ne pas être dans la voie de ce royaume de Dieu qui ne s’enlève que de vive force ; celui qui oublie les péchés que la miséricorde de Dieu lui a pardonnés, doit redouter d’être le jouet d’une illusion périlleuse. Rendons gloire à Dieu, dans ces jours que nous allons consacrer à la courageuse contemplation de nos misères, et venons puiser, dans la connaissance de nous-mêmes, des motifs nouveaux d’espérer en Celui Que nos faiblesses et nos fautes n’ont point empêché de S’abaisser juqu’à nous, pour nous relever jusqu’à Lui » (Septuagésime, chap. III).

   Cette consigne de l’Année liturgique, il n’est pas trop tard pour la mettre en pratique, je vous rassure, d’autant que le Carême proprement dit, c’est-à-dire liturgique (c’est le jeûne quadragésimal qui commence le Mercredi des Cendres), commence ce samedi midi avec les Vêpres anticipées avant le déjeuner. C’est à saint Charlemagne que l’on doit cette mesure disciplinaire, désireux que les domestiques et familiers de sa Cour n’aient pas à attendre la nuit qu’ait pris fin le propre déjeuner de la Cour, en fin de journée.

   Notre prieur a déjà beaucoup écrit et relayé de sermons de Pères de l’Église sur ce si important temps du Carême, et particulièrement sa « pratique » (thème cher également à dom Guéranger) : sachons en profiter et les méditer sérieusement, afin de mettre en œuvre, comme nos aïeux, une véritable pénitence, et non pas un sucre en moins dans le café… « Voici le temps favorable, voici les jours de salut ! » (II Cor. VI, 2) va s’écrier la Liturgie. Ne perdons pas ces grâces que nous prépare le Seigneur.

   Seuls les Orientaux sont encore fidèles à un vrai Carême. L’Occident l’a complètement soit oublié, soit défiguré, même dans « nos milieux » : il semble que ce que beaucoup (même ecclésiastiques) considèrent comme des « pratiques d’un autre temps », se soient réfugié dans les seuls monastères, hormi quelques exceptions de clercs et de laïques mortifiés « dans le monde » selon l’esprit de l’Église.

   Membres de la Confrérie Royale, désireux de – et résolus à – utiliser tous les trésors liturgiques pour faire avancer notre cause, à savoir la deuxième demande du Pater noster, faisons donc jeûner nos corps et prier nos âmes comme jadis les Ninivites. Et Dieu sait que notre pauvre société est dans un état bien plus grave que cette cité syrienne ; pour cela, soyons bien plus désireux d’un résultat miséricordieux que ce pauvre Jonas. Abandonner viande et productions animales, comme nous le rappellent plusieurs fois chaque jour les oraisons liturgiques, pour nous concentrer sur l’Unique Nécessaire (Dieu, est-il besoin de le rappeler ?). Ne les faisons donc pas mentir, ces prières, notamment nous, MM. du Clergé, qui les récitons tant de fois machinalement ; et n’imitons pas le clergé vétérotestamentaire qui proclamait un Messie qu’il fut non seulement incapable de reconnaître à Son Heure, mais qu’il fit ignominieusement périr !

   Comme le disaient les anciens auteurs : le Royaume est un corps (dont le roi est la tête), et l’Église, depuis au moins saint Gélase Ier, voit dans ce corps la partie proprement étatique et temporelle, laïque aussi, de la société (tandis qu’en l’âme se mire l’autorité spirituelle). Un corps mystique à l’image de celui que constitue l’Église. Le corps mystique du Royaume doit pratiquer le jeûne, la prière et l’aumône pour son propre salut. Il est en effet « des démons qu’on ne peut chasser que par le jeûne et la prière » (Matth. XVII, 21) : utilisons donc les bons moyens pour les meilleurs effets, puisque la France est désormais bien plus infestée et possédée que Marie-Madeleine avec ses sept démons.

   « Que Votre règne arrive […] sur la terre comme au Ciel ! » : le règne du Christ vrai roi de France et de son lieutenant « commendataire », pour gloser les paroles de sainte Jeanne d’Arc, selon notre devise tirée des leçons de Matines de son office liturgique : « Ad pristinum regnum restituendum », qui ne dit pas autre chose. Un tel cadeau, une si grande grâce ne méritent-ils pas des efforts redoublés ?

   Rien n’est à négliger, pour « un royaume éternel et universel, royaume de vérité et de vie, royaume de sainteté et de grâce, royaume de justice, d’amour et de paix » (préface du Christ Roi), et précisons : de vraie justice, de véritable amour et de véridique paix. Qui ne peuvent tous trois ne se trouver qu’en la Personne adorable du Seigneur Jésus, et qu’un seul régime (quel mot affreux !) a été capable de confesser sur (et dans) ce sol de France. Osons alors le mot : faisons régime pour un meilleur régime !

   « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Joann. XV, 3). Concentrons-nous, après avoir contemplé notre misère (personnelle comme sociale, historique comme contemporaine), sur Ce Fils d’un Dieu venu tout réparer et « faire toutes choses nouvelles » (Isaïe XLIII, 19 ; Apocalypse XXI, 5). Nouvelles et anciennes en même temps, car re-formées sur le plan de Dieu malheureusement rejeté.

Voici la définition même de la Restauration.
Et notre France en a grand besoin.

+ Abbé Louis de Saint-Taurin

P.S. : Ce 28 février, n’oublions pas dans nos prières M. Pierre Bodin †, ancien président de l’U.C.L.F. et qui était non seulement membre d’honneur mais membre plénier de la Confrérie. Cela fera deux mois que Dieu l’a rappelé à Lui.

armoiries confrérie royale

2023-26. La prédiction de la Passion.

Dimanche de la Quinquagésime.

Ecce Homo - Lodovico Cigoli 1607 - Palazzo Pitti Florence

Lodovico Cardi, dit Il Cigoli, ou Lodovico da Cigoli (1559-1613) :
Ecce Homo (1607)
[Palazzo Pitti - Florence]

La prédiction de la Passion

Présence de Dieu :

    »O Jésus, donnez-moi la lumière pour comprendre le mystère et la valeur de la souffrance chrétienne ! »

Méditation :

   1 – A l’approche du Carême, temps où domine le souvenir des douleurs de Jésus, l’Evangile d’aujourd’hui nous porte l’annonce de Sa Passion.
La prédiction est claire : « Le Fils de l’homme sera livré aux Gentils, moqué, couvert de crachats ; et après L’avoir flagellé, on Le mettra à mort, mais Il ressuscitera le troisième jour ». Toutefois, comme déjà dit en d’autres circonstances, les apôtres « ne comprirent rien à cela ; c’était pour eux un langage caché ». Ils ne comprenaient pas, parce qu’ils avaient conçu la mission de Jésus comme celle d’un conquérant terrestre qui rétablit le royaume d’Israël ; ne rêvant que triomphes, et préoccupés d’occuper les premières places dans le nouveau royaume, toute allusion à la Passion les déconcertait, les scandalisait.
Pour ceux qui ne rêvent que prospérité et gloire terrestre, le langage de la Croix est incompréhensible. A ceux qui ont une vision purement matérielle de la vie, il est très dur de comprendre la signification spirituelle et particulièrement celle de la souffrance. Aussi Saint Paul disait-il que le Christ Crucifié était « un scandale pour les Juifs et une folie pour les Gentils » (1 Cor. I,23). Reprenant Saint Pierre qui, à la première annonce de la Passion, s’était exclamé : « A Dieu ne plaise, Seigneur ! Cela ne Vous arrivera pas ! », Jésus avait dit : « Retire-toi de Moi, Satan… car tu n’as pas l’intelligence des choses de Dieu ; tu n’as que des pensées humaines » (Matth. XVI, 22-23).
Pour la sagesse des hommes, la souffrance est folie incompréhensible : c’est une chose qui déconcerte, jusqu’à éteindre toute confiance en Dieu, jusqu’à porter à murmurer contre la divine Providence.
Pour la sagesse de Dieu, au contraire, la souffrance est moyen de salut, de rédemption. Comme il fut nécessaire « que le Christ souffrit pour entrer dans Sa gloire » (cf. Luc XXIV, 25), de même est-il nécessaire que le chrétien passe par le creuset de la douleur pour arriver à la sainteté, à la vie éternelle.

Cigoli - Ecce Homo - détail 3

   2 – C’est seulement après la descente de l’Esprit-Saint, que les Apôtres comprirent pleinement la signification de la Passion de Jésus et, au lieu de s’en scandaliser, ils estimèrent comme le plus grand honneur de suivre le Christ Crucifié et de prêcher Sa doctrine.
L’œil humain n’a pas la lumière nécessaire pour comprendre la valeur de la Croix, il lui faut une lumière nouvelle, celle de l’Esprit-Saint. Ce n’est pas par hasard que, dans l’Evangile de ce jour, nous trouvons immédiatement après la prédiction de la Passion, la guérison de l’aveugle de Jéricho. Devant le mystère de la douleur, nous sommes toujours un peu aveugles : quand la souffrance nous frappe en ce que nous avons de plus cher, de plus intime, il est facile de s’égarer et de tâtonner comme des aveugles dans l’incertitude, les ténèbres. L’Eglise nous invite à redire aujourd’hui la prière pleine de fois de l’aveugle : « Jésus, Fils de David, ayez pitié de moi ! »
Le monde s’étonne souvent des souffrances des bons et, au lieu de les encourager dans leur recours à Dieu, il cherche à les en retirer, leur inspirant de la défiance et de fausses craintes. Nos passions elles-mêmes, notre tendance innée à jouir, crient souvent en nous et voudraient nous empêcher, par mille prétextes, de suivre Jésus Crucifié. Demeurons fermes dans notre foi, comme le pauvre aveugle lequel, sans s’inquiéter de la foule qui l’empêchait d’approcher Jésus, sans s’arrêter aux remontrances des disciples qui voulaient le faire taire, « criait beaucoup plus fort » sa prière.
Du fond du cœur, élevons notre cri vers le Seigneur : « De profundis clamavi ad te, Domine, Domine exaudi vocem meam ! » (Ps. CXXIX). Ne demandons pas à être exempts de souffrances, mais plutôt à être éclairés sur leur valeur : « Seigneur, que je voie ! »
Dès que l’aveugle recouvra la vue, il suivit immédiatement Jésus, « glorifiant Dieu ! »
La lumière surnaturelle que nous implorons du Seigneur, nous donnera la force de Le suivre, portant notre croix à Sa suite.

Cigoli - Ecce Homo - détail 2

Colloque :

    »O Fils du Père éternel, Jésus-Christ Notre-Seigneur, vrai Roi de toutes choses ! Que nous avez-Vous laissé en héritage à nous, vos descendants ? Que possédiez-Vous, mon Seigneur, sinon travail, douleurs, offenses, Vous qui n’aviez qu’une Croix lorsqu’il Vous fallut boire la pénible gorgée de la mort ?
Si nous voulons, mon Dieu, être Vos véritables enfants et ne pas renoncer à Votre héritage, il ne nous convient pas de fuir la souffrance. Vos armes sont cinq plaies !…
Telle doit être notre devise si nous voulons hériter Son royaume ; ce n’est pas dans le repos, les plaisirs, les honneurs, les richesses, que nous gagnerons ce qu’Il a acheté par tant de sang. Oh gens illustres ! ouvrez, pour l’amour de Dieu, les yeux ; considérez que les véritables chevaliers de Jésus-Christ et les princes de Son Eglise, un Saint Paul, un Saint Pierre, suivaient un autre chemin que le vôtre ! Penseriez-vous qu’il puisse y avoir un nouveau chemin pour vous ? N’en croyez rien ! » (Sainte Thérèse d’Avila, « Fondations » X, II – traduction par Mme Marcelle Auclair).

   O mon Jésus, la Croix est Votre étendard ; n’aurais-je pas honte de Vous prier de m’en délivrer ?
Je Vous supplie ardemment de me préserver d’un seul mal, à savoir un péché délibéré, aussi petit soit-il. Puisse-t-il rester loin de moi, ô Seigneur, je Vous en supplie par les mérites de Votre très sainte Passion.
Quant aux autres maux : souffrances du corps et de l’esprit, douleurs physiques et morales, j’implore de Vous lumière et force. Lumière pour comprendre leur sens caché dans les plans de Votre divine Providence, pour croire fermement que n’importe quelle amertume ou épreuve, quel déchirement ou bouleversement, est disposé par Vous pour mon plus grand bien. Force, afin que je ne me laisse pas impressionner par les fausses maximes du monde, et que le vain mirage de la félicité terrestre ne me fasse pas dévier ; force pour embrasser avec courage et amour n’importe quelle souffrance. 

Cigoli - Ecce Homo - détail 1

2023-23. De Sainte Hadeloge de Kitzingen, fille de Charles Martel.

2 février,
Fête de la Purification de Notre-Dame (cf. aussi > ici) ;
Chandeleur (cf. > ici, et > ici) ;
Mémoire de Sainte Hadeloge de Kitzingen, vierge et abbesse.

       En sus de la fête de la Purification de Notre-Dame, au 2 février est également assignée celle de Sainte Hadeloge de Kitzingen, une sainte qui a retenu toute notre attention, parce que cette princesse franque est aujourd’hui bien oubliée en France, alors qu’elle est issue de l’une de ses plus nobles lignées : celle qui deviendra bientôt la dynastie carolingienne.

Sainte Hadeloge - statue dans le parc de Schwanberg

Statue de Sainte Hadeloge dans le parc de Schwanberg

   En Français on l’appelle Hadeloge, ou Hadéloge ou bien Adéloge, qui sont des transcriptions du prénom franc Adelheid qui avait été rendu en latin par Adeloga ou Hadelauga.

   Elle était l’une des filles de Charles Martel (vers 688 – 22 octobre 741), duc des Francs et Maire du palais, le célèbre fils de Pépin de Herstal dont les peuples, encore en notre siècle de perte de repères et d’ignorance crasse, ont cependant gardé la mémoire à cause de sa victoire sur les mahométans à Poitiers (19 octobre 732).
Sa mère était Kunehilde (appelée aussi Swanahilde ou Sonichilde) de Bavière (vers 695 – après 741), issue de la haute lignée des Agilolfinges qui régnèrent sur la Bavière (et sur le royaume lombard) du VIe au VIIIe siècle.
Sainte Hadeloge était donc demi-sœur de Pépin le Bref et tante de Saint Charlemagne.

   Elevée au château de Schwanberg, en Basse-Franconie (Bavière), Hadeloge fut remarquée tant pour ses capacités intellectuelles que pour son admirable beauté.
Sa charité et sa gentillesse faisaient qu’elle était très aimée des populations à l’entour, mais elle cherchait à plaire à Dieu plutôt qu’aux hommes, et aspirait à vivre pour le seul Roi du Ciel, résistant aux pressions de son père qui voulait lui faire épouser quelque noble parti.
On rapporte qu’elle priait ainsi : « Puissiez-Vous, ô Seigneur Jésus-Christ, garder mon cœur immaculé, de peur que je ne devienne une honte. Si Vous, Fils du Roi suprême, Vous êtes satisfait de la virginité intacte de mon corps, envoyez-moi Votre ange pour me garder, afin que je puisse préserver ma virginité corporelle. Changez l’esprit de mon père pour qu’il ne me livre pas à ce monde mauvais et aux enfants des ténèbres pour en être flétrie. Car je craindrais d’être oublié par Vous et livrée à la damnation éternelle, si je me donnais à l’amour charnel et si j’étais aimée avec une inclination sensuelle ! ».
Cherchant à imiter la Bienheureuse Vierge Marie, elle la priait aussi quotidiennement pour lui demander sa protection :
« Sainte Marie, Mère de Dieu, Vierge des vierges, Mère et Reine des âmes chastes, gardez-moi dans la virginité que je vous ai promise ! Soyez ma protectrice, de peur que je ne m’abandonne à ce monde et que je ne sois séparée des vierges qui quittent la corruption du monde et qui vous suivent dans l’union la plus intime et la plus bénie avec le Christ, l’Époux éternel ».

   Son humilité, sa persévérance dans la prière, sa constance et sa fermeté lui valurent une assistance spéciale de l’Esprit-Saint qui l’entoura de Sa protection et lui donna la force pour les combats qu’elle devait soutenir.

Schwanberg aujourd'hui - vue générale

Schwanberg aujourd’hui

   Charles Martel était très en colère contre la décision de sa fille. Toutefois chaque fois qu’il se trouvait en sa présence, il était vaincu par sa douceur toute céleste et se trouvait écartelé, car des courtisans malveillants ne manquaient pas d’exciter son irritation, qui se tourna également contre l’aumônier qui assurait la direction spirituelle de la jeune fille.
Un jour, il les chassa tous les deux.
Le chapelain, qui était lui-même de famille noble et riche, résolut alors d’utiliser ses biens à l’acquisition de terres et à la fondation d’un monastère. Pour sa construction, ils choisirent des terrains proches du Main, à environ trois lieues à l’ouest de Schwanberg.

   Une célèbre légende raconte la fondation de ce monastère d’une manière assez poétique : du haut du Schwanberg, Hadeloge aurait jeté son voile dans le vent en disant qu’elle construirait son monastère à l’endroit où le voile tomberait au sol. Le voile, volant vers l’ouest, serait tombé sur la rive droite du Main où un berger nommé Kitz (Kuccingus) l’aurait retrouvé. C’est donc en ce lieu, qu’elle aurait nommé Kitzingen en l’honneur du chercheur de voile, qu’elle s’établit. 

   Le monastère fut dès l’origine placé sous la Règle de Saint Benoît, et Hadeloge en fut la première abbesse, devenant un modèle pour de nombreuses vierges qui, de son vivant, et pendant plusieurs siècles ensuite, vécurent de ses exemples.
L’aumônier fit aussi construire à proximité un bâtiment pour lui-même et quelques frères. On place cette fondation en l’an 745.

le berger Kitz - Kitzingen

Dans l’un des parcs de Kitzingen, statue moderne représentant le berger Kitz

   Lorsque la fondation du monastère fut assurée, l’aumônier partit en pèlerinage à Jérusalem, où il mourut. Il serait alors apparu en songe à Charles Martel, lui reprochant la dureté avec laquelle il s’était comporté envers sa fille, et l’exhortant à faire amende honorable ; en outre, la bonne réputation du monastère s’était répandue, et Charles Martel entendait parler de la vertu rayonnante de sa fille qui en était devenue la supérieure. Il changea alors complètement d’attitude, devint un bienfaiteur de l’abbaye et répara les calomnies que sa colère avait contribué à répandre contre la jeune abbesse.
Celle-ci était infatigable dans son zèle pour le service de Dieu : elle passait de longues heures nocturnes dans la prière, observait les jeûnes avec une sévérité extraordinaire, et servait ses sœurs avec une joyeuse et prompte générosité, choisissant toujours pour elle-même les tâches les plus basses.

Eclairée par le Saint-Esprit, elle avait le don de connaître les tentations qui affligeaient ses religieuses et, souvent, elle savait d’un seul mot charitable dissiper l’épreuve de la moniale et la fortifier.

   Comme en toute abbaye fidèle à la règle de saint Benoît, l’hospitalité était pratiquée avec une bienveillante sollicitude, non seulement pour les pèlerins ou hôtes de passage, mais aussi pour des pauvres et des malades en grand nombre qui étaient accueillis pour des séjours plus longs.
Qualifiée de « mère aimante des pauvres », elle était pénétrée d’une profonde et sincère compassion à la vue de toutes les détresses et souffrances, et se privait elle-même fréquemment du nécessaire pour aider les plus nécessiteux. En plus d’une occasion, sa charité fut accompagnée de miracles.

   L’un des familiers du monastère, qui était parti à la chasse, fut assassiné et dépouillé de tout. Le chien qui l’accompagnait garda le cadavre de son maître pendant trois jours, mais finalement, poussé par la faim, revint au monastère, triste et agité. A son arrivée, tous comprirent qu’un drame avait dû se produire ; Sainte Hadeloge fit venir deux serviteurs et leur enjoignit de partir à la recherche du malheureux chasseur, puis elle s’adressa au chien en disant : « Au nom du Seigneur, va avec eux et montre-leur l’endroit où ils trouveront ton maître ». Le chien conduisit les deux hommes au lieu où gisait le cadavre nu, et le ramenèrent à Kitzingen pour qu’il puisse recevoir les honneurs de la sépulture chrétienne et reposer en terre bénite.
Mais la sainte abbesse ne voulait pas en demeurer là : il fallait que justice fût faite, et elle avait l’intuition que les assassins étaient du nombre des familiers de l’abbaye, qu’elle réunit tous, les exhortant à parler s’ils savaient quelque chose, voire à se dénoncer s’ils étaient coupables, afin qu’ils puissent se repentir et sauver leurs âmes. Mais, comme tous se taisaient, elle fit cette prière à voix haute : 
« O Dieu, qui connaissez ce qui est caché et connaissez toutes choses avant qu’elles n’arrivent, révélez donc Vous-même les coupables par un signe de Votre puissance, afin que si, cela Vous plaît, ils reçoivent le châtiment qu’ils méritent, et pour que tous ceux qui marchent dans la même voie de méchanceté puissent être ainsi dissuadés et améliorés ». Puis se tournant vers le chien de l’homme assassiné qui se tenait à côté d’elle : « Va ! Au nom du Seigneur, désigne les coupables !». Aussitôt le chien se jeta à la gorge de l’un de ceux qui étaient là et l’étrangla. Quand il fut mort, le chien se précipita sur un deuxième, qui venait de se jeter à genoux en avouant son crime, et fit de même avec lui aussi.
La nouvelle de cette vengeance de Dieu se répandit dans toute la région, dans les forêts où se cachaient beaucoup de vagabonds et de voleurs, imposant à tous une telle crainte que, dès lors, les biens et les gens du monastère furent en grande sécurité.

   C’est par de tels prodiges, et par d’autres semblables, que Dieu manifesta la sainteté de Sa servante Hadeloge et Sa protection sur l’abbaye qu’elle avait fondée, lui assurant un grand rayonnement et une magnifique fécondité spirituelle qui contribuait à la conversion des mœurs et la croissance en vertu de tous les villages environnant. 

Fresque de Sainte Hadeloge dans l'église Saint Burckard de Wurtzbourg

Sainte Hadeloge avec les plans de l’abbatiale de Kitzingen
(fresque dans l’église Saint Burkhard, Wurtzbourg)

   La sainte fondatrice, elle, aspirait avec confiance à rejoindre son Epoux céleste : « Par amour pour Vous, Seigneur Jésus-Christ, j’ai rejeté tout amour terrestre et tout mariage, j’ai chargé sur moi la haine insupportable de mon Père et j’ai enduré beaucoup de difficultés et de misères ; Ayez maintenant pitié de moi, et accordez-moi gracieusement d’être, avant le jour de mon départ, complètement purifiée, par une confession sincère et par la persévérance dans un amour fidèle. Accordez-moi, par grâce, qu’en sortant de ce monde, je reçoive l’honneur d’être accueillie dans le chœur béni de Vos vierges saintes ».

   Jusqu’à la fin, et malgré les infirmités de l’âge, elle ne relâcha rien de sa régularité, de la ferveur de ses prières, de son service des pauvres et des nécessiteux, ainsi que dans l’édification de ses sœurs. Plusieurs malades furent ramenés à une parfaite santé grâce à ses prières.

Sainte Hadeloge reçut de Notre-Seigneur la connaissance du jour où Il viendrait la chercher.
Le jour de la Chandeleur 2 février (vraisemblablement en 770), qui tombait un dimanche, elle réunit toutes ses sœurs et leur dit : « Je vais maintenant aller vers le Christ, mes très chères sœurs ! Veillez à ce que Satan ne vienne voler les brebis que j’ai gagnées, avec l’aide du Seigneur, et, en ce lieu, demeurez unies au Seigneur dans les peines et dans le labeur. Veillez avec soin à ce que ce lieu sacré ne soit pas profané par la tromperie du diable ou par des souillures charnelles. N’oubliez pas comment j’ai marché devant vous et comment je vous ai précédées par l’exemple, afin que vous aussi vous persévériez dans les mêmes voies avec la grâce de Jésus-Christ ».
Puis elle se confessa une dernière fois, reçut le Corps du Seigneur, et recommanda ses sœurs au Christ, le Bon Pasteur, en disant : « Seigneur Jésus-Christ, qui êtes le meilleur Berger au-dessus de tous les bergers, gardez ces sœurs que Vous avez rachetées par Votre Sang précieux. Par Votre grâce, empêchez quiconque se trouve ici d’être attaqué et broyé par Satan. Je remets mon âme entre les mains de Votre amour miséricordieux, comme Vous avez remis Votre âme entre les mains de Votre Père lorsque Vous étiez sur la croix ». Et, ayant dit ces mots, elle rendit l’esprit.

   Sainte Hadeloge fut mise en terre dans l’église abbatiale, au pied de l’autel de la Très Sainte Vierge Marie, et sa tombe devint rapidement un lieu de pèlerinage (on l’invoque particulièrement contre la fièvre).

   Pendant tout le Moyen-Age, l’abbaye de Kitzingen fut un foyer de ferveur et de culture qui avait grande réputation : Sainte Hedwige de Silésie (1174-1243), reine de Pologne, y fut éduquée, et Sainte Elisabeth de Thuringe (1207-1231) y fut accueillie un temps.
Malheureusement, au début du XVIème siècle, au cours de la « Guerre des paysans » (Deutscher Bauernkrieg), l’abbaye fut prise et pillée. Les reliques de Sainte Hadeloge furent brûlées (1525), puis l’abbaye supprimée (1544), et les bâtiments tombèrent en ruine, jusqu’à ce que, en 1660, le prince-évêque de Wurtzbourg, Johann Philipp von Schönborn, appelât les Ursulines à Kitzingen, qui reconstruisirent le monastère dans le style baroque en vogue à cette époque. Elles y demeurèrent jusqu’en 1804, où le monastère fut dissout en application des lois de sécularisation inspirées par la France révolutionnaire. Comble de la profanation de ce lieu sanctifié par la sainte fille de Charles Martel : depuis 1817, l’église est attribuée au culte protestant…

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur,
[d’après « BAVARIA SANCTA – Leben der Heiligen und Seligen des Bayerland ur Belehrung und Eredification für das christliche Volk » ;
par le Dr. Modestus Jocham – Freising, 1861]

L'abbaye de Kitzingen avant 1544

L’abbaye de Kitzingen avant sa destruction en 1544

2023-22. De Saint Ignace d’Antioche, père apostolique et martyr.

1er février,
Fête du Bienheureux Guillaume Repin et de 98 ses compagnons, martyrs d’Angers et d’Avrillé (cf. > ici et > ici) ;
Mémoire de Saint Ignace d’Antioche, évêque et martyr ;
Mémoire de Saint Sigebert III, Roi des Francs et confesseur.

       Saint Ignace d’Antioche, né vers l’an 35 en Syrie et mort à Rome entre 107 et 113, est l’un des plus célèbres parmi les martyrs de l’Antiquité chrétienne : en bonne partie parce que nous sommes relativement bien renseignés sur sa vie, et aussi parce qu’il a écrit sept lettres qui nous sont parvenues et qui le placent dans les rangs des « pères apostoliques ».
On désigne par cette expression de « pères apostoliques » des hommes qui ont laissé des textes, ou bien des écrits anonymes, dans la période qui a suivi immédiatement celle des Apôtres (certains, comme Saint Clément de Rome ou Saint Polycarpe de Smyrne les ont même connus) : leurs écrits constituent un ensemble de textes très importants pour la transmission de la tradition chrétienne authentique.

   Le pape Benoît XVI dans ses catéchèses du mercredi, dans son souci de faire redécouvrir aux fidèles la Tradition des Pères et des Docteurs, a évidemment dispensé un enseignement sur certains des « pères apostoliques ». Profitons donc de la fête de Saint Ignace d’Antioche pour lire, relire et méditer cette catéchèse donnée lors de l’audience générale du mercredi 14 mars 2007.

Saint Ignace d'Antioche - martyre miniature du ménologe de Basile II

Martyre de Saint Ignace d’Antioche – miniature du ménologe de Basile II (vers l’an 1000)

palmes

Chers frères et sœurs !

       [...] Aujourd’hui, nous parlons de saint Ignace, qui a été le troisième évêque d’Antioche, de 70 à 107, date de son martyre. A cette époque, Rome, Alexandrie et Antioche étaient les trois grandes métropoles  de  l’empire  romain. Le concile de Nicée parle de trois « primats »:  celui de Rome, mais Alexandrie et Antioche également participent, d’une certaine manière, à un « primat ». Saint Ignace était évêque d’Antioche, qui se trouve aujourd’hui en Turquie. Là, à Antioche, comme nous l’apprenons des Actes des Apôtres, se développa une communauté chrétienne florissante : le premier évêque fut l’apôtre Pierre – c’est ce que nous rapporte la tradition – et là, « pour la première fois, les disciples reçurent le nom de chrétiens » (Act. XI, 26).

   Eusèbe de Césarée, un historien du IVème siècle, consacre un chapitre entier de son Histoire ecclésiastique à la vie et à l’œuvre littéraire d’Ignace (3, 36). « De Syrie », écrit-il, « Ignace fut envoyé à Rome pour être livré en pâture aux bêtes sauvages, à cause du témoignage qu’il avait rendu du Christ. En accomplissant son voyage à travers l’Asie, sous la surveillance sévère des gardes » (qu’il appelle les « dix léopards » dans sa Lettre aux Romains, 5, 1), « dans toutes les villes où il s’arrêtait, à travers des prédications et des avertissements, il renforçait les Eglises, et surtout, il exhortait, avec la plus grande vigueur, à se garder des hérésies, qui commençaient alors à se multiplier, et recommandait de ne pas se détacher de la tradition apostolique ».
La première étape du voyage d’Ignace vers le martyre fut la ville de Smyrne, où était Evêque saint Polycarpe, disciple de saint Jean (cf. > ici). Ici, Ignace écrivit quatre lettres, respectivement  aux  Eglises  d’Ephèse, de Magnésie, de Tralles et de Rome. « Parti de Smyrne », poursuit Eusèbe, « Ignace arriva à Troade, et de là, envoya de nouvelles lettres » : deux aux Eglises de Philadelphie et de Smyrne, et une à l’évêque Polycarpe. Eusèbe complète ainsi la liste des lettres, qui nous sont parvenues de l’Eglise du premier siècle comme un trésor précieux. En lisant ces textes, on sent la fraîcheur de la foi de la génération qui avait encore connu les Apôtres. On perçoit également dans ces lettres l’amour ardent d’un saint.
Enfin, de Troade, le martyr arriva à Rome où, dans l’amphithéâtre Flavien, il fut livré aux bêtes féroces.

   Aucun Père de l’Eglise n’a exprimé avec autant d’intensité qu’Ignace l’ardent désir d’union avec le Christ et de vie en Lui [...]. En réalité, en Ignace confluent deux « courants » spirituels :  celui de Paul, entièrement tendu vers l’union avec le Christ, et celui de Jean, concentré sur la vie en Lui. A leur tour, ces deux courants débouchent sur l’imitation du Christ, proclamé plusieurs fois par Ignace comme « mon » ou « notre Dieu ». Ainsi, Ignace supplie les chrétiens de Rome de ne pas empêcher son martyre, car il est impatient d’être « uni au Christ ». Et il explique : « Il est beau pour moi de mourir en allant vers (eis) Jésus Christ, plutôt que de régner jusqu’aux confins de la terre. Je le cherche Lui, qui est mort pour moi, je le veux Lui, qui est ressuscité pour moi… Laissez-moi imiter la Passion de mon Dieu ! » (Romains 5, 6). On peut saisir dans ces expressions ardentes d’amour le « réalisme » christologique prononcé, typique de l’Eglise d’Antioche, plus que jamais attentive à l’Incarnation du Fils de Dieu et à Son humanité véritable et concrète : Jésus Christ, écrit Ignace aux Smyrniotes, « est réellement de la  souche  de  David », « Il  est  réellement né d’une vierge », « Il fut réellement cloué pour nous » (1, 1).

   L’irrésistible aspiration d’Ignace vers l’union au Christ donne naissance à une véritable « mystique de l’unité ».
Lui-même se définit comme « un homme auquel est confié le devoir de l’unité » (Philadelphiens, 8, 1). Pour Ignace, l’unité est avant tout une prérogative de Dieu qui, existant dans trois personnes, est Un dans l’unité absolue. Il répète souvent que Dieu est unité, et que ce n’est qu’en Dieu que celle-ci se trouve à  l’état  pur  et originel. L’unité à réaliser sur cette terre de la part des chrétiens n’est qu’une imitation, la plus conforme possible à l’archétype divin.
De cette façon, Ignace arrive à élaborer une vision de l’Eglise qui rappelle de près certaines des expressions de la lettre aux Corinthiens de Clément, l’évêque de Rome. « Il est bon pour vous », écrit-il par exemple aux chrétiens d’Ephèse, « de procéder ensemble en accord avec la pensée de l’évêque, chose que vous faites déjà. En effet, votre collège des prêtres, à juste titre célèbre, digne de Dieu, est si harmonieusement uni à l’Evêque comme les cordes à la cithare. C’est pourquoi Jésus Christ est chanté dans votre concorde et dans votre amour symphonique. Et ainsi, un par un, vous devenez un chœur, afin que dans la symphonie de la concorde, après avoir pris le ton de Dieu dans l’unité, vous chantiez d’une seule voix » (4, 1-2). Et après avoir recommandé aux Smyrniotes de ne « rien entreprendre qui concerne l’Eglise sans l’évêque » (8, 1), confie à Polycarpe : « J’offre ma vie pour ceux qui sont soumis à l’évêque, aux prêtres et aux diacres. Puissé-je avec eux être uni à Dieu. Travaillez ensemble les uns pour les autres, luttez ensemble, courez ensemble, souffrez ensemble, dormez et veillez ensemble comme administrateurs de Dieu, Ses assesseurs et Ses serviteurs. Cherchez à plaire à Celui pour lequel vous militez et dont vous recevez la récompense. Qu’aucun de nous ne soit jamais surpris déserteur. Que votre baptême demeure comme un bouclier, la foi comme un casque, la charité comme une lance, la patience comme une armure » (6, 1-2).

   D’une manière générale, on peut percevoir dans les lettres d’Ignace une sorte de dialectique constante et féconde entre les deux aspects caractéristiques de la vie chrétienne : d’une part, la structure hiérarchique de la communauté ecclésiale, et de l’autre, l’unité fondamentale qui lie entre eux les fidèles dans le Christ. Par conséquent, les rôles ne peuvent pas s’opposer. Au contraire, l’insistance sur la communauté des croyants entre eux et avec leurs pasteurs est continuellement reformulée à travers des images et des analogies éloquentes : la cithare, la corde, l’intonation, le concert, la symphonie. La responsabilité particulière des évêques, des prêtres et des diacres dans l’édification de la communauté est évidente. C’est d’abord pour eux que vaut l’invitation à l’amour et à l’unité. « Ne soyez qu’un », écrit Ignace aux Magnésiens, en reprenant la prière de Jésus lors de la Dernière Cène : « Une seule supplique, un seul esprit, une seule espérance dans l’amour; accourez tous à Jésus Christ comme à l’unique temple de Dieu, comme à l’unique autel ; Il est un, et procédant du Père unique, Il est demeuré uni à Lui, et Il est retourné à Lui dans l’unité » (7, 1-2). Ignace, le premier dans la littérature chrétienne, attribue à l’Eglise l’adjectif de « catholique », c’est-à-dire « universelle » : « Là où est Jésus Christ », affirme-t-il, « là est l’Eglise catholique » (Smyrn. 8, 2). Et c’est précisément dans le service d’unité à l’Eglise catholique que la communauté chrétienne de Rome exerce une sorte de primat dans l’amour : « A Rome, celle-ci préside, digne de Dieu, vénérable, digne d’être  appelée  bienheureuse… Elle préside à la charité, qui reçoit du Christ  la loi et porte le nom du Père » (Romains, prologue).

   Comme on le voit, Ignace est véritablement le « docteur de l’unité » : unité de Dieu et unité du Christ (au mépris des diverses hérésies qui commençaient à circuler et divisaient l’homme et Dieu dans le Christ), unité de l’Eglise, unité des fidèles « dans la foi et dans la charité, par rapport auxquelles il n’y a rien de plus excellent » (Smyrn. 6, 1).
En définitive, le « réalisme » d’Ignace invite les fidèles d’hier et d’aujourd’hui, il nous invite tous à une synthèse progressive entre la configuration au Christ (union avec Lui, vie en Lui) et le dévouement à Son Eglise (unité avec l’évêque, service généreux de la communauté et du monde). Bref, il faut parvenir à une synthèse entre communion de l’Eglise à l’intérieur d’elle-même et mission proclamation de l’Evangile pour les autres, jusqu’à ce que, à travers une dimension, l’autre parle, et que les croyants soient toujours davantage « dans la possession de l’esprit indivis, qui est Jésus Christ Lui-même » (Magn. 15).
En  implorant du Seigneur cette « grâce de l’unité », et dans la conviction de présider à la charité de toute l’Eglise (cf. Romains, prologue), je vous adresse le même souhait que celui qui conclut la lettre d’Ignace aux chrétiens de Tralles : « Aimez-vous l’un l’autre avec un cœur non divisé. Mon esprit s’offre en sacrifice pour vous, non seulement à présent, mais également lorsqu’il aura rejoint Dieu… Dans le Christ, puissiez-vous être trouvés sans tache » (13). Et nous prions afin que le Seigneur nous aide à atteindre cette unité et à être enfin trouvés sans tache, car c’est l’amour qui purifie les âmes.

Saint Ignace d'Antioche

2023-21. Récapitulatif des publications de ce blogue consacrées à Saint François de Sales depuis les origines jusqu’au 29 janvier 2023.

29 janvier 2023,
Fête de Saint François de Sales, évêque et confesseur, docteur de l’Eglise.

Saint François de Sales

   Voici le récapitulatif des principales publications de ce blogue consacrées à Saint François de Sales :

A – Eléments biographiques :

- Présentation de la vie et de l’œuvre de Saint François de Sales par Benoît XVI > ici
- La naissance de Saint François de Sales (21 août 1567) > ici
- Liens de Saint François de Sales avec le Saint Suaire > ici
- La mort de Saint François de Sales (28 décembre 1622) > ici

B – La fondation de la Visitation :

- Les préludes à la fondation de l’Ordre > ici
- La fondation (dimanche de la Sainte Trinité 1610) > ici
- La fin et l’esprit de la Visitation > ici

C – Glorification de Saint François de Sales :

- Sentiments de Madame de Chantal après la mort de Saint François de Sales > ici
- Béatification et canonisation de Saint François de Sales > ici
- Sa proclamation comme Docteur de l’Eglise > ici

C – Prières :

C1 : Prières à Saint François de Sales :

- Litanies de Saint François de Sales > ici

C2 – Prières de Saint François de Sales :

- « Ayez mémoire et souvenance… » (paraphrase du « Memorare » par Saint François de Sales > ici
- Louange de Saint François de Sales à la Très Sainte Vierge > ici

D – Varia :

- Trois livres du Père Gilles Jeanguenin pour mieux connaître Saint François de Sales > ici
- Conseils spirituels de Saint François de Sales au début de l’année liturgique > ici
- Ouverture de l’année jubilaire du 4ème centenaire de la Visitation > ici

- Jubilé d’argent d’affiliation à l’Ordre de la Visitation > ici

St François de Sales

2023-19. Nous avons lu et nous avons aimé : « Pour Dieu et le Roi… avec la Rochejaquelein ».

28 janvier,
Fête de Saint Charlemagne (cf. > ici, > ici et > ici) ;
Anniversaire de la mort d’Henri de La Rochejaquelein [+ 28 janvier 1794].

pour-dieu-et-le-roi-avec-la-rochejaquelein

       Au mois d’octobre dernier, à l’occasion de l’anniversaire de la mort de Monsieur de Bonchamps, j’ai évoqué (et chaudement recommandé) l’excellente collection « Pour Dieu et le Roi… », dans laquelle Brigitte Lundi publie les biographies des héros de la Vendée militaire, à l’intention des enfants (cf. > ici). Mais, ainsi que je le faisais remarquer alors, des adultes y trouveront aussi leur compte avec un immense plaisir, comme en une sorte d’ »apéritif » pour des lectures conséquentes plus fouillées.

   J’ai donc la joie de vous annoncer la parution du cinquième ouvrage de cette collection, dédié à « Monsieur Henri » : « Pour Dieu et le Roi… avec la Rochejaquelein ».

4ème de couverture :

   Après avoir entendu le récit de Grand-Mère Zénaïde (dans Pour Dieu et le Roi, en Vendée), celui de l’Oncle Mathurin (dans Pour Dieu et le Roi, avec Cathelineau), celui de l’Oncle Joseph (dans Pour Dieu et le Roi, avec Stofflet), celui de l’oncle Ernest (dans Pour Dieu et le Roi, avec Bonchamps) nos petits amis vendéens se posent encore mille questions !
Dans ce volume, l’oncle René raconte à ses neveux la grande épopée vendéenne avec La Rochejaquelein.
Un récit palpitant qui devrait passionner nos p’tits Chouans de 10-12 ans !

   L’année 2022 a été celle du deux-cent-cinquantième anniversaire de la naissance d’Henri du Vergier de La Rochejaquelein (30 août 1772), que Monseigneur Pie, futur cardinal, surnomma « l’Achille de la Vendée », tué à 21 ans et demi par un « Bleu » qu’il venait de gracier.

   Pour compléter l’hommage que lui rend avec brio Brigitte Lundi, je veux vous montrer, ci-dessous, l’authentique étendard de « Monsieur Henri », photographié par Frère Maximilien-Marie en octobre 2021 (avec l’aimable autorisation de ses propriétaires) dans l’un des salons de la famille, apparentée aux La Rochejaquelein, qui en a aujourd’hui le précieux dépôt.

drapeau de La Rochejaquelein - collection privée

   Puisse donc ses beaux exemples nous inspirer et stimuler notre manière d’agir, lui auquel sa cousine par alliance et future belle-sœur a rendu ce bel hommage : « Il avait un courage ardent et téméraire qui le faisait surnommer l’Intrépide. Dans les combats, il avait le coup d’œil juste et prenait des résolutions promptes et habiles. Il inspirait beaucoup d’ardeur et d’assurance aux soldats » (Mémoires de Victoire de Donissan, marquise de Lescure puis de La Rochejaquelein).

pattes de chatTolbiac.

Blason_Famille_La_Rochejaquelein.svg

Du Vergier de La Rochejaquelein :
de sinople à la croix d’argent cantonnée de quatre coquilles du même
et chargée d’une coquille de gueules en abîme
.

12345...78

A tempo di Blog |
Cehl Meeah |
le monde selon Darwicha |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | mythologie
| jamaa
| iletaitunefoi