Archive pour la catégorie 'Commentaires d’actualité & humeurs'

2022-39. Consécration au Cœur immaculé de Notre-Dame pour ce 25 mars 2022.

Jeudi 24 mars 2022,
Fête de Saint Gabriel, archange (cf. > ici) ;
Mémoire de Saint Siméon de Trente, enfant martyr.

Notre-Dame de Fatima

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

Cent-cinq ans après les apparitions de Notre-Dame à Fatima (1917-2022), et après moultes guerres et catastrophes, François, actuel occupant officiel du trône pontifical, vient d’annoncer qu’il consacrera solennellement la Russie et l’Ukraine au Cœur Immaculé de Marie, demain vendredi 25 mars. On trouve le texte qu’il prononcera > ici.
Il a appelé tous les évêques à s’unir à lui ; les prêtres et les fidèles sont eux aussi fortement incités à s’associer à cet acte. Voilà pourquoi je vous invite à vous y unir vous aussi par la prière, par exemple par la récitation d’un chapelet, et autant que possible en groupe, suivi par la récitation d’un acte de consécration en union avec toute l’Eglise.
Ce peut être, ce vendredi 25 mars en même temps que la cérémonie pénitentielle qui sera célébrée à partir de 17 h dans la basilique vaticane (François récitant l’acte de consécration à 18 h 30 en simultané avec son aumônier au sanctuaire de Fatima), ou bien – si vous n’êtes pas disponible en fin d’après-midi – à un autre moment de la journée (à la fin de la Messe si vous avez la possibilité d’y assister, ou en conclusion du Chemin de Croix…) ; de préférence dans une église ou une chapelle, ou encore dans l’oratoire familial.

Nous avons tous conscience de l’importance et de l’actualité du message de Fatima pour obtenir la conversion de la Russie et des pécheurs, ainsi que la paix pour l’Église et le monde. L’acte décidé par François pour demain est attendu par le peuple chrétien fidèle depuis près d’un siècle.

Malheureusement, il manque à cet acte de consécration des éléments expressément demandés par la Très Sainte Vierge ; profitons toutefois d’un événement si exceptionnel pour nous y associer, quitte à le compléter par la formule que le Prévôt du Chapitre de Saint Remi a adaptée avec M. Yves de Lassus, spécialiste des apparitions de Fatima, et en lien avec le R.P. Jean-François Thomas, sj, prieur de la Confrérie Royale, qui la soutient et l’encourage parfaitement : explications et formule  ici
Rien n’empêche, si vous organisez une réunion de prières, de prononcer les deux actes, l’un au début, l’autre à la fin. Voici le lien des deux textes de consécrations > iciIl vous suffit de cliquer sur ce lien et d’imprimer le pdf qui s’ouvre.

En ce moment si solennel pour l’Église et pour le monde, en cette fête où « le Verbe S’est fait chair » (Verbum caro factum est) dans le sein très pur de Notre-Dame Immaculée, nous vous souhaitons une très sainte fête de l’Annonciation et Incarnation du Seigneur, sous la protection de l’Archange Saint Michel, de son collègue Saint Gabriel (célébré aujourd’hui 24 mars), de Saint Joseph (le mois de mars lui est consacré) et du Bon Larron Saint Dismas (fêté le 25 mars).

 Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, miserere nobis et dona nobis pacem !

Bonne, fervente et sainte fête de l’Annonciation de Notre-Dame.

Coeur douloureux et immaculé de Marie

2022-36. L’engagement d’ecclésiastiques pour la royauté chrétienne est-il donc si incongru et si difficile à comprendre ?

Saint Bernard prêche la croisade - Vézelay 31 mars 1146 - Emile Signol

Saint Bernard de Clairvaux prêchant la croisade à Vézelay le Saint Jour de Pâques 31 mars 1146
en présence du Roi Louis VII et de la Reine Aliénor
Tableau d’Emile Signol (1804-1892)

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Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

   A plusieurs reprises, des prêtres ou des religieux, avec lesquels j’ai des relations sinon cordiales du moins bienveillamment urbaines, m’ont exprimé des réserves ou des remarques teintées de reproche au sujet de mes engagements et de mon militantisme légitimistes. Souvent, alors qu’eux-mêmes au for interne ont des sympathies royalistes, ils se faisaient les échos polis de critiques entendues. En définitive, à les entendre, un ecclésiastique se devant « être tout à tous », selon l’expression de Saint Paul (cf. 1 Cor. IX, 22), ne pourrait pas être connu pour ses « opinions politiques » : « Mon Frère, vos convictions très tranchées et, à l’occasion, votre prosélytisme – par vos écrits, par vos conférences et par beaucoup de vos actions – peuvent avoir quelque chose de carrément choquant pour nombre de personnes, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Eglise catholique. Celle-ci reconnaît désormais la république et a tourné la page de la royauté, avec laquelle elle a été jadis très (trop) liée. Léon XIII a prôné le « ralliement » : la sagesse de notre Eglise et de nos chefs spirituels nous demande de nous soumettre à cette attitude pragmatique, quelque légitimes que puissent par ailleurs être votre sensibilité et vos aspirations… »
En ces quelques phrases, j’ai résumé ce que j’ai entendu en d’assez nombreuses occasions.

Convaincu de ne pas être le seul à avoir dû faire face à de semblables objections, j’en parle aujourd’hui à seule fin de permettre à ceux auxquels on a fait le même genre de remarques de connaître les réponses que j’y donne : les fidèles laïcs eux-mêmes, me semble-t-il, y trouveront d’ailleurs aussi des arguments expliquant leur conduite, ou leur permettant de défendre les ecclésiastiques légitimistes qu’ils connaissent et dont, en leur présence, on critiquerait la conduite. 

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1) Nul ne trouve inconvenant ou déplacé qu’un prêtre ou un religieux parle de morale et rappelle les principes de celle-ci.
Or la morale n’est pas seulement une affaire individuelle : l’homme étant « un animal social et politique », la morale a nécessairement une dimension politique. La morale naturelle (accessible par la raison seule), qui étudie les comportements humains dans leur recherche du bonheur, a pour fondement la quête du bien commun. La morale personnelle et la morale familiale sont ordonnées à la politique.
Dans leur mission d’enseigner et de guider les âmes, les ecclésiastiques ont donc un vrai devoir d’éducation politique, non seulement en faisant connaître et en expliquant les préceptes de la morale surnaturelle (celle que Dieu a fait connaître par la Révélation), mais aussi en transmettant les fondements de la morale naturelle : en saine théologie, le surnaturel, comme l’indique son nom, vient se greffer sur l’ordre naturel qu’il complète et transcende. Si les fondements naturels font défaut, l’édifice surnaturel sera fragile et bancal.
« Vouloir tirer une ligne de séparation entre la religion et la vie, entre le surnaturel et le naturel, entre l’Église et le monde comme si l’un n’avait rien à faire avec l’autre, comme si les droits de Dieu ne s’appliquaient pas à toute la réalité multiforme de la vie quotidienne, humaine et sociale, est parfaitement contraire à la pensée chrétienne, et c’est nettement antichrétien », enseignait le Vénérable Pie XII (22 janvier 1947), et l’on pourrait multiplier les citations du Magistère authentique déclinant cette affirmation et ses conséquences.
Il n’y a donc rien d’inconvenant, tout au contraire, à ce que les prêtres et les religieux soient actifs et zélés pour rappeler et enseigner les bases et les règles d’une politique sainement ordonnée à la fin naturelle et surnaturelle de l’homme.
Comme le disait le Pape Saint Pie X : « Nous ne nous cachons pas que nous choquerons quelques personnes en disant que nous nous occupons de politique. Mais… le Souverain Pontife, investi par Dieu d’un magistère suprême, n’a pas le droit d’arracher les affaires politiques du domaine de la foi et des mœurs » (allocution Primum vos, du 9 novembre 1903). Cela est vrai aussi, en conséquence, des ecclésiastiques qui veulent être fidèles au mandat divin de l’Eglise catholique.

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2) « Mais, me direz-vous, cela ne signifie pas qu’il faille prôner un modèle politique particulier, en l’occurrence celui de la monarchie traditionnelle de droit divin, ainsi que vous le faites ! »
« Non, il faut le rappeler énergiquement dans ces temps d’anarchie sociale et intellectuelle, où chacun se pose en docteur et en législateur, on ne bâtira pas la cité autrement que Dieu ne l’a bâtie ; on n’édifiera pas la société, si l’Église n’en jette les bases et ne dirige les travaux ; non, la civilisation n’est plus à inventer ni la cité nouvelle à bâtir dans les nuées. Elle a été, elle est ; c’est la civilisation chrétienne, c’est la cité catholique. Il ne s’agit que de l’instaurer et de la restaurer sans cesse sur ses fondements naturels et divins contre les attaques toujours renaissantes de l’utopie malsaine, de la révolte et l’impiété : omnia instaurare in Christo » (Saint Pie X, lettre « Notre charge apostolique », du 25 août 1910).
Or en France la civilisation chrétienne a été fondée et s’est développée sur l’alliance établie dans les fonts baptismaux de Reims au baptême de Clovis.
Véritablement, l’établissement de la royauté chrétienne en France a été voulu et suscité par la divine Providence, et l’ordre social chrétien s’est épanoui sous une monarchie qui est arrivée à sa plénitude avec les Capétiens.
Tout ce qui est arrivé ensuite, avec et à partir de la révolution, n’a été fait qu’en opposition avec l’alliance de Reims, en opposition avec l’ordre social chrétien.
Certes, toutes les institutions terrestres et toutes les sociétés ont leurs imperfections, et leurs dirigeants ne sont pas toujours exemplaires en tout (même dans l’Eglise). Cependant ce ne sont pas les imperfections de l’Ancien Régime que les révolutions de 1789 et de 1830 ont combattu, mais tout au contraire elles ont abattu et combattu jusqu’en ses fondations ce qui rapprochait le plus sa société de la perfection morale naturelle et surnaturelle à laquelle elle tendait, malgré les imperfections des hommes.
Ainsi que l’écrit encore Saint Pie X : « Qu’ils soient persuadés que la question sociale et la science sociale ne sont pas nées d’hier ; que de tous temps l’Église et l’État, heureusement concertés, ont suscité dans ce but des organisations fécondes ; que l’Église, qui n’a jamais trahi le bonheur du peuple par des alliances compromettantes, n’a pas à se dégager du passé et qu’il lui suffit de reprendre, avec le concours des vrais ouvriers de la restauration sociale, les organismes brisés par la Révolution et de les adapter, dans le même esprit chrétien qui les a inspirés, au nouveau milieu créé par l’évolution matérielle de la société contemporaine : car les vrais amis du peuple ne sont ni révolutionnaires, ni novateurs, mais traditionnalistes » (lettre « Notre charge apostolique », du 25 août 1910). 

Blogue vœux 2022 14

3) Ayant la conviction profonde, selon l’enseignement des Saintes Ecritures (cf. Jac. I, 17), que lorsque Dieu veut et établit quelque chose Il le fait selon des desseins immuables, nous avons la certitude qu’Il ne change pas – par caprice ou par simple amour de la variété – Ses plans sur les nations et les peuples, qui, ainsi que le rappelait le futur Pie XII le 13 juillet 1937 dans la chaire de Notre-Dame de Paris : « (…) les peuples, comme les individus, ont aussi leur vocation providentielle ; comme les individus, ils sont prospères ou misérables, ils rayonnent ou demeurent obscurément stériles, selon qu’ils sont dociles ou rebelles à leur vocation » (Discours sur la vocation de la France – voir > ici).
Il n’est absolument pas possible de voir dans la révolution de 1789 et dans toutes ses conséquences (dont fait partie l’avènement d’une république laïciste dirigée – quels que soient les partis au pouvoir et la couleur des gouvernements qui se succèdent – par la franc-maçonnerie) une correspondance et une continuité avec les plans de Dieu sur la France tels qu’ils ont été manifestés depuis le baptême de Clovis, et à travers la « gesta Dei per Francos ».
La légitimité d’un régime ne lui est pas conférée par le fait qu’il dure depuis quelque deux siècles : elle lui est donnée par sa conformité à l’ordre moral naturel et surnaturel, et par les circonstances historiques à travers lesquelles Dieu a clairement manifesté Ses volontés.
En France, la république est le fait d’une usurpation qui perdure et qui s’aggrave avec les années : elle est illégitime ! Ses principes sont blasphématoires et impies ; ses fondations sont la révolte contre Dieu et Ses desseins ; ses fruits sont une cascade de sacrilèges et d’abominations, de lois injustes et de pratiques immorales.
Il faut une dose impressionnante d’incohérence et de confusion pour prétendre à une continuité entre le baptême de Clovis, la haute stature de Saint Charlemagne, la politique de Hugues Capet et de ses successeurs, le rayonnement universel de Saint Louis, l’épopée de Sainte Jeanne d’Arc, l’action réconciliatrice d’Henri IV et l’apogée de civilisation atteinte sous l’impulsion de Louis XIV d’une part, et les prétendus « immortels principes de 89″, la boursouflure napoléonienne, l’engrenage de désordres et d’injustices semés par la France républicaine dans le monde entier au cours des XIXe et XXe siècles, et encore en ce début de XXIe siècle !

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4) « Mais le régime républicain est un fait, et nous sommes bien obligés d’en tenir compte et d’agir avec… »
Oui, c’est un fait ! Mais un fait comparable à celui du péché…
Lorsqu’un prêtre reçoit au confessional des pénitents qui viennent égrener la liste de leurs manquements aux commandements de Dieu et de l’Eglise, et leurs fautes contre les vertus, il ne part pas du principe que, les faits étant là, le pragmatisme lui impose de les accepter tels quels et de ne rien tenter pour que cela change. Au contraire, avec l’absolution qu’il donne (si les dispositions du pénitent lui permettent de la recevoir), il prodigue conseils et recommandations pratiques pour que ce pécheur sorte des voies du péché, n’y retombe pas, en fuie les occasions, et fasse des progrès dans la vertu… etc.
Par ailleurs, prêtres et religieux ont une grave obligation morale, par leur vie et leurs enseignements, à travailler à la conversion des pécheurs, des impies, des hérétiques et des païens. Cette obligation incombe également à tous les fidèles, en conformité avec leur état de vie et leur situation individuelle.
Ces choses-là tombent sous le sens pour tous ceux qui veulent obéir à l’ordre donné par Notre-Seigneur Jésus-Christ avant de quitter cette terre : « Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à garder tout ce que Je vous ai commandé… » (Matth. XXVIII, 19). Notez au passage que Notre-Seigneur ne parle pas d’individus dans leur sphère privée, mais bien de nations.
Il ne saurait donc en être autrement avec les sociétés malades et pécheresses qu’avec les pauvres pécheurs : il faut travailler à leur conversion, il faut œuvrer pour les amener à Dieu, il faut se livrer avec zèle et générosité à leur conformité avec l’ordre social chrétien et à la fidélité à leur vocation particulière.
Nul ne reproche à un ecclésiastique de ne pas « être tout à tous » lorsqu’il combat le péché. Alors pourquoi faudrait-il le lui reprocher lorsqu’il s’oppose au péché et à l’apostasie des nations, et qu’il œuvre pour les ramener à leur vocation ?
La république, qui, en France, se manifeste comme un régime d’impiété et de révolte contre les lois naturelles et contre les préceptes de Dieu, doit être non pas reçue et acceptée comme une « institution légitime », mais combattue ainsi que l’on doit combattre toute structure de péché. La seule manière dont nous devons en « tenir compte » et « agir avec » est celle du prêtre qui montre les voies de la pénitence et du retour à l’ordre juste et légitime, celle du missionnaire qui dénonce haut et fort le péché et enseigne l’obéissance aux préceptes divins, celle de l’apôtre qui convertit pour amener à la conformité à la vocation naturelle et surnaturelle des peuples comme des individus.

L’engagement d’ecclésiastiques, prêtres et religieux, en faveur de la royauté chrétienne n’a donc, en vérité et toute saine logique, rien de si incongru et de si difficile à comprendre.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.

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Pour approfondir :
- Discours du Cardinal Eugenio Pacelli sur la vocation de la France > ici
- Réflexions sur les conditions d’une authentique et solide restauration royale > ici
- « Dieu Lui-même est légitimiste » > ici
- « Du Royaume occupé » > ici

- « Etre offert pour la victoire » (abbé Christian-Philippe Chanut) > ici
- « Notre résolution : la contre-révolution » > ici
- « La république en France n’est pas autre chose que la révolution institutionnalisée » > ici
- Actualité du Comte de Chambord > ici

Ingres : le voeu de Louis XIII

Jean-Dominique Ingres : Le vœu de Louis XIII
(cathédrale de Montauban)

2022-33. On ne peut en aucun cas considérer le péché comme une norme de vie, comme une simple variation du comportement humain.

Samedi 12 mars 2022,
Fête de Saint Grégoire le Grand (cf. > ici) ;
Fête et millénaire de Saint Syméon le Nouveau Théologien (cf. > ici et > ici) ;
Samedi des Quatre-Temps de printemps.

Patriarche Cyrille de Moscou

Sa Sainteté le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie

Bien chers Amis,

Dimanche dernier, 6 mars 2022, à l’occasion du « dimanche du pardon » (dimanche qui précède l’entrée en carême dans la liturgie byzantine), Sa Sainteté le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a célébré la Divine Liturgie dans la cathédrale du Christ Sauveur à Moscou. A la fin du service divin, le Primat de l’Eglise orthodoxe russe a prononcé un sermon dont nous vous retranscrivons ci-dessous l’intégralité, dans une traduction en français que j’espère ne pas être trop fautive.

Il me paraît important de la porter à votre connaissance pour plusieurs raisons :
1) d’abord parce qu’il en a été publié plusieurs commentaires qui ne donnaient que quelques citations extraites de leur contexte et réinterprétées selon le prisme des journalistes occidentaux, dont on connaît l’impartialité et l’objectivité…
2) ensuite parce qu’il faut rétablir la vérité et qu’il ne s’agit pas, comme l’ont écrit certains, d’un soutien inconditionnel à la politique de Monsieur Vladimir Poutine transformant sans discernement toutes les actions militaires russes en « guerre sainte » ;
3) enfin, je ne crains pas de l’écrire en toutes lettres quelles que soient les conséquences que je doive en subir, parce que je souscris entièrement aux propos du Patriarche Cyrille qui nous livre ici une lecture métaphysique des événements actuels.

Le péché contre-nature – ce péché dont Saint Paul écrit qu’il ne faut même pas le nommer et qu’il n’évoque lui-même qu’en termes pudiques mais suggestifs (cf. 1 Cor. VI, 9-10) – crie vengeance vers le Ciel et en exclut ceux qui le commettent du Royaume des Cieux. Or la société anti-chrétienne veut aujourd’hui en faire une norme et en favoriser les pratiques, les banaliser, et amener à les faire considérer comme égales à ce qui est inscrit dans la loi naturelle. Or c’est bien l’un des véritables buts de la « politique » de l’Union Européenne, des USA et d’une manière générale de tous les pays « libéraux » et « démocratiques ».
L’actuel occupant du trône pontifical a lui-même sur ce sujet des propos et comportements dans lesquels on est très loin de trouver l’affirmation claire et nette des principes authentiquement chrétiens et l’écho sans ambigüité des paroles de la Révélation… hélas !

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.

PS : Nous mettons en caractères gras certaines des affirmations du Patriarche Cyrille en raison de leur importance.

Le Patriarche Cyrille de Moscou

nika

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

A vous tous, mes chers Seigneurs, Pères, Frères et Sœurs, je vous félicite de tout cœur en ce dimanche, dimanche du Pardon, dernier dimanche avant le début de la Quadragésime, le grand Carême !
De nombreux ascètes considèrent le carême comme un printemps spirituel. Il coïncide avec le printemps de la vie physique et est en même temps considéré par la conscience de l’Église comme un printemps spirituel. Et qu’est-ce que le printemps ? Le printemps est la renaissance de la vie, le renouveau, une nouvelle force. Nous savons que c’est au printemps que la sève puissante éclate à dix, vingt, cent pieds de haut, donnant vie à l’arbre. C’est en effet un étonnant miracle de Dieu, un miracle de la vie. Le printemps est la renaissance de la vie, un certain grand symbole de la vie. Et c’est pourquoi ce n’est pas tout à fait par hasard que la principale fête de printemps est la Pâque du Seigneur, qui est aussi un signe, un gage, un symbole de la vie éternelle. Et nous croyons qu’il en est ainsi, et cela signifie que toute la foi chrétienne, que nous partageons avec vous, est la foi qui affirme la vie, qui est contre la mort, contre la destruction, qui affirme la nécessité de suivre les lois de Dieu pour vivre, pour ne pas périr dans ce monde, ni dans l’autre.

Mais nous savons que ce printemps est assombri par de graves événements liés à la détérioration de la situation politique dans le Donbass, presque le début des hostilités. Je voudrais dire quelque chose à ce sujet.
Depuis huit ans, on tente de détruire ce qui existe dans le Donbass. Et dans le Donbass, il y a un rejet, un rejet fondamental des soi-disant valeurs qui sont proposées aujourd’hui par ceux qui prétendent au pouvoir mondial.

Aujourd’hui, il existe un test de loyauté envers ce pouvoir, une sorte de laissez-passer vers ce monde « heureux », un monde de consommation excessive, un monde de « liberté » apparente. Savez-vous ce qu’est ce test ? Le test est très simple et en même temps terrifiant : il s’agit d’une parade de la gay pride. La demande de nombreux pays d’organiser une gay pride est un test de loyauté envers ce monde très puissant ; et nous savons que si des personnes ou des pays rejettent ces demandes, ils ne font pas partie de ce monde, ils en deviennent des étrangers.
Mais nous savons ce qu’est ce péché, qui est promu par les soi-disant « marches de la fierté » (gay pride). C’est un péché qui est condamné par la Parole de Dieu – tant l’Ancien que le Nouveau Testament. Et Dieu, en condamnant le péché, ne condamne pas le pécheur. Il l’appelle seulement à la repentance, mais ne fait en aucun cas du péché une norme de vie, une variation du comportement humain – respectée et tolérée – par l’homme pécheur et son comportement.

Si l’humanité accepte que le péché n’est pas une violation de la loi de Dieu, si l’humanité accepte que le péché est une variation du comportement humain, alors la civilisation humaine s’arrêtera là. Et les gay pride sont censées démontrer que le péché est une variante du comportement humain. C’est pourquoi, pour entrer dans le club de ces pays, il faut organiser une gay pride. Pas pour faire une déclaration politique « nous sommes avec vous », pas pour signer des accords, mais pour organiser une parade de la gay pride. Nous savons comment les gens résistent à ces demandes et comment cette résistance est réprimée par la force. Il s’agit donc d’imposer par la force le péché qui est condamné par la loi de Dieu, c’est-à-dire d’imposer par la force aux gens la négation de Dieu et de sa vérité.
Par conséquent, ce qui se passe aujourd’hui dans la sphère des relations internationales ne relève pas uniquement de la politique. Il s’agit de quelque chose d’autre et de bien plus important que la politique. Il s’agit du Salut de l’homme, de la place qu’il occupera à droite ou à gauche de Dieu le Sauveur, qui vient dans le monde en tant que Juge et Créateur de la création. Beaucoup aujourd’hui, par faiblesse, par bêtise, par ignorance, et le plus souvent parce qu’ils ne veulent pas résister, vont là, du côté gauche.
Et tout ce qui a trait à la justification du péché condamné dans la Bible est aujourd’hui le test de notre fidélité au Seigneur, de notre capacité à confesser la foi en notre Sauveur.

Tout ce que je dis a plus qu’une simple signification théorique et plus qu’une simple signification spirituelle. Il y a une véritable guerre autour de ce sujet aujourd’hui. Qui s’attaque aujourd’hui à l’Ukraine, où huit années de répression et d’extermination de la population du Donbass, huit années de souffrance, et le monde entier se tait – qu’est-ce que cela signifie ?

Mais nous savons que nos frères et sœurs souffrent réellement ; de plus, ils peuvent souffrir pour leur loyauté envers l’Église. Et donc, aujourd’hui, en ce dimanche du pardon, moi, d’une part, en tant que votre berger, j’appelle tout le monde à pardonner les péchés et les offenses, y compris là où il est très difficile de le faire, là où les gens se battent entre eux.
Mais le pardon sans la justice est une capitulation et une faiblesse. Le pardon doit donc s’accompagner du droit indispensable de se placer du côté de la lumière, du côté de la vérité de Dieu, du côté des commandements divins, du côté de ce qui nous révèle la lumière du Christ, sa Parole, son Évangile, ses plus grandes alliances données au genre humain.

Tout cela dit, nous sommes engagés dans une lutte qui n’a pas une signification physique mais métaphysique.
Je sais comment, malheureusement, les orthodoxes, les croyants, choisissant dans cette guerre la voie de la moindre résistance, ne réfléchissent pas à tout ce sur quoi nous réfléchissons aujourd’hui, mais suivent docilement la voie qui leur est indiquée par les pouvoirs en place.

Nous ne condamnons personne, nous n’invitons personne à monter sur la croix, nous nous disons simplement : nous serons fidèles à la parole de Dieu, nous serons fidèles à sa loi, nous serons fidèles à la loi de l’amour et de la justice, et si nous voyons des violations de cette loi, nous ne supporterons jamais ceux qui détruisent cette loi, en effaçant la ligne de démarcation entre la sainteté et le péché, et surtout ceux qui promeuvent le péché comme modèle ou comme modèle de comportement humain.

Aujourd’hui, nos frères du Donbass, les orthodoxes, souffrent sans aucun doute, et nous ne pouvons qu’être avec eux – avant tout dans la prière.
Nous devons prier pour que le Seigneur les aide à préserver leur foi orthodoxe et à ne pas succomber aux tentations.
Dans le même temps, nous devons prier pour que la paix revienne au plus vite, pour que le sang de nos frères et sœurs cesse de couler, pour que le Seigneur accorde sa grâce à la terre du Donbass, qui souffre depuis huit ans et qui porte l’empreinte douloureuse du péché et de la haine humaine.

Alors que nous entrons dans la saison du Carême, essayons de pardonner à tout le monde.
Qu’est-ce que le pardon ?
Lorsque vous demandez pardon à quelqu’un qui a enfreint la loi ou vous a fait du mal et injustement, vous ne justifiez pas son comportement mais vous cessez simplement de le haïr. Il cesse d’être votre ennemi, ce qui signifie que par votre pardon vous le livrez au jugement de Dieu. C’est la véritable signification du pardon mutuel pour nos péchés et nos erreurs.
Nous pardonnons, nous renonçons à la haine et à l’esprit de vengeance, mais nous ne pouvons pas effacer la faute humaine au ciel ; c’est pourquoi, par notre pardon, nous remettons les fautifs entre les mains de Dieu, afin que le jugement et la miséricorde de Dieu s’exercent sur eux. Pour que notre attitude chrétienne à l’égard des péchés, des torts et des offenses des hommes ne soit pas la cause de leur ruine, mais que le juste jugement de Dieu s’accomplisse sur tous, y compris sur ceux qui prennent sur eux la plus lourde responsabilité, creusant le fossé entre les frères, le remplissant de haine, de malice et de mort.

Que le Seigneur miséricordieux exécute son juste jugement sur nous tous. Et de peur qu’à la suite de ce jugement, nous nous retrouvions du côté gauche du Sauveur venu dans le monde, nous devons nous repentir de nos propres péchés.
Aborder notre vie avec une analyse très profonde et dépassionnée, se demander ce qui est bon et ce qui est mauvais, et en aucun cas se justifier en disant : « J’ai eu une dispute avec ceci ou cela, parce qu’ils avaient tort ». C’est un faux argument, c’est une mauvaise approche. Vous devez toujours demander devant Dieu : Seigneur, qu’ai-je fait de mal ? Et si Dieu nous aide à prendre conscience de notre propre iniquité, nous devons nous repentir de cette iniquité.

Aujourd’hui, à l’occasion du dimanche du Pardon, nous devons accomplir l’exploit de renoncer à nos propres péchés et injustices, l’exploit de nous remettre entre les mains de Dieu et l’acte le plus important – le pardon de ceux qui nous ont offensés.

Que le Seigneur nous aide tous à traverser les jours du Carême de telle sorte que nous puissions entrer dignement dans la joie de la Résurrection du Christ. Et prions pour que tous ceux qui combattent aujourd’hui, qui versent le sang, qui souffrent, entrent aussi dans cette joie de la Résurrection dans la paix et la tranquillité. Quelle joie y a-t-il si les uns sont dans la paix et les autres dans la puissance du mal et dans la douleur des luttes intestines ?

Que le Seigneur nous aide tous à entrer dans le chemin du Saint Carême de telle manière, et pas autrement, qu’Il puisse sauver nos âmes et favoriser la multiplication du bien dans notre monde pécheur et souvent terriblement erroné, afin que la vérité de Dieu puisse régner et diriger le genre humain.

Amen.

Sa Sainteté le Patriarche Cyrille de Moscou

nika

2022-20. « Quoniam lingua Latina est lingua Ecclesiae viva : parce que le latin est la langue vivante de l’Eglise ! »

22 février 2022,
Fête de la Chaire de Saint Pierre à Antioche (cf. > ici, > ici, > ici et encore > ici) ;
Mémoire de Sainte Marguerite de Cortone.

Ce 22 février 2022 – qui est une date palindrome : 22 02 2022 – marque le soixantième anniversaire de la signature solennelle de la Constitution Apostolique « Veterum Sapientia » par Jean XXIII (deuxième du nom).
Il y a tout juste dix ans, pour le cinquantième anniversaire, nous avions publié la traduction française de ce texte (cf. > ici), ainsi que quelques commentaires – qui n’ont rien perdu de leur pertinence et de leur actualité – auxquels je me permets de vous renvoyer (cf. > ici).
Aujourd’hui, de manière presque pratico-pratique, nous avons choisi de publier une sorte de synthèse des réponses aux questions qui nous sont parfois posées, réponses qui nous semblent faire ressortir les raisons fondamentales de l’importance du maintien de la langue latine dans la liturgie pour les Eglises de rite latin.

Missel romain traditionnel

« L’emploi de la langue latine […] est une protection efficace contre toute corruption de doctrine ».
(Pie XII, encyclique « Mediator Dei »)

Depuis que le latin, parce que ce n’est plus une langue de la vie courante des peuples et qui serait de ce fait soumise à des évolutions continues, a acquis un statut de langue « savante », son vocabulaire et ses formulations sont assez rigoureusement fixés et laissent moins de place à des interprétations hasardeuses.
La liturgie est l’une des formes les plus hautes de la foi, et donc des dogmes auxquels adhèrent fermement les catholiques.
Or les dogmes sont rigoureusement et très précisément définis : il ne peut pas y avoir de place à l’à-peu-près dans leur formulation. C’est ainsi que, malheureusement, pendant quelque cinquante années la traduction officielle en français du symbole de Nicée-Constantinople, en raison d’une mauvaise traduction, a fait professer une hérésie contraire aux définitions des premiers conciles de l’Eglise aux catholiques qui assistaient à la messe réformée en langue française (cf. > ici).
Monseigneur Gaston de Ségur a résumé ceci en ces termes : « A des dogmes immuables, il faut une langue immuable qui garantisse de toute altération la formulation même de ces dogmes. (…) Les protestants et tous les ennemis de l’Eglise catholique lui ont toujours durement reproché le latin. Ils sentent que l’immobilité de cette cuirasse défend merveilleusement de toute altération ces antiques traditions chrétiennes dont le témoignage les écrase. Ils voudraient briser la forme pour atteindre le fond. L’erreur parle volontiers une langue variable et changeante ».
C’est, à nos yeux, la première et la plus importante des raisons qui nous font maintenir fermement la langue latine pour la liturgie des rites latins. 

Peut-on parler de « langue sacrée » ?

Il est évident que lorsque les premières générations des chrétiens de Rome célébraient leur liturgie en langue latine, cette dernière n’avait pas le statut de « langue sacrée ». Mais très rapidement, alors que la langue parlée évoluait, jusqu’à arriver à former les langues modernes, la langue de la liturgie restait le latin des premiers siècles de notre ère et n’était pas atteinte par les vicissitudes du langage ordinaire. Cela n’est pas vrai seulement pour le latin mais également pour le grec dans les Eglises d’Orient qui célèbrent dans cette langue, tout comme dans les Eglises russes c’est le slavon et non le russe moderne qui est la langue liturgique. Le même phénomène existe aussi en de nombreuses religions non chrétiennes : dans le judaïsme, à l’époque de Notre-Seigneur, l’hébreu restait la langue de la liturgie alors que l’araméen l’avait supplanté dans la vie courante ; et chez les mahométans le coran est lu en arabe littéraire, différent de l’arabe moderne.
Ces langues anciennes qui perdurent dans l’action liturgique et la prière, ont ainsi acquis le statut de « langues sacrées », non par une institution divine directe, mais parce que l’homme a naturellement la compréhension que ce qui est sacré ne peut être pollué par ce qui est profane, et qu’il lui faut manifester que la prière et la liturgie sont des œuvres à part qu’il n’a pas le droit de bouleverser, qu’elles sont si importantes qu’il n’est pas convenable qu’on s’y exprime avec le langage de la rue, que la langue vulgaire est impropre à l’expression du divin et de ce qui lui permet d’entrer en communion avec lui, que le culte de Dieu ne dépend pas de l’homme mais qu’on doit le transmettre tel qu’on l’a reçu…
De la même manière que, de manière habituelle, on s’habille autrement que pour aller travailler – on s’endimanche – quand on va à l’église, il est tout aussi normal finalement que l’on utilise une autre langue que celle de la vie profane pour célébrer le culte du Très-Haut. 

Le latin est-il un obstacle à la compréhension des fidèles ?

Ici, j’ai bien envie de renverser la question : la langue vernaculaire est-elle un gage de véritable compréhension de ce qu’exprime la liturgie ?
L’expérience me prouve par une multitude d’exemples, dont j’ai été le témoin direct en plus de quatre décennies de vie religieuse, que la liturgie célébrée dans la langue de tous les jours ne donne bien souvent l’impression de la compréhension que d’une manière très superficielle et illusoire, d’autant que nous sommes dans une société où les hommes sont saturés par des flots de paroles qui leur glissent dessus : la liturgie dans la langue natale des fidèles ne vient qu’ajouter un flot supplémentaire à ceux que déversent continûment sur eux les médias et les réseaux sociaux, et encourt finalement le risque d’être perçue de la même manière qu’eux.
L’usage d’une « langue sacrée » au contraire produit nécessairement une séparation salutaire avec le domaine profane et empêche de rabaisser le culte divin au niveau humain.
Les fidèles disposent de missels ou de feuilles avec lesquelles ils ont accès au texte latin et à sa traduction dans leur propre langue : l’effort d’attention nécessaire pour suivre la liturgie favorise de fait une véritable participation des fidèles – une participation active de l’intelligence et de la volonté -, tandis que la langue vernaculaire risque, au contraire, d’encourager à la passivité voire à la paresse !
Enfin, les textes de la liturgie ne sont finalement pas très compliqués : si le néophyte est un peu perdu au début, il apprend très rapidement les prières usuelles et même s’il n’est pas capable d’en faire une traduction littéraire il en acquiert très vite une compréhension profonde du sens. Je me souviens de cette réflexion que me faisait un vieux chanoine de la cathédrale de Chartres qui avait été curé d’une paroisse rurale « avant le concile » : « Lorsque, le saint jour de Pâques, les chantres entonnaient le Haec dies, mes bons paysans de Beauce se levaient tous comme un seul homme non parce qu’ils auraient été capables de me donner une traduction mot à mot de ce qu’ils entendaient depuis des années au point qu’ils n’avaient plus besoin d’en suivre le texte dans leurs missels, mais parce que les paroles latines – même s’ils les écorchaient un peu parfois quand ils les récitaient – étaient devenues des éléments vivants de leur foi, des éléments vivants de leurs personnes, et qu’éveillaient en leurs âmes la joie profonde et inexprimable de ce Jour d’allégresse que leur Seigneur et Sauveur leur donnait dans cette fête de Pâques ! » 

Raphaël - la Messe de Bolsena - détail

Raffaello Sanzio : la messe de Bolsena (détail)
Fresque de la « chambre d’Héliodore » dans les palais apostoliques du Vatican

Une plus grande transcendance :

La Messe accomplit des mystères ineffables qu’aucun homme ne peut comprendre parfaitement.
Certes, le saint concile de Trente fait au prêtre une obligation de prêcher souvent sur la Messe et d’en expliquer les rites aux fidèles, mais malgré cela le mystère ne sera jamais épuisé. L’utilisation d’une langue sacrée, avec son caractère un peu « mystérieux », est un rappel constant de la transcendance de Dieu et de ce qu’Il a accompli dans la mort, la résurrection et la glorieuse ascension de Son Fils, commémorées et réactualisées à chaque Messe. L’emploi du latin dans la liturgie entretient le sens du mystère même chez ceux qui connaissent cette langue. Le seul fait qu’il s’agisse d’une langue spéciale, distincte de la langue natale et de la langue de la rue – une langue qui, de soi, n’est pas immédiatement comprise par tous, même si, de fait, on la comprend – suffit à donner un certain recul, qui favorise le respect.
En bref, l’utilisation d’une langue sacrée nous tire vers le haut, tandis que l’utilisation de la langue vernaculaire, au contraire, parce qu’elle donne l’impression superficielle d’une compréhension qui, en réalité, n’existe pas, conduit peu à peu à la perte de la sacralité des rites eux-mêmes. Redisons-le : les gens s’imaginent comprendre la Messe, parce qu’elle est célébrée dans leur langue natale, alors qu’en fait, la plupart du temps, avec l’usage de la langue vulgaire, ils perdent le sens de ce qu’est le saint sacrifice.
II ne s’agit évidemment pas d’édifier un mur opaque qui masquerait tout, mais, au contraire, de mieux faire apprécier les perspectives. Il faut, pour cela, maintenir une certaine distance. Pour pénétrer un peu dans le mystère de la Messe, la première condition est de reconnaître humblement qu’il s’agit, effectivement, d’un mystère, quelque chose qui nous dépasse.
 

L’expression de l’unité de l’Eglise :

Comme nous le disions au début, la foi immuable requiert, comme instrument proportionné, une langue qui soit la plus immuable possible, et puisse ainsi servir de référence. Or le latin, qui n’est plus une langue courante, ne change plus (ou presque plus). Dans une langue courante, au contraire, les mots peuvent subir assez rapidement des changements notables de signification ou de registre (ils peuvent prendre une connotation péjorative ou ridicule qu’ils n’avaient pas auparavant). L’usage d’une telle langue peut donc facilement entraîner des erreurs ou des ambiguïtés, tandis que l’usage du latin préserve à la fois la dignité et l’orthodoxie de la liturgie.
Employée dans la liturgie pendant près de deux mille ans, la langue latine en a été comme sanctifiée.
Il y a quelque chose de particulièrement réconfortant de pouvoir prier avec les mêmes mots que nos ancêtres, avec les mêmes mots que tous les saints des siècles précédents : cela nous fait éprouver d’une manière quasi charnelle et extrêmement concrète la continuité de l’Eglise à travers le temps, en unissant notre prière à celle de toutes les générations avant nous, par l’utilisation des mêmes mots et des mêmes formules, comme en faisant se rejoindre le temps et l’éternité.
Le latin ne manifeste pas seulement l’unité de l’Eglise à travers le temps, mais aussi à travers l’espace : « L’emploi de la langue latine, en usage dans une grande partie de l’Église, est un signe d’unité manifeste et éclatant (…) » (Pie XII, encyclique « Mediator Dei »). Avant le concile vaticandeux, la Messe selon le rite romain était partout célébrée de la même manière, langue et rites, et sur tous les continents les fidèles retrouvaient la même Messe qu’en leur paroisse. Aujourd’hui, cette unité est brisée : la liturgie postconciliaire en langue vulgaire, avec en outre les innombrables adaptations et fantaisies qu’elle autorise, fragmente presque jusqu’à l’infini le culte catholique, au point que celui qui y assiste dans une langue qu’il ne connaît pas a beaucoup de mal même à en repérer les parties principales !

Notre Eglise est une, sainte, catholique, et apostolique.
La langue latine contribue, à sa façon, à chacune de ces caractéristiques. Par son génie propre (langue impériale), son caractère hiératique (langue « fixée ») ; par son usage universel et supranational (elle n’est plus la langue d’aucun peuple), elle en manifeste la catholicité ; par son lien vivant avec la Rome de Saint Pierre, et avec tant de Pères et docteurs de l’Eglise qui furent à la fois l’écho des Apôtres et les artisans du latin liturgique (ils forgèrent non seulement ses oraisons, hymnes et répons, mais le latin chrétien lui-même, qui est, par beaucoup de traits, un complet renouvellement du latin classique), elle est la garante de son apostolicité ; par son emploi officiel, enfin, qui en fait la langue de référence tant du magistère que du droit canon ou de la liturgie, elle concourt efficacement à la triple unité de l’Eglise : unité de foi, unité de gouvernement et unité de culte : « En effet, dès lors qu’elle groupe en son sein toutes les nations, qu’elle est destinée à vivre jusqu’à la consommation des siècles, et qu’elle exclut totalement de son gouvernement les simples fidèles, l’Église, de par sa nature même, a besoin d’une langue universelle, définitivement fixée, qui ne soit pas une langue vulgaire » (Pie XI, lettre apostolique « Officiorum omnium », 1er août 1922).

C’est donc bien avec raison que la Constitution Apostolique « Veterum Sapientia » proclame que « le latin est la langue vivante de l’Eglise : lingua Latina est lingua Ecclesiae viva » !

Messe latine traditionnelle dans la chapelle de l'ancienne Visitation du Puy en Velay

2022-19. “Je crois plus en la Providence qu’en l’homme providentiel”.

« La Fugue » est une revue fondée et mise en œuvre par des étudiants (voir > ici) qui a publié à la mi-février les propos recueillis lors d’un entretien que leur a accordé Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, de jure Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XX.
En voici l’intégralité :

Alors que les élections présidentielles approchent et que le climat politique est de plus en plus effervescent, le Prince Louis de Bourbon a accepté de répondre à nos questions et de nous livrer la vision politique qu’il défend.
Héritier de la monarchie capétienne, le Prince incarne un projet authentique et résolument transcendant ; il offre un regard neuf sur la res publica.

Prince Louis de Bourbon

La Fugue : Quel héritage doit assumer le chef de la Maison de France au XXIe siècle ?
Louis de Bourbon : Celui des quinze siècles de l’histoire de France : c’est-à-dire de sa continuité comme nation souveraine dont l’essentiel de la destinée, près de treize siècles, a été réalisé sous le règne des différentes dynasties qui ont progressivement constitué le pays et mené à son apogée.

​​Incarnez-vous, au-delà de l’héritage culturel et historique, un véritable modèle politique? Vous qualifieriez-vous “d’homme politique” ? 
Comme héritier de La royauté française, nul ne doute que j’incarne un modèle politique. C’est pour cela que jusqu’aux années 1950, la république imposait l’exil aux chefs de Maison. Il y avait un rejet idéologique de ce modèle.
Ainsi en assumant, comme mes prédécesseurs, cette place de successeur légitime je suis un « homme politique »… Mais encore faut-il s’entendre sur le terme homme politique. En royauté l’homme politique est celui qui est au service de son pays, qui l’incarne dans la durée.  Le roi, parce qu’il était sacré, n’exerçait pas seulement une fonction de gestion des hommes et des choses, mais d’abord un service dû à ceux qu’il dirigeait. Cet aspect religieux était très important puisqu’il garantissait les dérives notamment celles menant à la tyrannie qui est l’exercice du pouvoir pour les seules fins de celui qui l’exerce. 

Qu’est-ce qui vous distingue des autres hommes politiques ? 
Ma liberté. Je ne dépends de personne ni d’aucun groupe. C’est l’hérédité qui m’a désigné c’est-à-dire quelque chose qui échappe totalement au commerce des hommes et aux combinaisons politiciennes. C’est la Providence qui fait qu’on est roi ou chef de Maison. Cela donne une légitimité qu’aucun autre pouvoir ne peut avoir. C’est cela la souveraineté. 

​Quelles sont vos différentes responsabilités à l’heure actuelle et vos engagements dans la société ? 
J’ai des responsabilités familiales, celles d’un père de famille qui avec son épouse, est soucieux d’élever ses quatre enfants en leur transmettant des valeurs afin que, devenus adultes, ils puissent eux même continuer la longue chaîne de la vie qu’incarne toute famille. Complément de ces responsabilités familiales, j’en ai d’autres qui sont professionnelles. Il me semble essentiel en effet que tout chef de famille puisse subvenir aux besoins des siens. Dans le prolongement de ces responsabilités, j’essaye d’avoir aussi des activités sociales notamment vis-à-vis des plus pauvres et j’encourage mes enfants à avoir cette attention aux autres.​
Enfin j’assume mes engagements dynastiques en participant comme successeur légitime des rois de France à de nombreuses cérémonies de tous ordres auxquelles je suis convié notamment par les différentes autorités religieuses, politiques, culturelles, économiques. Ce rôle de témoin me parait essentiel car c’est ainsi que la tradition monarchique peut s’inscrire dans la durée et rester un espoir pour demain. 

​Existe-t-il une figure dans l’Histoire de France qui vous a particulièrement aidé à incarner l’idéal monarchique ? 
La question n’a pas grand sens car les « figures » ne sont pas les mêmes selon les circonstances.
En treize siècles de royauté comment ne pas voir de multiples figures depuis Clovis qui a baptisé la dynastie et la France jusqu’à Louis XVI, le roi-martyr, en passant par Jeanne d’Arc, la patronne de la légitimité ?
Mais ceci rappelé, la figure de deux souverains demeure pour moi comme celle de deux témoins essentiels, Saint Louis et Henri IV. Le premier est le modèle par excellence des rois puisqu’il a su totalement mêler ses devoirs vis-à-vis de Dieu et vis-à-vis des hommes. Pas simple pour un « homme politique » de faire du décalogue son « programme » sans tomber dans les excès d’une théocratie… Le second, dans de toutes autres circonstances, est celui qui par son charisme a restauré l’harmonie et la paix dans le royaume ravagé par 30 ans de guerres civiles. Ce sont deux figures complémentaires… mais il y en a bien d’autres. ​

Quelle définition donneriez-vous de l’homme providentiel ?
Celui qui arrive au bon moment… Mais je crois plus en la Providence qu’en l’homme providentiel. 

​La dimension providentielle peut-elle provenir d’un engouement populaire ou est-elle nécessairement fondée sur l’autorité divine ? 
Comme le dit Saint-Paul, il n’y a pas de pouvoir qui ne vienne de Dieu. ​

Peut-on dire que les rois, en tant que personnes sacrées et tenant leur autorité de droit divin, sont, par essence, des “hommes providentiels” ? 
Ne l’ont-ils pas tous été ?​​

Dernièrement vous écriviez, évoquant la proximité des élections présidentielles : “N’est-ce pas le moment de placer la barre plus haut ? Qu’est-ce qui sera le bon et le bien pour la France et les Français de demain ? sur le long terme. Voir juste et voir loin”. Voyez-vous en la monarchie le seul régime capable de proposer une telle solution ?
Montrez-m’en d’autres ? Mais que l’on s’entende bien, je parle plus volontiers de royauté « à la française » c’est-à-dire fortement ancrée sur son territoire (le pré-carré) et le service des hommes, mais couronnée par Dieu par le sacre, que de monarchie, régime d’un seul qui peut être exercé à des fins personnelles… 

​Quelles réponses la monarchie pourrait-elle apporter aux crises multiples qui fracturent notre société ? crise sociale, économique, politique, écologique, religieuse, etc.
Avant les réponses, au pluriel et selon les conjonctures du moment, il y aurait surtout un changement d’optique. Remettre la société à l’endroit en recréant une société finalisée. Les fractures de notre société viennent de causes profondes qui sont nées d’un abandon des fondamentaux qui garantissent la vie sociale au profit de fausses idéologies délétères. Ce qui fait du mal à la société c’est l’individualisme et le relativisme. Il n’y a plus ni bien, ni vrai, ni juste. La confusion règne partout et la notion de bien commun a cédé la place à la primauté donnée aux intérêts individuels ou communautaristes.

Selon vous, de quel mal souffre le plus la France de nos jours ?  
Que ses élites aient perdu le sens du réel et de leur devoir vis-à-vis de la collectivité. 

Pour se relever, la France a-t-elle besoin d’un homme providentiel ?
Chaque Français peut contribuer à être l’homme providentiel dès lors qu’il assume ses devoirs d’état, vis-à-vis de sa famille et de son pays. Il y a une conversion de tous qui est nécessaire. Aide- toi et le Ciel t’aidera. N’inversons pas les rôles. ​

Le risque lié à l’attente de l’homme providentiel, n’est-il pas de tomber dans un attentisme stérile ?
Ni Saint Louis, ni Henri IV n’ont attendu l’homme providentiel. Ils ont mis leur énergie au service de leur royaume. 

​Que diriez-vous aux jeunes qui veulent s’engager pour le bien commun aujourd’hui ?  
N’ayez pas peur ! Allez-y.

Armes de France gif

 

2022-16. « Grâces mystiques », « visions » et « apparitions » : devons-nous les désirer ?

9 février,
Fête de Saint Cyrille d’Alexandrie, évêque et confesseur, docteur de l’Eglise (cf. > ici, et > ici) ;
Mémoire de Sainte Apolline d’Alexandrie, vierge et martyre ;
Dans l’Ordre de Saint Augustin, mémoire de la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich, vierge de notre Ordre.

   La Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich, dont nous faisons aujourd’hui mémoire, est célèbre pour avoir bénéficié de nombreuses grâces mystiques de tout premier ordre. Que l’anniversaire de sa naissance au ciel (+ 9 février 1824), nous soit l’occasion de rappeler quelques vérités importantes au sujet des visions, apparitions et autres grâces mystiques…

nika

La transverbération de Sainte Thérèse - Le Bernin

Gian-Lorenzo Bernini, dit Le Bernin (1598-1680) :
La transverbération de Sainte Thérèse
(Rome, église Sainte-Marie de la Victoire)

frise

       L’une des caractéristiques des périodes troublées – très spécialement lorsque les représentants de l’Eglise enseignante sont déficients, mal formés ou déviants, et que les bons conseillers spirituels font défaut -, est de voir se multiplier les annonces, publications et diffusions de messages présentés comme émanant de personnes favorisées de « grâces mystiques » ou d’ « apparitions ».
S’il peut parfois y en avoir d’authentiques, il arrive malheureusement bien plus fréquemment qu’il s’agisse de faux mystiques ou de fausses apparitions.

   Les « grâces mystiques » (qu’il s’agisse d’apparitions, de locutions célestes, de visions, d’illuminations intérieures, de stigmates… etc.) existent, c’est indubitable : toute l’histoire de l’Eglise et la vie des saints en sont une démonstration.
Il y a déjà plusieurs années, nous avions publié dans les pages de ce blogue, un extrait de l’homélie prononcée par Monseigneur Pie, évêque de Poitiers et futur cardinal, le 3 juillet 1876, à l’occasion du couronnement solennel de la statue de Notre-Dame de Lourdes, traitant de ces sujets, homélie chaleureusement approuvée par le Bienheureux Pie IX, puisque c’est un résumé lumineux de la doctrine catholique traditionnelle (voir > ici).

   En outre, ces phénomènes sont beaucoup moins rares que ne se l’imaginent nos contemporains, plus ou moins marqués par l’incrédulité et le rationalisme, mais ils demeurent néanmoins des phénomènes d’exception, qui doivent toujours être soumis au discernement d’au moins un conseiller spirituel éclairé et prudent, si ce n’est de plusieurs.
Puis, s’il s’agit d’en diffuser quelque chose, ce doit toujours être fait sous le contrôle des pasteurs de la Sainte Eglise et dans la plus grande réserve.

   Quant à la personne qui penserait en être favorisée, elle doit toujours être extrêmement défiante envers elle-même et envers ce qu’il lui semble « recevoir ».
En effet, le démon, dont Saint Paul nous dit qu’il se déguise en ange de lumière (2 Cor. XI, 14), est tout-à-fait capable de provoquer des « apparitions », des « visions » ou des « locutions » intérieures présentant des caractères pouvant passer pour authentiques.
Que ne tenterait-il pas pour égarer les âmes ?

   Lui, « menteur et père du mensonge » (Joan. VIII, 44), est même parfaitement capable de dire 100% de vérité, dans de prétendues apparitions ou phénomènes mystiques, pour pouvoir ensuite entraîner ne serait-ce qu’une seule âme dans l’illusion sur elle-même et dans une espèce d’autosatisfaction spirituelle néfaste.
Il est aussi capable de dire 99,99% de vérité pour faire gober 0,01% d’erreur.
Il peut même arriver que, ayant conservé les extraordinaires capacités de déduction et de compréhension de son intelligence angélique, il puisse énoncer des prédictions qui se réaliseront mais n’auront de « prophéties » que l’apparence…

   Les faux mystiques sont innombrables – bien plus nombreux que les véritables, hélas ! – : il peut arriver que certains d’entre eux soient « de bonne foi », victimes d’illusions ; d’autres sont des affabulateurs pathologiques ou des personnes atteintes de troubles psychiatriques ; d’autres fois ce sont des manipulateurs en quête de notoriété ; d’autres enfin peuvent, en toute conscience et responsabilité, avoir partie liée au démon…
Tous les cas de figure sont envisageables.

   Certains de ces faux mystiques peuvent abuser des théologiens et des hommes d’Eglise sagaces.
Ainsi lit-on dans la vie de Saint Jean de la Croix le cas d’une religieuse qui avait des « visions » et était favorisée de « grâces mystiques » dont tous les plus doctes théologiens de cette époque en Espagne avaient conclu à l’authenticité. Saint Jean de la Croix démontra que tout cela était illusions diaboliques et fausseté.

   Un catholique, s’il est vraiment humble et spirituel, n’aspire pas à être favorisé de « grâces particulières » et de « phénomènes mystiques » : ce désir n’est habituellement pas le signe d’une bonne santé spirituelle !
Le désir d’avoir des apparitions, visions, locutions… etc. est bien souvent dû au fait que l’on se fait beaucoup d’illusions sur la qualité de sa propre vie spirituelle et sur ses propres vertus ; il témoigne en revanche d’un « complexe d’excellence » bien prononcé.
Il semble même qu’une âme qui penserait cela sous-entendrait qu’elle est convaincue que, considérant son « avancement » dans les voies de la perfection, le Bon Dieu lui serait redevable de grâces extraordinaires !!!

   Un fidèle authentiquement humble et spirituel ne demandera pas ces « grâces particulières » et, s’il lui arrivait d’en éprouver quelqu’une, il devrait avant tout et par-dessus tout craindre d’être le jouet 1) de son imagination, 2) de sa sensibilité égarée, ou 3) des ruses du démon. Il lui faudrait alors recourir au plus tôt aux lumières d’un conseiller spirituel très bien formé, versé dans la connaissance de la théologie mystique, et par dessus tout prudent, voire prudentissime !

   Un catholique véritablement humble et fidèle ne fera pas des « grâces mystiques » le critère selon lequel il pourrait juger lui-même de sa perfection spirituelle et de son avancement dans les voies de la vertu ; mais il sera de plus en plus persuadé que c’est dans l’aridité intérieure et la nuit de la foi, dans la sécheresse d’une espérance purement surnaturelle et dans l’absence des consolations sensibles, dans la pratique austère de la mortification de sa sensibilité, et dans l’observance quotidienne de la pénitence et des sacrifices, qu’il prouvera à Dieu qu’il L’aime en vérité, bien davantage que dans toutes les « impressions » sensibles, « consolations » et « joies » spirituelles qu’il pourrait ressentir dans la prière !

   Ma petite expérience de plus de quarante années, soit comme formateur de jeunes religieux soit comme témoin direct de la vie interne de nombreuses communautés de type paroissial ou religieuses, m’a montré par de multiples exemples (qui peuvent arriver jusqu’à de dramatiques dénouements parfois), qu’en tout ce qui concerne le domaine des « apparitions » et des « phénomènes mystiques », il convient de s’en tenir strictement à ce que la Tradition nous fait connaître (par exemple dans les vies des saints) et que le Magistère authentique a reconnu comme digne de créance.
Ici plus encore qu’en tout autre domaine, il convient et s’impose de se méfier de toute « nouveauté ».

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.   

nika

2022-15. Comment sait-on que l’on aime Dieu ?

Mardi 8 février 2022,
Fête de Saint Jean de Matha, prêtre et confesseur,
co-fondateur de l’Ordre de la Sainte Trinité pour le rachat des chrétiens tombés au mains des païens mahométans.

Louis de Boullogne le jeune - l'amour divin représenté par un ange portant un cœur enflammé

Louis II de Boullogne, dit le jeune (1654-1733) :
l’amour divin représenté par un ange portant un cœur enflammé.

Sacré-Coeur

       Il n’est pas rare que je sois interrogé de cette manière : « Comment puis-je savoir que j’aime Dieu ? » ou bien : « Comment fait-on pour aimer Dieu ? » ou encore – en période de doute ou d’inquiétude spirituelle – : « Vraiment, je ne suis pas sûr que j’aime Dieu. Il me semble que je n’éprouve rien pour Lui… »

   C’est alors qu’il convient de rappeler, et de rappeler avec insistance, que l’amour pour Dieu n’est pas une affaire de sentiment (et encore moins de ressenti ou de sensation).
Comme j’aime souvent à le dire : le « senti » ment !
Nous atteignons Dieu par la foi, et la foi n’est ni une question de sensations et de sentiments, mais elle est l’adhésion à Dieu qui Se révèle. Elle n’est nullement affaire sensible, elle ne réside pas dans les sens, tout comme elle n’est pas du tout du domaine de la science ou de la compréhension intellectuelle.
Vertu théologale, elle est donnée au saint baptême : l’âme qui est en état de grâce a la foi, quels que soient par ailleurs ses tentations et ses états d’âme, quels que soient ses sentiments ou le ressenti qu’elle en a.

   Il en est de même pour la vertu de charité, vertu théologale par laquelle nous aimons Dieu pour le motif qu’Il est le bien suprême et la bonté souveraine, et notre prochain pour l’amour de Lui.
C’est ce que nous récitons tous les jours le matin en nous réveillant après les actes de foi et d’espérance (ou du moins que nous devrions réciter : si nous ne le faisons pas déjà, hâtons-nous de prendre l’habitude de le faire !) : « Mon Dieu, je Vous aime de tout mon cœur, et par-dessus toutes choses, parce que Vous êtes infiniment bon, infiniment aimable, et j’aime mon prochain comme moi-même pour l’amour de Vous ».
Dans cette courte prière tout est parfaitement exprimé.
Notre Mère la Sainte Eglise ne nous fait pas réciter des formules telles que : « Mon Dieu, je Vous aime parce que je le sens », ou bien : « Mon Dieu, je Vous aime parce que lorsque je pense à Vous j’ai le cœur qui palpite », ni : « Mon Dieu, je Vous aime parce que mon âme fond comme de la guimauve devant le feu quand je me tiens en Votre présence », ni aucune autre formule de teneur sentimentale ou sensible.
D’ailleurs combien de fois, dans le Saint Evangile, Notre-Seigneur nous a-t-Il demandé ou commandé de sentir ou de ressentir ?
Zéro fois !
En revanche, que demande-t-Il à ceux qui L’approchent et requièrent de Lui quelque grâce ?
« Crois-tu ? » – « Veux-tu ? »

   L’amour est essentiellement un acte de la volonté.
Tu veux aimer ? Tu aimes.
Mais lorsque nous disons « vouloir » nous ne parlons pas de velléité ou de vague désir, ni de rêve ni d’aspiration romantique sentimentale.
Nous parlons d’une résolution ferme, d’un acte intérieur fort qui meut l’être profond et s’exprime par des engagements énergiques qui nous font adhérer totalement et sans réserve à Dieu et à Sa sainte volonté.
Voilà pourquoi aimer est un combat.
Voilà pourquoi aimer est une victoire qui ne s’obtient que de haute lutte, parce que notre nature, blessée par le péché originel et par les conséquences de tous nos péchés personnels, tend continûment à rechercher ses propres intérêts terrestres et immédiats plutôt que les biens spirituels et invisibles. C’est ce qu’a magistralement résumé notre Bienheureux Père Saint Augustin en décrivant les deux cités antagonistes : 
« Deux amours ont bâti deux cités : l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu fit la cité terrestre ; l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi fit la cité céleste. »
Voilà aussi pourquoi, de notre côté, la quête de l’amour de Dieu, la tension intérieure vers l’amour de Dieu, la volonté d’aimer Dieu s’accompagnent inévitablement d’efforts et de sacrifices qui peuvent sembler douloureux, puisqu’ils vont s’opposer – à l’intérieur de nous-mêmes – à toutes ces habitudes d’égoïsme et de recherche de soi qui nous portent au péché.
Dans le chapitre VII de l’épître aux Romains, aux versets 14 à 25, Saint Paul a exprimé avec une poignante intensité dramatique la souffrance qui accompagne cette recherche d’une parfaite adhésion à la volonté de Dieu en laquelle consiste Son amour.

   Saint Charles de Jésus (le « Père de Foucauld »), dans la dernière lettre qu’il a écrite, le jour même de son assassinat (1er décembre 1916) a écrit ses lignes sublimes qui sont tout-à-la-fois bouleversantes et encourageantes :
« (…) Notre anéantissement est le moyen le plus puissant que nous ayons de nous unir à Jésus et de faire du bien aux âmes ; c’est ce que Saint Jean de la croix répète presque à chaque ligne. Quand on peut souffrir et aimer, on peut beaucoup, on peut le plus qu’on puisse en ce monde : on sent qu’on souffre, on ne sent pas toujours qu’on aime et c’est une grande souffrance de plus ! Mais on sait qu’on voudrait aimer, et vouloir aimer c’est aimer. On trouve qu’on n’aime pas assez ; comme c’est vrai : on n’aimera jamais assez ! Mais le Bon Dieu qui sait de quelle boue Il nous a pétris et qui nous aime bien plus qu’une mère ne peut aimer son enfant, nous a dit, Lui qui ne ment pas, qu’Il ne repousserait pas celui qui vient à Lui… »
Par le mot « anéantissement » utilisé par le saint ermite du Hoggar, entendez en définitive non une destruction masochiste de notre personne mais une adhésion si parfaite à Dieu que Celui-ci va prendre toute la place en nous et n’y laisser plus subsister rien de peccamineux, rien de nos tendances égoïstes, rien d’imparfait. 

   Saint Jean, « le disciple que Jésus aimait » qui reposa sur le Cœur de Notre-Seigneur lors de Ses ultimes épanchements et perçut la suavité ineffable de Ses battements (cf. > ici), dans sa première épître, a laissé à toute l’Eglise – à tous les fidèles de tous les temps jusqu’à la consommation des siècles – un critère infaillible pour nous permettre de savoir si nous aimons vraiment Dieu : « Haec est enim caritas Dei, ut mandata ejus custodiamus (…) : en ceci consiste en effet l’amour de Dieu, que nous gardions Ses commandements » (1ère épître de St Jean V, 3).
Ce n’est pas plus compliqué en définitive : tu veux savoir si tu aimes Dieu ? Tu veux savoir quel est ton degré d’amour de Dieu ? Eh bien regarde de quelle manière tu obéis à Ses commandements – à TOUS Ses commandements ! -, et avec quelles dispositions intérieures tu te plies à Ses préceptes…

   « En ceci consiste l’amour de Dieu, que nous gardions Ses commandements ».
Aimer Dieu ne consiste pas à éprouver des sentiments et à avoir le cœur dégoulinant de douces sensations, mais à Lui obéir entièrement, sans retenue et sans marchandage comme le feraient des acheteurs de tapis dans un souk.
Lui obéir quoi qu’il nous en coûte et quelles que soient les conséquences humaines – mondaines ou de pénibilité personnelle – que nous en devions subir !

   Ce n’est pas très « glamour », j’en conviens, mais c’est le seul critère certain et infaillible.
LE critère qui ne trompe pas et qu’il nous est facile de mettre en application pour nous livrer à une honnête vérification.

   Certes, il ne faut pas raisonner de manière binaire : tout n’est pas toujours tout noir ou tout blanc.
Une faute de fragilité contre un commandement de Dieu n’est pas le signe que nous n’aimons absolument pas Dieu. Elle est le signe que notre amour est encore imparfait, et qu’il nous est nécessaire de travailler, de faire des efforts et de combattre pour que notre amour imparfait croisse et se purifie.
En revanche, la transgression pleinement libre, responsable et volontaire d’un précepte divin est le signe révélateur que nous n’avons pas un amour véritable de Dieu.

   Lorsqu’on prétend aimer Dieu, lorsqu’on tend à aimer Dieu, on n’opère pas de tri dans Ses commandements, on ne se compose pas un menu conforme à ses propres goûts comme dans un self-service en passant devant les diverses propositions du jour : « Ceci je vais le prendre, mais cela je vais le laisser… »
Les commandements de Dieu ne sont pas facultatifs, ils ne constituent pas des articles laissés à notre appréciation personnelle, à notre approbation ou à notre libre choix : ils s’imposent, et ils s’imposent à tous !
A tous les hommes !
Et je précise que les femmes sont des hommes comme les autres, et que les prêtres et religieux également sont des hommes comme les autres en face des commandements, et qu’ils ne jouissent pas de dérogation ou de dispense. Cela me semble aller sans dire, mais peut-être est-ce mieux en le disant…

   Ainsi, pour mémoire, lorsqu’on veut aimer Dieu :

- L’adoration exclusive du seul vrai Dieu n’est pas facultative ;
- Le respect dû à Son saint nom n’est pas facultatif ;
- La sanctification du dimanche n’est pas facultative ;
- Le respect de ses parents et le juste amour de sa patrie ne sont pas facultatifs ;
- L’interdiction du mensonge, de la médisance et de la calomnie n’est pas facultative ;
- L’interdiction de la convoitise du bien d’autrui (et même par exemple, au sein du clergé, l’envie de telle cure ou de telle situation canonique accordées à autrui) et de la jalousie n’est pas facultative ;
- L’interdiction de la mise à mort d’autrui (hors le cas de légitime défense) n’est pas facultative [précisons que le 5ème commandement défend aussi de mettre autrui à mort dans sa réputation et dans son honneur, pas uniquement physiquement] ;
- L’interdiction de l’adultère n’est pas facultative ;
- L’interdiction de TOUS les actes sexuels en dehors du mariage et des finalités du mariage n’est pas facultative…

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur

« Haec est enim caritas Dei, ut mandata ejus custodiamus ! »

Sacré-Coeur

2022-9. Le combat pour la légitimité : de la Pucelle d’Orléans à l’ère covidienne.

25 janvier 2022,
Fête de la conversion de Saint Paul.

Rappel :
Les membres de la Confrérie Royale s’engagent à sanctifier d’une manière particulière le 25 de chaque mois en redoublant de prières, en offrant avec encore davantage de ferveur qu’à l’accoutumée les exercices du devoir d’état, les peines et les joies de ce jour, en travaillant plus méticuleusement à sa sanctification, lorsque cela est possible en assistant à la Sainte Messe et en offrant la sainte communion à l’intention du Roi, ou encore en accomplissant quelque petit pèlerinage ou acte de dévotion supplémentaire offert à l’intention de Sa Majesté et du Royaume des Lys.

La lettre mensuelle, envoyée à tous les membres ainsi qu’aux amis qui ont manifesté le désir de la recevoir, à l’occasion de ce 25 de chaque mois, est écrite par les prêtres, religieux ou clercs membres de la Confrérie Royale. Son but est de raviver la ferveur et la détermination des membres, en leur proposant des réflexions et approfondissements toujours nécessaires.   

Cortège funèbre de Charles VI

Cortège funèbre de Charles VI
(Miniature des « Vigiles du roi Charles VII », œuvre de Martial d’Auvergne - fin du XVème siècle)

Le combat pour la légitimité :
de la Pucelle d’Orléans à l’ère covidienne.
 

Bien chers amis,

En cette nouvelle année, 2022e après la naissance du Sauveur, nous célébrons le 600e anniversaire de la mort du roi Charles VI et de l’avènement de Charles VII. Un événement à la fois triste et réconfortant.
L’année 1422 marqua, depuis deux années, avec la signature du traité de Troyes (21 mai 1420), l’une des soumissions les plus tragiques du beau pays de France. À la suite de terribles défaites militaires face à la puissante armée anglaise et à ses alliés bourguignons, le pauvre roi Charles VI, affaibli par une maladie de près de trente années, régnait sur un royaume divisé entre les factions. Il fut contraint d’accepter l’inacceptable : reconnaître comme son héritier le roi Henri V d’Angleterre, son cousin et son gendre, aux dépens de son fils légitime, le dauphin Charles.
La revanche des Plantagenêt a atteint son objectif : l’union des couronnes de France et d’Angleterre sur une même tête, tant attendue depuis la mort de Charles IV le Bel, en 1328.
La gesta Dei per Francos semblait être alors un chapitre définitivement clos. Les résistances étaient profondément affaiblies, en raison des dissensions nobiliaires et de l’hécatombe d’Azincourt, qui décima la fine fleur de la chevalerie française. Un tableau bien triste… Toute ressemblance avec la situation actuelle ne saurait être totalement fortuite !

Et pourtant, le Dieu de justice intervint pour remettre les pendules à l’heure.
Le 31 août 1422, Henri V mourut de dysenterie, dans sa 36e année. Il fut suivi dans la tombe, le 21 octobre, par Charles VI. L’héritier anglais était un enfant de moins d’un an, Henri VI, placé sous la régence de ses oncles, le duc de Bedford, en France, et le duc de Gloucester, outre-Manche. L’enfant est sacré roi d’Angleterre en octobre 1429, avant de recevoir illégitimement la consécration comme roi de France, en décembre 1431, au cours d’un voyage éclair dans le royaume. Mais à cette époque, les choses avaient bien changé dans le beau pays de France…
Héritier légitime humilié, le dauphin Charles, devenu pour ses partisans légitimes le roi Charles VII régnait bien lamentablement sur une portion congrue du vaste royaume des Lys, au sud de la Loire. « Le roi de Bourges », comme les Bourguignons le surnommaient par dérision, fut proclamé roi, quelques jours après la mort de son père, dans la cathédrale de la noble cité berrichonne, où il s’était retiré lors de la prise de Paris par les Bourguignons en 1418. Entouré d’une poignée de fidèles, exilé de sa capitale, dépourvu des ressources financières indispensables pour lever une armée nombreuse et compétente, le jeune souverain ne perdit néanmoins pas confiance dans la quête de ses droits et de sa couronne. Il lui manquait surtout l’onction du sacre de Reims qui devait lui accorder, aux yeux de ses sujets, sa pleine et entière légitimité. Les premières années de la reconquête furent difficiles. Petites victoires et singuliers revers s’alternaient inexorablement.
Charles VII dut se réfugier à Chinon, cité royale qu’il avait réussi à prendre aux Anglais en 1428. C’est alors que…

Sainte Jeanne d'Arc

L’intervention de la Providence : Jeanne !

Sire, n’entendez-vous pas cette rumeur qui provient des marches de votre bon royaume, à la frontière du duché de Lorraine ?
Le 25 février 1429, une jeune bergère de 16 ans prénommée Jeanne, native de Domrémy, arrivait à Chinon escortée de quelques hommes d’armes, pour y rencontrer le roi.
Ce qui fut alors pour certains une plaisanterie de mauvais goût, ou pour d’autres une diablerie fomentée par l’Anglois, s’avéra être finalement tout autre chose… « Gentil dauphin, je te dis de la part de Messire Dieu que tu es vrai héritier du trône de France » proclamait la jeune fille devant une assistance abasourdie. Et la pucelle d’ajouter qu’elle irait elle-même le conduire à Reims pour recevoir l’onction sainte avant que de bouter les envahisseurs hors du royaume.
Un examen effectué par des médecins et des théologiens reconnut la sincérité de Jeanne, désarmant ainsi les craintes et les hésitations d’un prince quelque peu pusillanime. C’est là que l’épopée commença, dont ne saurions, en quelques lignes, retracer les heures de gloire et de peine, et qui conduisit à la reconquête progressive du royaume des Lys par son souverain légitime. Celle qui allait reprendre Orléans, conduire Charles à Reims, remporter tant de victoires décisives sur l’ennemi, avait su, par son charisme tout droit inspiré du Ciel, galvaniser des troupes de soldats peu disciplinés et envenimer le courage des plus valeureux capitaines de ce temps, Dunois, La Hire, Xaintrailles, Ambroise de Loré, André de Rambures, et tant d’autres.
Jeanne fut l’étincelle qui sut raviver la grande geste de Dieu pour les Francs, la petite flamme d’espérance qui a rendu courage aux peuples de France asservis par la guerre et son cortège de misères. Et le résultat ne s’est pas fait attendre : la libération d’Orléans, le 8 mai 1429, marqua le début d’une reconquête progressive qui s’acheva, en dépit de la capture et de la mort de la Pucelle, le 31 mai 1431, par la quasi-totale reprise en main des territoires du royaume par les Valois – à l’exception de Calais, qui sera finalement reconquise par Henri II, en 1558.
Cette épopée n’aurait pu avoir lieu sans l’intervention divine, qui envoya une vierge, une fille du bon peuple de France, une nouvelle Judith pour assurer la délivrance de la Fille aînée de l’Église.

Une nouvelle reconquête ?

Six cents ans après l’avènement de Charles VII, notre beau pays connaît des affres on-ne-peut-plus similaires, quoique plus sinistres encore, puisqu’en 1422, l’Europe était le phare de la Chrétienté. L’histoire est faite de répétitions, permises par Dieu pour rappeler aux hommes qu’Il est le maître de l’histoire et de leur destinée, que Lui seul peut les extirper du chaos qui les menace à condition qu’ils retournent à l’obéissance et à la fidélité. L’infidélité et l’apostasie dont notre époque pâtit ne datent pas d’hier…
Mais nous voici à une époque charnière marquée par l’échec des léviathans modernes et par le désir des fils des ténèbres de bouleverser de nouveau les repères d’une humanité en pleine détresse, par le truchement d’une révolution idéologique, morale, médicale et migratoire incontournable – le
Great Reset tant souhaité et consciemment préparé par Klaus Schwab et les parangons du néo-mondialisme.
La crise covidienne jointe à la crise encore plus cinglante de l’Église, est le prétexte d’une
tabula rasa définitive d’une époque où subsistaient encore, malgré l’acharnement des hérauts de la post-modernité, des petites étincelles de l’ancien temps.
« Sans moi vous ne pouvez rien faire ! » (Jn XV, 5) Cette parole du Christ doit avant tout résonner à nos oreilles, avant de nous lancer dans des grands discours et de profondes analyses, avant de sortir le canon ou l’arbalète, avant de faire de grands plans de survivalisme. Notre secours vient de Dieu et de Dieu seul. Sainte Jeanne d’Arc en fut la preuve incarnée, à une époque où tout semblait perdu.
Notre combat pour la légitimité, pour le règne du Christ sur son beau royaume de France et sur l’humanité tout entière, pour la défense des droits et de la liberté de l’Église catholique, ne peut donc être efficace s’il n’est avant tout soutenu par la grâce divine. Mais ce combat demande aussi courage, détermination, conversion personnelle et pénitence en ces temps douloureux au milieu desquels il nous faut être des « martyrs », des témoins, et ne pas avoir peur de risquer son confort, sa notoriété, sa vie même pour la Vérité.
La reconquête est à ce prix.
Comment la Providence pourrait-elle soutenir des soldats apeurés et mollassons ?
« Aide-toi et le Ciel t’aidera » dit l’adage.

Qu’en ce début d’année 2022 le Ciel nous vienne en aide pour faire de nous des soldats intrépides du règne du Christ dans notre vie et dans notre beau pays de France, pour affronter les combats de demain et pour qu’à l’instar de Jeanne, nous fassions refleurir les beaux lys de la Fille aînée de l’Église !                                                                                              

Mathias Balticensis

Sainte Jeanne d'Arc chargeant - statue à Chinon

2022-7. « Français, ayons du cœur et de l’énergie. Montjoie Saint-Denis ! »

Editorial de

Monseigneur le Prince Louis de Bourbon,
de jure Sa Majesté le Roi Louis XX

publié dans « Valeurs Actuelles »
du 6 janvier 2022

Louis XX - Prince Louis de Bourbon

Avoir des ambitions, maîtriser son destin,
choisir l’humain, défendre le vrai, cultiver le beau.
En un mot : être la France.
Tel est le vœu que tous les responsables politiques
devraient former pour notre pays
en ces premiers jours de l’année.

Merveilleuse alchimie de la société française toute en équilibre et harmonie. Entre le ciel et la terre, entre le bien commun et l’égoïsme individuel. À l’image de Noël et du jour de l’An. Noël, la fête chrétienne de la naissance du Christ venu sauver le monde qui en a tant besoin ; les étrennes du Nouvel An, pour revenir sur terre et penser à soi. Les deux faces d’une même humanité. Rendre à Dieu et rendre à César ! Janvier, le temps des vœux, des bonnes résolutions, des compteurs remis à zéro pour repartir et pour s’ouvrir à l’avenir et le préparer. Avenir individuel si préoccupant pour chacun et pour les familles, mais encore plus pour notre cher et vieux pays.

N’est-il pas frappé par les crises sanitaire et économique ? N’est-il pas, plus gravement encore, atteint d’une sorte de doute sur son avenir même, qui entraîne une remise en cause existentielle ? La France dont certains de ses enfants semblent renier un passé plus que glorieux longtemps exalté et qu’ils feignent parfois de récuser ou d’oublier, alors que nombre de nations nous jalousent en l’admirant. Sans ce fondement fort, fruit des siècles de l’œuvre collective menée du roi au plus humble des sujets, l’avenir paraît parfois bien incertain tant il est fait de doutes et d’interrogations. Pourtant il ne s’agit pas d’être dans la nostalgie du temps d’avant.

Ce culte du passé pour lui-même n’est pas dans notre tradition. Pour sortir de la crise, il y a nécessité de retrouver l’énergie conquérante de ceux qui nous ont précédés et de redéfinir un projet de société. De retrouver le sens d’une communauté de destin. Allons ! Français, ayons du cœur et de l’énergie. Montjoie Saint-Denis ! Faire le contraire ne serait ni très capétien ni français !

Notre pays doit aborder la période actuelle comme l’occasion de s’ouvrir à une nouvelle Renaissance — comme l’est par nature la naissance du Christ, qui marque le début de l’histoire moderne du monde. Ce n’est pas rien, d’autant que la France a choisi aussi il y a quinze siècles de faire coïncider sa naissance officielle avec le baptême de Clovis à la Noël 496. Que de symboles pour retrouver espérance et volonté de se renouveler.

En ces premiers jours de l’année, faisons un vœu, un vœu collectif, d’une France qui, fidèle à ses traditions, son histoire et ses racines, profite des épreuves actuelles pour rebondir. Une France qui, de nouveau, se met à s’aimer elle-même à la fois pour ce qu’elle est mais aussi pour ce qu’elle peut apporter aux autres nations. N’est-ce pas, en effet, le monde entier qui est en attente et l’Europe tout particulièrement ? Mais pour espérer, ne faut-il pas un modèle ?

La France, inspirée par sa vision universaliste née de son baptême, a sur ce point un rôle à jouer. Faisons qu’elle retrouve le sens de sa mission, appuyée sur un régime sachant concilier le bien commun, sans lequel il n’y a pas de vie sociale ni la garantie des libertés individuelles, avec le développement pour tous afin de ne laisser personne en dehors. Que la France redevienne fière de son double héritage, gréco-romain d’une part et chrétien d’autre part — César et Dieu, encore une fois —, pour garantir l’harmonie sociale. Qu’elle sache exalter les grandeurs léguées par son histoire riche de quinze siècles, pour inspirer l’avenir.

Il est des moments où savoir regarder dans le miroir du passé, où se mêlent grands hommes et événements exaltants, permet de retrouver les énergies nécessaires pour construire demain, pour redonner du sens à une destinée commune.

Puisqu’il y a des échéances électorales avec des propositions qui, par nature, feront appel à une certaine démagogie, pourquoi ne pas chercher à élever le débat ? À échapper aux approches partisanes et donc réductrices, aux petits calculs, aux programmes qui se résument à des formules chocs, aux promesses qui seront bien vite oubliées. N’est-ce pas le moment de placer la barre plus haut ? Qu’est-ce qui sera le bon et le bien pour la France et les Français de demain ? Sur le long terme. Voir juste et voir loin.

Revenir aux fondamentaux si malmenés ces dernières décennies : faire du bien commun l’objectif de l’action ; défendre la famille naturelle en respectant l’éthique et le droit naturel ; affirmer la primauté de la vie humaine, de la conception à la mort ; exalter le beau ; revenir à la vérité et au réalisme en politique en oubliant le relativisme et les idéalismes dictés par les passions éphémères.

En politique, cela correspond à des réalités bien concrètes : souveraineté retrouvée, ce qui est possible grâce à la valeur de nos armes, à notre immense domaine maritime réparti sur les cinq continents, à notre langue, une des rares à être encore mondiales, à notre technologie de pointe en de nombreux domaines ; sécurité assurée et retrouvée pour tous, une des premières missions régaliennes largement bafouée par les territoires de non-droit et les communautarismes réducteurs ; justice garantissant les droits des faibles et des victimes… En un mot, avoir des ambitions ! Maîtriser son destin ! Être la France.

C’est ainsi que les Français l’aiment. Ils le rappelleront, n’en doutons pas, lors des prochaines échéances, pour écrire une nouvelle page de son avenir.

Prince Louis de Bourbon,
duc d’Anjou.

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