Archive pour la catégorie 'Lectures & relectures'

2024-174. A la pieuse mémoire de Monsieur l’Abbé Christian-Philippe Chanut.

- 17 août 2013 -

memento mortuaire abbé Chanut

       Monsieur l’Abbé Christian-Philippe Chanut était né à Talence, commune limitrophe de Bordeaux, le 7 août 1948. Il s’était d’abord engagé dans des études de Droit et de Lettres modernes, avant de se plonger dans l’histoire moderne (rappelons qu’en histoire le mot moderne désigne les XVIIème et XVIIIème siècles), puis d’entrer au séminaire de Saint-Sulpice pour le compte du diocèse de Corbeil-Essonnes (renommé depuis diocèse d’Evry-Courcouronnes). Ordonné prêtre le 9 juin 1979, il fut alors nommé curé de Saulx-les-Chartreux dont il fit une paroisse atypique, attirant de nombreux fidèles.

   Peu de temps après son ordination, il fut choisi comme aumônier par le Mémorial de France à Saint-Denis, et il exercera dès lors une influence grandissante dans la sphère légitimiste : le Prince Alphonse de Bourbon, duc d’Anjou et de Cadix, de jure Sa Majesté le Roi Alphonse II de France (+ 30 janvier 1989) le choisira pour aumônier personnel, faisant de lui, officiellement le Grand Aumônier de France. Il aura une importante influence sur l’évolution spirituelle de la Princesse Emmanuelle de Dampierre, duchesse de Ségovie (cf. > ici) dont il célèbrera les funérailles en l’église du Val-de-Grâce, à Paris.
En 1988, il participa à la fondation des Compagnons de Saint Michel Archange, dont il fut le premier chapelain-prieur jusqu’en 2006.

   Prédicateur et orateur d’un immense talent, il a particulièrement impressionné et ému ses auditoires avec l’oraison funèbre du Prince Alphonse, de jure Sa Majesté le Roi Alphonse II, lors de la Messe de Requiem célébrée à la basilique de Saint-Denis en février 1989, et celle qu’il prononça, toujours à Saint-Denis, en juin 2004, lors du dépôt du cœur authentifié du jeune Louis XVII.

   Ami personnel de l’écrivain Jean Raspail (+ 13 juin 2020), il le réconciliera avec la foi catholique et le conseillera également pour les questions historiques de certains de ses romans, en particulier « L’Anneau du pêcheur ».

   Monsieur l’Abbé Chanut fut ensuite, dans son diocèse, nommé curé-doyen de Milly-la-Forêt, puis exorciste et archiviste du diocèse, et enfin responsable de l’application du motu proprio Summorum Pontificum. A côté de son ministère diocésain, il a également enseigné l’histoire de l’Eglise, l’homilétique et la patristique au séminaire de la Fraternité Saint-Pierre à Wigratzbad.

   Longuement éprouvé par un cancer, il est pieusement décédé en son domicile de Boutigny-sur-Essonne le samedi 17 août 2013. Ses funérailles furent célébrées le 22 août en la Collégiale Notre-Dame de l’Assomption de Milly-la-Forêt et a été ensuite inhumé au cimetière de la Chartreuse, à Bordeaux.

Monsieur l'abbé Christian-Philippe Chanut

Dans les pages de ce blogue vous trouverez plusieurs textes concernant Monsieur l’Abbé Chanut ou nés sous sa plume :

- Une lettre ouverte publiée lors de son trépas (2013) > ici
- Le dixième anniversaire de sa mort (2023) avec la publication de plusieurs enregistrements vidéo > ici

- L’enregistrement d’une homélie prononcée à l’occasion de la solennité de Saint Michel > ici

- Un texte extraordinaire de profondeur spirituelle sur l’offrande de soi > ici

- La fondation de la monarchie capétienne, œuvre indubitablement divine > ici

frise lys

 

2024-173. La vie de Saint Roch, établi par Dieu dans Son Eglise comme spécial intercesseur contre les maladies contagieuses.

16 août,
Fête de Saint Roch, céleste protecteur en second du Mesnil-Marie.
On trouvera ses litanies > ici
Et une prière en temps d’épidémie > ici

Saint Roch

       Saint Roch est né à Montpellier entre 1348 et 1350 (en France, nous sommes au tout début de la Guerre de Cent ans), fils unique d’un haut magistrat, Jean Roch de La Croix, et de sa pieuse épouse, dame Libère (Libéria). Il portait sur la poitrine, au côté droit, une sorte de tache de naissance en forme de croix : signe d’une vocation particulière de dévouement et de sacrifice.

   Montpellier, auparavant ville appartenant à la Couronne d’Aragon puis aux Rois de Majorque, fut achetée par le Roi de France Philippe VI en 1349 : elle fut alors l’une des villes les plus peuplées du Royaume, et son université de médecine (fondée en 1220) était l’une des plus réputées de la Chrétienté.
Toutefois Montpellier n’était pas alors un évêché, elle ne le deviendra qu’en 1536 lorsque le siège épiscopal de Maguelonne y sera transféré.

   Roch reçut sa première éducation de sa pieuse mère, et se montra dès l’enfance d’une piété bien au-dessus de la moyenne, ainsi que d’une charité sans bornes pour les pauvres : il avait grande joie à les accueillir dans la maison paternelle et à leur distribuer toutes ses petites épargnes.

   A seize ans, il commença à fréquenter l’université et il y reçut la formation médicale qui y était dispensée.
C’est lorsqu’il atteignit sa vingtième année qu’il perdit successivement son père et sa mère, à peu de temps d’un de l’autre. Avant de rendre son âme à Dieu, Jean de La Croix avait fait à son fils ces suprêmes recommandations : « Mon fils, sois toujours le serviteur dévoué de notre Rédempteur et Maître, Jésus-Christ. Assiste les veuves et les orphelins ; emploie en bonnes œuvres les trésors que je te laisse ; visite souvent les hôpitaux où sont les pauvres et les infirmes, ces membres souffrants de notre Sauveur, et que Dieu te bénisse »

Tableau populaire église Notre-Dame Bellegarde

Détail d’un tableau de facture naïve dans l’église Notre-Dame à Bellegarde

   Après avoir distribué tous ses biens aux pauvres, Roch, ayant pris l’habit des pèlerins, décida de partir pour Rome.
L’épidémie de peste, à laquelle bien plus tard on donnera le nom de peste noire, avait touché l’Europe occidentale à partir de 1347 et, en cinq ou six ans, avait emporté, estime-t-on, quelque vingt-cinq millions de victimes (selon les lieux 30 à 60 % de la population) pour la seule Europe.
Au moment où Roch se mit en route, la période de plus grande mortalité était passée ; toutefois l’épidémie subsistait sous forme de foyers de contagion restreints.

   Vêtu de sa houppelande de toile grossière, couvrant des vêtements tels qu’en portaient les plus humbles de la société, coiffé d’un chapeau à larges bords, protection aussi bien contre la pluie que contre les ardeurs du soleil, un bourdon à la main (pour assurer la marche et, le cas échéant, se défendre des attaques d’animaux), Roch n’emporta de son immense patrimoine qu’une gourde et une panetière pour y ranger les aumônes recueillies le long de la route.

   En chemin, il s’arrête dans quelques hôpitaux pour soigner et panser les plaies des malades, surtout ceux victimes de la peste. Il opère des guérisons par ses prières et par le signe de la croix.
En juillet 1367, il arrive à Acquapendente, dans la province de Viterbe, au nord du Latium, où l’épidémie connaît une forme de regain. Il supplie qu’on l’accepte pour servir dans l’hôpital des pestiférés, ce qu’on lui refusait d’abord en raison de sa jeunesse. Avec un admirable dévouement il y reste trois mois, humble serviteur des pestiférés, réconfortant et embrassant les malades, ranimant leur foi en même temps que leurs forces, prodiguant soins et paroles encourageantes, manifestant la plus tendre et délicate charité à tous.
L’épidémie régresse les habitants d’Acquapendente considèrent que Roch est le principal instrument de cette victoire sur la maladie, mais il se dérobe aux témoignages de gratitude et poursuit sa route.

Saint Roch - détail d'un tableau de l'église Notre-Dame Versailles

Détail d’un tableau de l’église Notre-Dame, à Versailles

   Au début de l’année 1368, il arrive à Rome où la peste sévit : pendant trois années, il va là aussi se mettre avec ardeur et zèle au service des malades, probablement à l’Hôpital du Saint-Esprit.
Un cardinal (il pourrait s’agir de Gaillard de Boisvert, régent de la Sacrée Pénitencerie Apostolique), qu’il avait guéri et qui avait aussi été le témoin admiratif de son inlassable dévouement aux malades et de plusieurs guérisons miraculeuses, le présenta U Bienheureux Urbain V, qui, saisi d’une mystérieuse intuition, s’écria en le voyant : « Toi… Il me semble que tu viens du Paradis ! ».
Et il lui accorda sa bénédiction apostolique avec l’indulgence plénière.

Saint Roch aux pieds du Bienheureux Urbain V détail Le Tintoret

Jacopo Robusti, dit Tintoretto, en français le Tintoret (v. 1518 – 1594) :
Saint Roch aux pieds du Bienheureux Urbain V (détail)

[Venise, Scuola Grande San Rocco]

   Saint Roch quitta Rome en 1370 pour s’en retourner vers sa patrie. Au mois de juillet 1371, on le trouve à Plaisance, à l’hôpital Notre-Dame de Bethléem, près de l’église Sainte-Anne, où il assista, réconforta et guérit les malades. Mais il fut alors à son tour touché par la peste.

   Certains disent que c’était une décision personnelle volontaire, afin de ne pas contaminer les autres, mais pour d’autres ce serait parce qu’on l’aurait chassé sans ménagement de la cité, il se retira dans une forêt entre Plaisance et Sarmato.
Manquant des soins qu’il avait prodigués à tant de malades avec tant de générosité, il se sentit défaillir, et se laissa tomber au pied d’un arbre, pour y mourir seul. Mais un ange lui apparut et le consola en lui suggérant que ses souffrances seraient agréables à Dieu.
Roch allait entrer dans la seconde partie de sa vocation et passer de la pratique des œuvres de miséricorde corporelle à celle de l’immolation mystique : « Ce qui manque à la Passion du Christ, je l’accomplis dans ma propre chair, pour Son Corps qui est l’Eglise… »
Quand l’ange disparut, au lieu-même où il s’était tenu, jaillit une source vive dont l’eau apaisa sa fièvre et lui permit de laver sa plaie.

   Non loin de cette forêt, dans une agréable vallée, s’élevait le manoir du seigneur Gothard Palastrelli, qui passait son temps en joyeuse compagnie, occupé aux parties de chasse et aux festins. II s’était établi dans cette confortable demeure relativement éloignée des centres urbains pour mieux se préserver de l’épidémie.
Or, tandis qu’entouré de ses amis il faisait bonne chère et tenait joyeux propos, un de ses chiens s’étant approché de la table prit un pain tout entier et s’enfuit au plus vite. Gothard n’y fit pas attention. Mais le lendemain, le même fait s’étant reproduit, intrigué, il se leva aussitôt et suivit le chien. Il le vit bientôt s’enfoncer dans un bois et s’arrêter à l’entrée d’une misérable hutte. Là, sur un lit de feuilles sèches, gisait un homme jeune encore, dont le visage pâle accusait de cruelles souffrances.
Très impressionné, Gothard résolut, à son tour, de quitter le monde pour passer le reste de sa vie dans la solitude. Ayant mis ordre à ses affaires et distribué son bien aux malheureux, il se retira auprès de Saint Roch.

Pordenone - Saint Roch trouvé par Gothard Palastrelli

Giovanni Antonio de’Sacchis, dit le Pordenone (1484-1539) :
Saint Roch trouvé par Gothard Palastrelli

      Roch, ayant retrouvé quelques forces, reprit sa route pour rentrer chez lui.

Concernant la fin de la vie du saint pèlerin existent deux traditions :

   a) Selon la première, qui semble la mieux établie, lors de sa traversée de la Lombardie, alors que des luttes intestines troublaient la province, il aurait été pris pour un espion et arrêté à Broni, puis transféré à Voghera par Beccaria, intendant militaire des Visconti.
Sa renommée était déjà grande, et, grâce à sa marque de naissance en forme de croix sur sa poitrine, il eût aisément pu être identifié par son oncle, gouverneur de la ville ou par l’un des plus proches collaborateurs de ce dernier. Mais, fidèle au vœu d’anonymat de tout pèlerin, Roch ne révéla pas son identité et demanda à pouvoir reprendre son chemin en tant qu’ « humble serviteur de Dieu ». Sa requête fut rejetée et il fut mis au cachot.
Son emprisonnement dura cinq années.
Il ne dévoila son identité qu’à un prêtre, la veille de sa mort, survenue le mardi
 16 août 1379, alors qu’il était âgé d’environ 30 ans.
Il fut enterré avec dévotion à Voghera et, dès 1382, on sait qu’il y était fêté et célébré comme un saint.

   2) La seconde tradition reprend ces mêmes éléments, de l’arrestation et des cinq années de captivité, mais les situe à Montpellier même, lors de son arrivée dans sa ville de naissance : elle semble moins certaine, tout simplement parce qu’on n’a pas la trace de la sépulture de Saint Roch à Montpellier et que cela n’expliquerait pas qu’on fût allé l’ensevelir à Voghera, seule cité à pouvoir attester du lieu de son inhumation.

Rubens - église Saint-Martin d' Alost

Pierre-Paul Rubens (1577-1640) :
Le Christ établissant Saint Roch comme céleste protecteur des malades de la peste (1623-1626)
[retable de l'église Saint-Martin d'Alost - Belgique]

   Sa dépouille mortelle fut conservée dans l’église de Voghera, qui lui est dédiée, jusqu’en février 1485, date à laquelle elle fut soit volée soit fut l’objet au centre d’une transaction avec la Sérénissime…
Toujours est-il que depuis lors, à l’exception de deux petits os du bras restés à Voghera, la majeure partie de son corps se trouve à Venise, en l’église de la Scuola Grande di San Rocco que le Tintoret a ornée de très célèbres tableaux consacrés à la vie édifiante de saint Roch.
Au XIXe siècle, un tibia du saint fut remis solennellement comme relique au sanctuaire de Montpellier, qui possède également son bâton de pèlerin.

   Le culte de Saint Roch s’est rapidement répandu dans le nord de l’Italie, dans les provinces du Midi, puis dans le reste de la France et dans toute l’Europe.
Il est invoqué contre les maladies contagieuses des hommes, mais aussi du bétail, et il est également considéré comme l’un des saints protecteurs des animaux.

Venise église Saint Roch autel majeur avec l'urne contenant le corps de Saint Roch

Venise, église Saint-Roch : l’autel majeur au-dessus duquel se trouve l’urne renfermant les reliques de Saint Roch

2024-171. « Prenant la très sainte et très glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de notre royaume, nous lui consacrons particulièrement notre personne, notre Etat, notre couronne et nos sujets… »

15 août,
L’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie :
Principale fête patronale du Royaume de France (cf. > ici),
(double de 1ère classe avec octave commune).

       Nous avons réuni ci-dessous la liste de tous les textes publiés dans ce blogue au sujet du vœu de Louis XIII, de son histoire et de la manière dont il convient de le renouveler à chaque 15 août.

Champaigne - Vœu de Louis XIII - musée des beaux-arts Caen

Philippe de Champaigne : le vœu de Louis XIII (1638)
[musée des Beaux-Arts, Caen]

A – Textes législatifs :

- Le texte de l’Edit de Saint-Germain (10 février 1638) improprement appelé « Vœu de Louis XIII » (puisqu’en effet il ne s’agit pas du texte du vœu royal lui-même mais de celui du document officiel par lequel Sa Majesté a informé son clergé et ses peuples du Vœu accompli et de la manière dont il doit être renouvelé chaque 15 août ici
- La lettre apostolique de Pie XI (1922) qui confirme la Vierge Marie comme céleste patronne de la France sous le vocable de son Assomption ici

B – Textes pour la liturgie :

- Les rites liturgiques à accomplir pour renouveler le Vœu de Louis XIII chaque 15 aoûtici
– La prose « Induant justitiam » propre aux diocèses de France pour la fête de l’Assomption > ici
– La Messe propre en l’honneur de la Bienheureuse Vierge Marie du Vœu de Louis XIII > ici

C – Prières de dévotion pour renouveler la consécration de la France à la Très Sainte Vierge :

- Une prière attribuée à la Vénérable Elisabeth de France ici
– Une prière publiée en 1825 ici

D – Autres textes :

- La fête de l’Assomption n’est pas une « fête nationale », mais la fête patronale de la France > ici
- La Révérende Mère Anne-Marie de Jésus Crucifié, moniale calvairienne, mystique, choisie par Dieu pour faire connaître à Louis XIII Sa volonté de lui voir consacrer son Royaume à Sa Très Sainte Mère > ici

Philippe de Champaigne - Louis XIV renouvelant le vœu de Louis XIII

Philippe de Champaigne : Louis XIV enfant renouvelant le vœu de Louis XIII (vers 1650)
[Hambourg, Kunsthalle]

2024-170. Le 15 août est-il « la véritable fête nationale » de la France ?

15 août,
L’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie :
Principale fête patronale du Royaume de France (cf. > ici),
(double de 1ère classe avec octave commune).

Consécration de la France à la Très Sainte Vierge

Consécration de la France à la Très Sainte Vierge Marie
(vitrail de la basilique Notre-Dame des Victoires)

       Il arrive assez fréquemment que j’entende des catholiques dire du 15 août qu’il est le jour de « la véritable fête nationale » (sic) de la France.
Cela arrive en particulier aux alentours du 14 juillet comme une forme de protestation contre cette célébration républicaine honteuse (je vous renvoie pour cela à ce que feu mon prédécesseur le Maître-Chat Lully avait écrit à ce sujet > ici), et j’entends tout ce qu’il y a de bonnes intentions derrière cette assertion qui cherche à rappeler que la France n’a pas commencé avec la révolution, que la France est – par essence – catholique et royale depuis ses origines, et qui place la consécration du Royaume à la Très Sainte Vierge Marie par Sa Majesté le Roi Louis XIII au premier rang de nos principales célébrations nationales, alors que la république impie veut mettre à la place la glorification du parjure, du crime et de la révolte contre l’ordre voulu par Dieu.

   Néanmoins, cette « bonne intention » qui consiste à dire : « Notre vraie fête nationale est le 15 août » est exactement du même ordre que cette stupidité qui affirme avec autant de naïveté que d’approximation : « Le carême, c’est le ramadan des catholiques » !

   Ne dit-on pas que « l’enfer est pavé de bonnes intentions » ?
Il me semble que de semblables procédés, qui voudraient s’opposer à l’erreur ou à l’impiété en utilisant le langage et les concepts de « l’ennemi », sont absolument contreproductifs, et même dangereux.
Dangereux, oui, parce qu’en nous engageant dans les méandres obscurs de la phraséologie révolutionnaire, ils risquent d’enfermer ceux qui les utilisent dans les pièges de l’idéologie qui la sous-tend.

   Dans la saine mentalité antérieure à l’immonde révolution, l’idée de « fête nationale » n’existe pas, pour la bonne et simple raison que l’idée de « nation » qui la fait exister n’existe pas – du moins dans le sens dont elle a été revêtue depuis -, parce que c’est une idée révolutionnaire.
L’idée de « fête nationale » est une notion conséquente aux faux principes révolutionnaires ; elle est étrangère aux principes de l’Ancien Régime.

   Certes, le mot « nation » a existé et a été utilisé avant l’idéologie issue des prétendues « Lumières », mais il était alors un quasi synonyme du mot « peuple », lequel était compris dans son sens historique et quasi ethnique.
Nul alors n’eût pensé à parler de la « nation » au sens où cela est compris de nos jours.

   Pour les révolutionnaires et leurs continuateurs (eux qui terminent leurs discours par « Vive la république ! Vive la France ! » , en mettant significativement l’une avant l’autre), ce qui prime c’est la « nation républicaine », et cette « nation » est une construction idéologique faite de « valeurs », ou prétendues telles, substituées à la patrie réelle, physique, quasi charnelle.
Lorsqu’ils parlent de « patrie » ou de « nation », ils entendent par là un système politique, un système révolutionnaire, un système opposé aux valeurs traditionnelles catholiques et royales qui ont construit la France et l’ont faite grandir pendant treize siècles : c’est ce qui explique qu’ils utilisent des expressions telles que « le territoire de la république » ou « la langue de la république ».

   Dans cette perspective, l’expression « fête nationale » a été créée comme une manipulation mentale supplémentaire afin d’assujettir les consciences à l’idéologie révolutionnaire, afin de dévoyer l’amour naturel de la patrie pour le détourner vers la célébration de la république – patrie idéologique – destructrice des valeurs traditionnelles.

   A rebours de l’ordre naturel, préservé par l’histoire et par le développement organique du Royaume de France, lequel était une mosaïque de peuples possédant chacun – de manière tout-à-fait légitime – leurs langues, leurs coutumes, leurs traditions, leurs costumes, leurs privilèges… etc., mais dont l’unité se faisait en la personne du Roi, la révolution a voulu instituer une « république une et indivisible » qui a détruit tous les particularismes provinciaux, qui a détruit tous les usages et coutumes immémoriaux, qui a détruit tous les corps intermédiaires, et qui ne considère plus que l’individu, seul en face de « la république » : un individu qui, là encore, n’est plus qu’un « citoyen » fait d’abstractions idéologiques, et non un être réel inscrit dans une lignée, enraciné dans un terroir, héritier de longues traditions multiséculaires.
Pour cette république, les « citoyens » sont des êtres interchangeables dont on nie les caractères particuliers : son « égalité » n’est qu’un nivellement radical tendant à la stricte uniformité.
La république est par essence dictatoriale, et le concept même de « fête nationale » n’a pour but que de travailler à cette uniformisation des individus dans le creuset de l’idéologie révolutionnaire

   Au contraire, le Royaume, lui, comme la Sainte Eglise, est une sorte de corps mystique composé de peuples, naturellement et légitimement divers et différents, qui ne doivent en aucune manière devenir tous semblables les uns aux autres, et qui trouvent leur harmonie organique et leur complémentarité dans  l’unité de la personne du Roi, dont le pouvoir est d’essence paternelle.

   Ainsi, un Royaume qui vit des valeurs traditionnelles, n’a que faire d’une « fête nationale ».
Un Royaume qui vit des valeurs traditionnelles va célébrer la fête patronale de son Roi, son principe d’unité.
Un Royaume qui vit des valeurs traditionnelles va célébrer, dans une authentique ferveur religieuse, la fête patronale du Royaume.

   Une fête patronale exprime une réalité infiniment supérieure à une « fête nationale ».
Une fête patronale nous place dans une réalité surnaturelle : elle nous situe dans la logique de l’Incarnation et de ses conséquences, elle nous insère dans l’histoire du salut, elle nous fait considérer les réalités d’ici-bas dans une perspective où les domaines temporels et spirituels, tout en étant clairement distincts, ne sont pas séparés, ne divorcent pas, ne sont pas antagonistes, mais – chacun selon son ordre, conforme à sa nature – collaborent pour que chacun des sujets de ce Royaume parvienne à son épanouissement naturel et spirituel, et réalise sa vocation terrestre et éternelle. 

   Si je proteste contre cette naïve (et quelque part touchante en raison même de cette naïveté) affirmation du caractère de « fête nationale » de cette fête de l’Assomption de Notre-Dame, le 15 août, c’est parce que c’est tellement autre chose ; nous sommes dans une réalité infiniment supérieure, infiniment plus grande, infiniment plus belle  : c’est la principale fête patronale du Royaume !

   C’est la célébration joyeuse de la collaboration du ciel et de la terre dans l’histoire d’un Royaume : cette célébration est d’abord spirituelle et religieuse, mais elle déborde en saines réjouissances humaines, et, dans l’unité d’un corps mystique, elle magnifie et rend grâces au Très-Haut pour Ses sollicitudes à l’égard de ce Royaume, pour Ses interventions dans son histoire, pour les miracles qu’Il a accomplis à toutes les générations à travers Ses saints, à travers les Rois qu’Il a oint d’un chrême miraculeux, à travers la fidélité des sujets conscients de cette « gesta Dei per Francos : geste de Dieu par les Francs », et à laquelle ils ont prêté leur concours et se sont soumis avec amour.

pattes de chat  Tolbiac.

Armes de France & Navarre

2024-169. La prose « Induant justitiam » propre aux diocèses du Royaume de France pour la fête de l’Assomption de Notre-Dame.

15 août,
L’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie :
Principale fête patronale du Royaume de France
(double de 1ère classe avec octave commune).

Abraham Bosse voeu de Louis XIII

Abraham Bosse (v. 1602-1676) : « Les Vœux du Roy et de la Reyne à la Vierge » (1638)
[Eau-forte, Bibliothèque nationale de France]

       Voici le texte, la traduction, puis la notation de la prose de l’Assomption telle qu’elle figure au Missel propre de l’archidiocèse de Paris depuis le Cardinal de Noailles (1651-1729) et telle qu’elle s’y trouve toujours dans la dernière édition publiée avant le second concile du Vatican.
Cette prose se retrouve aussi dans les propres de nombreux diocèses du Royaume.

Prose de l'Assomption - blogue

   En voici maintenant la notation musicale :

Prose de l'Assomption notes - blogue

   Nous en avons même trouvé un enregistrement ici (faire un clic droit sur l’avatar ci-dessous, puis « ouvrir dans un nouvel onglet »). :

Image de prévisualisation YouTube

   Nous sommes ici, bien évidemment, dans un authentique plain-chant tel qu’il se pratiquait sous l’Ancien Régime dans notre beau Royaume de France, avant que les modes d’inspiration romantico-monastique (ou monastico-romantique), sous prétexte de « restauration » du chant grégorien [restauration de choses qui n'avaient jamais existé sans doute !], ne vinssent priver de toute virilité l’interprétation du chant d’église.
Certes, cet enregistrement peut dérouter quelque peu ceux qui ne sont habitués qu’aux exécutions de type solesmnien (ou solemniaque), mais il est de toute évidence bien plus proche de la réalité factuelle qu’une interprétation de style monastico-romantique.

Vous trouverez aussi dans ce blogue :

- Les rites liturgiques à accomplir pour renouveler le Vœu de Louis XIII > ici.

- Des prières de dévotion pour consacrer la France à la Très Sainte Vierge :

- Une prière attribuée à la Vénérable Elisabeth de France > ici
- Une prière publiée en 1825 > ici

- Le texte de l’Edit de Saint-Germain (10 février 1638) improprement appelé « Vœu de Louis XIII » (puisqu’en effet il ne s’agit pas du texte du vœu royal lui-même mais de celui du document officiel par lequel Sa Majesté a informé son clergé et ses peuples du Vœu accompli et de la manière dont il doit être renouvelé chaque 15 août > ici
- La lettre apostolique de Pie XI (1922) qui confirme la Vierge Marie comme céleste patronne de la France sous le vocable de son Assomption > ici

- Des strophes de la liturgie grecque pour célébrer l’Assomption > ici
- La paraphrase du « Salve, Regina », par Saint Bonaventure > ici
- Une prière du Vénérable Pie XII à Notre-Dame de l’Assomption > ici
- Un beau sermon sur le mystère de l’Assomption > ici
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Assomption - Charles-Antoine Bridan - Chartres

Charles-Antoine Bridan (1730-1805) : l’Assomption de la Très Sainte Vierge Marie
(groupe sculpté surmontant le maître-autel de la cathédrale de Chartres)

2024-168. Récapitulatif des publications de ce blogue relatives à Saint Maximilien-Marie Kolbe.

14 août,
Fête de Saint Maximilien-Marie Kolbe ;
Vigile de l’Assomption de Notre-Dame ;
Mémoire de Saint Eusèbe, martyr.

Reliquaire parcelle bure St Maximilien-Marie Kolbe

Oratoire du Mesnil-Marie
cadre reliquaire contenant une parcelle de bure de Saint Maximilien-Marie Kolbe

A – Des articles biographiques :

- Le martyre de Saint Maximilien-Marie Kolbe > ici
- Le témoignage d’un rescapé d’Auschwitz, témoin direct du martyre de Saint Maximilien-Marie > ici

- La fondation de la « Militia Immaculatae » le 16 octobre 1917 > ici
- L’anniversaire de l’ordination sacerdotale de Saint Maximilien-Marie > ici
- L’anniversaire de la première Messe de Saint Maximilien-Marie > ici

B – Des exposés, conférences, sermons ou publications sur Saint Maximilien-Marie :

- Une courte catéchèse estivale du Pape Benoît XVI > ici
- Des vidéos dignes d’attention > ici

C – Prières :

- Prières en l’honneur de Saint Maximilien-Marie Kolbe > ici

cellule du bunker de la faim - Auschwitz

Intérieur (état actuel) de la cellule du bunker de la faim
dans laquelle Saint Maximilien-Marie Kolbe a achevé sa vie terrestre le 14 août 1941

2024-167. Des vidéos intéressantes sur Saint Maximilien-Marie Kolbe.

14 août,
Fête de Saint Maximilien-Marie Kolbe, prêtre et martyr (cf. > ici) ;
Vigile de l’Assomption de la Très Sainte Vierge Marie ;
Mémoire de Saint Eusèbe, martyr.

Saint Maximilien-Marie Kolbe

   La vie de Saint Maximilien-Marie Kolbe a non seulement inspiré de nombreux ouvrages ou textes écrits, mais elle a également suscité des productions cinématographiques ou documentaires en assez grand nombre, de qualité inégale.
Vous trouverez ci-dessous les liens vers des publications audiovisuelles qui nous ont plus spécialement intéressés : 

1) un court métrage de moins de 9 minutes, en langue anglaise, mais aisé à comprendre, qui reconstitue l’arrestation, l’internement et le martyre de Saint Maximilien-Marie (faire un clic droit sur l’avatar ci-dessous, puis « ouvrir dans un nouvel onglet ») :

Image de prévisualisation YouTube

2) un documentaire en langue espagnole et sous-titré en français qui donne un bon aperçu de la totalité de la vie de Saint Maximilien-Marie (faire un clic droit sur l’avatar ci-dessous, puis « ouvrir dans un nouvel onglet ») :

Image de prévisualisation YouTube

3) Enfin une conférence en langue française (avec l’accent du Québec) de Monsieur l’abbé Robert Gagné, prêtre de Saint-Sulpice, d’une durée de presque 2 h et quart, très intéressante, très fouillée, citant de nombreux textes de Saint Maximilien-Marie, qui retrace en même temps sa biographie et son itinéraire spirituel (faire un clic droit sur l’avatar ci-dessous, puis « ouvrir dans un nouvel onglet ») :

Image de prévisualisation YouTube

   Ces vidéos nous paraissent véritablement utiles pour approfondir la vie de ce prêtre franciscain dont les exemples sont particulièrement forts pour développer davantage notre dévotion mariale, stimuler notre zèle pour le salut des âmes, décupler notre générosité dans les épreuves, et nous préparer à soutenir les événements prochains qui pourraient advenir, portant avec eux de nouvelles persécutions…

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.

médaille miraculeuse

2024-164. Philippe de Champaigne, peintre du « grand siècle des âmes ».

12 août,
Fête de Sainte Claire d’Assise, vierge et abbesse (cf. > ici & > ici) ;
Anniversaire de la mort de Philippe de Champaigne, peintre (+ 12 août 1674).

Philippe de Champaigne - autoportrait

Philippe de Champaigne (1602-1674) : autoportrait
[Harvard Art Museums, Cambridge]

       Philippe de Champaigne [et il faut le prononcer « Champagne »] est l’un de nos peintres de prédilection au Mesnil-Marie, parce que nous trouvons dans ses œuvres un accomplissement spirituel inégalé.

   Ce brabançon, fils de tailleur, est né à Bruxelles, dans les Pays-Bas espagnols, le 26 mai 1602. Sa formation artistique commença vers l’âge de douze ans dans des ateliers bruxellois : elle comportait une initiation au portrait miniature, puis au paysage, en particulier avec Jacques Fouquières (1580-1659), maître renommé que, par la suite, Louis XIII chargera de peindre les villes de France. C’est vraisemblablement ce dernier qui fera venir Philippe à Paris vers 1621, après qu’il aura refusé la proposition de Rubens à travailler dans son atelier d’Anvers.
Il rencontre alors le jeune Nicolas Poussin, de six ans son aîné, qui n’est pas encore parti pour Rome.

   C’est l’époque de la construction du palais du Luxembourg. Le peintre Nicolas Duchesne (v. 1575-1628), chargé des ouvrages de peinture, y emploie Poussin et Champaigne pour réaliser des décors paysagers sur les lambris.
Dans cette décennie 1620, Champaigne réalise plusieurs tableaux pour la Reine Mère, Marie de Médicis (1575-1642). A la mort de Nicolas Duchesne (1628), Marie de Médicis lui propose le poste de premier peintre de la Reine. Il loge au palais du Luxembourg, est naturalisé français en 1629 et reprend à Paris l’atelier florissant de Nicolas Duchesne. 
Ainsi, Philippe de Champaigne a-t-il été rapidement distingué, et, en l’absence de Nicolas Poussin, installé à Rome, devient-il le principal concurrent parisien de Simon Vouet sous le règne de Louis XIII. Sa monumentale Présentation au temple de 1628-1630 le place définitivement à ce rang.

Philippe de Champaigne - Présentation au Temple 1628-1630 musée des Beaux-Arts de Dijon

Philippe de Champaigne : Présentation au Temple (1628-1630)
[musée des Beaux-Arts de Dijon]

« Dans cet important tableau, Champaigne met sa formation flamande, sensible dans la richesse des coloris, au service d’une composition ambitieuse, qui comporte déjà toutes les prémices du classicisme français à venir.
L’équilibre entre la monumentalité de l’architecture, la composition en frise et la véracité des visages, sans doute peints d’après nature, en fait le chef-d’œuvre de la jeunesse de l’artiste.

Ce tableau a été peint pour le couvent parisien des Carmélites du Faubourg Saint-Jacques à Paris. Il faisait partie d’une série de six tableaux peints pour la nef de l’église. »
(Commentaire musée des Beaux-arts de Dijon)

   Le 30 novembre 1628, Philippe de Champaigne a épousé Charlotte Duchesne (1611-1638), fille de son prédécesseur. De cette union naîtront trois enfants : Claude (1634-1642), Catherine (1636-1686) et Françoise (1637-1655).

   Il parvint bientôt à conquérir l’estime du cardinal de Richelieu (1585-1642), élevé à la pourpre romaine en 1622 et devenu principal ministre d’Etat en 1624. Ce dernier ayant entrepris la construction d’un palais, nommé à l’époque le Palais-Cardinal (actuel Palais-Royal), il en confie la décoration à Champaigne (malheureusement, la plupart de ces créations ont été détruites). Richelieu lui confia aussi les décors du dôme de l’église de la Sorbonne et lui commanda plusieurs portraits. Champaigne fut même le seul peintre autorisé à peindre le Cardinal-ministre en habit de cardinal : il le représentera onze fois.

Philippe de Champaigne - triple portrait du cardinal de Richelieu v. 1640 - National Gallery

Philippe de Champaigne : triple portrait du Cardinal de Richelieu (1640)
[National Gallery, Londres]

Ce triple portrait a été conçu comme modèle pour une statue en pied du cardinal
et envoyé à Rome vers 1642 au sculpteur italien Francesco Mochi (1580-1654).

   Philippe de Champaigne est l’un des membres fondateurs de l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1648.
A titre personnel, de nombreux deuils familiaux (morts de son épouse en 1638, de son fils Claude en 1642, de son cousin et collaborateur en 1650 et enfin de sa fille cadette Françoise en 1655), vont l’ancrer dans une vie religieuse profonde et fervente.
Il est proche des milieux jansénistes (qui ne sont pas encore les rebelles obstinés qu’ils deviendront sous la seconde partie du règne de Louis XIV ni le mouvement politique en lequel ils dégénèreront au XVIIIème siècle). C’est ainsi qu’il peint les portraits de plusieurs des grandes figures du mouvement qui gravite autour des abbayes de Port-Royal, à Paris et aux Champs
.
Sa fille Catherine elle-même entrée comme moniale à Port-Royal en 1656 fut atteinte d’une paralysie des jambes, dont la guérison sera considérée comme un miracle : son père peindra à cette occasion un Ex-voto très dépouillé qui peut être considéré comme un exemple abouti de la représentation de la spiritualité en peinture.

Philippe de Champaigne ex-voto de 1662 - Louvre

Philippe de Champaigne : ex-voto de 1662
Le titre original est : La mère Catherine-Agnès Arnauld et la sœur Catherine de Sainte Suzanne Champaigne, fille de l’artiste.

Le peintre a voulu représenter le moment où Mère Agnès Arnauld reçut la révélation de la guérison de Sœur Catherine.
L’inscription peut se traduire ainsi :

« Au Christ unique médecin des âmes et des corps,
la sœur Catherine Suzanne de Champaigne, après une fièvre de 14 mois qui avait effrayé les médecins par son caractère tenace et l’importance de ses symptômes, alors que même la moitié de son corps était paralysée, que la nature était déjà épuisée, que les médecins l’avaient déjà abandonnée, s’étant jointe de prière avec la Mère Catherine Agnès, en un instant de temps, ayant recouvré une parfaite santé, s’offre à nouveau,
Philippe de Champaigne, cette image d’un si grand miracle et un témoignage de sa joie, a présenté en l’année 1662 ».

   A la fin de sa vie, Philippe de Champaigne est professeur à l’Académie et donne de nombreuses conférences consacrées à la peinture et comportant des analyses des grands maîtres du passé. Aucun texte de sa main ne nous est parvenu, mais seulement des transcriptions de l’historien André Félibien (1619-1695).
Il s’est éteint à Paris, le 12 août 1674, dans sa septante-troisième année, célèbre et révéré. L’obituaire de Port-Royal le mentionne comme « bon peintre et bon chrétien ».

   Philippe de Champaigne, essentiellement peintre de scènes religieuses, se situe au sommet de la hiérarchie des genres de l’époque.
D’un point de vue stylistique, il est parvenu à concilier sa première formation, flamande, qui apparaît nettement dans sa manière de traiter les paysages, et le classicisme français, dont il est un des initiateurs avec Simon Vouet, Nicolas Poussin et Claude Lorrain, « classicisme qui se caractérise par la quiétude expressive, l’importance du dessin sous-jacent, la retenue chromatique qui ne le conduit cependant pas à la monotonie. Comme Poussin, il sait parfaitement illuminer ses compositions avec des vêtements de couleurs vives (bleu, rouge, jaune) dans un ensemble beaucoup plus sage. Le portraitiste subtil de Richelieu et des chefs de file de Port-Royal s’intéresse à la psychologie et peut faire apparaître sur un visage les incertitudes de l’intériorité » (extrait d’un commentaire non signé trouvé sur Internet).
Pour nous, très humbles amateurs, nous trouvons dans sa peinture religieuse, poignante sans théâtralité excessive, une force qui va jusqu’aux tréfonds de l’âme et exprime avec une véritable perfection la profondeur de ce « sentiment religieux » de la France du « grand siècle des âmes » (cf. Henri Brémond).

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.

Portrait de Philippe de Champaigne par son neveu Jean-Baptiste 1668 - Louvre

Portrait de Philippe de Champaigne par son neveu Jean-Baptiste de Champaigne (1631-1681)
[musée du Louvre] :
Il s’agit ici d’une réplique d’un autoportrait disparu, réalisée par le neveu de l’artiste ;
ce tableau avait été donnée à l’Académie royale de Peinture et de Sculpture par le graveur Rousselet en 1682.

2024-163. Saint Venance ou Venant : un prince burgonde devenu évêque de Viviers.

8 août,
Au Mesnil-Marie, fête de Saint Venance, ou Venant, évêque de Viviers et confesseur ;
Mémoire des Saints Cyriaque, diacre, Large et Smaragde, et leurs compagnons, martyrs ;
9ème jour du carême de la Mère de Dieu (cf. > ici) ;
Anniversaire du rappel à Dieu du Rd Père Jean-Marie Charles-Roux (+ 8 août 2014, cf. > ici, > ici)

Viviers : la cathédrale Saint-Vincent au coeur de la "ville-haute"

Viviers, la cathédrale Saint-Vincent vue du nord-est, depuis la plaine (état actuel)

       Le diocèse de Viviers, dans lequel est sis notre Mesnil-Marie, est un très antique diocèse dont l’histoire possède des pages prestigieuses, et dont nous avons déjà eu l’occasion de parler à de nombreuses reprises dans les pages de ce blogue, souvent parce que – hélas ! trois fois hélas ! – c’est aujourd’hui un diocèse particulièrement sinistré et décadent…
Mais aujourd’hui, je veux justement m’éloigner de sa triste actualité pour vous parler de l’un de ses plus prestigieux pontifes : Saint Venance, ou Venant (en latin Venantius), dont la fête, pour nous, est célébrée ce 8 août.

Vignette typographique saint évêque

   Selon la tradition du diocèse de Viviers (fermement authentifiée par Monseigneur Louis-François de La Baume de Suze [1602-1690], très grand évêque qui releva le diocèse au XVIIème siècle après les ruines spirituelles et matérielles consécutives aux exactions des sectateurs de Calvin, mais tradition aujourd’hui contestée par un certain nombre d’historiens hyper critiques), Saint Venance était fils de Saint Sigismond (vers 475-523), roi des Burgondes de 516 à 523.

   Les rois burgondes, dont le fameux Gondebaud (vers 450-516), oncle et « tuteur » de Sainte Clotilde, avaient adhéré à l’hérésie arienne : Saint Sigismond, fils de Gondebaud (et donc cousin germain de Sainte Clotilde), fut amené à la foi de Nicée par Saint Avit de Vienne (cf. > ici), dans les premières années du VIème siècle (entre 502 et 506 semble-t-il).

   Monseigneur Paul Guérin (in « Les Petits Bollandistes » tome IX p.325) pense que Venance serait né vers l’an 494, et que, ayant passé ses premières années dans l’arianisme, il aurait été converti à la vraie foi en même temps que ses parents. Il s’attacha dès lors à Saint Avit, et se développa autant en piété qu’en connaissance de la véritable doctrine, et, encore tout jeune homme, entra dans un monastère.

   Le grand évêque de Vienne, qui avait discerné en lui de grandes qualités pour le service de la Sainte Eglise, l’ordonna diacre et, au début du pontificat de Saint Hormisdas 1er (pape de 514 à 523), l’envoya comme messager auprès de ce dernier, à Rome, où son propre père, Saint Sigismond, avait été reçu avec honneur peu de temps auparavant : ainsi l’ambassade du jeune diacre Venance, qui consistait à faire connaître au pontife romain la position des évêques des Gaules contre l’erreur des Eutychéens, se voyait-elle rehaussée par le prestige du sang royal burgonde et la recommandation de Saint Avit, en sus des vertus qui transparaissaient en sa personne.

Saint Hormisdas - blogue

   La lettre de réponse de Saint Hormisdas à Saint Avit date de février 517. Le concile d’Epaone, dont nous allons reparler et où siégea Saint Venance en qualité d’évêque de Viviers, lui, fut célébré en septembre 517.
Cela signifie donc que Venance fut ordonné prêtre puis consacré évêque entre son retour de Rome et la mi-septembre de cette année 517, pour succéder à Saint Valère comme onzième évêque d’Alba/Viviers.

   En effet, le premier siège épiscopal de ce qui deviendra le Vivarais, fut initialement établi dans la capitale du peuple helvien (les Helviens sont un peuple gaulois, qui occupait grosso modo les deux tiers sud de l’actuel département de l’Ardèche, qui s’allièrent à Rome bien avant la conquête de César, et dont le territoire avait été intégré à la province de Gaule narbonnaise en moins 120 avant Jésus-Christ) : Alba Augusta Helviorum (aujourd’hui Alba-la-Romaine).

   Le site du complexe paléochrétien (cathédrale, baptistère, bâtiments annexes) d’Alba est bien connu des archéologues, et c’est là que siégèrent les huit premiers évêques de notre liste épiscopale. Mais au milieu de la seconde moitié du Vème siècle, la cité et la plaine d’Alba ayant été dévastées par le passage des hordes barbares, les évêques s’établirent sur un rocher dominant le Rhône, à quelque 4 lieues et demi au sud : le site en était aisément fortifiable, puisque des falaises abruptes le délimitent en grande partie. C’était Viviers, Vivarium, d’où vint le nom de Vivarais.
Mais pendant plusieurs décennies après ce transfert, les évêques continueront toutefois de porter le titre d’évêques d’Alba Helviorum.   

Vignette typographique saint évêque

   Venance n’était âgé que de 22 ou 23 ans lorsqu’il fut élevé à l’épiscopat, mais, ainsi que le rappellera onze siècles plus tard notre grand Corneille, « aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années » (Le Cid II, 2). Il était de la trempe de Saint Remi de Reims, plus âgé que lui mais son contemporain néanmoins, lui aussi évêque à 22 ans ; et de ces autres contemporains qui se nomment Saint Apollinaire de Valence (frère puiné de Saint Avit), Saint Césaire d’Arles, Saint Viventiol (24ème évêque de Lyon), et plusieurs autres saints évêques ou abbés moins connus de cette époque spirituellement très féconde.

   Il était évêque de Viviers depuis peu lorsque, ainsi que nous l’avons déjà dit ci-dessus, il prit part, au début de l’automne 517, au concile d’Epaone (la localisation d’Epaone n’est pas absolument certaine, mais les conjectures les plus probables l’identifient avec la vaste villa Epaonis, alors possession de l’évêché de Vienne, sur la rive gauche du Rhône, en face d’Andance, au pied de la colline où se dresse de nos jours la « tour d’Albon », aux environs de l’actuelle petite ville d’Anneyron), convoqué à l’initiative de Saint Avit et réunissant 25 évêques du royaume burgonde, qui définirent une quarantaine de canons disciplinaires précisant certaines règles à suivre désormais, compte-tenu de la situation religieuse nouvelle créée par l’accession au trône de Saint Sigismond, roi catholique favorisant les évêques catholiques et la discipline catholique dans son royaume.

   Pendant son épiscopat d’environ 27 années, Saint Venance « s’appliqua de toutes ses forces à procurer le salut du peuple confié à ses soins, soit en chassant les ténèbres de l’erreur et surtout en affermissant la vérité catholique contre les derniers efforts de l’arianisme expirant qui désolait alors l’Eglise, soit en fortifiant la discipline ecclésiastique par la mise en exécution dans son diocèse des décrets des conciles, en particulier de celui d’Epaone (517) et de celui de Clermont (535), auxquels il assista et dont il souscrivit les actes » (abbé Mollier, in « Saints et pieux personnages du Vivarais », tome 1 pp. 55-56).

   Il avait le souci du soulagement des misères et des besoins des plus pauvres, mais il est aussi célèbre pour avoir magnifiquement œuvré à la beauté du culte divin : agrandissement et embellissement de la cathédrale de Viviers, constructions d’églises dans sa ville épiscopale et dans plusieurs localités, qu’il dota de solides revenus, construction d’un baptistère qui frappa ses contemporains par sa magnificence (marbres et mosaïques) et par le fait qu’il avait fait canaliser un ruisseau pour y amener l’eau, qui était déversée dans la cuve baptismale par la gueule d’un cerf d’airain.

Saint Venance de Viviers et le baptistère au cerf d'airain - blogue

   Les anciennes chroniques nous rapportent aussi qu’il fonda des « chœurs », non seulement pour sa cathédrale mais encore dans plusieurs églises, pour que la louange divine et le culte liturgique y soient célébrés avec le plus de solennité possible, de manière exemplaire : on peut voir là, selon l’impulsion donnée un siècle plus tôt par Saint Augustin, le début des chapitres cathédraux et collégiaux dans le diocèse de Viviers.

   Pour ses constructions et leur embellissement, comme pour ses œuvres de miséricorde, le saint évêque de Viviers put compter sur les libéralités du saint roi son père tant que dura son règne.

   Saint Venance rendit son âme à Dieu un 5 août, très certainement en l’an 544, âgé d’une cinquantaine d’années seulement.
Il fut enseveli dans un sarcophage de marbre, dans l’église Sainte-Marie, aujourd’hui Notre-Dame du Rhône, qu’il avait fait construire au pied de l’acropole de Viviers. Mais par la suite, son saint corps fut transporté chez les Bénédictines de Soyons et « cette translation fut accompagnée de plusieurs prodiges » (abbé Mollier), c’est ce qui permit à sa dépouille mortelle d’être préservée de la profanation lors du pillage de Notre-Dame du Rhône perpétré par une incursion sarrasine en 737.
Les précieuses reliques n’échappèrent malheureusement pas totalement à la fureur des prétendus réformés qui, en 1621, pillèrent et incendièrent le monastère de Soyons.
Les Bénédictines n’avaient pu sauver qu’une petite partie des restes sacrés de Saint Venance qu’elles honorèrent dans l’église qu’elles firent construire à Valence où elles s’étaient réfugiées.
Soustraites aux profanations et destructions révolutionnaires, elles furent ensuite remises à la cathédrale de Valence lors de la restauration du culte, puis transportées dans l’église de l’hôpital, et enfin, de nos jours, elle se trouvent dans l’église Saint-Jean-Baptiste de Valence.

   Comme il n’est pas possible de célébrer sa fête le 5 août, en raison de la prééminence de la célébration de la fête de la dédicace de Sainte Marie aux Neiges (cf. > ici), le diocèse de Viviers fête Saint Venance le 11 août dans son calendrier antérieur au concile vaticandeux, le 12 dans le calendrier réformé postérieurement.
Au Mesnil-Marie, où il ne nous est pas possible de l’honorer le 11, en raison de la fête de Sainte Philomène, patronne céleste en second du Refuge Notre-Dame de Compassion, et compte-tenu des autres impératifs de notre calendrier, nous le célébrons avec ferveur à cette date du 8 août.

Statue de Saint Venance dans l'ancienne chapelle des Capucins à Valence

Statue de Saint Venance dans l’ancienne chapelle des Capucins, à Valence

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