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2023-96. « Le message d’espoir que je souhaite partager avec tous les Français en cette fête de Saint Louis… »

Vendredi 25 août 2023,
fête de Saint Louis de France, Roi et confesseur.

       Ainsi que Sa Majesté Elle-même le souligne, c’est un fait désormais établi que notre Roi légitime, en ce jour qui est celui de la fête liturgique de son ancêtre, adresse un message à ses peuples : celui qui a été diffusé aujourd’hui en début de matinée, grâce aux réseaux sociaux, revêt une importance particulière tant par la taille que par l’analyse, très lucide et limpide de l’actuelle situation politique de la France, que par l’exhortation à ne pas perdre l’espérance, en mettant en exergue les éléments positifs qui suscitent et motivent l’espérance d’un authentique relèvement.

   Méditons et approfondissons les belles paroles de Sa Majesté, et sachons La soutenir dans Sa délicate et périlleuse mission de « Fils de Saint Louis » et légitime successeur du modèle de tous les rois chrétiens.

Saint Louis IX - vitrail

       Depuis plusieurs années, j’ai pris l’habitude de m’exprimer, au titre de la tradition royale que je représente, en ce jour symbolique du 25 août, qui est celui de la fête de saint Louis, mon aïeul Louis IX, Roi de France.

   Cette date, en fin de pause estivale, correspond aussi à la reprise avec le souhait partagé d’entrevoir le profil des prochains mois.

   La tâche de gouverner étant liée essentiellement à celle de prévoir, Louis IX nous rappelle sans cesse l’exemple même d’un souverain attentif, proche de son peuple, modèle universel des gouvernants placés au service de ceux qu’ils ont le lourd devoir d’administrer. Le Roi sage et juste, saint et humain tout à la fois.

   Pour cette année 2023, les turbulences du premier semestre avec son cortège de violences semblent s’être un peu éloignées.

   La France a besoin de ce répit et le moment semble propice pour reprendre des forces et retrouver une sérénité dont elle semble avoir grand besoin.

   Parvenue à la fin d’un cycle politique commencé dans les années 1960-70, la France a progressivement vu sa souveraineté amoindrie, son rôle diplomatique diminué, ses industries sacrifiées au jeu d’une mondialisation mal comprise, son système éducatif malmené, ses services publics bradés au point de disparaître plus ou moins dans nombre de territoires.

   Ainsi, l’amoindrissement de sa souveraineté -cet élément essentiel qui a été le cœur de l’action des rois de France, des premiers jusqu’à Charles X- a fait que la voix de la France est de moins en moins audible dans le concert des nations. Un exemple nous est donné depuis deux ans sur le théâtre européen, où, dans un contexte compliqué, deux pays s’affrontent dans une guerre fratricide, sans que la France ait su trouver le moyen de délivrer le message « sage et juste » qui aurait pu être donné par elle dans une saine appréciation de tous les aspects du conflit, notamment face aux autres enjeux qui existent dans le monde.

   Quant aux évènements de ces dernières semaines survenus en Afrique ils amènent également à déplorer la faiblesse diplomatique de la France, et son absence de grand dessein. Sa voix pourrait être entendue en regard de sa connaissance séculaire de ce continent et de la situation créée par le maintien d’une immigration de masse, fruit d’une pauvreté endémique. Vis-à-vis de cette dernière, rien de porteur d’avenir n’est proposé pour lui trouver un remède et, par conséquent, la situation d’ensemble du phénomène migratoire empire. Or, c’est bien à l’échelle internationale que des solutions doivent être apportées en permettant à tous les peuples de trouver sur place les moyens de leur développement. Tout est possible quand il y a une volonté ; si nous évoquons les aspects alimentaires, pensons aux nations qui, comme la Chine et l’Inde, ont su maîtriser progressivement leurs destins en partant de situations d’une extrême pauvreté. La France, forte de son expérience doit pouvoir œuvrer pour apporter sa contribution à la recherche de solutions adaptées pour les pays concernés.

  Quant à la crise sociale elle perdure. Née il y a cinq ans, avec les Gilets Jaunes, dans les provinces, celles de la France profonde et lucide, abandonnées -les territoires périphériques de la république- elle n’a connu qu’un déni de la part des autorités qui se sont contentées d’une répression féroce et de quelques aumônes. Mais rien de profond. Les Français attendaient des mesures structurelles et la prise en compte de leurs réels besoins en matière de commerces et de services publics de proximité, de possibilités de se déplacer. Rien n’a été résolu tant les gouvernants semblent continuer à ignorer les difficultés de la vie quotidienne de la majorité des Français, alors que de nouvelles normes sont constamment imposées, venant incessamment compliquer cette vie quotidienne. Il est donc à craindre que la crise sociale, loin de s’amoindrir, continue et que, très particulièrement, les zones délaissées des secteurs urbains continuent de faire l’objet de pillages et de violences. Ne devons-nous pas avoir conscience, de ce point de vue, du mauvais cadrage de politiques ayant conduit parfois à aggraver, plutôt qu’atténuer, les difficultés soulevées, notamment en renforçant les communautarismes, contribuant à attiser en certains territoires une « haine de la France » dont les conséquences semblent lourdes.

   Mais notre devoir à tous est de ne pas désespérer. Même attaquée au plus profond d’elle-même, même incomprise, voire trahie parfois par certains de ses enfants ingrats et ignorants, la France a toujours su manifester dans l’histoire une formidable capacité de réaction.

   Or les signes d’une reprise sont nombreux à apparaître çà et là. Et, comme avec Jeanne d’Arc, l’héroïne de 19 ans, c’est assurément de sa jeunesse que notre pays verra poindre son renouveau.

   De plus en plus, et cela dans tous les domaines d’activité, de jeunes initiatives émergent. Dans le domaine de l’instruction, le développement de nouveaux établissements d’enseignement libres, incluant la création d’établissements de troisième cycle, survient en vue d’atténuer les carences par trop manifestes d’un système public, non dépourvu de qualités, mais n’en pouvant plus de réformes permanentes et de la perte toujours affichée de sa mission de transmission des savoirs.

   Dans le domaine de la famille, les jeunes et les jeunes couples sont également en pointe dans les combats pour la vie. Ils recréent des familles nombreuses et sont les premiers à se proposer pour lutter contre l’abandon des personnes âgées. De nouvelles structures sociales (maisons de retraites, lieux de soins palliatifs) apparaissent à leur initiative, structures dans lesquelles la personne humaine est mise au centre, et non pas les impératifs de gestion, de finance et de profits. Ce sont également des jeunes qui, non seulement entreprennent, mais surtout innovent en explorant les secteurs nouveaux nées des technologies et en pratiquant des modes de gestion novateurs. Sans omettre qu’ils sont désormais nombreux à ne pas hésiter de se tourner vers les carrières du service armé, avec les obligations de dévouement et de sacrifice que ces carrières sous-tendent. Enfin déjà certains se dirigent vers l’administration publique et les structures politiques avec, là aussi, une volonté affichée de se mettre au service du bien commun, en tirant un trait sur des décennies d’individualisme exacerbé et d’influences d’idéologies néfastes. Ainsi, ils préparent les réformes institutionnelles qui s’imposeront peu à peu pour préparer l’avenir de la France.

   Il va de soi que j’encourage toutes ces initiatives, admiratif des efforts qu’elles expriment. Elles sont porteuses d’avenir.

   Voilà le message d’espoir que je souhaite, en particulier, partager avec tous les Français en cette fête de saint Louis et en cette rentrée 2023.

Louis,
duc d’Anjou.

grandes armes de France

2023-92. « Allez donc et faites de même ! »

Douzième dimanche après la Pentecôte :
la parabole du bon samaritain (cf. Luc X, 23-37),
dont on trouvera aussi le commentaire par Saint Augustin > ici.

Une actualisation de la parabole du
bon samaritain…

Chartres-vitrail du bon samaritain détail 1

Cathédrale de Chartres, vitrail du bon samaritain (détail) :
de gauche à droite : le voyageur sort de la ville, il est rattrapé par les brigands,
ceux-ci le dépouillent et le rouent de coups

       En ce temps-là, voilà qu’un docteur de la loi se leva pour mettre Jésus à l’épreuve, en disant : « Maître, que me faut-il faire pour posséder la vie éternelle ? »
Jésus lui dit : « Qu’y a-t-il d’écrit dans la loi ? Comment lisez-vous ? »
Il répondit : « Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur, de toute votre âme, de toutes vos forces et de tout votre esprit ; et votre prochain comme vous-même. »
Jésus lui dit : « Vous avez bien répondu ; faites cela, et vous vivrez ».

   Mais lui, voulant faire paraître qu’il était juste, dit à Jésus : « Et qui est mon prochain ? »
Or Jésus, prenant la parole, dit :

   « Mon Epouse, la Sainte Eglise Catholique – celle qui est composée de véritables fidèles sincèrement attachés à la plénitude de la doctrine qui se trouve consignée en particulier dans les textes du saint concile de Trente et dans le catéchisme de Saint Pie X – se trouvait, bien malgré elle, sur la route descendante qui conduit des âges de Chrétienté à la société post-révolutionnaire, et elle tomba entre les mains de  brigands qui, en l’enserrant dans les rets d’un concile équivoque et ambigu, la dépouillèrent de ce qui était la plus parfaite expression de sa foi : la Sainte Messe traditionnelle !

   Et ces larrons, conduits par le modernisme théologique et liturgique, qui vont de pair, s’en allèrent après l’avoir couverte de coups, des coups d’une impitoyable cruauté : les coups de la dénaturation du catéchisme et de l’enseignement dans les séminaires, les coups de l’instauration d’une liturgie semi protestante, les coups de la désacralisation des rites, les coups de la dévastation des édifices du culte, les coups des traductions fallacieuses de la Sainte Ecriture, les coups d’une exégèse rationaliste, les coups de l’invasion de pseudo théologies hétérodoxes, les coups du faux œcuménisme, les coups du rejet des antiques dévotions, les coups de la sécularisation des maisons religieuses, les coups du rejet de la morale traditionnelle… etc.
C’est ainsi que ces voleurs la laissèrent à demi-morte.

   A demi-morte seulement, car il y avait en elle des membres et des organes qui se cramponnaient à toutes les forces vives qu’elle avait reçues de sa Tradition multiséculaire, et qui refusaient de se laisser emporter par les courants mortifères.

   Or il arriva que des prêtres, des évêques, des cardinaux et même des papes descendirent, les uns à la suite des autres, par le même chemin, et que, la voyant en si piètre état, certains passèrent outre sans un regard ni un mot de compassion, en marmonnant misérablement que c’était la marche irréversible des temps ; d’autres, complices tacites des brigands qui avaient porté les coups, ajoutèrent à ceux-ci leurs rejets, leurs moqueries, leurs accusations calomnieuses – dont la plus accablante, selon eux, était celle d’ « intégrisme » -, leurs suspens a divinis, leurs excommunications, et leurs motu proprio systématisant la trahison et l’extermination de la Tradition…

   En toute honnêteté, il faut néanmoins signaler que, parmi ces prêtres, évêques, cardinaux ou papes, il y en eut bien quelques uns – un très petit nombre à la vérité -, qui furent touchés de compassion, et qui, se démarquant de la dureté inouïe de la majorité de leurs semblables qui étaient devenus les complices plus ou moins actifs des brigands, tentèrent de lui tendre une main hésitante pour la relever. Mais aucun ne se comporta pleinement comme le bon samaritain, aucun ne travailla à l’entière guérison de ses blessures, aucun ne mit en œuvre tout ce qu’il eût été convenable de faire pour faciliter et accélérer son complet rétablissement… »

Chartres-vitrail du bon samaritain détail 2

Cathédrale de Chartres, vitrail du bon samaritain (détail) :
le prêtre et le lévite sans compassion pour le voyageur blessé

   Et Notre-Seigneur ajouta :

   « Qui donc prendra la résolution d’être un authentique bon samaritain pour venir en aide à Mon Epouse pantelante, et mettra en œuvre tous les véritables moyens qui sont nécessaire à sa guérison tandis qu’elle a été grièvement blessée lorsqu’elle est tombée entre les mains des brigands ?
Lequel contribuera efficacement à son entier retour à la vie et à la plénitude de son rétablissement, et se montrera donc son prochain ?
Sera-ce celui qui continuera à se revendiquer de tous les moyens dont ont usé les larrons pour la blesser et la mettre en cet état, en prétextant que les moyens étaient bons mais qu’ils ont été mal utilisés ?
Ou sera-ce celui qui lèvera une armée et qui, usant d’autorité et de force, purgera la contrée tout entière des brigands qui l’infestent, exterminant ou extirpant sans état d’âme la dénaturation du catéchisme et de l’enseignement dans les séminaires (ceux qui subsistent encore), la liturgie semi protestante, la désacralisation, l’art profane dans les édifices du culte, les traductions fallacieuses de la Sainte Ecriture, l’exégèse rationaliste, la pseudo théologie hétérodoxe, le faux œcuménisme, la sécularisation des clercs et des religieux, et tout ce qui porte atteinte à la piété et à la morale traditionnelle… ? »

   Le docteur répondit : « Certainement, ce sera celui qui exercera une véritable miséricorde divine envers elle, et qui, en pratiquant les vertus de foi et de force, combattra efficacement le modernisme, pour lui rendre le plein et libre exercice de sa liturgie multiséculaire, véritable et totale expression de sa foi ! »

   « Allez donc, dit Jésus, et désormais faites de même : en ces temps d’apparent triomphe du brigandage moderniste, vous serez les véritables bienfaisants prochains de Mon Eglise, ses bons samaritains, et vous posséderez la vie éternelle en vous attachant indéfectiblement à la sainte Tradition multiséculaire, et en vous enrôlant dans l’armée de ceux qui combattent sans relâche le modernisme mortifère ! »

pattes de chatTolbiac

Chartres-vitrail du bon samaritain détail 3

Cathédrale de Chartres, vitrail du bon samaritain (détail) :
Allez donc, et faites de même !

2023-84. Trois citations de Gustave Thibon au sujet de « l’Eglise moderne » que le Prince Tolbiac pense devoir mettre en valeur…

3 août,
Fête de l’invention du corps de Saint Etienne, protomartyr ;
Mémoire de Sainte Lydie de Thyatire (cf. > ici).

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Comme je me rends compte qu’il y a, dans la Sainte Eglise, des personnes , clercs ou laïcs (et même parmi ceux qui sont dits « de sensibilité traditionnelle »), pour arriver à penser qu’on fera œuvre divine au moyen de « grands rassemblements festifs », de danses, de promiscuités desquelles toute prudence morale est absente, enfin bref d’espèces de nouveaux « woodstocks », mal camouflés par une très légère couche de vernis prétendument catholique, encouragés et bénits par des hiérarques dont la seule crainte est de déplaire au monde moderne mais dont la cervelle et le cœur sont comme des girouettes « emportées ça et là à tout vent de doctrine » (cf. Eph. IV, 14), je me permets de vous adresser ce soir, quelques citations de Gustave Thibon, qui me paraissent parfaitement adaptées à ce contexte tout aussi navrant que ridicule où des écervelés pensent voir le dynamisme et l’avenir de l’Eglise…

pattes de chatTolbiac.

Danse macabre - pape

   « Eglise moderne (telle qu’elle est représentée par certains clercs « ouverts » au monde) : une vieille femme qui essaye maladroitement de se rajeunir en se maquillant au goût du jour et dont le fard achève de souligner la décrépitude. Elle veut faire oublier qu’elle est vieille dans la mesure où elle a oublié qu’elle est éternelle. »

   « Les concessions qui mènent au cimetière » (Saint-Aulaire). Je pense à ces hommes d’Eglise qui, à force de s’ouvrir au monde pour ne pas être balayés par le monde, finissent par perdre, après le sens de l’éternel, le plus élémentaire instinct de conservation dans le temps. Corrélation très logique : on est très près de mourir quand on ne cherche qu’à durer. »

   « Post-concile : Dieu bradé à l’enseigne du moindre effort. Mais plus on consent de rabais, plus la clientèle s’évapore. Ce Dieu qui n’a plus rien de divin à donner – puisqu’on en fait le bénisseur impotent du confort et du plaisir – n’a aussi aucun sacrifice à imposer. « Venez à moi qui permets tout », lui font dire ses revendeurs. Mais on se passe si bien de sa permission ! S’il ne donne pas ce que le monde ne peut pas donner, quel besoin a-t-on de lui pour se servir en ce monde ? »

Gustave Thibon,
in « Le voile et le masque » (1985), pp. 115-116

Saint Michel gif

2023-81. 25 juillet 1593 : l’abjuration de Sa Majesté le Roi Henri IV à l’abbaye de Saint-Denis.

Mardi 25 juillet 2023,
Fête de Saint Jacques le Majeur, apôtre ;
Mémoire de Saint Christophe, martyr ;
Anniversaire de l’abjuration d’Henri IV (25 juillet 1593) ;
Anniversaire de la mort de Louis-Célestin Sapinaud, chevalier de La Verrie (+ 25 juillet 1793).

       Le 25 juillet marque l’anniversaire de l’abjuration de Sa Majesté le Roi Henri IV, notre premier Roi Bourbon. Je vous propose donc un texte, publié en 1938, par Monsieur Henri Gaubert, historien bien oublié aujourd’hui, extrait de son ouvrage « Les grandes conversions » (1938). Quoiqu’il soit un peu long, je pense qu’il suscitera votre intérêt et retiendra votre attention.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.

Abjuration d'Henri IV à Saint-Denis - gravure de Franz Hogenberg

L’abjuration d’Henri IV à Saint-Denis, gravure de Frans Hogenberg (1535-1590)
l’église abbatiale est représentée en coupe afin de permettre de voir les cérémonies successives :
au premier plan, le Roi Henri se présente devant le clergé
(en particulier l’archevêque de Bourges, Renaud de Beaune, grand-aumônier de France) ;

au second plan, le Roi ayant abjuré est introduit dans l’église ;
enfin il assiste à la Sainte Messe ;
sur le côté droit on voit les réjouissances populaires que suscite cette conversion (tirs de canons, feux de joie, et danses),
et sur le côté gauche le Roi distribue du pain au peuple.

frise lys

La conversion et l’abjuration d’Henri IV

roi de France et de Navarre

par

Henri Gaubert

 « Car seul Henri de Navarre a droit au trône,
et il est d’un caractère 
trop sincère et trop noble pour ne pas rentrer dans le sein de l’Église ;
tôt ou tard, il reviendra à la vérité. » 

Paroles d’Henri III sur son lit de mort, 1589.

UNE ODIEUSE COMÉDIE ?

   Depuis trois cent cinquante ans que, sous le porche de la basilique de Saint-Denis, Henri de Bourbon a abjuré le protestantisme, nombre d’historiens s’accordent à considérer ce changement de religion comme un acte d’opportunisme politique ; acte très habile, certes, mais au fait assez déplaisant.
   Dès le XVIe siècle, cette volte-face fut jugée avec une certaine sévérité : on le connaissait bien, ce Méridional madré, subtil, moqueur… Après la Saint-Barthélemy, ne l’avait-on pas déjà vu, à la cour de Charles IX, simuler un hypocrite retour à l’Église romaine, puis, quelque temps après, rallier à nouveau les rangs des Réformés, et devenir le chef des huguenots dans le midi de la France ? À bien compter, depuis le baptême catholique reçu à sa naissance, c’était… la quatrième fois qu’Henri changeait de religion ! On ne s’étonnera donc pas si, le 25 juillet 1593, jour de l’abjuration, les ennemis du prince, aussi nombreux du côté protestant que du côté catholique, ne se privèrent point de crier à l’imposture…
   N’arrivant pas à conquérir son royaume par l’épée, à bout de ressources, et chef d’une armée-fantôme, Henri, pour en finir avec cette interminable aventure, aurait pris, semble-t-il, le parti sinon le plus noble, du moins le plus expéditif : l’abjuration.
   Depuis quatre ans, d’ailleurs, l’aristocratie de France offrait au Béarnais de le reconnaître comme roi, à la seule condition qu’il devînt catholique. À la fin d’avril 1593, Henri se décide à parler nettement de sa « conversion à la religion catholique ». Le 26 mai, le conseil du roi se prononce pour le retour d’Henri à l’Église romaine ; à cet effet, un accord se trouve bientôt établi entre le duc de Sully, huguenot déclaré, et le chancelier de Cheverny, catholique de bonne trempe. Mais le temps presse. Le surlendemain, 28 mai, nous voyons Henri convoquer pour le mois suivant l’évêque de Chartres, qui doit prendre charge de l’instruction religieuse du monarque.
   Or, en dépit de ces décisions habilement publiées, certain parti politique faisait mine de vouloir porter le cardinal Louis de Bourbon au trône de France ; le Béarnais, pour couper court à ce danger, annonça officiellement la date de son abjuration. De fait, le 25 juillet de cette même année, il optera solennellement pour la foi catholique.
   On connaît le mot un peu leste qu’à cette occasion le roi écrivait à son amie Gabrielle d’Estrées : « Ce sera dimanche que je fairay le sault périlleux 1. »
   Abjuration hypocrite, pensent les historiens susdits. Conversion sacrilège, en horreur aux protestants aussi bien qu’aux catholiques. Comédie odieuse, qui, sous des dehors religieux, cache simplement les calculs politiques d’un ambitieux. Telle est la thèse dite « historique ».
   Mais le procès mérite révision. Et si, à notre tour, nous nous permettons de procéder à une enquête impartiale à travers les pièces d’archives, nous ne tarderons pas à arriver à des conclusions… entièrement différentes 2.

Statue d'Henri IV au Pont-Neuf

La statue d’Henri IV le victorieux sur le Pont Neuf à Paris

HENRI, LE SEUL BON FRANÇAIS DU ROYAUME

   On ne saurait porter sur Henri de Bourbon un jugement équitable, si l’on ignore la déplorable mentalité des deux clans ennemis qui, à ce moment-là, déchiraient la France.
   En cette année de disgrâce 1592, on pouvait dire, en effet, qu’il n’y avait plus chez nous qu’un seul bon Français : Henri de Navarre, le roi sans royaume. Autour de lui, ou plutôt contre lui, se dressent deux organisations politiques auxquelles, d’ailleurs, il serait fort inexact d’appliquer le qualificatif de « religieuses » : le parti catholique et le parti protestant, tributaires l’un comme l’autre de l’étranger.
   Sous le drapeau catholique de la Ligue, une poignée d’ambitieux vient d’enrégimenter le menu peuple, une partie du clergé, les moines-mendiants devant lesquels on agite l’épouvantail d’un roi hérétique, et à qui on fera bien vite accepter l’ingérence du monarque espagnol Philippe II dans les affaires de notre pays. Chez les protestants, même inconscience, même carence de sens national : sous le fallacieux prétexte de « religion », l’Angleterre, dont la politique extérieure s’efforce de maintenir chez nous le maximum d’anarchie, pousse les calvinistes du Midi et de l’Ouest à se proclamer en républiques indépendantes. Ainsi donc, les dociles huguenots, travaillant sans le savoir « pour le roi d’Angleterre », tendront de toutes leurs forces à saper le pouvoir central et à démembrer notre pauvre pays.
   Dans ce désaxement général des esprits, dans ce tourbillon de folie collective, comment la France ne sombra-t-elle point dans l’anarchie, comment ne devint-elle pas la proie de l’étranger ? Tout simplement parce qu’il y eut Henri de Bourbon qui, loin de partager l’erreur antipatriotique de ses coreligionnaires les calvinistes, et l’aveuglement antifrançais de la Ligue, va donner le coup de barre providentiel et sauver le navire du naufrage.
   Mais le Béarnais ne pouvait, on le conçoit, arriver à ses fins sans l’appui d’un parti décidé à mettre un terme à la guerre civile, et à affranchir le pays de la mainmise étrangère. Or, après quelques années de guerre civile, la Ligue va commencer à se désagréger ; les meilleurs éléments se détacheront bientôt du parti, car les esprits tant soit peu rassis commencent à sentir la nécessité d’un chef, d’un roi, à la tête de l’État. Dès 1592, des ligueurs « modérés » se décident à proposer le trône à Henri de Navarre, s’il accepte de changer de religion. En cas de refus du Béarnais, on n’hésitera pas, et on offrira la couronne au cardinal Louis de Bourbon 3, le plus proche parent du roi défunt après Henri de Navarre.
   L’avertissement était clair, presque menaçant. En face des protestants qui, tels nos moscoutaires actuels, prêchaient autour d’eux l’anarchie politique, sur l’injonction d’une puissance étrangère intéressée à notre abaissement – et en face des trublions catholiques, demandant chez nous l’instauration d’une politique « fasciste » dirigée par un autocrate voisin, se dressait enfin un parti « national », poussant le cri encore actuel de « La France aux Français » !
   Pour ramener tous ces fous à la raison, le parti national formé par les catholiques modérés demandait instamment à Henri de se convertir, pour pouvoir prendre aussitôt en main les commandes de l’État. Mais, en honnête homme, Navarre n’arrivait pas à accepter ce maquignonnage : il lui répugnait d’acheter son trône par une abjuration.

Henri IV en cuirasse atelier de Barthélémy Prieur début XVIIe s - Louvre

Henri IV en cuirasse
statuette de bronze de l’atelier de Barthélémy Prieur, premières années du XVIIe siècle
Musée du Louvre

« RAISON D’ÉTAT »… ET AUTRES RAISONS

   Si Henri possédait cette âme vilement intéressée que les écrivains du temps se plaisent à nous dépeindre, comment expliquer que le Béarnais ait attendu quatre ans avant de faire sa soumission à l’Église catholique ? Puisque le trône pouvait s’acheter si facilement par une abjuration, ce soldat de fortune, qu’on nous présente sous les traits d’un athée et d’un ambitieux, n’avait qu’à accepter de se convertir dès août 1589, dès après l’assassinat d’Henri III : la France eût aussitôt acclamé son nouveau roi.
   Mais ce n’est qu’en 1593, après plusieurs années de luttes, qu’Henri change d’attitude. Il déclare alors qu’il veut se rallier à l’Église romaine : en fait, il se soumet à ce moment-là à la « raison d’État ». Sully, le sage et prudent Sully, lui-même protestant dans l’âme, n’entrevoit point, pour son ami et roi, d’autre solution que la conversion : « Il vous sera impossible – avoue-t-il à Henri – de régner jamais pacifiquement tant que vous serez de profession extérieure d’une religion qui est en si grande aversion à la plupart des grands et des petits de votre royaume 4. »
   Impossible, en effet, de sortir de ce dilemme : ou bien ces tueries continueront, ou bien le prétendant au trône devra abjurer. On devine le parti héroïque que, finalement, prendra le Béarnais, si désireux d’arrêter ces sanglantes discordes : la raison d’État va l’emporter.
   Mais à côté de cette « raison d’État », nous voyons apparaître d’autres motifs, d’un caractère profondément humain. Représentons-nous ce soldat jovial, gai, optimiste, si près du peuple, errant sans répit du sud au nord de son futur royaume, et découvrant en tous lieux l’affreuse misère des cultivateurs, les villages en ruines, les récoltes ravagées par les charges de cavalerie ou par l’incendie. Partout des scènes de détresse, de misère, de désespoir… Écoutons-le exposer, le 9 juin 1593, à M. de Pisany, les raisons qui le poussent à envisager sa prochaine conversion : il veut, dit-il, « gagner autant de temps au soulagement du peuple, où un jour d’attente peut porter un dommage inestimable » ; il veut procurer aux paysans « quelque relasche, bien plus nécessaire en cette saison de la récolte qui approche, que en nulle autre. » En vérité, nous doutions-nous que si l’abjuration ne va pas être retardée au-delà du plein été, ce sera pour essayer de sauver les blés déjà mûrs ?
   Raison d’État, conseille Sully.
   Humanité, pense Henri.
   Il y a encore un troisième motif, plus subtil à saisir, et bien plus vrai, qui pousse le Béarnais à l’abjuration. En effet, lorsque le pasteur La Faye vient tenter, auprès du prince, une dernière démarche pour lui demander instamment de ne point changer de religion, Navarre, résumant à merveille la situation, riposte avec une certaine hauteur : « Si je suivois votre advis, il n’y auroit ni roy, ni royaume en peu de temps en France. Or, je veux donner la paix à tous mes sujets. »
– « Et – ajoute-t-il après un silence, d’une façon un peu sibylline – le repos de mon âme. »

Sébastien Le Clerc -  l'abjuration d'Henri IV

L’abjuration d’Henri IV à Saint-Denis, par Sébastien Le Clerc l’ancien (1637-1714) :
l’artiste a représenté au premier plan le Roi et l’archevêque de Bourges, Renaud de Beaune, grand aumônier de France,
tandis que la scène même de l’arrière-plan figure le couronnement du pape Clément VIII qui prononcera l’absolution solennelle pour le Roi Henri IV.

UN PROTESTANT PEU DISPOSÉ À ABJURER

   Jusqu’en 1592, Henri semblait cependant fort attaché à la religion réformée. Rien, à ce moment-là, ne peut laisser supposer une abjuration, car notre héros paraît peu disposé à considérer le catholicisme comme un simple marchepied lui permettant d’accéder au trône de France. En aucune occasion, il ne cache sa répugnance devant l’éventualité d’une abjuration politique, uniquement basée sur la raison d’État. « Dieu – précise-t-il – ne punit jamais rien sévèrement que l’abus du nom de religion. Que penseront de moi les catholiques, s’ils me voyaient passer d’une religion à l’autre ? Dites à ceux qui vous mettent de telles choses en avant que la religion, s’ils ont jamais su ce que c’est, ne se dépouille pas comme une chemise, car elle est au cœur. » Noble réponse, qui prouve une conviction fortement établie.
   Pourtant, Henri ne refuse pas péremptoirement à considérer comme « possible » un changement de religion. Dès le début des tractations, il ne fait aucune objection sérieuse, mais il souligne que, le cas échéant, sa conversion devra être une réalité spirituelle, et non une manœuvre politique. La conversation qu’il engage, en novembre 1589, à Châteaudun, avec le président de Thou, nous renseigne à merveille sur ses sentiments véritables. « Ce n’étoit – explique-t-il à son interlocuteur – ni entêtement, ni obstination qui le faisoient persévérer dans une croyance où il avoit été élevé, et qu’il croyoit, jusqu’à présent, la plus orthodoxe ; mais il ne refusoit pas d’en embrasser une meilleure, lorsqu’on la luy feroit connoître ; ce n’étoit ni par violence, ni par contrainte qu’il vouloit qu’on l’y amenast, mais de bon gré et comme par la main, ainsi que la Providence l’avoit conduit sur le trône. »
   En définitive, Henri veut bien se rallier à l’Église romaine, mais « par la douceur ». Ce gai luron qui, même dans les circonstances les plus poignantes, sait lancer le mot pour rire, confie plaisamment aux Ligueurs 5 tout le plaisir qu’il éprouverait à être instruit de la doctrine romaine « autrement qu’à coup de canon ».
   Mais ce sont là promesses bien vagues, bien conditionnelles. En fait, le Béarnais reste sur ses positions. À preuve, cette réponse cinglante que, par ordre, Villeroy fit à une députation de « modérés » venant encore une fois, en 1592, offrir la couronne à Henri en échange de sa conversion : « Henri de Bourbon ne sauroit faire cette chose indigne de luy, chose qui sentiroit plutôt son athéisme que son catholicisme. »
   Situation nette : Navarre n’immolera pas sa conscience aux nécessités de la politique. Il se refuse à échanger un trône contre une abjuration. La conscience du prince béarnais n’est pas à vendre…
   Et cependant, un an après la réponse de Villeroy, Henri se convertira. Comment donc expliquer ce brusque changement de principes ? D’un seul mot : Henri de Bourbon vient de se convertir véritablement, de toute son âme, au Catholicisme. 

Henri IV s'appuyant sur la religion pour donner la paix à la France - Château de Pau

« Henri IV s’appuyant sur la religion pour donner la paix à la France »
tableau allégorique anonyme des dernières années du XVIe siècle
Château de Pau 

« MONSIEUR LE CONVERTISSEUR »

   C’est au cours de l’investissement de la place forte de Rouen, en mars-avril 1592, que les idées religieuses du Béarnais vont évoluer très nettement vers le Catholicisme, et cela sous l’influence d’un des intimes du roi, Jacques Davy du Perron, ancien huguenot passé à la religion romaine, homme charmant, subtil et disert, laïc possédant à fond non seulement une culture littéraire des plus étendues, mais encore la science des Écritures et des Pères.
   Pendant les loisirs forcés du siège, Henri se plaît à s’entretenir familièrement avec ce compagnon si agréable. Or, du Perron, excellent exégète, s’enhardit bientôt à aborder avec le prince les questions théologiques. Au cours de ces entretiens, il souligne les contradictions de la doctrine réformée, il réfute savamment les accusations lancées par les protestants contre le dogme romain. Henri, fort intéressé par cette argumentation, et désireux de voir les deux thèses se confronter, décide d’ouvrir à Mantes une sorte de conférence publique où du Perron se trouvera aux prises avec quatre pasteurs huguenots, soutenus par dix de leurs collègues. Après sept jours de discussion, la victoire resta, de l’avis unanime, au champion catholique. Malheureusement, le roi, empêché, ne put assister en personne à ce tournoi mémorable ; cependant, quelque temps après, il ne manquera pas d’être frappé par la conversion à la religion romaine de deux adversaires acharnés de du Perron : le baron de Salignac, et Pierre-Victor Gayet, pasteur protestant et ancien précepteur du prince béarnais.
   Dans ces conditions, on ne saurait s’étonner de voir, au début de juin 1593, Henri de Bourbon présider une seconde controverse du même genre, à Mantes également. « L’Église et le Salut » : tel était le thème. Du côté protestant, les pasteurs Rotan et Morlas. Du côté catholique, l’inévitable du Perron, à ce moment entré dans les ordres, et nouvellement nommé évêque de Dreux. La discussion promettait d’être chaude. Du Perron démontra, en s’appuyant sur les textes sacrés, que l’Église romaine, la plus ancienne des deux, reste « en quelque manière et respect » l’Église de Jésus-Christ ; en dépit de l’argumentation serrée de ses deux adversaires, il parvient à convaincre l’auditoire qu’il eût mieux valu réformer les abus du Catholicisme d’alors, plutôt que de créer un schisme, compliqué de luttes fratricides. Car – poursuivait-il – on trouve certainement dans l’Église catholique « les moyens de faire son salut ». La défaite des pasteurs s’avéra si complète que le huguenot Agrippa d’Aubigné ne trouve, pour expliquer le succès de du Perron, qu’une seule raison : Rotan et Morlas avaient été « achetés » en sous-main par le parti romain. Assertion toute gratuite, d’ailleurs absolument inadmissible quand on songe que Rotan, en particulier, ne cessa jusqu’à sa mort de mener un rude combat contre le « papisme ». D’Aubigné eût été bien en peine d’expliquer la motion que vota, à l’adresse des deux pasteurs de Mantes, le synode de Montauban, les remerciant « de tout ce qu’ils avoient faict pour maintenir la vérité dans la conférence de Mantes », et « de la conduite qu’ils y avoient tenue ».
   Dès cet instant, Henri de Navarre se résout à abjurer. Jusqu’alors, la « raison d’État », qu’agite devant lui le protestant Sully, ne lui était pas apparue suffisante pour qu’il changeât de religion. Pour le décider, il ne fallut rien de moins que les arguments historiques et théologiques de son ami du Perron, lequel, de ce jour, sera ironiquement, mais justement appelé par les Réformés « Monsieur le Convertisseur ».
   À la lumière de ces brèves explications, il est maintenant plus aisé d’apprécier la pleine sincérité de l’aparté d’Henri IV, répondant, comme nous l’avons vu, au pasteur La Faye, qu’il voulait assurer également « le repos de son âme ».

Henri IV en prière estampe de Léonard Gaultier

Henri IV en prière
estampe de Léonard Gaultier (1561-1635) publiée en 1610 dans l’ouvrage de Jean Metezeau « L’Instruction chrestienne »

DERNIERS SCRUPULES

   Au cours des deux jours qui précédèrent l’abjuration solennelle, ce roi, que les pamphlets de l’époque se plaisent à nous présenter comme un homme parfaitement dénué de scrupules religieux, demande qu’on lui ménage à l’abbaye de Saint-Denis de sérieux entretiens avec les théologiens catholiques. Car il veut être éclairé sur quelque points dogmatiques qui lui semblent encore assez difficiles à accepter.
   Tout d’abord, le 23 juillet 1593, au début de la matinée, Henri converse longuement, et en particulier, avec quatre évêques, parmi lesquels nous ne saurions nous étonner de retrouver du Perron, « Monsieur le Convertisseur ». Le monarque assure à ses interlocuteurs qu’il reste bien persuadé de la vérité de la religion romaine dans son ensemble ; ce qui ne l’empêchera pas, durant cinq heures d’horloge, de discuter vivement sur certains points secondaires auxquels il éprouve quelque peine à adhérer : le culte des saints, la confession auriculaire, l’autorité du Pape, le purgatoire, les prières pour les morts. « Vous ne me contentez pas bien – répétait-il en pleurant – et ne me satisfaites pas comme je désirays. Je mets aujourd’hui mon âme entre vos mains ; je vous en prie, prenez-y garde, car là où vous me faites entrer, je n’en sortiray que par la mort ; de cela, je vous le jure et proteste. »
   Par contre, en ce qui concerne la Présence réelle dans le sacrement de l’autel, nulle objection de sa part : « Je n’en suys point en doute, car je l’ay toujours ainsi creu. »
   À la fin de l’entretien, il se déclare d’accord, de bonne foi, sur tous les points, et « promet de se conformer du tout (lisez : entièrement) en la foy de l’Église catholique, apostolique et romaine ».
   Les discussions de l’après-midi furent plus agitées encore.
   Les théologiens, qui viennent d’arrêter le libellé de l’abjuration, la présentent au roi ; celui-ci la lit très attentivement, puis la repousse. Jamais, assure-t-il, il ne signera certains de ces articles, par exemple l’engagement de ramener à la foi catholique les hérétiques sur lesquels, en tant que souverain, il a autorité.
   Quelques prélats commencent alors à s’impatienter, et il faut le doigté, l’habileté de du Perron pour arriver à un arrangement : en définitive, le roi l’emporte, la formule ne portera pas les points discutés, qui d’ailleurs sont en marge de la doctrine catholique.
   Henri, qui vient de passer une très dure journée, rentre alors dans ses appartements. Ce jour-là est un vendredi : au passage, le prince ordonne à son maître d’hôtel de lui préparer un repas maigre.
   Le lendemain, 24 juillet, le Béarnais convoque les vingt prélats venus à Saint-Denis pour la cérémonie officielle. Il s’excuse auprès d’eux d’avoir, la veille, tenu ce petit conseil avec seulement quatre évêques, cela, explique-t-il, afin de rendre la discussion plus rapide, plus aisée. Enfin, devant ces dignitaires, il renouvelle ses promesses de la veille, et fait part de son désir ardent, sincère, de se rallier à l’Église romaine.
   Aussitôt après, dans la joie générale, la vieille abbaye de Saint-Denis se prépare à encadrer dignement cette solennité unique dans les annales de notre histoire : l’abjuration d’un roi.

abjuration d'Henri IV Georges Rouget - Pau musée des Beaux-Arts

L’abjuration d’Henri IV devant le portail de l’abbatiale de Saint-Denis le 25 juillet 1593
toile de Georges Rouget (2ème quart du XIXe siècle) au musée des Beaux-arts de Pau

L’ABJURATION (25 juillet 1593)

   Vers les huit heures du matin, les prélats assemblés sous le porche de l’abbatiale de Saint-Denis virent arriver, « tambours battants, trompettes sonnantes », un magnifique cortège composé de troupes françaises, suisses et écossaises, précédant quelque cinq cents seigneurs et gentilshommes. Peu après, apparaissait, monté sur un superbe destrier, Henri de Bourbon, habillé de satin blanc, avec sur les épaules un manteau noir. Bientôt, le prince, après avoir mis pied à terre, montait les degrés du grand escalier et s’inclinait respectueusement devant Renaud de Beaune, archevêque de Bourges et grand-aumônier de France, lequel, mitré et crossé, attendait, assis dans un grand fauteuil de damas blanc, le royal pénitent.
   « Qui êtes-vous ? » demanda l’archevêque. – « Je suis le roi », repartit Henri. – « Que demandez-vous ? » interrogea à nouveau le grand-aumônier. – « Je demande – continua le prince – à être reçu au giron de l’Église catholique, apostolique et romaine. » – « Le voulez-vous ? » – « Oui, je le veux et le désire. »
   En disant ces mots, Navarre s’agenouilla, affirma sa résolution de vivre et de mourir en l’Église catholique, de la protéger, de la défendre. Puis, il remit à l’archevêque sa profession de foi orthodoxe, ainsi que sa promesse d’obédience au Souverain Pontife. Renaud de Beaune prononça alors la sentence qui, sous réserve des droits du Pape 6, donnait à Henri absolution de son crime d’hérésie et d’apostasie, le réintégrant ainsi dans la communion des fidèles. Alors, s’ouvrirent les portes de la basilique ; l’archevêque s’avança pour aider le roi à se relever, et le conduisit solennellement à l’autel.
   Devant le tabernacle, Henri, agenouillé à nouveau, et tenant la main sur le livre des Évangiles, réitéra son serment. Après quoi, il fut conduit processionnellement derrière le chœur, où le grand-aumônier entendit sa confession.
   Aussitôt après commença la messe, célébrée pontificalement par l’évêque de Nantes, Philippe du Bec. Henri ne communiera pas ce jour-là 7 ; mais il sut néanmoins édifier l’assistance par sa piété profonde ; il suivit avec ferveur tout l’office ; et, au moment de l’élévation, on remarqua fort l’humble prosternation du monarque qui, à plusieurs reprises, battit sa coulpe 8.
   Dans l’après-midi, le roi assista aux vêpres, écouta un sermon de l’archevêque de Bourges, et, après la cérémonie, « monta à cheval pour aller à Montmartre rendre grâce à Dieu en l’église du dict lieu », tandis que la multitude, accourue de Paris en dépit de l’interdiction faite par le duc de Mayenne, chef de la Ligue, « crioit d’allégresse : Vive le roy ! Vive le roy ! Vive le roy ! »
   À la vérité, ce qu’on fêtait là, c’était la ruine imminente de la Ligue et de l’influence espagnole, c’était la fin prochaine des rébellions protestantes et des intrigues anglaises.
   Le parti national peut maintenant se réjouir : il possède bien, ainsi que l’avait réclamé la Satire Ménippée, « un roy déjà faict par la nature, né au vray parterre des fleurs de Lys de France, rejetton droict et verdoyant au tige de saint Louys ».

Henri GAUBERT,
in « Les grandes conversions », éd. Spes, 1938

frise lys


1 Lettres-missives, VIII, 821.

2 Je ne voudrais pas insinuer par là que je suis le premier à présenter le processus psychologique de la conversion d’Henri IV sous son véritable jour historique. Les chercheurs intéressés à cette question devront se reporter à l’ouvrage, merveilleux de clarté et de profondeur, du R. P. Yves de la Brière : La conversion d’Henri IV, Paris, 1901.

3 Louis de Bourbon, quoique revêtu de la pourpre cardinalice, n’avait pas encore reçu les ordres sacrés : il pouvait donc accepter la couronne et se marier.

4 15 février 1593.

5 Négociations de 1590.

6 Henri, ayant été excommunié par le Pape, ne pouvait être officiellement réintégré dans l’Église que par la Cour romaine. Mais cette dernière, gênée à ce moment-là par les influences espagnoles, ne croira devoir promulguer l’absolution qu’en 1695. On s’en souvient, Henri avait déjà quitté par deux fois l’Église catholique. Voir : L’Absolution de Henri IV à Rome, par le R. P. Yves de La Brière ; Études, tome 101, pp. 64 et suivantes, 128 et suivantes (5-20 octobre 1904).

7 Henri ne communiera que sept mois plus tard, au cours de la cérémonie du couronnement à Chartres. Reims se trouvait encore aux mains des Ligueurs. Henri IV fut, de ce fait, un des rares Capétiens qui ne reçut pas le sacre à Reims.

8 Il faut bien dire ici un mot de la célèbre boutade, apocryphe comme de nombreux « mots historiques », que la malignité publique prêta, et prête encore, à Henri IV : « Paris vaut bien une messe ! » L’abjuration est de 1593 ; or, le premier texte rapportant ce mot fameux date de… soixante-neuf ans plus tard ! (Les Caquets de l’accouchée, 1662.) De plus, cet auteur, peu sûr, place le « mot » dans la bouche de Sully. À la fin du XVIIe siècle, on l’attribuera à Henri IV.

Armes de France & Navarre

2023-76. Misereor super turbam…

Sixième dimanche après la Pentecôte,
dimanche de la seconde multiplication des pains.

       « En ce temps-là, comme une foule nombreuse se trouvait avec Jésus et qu’ils n’avaient rien à manger, ayant convoqué les disciples, Il leur dit : J’ai pitié de cette foule, parce que voilà trois jours déjà qu’ils ne Me quittent pas, et ils n’ont rien à manger. Si Je les renvoie chez eux à jeun, ils vont défaillir en route : certains parmi eux en effet sont venus de loin… » (Marc VIII, 1-3).

Misereor super turbam

   « J’ai pitié de cette foule : Misereor super turbam ! »
Touchante compassion du divin Cœur de Jésus, qui ne veut pas que ceux qui L’ont accompagné afin d’entendre les paroles de vie qui sortent de Sa bouche tombent en défaillance. Emouvante sollicitude du Sauveur qui, après avoir nourri les âmes affamées, s’apprête aussi à nourrir les corps faméliques.
Le Verbe incarné, n’est justement pas un être… désincarné, auquel la préoccupation primordiale pour les nécessités spirituelles feraient oublier les vulgaires contingences matérielles liées à notre condition charnelle : même les plus avides des nourritures surnaturelles ne se peuvent passer de pitance terrestre, sous peine de défaillir en route et de ne pouvoir atteindre le but de leur chemin ici-bas.
Jésus s’émeut donc de pitié à la vue de notre faiblesse et de nos besoins les plus primaires.
« Misereor super turbam…»

   Et le Cœur de Jésus ne peut qu’être peiné s’Il sent que ceux qu’Il a choisis et appelés pour être plus près de Lui, n’éprouvent pas cette même compassion.
Si c’est bien Lui, et Lui seul, qui réalise le miracle et multiplie les pains et les petits poissons, c’est à eux, les disciples, qu’il revient de les distribuer à la foule ; à eux qu’il revient d’être au contact direct de la foule affamée pour transmettre le don divin.

   « Misereor super turbam…»
S’il est normal que le Cœur de Jésus soit infiniment plus sensible et compatissant que celui de tous les disciples réunis, il n’est toutefois pas normal que, à force de Le fréquenter, le cœur des disciples ne se laisse pas peu à peu imprégner par la compassion du Cœur de Jésus, et transformer par Sa délicate sollicitude pour les besoins des foules indigentes.
Et si Notre-Seigneur et Sauveur a eu pitié, parce que justement cette foule avait fait passer au second plan sa faim corporelle pour être rassasiée en son appétence spirituelle, c’est aussi le signe que Ses disciples, s’ils doivent avoir une authentique et sincère compassion pour les nécessiteux, doivent venir en aide à ceux-là sans avoir négligé de se soucier prioritairement de la disette spirituelle qui les afflige.

   « Misereor super turbam…»
Aujourd’hui, à l’intérieur même de la Sainte Eglise catholique romaine, il est des âmes affamées de nourriture spirituelle consistante et authentique, au point qu’elles négligent bien des conforts matériels et beaucoup de facilités humaines, pour y avoir accès.
Elles ont faim de spiritualité solide, parfaitement accordée à la Révélation divine ; faim de la véritable doctrine catholique héritée, sans rupture ni discontinuité, de la Tradition des Apôtres, des Pères, des Docteurs et des saints ; faim d’une liturgie indubitablement catholique, en laquelle on ne trouve que le pur froment de la doctrine pérenne, et non une farine douteuse contaminée par des modes intellectuelles hasardeuses, par des conceptions hétérodoxes, par le modernisme biblique et théologique…
Elles ont faim de la Tradition la mieux établie qui les puisse nourrir sereinement et les solidement conforter dans leur foi, leur espérance et leur charité surnaturelles, et elles se trouvent suspectées, critiquées, rejetées, tenues pour rien, exclues, renvoyées à jeun…
Parce qu’elles ont faim de la véritable et divine substance, elles réclament le pain supersubstantiel (cf. Matth. VI, 11), et se le voient refuser par ceux qui ne leur devraient transmettre que ce qui vient purement et indubitablement de Jésus : ce sont les enfants qui demandent du pain et qui ne reçoivent à la place qu’un caillou stérile incapable de les nourrir (cf. Luc XI, 11).

   « Misereor super turbam…»
Nous savons, ô Jésus, que si certains de ceux que Vous avez appelés à être Vos disciples, afin qu’ils transmettent à la foule avide de Vos paroles un pain généreux et roboratif, sont trop souvent lents à comprendre, et qu’ils font, trop souvent encore, preuve d’un cœur insensible, voire dur, ce ne peut en aucune manière être Votre cas : la péricope évangélique entendue ce dimanche nous en donne une preuve irréfragable.
Nous savons, ô Jésus, – nous le savons et nous en sommes absolument certains -, que Vous n’approuvez pas le refus qu’opposent certains à transmettre à nos âmes affamées le pain supersubsantiel de l’authentique et multiséculaire Tradition catholique, doctrinale et spirituelle.
Nous savons, ô Jésus, que Vous réprouverez, ainsi que le méritent des pères indignes, ceux qui donnent aujourd’hui d’indigestes cailloux à ceux de Vos enfants qui réclament le pain nourrissant de la liturgie traditionnelle.
Nous croyons que, contrairement à eux, Vous avez compassion de cette foule discrète et fidèle qui Vous est fermement attachée, et qui se cramponne, par amour pour Vous, et au mépris de ce que le monde pense d’elle, à la Sainte Messe traditionnelle, tout simplement parce qu’elle ne trouve pas de nourriture substantielle en ces ersatz de liturgie pollués par l’esprit du siècle et contaminés par l’hétérodoxie.

Rendez-moi justice, ô mon Dieu, et distinguez ma cause de celle d’une nation non sainte :
Délivrez-moi de l’homme inique et trompeur.
Parce que Vous êtes, ô Dieu, ma force : pourquoi me repousseriez-Vous ?
Et pourquoi marché-je, triste, tandis que mon ennemi me persécute ?
Envoyez Votre lumière et Votre vérité :
Elles m’ont conduit, et m’ont amené à Votre montagne sainte et dans Vos tabernacles.
Et je viendrai jusqu’à l’autel de Dieu : jusqu’au Dieu qui réjouit ma jeunesse.
Je Vous louerai sur la harpe, ô Dieu, mon Dieu !
Pourquoi es-tu triste, mon âme, et pourquoi me troubles-tu ?
Espère en Dieu, parce que je Le louerai encore :
Il est le salut de ma face, et mon Dieu !

(Ps. XLII « Judica me, Deus »)

Sacré-Coeur

2023-69. Message de Sa Majesté à la suite de l’attentat d’Annecy du 8 juin 2023 à propos de toutes les atrocités commises envers les enfants.

Armes de France pour le deuil

   Ce jeudi 8 juin 2023, vers 9 h 45, dans un parc public d’Annecy, un Syrien en situation irrégulière (et se prétendant chrétien) a très grièvement blessé quatre enfants en bas âge et deux adultes. Cet attentat n’est malheureusement pas le premier, puisqu’il se produit dans un contexte général de violences et d’agressions aux formes diverses visant des enfants et des adolescents : maltraitances physiques et psychologiques, agressions sexuelles, harcèlement en milieu scolaire… jusqu’à entraîner la mort par assassinat ou suicide.
En fin de journée, Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou, de jure Sa Majesté le Roi Louis XX, a publié sur les réseaux sociaux le message suivant qui, quoique bref, met en évidence la cause ultime de ces horreurs : l’absence des repères moraux et spirituels de notre société, et la perversité des institutions issues de la grande révolution, laquelle a manifesté son véritable visage dans la manière dont elle a traité le jeune Roi Louis XVII dont ce 8 juin est justement l’anniversaire de la mort. 

enfant maltraité

   Que dire devant cette actualité qui, en quelques jours, a vu la mort tragique de plusieurs enfants, victimes du suicide ou d’agressions.

   En ce jour anniversaire de la mort à dix ans (8 juin 1795) du jeune Louis XVII, assassiné par les traitements odieux que lui a fait subir la Révolution, les jeunes martyrs qui endeuillent l’actualité ne peuvent que nous faire, une nouvelle fois, comprendre où mène une société sans repère, trop lâche pour se défendre et affaiblie par la perversité des institutions qui favorisent ces actes contre nature.

   Avec tous les parents je pense aujourd’hui à ceux qui voient leurs enfants livrés à toutes les maltraitances.

Louis, duc d’Anjou.

ange en prière

2023-66. Bon signe, bon signe !

Comme les autres mois, nous pensons utile aux lecteurs de ce blogue de leur reproduire ci-dessous la lettre mensuelle de la Confrérie Royale.

Lettre mensuelle aux membres et amis
de la
Confrérie Royale

- 25 mai 2023 -

Blason de la Confrérie Royale

« Bon signe ! Bon signe ! »

« (…) Affermissant les âmes des disciples,
les exhortant à persévérer dans la foi,
et disant que c’est par beaucoup de tribulations
qu’il nous faut entrer dans le Royaume de Dieu.»
(Actes des Apôtres, XIV, 21)

Messieurs les Chanoines,
Mes Révérends Pères et Frères,
Messieurs les Abbés,
Chers Membres et Amis de la Confrérie Royale,

       Ce huitième pèlerinage annuel dans la cité sainte du Puy-en-Velay, à l’occasion du dernier « pont » de l’Ascension, a réuni un groupe fervent de pèlerins, pas très nombreux, mais fort édifiants. Nous devons rendre grâces à Dieu pour l’heureux déroulement de ce pèlerinage, et nous ne doutons pas qu’il aura des retombées de grâces, pour les personnes présentes, pour ceux qui, étant empêchés de venir, nous avaient recommandé leurs intentions, pour toute la Confrérie Royale, et – bien sûr – pour notre Souverain légitime, Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, de jure Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XX, ainsi que pour la France, même si, pour l’heure – hélas ! – nous assistons plutôt au déchaînement des forces du mal et aux efforts décuplés des ennemis, toujours à l’œuvre, du Trône et de l’Autel.

    Sans vouloir majorer en quelque manière ce qui ne mérite pas de l’être, je dois toutefois signaler à tous nos membres que notre pèlerinage a suscité quelques remous de surface localement : des vaguelettes sur la mare aux canards.
Un article, publié sur Internet par un organe local d’information la veille même de notre arrivée, intitulé « Les fous du Roi reviennent au Puy-en-Velay », signalait notre pèlerinage, avec une évidente mauvaise intention : celle de lui nuire en lui suscitant des oppositions. Nous avons d’ailleurs découvert à cette occasion (nous l’avions ignoré jusqu’alors) que ce même site nous avait déjà signalés en juin 2022, et que la Licra (ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) avait alors tenté d’intimider – avec un certain succès – le directeur d’un établissement dans lequel nous étions logés lors de précédents pèlerinages, mais où toutefois nous n’avions plus sollicité d’hébergement en 2022. Dans la foulée du sus évoqué site Internet, le vendredi matin, un organe de la presse papier publiait à son tour un petit article, un peu moins hostile, à notre pèlerinage.
Je préfère ne pas épiloguer sur l’action de ces trublions, qui ne nous ont jamais contactés et se contentent de critiquer en se fondant sur les seules bases de leur ignorance et de leurs idéologies, mais je suis disposé à communiquer aux membres et amis de la Confrérie qui écriront pour les demander, les liens vers ces articles, s’ils désirent en faire la lecture.
L’un des effets visibles de ces publications a été de constater qu’en quelques endroits de la ville du Puy, des autocollants, aussi laids qu’agressifs, avaient été apposés pour s’opposer à notre présence.
Il n’y a, en définitive, en tout cela rien qui doive nous étonner ou nous effrayer : « Si le monde vous hait, sachez qu’il M’a eu en haine avant vous. Si vous aviez été du monde, le monde aimerait ce qui est à lui ; mais parce que vous n’êtes point du monde, et que Je vous ai choisis du milieu du monde, c’est pour cela que le monde vous hait. Souvenez-vous de la parole que Je vous ai dite : le serviteur n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi… » (Jean, XV, 18-20a).

   En revanche, il peut être spirituellement intéressant, voire fructueux, de tirer quelques réflexions et d’approfondir certains points de ces récents événements. C’est à cela que je vous invite ci-dessous :

   1) Si, sur cette terre, et particulièrement en notre Occident déchristianisé et apostat, il se trouve beaucoup d’hommes (jusque dans les rangs des catholiques) qui doutent de la puissance et de l’efficacité de la prière, Satan, lui, y croit fermement.
Il est donc parfaitement dans sa logique de s’agiter pour empêcher la prière. L’ennemi de notre salut déploiera de nombreuses industries pour nous détourner de la prière individuelle, lorsque nous décidons de prendre un temps d’oraison ou de réciter le saint rosaire, par exemple, en suscitant, juste à ce moment-là, de prétendues urgences visant à nous faire différer ou annuler ce temps de prière. Il en est de même pour nos modestes pèlerinages de la Confrérie Royale : l’ennemi de l’ordre social chrétien et du salut de la France, multiplie les oppositions et contrariétés afin de les empêcher.
C’est finalement un bon signe ; le signe qu’ils contrarient ses plans de haine et de perdition. Lorsque nous comprenons bien cela, une seule conclusion s’impose : tenir bon et continuer ! 

   2) Ce même constat doit être établi au sujet du lieu de ce pèlerinage annuel qui commence au jour de l’Ascension.
Nous avons déjà exposé à de nombreuses reprises les motifs qui ont présidé au choix de la ville sainte du Puy-en-Velay : premier lieu d’apparition de la Très Sainte Mère de Dieu sur le sol de ce qui deviendra la France, promesses faites par elles, place de ce pèlerinage dans l’histoire du Royaume de France et dans celle de la spiritualité (notamment par le moyen des saints qui sont venus en ce lieu et des grâces qu’ils y ont reçues… etc.).
Il y a de nombreux lieux de pèlerinages et sanctuaires sur le sol de France, qui retiennent l’attention des Légitimistes en général et de la Confrérie Royale en particulier : nous ne les dédaignons absolument pas et – cela aussi a toujours été dit à l’attention de ceux qui veulent bien l’entendre – les prêtres et religieux de la Confrérie Royale sont tout disposés à y organiser des pèlerinages, en collaboration avec les Légitimistes de ces provinces.
Toutefois, nous n’abandonnerons pas le pèlerinage du Puy, quelles que soient les oppositions qu’il suscite. Pour ce qui concerne le choix de ce lieu aussi, l’adversité et les contrariétés sont un bon signe ! Ce n’est pas parce que les ennemis de la Tradition catholique et monarchique du Royaume veulent occuper tout le terrain, que nous sommes décidés à le leur céder.

   3) Ce qui provoque les cris horrifiés et les virulentes critiques de ceux qui voudraient empêcher notre pèlerinage, c’est ce qui constitue l’essence même de notre Confrérie Royale : prier pour le Roi légitime et pour une authentique restauration de la monarchie capétienne traditionnelle. Le trône de Saint Louis et la foi de Saint Louis !
Cela déchaîne les sarcasmes et l’antagonisme de tous ceux qui haïssent la doctrine traditionnelle de l’Eglise, la morale traditionnelle de l’Eglise, la liturgie traditionnelle de l’Eglise ? Bon signe ! Bon signe !
Il serait au contraire de très mauvais augure d’être soutenus, loués et encouragés, par tous les thuriféraires d’une prétendue modernité qui a renié la Révélation chrétienne et la morale chrétienne, et qui applaudit et défend toutes les déviances politiques et sociétales, spirituelles et morales…

   Qu’ajouter en conclusion ?
Simplement qu’il est plus que jamais important que chacun des membres de la Confrérie Royale se renouvelle dans la ferveur et le zèle, que – combattant toute forme de routine et de découragement – chacun prenne de plus généreuses résolutions pratiques et concrètes pour faire connaître la Confrérie Royale et y attirer de nouveaux membres, et que, dès à présent, chacun fasse tout son possible pour prendre part à ses activités (en particulier le pèlerinage au Puy-en-Velay en 2024) !

   Je vous remercie de bien vouloir recevoir ces réflexions et cet appel en vos cœurs devant Dieu et en présence de notre très douce Mère céleste, et vous demande de bien vouloir prier pour moi qui de par ma charge priorale doit à l’exemple des saints apôtres « affermir les âmes des disciples, les exhortant à persévérer dans la foi, et disant que c’est par beaucoup de tribulations qu’il nous faut entrer dans le Royaume de Dieu » (cf. Act. XIV, 21).

Votre très humble et dévoué serviteur,
in Corde Jesu & Mariae.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur,
Prieur.

Le Puy en Velay ville sanctuaire

Le Puy-en-Velay, ville sanctuaire

2023-57. Où, à propos de la fête du Bienheureux Simon de Todi, on évoque les fautes contre le huitième commandement si fréquentes chez les fidèles et dans le clergé lui-même.

20 avril,
Dans l’Ordre de Saint Augustin, fête du Bienheureux Simon de Todi ;
Anniversaire de la naissance de SMTC le Roi Alphonse II de France (cf. > ici, et > ici).

Bienheureux Simon de Todi - blogue

Représentation contemporaine du Bienheureux Simon de Todi

       L’extraordinaire fécondité spirituelle du grand Saint Augustin, se vérifie tout particulièrement par les innombrables fruits de sainteté qui se sont développés dans les familles religieuses vivant sous la Règle qu’il a laissée, magnifique héritage de l’expérience spirituelle vécue par le célèbre converti – et par ses proches – dès avant son baptême, le 24 avril 387 (cf. ce que nous en avons écrit > ici).
En France, l’Ordre des Ermites de Saint Augustin, dont les couvents étaient assez nombreux sous l’Ancien Régime, ne s’est jamais véritablement remis de la grande révolution, si bien que (hélas !), la grande majorité des catholiques français de cette première moitié du XXIème siècle, même dans les milieux fervents et instruits, ne sait pas grand chose de cet Ordre, qui subsiste pourtant heureusement en bien d’autres pays, ni des grands saints qu’il a donné à la Sainte Eglise.

blason ermites de Saint Augustin

   Le Bienheureux Simon de Todi est l’une de ces magnifiques figures de sainteté, dont le jour de la fête nous fournit l’occasion de faire une brève présentation.
Simon Rinalducci est né à Todi (province de Pérouse, en Ombrie), aux alentours de 1260. On ne sait pratiquement rien de son enfance et de son adolescence.
Vers 1280 il entra dans l’Ordre des Ermites de Saint Augustins, chez lesquels il fit ses études et fut ordonné prêtre : dès lors il est connu comme un théologien brillant et un excellent prédicateur. Il exerce la fonction de lecteur (terme par lequel on désigne alors, dans certains ordres religieux, celui qui donne les leçons de théologie) dans plusieurs couvents, puis il est désigné comme prieur de monastère, et enfin nommé prieur provincial d’Ombrie, ce qui l’amène donc à visiter les monastères de l’Ordre et à prendre les décisions pour que la discipline et la ferveur y soient non seulement observées, mais qu’elles y croissent en intensité et profondeur.

   Or nous savons bien que, même dans les milieux religieux – où l’on est supposé rechercher avec ardeur la perfection morale, tendre loyalement  à la sainteté et vivre plus qu’ailleurs dans la charité fraternelle -, le démon s’efforce d’introduire des éléments de dissension et de trouble.
Les responsabilités confiées au Frère Simon de Todi dans le gouvernement de l’Ordre, et les exigences de son gouvernement suscitèrent fatalement des jalousies et des mécontentements chez certains religieux moins fervents…
C’est ainsi qu’à l’occasion du chapitre général de Rimini, en 1318, plusieurs religieux calomnièrent le Père Simon, qui n’avait pu venir à ce chapitre : les supérieurs reçurent ces accusations (dont la teneur n’a pas été conservée par l’histoire) comme des faits avérés, sans chercher à les vérifier ni à les approfondir : ces accusations eurent évidemment des conséquences, tant pour la réputation que pour l’apostolat du Bienheureux qui fut relevé de ses fonctions et éloigné d’Ombrie, mais refusa toujours de se justifier, comme l’y exhortaient certains bons religieux qui savaient que tout cela n’était que le produit de la jalousie et de la méchanceté. Il ne se plaignit pas non plus, acceptant l’épreuve avec sérénité et esprit surnaturel, disant que Notre-Seigneur avait souffert bien davantage et de bien plus cruelle manière.

   Il fut alors envoyé à Bologne, où il exerça avec brio son ministère de prédication, convertissant et ramenant dans le bercail de la Sainte Eglise un très grand nombre de brebis égarées.
Il s’y montra aussi un exemple d’humilité et d’obéissance, malgré l’évidente injustice qui le frappait. Sa patience et son abnégation touchèrent au plus profond un très grand nombre d’âmes, et Dieu lui accorda des faveurs surnaturelles signalées, parmi lesquelles le don d’accomplir plusieurs miracles.
Les évêques se réjouissaient des heureux fruits de la prédication du 
Père Simon de Todi dans leurs diocèses, ce qui accrut le rayonnement de l’Ordre et favorisa des fondations de monastères.

   Le Bienheureux Simon de Todi rendit son âme à Dieu à Bologne le 20 avril 1322, dans le couvent Saint Jacques le Majeur où sa tombe devint rapidement un lieu de pèlerinage et de miracles : selon le témoignage du Bienheureux Jourdain de Saxe, il avait prophétisé le jour de sa mort.
Durant les trois années qui suivirent son trépas, trois notaires différents recensèrent cent-trente-six miracles obtenus sur sa tombe.
Son culte fut confirmé le 19 mars 1833 par le pape Grégoire XVI, et la basilique Saint Jacques le Majeur de Bologne, encore aujourd’hui desservie par les Augustins, conserve toujours ses restes vénérés.

Basilique Saint Jacques le Majeur à Bologne - intérieur

Bologne : intérieur de la basilique Saint Jacques le Majeur

       Malheureusement, et on ne peut pas y penser sans une très grande peine, le huitième commandement de Dieu, qui interdit le mensonge, les atteintes à la réputation et à l’honneur d’autrui (par la médisance, la diffamation, la calomnie, les jugements téméraires, les propos insidieux et les ragots), le faux témoignage et le parjure, est l’un de ceux qui est le plus malmené et sur lequel les fidèles semblent le moins sensibilisé de nos jours : à l’intérieur même du clergé – de la même façon que cela s’est passé jadis pour le Bienheureux Simon de Todi, ainsi que cela a été raconté ci-dessus – on peut fréquemment constater des fautes multiples contre ce commandement de Dieu, soit par frivolité soit par jalousie et méchanceté.
Il n’est même pas rare que des supérieurs ecclésiastiques, voire des organes de communication officiels de diocèses, donnent ce mauvais exemple et se fassent les colporteurs de telles graves injustices.

frise

Il semble donc important de rappeler (la répétition n’est-elle pas la mère de la pédagogie ?) en ce jour l’enseignement pérenne de l’église sur le huitième commandement et les fautes que l’on commet contre lui. A cette fin, nous recopions ci-dessous le passage du Catéchisme de Saint Pie X qui le concerne :

Extrait du catéchisme de Saint Pie X : Le huitième commandement.

   Question : Que nous défend le huitième commandement : « Tu ne diras pas de faux témoignage » ?
Réponse : Le huitième commandement : Tu ne diras pas de faux témoignage, nous défend de déposer faussement en justice. Il nous défend encore la diffamation ou médisance, la calomnie, la flatterie, le jugement et le soupçon téméraires et toute sorte de mensonge.

   Q. : Qu’est-ce que la diffamation ou médisance ?
R. : La diffamation ou médisance est un péché qui consiste à manifester sans un juste motif les péchés et les défauts d’autrui.

   Q. : Qu’est-ce que la calomnie ?
R. : La calomnie est un péché qui consiste à attribuer méchamment au prochain des fautes et des défauts qu’il n’a pas.

   Q. : Qu’est-ce que la flatterie ?
R. : La flatterie est un péché qui consiste à tromper quelqu’un en disant faussement du bien de lui ou d’un autre, dans le but d’en retirer quelque avantage.

   Q. : Qu’est-ce que le jugement ou soupçon téméraire ?
R. : Le jugement ou le soupçon téméraire est un péché qui consiste à mal juger ou à soupçonner de mal le prochain sans un juste motif.

   Q. : Qu’est-ce que le mensonge ?
R. : Le mensonge est un péché qui consiste à affirmer comme vrai ou comme faux, par des paroles ou par des actes, ce qu’on ne croit pas tel.

   Q. : De combien d’espèces est le mensonge ?
R. : Le mensonge est de trois espèces : le mensonge joyeux, le mensonge officieux et le mensonge pernicieux.

   Q. : Qu’est-ce que le mensonge joyeux ?
R. : Le mensonge joyeux est celui dans lequel on ment par pure plaisanterie et sans faire tort à personne.

   Q. : Qu’est-ce que le mensonge officieux ?
R. : Le mensonge officieux est l’affirmation d’une chose fausse pour sa propre utilité ou celle d’un autre, mais sans qu’il y ait de préjudice pour personne.

   Q. : Qu’est-ce que le mensonge pernicieux ?
R. : Le mensonge pernicieux est l’affirmation d’une chose fausse qui fait tort au prochain.

   Q. : Est-il permis de mentir ?
R. : Il n’est jamais permis de mentir ni par plaisanterie, ni pour son propre avantage ni pour celui d’autrui, car c’est une chose mauvaise par elle-même.

   Q. : Quel péché est le mensonge ?
R. : Quand le mensonge est joyeux ou officieux, c’est un péché véniel ; mais s’il est pernicieux, c’est un péché mortel si le préjudice causé est grave.

   Q. : Est-il toujours nécessaire de dire tout ce qu’on pense ?
R. : Non, cela n’est pas toujours nécessaire, surtout quand celui qui vous interroge n’a pas le droit de savoir ce qu’il demande.

   Q. : Pour celui qui a péché contre le huitième commandement suffit-il qu’il s’en confesse ?
R. : Pour celui qui a péché contre le huitième commandement, il ne suffit pas qu’il s’en confesse ; il est obligé de rétracter ce qu’il a dit de calomnieux contre le prochain, et de réparer du mieux qu’il le peut les dommages qu’il lui a causés.

   Q. : Que nous ordonne le huitième commandement ?
R. : Le huitième commandement nous ordonne de dire quand il le faut la vérité, et d’interpréter en bien, autant que nous le pouvons, les actions de notre prochain.

   Puisse donc le Bienheureux Simon de Todi, fêté ce 20 avril, ancrer profondément ces divines vérités en nos âmes, nous assister pour que nous évitions comme la peste de tomber nous-mêmes en semblables fautes, et nous venir en aide pour supporter avec patience, à son exemple, les atteintes à notre réputation et à notre honneur que nous font subir les diffamateurs, médisants et calomniateurs qui ne manquent jamais de se manifester dès lors que l’on chatouille un peu leur autosuffisante médiocrité.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.       

Albrecht Dürer - la calomnie

La calomnie (gravure d’Albrecht Dürer)

2023-54. « La fête de Pâques, porteuse d’un message d’espoir contenu au cœur de la religion catholique, et qui délivre une espérance universelle, promise à tous les peuples en général et à chaque homme en particulier. »

Saint Jour de Pâques de l’an de grâce 2023.

Trois lys blancs

       Dans une tribune libre, publiée dans l’hebdomadaire « Marianne » paru à la date du Vendredi Saint 7 avril 2023 (source > ici), Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou, de jure Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XX, analyse les différentes crises, diplomatique et sociale, qui touchent l’Hexagone. Pour Sa Majesté, la France a besoin d’un renouveau social et moral. Nous ne pouvons que nous réjouir de voir que, depuis plusieurs mois déjà, des revues, qui – dans leurs principes fondateurs et leurs orientations politiques – ne sont pas, loin s’en faut, des organes de presse monarchistes, donnent la parole à notre Souverain légitime, lui donnant ainsi une audience nationale qui dépasse largement celui des publications légitimistes. Dans la joie et la lumière du Seigneur Ressuscité, méditons et approfondissons les paroles sages et fortes de Sa Majesté.

Monseigneur le Prince Louis de Bourbon duc d'Anjou

Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou,
de jure Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XX

   Le printemps s’ouvre sur la fête de Pâques, porteuse d’un message d’espoir contenu au cœur de la religion catholique, et qui délivre une espérance universelle, promise à tous les peuples en général et à chaque homme en particulier. Elle nous pousse à croire qu’après chaque crépuscule, après chaque nuit, si longue et pénible soit-elle, une aube revient, plus éclatante à chaque fois. Croyant ou non, n’avons-nous tous pas besoin d’un tel message, d’un tel espoir dans des temps qui peuvent nous apparaître bien difficiles ?

   Néanmoins, l’espérance ne naît pas de nulle part. Il faut des forces vives, des actions authentiques et de véritables réalisations pour la susciter et lui donner sa force. Ainsi, notre chère France peut retrouver la force qu’elle semble avoir perdue seulement si des hommes et des femmes sont résolus à agir et à adopter des comportements moraux authentiques mus par la recherche du bien commun et de la justice. La crise sociale et les revers diplomatiques que la France essuie manifestent les difficultés du pouvoir à y parvenir. N’est-il pas temps de renouer avec un système capable de les guider sur cette voie ô combien nécessaire ?

Surmonter la crise

   Héritier d’une tradition millénaire, je sais au plus profond de moi qu’il n’y a pas de crise, pas de situation politique que la France n’ait su surmonter. Et une fois encore, je suis convaincu qu’existent des solutions pour bâtir l’avenir de notre pays dès lors qu’il n’est pas guidé par l’idéologie, mais abordé en termes de réalités, celles des hommes et du sol, et dans cette recherche du bien commun.

   Sur le plan international, alors que la guerre s’étend des portes de l’Europe à de multiples territoires, il devient chaque jour plus nécessaire que la France s’impose à nouveau en puissance médiatrice, capable de faire revenir une paix à laquelle nous aspirons tous. Cette paix à construire ne doit pas être seulement une cessation des opérations militaires, mais également une véritable entreprise de justice et de vérité, fondée sur les leçons du passé ainsi que sur la volonté profonde de bâtir un avenir pacifique. Plus que tout autre continent, l’Europe sait à quel point des paix qui s’écartent de ces principes ne sont que des cendres sous lesquelles couvent des braises ardentes promptes à se rallumer.

   Or, il est du devoir de notre pays d’être cette puissance diplomatique influente, capable d’apporter la paix là où les évènements l’imposent. Cela est aussi essentiel à la France qu’aux autres nations du monde. Sur le plan social, le dialogue basé sur un réel désir d’écoute et de compréhension, semble plus que jamais être la solution la plus constructive face aux démonstrations d’autoritarisme qui développent des rancœurs et cristallisent les antagonismes. Et il ne me semble pas vain de répéter que les gouvernants ne doivent jamais perdre de vue le bien de leurs peuples. Ces derniers ne sont ni à ignorer, ni à brusquer mais à écouter et à comprendre. Aucune pression, si puissante soit-elle, ne doit surseoir à ce principe. Et pourtant, cette fameuse réforme des retraites apparaît comme étant plus motivée par des logiques comptables que par un réel souci du bien commun.

Besoin d’une politique sociale

   Une fois de plus, la monarchie se révèle être, en creux, d’une modernité criante face aux problèmes actuels. De fait, le roi n’est l’homme d’aucun parti, d’aucun lobby, notamment financier, puisqu’il ne doit son trône à personne si ce n’est à sa naissance et à la providence. Cette autorité conférée qui échappe aux trafics des hommes, est la garantie d’une politique complètement indépendante, tournée vers le seul bien des peuples et du pays. Grâce à ce principe, la monarchie a toujours tenté d’apporter les remèdes aux maux sociaux qui rongeaient notre pays à différentes époques, du Livre des Métiers de Saint Louis aux préoccupations sociales de Charles X pour la classe ouvrière en formation. Et même en exil, les aînés de la maison de Bourbon ont eu soin d’être attentifs à la question sociale en France. Mon ancêtre, le Comte de Chambord (1820-1883) avait, ainsi, plus que bien des hommes politiques de son temps, senti la nécessité de protéger le peuple français des dangers de la société matérialiste et libérale qui se mettait en place.

   En 2018, j’avais déjà soutenu la profonde détresse du peuple français exprimée dans le mouvement social d’alors devant lequel le pouvoir est demeuré aveugle, cherchant des règlements uniquement matériels alors que les Français attendaient également de la considération. Aujourd’hui, je réitère ma profonde solidarité avec ceux qui souffrent, qui se sentent abandonnés et négligés. La violence à l’œuvre est évidemment à condamner, mais n’est-elle pas la manifestation profonde d’un dysfonctionnement majeur des institutions démocratiques qui auraient dû permettre de canaliser une violence symbolique sans laisser libre place aux voyous qui ne sont là que pour semer le chaos ?

   La France a, par le passé, séduit bien des fois les autres pays en matière de politique sociale. Durant la deuxième moitié du XXe siècle, elle était d’ailleurs devenue une référence, tant son système social démontrait son efficacité en matière de soins, de prévoyance et d’assistance. J’ose même dire que la politique sociale française fait désormais partie des emblèmes et des fiertés de notre pays et qu’elle est constitutive de son identité contemporaine. Il ne faut donc pas laisser dépérir cet héritage. À nouveau, les Français ont besoin d’une politique sociale pour le XXIe siècle, basée sur le long terme et sur les réalités de notre époque, et non de mesures vexatoires et expéditives. Tout est une question de volonté partagée.

Puiser dans l’histoire

   Les troubles autour de la réforme des retraites ne sont sûrement qu’un prétexte à une protestation d’une portée plus générale de nos compatriotes qui souffrent de vivre dans un système qui n’est plus adapté aux conditions économiques et sociales du siècle qui s’ouvre. Il est un devoir impérieux d’assurer à tous les Français qui travaillent les conditions nécessaires d’une subsistance digne qui prend en compte les nouvelles réalités qui s’écrivent tant en termes de mondialisation des échanges que d’innovations technologiques qui en sont encore à leurs balbutiements, et que de transformation dans le rapport au travail. Il s’agit seulement ici d’une œuvre de justice qu’un État doit à son peuple.

   Il est temps que la France retrouve, en puisant dans le meilleur des racines de son histoire, la volonté d’agir pour construire un avenir qui lui soit à la fois plus favorable au plan social comme à l’échelle internationale. C’est à ces conditions que la France contribuera à nouveau à façonner les destinées du monde. Que la fête de Pâques soit l’occasion de redonner l’espérance que je désire ardemment voir animer le cœur de chaque Français.

Louis

grandes armes de France

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