Archive pour la catégorie 'Lectures & relectures'

2025-18. Première lettre mensuelle aux membres et amis de la Confrérie Royale pour l’année 2025 : dixième anniversaire et annonce du pèlerinage annuel au Puy-en-Velay.

Samedi 25 janvier 2025,
Fête de la conversion de Saint Paul ;
Mémoire de Saint Pierre, apôtre ;
Dans la Confrérie Royale, journée de prières plus instantes et d’offrande à l’intention de Sa Majesté le Roi.

Affiche de l'annonce du pèlerinage - blogue

Lettre mensuelle aux membres et amis de la

Confrérie Royale

- 25 janvier 2025 – 

Bien chers Amis,

       Cette année 2025 de l’Incarnation de Notre-Seigneur Jésus-Christ, année jubilaire du quart de siècle, année où l’on commémore aussi le dix-septième centenaire du concile de Nicée (325), est aussi celle du dixième anniversaire de notre Confrérie Royale, dont la fondation fut annoncée à l’occasion de la fête de Saint Louis, le 25 août 2015, alors que nous nous apprêtions à célébrer, quelques jours plus tard, le troisième centenaire de la mort du Grand Roi (+ 1er septembre 1715).

   J’aimerais que tous les membres de notre Confrérie profitent de ce dixième anniversaire pour revivifier et approfondir le sens de leur appartenance et de leur engagement, afin de ne pas laisser la routine en éroder l’importance et la ferveur, afin de ne pas laisser le redoutable pouvoir d’édulcoration des habitudes en amoindrir la fécondité et en gâter les fruits.

   Nous devons tous – et chacun (insistons sur ce renvoi à notre propre première personne du singulier, parce que le pluriel pourrait facilement se transformer en un paravent derrière lequel, plus ou moins inconsciemment, nous réussirions à camoufler notre responsabilité personnelle) – nous poser cette question : que puis-je faire pour marquer ce dixième anniversaire de manière à progresser dans l’intensité de mon engagement spirituel au service du Roi ?

   Bien sûr, ce n’est pas une question de pure rhétorique. Chacun se la doit poser afin d’y apporter une réponse : une vraie réponse, une réponse qui n’élude pas la question, une réponse personnelle, une réponse concrète, une réponse suivie d’effets, une réponse franche, une réponse sans complaisance pour notre tendance à nous contenter du « minimum syndical », une réponse comparable à un saut énergique et joyeux sur un trampoline !

   Pour se la poser et y répondre, il ne faut pas se placer en face d’un miroir, afin de se contempler soi-même (et de s’apitoyer sur ses bobos), mais il se faut mettre à genoux à côté de Saint Remi et de Sainte Clotilde suppliant le Ciel de toucher le cœur du roi encore païen Clovis ; à genoux à côté de Saint Charlemagne mettant son glaive au service de la foi ; à genoux à côté de Saint Louis prononçant son vœu de croisade ; à genoux à côté de Sainte Jeanne d’Arc criant les saints noms de Jésus et Marie au milieu du brasier ; à genoux à côté de la Vénérable Thérèse de Saint-Augustin (née Louise de France) s’adonnant à d’austères pénitences dans sa cellule du Carmel de Saint-Denis ; à genoux à côté de la guillotine dont Leurs Majestés le Roi Louis XVI et la Reine Marie-Antoinette, ainsi que la Vénérable Elisabeth de France gravissent les marches ; à genoux à côté de Sa Majesté le Roi Louis XVII, emmuré vivant, dévoré de vermine dans les ténèbres et amené à toute extrémité par la tuberculose… A genoux, bien sûr, en face de notre crucifix !

   Voilà ce qu’il nous faut considérer et méditer avec persévérance lorsque nous nous interrogeons sur la manière dont nous devons revivifier et intensifier notre engagement dans la Confrérie Royale.

   Dans quelques jours, nous vous ferons parvenir un programme et un formulaire concernant le dixième pèlerinage de la Confrérie Royale au Puy-en-Velay, qui aura lieu, comme à l’accoutumée, à l’Ascension (qui sera cette année le jeudi 29 mai : providentiellement, ce 29 mai sera aussi l’exact deuxième centenaire du Sacre de Sa Majesté le Roi Charles X – dimanche 29 mai 1825 -, dernier Sacre célébré à Reims).

   Comme en 2024, pour des raisons évidentes déjà explicitées l’année dernière, parce qu’il ne nous est plus possible de trouver un lieu d’hébergement à des tarifs raisonnables au Puy même, ni d’y disposer d’un lieu décent pour y célébrer la liturgie traditionnelle (sans parler de la campagne de calomnies par laquelle une presse locale à l’affût jouant au Guépéou nous veut désigner à la vindicte de groupuscules fanatiques), l’essentiel du séjour se fera de manière discrète – et totalement sereine – dans une structure champêtre en dehors du Puy, où nous ferons un déplacement afin d’y prier et d’y obtenir de précieuses indulgences dans les sanctuaires de cette ville sainte.

   Dès ce jour-ci, les personnes qui désirent prendre part au pèlerinage (voire nous aider dans sa préparation), peuvent nous le signaler en nous écrivant au moyen de cette adresse électronique :

pelerinage.confrerie@gmail.com

   Je vous laisse méditer sur les éléments que je vous ai livrés au travers de ces modestes lignes, et, en vous recommandant tous et chacun aux bénédictions de Notre-Seigneur et de Notre-Dame, ainsi qu’à l’intercession de Saint Michel, de Saint Charlemagne, de Saint Louis, de Sainte Jeanne d’Arc, de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus de la Sainte Face, et de tous les saints de France, je vous assure de mon entier et religieux dévouement…

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur,
Prieur. 

Blason Confrérie Royale petite taille

2025-17. Le 23 janvier, nous célébrons la fête des Epousailles de Notre-Dame avec Saint Joseph.

23 janvier,
Fête des Epousailles de la Bienheureuse Vierge Marie et de Saint Joseph ;
Mémoire de Saint Barnard, archevêque de Vienne & confesseur ;
Mémoire de Sainte Emerentienne, catéchumène & martyre ;
Mémoire de Saint Raymond de Penyafort, confesseur ;
Mémoire du 2e jour dans l’octave de Saint Vincent.

Monogramme de Marie couronné - vignette blogue

       C’est une fête bien oubliée de nos jours. Malheureusement !
Certes, elle n’a jamais figuré au martyrologe romain ni au calendrier universel, mais on la trouve dans les derniers siècles du Moyen-Age au calendrier particulier de plusieurs Ordres religieux, et Jean Gerson (1363-1429), chancelier de l’Université de Paris, fit célébrer cette fête à Notre-Dame de Paris.
Au XVIIème siècle, en conséquence et action de grâces d’une victoire de l’empereur Léopold 1er de Habsbourg (1640-1705) sur les troupes ottomanes à Buda lors de la quatrième guerre contre les Turcs (1663-1664), à la demande du vainqueur, le Saint Siège accorda à tous les diocèses qui en ferait la demande la faculté de célébrer la fête des Epousailles de la Bienheureuse Vierge Marie, à cette date du 23 janvier.

   Presque tous les diocèses du Royaume de France eurent donc cette fête dans leurs calendriers propres, mais les ultramontains fanatiques de la seconde moitié du XIXème siècle – qui combattirent avec une étroitesse d’esprit quasi sectaire tant de légitimes particularismes et privilèges anciens de nos diocèses, au prétexte d’anéantir un « gallicanisme » fantasmé présenté comme la racine de tous les maux de l’Eglise -, puis les modernistes liturgiques de la première moitié du XXème siècle, œuvrèrent pour faire oublier cette célébration pourtant spirituellement si riche.

   Au Mesnil-Marie, nous la maintenons à un double titre : 1) l’ancien calendrier propre du diocèse de Viviers, et 2) le martyrologe propre des Ermites de Saint Augustin ainsi que la dévotion des Augustins français du Grand Siècle envers cette fête, laquelle, en outre, a inspiré pour leurs églises conventuelles de purs chefs d’œuvre de la peinture religieuse du XVIIème siècle.
Je pourrais même ajouter un troisième motif, qui est l’immense plaisir que l’on peut éprouver à s’opposer aux courants modernistes, ainsi qu’à toute espèce de jacobinisme spirituel destructeur des anciens privilèges.

Anonyme XVIIe siècle - mariage de la Vierge - blogue

Le Mariage de la Vierge (anonyme du XVIIème siècle) :
nous aimons très spécialement cette toile parce qu’on y retrouve tous les détails des anciennes traditions.

   Selon les plus anciennes traditions, que l’on trouve évoquées ou expressément mentionnées chez de nombreux Pères de l’Eglise et auteurs ecclésiastiques anciens, la Bienheureuse Vierge Marie se trouvait  encore dans le temple lorsque moururent Saint Joachim (âgé de 80 ans) et Sainte Anne (âgée de 78 ans), laissant leur fille héritière de leurs biens encore assez importants, bien qu’ils eussent, tout au long de leur vie, largement dépensé leur fortune en aumônes pour les nécessiteux ainsi qu’en largesses auprès des pèlerins et pour les œuvres de religion. D’après « les Petits Bollandistes » (tome XVI p. 94), la Vierge immaculée n’était âgée que de onze ans lorsqu’elle se retrouva orpheline.
Ces biens de son héritage furent alors administrés pour elle par un homme de confiance de sa parentèle (que d’aucuns pensent avoir été Saint Joseph), et elle acheva pendant encore trois années son temps de formation religieuse dans cette sorte de pensionnat d’élite pour les jeunes filles de la haute société judéenne, qui était accolé aux bâtiments du temple de Jérusalem.

   Lorsqu’elle eut quatorze ans, Dieu inspira aux prêtres de lui chercher un époux.
Selon Saint Grégoire de Nysse et Saint Siméon Métaphraste, la jeune Vierge aurait alors elle-même révélé au Grand Prêtre son vœu de perpétuelle virginité, et, reconnaissant en cela une inspiration sacrée, celui-ci aurait voulu protéger les dispositions de la divine Providence en cherchant à lui trouver un époux qui se ferait le protecteur de sa virginité consacrée.
Mais d’autres auteurs anciens pensent que la jeune fille aurait tenu secret son vœu de virginité et se serait abandonnée à la Providence qui le lui avait inspiré, pour qu’elle-même œuvrât pour lui donner un époux accordé à ces dispositions particulières.

   Descendante d’Aaron par Sainte Anne (c’est ainsi qu’elle se trouvait cousine de Sainte Elisabeth, mère du Précurseur, dont le Saint Evangile nous dit explicitement qu’elle était de la descendance d’Aaron), la Très Sainte Vierge Marie descendait de David par Saint Joachim.
Les prêtres de Jérusalem, inspirés par Dieu, cherchèrent pour elle un époux qui fût lui aussi issu de la race royale de Juda, et, après qu’ils en eurent trouvé plusieurs, ils demandèrent au Très-Haut de leur désigner de manière indubitable parmi ceux-là, celui auquel Il voulait que la future Mère de Dieu fût liée par les liens du mariage.
C’est ainsi que, en application de la prophétie d’Isaïe (au premier verset du chapitre XI) qui annonçait depuis quelque huit-cents ans, qu’ « une fleur montera de la tige de Jessé », chacun des prétendants fut placé un bâton à la main en face de la façade du temple pendant que les prêtres faisaient monter vers Dieu une ardente supplication. Le bâton que Saint Joseph, qui était au nombre de ces descendants de David non mariés, tenait à la main a alors éclos en formant un lis éclatant de blancheur, puis une colombe plus blanche que neige descendit du ciel et vint se reposer dessus.

   C’est par obéissance aux dispositions de la divine Providence exprimées à travers l’autorité légitime des prêtres que la Vierge Marie épousa Saint Joseph ; et c’est aussi par obéissance à la divine Providence que Saint Joseph, convoqué par les prêtres, consentit à épouser la Vierge Marie.

   Si certains auteurs ont écrit que Saint Joseph était déjà un vieil homme (voire un veuf), en pensant que son âge avancé serait la garantie qu’il respecterait la virginité de sa jeune épouse (ce qui à nos yeux n’est pas probant parce qu’on trouve des hommes âgés chez lesquels les flammes de la concupiscence charnelle sont loin d’être éteintes), nous sommes plutôt enclins à croire, avec plusieurs mystiques authentiques – que la Sainte Eglise a canonisés et qu’elle recommande en raison de la sûreté de leurs voies -, qu’il était un homme d’une trentaine d’années (ayant donc environ une quinzaine d’années de plus que la Très Sainte Vierge), connu pour sa piété et ses vertus, prévenu de grâces de choix, qui avait été lui aussi mû par Dieu pour prononcer un vœu de chasteté parfaite.
Ces saints mystiques affirment aussi que Notre-Dame et Saint Joseph se confièrent l’un à l’autre qu’ils avaient prononcé ce vœu de virginité, et qu’ils furent des plus heureux de découvrir des dispositions semblables aux leurs chez leur « promis ». Cela les établissait ainsi l’un envers l’autre dans une très grande confiance surnaturelle.

   Seule, d’ailleurs, cette explication simple permet, avec les Pères, de comprendre que le mariage avait bien été célébré dans son intégralité, et que Joseph et Marie étaient bien pleinement époux, bien qu’ils n’habitassent pas sous le même toit lorsque eut lieu l’Annonciation.
Le texte évangélique, en effet, montre à l’évidence que leur mariage était une réalité entièrement accomplie, lorsque l’archange Gabriel se présenta devant Notre-Dame.
La traduction française qui use d’une expression telle que « fiancée à un homme de la Maison de David appelé Joseph » n’est pas exacte : elle est même un véritable mensonge, inspiré par l’exégèse rationaliste, protestante et moderniste !
Preuve en est que lorsque l’ange est envoyé à Saint Joseph en songe afin de dissiper son trouble, il ne lui dit pas : « Ne crains pas de prendre chez toi ta fiancée » ni : « Ne crains pas d’accomplir les derniers rites d’un mariage par étapes », mais bien : « Ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse » (Matth. I, 20).

   L’un des rôles de Saint Joseph étant de garantir l’honneur de Notre-Dame (notion totalement oubliée par les mentalités modernes qui s’imaginent qu’il est normal d’avoir des relations intimes avant le mariage, et qui ont totalement perdu la notion de « bâtardise »), en même temps que d’assurer au Fils de Dieu incarné une indiscutable parenté légale dans la descendance de David, cela n’eût point été le cas si la conception de Notre-Seigneur Jésus-Christ eût été accomplie pendant un temps de « fiançailles », et donc si l’Annonciation se fût trouvée avant l’achèvement plénier de toutes les cérémonies du mariage juif.

   Pour reprendre une expression de naguère, dans nos campagnes où l’on était très vigilant sur le respect des lois divines prescrivant de n’accomplir « œuvre de chair qu’en mariage seulement » (version rimée du sixième commandement de Dieu), et où de manière systématique les matrones, lors d’une première naissance, comptaient les mois écoulés depuis le mariage, il n’eût point été conforme à l’honnêteté des mœurs que l’on eût pu soupçonner que la Très Sainte Mère de Dieu et Saint Joseph eussent pu « faire Pâques avant les Rameaux » !

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur       

Anonyme XVIIe siècle - mariage de la Vierge - détail

2025-16. Louis XX : des vœux pour l’année 2025 qui dressent un tableau lucide de la situation de la France et ouvrent de vraies perspectives de renouvellement.

20 janvier 2025.

       C’est désormais une tradition : à l’occasion des cérémonies qui entourent l’anniversaire de la mort du Roi-martyr, Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou, de jure Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XX, publie, souvent par voie de presse, un message de vœux à l’adresse de tous les Français.
Ce message ne se contente pas de formules conventionnelles mais profite des circonstances pour essayer d’amener ses lecteurs à une réflexion politique authentique et rappelle des fondamentaux qui n’ont rien à voir avec la démagogie républicaine, mais rappellent opportunément les solutions de continuité et de pragmatisme réaliste qui ont toujours fait la force et la pérennité plus de douze fois séculaire des Rois qui ont fait la France.

   A nous de savoir méditer ces lignes, d’en vivre, et de les faire connaître autour de nous.

Source > ici.

Sa Majeté le Roi - Copie

       Au seuil de l’année 2025, fidèle à ma position d’héritier de la plus ancienne tradition politique française, j’adresse mes vœux de bonheur et d’espérance à tous les Français. Que l’œuvre des siècles continue !

   Que la nouvelle année permette à chacun de retrouver les chemins de l’espoir et de croire, de nouveau, en l’avenir. Cette voie est possible si nous en avons la volonté. L’histoire de la France nous apprend qu’il n’est jamais de situation si désespérante soit-elle, qui ne trouve son dénouement. Il y a toujours eu des hommes de bien qui continuent à entreprendre et à se battre pour apporter à leurs contemporains cette harmonie et les progrès qu’ils chérissent tant. C’est pourquoi, malgré les temps difficiles que nous vivons, j’ai confiance quant au retour de jours heureux si, collectivement, nous œuvrons dans ce sens et si, individuellement, nous acceptons nos responsabilités de tous ordres, dans le souci de l’équilibre entre droits et devoirs.

   Cela passe par les familles et nos activités qui doivent être soucieuses du bien commun. Sans doute faut-il aussi ouvrir une réflexion sur les institutions comme cela a été souvent le cas au cours de notre histoire. Comment ne serions-nous pas capables de faire ce qu’ont réalisé en leur temps, Louis IX, François Ier, Henri IV, Louis XIV, à savoir faire évoluer la société non pas vers sa perte mais vers son salut ?

   Les institutions actuelles ont montré ces derniers mois combien elles étaient usées et ne répondaient plus à ce qui fait normalement l’essence même du pouvoir, à savoir la gestion des hommes et des choses. La démocratie n’est plus qu’un vain mot quand elle n’assure plus la représentativité des forces vives. Le droit lui-même est bafoué quand il sert les intérêts de certaines communautés et ne garantit plus la justice, quand les délinquants sont préférés aux victimes, quand la partialité supplante l’équité.

   L’économie est faussée quand elle ne sert plus à produire pour répondre aux besoins mais qu’elle n’est plus que financiarisation au profit de quelques-uns. Ce sont maintenant, non plus seulement telle ou telle catégorie de la société qui est atteinte mais la société dans son ensemble, du haut en bas de l’échelle sociale. Tout nous porte à redonner à nos institutions le souffle qui leur manque depuis des décennies.

   Ainsi seront chassés les doutes et l’inquiétude qui rongent notre société et ébranlent la France. Appuyons-nous sur l’histoire, nos valeurs et nos traditions ; revenons aux fondamentaux puisés aux racines chrétiennes et à celles de l’antiquité gréco-romaine. Ce sont ces principes et ces valeurs dont la Révolution nous a coupé et qui, peu à peu, ont été oubliés jusqu’à mener la France à l’abandon des promesses de son baptême.

   Retrouvons-les et la France se réinscrira dans sa destinée qui est d’être souveraine. Redevenant grande, fière, audacieuse, elle retrouvera aussi sa mission de modèle pour éclairer les nations. Elles en ont tant besoin alors que dans une grande partie du monde la barbarie revient !

   Abandonnons les idéologies et le déni qu’elles engendrent pour renouer avec le réel ! Retrouvons dans tous les domaines l’objectif du bien commun partagé, la Res Publica, c’est-à-dire la volonté de faire passer l’intérêt social nécessaire à tous avant les individualismes. Cet esprit fait de volonté, de réalisme et de bon sens, est celui qui a guidé la France durant des siècles. Abandonné progressivement à partir du XVIIIème siècle, il n’est, heureusement, pas perdu. Il demeure dans de nombreux foyers et se transmet dans les familles. Amour du travail, du métier bien fait, souci des autres sont ce qui fait vivre la France que l’on aime et lui permet d’échapper aux fausses valeurs délétères qui détruisent notre société.

   Déjà, nous voyons des initiatives de bon sens se développer. On le voit dans le domaine social où de nombreux équipements conçus tant pour les enfants que pour les personnes âgées ou en fin de vie, les malades ou les handicapés, sont créés par les familles luttant contre les carences des structures étatiques. En matière d’éducation, des classes primaires à l’université, l’enseignement imposé par l’Etat trouve une heureuse concurrence chaque jour plus importante à mesure que le succès des nouveaux établissements est au rendez-vous, reposant sur la transmission des connaissances et non des idéologies. En matière économique et entrepreneuriale, comment ne pas reconnaître que l’activité tient grâce à l’initiative et à l’abnégation de quelques-uns ?

   L’armée et la sécurité en général font également preuve d’une résilience qu’il faut admirer et encourager, alors que les moyens leur sont toujours comptés et que des législations contre-nature sont imposées pour les forces de l’ordre. Agriculteurs et pêcheurs résistent pour faire valoir leurs pratiques visant à nourrir leurs contemporains, plutôt que de recevoir des primes pour créer des jachères…. Toutes ces initiatives que je salue, forment le terreau sur lequel la France trouvera la force pour reprendre sa destinée en main. Quand toute la société sera ainsi progressivement reconstituée sur des bases saines, la réflexion sur les institutions pourra reprendre de manière à donner à la France les meilleures d’entre elles, les plus adaptées à son génie.

   Ainsi, il y a en ce début d’année suffisamment d’espoir pour croire en l’avenir. N’ayez pas peur ! N’ayons pas peur ! La France possède de nombreux atouts. Il lui faut maintenant les ordonner vers le bien commun, vers le renouveau. Tels sont les vœux que je forme, en ce début d’année, sachant que Notre-Dame qui vient encore de faire tant de miracles et Saint-Louis veillent sur notre cher et vieux pays.

Louis de Bourbon,
duc d’Anjou.

Grandes armes de France

2025-13. L’expérience du refus.

18 janvier,
Fête de la Chaire de Saint Pierre à Rome ;
Mémoire de Saint Paul apôtre ;
Mémoire de Sainte Prisque, vierge et martyre ;
Anniversaire du rappel à Dieu de Monsieur l’abbé Raymond Dulac (cf. > ici).

Missel traditionnel - vignette blogue

       A l’occasion de l’anniversaire de la pieuse mort de Monsieur l’abbé Raymond Dulac (+ 18 janvier 1987), il y a un certain intérêt à se replonger dans la lecture de certains de ses textes, qui, comme ceux d’autres personnages éminents de la lutte pour l’intégrité et l’intégralité de notre foi catholique dans les années qui ont immédiatement suivi le concile vaticandeux, nous permettent de retremper notre propre détermination et nous affermir dans les convictions qui motivent notre combat, toujours actuel, pour la liturgie catholique traditionnelle.

   Lorsque j’ai recopié les lignes qui suivent, et que je livre à votre propre réflexion en ce jour, j’ai eu le tort de ne pas en noter, dans mes carnets personnels, la provenance ni l’année exacte : peut-être l’un de mes lecteurs connaît-il la référence exacte et voudra-t-il bien me la communiquer ?

   Dans ce texte, Monsieur l’abbé Dulac exposait le cas – véritable cas de conscience – des prêtres et des fidèles aimant profondément la Sainte Eglise catholique, qui, par respect des autorités légitimes, ont longtemps plié l’échine et attendu, afin de ne pas pécher contre l’obéissance due aux chefs religieux, mais qui, à un moment, sans cesser d’être profondément respectueux des fonctions hiérarchiques, doivent s’opposer aux déviations graves des personnes qui les occupent…

Le refus - citation abbé Dulac

L’expérience du refus :

       « Comment selon la mesure de nos faibles forces et de nos pauvres moyens, pouvons nous faire face à l’épouvantable « auto démolition » de l’Eglise, dénoncée par Paul VI, le 7 décembre 1968 ?
Non seulement la Cité de Dieu apparaît désormais comme investie de tous cotés, mais il n’est pas de semaine qui ne nous apporte l’annonce d’un nouvel éboulement du rempart. Il faudrait courir sans cesse d’une brèche à l’autre.

   Comme nous voudrions pouvoir faire lire à nos évêques les appels que nous recevons de lecteurs ! Ils nous demandent, avec un accent quelquefois bouleversant : « Que faut-il penser ? – Que dois-je faire ? ».

   (…) Il s’agit, dans ces appels angoissés, du sacerdoce, de sa fonction véritable, de ses obligations (soumises, on le sait, à la plus folle, à la plus lâche, à la plus hypocrite des « consultations populaires »). Il s’agit de la perturbation de l’apostolat catholique, dissimulée sous le masque de la suppression des paroisses et des curés ou sous l’appellation fallacieuse de « la mission ». Il s’agit du réformisme liturgique…

   Comment répondre à tout, et par où commencer ?
Eh bien ! Nous allons commencer par la Messe. La foi catholique tout entière gravite autour de l’idée qu’on s’en fait. Et, d’abord, le Sacerdoce.

   L’opinion de la populace baptisée « Peuple de Dieu », ne changera rien à cette donnée divine fondamentale : La Messe est un vrai Sacrifice : c’est-à-dire une oblation réelle et actuelle, par un homme consacré, le Prêtre, d’une Victime rendue réellement présente sur l’autel, par la transsubstantiation du pain et du vin.
Toutes les atténuations qu’on apportera à ce dogme, en pensée, en paroles ou en rites, ruineront, à la base, non seulement le caractère du sacerdoce, mais aussi tout le catholicisme.

   (…) Nous prions nos lecteurs de faire une réflexion personnelle sur ce sujet : qu’ils rapportent à ce dogme de la Messe-sacrifice tous les autres dogmes de leur foi ; ils verront qu’ils sont, un par un, ébranlés par la moindre fissure faite au premier.

   Le système protestant tout entier s’est construit à partir de la négation de la « Messe romaniste», comme disaient ses premiers sectateurs. Leur idée, pourtant fondamentale, de « la justification par la seule Foi » est, en effet, suspendue elle-même à une autre, préalable : que l’œuvre de notre rédemption n’est point exercée, perpétuée, renouvelée, à la Messe, par l’Action personnelle du prêtre.
D’un mot : le Protestantisme, autant que peuvent être réduites à l’unité ses formes innombrables, est une religion (?) laïque. Et, si nous voulons être objectifs, au risque de paraître cruels, nous devons ajouter : cette religion laïque a été, à l’origine, une religion de défroqués, conçue à la mesure de leur désertion, pour se donner à eux-mêmes et au monde une justification honorable de leur apostasie.
Ils changeaient la Messe, pour n’être point forcés d’avouer qu’ils avaient changé eux-mêmes.

   Pénétrés de cette conviction, il est temps, désormais, de dire clairement, sur le réformisme liturgique, ce qu’on pouvait, depuis quatre ans (note : ces lignes ont été écrites à la fin de l’année 1969 ou au tout début de 1970, après la publication du nouvel « Ordo Missae »), hésiter à dire, soit parce que, suivant la parabole évangélique, l’erreur-ivraie n’avait pas encore atteint ce point de croissance qui permet infailliblement de la reconnaître, soit parce qu’il fallait laisser au magistère hiérarchique le temps d’exercer sa fonction.

   Nous avons donc attendu.
Des milliers de prêtres, des centaines de milliers de fidèles ont attendu.
Ils ont demandé, mendié le bon pain de la certitude. Nous ne dirons pas qu’on leur a donné, à la place, une pierre. On leur a donné du vent.
Car des paroles contredites sans cesse par des actes ne sont pas autre chose qu’un flatus vocis (note : expression latine désignant des paroles vides de sens, insignifiantes), comme disaient les nominalistes médiévaux.

   Quand tous les recours à l’autorité légitime se sont avérés inutiles et vains, il ne reste plus qu’un moyen au fidèle de se manifester : un moyen extrême, grave, déplorable. Le refus.

   Puisque la règle de M. Annibale Bugnini (note : Annibale Bugnini (1912-1982), lazariste, protégé du Cardinal Bea, fut déjà à la manœuvre sous le pontificat de Pie XII pour opérer la réforme de la liturgie romaine traditionnelle et déploya un zèle dévastateur à cette tâche après le concile vaticandeux ; selon Yves Chiron, il est l’ « un des personnages les plus controversés de l’histoire de l’Église contemporaine », et, malgré les démentis du Saint-Siège, des soupçons d’appartenance à la maçonnerie sont attachés à sa personne) et de ses carthaginois est de faire des « expériences », pourquoi ne pas leur offrir une expérience qu’ils n’ont jamais faite jusqu’ici : celle de la Résistance des Dociles ?

   Ces messieurs veillaient soigneusement à se couvrir uniquement sur leur gauche, persuadés que les « fidèles de la Tradition » n’oseraient jamais résister à une révolution, dès lors qu’elle était légalisée par « l’autorité ». Et puis, qui donc oserait s’exposer aux épithètes d’intégriste, d’immobiliste ? Qui donc oserait refuser de paraître « jeune » ?
Nous pensons ici au mot terrible du Cardinal Ottaviani à l’endroit des novateurs de son ordre : « Ils ont peur de paraître vieux ».

   Nous n’avions, quant à nous, jamais été impressionnés par ces épouvantails-à-moineaux. Mais notre dévotion à l’Eglise de Rome nous tenait silencieux.
Eh bien ! La même dévotion nous ordonne aujourd’hui de parler.
Il est tard ; mais pas trop tard pour ceux qui veulent se placer au-dessus du temps… »

Abbé Raymond Dulac (1903-1987)

Missel romain traditionnel

2025-11. Récapitulatif de toutes les publications de ce blogue relatives à Saint Antoine le Grand.

17 janvier,
Fête de Saint Antoine le Grand, ermite, abbé et confesseur ;
Mémoire de Saint Théodose 1er le Grand, empereur et confesseur (cf. ici) ;
Mémoire de Sainte Roseline de Villeneuve, vierge et abbesse (cf. ici) ;
Anniversaire de l’apparition de Notre-Dame de Pontmain (cf. ici).

       Veuillez trouver ci-dessous, chers Amis, la liste de toutes nos publications de ce blogue consacrées à Saint Antoine le Grand – qui est l’un des célestes protecteurs de notre ermitage -, avec les liens pour y accéder :

Statue de Saint Antoine le Grand au Mesnil-Marie

Statue de Saint Antoine le Grand
dans la chapelle du Refuge Notre-Dame de Compassion

1 – Leçons biographiques des matines de la fête de Saint Antoine dans le Bréviaire romain traditionnel > ici

2 – Dévotion et prières à Saint Antoine le Grand :

- Prière à Saint Antoine le Grand pour demander son assistance et son secours dans les tentations > ici

3 – Histoire :

- Le monastère de Saint Antoine le Grand, en Egypte, au lieu où il vécut > ici
- L’abbatiale de Saint-Antoine en Dauphiné [alias Saint-Antoine-l'Abbaye] où se trouvent aujourd’hui conservées et vénérées les reliques de Saint Antoine le Grand > ici
-

3 – Saint Antoine le Grand et les animaux :

- Bénédiction des animaux en la fête de Saint Antoine le Grand (Rituel romain) > ici
- Prières pour demander l’intercession de Saint Antoine le Grand et sa protection sur nos animaux > ici
- Réflexions de feu le Maître-Chat Lully sur la place des animaux dans le mystère de la Rédemption > ici

- Le pèlerinage du Maître-Chat Lully auprès des reliques de Saint Antoine le Grand > ici

Statue de Saint Antoine le Grand au Mesnil-Marie - détail

2025-10. Leçons historiques des matines de la fête de Saint Antoine le Grand.

17 janvier,
Fête de Saint Antoine le Grand, ermite, abbé et confesseur (cf. > ici) ;
Mémoire de Saint Théodose 1er le Grand, empereur et confesseur (cf. > ici) ;
Mémoire de Sainte Roseline de Villeneuve, vierge et abbesse (cf. > ici) ;
Anniversaire de l’apparition de Notre-Dame de Pontmain (cf. > ici).

       Pour connaître la vie de Saint Antoine le Grand, « Père de tous les moines d’Orient et d’Occident », rien ne remplace la lecture de sa vie écrite par Saint Athanase d’Alexandrie, son ami, dont le texte est beaucoup trop long pour que nous le publiions ici, dans le cadre de ce simple blogue, mais que l’on retrouvera avec profit dans son intégralité > ici.
Vous pourrez néanmoins trouver ci-dessous une traduction des leçons historiques contenues au deuxième nocturne des matines de la fête de Saint Antoine dans le Bréviaire romain traditionnel (avant 1960), qui constituent un résumé très succinct des cent-cinq années de cette vie prodigieuse et merveilleusement féconde en exemples et en grâces dans toute la suite des siècles de la Sainte Eglise.

Retable d'Issenheim deuxième ouverture - Saint Antoine le Grand

- Retable des Antonins d’Issenheim (aujourd’hui au musée d’Unterlinden à Colmar) -
La partie sculptée, visible avec la deuxième ouverture, au centre, réalisée vers 1490,
est l’œuvre du sculpteur Nicolas de Haguenau (+ 1538) :
on y voit au centre Saint Antoine le Grand, assis sur une cathèdre,
avec à sa droite (à gauche pour nous) Saint Augustin, dont les Antonins suivent la Règle,
et à sa gauche (à droite pour nous) Saint Jérôme, qui écrivit la vie de Saint Paul du désert (cf. > ici).
La partie peinte (réalisée en 1512-1516) est l’œuvre de Matthias Grünewald (vers 1475 – 1528),
et les panneaux de la deuxième ouverture représentent, sur le panneau droit les tentations de Saint Antoine
et sur le panneau gauche la rencontre de Saint Antoine le Grand avec Saint Paul premier ermite.

Tau antonin - typographie - blogue

Leçons du deuxième nocturne des matines

de la fête de Saint Antoine le Grand

(bréviaire romain traditionnel)

Quatrième leçon : 

   Antoine, Egyptien, naquit de parents nobles et chrétiens, dont il se vit privé, encore adolescent. Entrant un jour dans une église, il entendit citer ces paroles de l’Évangile : « Si tu veux être parfait, va et vends ce que tu as, et donne-le aux pauvres » ; il pensa devoir obéir au Christ Notre-Seigneur, comme si ces paroles lui eussent été adressées. Ayant donc vendu son bien, il en distribua tout l’argent aux pauvres.
Dégagé de ces entraves, il entreprit de mener sur la terre un genre de vie tout céleste. Mais comme il descendait dans l’arène pour un combat si périlleux, il jugea qu’il devait adjoindre au bouclier de la foi dont il était armé, le secours des autres vertus, et il s’enflamma d’un tel zèle pour les acquérir, qu’il s’efforçait d’imiter quiconque lui semblait exceller en quelque vertu.

Saint Antoine - Matthias Grünewald - détail du panneau latéral droit retable fermé

Matthias Grünewald (vers 1475 – 1528), retable des Antonins d’Issenheim,
détail de la représentation de Saint Antoine le Grand
(panneau latéral droit, lorsque le retable est fermé)

Cinquième leçon : 

   Nul n’était plus continent que lui, nul plus vigilant. Il surpassait tous les autres en patience, en mansuétude, en miséricorde, en humilité, dans le travail, et dans l’étude des divines Ecritures. Antoine avait une telle horreur de la rencontre et des discours des hérétiques et des schismatiques, surtout des Ariens, qu’il disait qu’il ne fallait pas les aborder.
Il couchait sur le sol lorsqu’un sommeil nécessaire s’emparait de lui, et se portait au jeûne avec tant d’ardeur qu’il ne mangeait que du pain avec un peu de sel, et n’étanchait sa soif qu’avec de l’eau ; et il ne réparait ses forces par cette nourriture et ce breuvage qu’après le coucher du soleil ; souvent même il s’abstenait de nourriture pendant deux jours consécutifs, et très fréquemment passait toute la nuit en prière.
Etant devenu ainsi un vrai soldat de Dieu, Antoine fut attaqué de diverses tentations par l’ennemi du genre humain mais le très saint jeune homme en triomphait par le jeûne et la prière. Toutefois, malgré ses nombreuses victoires sur Satan, Antoine ne se croyait pas encore en sûreté ; car il savait que le diable use d’innombrables artifices pour nuire aux hommes.

Tentations de Saint Antoine - Grünewald - détail

Matthias Grünewald (vers 1475 – 1528), retable des Antonins d’Issenheim,
détail des tentations de Saint Antoine le Grand
(panneau latéral droit, à la deuxième ouverture du retable)

Sixième leçon : 

   C’est pourquoi il se retira dans une vaste solitude de l’Egypte, où, faisant chaque jour de nouveaux progrès dans la perfection chrétienne, il en vint à mépriser tellement les démons qu’il leur reprochait leur faiblesse. Leurs assauts étaient cependant d’autant plus violents qu’Antoine devenait plus fort pour leur résister.
Souvent il disait à ses disciples, qu’il excitait à combattre contre le diable, leur enseignant par quelles armes on peut le vaincre : « Croyez-moi, mes frères, Satan redoute les veilles pieuses, les prières, les jeûnes, la pauvreté volontaire, la miséricorde et l’humilité, mais surtout l’ardent amour pour le Christ Notre-Seigneur, dont la sainte croix lui est si redoutable, que le seul signe de cette croix l’affaiblit et le met en fuite ».
Le saint Abbé devint si redoutable aux démons, qu’un grand nombre de possédés furent délivrés en Egypte en invoquant le nom d’Antoine. Telle était la renommée de sa sainteté que Constantin le Grand et ses fils se recommandèrent par lettres à ses prières.
Enfin, âgé de cent cinq ans, ayant déjà d’innombrables imitateurs du genre de vie qu’il avait institué, il assembla ses moines, et après leur avoir donné des instructions touchant la règle parfaite de la vie chrétienne, illustre par sa sainteté et ses miracles, il s’en alla au ciel le seize des calendes de février.

Tau antonin - typographie - blogue

2025-8. De l’Ordre de Saint Paul premier ermite.

15 janvier,
Fête de Saint Paul de Thèbes, premier ermite (cf. > ici) ;
Mémoire de Sainte Tarsitie, Fille de France, vierge et ermite (cf. > ici) ;
Mémoire de Saint Maur, abbé et confesseur.

Saint Paul de Thèbes -anonyme napolitain XVIIe - blogue

Saint Paul de Thèbes
[anonyme napolitain milieu du XVIIème siècle - collection privée]

       La célébration de la fête de Saint Paul du désert nous incite à faire mention aujourd’hui d’un Ordre religieux qui appartient à la famille augustinienne, qui s’est trouvé implanté ou se trouve encore implanté dans plusieurs pays voisins de la France, mais qui – en l’état actuel de nos connaissances du moins – n’a pas de maisons religieuses dans notre pays.
L’ « Ordo Sancti Pauli Primi Eremitae : Ordre de Saint Paul Premier Ermite » (en abrégé : OSPPE), c’est son nom officiel, est plus connu ordinairement comme celui des Pères Paulins.

   La fondation de cet Ordre fut accomplie en 1250, en Hongrie, lorsque un chanoine d’Esztergom, issu d’une noble famille et prénommé Eusèbe, désireux de vivre une vie religieuse plus parfaite et plus radicale sur le modèle des premiers pères du désert, s’étant établi sur le Mont Pilis – entre Budapest et Esztergom – avec quelques disciples, fut gratifié d’une communication divine lui enjoignant de réunir en une seule congrégation ses propres disciples et une communauté d’ermites qui avait été constituée quelques décennies auparavant par l’évêque Barthélémy de Pecs.
Eusèbe de Strigonie (c’est ainsi que l’on nommait autrefois Esztergom d’après son nom latin) mourut le 20 janvier 1270, et il bénéficie d’un culte immémorial en Hongrie, alors qu’il est inconnu de la plupart des collections de vies de saints en France.

   Saint Eusèbe de Strigonie était lié d’amitié avec Saint Thomas d’Aquin, et la tradition de l’Ordre veut que ce soit ce dernier qui recommanda la nouvelle fondation au pape Urbain IV en 1262 (et on rapporte que l’habit de couleur blanche serait une forme d’hommage à l’habit blanc de Saint Thomas) ; certains écrivent même que l’Aquinate serait le rédacteur des Constitutions primitives de l’Ordre, qui fut définitivement approuvé par Clément V en 1308-1309 comme une Congrégation de Chanoines Réguliers de Saint Augustin.

Ordre de Saint Paul premier ermite - blason

Blason de l’Ordre de Saint Paul premier ermite,
dont la devise est : « Solus cum Deo solo » (seul avec Dieu seul)

   Depuis la Hongrie, où plusieurs monastères furent fondés dès la deuxième moitié du XIIIème siècle, l’Ordre eut une diffusion rapide dans les royaumes voisins : Croatie (où l’on compta rapidement une cinquantaine de communautés), Pologne (les Paulins s’implantèrent à Częstochowa en 1382, et s’y trouvent toujours), Etats du Saint-Empire germanique (jusqu’en Bavière), Autriche, péninsule balkanique, puis l’Italie, l’Espagne et le Portugal, d’où se fit un essaimage aussi dans les Amériques lors de leur première évangélisation.
Les Pères Paulins, en effet, au cours des XIVème et XVème siècles, passèrent du statut de religieux strictement contemplatifs à celui de la vie dite mixte (c’est-à-dire contemplation et apostolat), d’abord en ouvrant des écoles (ils dirigèrent même une université), puis en se consacrant à diverses tâches missionnaires.

   Le Roi Louis 1er de Hongrie (1326-1382), dit le Grand, de la branche capétienne d’Anjou-Sicile, qui était fort dévot à Saint Paul de Thèbes, favorisa grandement l’Ordre, obtint des Vénitiens, en 1381, une partie des reliques de Saint Paul de Thèbes (les Vénitiens les avaient prises à Constantinople, évidemment), qu’il confia à la maison-mère de l’Ordre.

   A son apogée, au XVIème siècle, l’Ordre compta quelque trois-cents monastères répartis en huit provinces dans toute l’Europe, et même en Palestine et en Egypte.

   La grande défaite de Mohács (29 août 1526), au cours de laquelle le Roi Louis II fut défait par les troupes de Soliman le Magnifique, entraîna une partition du royaume de Hongrie entre l’Empire ottoman, les Habsbourg d’Autriche et la principauté de Transylvanie, qui eut aussi de dramatiques conséquences pour l’Ordre : des dizaines de monastères furent pillés et détruits, leurs archives et leurs bibliothèques réduites en cendres, et un grand nombre de moines subirent le martyre.
Quelques années après, la prétendue « Réforme » entraînera de nouvelles dévastations, si bien que le monastère de Jasna Góra à Częstochowa, en Pologne, va devenir – par déplacement – le grand centre de l’Ordre, puis devenir la capitale spirituelle des Polonais, haut-lieu de la fidélité à la religion et la patrie, et abbaye-mère d’un grand nombre d’autres maisons religieuses (jusqu’à 80 monastères en Pologne au XVIIIème siècle).

Monastère paulin fortifié de Jasna Gora à Czestochowa

Le monastère fortifié des Pères Paulins
à Jasna Góra (Częstochowa, Pologne)

   Les partages successifs de la Pologne à partir de la seconde moitié du XVIIIème siècle, furent eux aussi dramatique pour les monastères paulins : il ne subsista finalement que les deux  maisons de Jasna Góra et de Cracovie, qui durent survivre en étant juridiquement indépendantes.

   Lorsque la Pologne retrouva son indépendance, ces deux communautés de Jasna Góra et de Cracovie se réunirent à nouveau comme deux monastères d’un même Ordre, en 1920. Un chapitre général put être convoqué, un abbé général fut élu, et, les vocations affluant, de nouveaux essaimages et fondations reprirent.

   La seconde guerre mondiale et la domination soviétique sur les pays d’au-delà du « rideau de fer » furent un nouveau coup d’arrêt. Malgré tout, depuis Jasna Góra, Maison généralice, l’Ordre Paulin continua à vivre, à résister, et à rayonner.
Si bien qu’après l’effondrement du bloc soviétique une nouvelle expansion se fit, restaurant d’anciens monastères en Pologne ; ressuscitant des communautés en Hongrie, Croatie, Slovaquie, Ukraine, Biélorussie, Bohème et Allemagne ; ouvrant des missions en Afrique du Sud et au Cameroun, revivifiant les anciennes communautés qui s’étaient maintenues aux Etats-Unis, en Australie, en Espagne, en Italie et en Belgique.

  Actuellement, l’Ordre des Chanoines réguliers augustiniens de Saint Paul premier ermite compte quelque cinq-cents religieux (frères et prêtres) répartis dans septante-et-un monastères (qui, malheureusement, ne pratiquent pas la liturgie traditionnelle).

Paulins en procession à Jasna Gora

Pères Paulins en procession dans la basilique de Jasna Góra, à Częstochowa

2025-6. La Vénérable Marie-Louise de Jésus, vierge, mystique, fondatrice, et zélatrice du culte de Sainte Philomène.

10 janvier,
Cinquième jour dans l’octave de l’Epiphanie (cf. ici) ;
Anniversaire de la naissance de Sainte Philomène (cf. > ici) ;
Anniversaire du rappel à Dieu de la Vénérable Marie-Louise de Jésus.

Vénérable Mère Marie-Louise de Jésus

La Vénérable Mère Marie-Louise de Jésus
(image de dévotion diffusée à Naples)

       Maria Carmela Ascione naquit le 28 février 1799, et fut baptisée le jour même, dans l’ancienne commune de Barra, qui, depuis longtemps, est devenue l’un des quartiers de Naples. C’était le temps où les troupes révolutionnaires françaises du général Championnet avaient contraint Sa Majesté le Roi Ferdinand IV à s’enfuir en Sicile et avaient créé une éphémère « république parthénopéenne » (fin janvier à juin 1799).

   Maria Carmela était l’aînée des dix enfants du docteur Giuseppe Ascione et de Fortunata Carrese ; elle reçut une éducation plutôt sommaire au sein même de sa famille (il y avait très peu d’écoles élémentaires pour les filles), famille au demeurant fort pieuse qui était liée au Tiers Ordre de la Pénitence de Saint Dominique. 

   Dès son enfance, on a noté chez elle un goût prononcé pour la prière, une dévotion marquée pour la Vierge des Douleurs, et un zèle ardent pour l’étude de la doctrine chrétienne ; elle était également embrasée du désir d’entraîner d’autres enfants dans des exercices de dévotion et l’approfondissement du catéchisme. On y a vu les premiers indices et caractéristiques de sa vocation religieuse.

   A l’âge de 17 ans (1816), malgré l’opposition paternelle, elle entra chez les Bénédictines de Donnaromita (Naples) ; mais au bout de six mois, elle ne put rester dans la vie claustrale en raison du déclanchement d’une part d’une maladie du foie et d’autre part d’un état de déréliction qui fit penser à ses supérieurs que là n’était pas sa voie.
Maria Carmela retourna donc dans sa famille et pendant deux années elle vécut une intense communion physique et spirituelle aux souffrances de la Croix.

   A l’âge de 20 ans (1819) elle entra comme oblate chez les Sœurs de la Retraite de la Vierge des Douleurs, d’Olivella (quartier de Naples), où après sept mois de noviciat et de mise à l’épreuve on lui donna le voile. Elle prit alors le nom de Sœur Marie-Louise de Jésus.
Mais presque aussitôt après, elle fut prise de fortes fièvres et, en huit jours, fut à l’article de la mort : on la renvoya chez elle, arguant du fait que son père pourrait la soigner, mais elle fut alors quasi miraculeusement rétablie. On lui demanda cependant de rester chez ses parents, jusqu’à ce que, en 1824, on la rappelât à la Retraite, en lui demandant de la diriger comme supérieure ; ce qu’elle accepta par obéissance. 
Pendant quatorze années, elle dirigea cette œuvre qu’elle fit prospérer matériellement et spirituellement.

   Sa vie mystique, qui avait été précoce, nous l’avons vu, s’était intensifiée, approfondie, et fut progressivement accompagnée de dons de soulagement ou de guérison des souffrances physiques et morales, qui firent affluer vers elle les personnes qui avaient besoin de consolation et de réconfort.

   Elle développa aussi, à partir de 1832, une intimité spirituelle tout-à-fait privilégiée avec Sainte Philomène, qui lui accorda de grandes faveurs et qui se servit fréquemment d’elle pour transmettre ses grâces aux fidèles qui les demandaient.

Sainte Philomène inspirant Mère Marie-Louise de Jésus

Sainte Philomène inspirant la Vénérable Mère Marie-Louise de Jésus

   A partir de 1830, elle avait commencé à ressentir l’appel à fonder un nouvel institut religieux, dont, à l’âge de 33 ans, elle avait écrit les Règles (1832). En 1835, enfin, elle rencontra un prêtre, Don Luigi Navarro, qui fut vraiment l’instrument choisi par Dieu pour la guider, la conseiller et la soutenir. Avec son aide, elle put mûrir ses projets.
Lors de l’épidémie de choléra qui ravagea Naples en 1836, elle fut atteinte et on crut qu’elle allait mourir ; mais encore une fois, elle revint à la santé.
A Naples, Mère Marie-Louise de Jésus devint une sorte de phare spirituel pour les âmes, les accueillant, les écoutant, les réconfortant, les éclairant, les encourageant, les soutenant dans leur progression spirituelle.

   Enfin, le 8 mai 1840, dans le quartier pauvre et très peuplé de Sainte-Lucie (toujours à Naples), après une série d’épreuves et de contrariétés dont elle avait triomphé, elle ouvrit la première maison du Pieux institut de la Très Sainte Marie des Douleurs et de Sainte Philomène.
L’une de ses sœurs qui avait été novice à la Retraite l’avait suivie et elle furent rejointes par trois aspirantes, auxquelles elle pourra donner le voile trois ans plus tard.
La mission première mission des religieuses était l’enseignement du catéchisme et l’éducation élémentaire des filles du quartier de Sainte-Lucie.

   Mère Marie-Louise se lia d’amitié avec une princesse russe, Zénaïde Volkonstky (1792-1862), poétesse et femme de lettres que Nicolas Gogol avait surnommée l’« impératrice des Muses et de la Beauté » : veuve, installée en Italie, convertie au catholicisme (cette conversion fit grand bruit à l’époque), elle avait reçue de grandes grâces spirituelles à travers l’amitié de Mère Marie-Louise, et, en retour, elle lui fut d’une grande aide par ses générosités.
C’est ainsi que le 11 mai 1851, une deuxième maison des Servantes de la très Sainte Marie des Douleurs et de Sainte Philomène fut ouverte dans un autre quartier populaire de Naples, à côté de laquelle, le 13 juillet 1856, fut bénite l’église de la Vierge Etoile du Matin, « Stella Mattutina ».
Un troisième couvent fut ouvert en 1852 à San Severo di Puglia (province de Foggia).

   Marie-Louise de Jésus avait environ 36 ans lorsque son directeur spirituel lui donna l’ordre – bien qu’elle eût une orthographe des plus approximatives et fantaisistes -, de rédiger un commentaire des livres bibliques : la première édition des premiers volumes fut réalisée en 1839 à Imola, avec le soutien du secrétaire de l’évêque, Monseigneur Giovanni Mastaï-Ferretti, celui qui deviendra quelques années plus tard le pape Pie IX.
Le bienheureux Pontife rencontra Mère Marie-Louise à cette occasion, et par la suite il témoigna à plusieurs reprises de l’estime en laquelle il la tenait.
Ce travail de commentaire biblique ne prit fin que lorsque la religieuse napolitaine illettrée approcha de la mort et ne fut plus en mesure d’écrire !
Elle fut aussi l’auteur d’opuscules de piété et de livres pour la méditation, qui eurent une large diffusion en Italie et dont certains furent traduits en français.

   En décembre 1874, une mystérieuse faiblesse s’empara de son organisme, l’empêchant de faire le moindre pas ; déjà affaiblie par des douleurs chroniques au foie et de terribles migraines, son état s’aggrava peu à peu, jusqu’à ce que, le 10 janvier 1875, elle rendît son âme à son Créateur.

   Pendant trois jours, son corps resta exposé aux hommages incessants des fidèles venus des quartiers populaires de Naples, qui voyaient en elle une authentique et sainte missionnaire de l’Evangile parmi le peuple et une consolatrice attentive à toutes les souffrances.
Son corps, d’abord enterré au cimetière de Santa Maria del Pianto, fut transféré le 22 avril 1947, dans l’église « Stella Mattutina » de sa congrégation dans le Borgo Sant’ Antonio Abate.
Un procès informatif diocésain en vue de sa béatification fut commencé dès 1890 : il a connu depuis lors plusieurs étapes, jusqu’à l’introduction officielle de sa cause en 1947, mais la béatification n’est pas encore en vue.

Autel des reliques de Sainte Philomène à Mugnano del Cardinale

2025-5. Le 10 janvier, les dévots de Sainte Philomène célèbrent l’anniversaire de sa naissance.

10 janvier,
Cinquième jour dans l’octave de l’Epiphanie (cf. > ici) ;
Anniversaire de la naissance de Sainte Philomène ;
Anniversaire de la mort de la Vénérable Marie-Louise de Jésus (cf. > ici).

Canivet de Sainte Philomène avec les scènes de sa vie - blogue

Canivet XIXème siècle représentant Sainte Philomène
avec en médaillons des scènes de sa vie

       Malgré les efforts de l’enfer et de ses suppôts pour combattre, contester, édulcorer ou ridiculiser la dévotion envers Sainte Philomène, son culte non seulement perdure mais prend une expansion qu’il n’eût point été possible d’imaginer au début de la seconde moitié du XXème siècle.
Ainsi, non contents de célébrer dans l’allégresse sa fête principale soit au jour anniversaire de son martyre (le 10 août) soit le lendemain, 11 août, jour auquel le pape Léon XIII fixa sa fête dans le Missel romain, on constate que partout dans le monde, de très nombreux fidèles et prêtres marquent également, par des exercices de dévotion ou par la célébration d’une Messe votive, l’anniversaire de la naissance de Sainte Philomène, à la date du 10 janvier.

   Cette date du 10 janvier a été communiquée par la jeune martyre elle-même à la Vénérable Marie-Louise de Jésus (cf. > ici) lors d’une apparition dont elle gratifia la sainte religieuse le 3 août 1833. Le texte de cette révélation a été publié et diffusé avec l’imprimatur du Saint-Office (et pas simplement de l’ordinaire diocésain), accordé le 21 décembre 1833.
L’imprimatur n’engage certes pas la Sainte Eglise dans une sorte de reconnaissance de l’absolue authenticité historique des faits rapportés dans le texte de cette révélation, mais il garantit d’une part que cette révélation n’est ni le fait d’une élucubration de fausse mystique exaltée, ni le fait d’une illusion diabolique, mais bien le produit d’une authentique grâce céleste ; et d’autre part qu’il ne se trouve dans ce texte rien de contraire à la foi catholique et aux mœurs, et que l’on est donc raisonnablement fondé à y apporter sa créance.

   Sainte Philomène, en revanche, n’a pas révélé l’année de sa naissance, mais comme elle cite le nom de l’empereur qui fut son persécuteur – Dioclétien, qui régna du 20 novembre 284 au 1ᵉʳ mai 305 -, et qu’elle donne son âge au moment de son martyre (« J’allais sur la fin de mes treize ans ») la naissance de Sainte Philomène se trouverait donc le 10 janvier 289, si on admet que son martyre eut lieu le 10 août de l’an 302.

   Voici donc la traduction du texte de la révélation retranscrite par la Vénérable Marie-Louise de Jésus :

Sœur Marie-Louise de Jésus

« Véritable image de la servante de Dieu Sœur Marie-Louise de Jésus »
(image de dévotion avec une prière pour obtenir des grâces par son intercession)

       « Ma chère sœur, je suis la fille d’un prince qui gouvernait un petit état de la Grèce. Ma mère était aussi de sang royal. Comme ils étaient sans enfant et tous deux encore idolâtres, pour en obtenir, ils offraient continuellement des prières et des sacrifices à leurs faux dieux. Un docteur romain qui professait le christianisme, nommé Publius vivait dans un palais au service de mon père. Voyant l’affliction de mes parents, sous l’impulsion de l’Esprit Saint, il leur parla de notre foi et les assura que leurs prières seraient entendues s’ils embrassaient la religion chrétienne. Finalement, après mûre réflexion, ils reçurent le sacrement de baptême.

   Je suis née au début de l’année suivante, un 10 janvier, et à ma naissance, ils me donnèrent le nom de ‘Lumena’ ou ‘Lumière’, car j’étais née à la lumière de la Foi à laquelle mes parents étaient maintenant ardemment dévoués. Le jour de mon baptême, ils me nommèrent ‘Philomena’, c’est-à-dire ‘Fille de la lumière’. L’affection que mes parents me portaient était si grande qu’ils voulaient toujours m’avoir près d’eux. C’est pour cette raison qu’ils m’amenèrent à Rome avec eux à l’occasion d’un voyage que mon père devait faire en raison d’une guerre injuste dont il était menacé par l’arrogant Dioclétien. J’allais sur la fin de mes treize ans. Arrivés dans la capitale du monde, nous nous rendîmes au palais de l’empereur où on nous accorda une audience.

   Tandis que mon père plaidait sa cause avec ardeur et cherchait à se justifier, l’empereur ne me quittait pas des yeux et à la fin il déclara : « Cesse de te tourmenter ; tu peux être parfaitement rassuré ; il n’y a plus de raison de s’inquiéter. Au lieu de vous attaquer, je mettrai toutes les forces de l’Empire à votre disposition à la condition que tu me donnes la main de ta fille, la jolie Philomène ».

   Mes parents accédèrent à sa requête et, de retour chez nous, ils cherchèrent à me convaincre que j’allais être heureuse comme impératrice de Rome. Je rejetai leur offre sans aucune hésitation en leur disant que j’étais devenue l’épouse de Jésus-Christ par un vœu de chasteté prononcé lorsque j’avais onze ans. Mon père s’efforça alors de montrer qu’une enfant de mon âge ne pouvait pas disposer d’elle-même comme elle l’entendait et il exerça toute la force de son autorité pour me faire obéir.

   Lorsque l’empereur reçut ma réponse, il la considéra comme un simple prétexte pour briser la promesse qui lui avait été faite : « Amène-moi la princesse Philomène, dit-il à mon père, je verrai si je peux la persuader ».

   Mon père vint vers moi mais, voyant que j’étais inébranlable, lui et ma mère se jetèrent à mes pieds en m’implorant : « Mon enfant, aie pitié de ton père, de ta mère, de ton pays ! Aie pitié de notre royaume ! »

   « Non, non, ai-je répondu, Dieu et ma virginité que je Lui ai consacrée passent avant tout, avant vous, avant mon pays ! Mon royaume, c’est le Ciel ».

   Mes paroles les plongèrent dans le désespoir et il leur fallut m’emmener devant l’empereur qui, de son côté, fit tout en son pouvoir pour me gagner. Mais ses promesses, ses séductions, ses menaces furent également vaines. Il fut alors saisi d’un violent accès de colère et, influencé par le démon de l’impureté, il me fit jeter dans les prisons de son palais où l’on me chargea de chaînes.

Sainte Philomène dans sa prison

   Croyant que la douleur et la honte affaibliraient le courage que mon divin Epoux m’inspirait, il vint me voir chaque jour ; puis, après avoir détaché mes chaînes pour me permettre de prendre la petite portion de pain et d’eau que je recevais comme nourriture, il renouvela ses attaques dont certaines, sans la grâce de Dieu, auraient été fatales à ma pureté. Les échecs qu’il continua de rencontrer furent pour moi le prélude à de nouvelles tortures, mais la prière me soutenait. Je ne cessais de me recommander à Jésus et à Sa Mère très pure. Ma captivité durait depuis trente-sept jours lorsque, au milieu d’une lumière céleste, je vis Marie tenant son divin Fils dans ses bras.

   « Ma fille, me dit-elle, encore trois jours de prison et, après quarante jours, tu sortiras de cet état de douleur ».

   Mon cœur battait de joie à l’annonce de cette nouvelle mais, comme la Reine des anges avait ajouté que je devrais quitter cette prison pour soutenir, dans des tourments effrayants, un combat bien plus terrible que les précédents, je passai immédiatement de la joie à l’angoisse la plus cruelle ; je pensai qu’il me tuerait.

   « Courage, mon enfant, me dit Marie, ne sais-tu pas l’amour de prédilection que je te porte ? Le nom que tu as reçu au baptême en est l’assurance, par sa ressemblance avec celui de mon Fils et avec le mien. Tu es appelée Lumena ou Lumière. Mon Fils, ton Epoux, est appelé Lumière, Etoile, Soleil. Et ne suis-je pas moi-même appelée Aurore, Etoile, Lune dans la plénitude de son éclat, et Soleil ? Ne crains pas, je t’aiderai. C’est maintenant l’heure de la faiblesse humaine et de l’humiliation, mais au moment de l’épreuve, tu recevras grâce et force. En plus de ton ange gardien, tu auras aussi le mien, l’archange Gabriel, dont le nom signifie « la force du Seigneur ». Lorsque j’étais sur terre, il était mon protecteur. Je te recommanderai tout spécialement à ses soins, mon enfant bien-aimée ».

   Ces paroles de la Reine des vierges me redonnèrent courage et la vision disparut en laissant ma prison emplie d’un parfum céleste.

   L’empereur, désespérant de me faire accéder à ses désirs, eut alors recours à la torture pour me terrifier et m’amener à rompre mon vœu avec le Ciel. Il ordonna qu’on m’attachât à un pilier pour être fouettée sans merci tandis qu’on me lançait d’horribles blasphèmes.

   « Puisqu’elle est obstinée au point de préférer à un empereur un malfaiteur condamné à mort par Ses propres compatriotes, dit-il, elle mérite un châtiment approprié ».

   Le tyran, me voyant toujours aussi déterminée, bien que je ne sois qu’une plaie béante, ordonna qu’on me ramenât en prison pour y mourir dans les souffrances. Je souhaitais la mort pour m’envoler dans les bras de mon Epoux lorsque deux anges brillants apparurent qui versèrent un baume céleste sur mes plaies, et je fus guérie. Le lendemain matin, l’empereur fut surpris en apprenant la nouvelle. Me voyant plus forte et plus belle que jamais, il entreprit de me convaincre que je devais cette faveur à Jupiter, qui me destinait au diadème impérial.

Sainte Philomène secourue par les anges pendant son martyre

   Sous l’inspiration du Saint-Esprit, je rejetai ce sophisme et résistai à ses caresses. Fou de rage, il ordonna qu’on m’attachât au cou une ancre de fer et qu’on me précipitât dans le Tibre. Mais Jésus, pour montrer Son pouvoir et confondre les faux dieux, envoya deux anges pour m’aider. Ils coupèrent la corde et l’ancre tomba dans la rivière où elle demeura enfoncée dans la boue. Ils me déposèrent ensuite sur la rive sans qu’une seule goutte d’eau ait mouillé mes vêtements.

   Ce miracle convertit un grand nombre de spectateurs et Dioclétien, plus obstinément aveugle que Pharaon, déclara alors que je devais être une sorcière et ordonna qu’on me transperçât de flèches. Mortellement blessée et sur le point de mourir, on me jeta à nouveau en prison. Au lieu de la mort qui aurait normalement dû survenir, le Tout-Puissant me fit tomber dans un sommeil paisible dont je me réveillai plus belle qu’auparavant. Ce nouveau miracle mit l’empereur dans une fureur telle qu’il donna l’ordre de répéter cette torture jusqu’à ce que mort s’en suivît. Mais les flèches refusèrent de quitter les arcs. Dioclétien affirma que c’était le fait de la magie et, espérant que la sorcellerie serait impuissante contre le feu, il ordonna que les flèches fussent rougies au feu dans un brasier. Cette précaution fut inutile. Mon divin Epoux me sauva de la torture en retournant les flèches contre les archers, et six d’entre eux furent tués. Ce dernier miracle entraîna d’autres conversions et la foule commençait sérieusement à montrer des signes de mécontentement envers l’empereur, et même de révérence pour la sainte Foi.

   Par crainte de conséquences plus sérieuses, le tyran donna l’ordre de me couper la tête. Mon âme, glorieuse et triomphante monta vers le Ciel où je reçus la couronne de virginité que j’avais méritée par tant de victoires. Il était trois heures de l’après-midi, un dix août, qui était un vendredi.

   Voilà pourquoi Notre-Seigneur a voulu que mon corps fût ramené à Mugnano un dix août, et pourquoi Il accomplit tant de miracles en cette occasion. »

Autel avec les reliques de Sainte Philomène à Mugnano del Cardinale

Autel avec les reliques de Sainte Philomène
dans la basilique de Mugnano del Cardinale

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