Archive pour la catégorie 'Lectures & relectures'

2024-248. Leçons du deuxième nocturne des matines de la fête de la Dédicace de l’archibasilique cathédrale du Très Saint Sauveur au Latran.

9 novembre,
Fête de la dédicace de l’archibasilique du Très Saint Sauveur au Latran ;
Mémoire de Saint Théodore d’Amasée, mégalomartyr (cf. > ici) ;
Mémoire de Sainte Elisabeth de la Trinité (cf. > ici) ;
Premier jour du carême de la Nativité (cf. > ici).

Basilique du Très Saint Sauveur au Latran façade principale

Façade principale de l’archibasilique-cathédrale du Très Saint Sauveur au Latran (Rome)

Tiare et clefs

Leçons du deuxième nocturne des matines

de la fête de la Dédicace

de l’archibasilique cathédrale du Très Saint Sauveur au Latran

Quatrième leçon : 

   Les rites que l’Église observe dans la consécration des temples et des autels, ont été institués par le Pape Saint Sylvestre 1er. Bien que, depuis le temps des Apôtres, il existât des lieux dédiés à Dieu et appelés tantôt oratoires, tantôt églises, où, le dimanche, se tenaient les assemblées et où le peuple chrétien avait coutume de prier, d’entendre la parole de Dieu et de recevoir l’Eucharistie, toutefois ces lieux n’étaient pas consacrés avec tant de solennité, et il ne s’y trouvait pas encore d’autel érigé en titre et oint du saint chrême, pour représenter Jésus-Christ, qui est notre Autel, notre Hostie et notre Pontife.

Baptême de Constantin par Saint Sylvestre - baptistère du Latran blogue

Baptême de l’empereur Saint Constantin par le pape Saint Sylvestre
(fresque du baptistère du Latran)

Cinquième leçon : 

   Ce fut quand l’empereur Constantin eut obtenu la santé et le salut par le sacrement du baptême, qu’il fut permis pour la première fois aux Chrétiens, par une loi de ce prince, de bâtir partout des églises ; et il les excita à la construction de ces édifices sacrés, non seulement par son édit, mais encore par son exemple. Il dédia, en effet, dans son palais de Latran, une église au Sauveur, tout près de laquelle il édifia aussi une basilique sous le nom de Saint Jean-Baptiste, au lieu même où, baptisé par Saint Sylvestre, il avait été guéri de la lèpre de l’infidélité.
Ce Pape consacra l’église du Sauveur le cinquième jour des ides de novembre ; et c’est de cette consécration qu’on célèbre aujourd’hui la mémoire, parce que c’est en ce jour que la première dédicace publique d’une église a été faite à Rome et que l’image du Sauveur apparut au peuple romain, peinte sur la muraille.

Basilique du Latran mosaïque du cul de four de l'abside

La mosaïque du Très Saint Sauveur
au cul-de-four de l’abside le l’archibasilique du Latran

Sixième leçon : 

   Si le Bienheureux Sylvestre décréta dans la suite, en consacrant l’autel du prince des Apôtres, que l’on n’édifierait plus désormais d’autels qu’en pierre, et si cependant, celui de la basilique de Latran est en bois, il n’y a pas lieu de s’en étonner ; depuis Saint Pierre jusqu’à Sylvestre, les Papes ne pouvaient, à cause des persécutions, résider en un lieu fixe : partout où la nécessité les poussait, soit dans les cryptes, soit dans les cimetières, soit dans les maisons de pieux fidèles, ils offraient le sacrifice sur cet autel de bois, qui était creux et en forme de coffre. Or, la paix ayant été rendue à l’Eglise, Saint Sylvestre le plaça dans la première église, qui fut celle de Latran, et, en l’honneur du prince des Apôtres, que l’on dit avoir offert le Saint Sacrifice sur cet autel, ainsi que les autres Pontifes qui, jusque-là, s’en étaient servis pour la célébration des Mystères, il ordonna qu’aucun autre que le Pape n’y célébrerait jamais la messe.
La basilique du Saint-Sauveur, successivement endommagée par des incendies, dévastée, renversée par des tremblements de terre, fut restaurée avec grand soin puis reconstruite par les Papes. Le vingt-huit avril mil sept cent vingt-six, le souverain Pontife Benoît XIII, de l’Ordre des Frères Prêcheurs, l’a consacrée solennellement et a décidé qu’on célébrerait en ce jour la mémoire de cette solennelle Dédicace.
Selon ce que Pie IX avait projeté d’entreprendre, Léon XIII fit exécuter de grands travaux pour allonger et élargir le chœur du maître-autel, qui allait s’affaissant de vétusté ; il donna l’ordre de restaurer, selon les dessins antiques, les vieilles mosaïques, déjà réparées en beaucoup d’endroits, et de les transporter dans la nouvelle abside, magnifiquement construite et ornée ; il pourvut aussi à l’achèvement de l’ornementation du transept et à la réparation des caissons du plafond ; l’an mil huit cent quatre-vingt-quatre, il ajouta la sacristie, la demeure des chanoines et une galerie contiguë, menant au Baptistère de Constantin.

Autel papal de la basilique du Latran contenant l'autel de bois de Saint Pierre

Autel papal de l’archibasilique cathédrale du Très Saint Sauveur au Latran :
à l’intérieur de l’autel de marbre se trouve l’autel portatif en bois qui servit à Saint Pierre et aux premiers papes

Voir aussi :
La relique de la table de la Sainte Cène conservée dans l’archibasilique du Latran > ici

2024-247. 6 novembre 1836 : la sainte mort de Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Charles X.

6 novembre,
Fête de Saint Léonard de Noblat (cf. > ici) ;
Anniversaire de la mort de SMTC le Roi Charles X.

Palais d'Holyrood à Edimbourg

Edimbourg : le palais d’Holyrood (état actuel)

       Ayant quitté le château de Rambouillet le 3 août 1830, Sa Majesté le Roi Charles X, la famille royale et ses fidèles, avaient pris la route de l’exil en se rendant à Cherbourg où, le 16, ils avaient embarqué pour la Grande-Bretagne.
Après un séjour de quelques semaines seulement au château de Lulworth, dans le Dorset, les exilés s’étaient ensuite installés au palais de Holyrood, à Edimbourg, où Charles X, qui n’était alors que le Comte d’Artois, avait déjà séjourné pendant la grande révolution.
Ils y étaient restés deux années, avant de repartir, en direction de l’empire autrichien cette fois.

   Le neveu de S.M. la Reine Marie-Antoinette, qui, après avoir été François II du Saint-Empire était devenu l’empereur d’Autriche François 1er, mit le château royal de Prague à disposition de ses cousins français qui y restèrent quatre années.
Malgré les hivers rudes et les grosses chaleurs estivales, Charles X se montra jusqu’alors en plutôt bonne santé, si ce n’est qu’on constatait chez lui une espèce de mélancolie lancinante. 

Prague - château royal et cathédrale Saint-Guy

Prague : le palais royal et la cathédrale Saint-Guy dominant la ville
et, au premier plan, le célèbre Pont Charles qui enjambe la Moldau

   A l’automne 1836, commença une nouvelle errance : la seconde pandémie de choléra, arrivée en Europe dès l’année 1830, qui avait atteint les îles britanniques en 1832 puis la France la même année, progressait alors en Europe centrale et atteignait la Bohème.
Dans le cours du voyage, le duc et la duchesse d’Angoulême tombèrent malade puis le jeune duc de Bordeaux, mais tous les trois surmontèrent la maladie. 

   Le 8 octobre 1836, la Famille Royale s’arrête à Linz, en haute Autriche, pour fêter le soixante-dix-neuvième anniversaire du Roi.
Fatigué, Charles X confie à l’un de ses proches : « Ma vie a été plus longue que celle de mes ancêtres, mais de cruels malheurs et trente années d’exil l’ont rendue bien amère. Peu de temps s’écoulera d’ici au jour où vous suivrez les funérailles du pauvre vieillard… »

   Enfin, ils arrivent à Göritz, entre Venise et Trieste : cette ville alors dans l’empire d’Autriche, qui deviendra italienne après le démembrement de l’empire austro-hongrois, et ce jusqu’en 1945, se trouve finalement aujourd’hui coupée en deux, puisqu’une partie de la cité – qui avait été attribuée à l’ancienne Yougoslavie après la seconde guerre monidale – se trouve aujourd’hui en Slovénie sous le nom de Nova Gorica.

cathédrale de Gorizia vue avant les bombardements

Gorizia, cathédrale métropolitaine des Saints Hilaire et Tatien :
originellement gothique, elle fut totalement « baroquisée » à la fin du XVIIème siècle ;
ayant subi de graves dommages à la fin de la première guerre mondiale,
elle fut reconstruite et rendue au culte en 1928.
La première photographie nous montre l’état avant les destructions dues aux bombardements :
c’est l’état dans lequel elle se trouvait pour les funérailles
de Charles X en 1836 et celles d’Henri V en 1883

Gorizia cathédrale état actuel

   A Göritz/Gorizia, la Famille Royale est accueillie dans une magnifique villa à l’italienne mise à sa disposition par le comte Ivan Coronini-Cronberg.
De dimensions modestes en comparaison des châteaux d’Holygood ou de Prague, le « château Graffenberg », avec sa façade aux portiques doriques et ses terrasses aux balustrades de fer forgé, est un véritable havre de paix : il y règne une douceur maritime, avec des palmiers et une flore abondante.
Le vieux Souverain aima cet endroit où il profita de la douceur automnale pour marcher au moins une heure chaque jour en compagnie du Dauphin, son fils, du jeune duc de Bordeaux et de son ami Blacas.

   Pour la fête de la Toussaint, le mardi 1er novembre, Sa Majesté et les siens se rendent à la Messe à la cathédrale : la population les acclame. Mais le mercredi 2 novembre, le Roi commence à ressentir les premiers symptômes de la maladie : il est pris de frissons pendant la messe matinale et se trouve indisposé toute la journée. Il essaie pourtant de cacher sa faiblesse, adresse des paroles aimables à ses proches, mais, trop épuisé, se couche sans dîner.

   Le vendredi 4, à l’occasion de la Saint-Charles, quoique bien affaibli, le Roi se montre ravi de l’aubade que les musiciens de la petite ville viennent donner sous ses fenêtres en l’honneur de sa fête patronale. Pourtant, son apparence physique change rapidement : ses yeux deviennent cerclés de violet, sa peau pâlit ; il se tord de douleurs et vomit durant la nuit.

La dernière maladie de Charles X

   Le samedi 5 novembre, le docteur Bougon, son médecin depuis vingt ans, n’a plus de doute : il s’agit du choléra.
Le Roi sait que c’est sa dernière maladie : 
« J’ai bien souffert cette dernière nuit mais je ne pensais pas que cette maladie dût tourner si court », et il demande alors à se confesser.
On lui demande s’il pardonne à ceux qui, de diverses manières, lui ont fait du mal : « Comment ne leur pardonnerais-je pas ? Je l’ai fait depuis longtemps, je leur pardonne encore, et de grand cœur ; que Dieu les garde »
Ses petits enfants, Henri et Louise, viennent le voir et Charles X leur demande de prier pour lui.

   Dans la journée, le malade se sent d’abord légèrement mieux, puis, en fin de journée, il cesse de parler, et même de gémir, jusqu’au moment de sa mort, le dimanche 6 novembre 1836 à une heure et demi du matin.
Son fils, le Dauphin Louis-Antoine, duc d’Angoulême, lui ferme les yeux.

   Toujours très protocolaire, Blacas se tourne alors vers celui qui vient de devenir Louis XIX et demande en s’inclinant : « J’attends les ordres de Votre Majesté ! ».

Mort de Charles X gravure d'Epinal

   Le comte de Metternich, chancelier impérial, annonça que les obsèques seraient « réglées d’après l’étiquette qui aurait fait loi si Charles X était mort à Paris ».
Et, en effet, l’archevêque et son clergé, la population et les autorités impériales feront tout leur possible pour que la pompe funèbre du Roi en exil s’accomplisse avec autant de solennité qu’on pouvait en déployer dans une petite ville par temps de pandémie.

   Les funérailles eurent lieu le vendredi 11 novembre : tous les pauvres de la ville, flambeau à la main précédaient le char funéraire tiré par six chevaux blancs caparaçonnés, et encadré par douze valets portant des livrées aux armes de France, tandis que sur le chemin entre le palais et la cathédrale des troupes autrichiennes en tenue d’apparat blanc et or formaient une haie double, longue d’environ un kilomètre, et rendaient les honneurs.

   En France, le gouvernement de l’usurpateur d’Orléans interdit la célébration des Messes à la pieuse mémoire du Souverain défunt, mais bien sûr quelques oraisons funèbres furent prononcées dans les provinces ; les ambassadeurs des pays étrangers reçurent l’ordre de ne pas porter le deuil, ce que certains transgressèrent, tels les ambassadeurs de Russie ou d’Autriche. La Reine Marie-Amélie elle-même, qui avait spontanément pris le deuil à l’annonce de la mort de son cousin, reçut l’ordre de le quitter !

   On le sait, dans l’attente de la résurrection, Sa Majesté le Roi Charles X et ses deux successeurs sont inhumés dans la crypte du couvent de l’Annonciation de la Castagnavizza (en slovène : Kostanjevica) de la partie de Gorizia devenue Nova Gorica.

On trouvera aussi dans ce blogue :
- Le discours de SM le Roi Louis XX prononcé en février 2017 à l’occasion de son pèlerinage sur la tombe de Charles X > ici
- Le récit d’un prêtre ayant accompli le pèlerinage de Nova Gorica en juin 2023 > ici

Crypte de la Castagnavizza - tombes de Charles X Louis XIX et la reine Marie-Thérèse de France

Sarcophages de Leurs Majestés les Rois Louis XIX  Charles X et la Reine Marie-Thérèse
dans la crypte du couvent de la Castagnavizza

2024-246. De la Bienheureuse Marguerite de Lorraine-Vaudémont, arrière-grand-mère d’Henri IV le Grand.

3 novembre,
Fête de la Bienheureuse Marguerite de Lorraine-Vaudémont, veuve et clarisse ;
Au diocèse de Viviers, la fête de tous les Saints du diocèse ;
Mémoire du 3ème jour dans l’octave de tous les Saints ;
Anniversaire de la victoire de Mentana (3 novembre 1867).

Bienheureuse Marguerite de Lorraine-Vaudémont

       Marguerite de Lorraine-Vaudémont était la fille de Yolande d’Anjou (1428-1483), elle-même fille de René 1er d’Anjou, surnommé « le Bon Roi René » (1409-1480), et du dernier comte de Vaudémont Ferri II (vers 1417-1470).
Elle était en particulier la sœur du duc René II de Lorraine (1451-1508), qui sera le vainqueur du duc de Bourgogne Charles le Téméraire en 1477.

   Treizième et dernière de la fratrie, Marguerite est née en 1463 au château de Vaudémont. Elevée à la cour de Lorraine jusqu’à l’âge de 7 ans, c’est-à-dire jusqu’à la mort de son père, elle achèvera son éducation auprès de son grand-père maternel, « le Bon Roi René », jusqu’à la mort de ce dernier (1480), à la cour d’Aix-en-Provence.
Auprès de René 1er d’Anjou, homme de grande culture et mécène, elle ne baigne pas seulement dans une ambiance de raffinement intellectuel, mais elle découvre aussi la spiritualité franciscaine, qui va devenir l’axe principal autour duquel sa vie intérieure va désormais tourner.

   Après la mort du « Bon Roi René », Marguerite revient en Lorraine. Le 14 mai 1488, à Toul, elle épouse René de Valois, duc d’Alençon, de neuf ans son aîné. Marguerite est alors âgée de 25 ans, âge presque anormalement tardif pour l’époque. Ce mariage a été voulu et arrangé par son frère le duc René II de Lorraine.

   Un fils aîné, nommé Charles, né en 1489, et deux filles, Françoise, née en 1490, et Anne, née en 1492, forment la descendance de René d’Alençon et Marguerite de Lorraine-Vaudémont :

- Charles IV d’Alençon, épousera Marguerite d’Angoulême (1492-1525), sœur aînée du futur Roi de France François 1er : cette union fut sans postérité et la veuve de Charles, épousera en secondes noces, en 1527, Henri II de Navarre : ils sont les parents de Jeanne d’Albret, qui sera la mère d’Henri III de Navarre qui est aussi Henri IV de France.
- Françoise d’Alençon, épousera à 15 ans (1505) François II de Longueville qui mourut en 1512 ; elle épousera alors en secondes noces, en 1513, Charles IV de Bourbon-Vendôme (1489-1537) et de cette union naîtra Antoine de Bourbon-Vendôme (1518-1562), qui sera le père de notre futur Roi Henri IV de France (cf. > ici).
- Anne d’Alençon, dame de La Guerche, qui épousera en 1508 le marquis Guillaume IX de Montferrat.

   On le voit : la bru de Marguerite, par son second mariage, et la fille de Marguerite, elle aussi par son second mariage, sont les deux grands-mères de notre « Bon Roi Henri ».

   C’est l’année même de la naissance de sa dernière fille, Anne, que le duc René d’Alençon mourut, le jour de la Toussaint (1er novembre 1492), âgé de 38 ans seulement.

Statue de la Bienheureuse Marguerite de Lorraine sur la colline de Sion

Statue de la Bienheureuse Marguerite de Lorraine,
disposée dans le tronc d’un arbre creux, près de la basilique de Notre-Dame de Sion
(sur la colline de Sion-Vaudémont)

   Veuve à 29 ans, Marguerite prit en main les affaires du duché de son défunt mari, gouvernant avec efficacité (elle mena une politique de rigueur budgétaire pour remettre les finances du duché en état), fermeté, justice et charité.
Educatrice incomparable pour ses enfants (elle dut se battre pour en conserver la tutelle), généreuse bienfaitrice sensible à toutes les misères, elle est bientôt surnommée « la sainte duchesse ». Elle fonda les monastères des Clarisses à Alençon et Argentan.

   En 1518, âgée de 55 ans, ayant remis le gouvernement du duché à son fils Charles, Marguerite de Lorraine se retira chez les clarisses d’Argentan, où, après son année de noviciat, elle prononça ses vœux, ne se préoccupant plus désormais que de servir Dieu dans l’humilité.
Elle s’éteignit doucement le 2 novembre 1521 en murmurant : « Entre Vos mains, Seigneur, je remets mon esprit ». Elle avait 58 ans.

   Son corps exposé répandait une odeur suave et merveilleuse, tandis que son visage rayonnait d’une ravissante beauté. On nota dès lors de nombreux miracles auprès de sa tombe qui continua à exhaler des odeurs célestes pendant plus de deux siècles et demi.
En 1793, les « patriotes » violèrent sa tombe et profanèrent son corps, qui était demeuré intact, puis le jetèrent dans une fosse commune. En revanche – Dieu merci ! – le reliquaire de vermeil, en forme de cœur, qui renfermait son cœur, échappa aux pillages et profanations et il est parvenu jusqu’à nous. 

   Le 20 mars 1921, elle fut béatifiée par le pape Benoît XV. Elle est invoquée comme l’une des protectrices des familles, et aussi comme l’une des saintes patronnes des dentellières, car c’est à elle que l’on doit la création du fameux point d’Alençon (et le couvent des Clarisses de cette ville conserve deux superbes pièces de broderie de sa main).

   Les Clarisses, ainsi que les diocèses lorrains de Nancy, Toul et Verdun célèbrent sa fête le 3 novembre.

Reliquaire du cœur de la Bienheureuse Marguerite de Lorraine - église Saint-Germain Argentan

Reliquaire du cœur de la Bienheureuse Marguerite de Lorraine
(conservé dans l’église Saint-Germain d’Argentan)

2024-245. « Il est là, même quand Il semble dormir… »

4ème dimanche après l’Epiphanie,
qui est célébré tantôt en janvier/février, tantôt en novembre (en fonction de la date de Pâques).
Lectures : Epitre Rom. 13, 8-10 ; Evangile Matth. 8, 23-27.

       En guise de « complément » au magnifique sermon de notre Bienheureux Père Saint Augustin sur le sommeil de Notre-Seigneur Jésus-Christ dans la barque aux prises avec la tempête (cf. > ici), voici quelques simples lignes du Révérend Père Mateo Crawley-Boevey (1875-1960), le célèbre apôtre de l’intronisation du Sacré-Cœur dans les foyers, qui font allusion à ce sommeil de Jésus, et qui sont bien propres à encourager et fortifier les âmes dans l’épreuve.

Rembrant - le Christ dans la tempête sur la mer de Galilée

Rembrandt Harmenszoon van Rijn (1606 ou 1607 – 1669) :
Le Christ dans la tempête sur la mer de Galilée (1663)
[volé au musée Isabella-Stewart-Gardner de Boston le 18 mars 1990, non retrouvé]

       « Aux heures de tentation, de grande misère morale où il faut lutter et se battre, voyez Jésus qui passe dans la tempête. Il veut vous prendre dans la barque de Son Cœur, et là, même quand Il semble dormir, Il veille ; Ses paupières seules sont fermées ; voyez-Le donc à côté de vous pour être votre force, votre énergie.
Il est le Dieu des batailles de la vie. Il faut la lutte.
Lui, calmera la tempête quand Il voudra.
Nous ne ferons jamais naufrage avec Lui ! »

Sacré-Cœur convertissant - blogue

2024-244. « Réveillons le Christ, afin de poursuivre tranquillement notre navigation et de parvenir à la patrie ».

4ème dimanche après l’Epiphanie,
qui est célébré tantôt en janvier/février, tantôt en novembre (en fonction de la date de Pâques).
Lectures : Epitre Rom. 13, 8-10 ; Evangile Matth. 8, 23-27.

       Commentant la péricope évangélique qui est au cœur du quatrième dimanche après l’Epiphanie, notre glorieux Père Saint Augustin s’attache à tirer les enseignements spirituels du sommeil de Jésus dans la barque agitée par les flots. Ce court sermon pourrait être résumé de la sorte : Jésus-Christ dort en nos coeurs lorsque nous ne pensons pas à Lui ; Il S’y réveille lorsqu’au souvenir de Sa personne et de Ses enseignements nous repoussons la tentation.

Simon de Vos - le Christ sur la mer de Galilée 1641 - blogue

Simon de Vos (1603-1676) : le Christ dormant dans la barque pendant la tempête (1641)

1. Saint Augustin annonce à ses auditeurs que, au-delà du sens littéral de cette scène évangélique, il va leur en découvrir le sens spirituel :

   Je vais, avec la grâce du Seigneur, vous entretenir de la lecture du saint Evangile que vous venez d’entendre, et avec Sa grâce encore vous exciter à ne pas laisser la foi sommeiller dans vos coeurs en face des tempêtes et des vagues de ce siècle.
Si le Christ Notre-Seigneur a été réellement le maître de la mort, n’a-t-Il pas été aussi le maître du sommeil ? Serait-il vrai que le sommeil ait accablé malgré Lui le Tout-Puissant sur les flots ? Le croire serait une preuve qu’Il dort en vous. S’Il n’y dort pas, c’est que votre foi veille ; car l’Apôtre enseigne que par « la foi le Christ habite en vos cœurs » (Ephés. III, 17).
Le sommeil du Christ signifie donc aussi quelque mystère.
Les navigateurs figurent les âmes qui traversent le siècle appuyées sur le bois sacré. La barque du Sauveur représente aussi l’Eglise, car chaque fidèle est comme le sanctuaire de Dieu ; et le cœur de chacun est comme un esquif préservé du naufrage, s’il est occupé de bonnes pensées.

Simon de Vos - le Christ sur la mer de Galilée 1641 - détail 1

2. Les tempêtes des passions agitent le fragile esquif de notre âme, et c’est parce que nous ne pensons pas à Lui que le Christ sommeille ; c’est parce que nous ne Le réveillons pas que nous sommes entraînés par nos mauvais penchants…

   Tu as entendu une parole outrageuse, c’est un coup de vent ; tu t’irrites, c’est le flot qui monte.
Or quand le vent souffle, quand le flot s’élève, le vaisseau est en péril, ton cœur est exposé, il est agité par la vague.
Tu désires te venger de cette injure, tu te venges en effet ; tu cèdes ainsi sous le poids de la faute d’autrui et tu fais naufrage. Pourquoi ? Parce que le Christ sommeille dans ton âme.
Qu’est-ce à dire : le Christ sommeille dans ton âme ? C’est-à-dire que tu L’oublies.
Réveille-Le donc, rappelle Son souvenir, que le Christ S’éveille en toi ; arrête la vue sur Lui. Que prétendais-tu ? Te venger. Tu oublies donc qu’au moment où on Le crucifiait Il disait : « Mon Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » (Luc XXIII, 34) ? Celui qui dort dans ton 
cœur n’a point voulu Se venger. Réveille-Le, pense à Lui. Son souvenir, c’est Sa parole ; Son souvenir, c’est Son commandement.
Et quand Il sera éveillé en toi tu diras : Qui suis-je pour vouloir me venger ? Qui suis-je pour menacer un homme comme moi ? Peut-être mourrai-je avant de m’être vengé. Et lorsque haletant, enflammé de colère et altéré de vengeance je quitterai mon corps, je ne serai pas reçu par Celui qui a refusé de Se venger, je ne serai pas reçu par Celui qui a dit : « Donnez et on vous donnera ; pardonnez et on vous pardonnera » (Luc, VI, 37, 38). Aussi vais-je apaiser mon irritation et revenir au repos du cœur.
Le Christ alors a commandé à la mer et le calme s’est rétabli.

Simon de Vos - le Christ sur la mer de Galilée 1641 - détail 2

3. « Réveillons le Christ, afin de poursuivre tranquillement notre navigation et de parvenir à la patrie » :

   Ce que j’ai dit de la colère, appliquez-le exactement à toutes vos tentations.
Une tentation se fait sentir, c’est le vent qui souffle ; tu t’émeus, c’est la vague qui s’élève. Réveille le Christ, qu’avec toi Il élève la voix. « Quel est-Il, puisque les vents et la mer Lui sont soumis ? » Quel est-Il, puisque la mer Lui obéit ? La mer est à Lui, c’est Lui qui l’a faite (cf. Ps. XCIV, 5). Tout a été fait par Lui (cf. Jean I, 3).
Toi surtout imite les vents et la mer, obéis à ton Créateur. La mer s’incline à la voix du Christ, et tu restes sourd ? La mer s’arrête, les vents s’apaisent, et tu souffles encore ? Qu’est-ce à dire ? Parler, agir, projeter encore, n’est-ce pas souffler toujours et refuser de s’arrêter devant l’ordre du Christ ?
Que les flots ne vous submergent pas en troublant votre cœur. Si néanmoins, comme nous sommes des hommes, si le vent nous abat, s’il altère les affections de notre âme, ne désespérons point ; réveillons le Christ, afin de poursuivre tranquillement notre navigation et de parvenir à la patrie.

Simon de Vos - le Christ sur la mer de Galilée 1641 - détail 3

Prière après le Sermon :

   Tournons-nous avec un cœur pur vers le Seigneur notre Dieu, le Père tout-puissant ; rendons-Lui d’immenses et abondantes actions de grâces ; supplions de toute notre âme Son incomparable bonté de vouloir bien agréer et exaucer nos prières ; qu’Il daigne aussi, dans Sa force, éloigner de nos actions et de nos pensées l’influence ennemie, multiplier en nous la foi, diriger notre esprit, nous donner des pensées spirituelles et nous conduire à Sa propre félicité : au nom de Jésus-Christ, Son Fils et Notre-Seigneur, Lequel, étant Dieu, vit et règne avec Lui dans l’unité du Saint-Esprit et durant les siècles des siècles. Ainsi-soit-il.

Mains jointes en prière - blogue

2024-243. Le motet « Angeli, archangeli » d’Heinrich Isaac.

1er novembre,
Fête de tous les Saints.

Heinrich Isaac - gravure d’Hans Burkmair - blogue

Heinrich Isaac est expressément identifié (à gauche) sur une gravure
œuvre d’Hans Burkmair illustrant Le Triomphe de Maximilien Ier
donc gravée du vivant du compositeur

   Heinrich Isaac, né vers 1450 et mort en 1517, est un compositeur et musicien contemporain de Josquin des Prés (vers 1450 – 1521), et comme lui il se rattache à l’école franco-flamande de la Renaissance.
Certains le font naître en Brabant, d’autres dans le sud des Pays-Bas, d’autres encore dans quelque état de l’ouest du Saint-Empire germanique. On le sait actif à Florence de  1480 à 1492, à la cour de Laurent le Magnifique, puis, après la mort de ce dernier, au service de Pierre de Médicis ; en 1496, il fut engagé par Maximilien 1er de Habsbourg et deviendra le principal compositeur de sa cour jusqu’en 1512, tout en voyageant librement à travers le Saint Empire et le nord de l’Italie : on suit ainsi sa trace à la cour de Saxe, à la cour de Bavière ou à celle de Ferrare.
Il se retire enfin, vers 1512, dans sa maison de Florence où il achève sa vie.

angelots qui chantent

   Le motet à 6 voix « Angeli, archangeli » se trouve pour la première fois dans un manuscrit de 1498 et il reprend presque intégralement le texte de l’antienne à Magnificat des vêpres de la Toussaint :

   « Angeli, Archangeli, Throni et Dominationes, Principatus et Potestates, Virtutes cœlorum, Cherubim atque Seraphim, Patriarchae et Prophetae, sancti legis Doctores, Apostoli, omnes Christi Martyres, sancti Confessores, Virgines Domini, Anachoritae, Sanctique omnes, intercedite pro nobis ».

Traduction : Anges, Archanges, Trônes et Dominations, Principautés et Puissances, Vertus des cieux, Chérubins et Séraphins, Patriarches et Prophètes, saints Docteurs de la loi, Apôtres, vous tous les Martyrs du Christ, saints Confesseurs, Vierges du Seigneur, Anachorètes, et tous les Saints, intercédez pour nous…

   Mais alors que l’antienne du Bréviaire s’arrête là, le motet y ajoute ajoute deux versets (dont le premier est emprunté au Te Deum) :

   « Apostolorum chorus, te Prophetarum laudabilis numerus, te Martyrum candidatus laudat exercitus.
Te omnes sancti voce confitentur unanimes beata trinitas, unus Deus. Amen. »

Traduction : C’est Toi que louent le chœur glorieux des Apôtres, le nombre illustre des Prophètes, l’armée radieuse des martyrs. Toi que tous les Saints confessent unanimes par leur voix, Bienheureuse Trinité, un seul Dieu. Ainsi soit-il.

   Je vous laisse écouter sur cette somptueuse polyphonie et « planer » sur son extatique harmonie :

(faire un clic droit sur l’image ci-dessous, puis « ouvrir dans un nouvel onglet)

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Bonne, belle, joyeuse, fervente,

et sainte fête de tous les Saints, chers Amis !

Putti qui chantent

2024-242. Sermon de Saint Jean-Marie Vianney, curé d’Ars, expliquant la doctrine catholique des indulgences.

31 octobre,
Fête de Sainte Notburge de Cologne, vierge (cf. > ici) ;
Vigile de la Toussaint (cf. ici) ;
Conclusion du mois du Rosaire (cf. ici).

Inscriptin lapidaire indulgence plénière

       La période de la Toussaint et de la commémoraison des fidèles trépassés nous rappelle avec plus d’acuité l’importance des indulgences, merveilleuses inventions de la grâce divine confiées à la Sainte Eglise afin de soulager les âmes des vivants et des morts des conséquences de leurs péchés.

   Enfants fidèles de la Sainte Eglise, nous devons d’autant plus prêter d’attention aux indulgences que le modernisme, rejoignant les pernicieuses doctrines des hérésiarques du XVIème siècle (et nous savons bien que la question des indulgences n’était qu’un prétexte pour la révolte de Luther, dont les causes réelles et profondes sont ailleurs, cf. > ici), s’est attaqué à la doctrine catholique traditionnelle et a tout fait, dans les années consécutives au concile vaticandeux, pour tourner les indulgences en ridicule et, en conséquence, empêcher les âmes des fidèles d’en bénéficier.

   Dans la perspective de permettre à nos lecteurs de mieux comprendre ce que sont les indulgences, et, en toute logique ensuite, d’en tirer le meilleur parti tant pour eux-mêmes que pour les âmes des défunts, nous recopions ci-dessous un sermon du Saint Curé d’Ars dans lequel les principaux aspects de cette doctrine de notre Mère la Sainte Eglise sont expliqués de manière simple et pratique.

Voir aussi les articles connexes :
- Des indulgences applicables aux défunts > ici
- Que signifie « prier aux intentions du Souverain Pontife » lorsqu’il s’agit d’obtenir une indulgence plénière ? > ici

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Sermon de Saint Jean-Marie Vianney

sur les indulgences

Ière partie : Que sont les indulgences ? Qu’elle est leur origine ? En quoi consistent-elles ?

   Pour bien comprendre ce que c’est qu’une indulgence, il faut savoir que dans le commencement de l’Eglise, l’on imposait des pénitences capables, à peu près, de satisfaire à la justice de Dieu. Comme maintenant l’on ne nous donne plus des pénitences si longues, ni si rigoureuses, il nous reste beaucoup d’années à souffrir en purgatoire. La grâce que le Bon Dieu nous fait par les indulgences sert à satisfaire à la justice de Dieu, que nous aurions été obligés de faire, si on nous avait imposé les pénitences que l’on donnait au commencement de l’Eglise. Quand nous recevons l’absolution, dans le saint tribunal de la pénitence, nous avons bien, il est vrai, le pardon de nos péchés ; mais comme les pénitences qui nous sont imposées ne sont presque rien pour satisfaire à la justice de Dieu, nous trouvons dans le trésor des indulgences de quoi y suppléer. Il est vrai que si, en nous confessant, nous avions le bonheur d’avoir une contrition parfaite, cela suffirait ; mais comme cela arrive rarement, nous avons donc grandement besoin d’avoir recours à la grâce des indulgences pour satisfaire à la justice de Dieu pour nos péchés, quoique confessés et pardonnés dans le saint tribunal de la pénitence.

   Mais quand est-ce que les indulgences ont commencé ? Elles ont commencé avec les Apôtres, ensuite les persécutions les ont grandement multipliées, et voici comment : il y avait des pécheurs qui étaient en pénitence pour deux ou trois ans, quelquefois vingt et trente ans ou même pour toute la vie. Quand ils savaient que quelques chrétiens allaient souffrir le martyre, ils les priaient de demander à l’évêque d’abréger, en considération des tourments qu’ils allaient endurer, la pénitence d’un tel, de tant de jours, de mois ou d’années ou même tout entière. Alors l’évêque en avertissait le pénitent qu’un tel Martyr avait demandé de lui abréger sa pénitence de tant d’années ou tout entière. Voilà ce qui a donné lieu au nom indulgences que nous appelons plénières ou partielles. On les appelait plénières quand la pénitence était entièrement retranchée ; on les appelait partielles quand on la diminuait seulement de quelques jours ou de quelques années. Ces indulgences sont la diminution des pénitences que nous aurions dû faire si, en nous confessant, l’on nous avait imposé une pénitence selon que l’Eglise l’imposait dans ce temps-là.

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   Mais de quoi sont composées les indulgences ? Le voici : elles sont composées des mérites surabondants de la mort et passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ dont une seule action, qui est dans Jésus-Christ d’un mérite infini, aurait de quoi racheter mille mondes plus coupables que celui qui existe. Vous voyez donc cela, que tout ce que Jésus-Christ a fait pendant sa vie mortelle forme un trésor qui est infini ; de sorte que, malgré tout ce que nous pourrions y prendre pour satisfaire à la justice pour nos péchés, ne sera jamais dans le pouvoir de l’épuiser.
A cela, mes Frères, viennent encore se joindre les mérites des saints qui ont beaucoup plus souffert et fait pénitence qu’il ne fallait pour leurs péchés, comme fut la Sainte Vierge, dont les actions sont d’un si grand prix aux yeux de Dieu ; encore comme un saint Jean-Baptiste et tant d’autres qui ont porté l’innocence de leur baptême au tombeau.
Vous conviendrez avec moi, mes Frères, tout cela forme un trésor qui ne finira jamais. Nous sommes donc sûrs de trouver dans les indulgences au-delà de ce que méritent nos péchés envers la justice de Dieu. Cette grâce des indulgences est si grande que, quand nous aurions des millions d’années à souffrir dans le purgatoire, si nous avions le bonheur de gagner une indulgence plénière, nous serions aussi purs et aussi quittes envers la justice de Dieu qu’un enfant qui meurt après être baptisé. Nous pouvons donc bien dire que le bon Dieu se comporte avec nous comme un riche se comporterait envers plusieurs personnes qui lui devraient toutes, les unes plus, les autres moins, toutes dans l’impuissance de le payer ; il leur commande d’aller prendre dans son trésor de quoi le payer et qu’il les acceptera comme si cet argent venait d’eux-mêmes.

   Ah ! que l’homme est heureux s’il avait le bonheur de savoir en profiter ! Oui, mes Frères, Jésus-Christ est vraiment ce riche qui, par les mérites de sa mort et passion, a de quoi satisfaire à la justice de Dieu son Père, au-delà de ce que méritent nos péchés.

Crucifix chapelle Rome

IIème partie : Quels sont ceux qui ont le pouvoir d’accorder les indulgences ? Comment les obtient-on ? Qui peut en bénéficier ? Exemples d’indulgences plénières ou partielles que tous les fidèles peuvent aisément obtenir.

   Maintenant, mes Frères, qui sont ceux qui ont le pouvoir d’accorder les indulgences, dont l’Eglise fait tant de cas et qui nous sont si avantageuses ? Il n’y a que les papes qui peuvent accorder les indulgences plénières. Les évêques peuvent accorder les indulgences que nous appelons partielles.

   Que faut-il faire pour mériter une grâce si précieuse ? Le voici : il faut ordinairement se confesser et communier et prier selon l’intention du Saint-Père. Il n’y a point de prière désignée pour cela ; mais cinq Pater et cinq Ave dits pour la conversion des pécheurs et la persévérance des justes, peuvent remplir cette obligation. Cependant il y a quelquefois que la confession et la communion ne sont pas nécessaires pour gagner l’indulgence ; comme pour le Chemin de la Croix, comme en allant dans certaines églises ; en disant cinq Pater et cinq Ave chaque fois qu’on entre, l’on gagne les indulgences.
Il faut prononcer les mots : si on ne les disait que du fond du cœur, l’on ne suivrait pas les intentions du Saint-Père, l’on ne gagnerait pas les indulgences. Quand les indulgences portent qu’il faut se confesser et communier, il suffit pour les gagner qu’il n’y ait pas plus de huit jours qu’on ne se soit pas confessé ; et pendant ce temps-là, l’on gagne les indulgences qui se rencontrent pendant les huit jours. II faut encore remarquer que quand une fête est renvoyée, les indulgences se gagnent, non pas le jour qu’elle tombe, mais le jour qu’elle se célèbre. Quand il y a quelques prières à faire, il n’est pas nécessaire de les faire de suite après la sainte communion : on peut les faire depuis la veille jusqu’au lendemain à la tombée de la nuit. Dans les fêtes qui ne sont pas fêtées, c’est-à-dire que l’on travaille, l’on peut faire les prières depuis minuit de la veille jusqu’à l’autre nuit.

   Qui sont ceux qui peuvent gagner les indulgences ? Mes Frères, tous les chrétiens, mêmement ceux qui sont en état de péché mortel. Il faut bien distinguer qu’ils ne peuvent les gagner pour eux, mais seulement pour les âmes du purgatoire. Cependant, il faut qu’ils soient fâchés d’avoir offensé le bon Dieu et avoir un désir de se convertir. Ils sont comme les âmes du purgatoire qui peuvent pour les autres et rien pour elles-mêmes.

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   Mais combien peut-on gagner d’indulgences dans un même exercice ? – Quand il y en a plusieurs, l’on n’en peut gagner qu’une pour soi et toutes les autres sont appliquées pour les âmes du purgatoire : comme dans le Chemin de la Croix, il y a plusieurs indulgences à gagner. Toutes les grandes fêtes, vous pouvez autant gagner d’indulgences que vous êtes de confréries, en dirigeant votre communion à cette intention. Pour celles du Chemin de la Croix, vous pouvez les gagner autant de fois que vous voulez le même jour. Il faut dire qu’il n’y a point d’exercice où l’on peut plus gagner d’indulgences qu’en faisant le Chemin de la Croix. Les indulgences plénières sont en grand nombre ; pour les partielles, elles sont innombrables. Nous gagnons toutes les indulgences que nous gagnerions si nous allions visiter les Saints Lieux. En chaque endroit, il y a une indulgence plénière : nous gagnons 1° les indulgences plénières que l’on gagne en visitant l’église de sainte Anne, où est née la Sainte Vierge ; 2° dans celle où elle se consacra à Dieu ; 3° où son corps reposa jusqu’au moment de son Assomption ; 4° celle qui se gagne dans l’étable de Bethléem, où le Sauveur est venu au monde ; 5° dans la maison de Nazareth, où demeura Jésus-Christ ; 6° dans l’endroit où Jésus-Christ fut condamné à mort ; 7° dans celui où il fut revêtu d’une robe blanche par dérision ; 8° celles qui sont attachées dans l’entrée où il fut couronné d’épines ; 9° dans celui où il fut flagellé ; 10° où il fut crucifié ; 11° dans l’endroit où il fut enseveli ; 12° dans l’endroit du mont Thabor, ainsi que dans tous les lieux où se sont opérés les mystères de notre rédemption.

   Pour ces indulgences, elles sont sans nombre. L’Eglise, voyant combien elles nous étaient avantageuses, nous donne le pouvoir de les gagner même chez nous, si nous sommes malades, sans sortir de notre lit, avec une croix bénite. Pour cela, tenant cette croix à la main en la remuant quatorze fois pour représenter les quatorze stations ; ou même sans être malades, quand nous avons quelques empêchements qui nous privent d’aller à l’église : comme une nourrice qui ne peut quitter ses enfants ; comme encore une personne qui est obligée d’avoir soin d’un malade.
Mais il faut bien remarquer que, ne le faisant pas dans l’église, après il faut réciter cinq Pater et cinq Ave, et ensuite un Pater et un Ave selon l’intention du Saint-Père.
Quand nous le faisons dans l’église, il faut toujours remuer les pieds, sans quoi nous ne gagnerions pas nos indulgences. Si cependant nous étions infirmes, en nous faisant porter à l’église, nous les gagnerions tout de même sans nous bouger. Nous pouvons faire le Chemin en plusieurs reprises, pourvu que nous le fassions tout entier le courant du jour.
Un saint cardinal, prêchant la croisade, remarqua que partout où le Chemin de la Croix était établi et pratiqué, il avait reconnu une différence étonnante dans les mœurs des chrétiens. C’est pour cela qu’il appelle le Chemin de la Croix la reine de toutes les dévotions, le fléau du péché, le meilleur de tous les remèdes contre la contagion du péché de l’impureté et du libertinage ; il l’appelle la nourriture de la foi et le brasier de l’amour divin. En effet, il est tout à fait impossible de faire le Chemin en réfléchissant tant soit peu sur les souffrances de Jésus-Christ sans se sentir touché de repentir de ses péchés et d’amour envers Jésus-Christ qui nous a tant aimés. Le Chemin de la Croix se fait en plusieurs manières : en public, en méditant sur la Passion ou sur le sujet représenté par chaque tableau ; en particulier, devant un crucifix spécialement bénit à cet effet, en récitant vingt Pater, Ave, et Gloria.

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   Si maintenant vous me demandez si les indulgences que nous gagnons pour les âmes du purgatoire leur procurent le même degré de grâce qu’à nous, qui, en gagnant une indulgence plénière, nous acquittons entièrement envers la justice divine, de sorte qu’après avoir gagné une indulgence dans toute son étendue nous sommes sûrs de ne pas même passer par les flammes, voici la croyance de l’Eglise : que ces indulgences les soulagent grandement ; mais pour savoir jusqu’à quel point elles hâtent leur délivrance, Dieu seul le sait.

   Oui, mes Frères, si nous vivions bien chrétiennement, nous pourrions gagner plusieurs indulgences chaque dimanche et dans le courant de la semaine, en nous confessant tous les huit jours. Quand nous disons les trois actes, nous avons à notre disposition de gagner une indulgence plénière une fois chaque mois, à notre choix. Nous pouvons prendre pour cette intention le deuxième dimanche du mois ; le premier pour le Saint Rosaire, le troisième pour le Saint-Sacrement  et le quatrième… – Nous gagnons des indulgences en disant l’Angelus au son de la cloche. – Il y a aussi une indulgence le cinquième dimanche du mois pour tous ceux qui sont de la confrérie du saint Scapulaire, et encore un jour de la semaine si l’on fait ses dévotions. – En disant : « Saint, saint, saint, le grand Dieu des armées, le ciel et la terre sont remplis de sa gloire. Gloire soit au Père, etc. » ; il y aussi une indulgence plénière . En écoutant avec attention les instructions qui se font le jour de Noël, des Rois, de Pâques, de la Pentecôte, de Saint-Pierre et de saint Paul. – Pour ceux qui sont de la confrérie du Saint Scapulaire, il y a indulgence pour le jour de saint Joseph, des saints Anges Gardiens, de saint Simon Stock et de sainte Thérèse.
Il y a une indulgence plénière pour ceux qui, le vendredi, méditent un moment sur la mort et passion de Jésus-Christ  ; ainsi que tous les deuxièmes vendredis du mois, en méditant depuis midi jusqu’à trois heures, et cela à son choix, le jour que l’on voudra se confesser et communier. Il y a une indulgence plénière, en faisant avec respect la génuflexion ou la révérence devant le Saint-Sacrement, le jour de la fête patronale. Il y a une indulgence plénière quand on assiste à la procession qui se fait le premier dimanche du mois en l’honneur du Saint Rosaire ; et ceux qui ne peuvent pas y aller, en disant leur chapelet chez eux, le gagnent pareillement. Il y a une indulgence plénière à l’heure de la mort, en prononçant les noms de Jésus et de Marie, de bouche ou du fond du cœur, si l’on ne peut pas de bouche. Vous voyez, mes Frères, combien il est facile de gagner les indulgences plénières, et même plusieurs dans un jour.

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   Maintenant, voyons quelles sont les indulgences que nous appelons partielles, c’est-à-dire de 30 jours, de 100 jours, de 7 ans et de 7 quarantaines. Voilà ce que l’on peut vous dire : les indulgences correspondent aux pénitences que nous aurions été obligés de faire après nous être confessés, si l’on nous avait imposé une pénitence proportionnée à nos péchés. Les quarantaines sont les 40 jours du Carême, qui sont encore plus méritoires que les autres temps. Quand on nous dit qu’il y a la remise de la troisième partie de nos péchés, c’est la remise de la troisième partie des pénitences que nous aurions été obligés de faire et que méritaient nos péchés. Ces indulgences sont d’autant plus précieuses que nous pouvons les gagner à tout moment. Cependant il faut bien remarquer : les indulgences ne remettent pas les péchés ni mortels ni véniels, elles abrègent seulement la peine qui leur est due, après en avoir reçu le pardon ; un grand nombre ne font pas attention, par défaut de réflexion, à gagner les indulgences pour leurs péchés véniels.

   Mais que faut-il faire, me direz-vous, pour en recevoir le pardon et en gagner les indulgences ? – Le voici : il faut faire quelques prières ou quelques bonnes actions auxquelles la rémission des péchés est attachée : comme en disant son Confesse à Dieu, un acte contrition, un acte d’amour de Dieu sur les perfections infinies de Jésus-Christ ; prendre de l’eau bénite avec dévotion ; faire un jeûne, faire une aumône, dire le Notre Père ; en mangeant du pain bénit. Ensuite, les indulgences, que nous gagnons achèvent de nous acquitter envers la justice de Dieu.

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   Voici les indulgences partielles que vous êtes plus à portée de gagner : il y a cent jours d’indulgences en disant : « Bénie soit la très sainte et très immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie ». On gagne sept ans et sept quarantaines d’indulgences toutes les fois que les dimanches et les fêtes on entend avec respect les instructions qui se font à la sainte Messe. – Il y a deux ans d’indulgences toutes les fois que l’on baise avec respect une croix bénite. – Il y a 25 jours en prononçant les noms de Jésus et de Marie. – II y a aussi des indulgences toutes les fois que l’on assiste à la sainte Messe les jours de la semaine. – II y a 300 jours d’indulgences en disant les litanies du Saint Nom de Jésus ; autant pour celles de la Sainte Vierge. Pour les chapelets Brigittains, il y a 100 jours à chaque grain : mais il faut le doigt sur le grain. On peut se le donner comme un héritage à la mort. Celui qui le reçoit doit dire les trois chapelets. Il gagne les mêmes indulgences que s’il avait été bénit pour lui. Ceux qui sont du Saint Rosaire gagnent aussi 100 jours chaque grain. Toutes les fois que nous disons trois Pater et trois Ave en l’honneur de la mort et passion de Jésus-Christ et des douleurs de la Très Sainte Vierge, il y a mille ans. Il y a 100 jours en disant le Salve Regina. – Il y a 60 jours d’indulgences toutes les fois que nous disons le Salut Marie. – Il y a sept ans et sept quarantaines, en accompagnant le Saint-Sacrement que l’on porte aux malades, avec un cierge à la main. – Il y a 100 jours d’indulgences toutes les fois que nous disons le Veni Creator, – Il y a 900 jours d’indulgences toutes les fois que l’on dit le Pange lingua . Il y a 100 jours toutes les fois que l’on dit cette petite prière : « Ange de Dieu qui êtes mon gardien… » Si on la dit tous les jours, il y a une indulgence plénière chaque mois. – Il y a une indulgence plénière pour une âme du purgatoire, en disant cette prière devant un crucifix : « O bon et très doux Jésus…». Les cendres effacent aussi nos péchés, en les recevant en esprit de pénitence. C’est pour cela que l’on dit le Confiteor avant la sainte Communion, afin d’effacer tous les péchés véniels dont on peut être coupable. – Sous le nom de l’aumône, qui efface les péchés véniels, sont comprises toutes sortes de bonnes œuvres spirituelles ou corporelles.
La bénédiction du Saint-Sacrement, la bénédiction du prêtre à la sainte Messe, le signe de la croix. – Pour les trois actes, sept ans et sept quarantaines chaque fois ; et indulgence plénière une fois par mois, en les disant tous les jours. Les pères et mères, maîtres et maîtresses qui mènent les enfants entendre le catéchisme à l’église. – 100 jours d’indulgences, en disant : « Loué et béni soit à tout moment le Très Saint-Sacrement ». – Deux ans d’indulgences, quand on se met à genoux lorsqu’on entend sonner l’élévation de la Messe, et qu’on fait quelques petites prières. – 20 jours toutes les fois que l’on incline la tête en prononçant le Saint Nom de Jésus.
Si vous me demandez quelle différence il y a entre les indulgences et l’absolution, je vous dirai qu’il n’y en a point. Comme nous savons que l’absolution nous exempte de l’enfer, de même les indulgences nous exemptent du purgatoire si nous les gagnons dans leur entier.

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2024-240. Parce que nous sommes indubitablement à « l’heure de la puissance des ténèbres »…

29 octobre,
Fête du Bienheureux Pierre de Gubbio, confesseur de l’Ordre de Saint Augustin (cf. > ici).

       J’ai été impressionné par le caractère réaliste et l’actualité d’un texte que Frère Maximilien-Marie avait adressé en octobre 2019, en guise de lettre mensuelle, aux membres et amis de la Confrérie Royale, et je lui ai demandé s’il consentirait à ce que je le republiasse dans ce blogue, parce qu’il n’y avait alors point été répercuté. Il y a consenti après avoir corrigé de menues imperfections de style. Je vous laisse le lire et méditer.

Tolbiac.

église en ruines

       Notre Sainte Eglise catholique romaine et notre France se trouvent l’une comme l’autre dans une période des plus difficiles et des plus critiques de toute leur longue histoire : cela est une évidence qui ne peut échapper à aucun observateur possédant un minimum d’intelligence, un minimum de capacité d’analyse objective, un minimum de foi…

   Lorsque je parle de foi, je ne parle pas d’une croyance subjective aux contours plus ou moins flous, mais bien de l’adhésion, par une volonté libre et résolue, aux Vérités révélées par Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même, et transmises par Sa Sainte Eglise, dans les enseignements authentiques que nous avons reçus par le canal des Apôtres, des Pères de l’Eglise, des saints Docteurs, de la liturgie multiséculaire (« lex orandi, lex credendi »), et de tout le Magistère vraiment catholique.

   Or, en matière de foi, tout ce qui s’écarte de la Règle contenue dans la Tradition, tout ce qui introduit la plus minime remise en question de l’enseignement pérenne, tout ce qui suscite le moindre écart de la doctrine professée de façon continue pendant les siècles qui nous ont précédés, est à rejeter avec la plus vive énergie, à condamner avec la plus extrême rigueur.

   Ce que j’énonce ici vous le savez déjà bien sûr ; cependant il n’est jamais inutile de le redire avec force lorsque tout semble vaciller et lorsque certains pasteurs eux-mêmes – lors même qu’ils se trouvent aux postes les plus élevés de la hiérarchie ecclésiastique -, semblent s’éloigner d’une manière impressionnante de la façon dont les vénérables prophètes au temps de l’ancienne Alliance, les Saints Apôtres de Notre-Seigneur, les saints évangélisateurs des nations, les valeureux martyrs et les saints Pontifes ont toujours agi, en combattant sans pitié et sans nul égard aux considérations humaines, les faux cultes, les idoles, les superstitions païennes, et ont toujours refusé la moindre compromission avec les prétendues religions non-chrétiennes.

Francisco Goya - le sabbat

Francisco de Goya (1746-1828) : le sabbat (1797-1798)
[Musée Lázaro Galdiano, Madrid]
On ne peut évidemment que penser à certaines scènes désormais publiques dans nos rues…

   Peut-on imaginer le saint prophète Elie invitant les prophètes de Baal à apporter dans l’enceinte du Temple de Jérusalem les grossières figures autour desquelles s’articulaient leurs indécents cultes de la fécondité et de la virilité ?
Point du tout !
Après les avoir couverts de ridicule sur le Mont Carmel, il en égorgea lui-même quatre-cent-cinquante.
Cela lui valut certes la haine de l’impie Jézabel, mais lui mérita une élévation plus haute dans l’intimité du Dieu unique.

   Peut-on imaginer les Saints Apôtres Pierre et Paul établissant, à Rome où ils fondaient l’Eglise, des espèces de « conseils œcuméniques » où ils auraient élaboré une charte du « vivre ensemble » avec les faux prêtres des idoles, acceptant toutes les débauches et les libidineuses pratiques contre-nature dans lesquelles se vautre habituellement le paganisme ?
Point du tout !
Ils furent des plus énergiques pour enseigner que les chrétiens ne doivent pas « former d’attelage disparate avec les infidèles, parce qu’il n’y a rien de commun entre la justice et l’iniquité, entre la lumière et les ténèbres, et qu’il ne peut y avoir d’accord entre le Christ et Bélial, ni de commerce entre le fidèle et l’infidèle» (cf. 2 Cor. VI, 14-15).
Ils ont prêché l’Evangile sans concession et ont inauguré la longue période des martyrs, qui aboutira à la victoire de Saint Constantin et à la conversion de tout l’Empire : « In hoc signo vinces ! ».

   Peut-on imaginer Saint Martin, l’apôtre des Gaules, tolérant le culte des « arbres sacrés » et des sources vouées aux fausses divinités ?
Point du tout !
Il fit triompher la Croix de Notre-Seigneur, unique Rédempteur des hommes, en portant énergiquement la cognée contre les arbres idolâtrés, au risque parfois d’y laisser sa propre vie.
Et c’est ainsi que les campagnes de la Gaule romaine furent débarrassées des abominables superstitions païennes et embrassèrent la seule véritable et unique religion qui conduit au Salut. 

   Ces trois exemples sont plus que suffisants pour nous indiquer quelle conduite est celle qui est véritablement chrétienne, quelle est celle que les véritables chrétiens doivent faire leur, en face du renouveau païen de notre époque, en face de cette recrudescence de l’idolâtrie des forces de la nature et de la « terre mère », en face de l’offensive des fausses religions, en face de la trahison et des scandaleuses compromissions de ceux qui abandonnent l’étendard de la sainte et glorieuse Croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ pour se mettre à la remorque des idéologies et des modes du nouveau paganisme, et qui prônent l’abandon des saintes traditions catholiques et de la discipline ecclésiastique, qui a fait la force et la sainteté de notre Eglise pendant des siècles.

   Ceux qui prêchent l’accommodation du catholicisme et de ses authentiques et saintes traditions bi-millénaires à la « modernité » (faite de néo-rousseauisme, de néo-paganisme, de néo-libéralisme des mœurs, bref ! d’affranchissement de tout ce qui nous est impérativement prescrit par le Décalogue), sont des faux prophètes ; et lors même qu’ils portent une mitre sur la tête et couvrent leur trahison d’un vernis de bons sentiments humanitaires, ils ne sont rien moins que des apostats et des suppôts de Satan, qui, à la suite de l’ange déchu déguisé en ange de lumière, entraînent les âmes vers l’enfer éternel.

Rituel païen dans les jardins du Vatican le 4 octobre 2019

Rituel païen dans les jardins du Vatican…

   Chers, très chers amis : vous voulez la Royauté du Christ – « Opportet illum regnare ! » (1 Cor. XV, 25a) -, et vous voulez le retour du Roi légitime, lieu-tenant du Roi du Ciel, sur le trône des Lys. Et vous avez raison !

   Chers, très chers amis : vous voulez que cesse l’abomination de l’apostasie qui ravage notre Sainte Eglise. Et vous avez raison !

   Chers, très chers amis, nous sommes aujourd’hui à « l’heure de la puissance des ténèbres » (cf. Luc XXII, 53b) : puissance des ténèbres qui menace de tout ensevelir dans son écœurante noirceur. Et vous avez souvent l’impression d’un raz-de-marée contre lequel nous ne pouvons pas faire grand chose.

   Mais c’est bien justement parce que nous sommes à « l’heure de la puissance des ténèbres » qu’il nous faut, nous, plus que  jamais, être témoins de l’indéfectible et invincible Lumière du Christ : « Qu’ainsi donc brille votre lumière devant les hommes » (Matth. V, 16a), quoi qu’il doive nous en coûter, sans quoi nous serons nous aussi les complices de l’apostasie générale.
Les chrétiens n’ont jamais été appelés à être les hommes de la demi-mesure et de la compromission, et aujourd’hui moins que jamais !

   Point d’acceptation des fausses croyances, du paganisme, des pseudo religions non chrétiennes : il n’y en a qu’une seule vraie ! Le premier précepte du décalogue nous l’impose.
Point de compromission avec l’esprit mondain et le respect humain : il faut défendre l’honneur de Dieu ! Le deuxième précepte du décalogue nous l’impose.
Point de relâchement dans l’observance de nos devoirs religieux et de la sanctification du dimanche ! Le troisième précepte du décalogue nous l’impose.
Point de tolérance envers tout ce qui porte atteinte à la vertu de chasteté : guerre sans pitié à toute forme d’impureté ! Les sixième et neuvième préceptes du décalogue nous l’imposent.
Point d’abandon d’une observance stricte, consciencieuse et énergique, de tous les commandements de Dieu et des préceptes traditionnels de la Sainte Eglise. On ne peut pas être un vrai chrétien autrement que dans une obéissance intégrale à la sainte loi de Dieu.
En dehors de cette obéissance, et quelles que soient nos protestations de fidélité au Christ-Roi et nos déclarations d’allégeance au Roi Très Chrétien, nous serons les complices de l’apostasie, les complices de la révolution, les complices de la puissance des ténèbres.

   Que chacun s’examine donc avec toujours plus de vérité sur sa pratique des commandements de Dieu et de l’Eglise, et que chacun prenne en conséquence les résolutions qui s’imposent pour être chaque jour plus fidèle.
L’établissement du Règne de Dieu sur cette terre et le rétablissement du règne du Roi Très-Chrétien, lieu-tenant du Roi du Ciel, dans le Royaume des Lys ne peut passer par d’autres voies.
A « l’heure de la puissance des ténèbres », opposons fermement par notre combat personnel et quotidien, le rayonnement de la sainte Croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ : cela ne peut se faire sans efforts, sans souffrances, sans renoncements, sans pénitence ni sacrifices, mais c’est la voie glorieuse, et l’unique voie du Salut !

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.

stat crux

2024-239. Du Bienheureux Pierre de Gubbio.

29 octobre,
Fête du Bienheureux Pierre de Gubbio, prêtre et confesseur de l’Ordre de Saint Augustin.

vignette avec symboles augustiniens - blogue

Martyrologe (traditionnel) propre à l’Ordre de Saint Augustin pour le 29 octobre :

   « A Gubbio, dans l’Ombrie, dans l’église de Saint-Augustin, de l’Ordre des Ermites de Saint Augustin, le décès du Bienheureux Pierre de Gubbio, l’un des premiers membres de cet Ordre restitué, qui brilla par sa doctrine et ses vertus ».

Châsse du Bienheureux Pierre de Gubbio

Châsse du Bienheureux Pierre de Gubbio
dans l’église Saint-Augustin, à Gubbio

       Issu d’une famille de notables de la ville de Gubbio, en Ombrie, Pierre (Pietro) Ghisenghi est né, semble-t-il, entre 1210 et 1220. Il reçut une solide éducation chrétienne et étudia le droit à Pérouse puis à Paris, et devint avocat.
Juriste distingué autant pour sa compétence, son honnêteté et sa droiture, que pour sa charité, il aimait se mettre au service des moins aisés, des plus pauvres.

   Mais vers l’âge de 40 ans, l’homme de loi considéré fit un choix encore plus radical et quitta le monde pour entrer chez les Ermites de Saint Augustin qui avaient ouvert un couvent à Gubbio en 1250.

gubbio galerie du cloître du couvent des Ermites de Saint Augustin

Gubbio, couvent des Ermites de Saint Augustin : galerie du cloître (état actuel)

   Pour rappel :
Notre Bienheureux Père Saint Augustin, pour lequel la vie monastique fut toujours l’idéal de la vie chrétienne (cf. > ici), avait inspiré – de son vivant déjà – la création de petites communautés fraternelles vivant de ses enseignements et de son expérience. La persécution des Vandales puis l’invasion mahométane firent beaucoup de martyrs dans les rangs de ces moines et moniales, mais furent aussi l’occasion d’essaimages dans des endroits plus paisibles de la Chrétienté. Ainsi, au début du XIIIème siècle, trouve-t-on en Italie assez fréquemment des ermitages qui réunissent plusieurs religieux vivant sous la Règle de Saint Augustin dans un équilibre entre la vie strictement érémitique solitaire et la vie communautaire.
En 1243, quatre ermites (Etienne de Cataste, Hugo de Corbaria, Gui de Rosia et Pierre de Lupocavo), représentant des groupes d’anachorètes du Latium et d’Ombrie, étaient aller trouver le pape Innocent IV pour solliciter des constitutions et un prieur général qui leur fussent communs. Accédant à cette demande, Innocent IV, par les bulles Incumbit nobis et Præsentium vobis, toutes deux du 16 décembre 1243, jeta les bases juridiques de l’érection canonique d’un nouvel ordre mendiant, qui prit le nom d’Ermites de Saint Augustin. En avril 1256, d’autres groupes d’ermites du centre et du nord de la péninsule furent intégrés à l’Ordre, qui s’accrut alors rapidement et se répandit dans tout l’Occident.
C’est la raison pour laquelle les dates de 1243 et 1256 sont habituellement données comme celles de la « fondation » des Ermites de Saint Augustin, mais pour ces ermites qui étaient allés trouver Innocent IV il était bien clair qu’il ne s’agissait pas de fonder un ordre nouveau, mais bien plutôt de restaurer l’Ordre de Saint Augustin, dont l’idéal, les traditions et les usages subsistaient, depuis la mort du Grand Docteur d’Hippone, dans un nombre indéterminé de petites communautés érémitiques éparses. Voilà pourquoi, la leçon du martyrologe annonçant la fête du Bienheureux Pierre de Gubbio parle de lui comme « l’un des premiers membres de cet Ordre restitué », et ne dit pas « Ordre nouvellement fondé ».

Intérieur de l'église Saint-Augustin de Gubbio

Gubbio : intérieur de l’église Saint-Augustin (état actuel)
attenante au couvent des Ermites de Saint-Augustin fondé en 1250

   C’est la vie austère et charitable des Ermites de Saint Augustin qui avaient déterminé le Bienheureux Pierre à entrer dans cet Ordre : sa compétence juridique, le brillant avocat la mettra désormais au service de Dieu, de la Sainte Eglise et de son Ordre.

   Ordonné prêtre, son zèle et ses compétences attirèrent évidemment l’attention de ses supérieurs qui lui confièrent des responsabilités : il fut choisi pour Vicaire général de l’Ordre et, à ce titre, fut envoyé au Royaume de France comme Visiteur des communautés qui s’y développaient.
Le Visiteur, comme son nom l’indique, est missionné par les supérieurs généraux afin d’ « inspecter » les couvents, de s’assurer que la Règle y est bien observée, que tout est y conforme aux traditions de l’Ordre et que la charité fraternelle est sincèrement vécue ; il reçoit individuellement les moines pour recevoir en toute discrétion et confiance leurs éventuelles confidences ou observations, et a le souci que chacun soit bien épanoui dans sa vocation. La tradition nous rapporte que, humble et austère, il accomplissait ces visites pieds nus.
Surtout, tous rendaient témoignage à son équilibre, à sa douceur, à sa patience, à la justesse aiguisée de ses observations et comptes-rendus, et à l’exemplarité de sa vie, alimentée par une profonde union à Dieu dans la contemplation.

   Le Bienheureux Pierre était également célèbre comme prédicateur : cet homme de très grande culture était renommé pour la manière dont il se faisait comprendre de tous par une parole sans affèterie ni emphase mais aussi « percutante » qu’elle était simple. 

Le Bienheureux Pierre de Gubbio sur une fresque réalisée après sa mort

Le Bienheureux Pierre de Gubbio
figuré sur une fresque réalisée après sa mort

   Il passa la dernière partie de sa vie au couvent de Gubbio, où il mourut en 1287, à l’âge d’environ 75 ans.
Il fut enseveli dans le caveau commun des frères, au centre du chœur de l’église Saint-Augustin, et l’on raconte qu’après sa mort, alors que les frères étaient réunis au chœur et que le chantre venait d’entonner le Te Deum, une voix sortie du tombeau répondit : Te Dominum confitemur !
On imagine sans peine le trouble et l’effroi de la communauté, et l’on souleva la pierre qui fermait l’entrée du caveau, au milieu duquel on trouva le corps du bienheureux Pierre, à genoux, les yeux ouverts tournés vers le ciel et les mains croisées sur la poitrine.

   En 1874, par un décret daté du 5 mars le Bienheureux Pape Pie IX reconnut le culte « ab immemorabili » (il est solidement attesté au XIVème siècle déjà), lui attribuant le titre de Bienheureux et fixant sa fête au 29 octobre (pourtant, alors que le Martyrologe augustinien et la ville de Gubbio le fêtent bien à ce jour, le Martyrologe romain réformé en fait mention au 23 mars). 

Bienheureux Pierre de Gubbio

Te Dominum confitemur !

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