Archive pour la catégorie 'Commentaires d’actualité & humeurs'

2009-10. Du Bienheureux Noël Pinot et de l’irréductible opposition entre l’esprit du monde et l’attachement à Notre-Seigneur Jésus-Christ.

21 février,
fête du Bienheureux Noël Pinot.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Ce matin, au moment de l’oraison, Frère Maximilien-Marie m’a raconté l’histoire du saint dont on commémore aujourd’hui le martyre : le Bienheureux Noël Pinot.

   C’était un prêtre angevin, né en 1747, qui était curé de la paroisse du Louroux-Béconnais lorsqu’éclata la grande révolution.
Ayant repoussé le serment constitutionnel, il refusa de s’exiler et continua son ministère clandestinement, jusqu’à ce que – vendu par un paroissien – il soit pris par les révolutionnaires, dans la nuit du 8 février 1794, au moment même où il s’apprêtait à célébrer la Sainte Messe dans une grange.
Il fut conduit à Angers et comparut devant le tribunal révolutionnaire, qui – personne ne s’en étonnera ! – le condamna à la peine capitale.

   Son exécution eut lieu le 21 février 1794.
Par dérision, les révolutionnaires voulurent le revêtir des ornements sacerdotaux avec lesquels il avait été capturé.
En gravissant les marches de l’échafaud, l’abbé Noël Pinot commença la récitation des prières au bas de l’autel : « Introibo ad altare Dei… »

   La volonté sacrilège des révolutionnaires tournait court pour céder la place au sublime : comme il arrive bien souvent, « le diable porte pierre » (ainsi que le disent les hommes) c’est-à-dire qu’un acte malveillant peut avoir des rebondissements totalement opposés à ce que ses instigateurs avaient prévu.
En l’occurrence, l’exécution de l’abbé Noël Pinot fut une glorification du sacerdoce catholique et manifesta, avec un réalisme saisissant, à quel point le prêtre à l’autel est identifié à Notre-Seigneur, qui agit en lui et par lui dans la célébration des sacrements.

   Le martyre du Bienheureux Noël Pinot s’inscrivait dans la continuité logique d’un sacerdoce perpétué dans l’Eglise pour actualiser et renouveler, à travers toutes les générations et jusqu’à la consommation des siècles, le Saint Sacrifice rédempteur. Cela réalisait magnifiquement la parole de Saint Paul : « Je vous en conjure donc, frères, par la miséricorde de Dieu : offrez vos corps en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu ; ce sera pour vous le culte véritable » (Rom. XII,1).

Le martyre du Bienheureux Noël Pinot : Introibo ad altare Dei

   Quand j’entends le récit du martyre de ceux qui ont vraiment pris au sérieux  le message du Saint Evangile et dont la fidélité a été poussée jusqu’à l’héroïsme, je suis – bien sûr – rempli d’admiration.
Mais il m’arrive aussi parfois de me demander s’il y a beaucoup de personnes parmi ceux qui se déclarent chrétiens, en notre temps et en ce pays de France particulièrement (car Frère Maximilien-Marie m’a expliqué qu’en certains pays  lointains la persécution violente perdure et que des fidèles endurent sans faiblir de nombreuses vexations, sont torturés et mis à mort en haine de la foi) qui seraient disposées à faire le sacrifice de leur vie plutôt que de trahir le Christ : si, en effet, ils ne sont pas capables de résister à « l’esprit du monde » et se compromettent quotidiennement avec un mode de vie et de pensée contraire aux vertus évangéliques, on peut difficilement imaginer – à moins d’un miracle éclatant de la grâce de Dieu – qu’ils seront capables de résister quand la fidélité exigera d’eux de plus grands sacrifices…

   « Vae mundo a scandalis ! malheur au monde à cause des scandales… » (Matth.XVIII, 7).
« L’ouverture au monde » ne peut et ne doit en aucune manière être une  acceptation pure et simple de toutes les modes, intellectuelles ou sociétales, qui sont dans l’air.

   Un chrétien sans discernement est exposé à toutes les chutes et à toutes les apostasies : la simplicité de la colombe que Notre-Seigneur Jésus-Christ donne en exemple à ses disciples n’a rien à voir avec la naïveté et la bêtise, lesquelles finissent par devenir gravement coupables !
L’optimisme chrétien procède de la vertu surnaturelle d’espérance ; il ne peut jamais et en aucune manière être une compromission avec des choses contraires à l’amour de Dieu, qui se concrétise par une fidélité joyeuse et pleinement responsable aux préceptes divins dans toutes les circonstances de la vie terrestre.

   « Ne vous étonnez pas si le monde vous hait, sachez qu’il m’a eu en haine avant vous. Si vous aviez été du monde, le monde aimerait ce qui est à lui ; mais parce que vous n’êtes point du monde et que je vous ai choisis du milieu du monde, c’est pour cela que le monde vous hait. Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite : le serviteur n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi… » (Johan. XV, 18-20).

   Peut-être trouverez-vous audacieux qu’un tout petit chat se permette d’écrire un tel sermon.
Ne m’en veuillez pas : j’ai laissé parler mon cœur, après la méditation que j’ai faite ce matin auprès de Frère Maximilien-Marie.

Lully.        

2009-10. Du Bienheureux Noël Pinot et de l'irréductible opposition entre l'esprit du monde et l'attachement à Notre-Seigneur Jésus-Christ. dans Chronique de Lully 591115t8qpmw0bs5

On trouvera une prière au Bx Noël Pinot > ici.

2009-8. De Saint François de Sales, des motifs présents de notre joie et de quelques impertinentes réflexions d’un chat qui essaie de réfléchir à l’actualité de l’Eglise…

Jeudi soir 29 janvier 2009.

Chers Amis du « Refuge Notre-Dame de Compassion« ,

Nous fêtions aujourd’hui Saint François de Sales, dont la spiritualité est  fondamentale pour notre « Mesnil-Marie« . Frère Maximilien-Marie, qui est affilié à l’Ordre de la Visitation, s’efforce de nous inculquer, à Chlôris et à moi-même, les enseignements de ce très grand saint. Un jour, il nous en a cité cette phrase : « On attrape plus de mouches avec une goutte de miel qu’avec un tonneau de vinaigre« ; le saint évêque de Genève voulait ainsi faire comprendre que c’est en se revêtant de la douceur et de l’amabilité de Jésus qu’on peut Lui conquérir des coeurs, tandis que les chrétiens aigris et amers, tristes et renfrognés, qui ont transformé la belle morale évangélique – fondée sur l’amour – en un moralisme rébarbatif, sont des repoussoirs et des contre-témoignages pour la foi qu’ils prétendent professer… C’est encore Saint François de Sales qui disait : « Un saint triste est un triste saint!« 

La nature était aujourd’hui à l’unisson de cette joie spirituelle que Saint François de Sales nous recommande : bien qu’il eût encore gelé assez fort ce matin (- 10° au bord de notre béalière au lever du jour), le soleil radieux qui a illuminé cette journée nous donnait un avant-goût de printemps. Avec Chlôris nous avons gambadé et joué comme des fous, ce qui faisait bien rire Frère Maximilien-Marie qui rentrait du bois. Mais je crains que ce ne soit qu’un bref interlude dans ce long hiver : les prévisions météorologiques pour le début de la semaine à venir nous annoncent encore de la neige… Or lundi ce sera le jour de la Chandeleur où  « l’hiver périt ou reprend vigueur« ! Ce sera aussi le jour où la crèche va disparaître… mais  pour nous en consoler nous mangerons de bonnes crêpes!

Ainsi donc le mois de janvier s’achève. Après les fêtes de la Nativité (dont je vous faisais le compte rendu ici > www), je ne dois pas omettre de vous signaler que nous avons – à plusieurs reprises – sacrifié (mais cela n’avait rien de pénitentiel!) à la délicieuse tradition de la galette des Rois : moments de joie partagés avec nos voisins et avec nos amis, où les chats n’étaient pas en reste…

Le Roi Lully

Mais il y a une autre grande joie sur laquelle je me permettrais ici quelques commentaires : il y a tellement de personnes qui s’en sont permis, depuis une semaine, que je ne vois vraiment pas pourquoi un chat ne le pourrait pas à son tour… D’autant plus que je me suis rendu compte que la plupart de ceux qui intervenaient sur ce sujet n’avaient ni les connaissances ni les compétences requises pour en parler et que – très souvent – il eût mieux valu qu’ils se taisassent… Las! le monde  des hommes est ainsi fait : ce sont bien souvent les gens les moins idoines pour le faire qui se posent en docteurs et prétendent communiquer aux autres « la bonne façon de penser« !

Ainsi donc, je ne vois pas pourquoi, dans ce qui concerne les affaires internes de l’Eglise, des gens qui ne veulent rien avoir à faire avec elle se croient autorisés à donner leur avis. Pourquoi tous les bons apôtres de la laïcité – prompts à s’agiter et à hurler dès qu’ils soupçonnent  l’ombre d’une ombre d’ombre « d’ingérence cléricale » – ne prêchent-ils pas d’exemple en ne se mêlant pas des affaires intérieures de l’Eglise? La levée d’une sanction canonique est une mesure disciplinaire interne à l’Eglise : de quel droit des athées, des communistes, des apostats et les membres d’autres religions se permettent-ils de donner leur avis sur cet acte de gouvernement qui ne les concerne point? On n’a pas vu le Saint-Siège s’ingérer dans les exclusions et réconciliations qui ont agité certains partis politiques, on ne l’a pas vu non plus intervenir pour donner son avis sur la nomination ou la déposition de tel rabbin ou de tel mufti…

Nombre de journalistes pratiquent la désinformation dans des proportions qui n’ont rien d’homéopathique! Ici, on lit que le concile Vatican II aurait « supprimé la messe en latin » – ce qui est évidemment faux pour toute personne normale sachant lire et capable d’ouvrir le recueil des textes du dit concile à la bonne page (mais peut-être n’est ce pas le cas des « spécialistes des questions religieuses » employés par les médias?) – et là on apprend que « Benoît XVI se réconcilie avec les intégristes » ce qui est tout aussi faux : l’excommunication et sa levée n’ayant rien à voir avec des querelles de personnes mais étant liées à des questions d’ordre purement disciplinaire. Ailleurs on affirme péremptoirement que « Rome » réhabilite un évêque « négationniste« , ce qui est également faux ; je le répète : l’excommunication et sa levée sont des actes liés à la discipline ecclésiastique ou à la doctrine catholique, mais en aucun cas aux polémiques concernant l’interprétation d’un fait historique. Quand enfin un quotidien, qui a la prétention d’être la voix de « l’Eglise-qui-est-en-France », titre « Benoît XVI s’explique« , on se demande si les journalistes ne cherchent pas à nous persuader que le Souverain Pontife se doit de rendre compte de son gouvernement tout à la fois aux « faiseurs d’opinion » et à Madame Michu, aux commentateurs du Café du Commerce et aux loges maçonniques!

Information ou intoxication? Poser la question, c’est en fait déjà y répondre!

Pour moi, qui ne suis qu’un tout petit chat, l’affaire est entendue : rien ne sert de perdre son temps à lire les commentaires, et les commentaires des commentaires – qui semblent rivaliser en inconsistance ou en partialité – il suffit de se reporter paisiblement et en toute honnêteté intellectuelle aux textes mêmes du Saint-Siège, aux paroles du Souverain Pontife lui-même et des intéressés, plutôt qu’aux gloses de la presse écrite ou parlée. Pour ce qui est de cet évènement vous pouvez tout trouver ici > www : le texte du décret pontifical  et sa présentation officielle par la salle de presse du Saint-Siège, les paroles du Saint-Père et celles de Monseigneur Fellay… etc. Je n’ai pas l’habitude de prendre mes lecteurs pour des idiots en agissant comme s’il était nécessaire de les dispenser de réfléchir et de se faire une idée par eux-mêmes. Quant à notre Saint-Père le Pape, ce n’est pas à l’opinion publique ou à telle ou telle portion des membres de l’Eglise qu’il doit rendre des comptes, mais à Dieu seul!

Cela m’amène maintenant à parler des réactions qu’on a pu observer à l’intérieur même de l’Eglise ; je voudrais en particulier mettre en évidence les contradictions de ceux qui – gens « d’ouverture et de dialogue » – ont souvent à la bouche les expressions de « respect de toutes les sensibilités« , « accueil des différences« , « écoute de ceux qui ne sont pas comme nous« … etc. Ne sont-ce pas justement ces partisans du dialogue et du refus de l’exclusion qui donnent l’impression (je ne veux pas porter de jugement sur les coeurs, je me contente de relever l’impression qu’ils donnent), qui donnent l’impression – disai-je – de vouloir bloquer et pérenniser une situation d’ « exclusion » jusqu’à la rendre irréversible?

Dans les cours de formation religieuse qu’il m’a donné, mon papa m’a expliqué que toute sanction ecclésiastique est une peine portée en vue de la guérison : ce n’est  normalement jamais de gaîté de coeur que l’autorité punit… et quand elle croit devoir le faire, ce ne doit pas être pour enfermer dans sa faute ou dans son erreur celui qui la subit. Au contraire , elle n’existe que pour l’amener à résipiscence, lui permettre de s’amender, de se corriger, en sorte que la sanction ne soit plus nécessaire… et doive donc être levé dès que les conditions pour cela paraîtront suffisantes. L’Eglise tout entière doit donc être dans la peine quand une peine d’excommunication est portée ; l’Eglise tout entière doit de même être dans la joie quand une peine d’excommunication est levée, parce qu’un terme est mis à une situation que tout le Corps Mystique se devait de ressentir comme une grande souffrance. En écrivant tout ceci, je ne veux évidemment pas porter de jugement sur le bien fondé ou sur la consistance de telle excommunication particulière – cela ne saurait appartenir à un petit chat! – je ne parle que de généralités…

Néanmoins, je ne peux que m’étonner – et maintenant je parle des circonstances présentes – de ce que tous, dans l’Eglise – à quelque degré qu’ils soient : simples fidèles ou membres du clergé -, ne manifestent pas une joie sincère et sans arrière pensée en apprenant la levée de cette excommunication qui pesait depuis plus de vingt ans sur les quatre évêques consacrés par feu Monseigneur Lefèbvre. Je ne peux que m’étonner en lisant certaines déclarations émanant de certains comités dits représentatifs qui ont du mal à cacher leur dépit et leur amertume (pour ne pas dire autre chose) : leur ton n’est pas sans évoquer certaines tirades prétentieuses de ces tribuns qui proclamaient la « patrie en danger » à grands renforts d’aboiements pour détourner l’attention des citoyens des véritables problèmes et pour avoir les mains libres de se livrer à d’autres méfaits. Les gens qui s’auto-constituent en « comités de vigilance » sont aussi très souvent les artisans de la terreur.

Entre 1970 et 1988 (je n’étais pas né mais il y a des documents qui restent, en très grand nombre, et qu’il est facile d’étudier), il est évident qu’il y eut, à l’intérieur de l’Eglise, des idéologues – je n’en dirais pas plus – qui ont tout fait pour favoriser le « schisme« , en poussant dehors ceux qui ne correspondaient pas à leurs schémas révolutionnaires : au lieu de travailler à l’unité en interprétant le second concile du Vatican  dans la continuité et non en rupture avec la Tradition de l’Eglise, ils ont favorisé de prétendues mises en application et des expériences qui n’étaient rien d’autre que des trahisons multiples et répétées du catholicisme, dans les domaines de la liturgie et de la transmission de la foi tout spécialement.

Aujourd’hui, j’ai l’impression que des représentants de cette même idéologie  (car il s’agit bien d’une idéologie et non pas de la foi de l’Eglise ni de l’esprit véritable du Saint Evangile) sont encore en train d’oeuvrer pour saper – ou du moins amoindrir autant qu’ils le pourront – le très important travail d’unité, dans la Foi et dans la Charité, entrepris par notre Saint-Père le Pape.

Il y a au moins une raison  par laquelle je m’explique cette absence d’enthousiasme dont ils font montre à l’annonce de la levée de ces excommunications :  à moins d’être totalement aveugles, ils sont bien obligés de constater que – selon les propres termes employés par le vicaire  général d’un archidiocèse – « la vitalité n’est pas du côté où ils aimeraient qu’elle soit » (comprenez : notre clergé est de plus en plus âgé et ne se renouvelle pas, nos maisons religieuses sont des foyers du troisième et du quatrième âge et ferment les unes après les autres, nos assemblées dominicales ont une moyenne d’âge élevée, nous avons de moins en moins d’enfants au catéchisme… etc. tandis que  les séminaires et communautés traditionnels recrutent, que les chapelles « tradis » se remplissent et que la moyenne d’âge y est sensiblement plus basse). La levée des excommunications est un prélude à la pleine réintégration dans l’Eglise – sans qu’on puisse désormais les enfermer dans des ghettos – d’un certain nombre de prêtres catholiques, de séminaristes catholiques, de religieux catholiques, de chapelles catholiques et de fidèles catholiques qu’ils se réjouissaient de ne plus avoir dans les pattes, puisqu’ils les avaient refoulés dans les ténèbres extérieures du « schisme« .

Ils sont donc fermement résolus à s’établir en police de la pensée et en moderne inquisition pour retarder autant qu’ils le pourront la pleine communion.

D’ores et déjà ils annoncent que le chemin sera long et le dialogue « précis » (comprenez : « Nous ergoterons autant qu’il sera possible de le faire et couperons en quatre tous les cheveux de puce que nous pourrons attraper pour ralentir ce processus… »). Ah, vraiment, on admire ce  qu’ils veulent faire passer pour un zèle soudain au service de la pureté de la foi, quand ils tolèrent sans mot dire dans leurs propres juridictions des prêtres qui professent et enseignent des hérésies formelles sur des points aussi essentiels que le Saint Sacrifice de la Messe et la doctrine eucharistique, la primauté du Pontife Romain et l’Eglise, les fins dernières et en particulier le Purgatoire, les sacrements… etc. et même la divinité du Christ ou la Sainte Trinité!

Je serais vraiment peiné si je devais constater que la défense hautement revendiquée (avec des vibratos émus dans la voix et une larme d’indignation à la paupière) d’un concile « non négociable » se révêlait en réalité une crispation égoïste sur des positions dans lesquelles le bien des âmes et la charité ne sont pas la priorité!  Voilà pourquoi aujourd’hui, je me suis uni de tout mon coeur à la prière de mon papa afin de demander à Dieu pour son Eglise des pasteurs comme le fut Saint François de Sales, des pasteurs dont le coeur soit totalement habité par les sentiments de douceur, d’humilité, de miséricorde, d’abnégation, de zèle désintéressé et de charité qui animent le Coeur de Celui qui s’est Lui-même présenté comme le Bon Pasteur des âmes.

Lully.

2008-56. Célébration du cinquantième anniversaire de la mort de Pie XII (9 octobre 1958).

       En ce jeudi 9 octobre 2008, à 11h30, notre Saint-Père le Pape Benoît XVI entouré des Cardinaux et des participants au Synode consacré à la Parole de Dieu, a célébré une Sainte Messe de suffrage à l’occasion du cinquantième anniversaire du rappel à Dieu de son prédécesseur le Pape Pie XII. Des fidèles nombreux et recueillis, certains venus à Rome de très loin pour cette circonstance, remplissaient la Basilique de Saint-Pierre au Vatican. La vénération envers le Pape Pie XII, malgré les campagnes de calomnies, grandit dans le monde et sa cause de béatification est en très bonne voie. On peut même affirmer que tous les efforts de ceux qui ont tenté de flétrir son nom et sa mémoire, ont finalement contribué à mieux étudier et à faire mieux connaître la personne et l’œuvre de ce grand Pape !

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Pour la Sainte Messe du cinquantième anniversaire du rappel à Dieu de son prédécesseur
le vénéré Pape Pie XII,
Sa Sainteté Benoît XVI portait une chasuble rouge de coupe romaine par dessus la dalmatique.

   Le chant d’entrée qui accompagnait les rites d’introduction de la Célébration eucharistique était: « In pace factus est locus eius, et in Sion habitatio eius : son repos est dans la paix et son habitation en Sion ». L’évangile qui a été lu avant l’homélie du Saint-Père est un extrait de l’évangile selon Saint Jean (Jean V, 24-27):  » En vérité, en vérité, je vous le dis : celui qui écoute ma parole et croit au Père qui m’a envoyé, celui-là obtient la vie éternelle et il échappe au Jugement, car il est déjà passé de la mort à la vie. En vérité, en vérité, je vous le dis : l’heure vient – et c’est maintenant – où les morts vont entendre la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’auront entendue vivront. Comme le Père a la vie en lui-même, ainsi a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en lui-même, et il lui a donné le pouvoir de prononcer le Jugement, parce qu’il est le Fils de l’homme ».

   Après la Sainte Messe (célébrée en rouge conformément à la tradition liturgique), le Saint-Père Benoît XVI est descendu dans les « Grottes Vaticanes » pour se recueillir sur la tombe du Pape Pie XII. Voici maintenant le texte de l’homélie prononcée par Benoît XVI en cette circonstance :

Messieurs les Cardinaux,
Vénérés Frères dans l’Épiscopat et le Sacerdoce,
Chers frères et sœurs,

   Le passage du livre du Siracide et le prologue de la Première Lettre de saint Pierre, proclamés comme première et deuxième lecture, nous offrent de significatives occasions de réflexion dans le cadre de cette célébration eucharistique, au cours de laquelle nous faisons mémoire de mon vénéré prédécesseur, le Serviteur de Dieu Pie XII. Cinquante ans se sont exactement écoulés depuis sa mort, survenue aux premières heures du 9 octobre 1958. Le Siracide, comme nous l’avons écouté, a rappelé à ceux qui veulent suivre le Seigneur qu’ils doivent se préparer à affronter des épreuves, des difficultés et des souffrances. Pour ne pas succomber à ces dernières – exhorte-t-il – il faut un coeur qui soit droit et constant, une fidélité à Dieu et une patience qui soient unies à une inflexible détermination à avancer sur le chemin du bien. La souffrance affine le coeur du disciple du Seigneur, comme l’or est purifié dans la fournaise. “Tout ce qui t’advient, accepte-le et, dans les vicissitudes de ta pauvre condition, montre-toi patient, car l’or est éprouvé dans le feu, et les élus dans la fournaise de l’humiliation(2,4-5).

   Saint Pierre, de son côté, dans la péricope qui a été proposée, en s’adressant aux chrétiens des communautés d’Asie mineure qui étaient “affligés par diverses épreuves”, va encore plus loin : malgré tout, leur demande-t-il, “Vous en tressaillez de joie”(1P 1, 6). L’épreuve est en effet nécessaire, observe-t-il, “afin que, bien éprouvée, votre foi, plus précieuse que l’or périssable que l’on vérifie par le feu, devienne un sujet de louange, de gloire et d’honneur, lors de la Révélation de Jésus Christ”(1P 1, 7). Ensuite, pour la deuxième fois, il les exhorte à être joyeux, et même à exulter “d’une joie indicible et pleine de gloire”(v, 8 ). La raison profonde de cette joie spirituelle réside dans l’amour envers Jésus et dans la certitude de sa présence invisible. C’est Lui qui rend inébranlable la foi et l’espérance des croyants, même au cours des phases les plus complexes et les plus dures de l’existence.

A la lumière de ces textes bibliques, nous pouvons lire le parcours terrestre du Pape Pacelli et son long service envers l’Église, commencé sous Léon XIII et poursuivi sous Pie X, Benoît XV et Pie XI. Ces textes bibliques nous aident surtout à comprendre la source à laquelle il a puisé son courage et sa patience au cours de son ministère pontifical qui s’est déroulé durant les douloureuses années du second conflit mondial et la période suivante, non moins complexe, de la reconstruction et des difficiles rapports internationaux, passés à l’histoire sous la significative appellation de “guerre froide”.

   “Miserere mei Deus, secundum magnam misericordiam tuam” : c’est avec cette invocation extraite du Psaume 50 que Pie XII débutait son testament. Et il poursuivait : “Ces mots que je prononçai, conscient d’être sans mérites et non à la hauteur, au moment où je donnai, en tremblant, mon acceptation à l’élection comme Souverain Pontife, je les répète maintenant avec plus de raison”. Deux années manquaient alors à sa mort. S’abandonner dans les mains miséricordieuses de Dieu : telle fut l’attitude que cultiva constamment mon Prédécesseur vénéré, le dernier des Papes nés à Rome, appartenant à une famille en relation avec le Saint-Siège depuis de nombreuses années.

   En Allemagne, où il exerça les fonctions de Nonce Apostolique, d’abord à Munich puis à Berlin jusqu’en 1929, il laissa derrière lui un souvenir emplit de gratitude, surtout pour avoir collaboré avec Benoît XV à la tentative de mettre fin à l’“inutile massacre” de la Grande Guerre, et pour avoir décelé, dès son avènement, le danger constitué par la monstrueuse idéologie nationale-socialiste, avec ses pernicieuses racines antisémite et anti-catholique. Créé Cardinal en décembre 1929, et devenu peu après Secrétaire d’État, il fut un fidèle collaborateur de Pie XI pendant neuf ans, à une époque caractérisée par les totalitarismes : le fascisme, le nazisme et le communisme soviétique, condamnés respectivement par les Encycliques Non abbiamo bisogno, Mit Brennender Sorge et Divini Redemptoris.

   “Celui qui écoute ma parole et croit (…) a la vie éternelle” (Jn 5, 24). Cette assurance de Jésus, que nous avons écoutée dans l’Évangile, nous fait penser aux moments les plus durs du pontificat de Pie XII lorsque, sentant s’évanouir toute sécurité humaine, il ressentait fortement le besoin d’adhérer au Christ, unique certitude qui ne passe pas, et ce aussi au travers d’un constant effort ascétique. La Parole de Dieu devenait ainsi lumière sur son chemin, un chemin sur lequel le Pape Pacelli dut consoler les réfugiés et les persécutés, essuyer les larmes de douleur et pleurer les innombrables victimes de la guerre. Seul le Christ est la véritable espérance de l’homme; seulement en se confiant en Lui, le coeur humain peut s’ouvrir à l’amour qui gagne sur la haine. Cette conscience accompagna Pie XII au cours de son ministère de Successeur de Pierre, ministère commencé justement alors que s’accumulaient sur l’Europe et sur le reste du monde les nuages menaçants d’un nouveau conflit mondial qu’il tenta d’éviter par tous les moyens : “Le péril est imminent, mais il est encore temps. Rien n’est perdu avec la paix. Tout peut l’être avec la guerre”, s’était-il écrié dans son radio-message du 24 août 1939 (Acta Apostolici Sedis, XXXI, 1939, p. 334).

   La guerre mit en évidence l’amour qu’il nourrissait pour sa “Rome bien-aimée”, un amour témoigné par son intense oeuvre de charité qu’il accomplissait en faveur des persécutés, sans tenir compte d’aucune distinction de religion, d’ethnie, de nationalité, d’appartenance politique. Lorsqu’à maintes reprises, on lui conseilla de laisser le Vatican pour se mettre à l’abri, la ville étant occupée, sa réponse fut toujours la même, identique et décisive : “Je ne laisserai pas Rome et mon poste, même si je devais en mourir” (cf. Summarium, p. 186). Ses familiers et autres témoins firent, en outre, part de ses privations de nourriture, de chauffage, de vêtements, de commodités, qu’il s’imposait volontairement pour partager la condition de la population durement éprouvée par les bombardements et par les conséquences de la guerre (cf. A. Tornielli, Pie XII, Un uomo sul trono di Pietro). Et comment oublier son radio-message pour Noël, en décembre 1942? Avec une voix brisée par l’émotion, il déplora la situation des “centaines de milliers de personnes qui, sans aucune culpabilité de leur part, mais seulement pour des raisons de nationalité ou de race, sont destinées à la mort ou à un progressif dépérissement” (AAS, XXXV, 1943, p.23), se référant très clairement à la déportation et à l’extermination perpétrée contre les juifs. Souvent, c’est dans le secret et le silence qu’il a agi parce que, justement, à la lumière des situations concrètes de la complexité de ce moment historique, il avait eu l’intuition que c’est seulement de cette manière que l’on pouvait éviter le pire et sauver le plus grand nombre possible de juifs. Pour ses interventions, de nombreuses et unanimes attestations de reconnaissances lui furent adressées à la fin de la guerre, ainsi qu’au moment de sa mort, par les plus importantes autorités du monde juif, comme par exemple, par le Ministre des Affaires Extérieures d’Israël Golda Meir, qui écrivit : “Quand le martyre le plus épouvantable a frappé notre peuple, durant les dix années de terreur du nazisme, la voix du Souverain Pontife s’est élevée en faveur des victimes”, concluant avec émotion : “Nous pleurons la perte d’un grand serviteur de la paix”.

   Malheureusement, le débat historique, qui n’a pas toujours été serein, sur la figure du Serviteur de Dieu Pie XII, a oublié de mettre en lumière tous les aspects de son polyédrique pontificat. Très nombreux ont été les discours, les allocutions et les messages qu’il a adressés aux scientifiques, aux médecins, aux responsables des plus diverses catégories de travailleurs, dont certains d’entre eux sont, encore aujourd’hui, d’une extraordinaire actualité et qui continuent d’être un point ferme de référence. Paul VI, qui fut son fidèle collaborateur pendant de nombreuses années, le décrivit comme un érudit, un chercheur attentif, ouvert aux voies modernes de la recherche et de la culture, restant fermement, et avec cohérence, fidèle tant aux principes de la rationalité humaine, qu’à l’intangible dépôt des vérités de la foi. Il le considérait comme un précurseur du Concile Vatican II (cf. Angelus du 10 mars 1974). Dans cette perspective, un grand nombre de ses documents mériteraient d’être rappelés, mais je me limiterai à n’en citer que quelques-uns. Avec l’Encyclique « Mystici Corporis », publiée le 29 juin 1943 alors que la guerre faisait encore rage, il décrivait les rapports spirituels et visibles qui unissent les hommes au Verbe incarné, et proposait d’intégrer, dans cette perspective, tous les principaux thèmes de l’ecclésiologie, offrant pour la première fois une synthèse dogmatique et théologique sur laquelle se baserait la Constitution dogmatique conciliaire  « Lumen Gentium ».

   Quelques mois après, le 20 septembre 1943, avec l’Encyclique « Divino Afflante Spiritu », il fixait les normes doctrinales pour l’étude des Saintes Écritures, en mettant en relief son importance et son rôle dans la vie chrétienne. Il s’agit d’un document qui témoigne d’une grande ouverture à la recherche scientifique sur les textes bibliques. Comment ne pas rappeler cette Encyclique, alors que se déroulent les travaux du Synode qui a justement pour thème “La Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Eglise”? C’est à l’intuition prophétique de Pie XII que nous devons la première étude sérieuse des caractéristiques de l’historiographie antique, pour mieux comprendre la nature des livres sacrés, sans en affaiblir ou en nier leur valeur historique. L’approfondissement des “genres littéraires”, pour mieux comprendre ce que l’auteur sacré avait voulu dire, avait été, jusqu’en 1943, considéré comme suspect, du fait aussi des abus qui y avaient été commis. L’Encyclique ne reconnaissait pas sa juste application, déclarant illégitime son usage pour l’étude non seulement de l’Ancien mais aussi du Nouveau Testament. “Aujourd’hui, cet art – explique le Pape – que l’on a l’habitude d’appeler critique textuelle et qui est, valablement et fructueusement, utilisée dans les éditions des auteurs profanes, s’applique de plein droit aux Livres Sacrés en fonction justement du respect qui est dû à la Parole de Dieu”. Et, il ajoute : “Son objectif est, en effet, de restituer, avec toute la précision possible, sa première teneur au texte sacré, le débarrassant des déformations introduites par les fautes des copistes et le libérant des gloses et des lacunes, des transpositions de mots, des répétitions et des défauts similaires de tout ordre, qui dans les écrits transmis à la main pendant de nombreux siècles, s’infiltraient couramment” (AAS, XXXV, 1943, p.336).

   La troisième Encyclique que je voudrais mentionner est « Mediator Dei », consacrée à la liturgie, publiée le 20 novembre 1947. Avec ce Document, le Serviteur de Dieu donna l’impulsion au mouvement liturgique, insistant sur l’ « élément essentiel du culte », qui “doit être celui interne : il est, en effet, nécessaire – écrit-il – de vivre toujours en Christ, de se dédier à Lui, afin qu’en Lui, avec Lui et pour Lui on glorifie le Père. La sainte Liturgie exige que ces deux éléments soient intimement liés… Autrement, la religion devient un formalisme sans fondement et sans contenu”. Ensuite, nous ne pouvons pas, non plus, ne pas évoquer l’importante impulsion que ce Souverain Pontife donna à l’activité missionnaire de l’Église avec les Encycliques « Evangelii praecones » (1951) et « Fidei donum » (1957), mettant en relief le devoir pour chaque communauté d’annoncer l’Évangile aux personnes, comme le fera, avec une courageuse vigueur, le Concile Vatican II. L’amour pour les missions, le Pape Pacelli l’avait, du reste, manifesté dès le début de son pontificat quand, au mois d’octobre 1939, il avait voulu consacrer personnellement douze évêques provenant de pays de mission, dont un indien, un chinois, un japonais, le premier évêque africain et le premier évêque de Madagascar. Enfin, l’une des ses constantes préoccupations pastorales fut la promotion du rôle des laïcs, pour que la communauté ecclésiale puisse compter sur toutes les énergies et les ressources disponibles. Pour cela aussi, l’Église et le monde lui sont reconnaissants.

   Chers frères et sœurs, alors que nous prions pour que la cause de béatification du Serviteur de Dieu, Pie XII, se poursuive normalement, il est bon de rappeler que la sainteté fut son idéal, un idéal qu’il ne manqua pas de proposer à tous. Pour cela, il donna une forte impulsion aux causes de béatification et de canonisation de personnes appartenant à des populations diverses, de représentants de tous les états de vie, fonctions et professions, réservant une vaste place aux femmes. C’est Marie justement, la Femme du salut, qu’il montre à l’humanité comme signe de ferme espérance, en proclamant le dogme de l’Assomption durant l’Année Sainte de 1950. À notre époque qui est, comme alors, assaillie de préoccupations et d’angoisse pour son avenir ; en ce monde où, peut-être encore plus qu’alors, l’éloignement de tant de personnes de la vérité et de la vertu laisse entrevoir des scénarios privés d’espérance, Pie XII nous invite à tourner notre regard vers Marie qui est montée dans la gloire céleste. Il nous invite à l’invoquer avec confiance, pour qu’elle nous fasse apprécier toujours plus la valeur de la vie sur la terre et nous aide à diriger notre regard vers le vrai but auquel nous sommes tous destinés : cette vie éternelle qui, comme Jésus nous l’assure, est déjà possédée par celui qui écoute et suit sa parole. Amen !

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Et voici maintenant un article très intéressant qui « remet quelques pendules à l’heure » :

Une béatification discutée.

par Pierre Gelin.

        »Le cinquantenaire de la mort de Pie XII, le 9 octobre prochain, promet de nouveaux bras de fer entre les partisans de sa « culpabilité » et ceux de sa béatification. La moindre annonce, même infondée, est un prétexte pour relancer la polémique du vide.

   A ce sujet, l’année 2007 peut être considérée comme « l’année Pie XII » tant les « révélations » se sont multipliées en dépit du bon sens historique. Afin de bien comprendre la situation actuelle, il convient de revenir sur ces temps forts qui ont amené le pape Benoît XVI à retarder la béatification de son prédécesseur

Beaucoup de bruit pour rien :

   En janvier 2007, le général Ion Pacepa, ancien haut dirigeant du KGB, révèle que les communistes ont créé de toutes pièces la légende noire autour de Pie XII : la pièce « Le Vicaire », écrite par Rolf Hochhut, participerait de cette campagne des services secrets visant à briser l’influence d’un pape profondément anticommuniste. Si des soupçons existaient déjà dans les années soixante sur le rôle du KGB dans la parution de cette pièce, jamais une telle preuve n’avait été apportée. Deux mois plus tard éclate la polémique entre Israël et le Saint-Siège – via Mgr Antonio Franco, nonce en Terre Sainte – à propos d’une présentation critique de Pie XII par le Mémorial de Yad Vashem en mars de la même année. La venue du prélat ne s’est faite qu’à la condition de réexaminer les propos tenus sur le pape Pacelli. En avril, le cardinal Bertone publie une circulaire de Pie XII, dont fait mention le père Pierre Blet dans son ouvrage (1), adressée aux instituts religieux et datée du 25 octobre 1943, demandant aux religieux d’accueillir et de sauver tous les Juifs qui le demandent.

   Les mois de mai et juin furent particulièrement denses : Pie XII fut au centre de nombreux débats. Tout d’abord, le mardi 15 mai 2007, la Congrégation pour la cause des saints a approuvé à l’unanimité une déclaration sur les vertus du pape Pie XII, laissant dorénavant au pape le soin de reconnaître l’héroïcité de ses vertus. La réaction fut immédiate : la fin du mois de mai vit ressurgir une polémique qui ne fut pas sans rappeler l’affaire de «l’encyclique cachée»… texte qui n’était ni encyclique, ni cachée : Emma Fattorini, historienne reconnue, aurait découvert un discours qu’aurait dû prononcer Pie XI s’il n’était pas mort la veille. Pie XII se serait empressé, sitôt son élection au siège de Pierre, de faire disparaître ce texte dénonçant violemment l’antisémitisme. Bien entendu, cette affaire n’était qu’un vaste tissu d’erreurs ; la première d’entre toutes fut que ce texte avait déjà été publié par… Jean XXIII dans « la Documentation catholique ».

   Le 5 juin 2007, Andrea Tornielli publia la première biographie complète de Pie XII, qui fit l’objet d’une présentation officielle au Vatican (2). Cet ouvrage, considéré comme le travail le plus sérieux réalisé jusqu’à présent, souligne tous les aspects de la personnalité du pape Pacelli et de son pontificat. Quelques jours plus tard, le 21 juin, parut en France l’étude du rabbin David Dalin sur l’attitude de Pie XII envers les Juifs (3). La conclusion est sans appel : le pape mériterait d’être « Juste parmi les nations », haute distinction d’un peuple outragé envers ceux qui l’ont aidé.

   Cette énumération fastidieuse est destinée à rappeler que la situation, sur le plan international, est tendue dès qu’il s’agit d’aborder le pontificat de Pie XII. C’est cet enchaînement de faits qui a influencé Benoît XVI et l’a amené à reporter la promulgation reconnaissant l’héroïcité des vertus de Pie XII, ouvrant ainsi la voie à sa possible béatification. Avant de porter tout jugement sur cet acte, il nous faut examiner la raison pour laquelle Benoît XVI a agi de la sorte, le 17 décembre dernier : Pie XII ne figurait pas dans la liste des huit personnes promises à une béatification prochaine, avec la grâce de Dieu. Parallèlement, Benoît XVI nomma une commission pour étudier le dossier de son prédécesseur. Il n’en fallut pas plus pour que certains journaux, notamment français, interprètent outrancièrement cette décision, en évoquant une «remise en question», voire «l’enterrement du dossier». Le journaliste Hervé Yannou compara subtilement, et de manière détournée, ce cas avec celui du père Léon Dehon dont le procès de béatification fut suspendu par Benoît XVI suite à la découverte d’écrits antisémites de ce prêtre français. Le pape demanda à une commission d’étudier la question, qui remit un rapport négatif amenant Benoît XVI à classer le dossier. À première vue, que de points communs entre le père Léon Dehon et le pape Pie XII ! Mais que de raccourcis également ! Tout d’abord, il n’y a strictement aucune trace d’antisémitisme dans les écrits de Pie XII, même lorsqu’il n’était encore que l’abbé ou le cardinal Eugenio Pacelli. De plus, la commission qui a été nommée par le pape pour étudier le cas de cette béatification ne laisse aucune ambiguïté sur les intentions de Benoît XVI : il s’agit d’une commission interne à la Secrétaire d’État.

   Précisons, pour qui n’est pas habitué des procédés du Vatican, qu’il s’agit d’une décision diplomatique et non théologico-spirituelle ; le vote de la Congrégation pour la cause des saints n’est pas abrogé. Ainsi que l’explique le père Peter Gumpel, jésuite et relateur de la cause (l’équivalent du juge d’instruction) : «Ce ne sont pas les vertus héroïques de Pie XII qui sont en cause, car, de ce point de vie, la Secrétairie d’État, qui est l’organisme diplomatique du Saint-Siège, n’est pas compétente. [C’est donc] une décision sage qui devrait permettre d’évaluer les conséquences d’une béatification de Pie XII à la lumière des relations entre Israël et le Saint-Siège».

La voie de la prudence :

   Loin de remettre en cause l’action de son prédécesseur, ainsi que ses vertus, Benoît XVI choisit la voie de la prudence. L’affaire, certes inhabituelle, est diplomatique, politique et contemporaine. Nous pouvons l’approuver ou la déplorer. La récente parution, en mars dernier, de l’ouvrage de Saul Friedländer (4), relayé par tous les grands médias nationaux et internationaux, tend à donner raison au Pape. En effet Saul Friedländer n’est pas un inconnu ; grand historien du nazisme, mondialement connu, ce rescapé de la Shoah s’est fait connaître par un livre publié dès 1964, intitulé « Pie XII et le IIIe Reich, » et qui connut un très vif succès, malgré la fragilité de ses sources. Son nouvel ouvrage évoque de nouveau et à plusieurs reprises l’attitude négative du Vatican avec, en première ligne, Pie XII. Un excellent article de Frédéric Le Moal revient longuement sur cette récente parution (5).

   Mais Pie XII a agi. Jean-Marie Mayer, Philippe Levillain, Andrea Tornielli, David Dalin, Pierre Blet, Jean Chaunu, Jean Chélini, Philippe Chenaux, etc., sont autant d’historiens qui, par leurs études, confirment l’action bénéfique de Pie XII, de son ordination sacerdotale à sa mort. Son influence fut palpable sur tous les plans : politique, culturel, humain, théologique, spirituel. Il n’est pas un domaine qui n’ait été traité par ce grand pape.

Sagesse de Benoît XVI :

   Face à ces témoignages et à ce foisonnement de documents, la thèse d’un «silence» de Pie XII est un mythe qui ne puise sa force que dans la répétition assourdissante menée par des moyens de communication modernes étouffant réflexion et esprit critique. Mais le mal est fait. Benoît XVI, en retardant l’échéance, ne choisit plus seulement une voie de prudence, mais une voie de sagesse. Certes nous aurions aimé une béatification retentissante pour le 50e anniversaire de la mort de Pie XII ; mais le pape sait que les médias se nourrissent de polémiques pour faire éclore le mensonge et la calomnie. La vérité sur Pie XII ne naîtra pas d’une provocation : elle sera le fruit de l’attitude sapientale de l’Église.

Notes de l’article :

(1) Pierre Blet, s.j., Pie XII et la Seconde Guerre mondiale d’après les archives du Vatican, Perrin, 1997.
(2) Andrea Tornielli, Pio XII. Eugenio Pacelli. Un uomo sul trono di Pietro, Mondadori, 2007.
(3) David Dalin, Pie XII et les Juifs, Tempora, 2008.
(4) Saul Friedländer, L’Allemagne nazie et les Juifs. Les années d’extermination, 1939-1945, Seuil, 2008.
(5) Frédéric Le Moal, « Saul Friedländer et Pie XII », sur www.pie12.com, 7 avril 2008.

2008-42. A propos d’un pèlerinage à La Louvesc, au tombeau de Saint Jean-François Régis.

Lundi matin 28 juillet 2008.

Hier, 11ème dimanche après la Pentecôte, notre Frère est parti de très bonne heure du Mesnil-Marie, pour se rendre à La Louvesc.
Cette petite paroisse, située à presque 1100 m d’altitude, est un lieu de pèlerinage assez fréquenté depuis que Saint Jean-François Régis, jésuite affecté aux missions à l’intérieur du Royaume après les ravages des guerres religieuses, y mourut d’épuisement – le 31 décembre 1640 – et y fut enterré.
Au XIXème siècle, Sainte Thérèse Couderc, fonda dans ce même village les Soeurs de Notre-Dame du Cénacle. D’humble extraction, Mère Thérèse fut mise à l’écart et reléguée à un rang subalterne dans le sein même de sa propre congrégation lorsque celle-ci se développa, et elle arriva par cette voie d’humilité (et d’humiliations) à un très haut degré de sainteté…* Son corps – conservé intact – a été ramené dans la chapelle de la maison de fondation.
Ce sont donc deux saints canonisés que l’on peut aller vénérer et prier dans ce village de montagne. La Louvesc est à moins de soixante kilomètres du Mesnil-Marie mais, avec les routes de ces régions, il faut compter un peu plus d’une heure pour s’y rendre.

Si Frère Maximilien-Marie y est allé précisément ce dimanche 27 juillet, c’est parce qu’un jeune prêtre ordonné en septembre dernier par Son Eminence Monsieur le Cardinal Castrillon Hoyos, s’y rendait lui aussi en pèlerinage avec quelques membres de sa famille.
Faut-il préciser que ce prêtre célèbre la Sainte Messe latine traditionnelle, en conformité avec les dispositions édictées par notre Saint-Père le Pape Benoît XVI dans son motu proprio « Summorum Pontificum cura » du 7 juillet 2007 ?

Monsieur l’Abbé avait bien pris soin de contacter le curé de la basilique quelques jours plus tôt pour signaler son passage et retenir un autel pour la célébration de la Messe…
Or, malgré les directives du Souverain Pontife et nonobstant l’esprit de charité et d’authentique catholicité que ce motu proprio souhaite instaurer partout, je suis bien au regret de vous dire que l’accueil n’a pas vraiment été très chaleureux, et que le « Père curé » s’est même permis quelques réflexions qui ne donnaient pas l’impression de jaillir d’un coeur magnanime…
Bref, nos pèlerins (auxquels on avait déjà imposé une heure matinale de célébration) furent relégués dans un oratoire où il n’y avait « aucun risque » que d’autres fidèles puissent les rejoindre, et dont « l’autel » était une espèce de cube de contreplaqué peint.
Monsieur l’Abbé avait bien sûr dû apporter tout le matériel liturgique pour assurer une célébration digne et fervente du Saint Sacrifice
(cliquer sur les vignettes pour voir les photos en grand).

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Lorsque, à son retour, Frère Maximilien-Marie me fait le compte rendu de tels évènements, je dois bien vous avouer que je suis pour le moins scandalisé.

Certains, dans l’Eglise même, ont en effet pris l’habitude de qualifier – ou plus exactement de disqualifier – les fidèles qui sont attachés à la Messe latine traditionnelle en leur collant l’étiquette « intégriste » ; ce sont aussi souvent ces mêmes personnes qui se font gloire d’être des gens « ouverts » et qui se gargarisent de slogans contre l’exclusion et pour l’accueil de toutes les différences… Mais leur attitude par rapport à ce que notre Saint-Père le Pape a appelé « la forme extraordinaire du rite romain » révèle dans les faits un odieux cléricalisme, manifeste des « crispations » idéologiques que l’on peut maintenant regarder comme totalement dépassées, et m’incite à penser qu’ils sont eux-mêmes les « intégristes » d’une mode ecclésiastique qui avait cours il y a trois ou quatre pontificats mais n’est plus du tout en phase avec la réalité de l’Eglise et du monde!

Il est d’ailleurs symptomatique de constater que Frère Maximilien-Marie reçoit souvent (et ce fut le cas à plusieurs reprises en ce dimanche) des témoignages de sympathie vraiment touchants, simplement motivés par le fait qu’il porte un habit religieux.
Les prêtres ou les religieux « sécularisés » se rendent-ils compte de ce qu’ils ont perdu? Si – selon un proverbe bien connu – « l’habit ne fait pas le moine », il est néanmoins certain qu’il contribue à faire de celui qui le porte le témoin d’une réalité qui ne se limite pas aux horizons terrestres. L’Eglise considère que la vie religieuse est un signe donné aux hommes. Or, pour qu’un signe soit véritablement un signe, il convient qu’il soit… visible!

Frère Maximilien-Marie est bien sûr allé se recueillir dans la chapelle édifiée au lieu même où Saint Régis mourant eut la vision de Notre-Seigneur et de Notre-Dame qui venaient le chercher pour l’introduire dans la gloire du Paradis.
Il a particulièrement confié à l’intercession de Saint Régis tous les malades qu’on lui a recommandés (et il y en a beaucoup, hélas!).

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Recueillement dans la chapelle mortuaire de Saint Jean-François Régis.

Je terminerai ce soir par une anecdote.
Près de la basilique de Saint Régis, Frère Maximilien-Marie est entré dans une boutique où était exposée la production de plusieurs artisans de la région : maroquinerie, travail du bois, poterie, peinture sur verre, broderie…etc. Justement un tourneur sur bois faisait une démonstration et un vrai courant de sympathie est passé entre lui et notre Frère. Du coup, en plus des coquetiers et autres vases et coffrets qu’il fabrique avec habileté, il a tenu à réaliser sous ses yeux, pour la lui offrir, une statuette représentant de manière stylisée Saint Jean-François Régis revêtu de la grande cape et du chapeau à larges bords qu’il portait dans l’hiver pour parcourir les montagnes du Vivarais et du Velay. Avec cette statuette, je pense que c’est aussi la bénédiction de Saint Jean-François Régis sur notre maison qui est venue jusqu’à notre Mesnil-Marie
Mais j’ai assez parlé pour aujourd’hui et je vous laisse regarder quelques photos du travail de cet artisan (
comme plus haut il vous suffit de cliquer sur chaque vignette pour que vous puissiez voir le cliché en grand format).

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Tournage, présentation de la statuette de St Régis et dédicace.

Je vous souhaite une bonne semaine et vous dis à très bientôt pour une nouvelle chronique…

2008-42. A propos d'un pèlerinage à La Louvesc, au tombeau de Saint Jean-François Régis. dans Chronique de Lully patteschatsLully.

* Voir aussi la Prière à la Sainte Trinité, composée par Sainte Thérèse Couderc que nous publions plus loin > www, et le texte « Se livrer » > www.

2008-24. Réponse à ceux qui font grief aux fidèles de la liturgie traditionnelle de ne pas participer à la vie de leur paroisse territoriale.

       Il arrive fréquemment que l’on fasse grief aux fidèles attachés à la célébration de la Sainte Messe latine traditionnelle (et qui à cause de cela font souvent de nombreux kilomètres pour se rendre dimanches et fêtes dans une église où ce rite est célébré) de ne pas participer à la vie de leur paroisse territoriale.

   Il est vrai, en effet, qu’en des temps « normaux », dans la Chrétienté traditionnelle, les fidèles n’ont pas à vagabonder d’une église à l’autre, n’ont pas à décider par eux-mêmes de leur paroisse de rattachement, mais doivent, pour être catholiques, se rendre à l’église de leur paroisse territoriale.
J’ai bien dit :
« en des temps normaux », car la crise qui s’est manifestée et a pris une ampleur catastrophique à partir du concile vaticandeux, a bouleversé les paroisses, brouillé la compréhension de ce qu’est une entité paroissiale selon la tradition multiséculaire de l’Eglise latine, et, souvent par la faute du clergé lui-même, contraint les fidèles à fuir ce qui subsistait des paroisses en raison de l’hétérodoxie de l’enseignement et des célébrations du culte…
Mais le cléricalisme, lui, n’a point perdu de vigueur ; il a même souvent crû à l’occasion de la crise, et ces pasteurs qui font fuir les fidèles sont aussi souvent les premiers à leur reprocher
« d’aller voir ailleurs »

   Nous reprenons ci-dessous les réponses à cette objection précisées par un prêtre canoniste.
Ce texte a été publié il y a déjà plusieurs années sur le site d’une association de défense de la Messe traditionnelle dans le diocèse de Beauvais, l’association Sanctus Lucianus (dont le site est désormais fermé) et, bien que le temps passe, il n’a nullement perdu son actualité, bien au contraire…
Nous pensons donc important de diffuser ce texte. Il ne faut en effet pas se priver de faire usage de cette argumentation, auprès des curés et des évêques eux-mêmes.

La Sainte Messe

       « Le canon 515, qui définit la paroisse, le fait en partant non pas d’une idée territoriale mais d’une réalité sociale : la paroisse est un ensemble de fidèles confiés à un pasteur, qui a envers eux la même mission que l’évêque dans son diocèse, à savoir enseigner, sanctifier et gouverner son peuple (canon 519).

   Même si le canon 518 dispose que la paroisse sera, en règle générale, territoriale, la comparaison de ces canons démontre que la territorialité n’épuise pas la notion de paroisse, ce qui est précisé par le même canon qui ajoute aussitôt : « Là où c’est utile, seront constituées des paroisse personnelles déterminées par le rite, la langue… 

   Autrement dit, il est légitime d’ériger des communautés de fidèles et de les constituer en paroisses, alors même que ces fidèles demeurent dans une paroisse territoriale. Si, pour des raisons diverses (par exemple l’hostilité du clergé) il n’est pas possible d’ériger une communauté de fidèles non territoriale en paroisse, on peut l’ériger en quasi paroisse, confiée à un prêtre comme à son pasteur propre. Ceci emporte donc qu’on peut jouir d’une DOUBLE appartenance : à une paroisse territoriale (puisqu’on réside forcément quelque part à un moment ou à un autre) ET à une paroisse ou quasi paroisse personnelle. C’est en particulier le cas des militaires, et un évêque ne va pas s’élever contre cette réalité à la fois juridique et humaine. L’important, comme le souligne le code, est l’appartenance à une communauté de fidèles. Considérer que cela porte atteinte à la paroisse territoriale est confondre la fin et les moyens : l’unique fin est le salut des âmes, le reste ne sont que les moyens d’y parvenir.

   C’est aussi confondre l’Eglise, corps mystique du Christ, avec une simple administration. On ne peut ni ne doit faire de l’acharnement thérapeutique sur une paroisse territoriale. Si elle se vide de ses membres il faut regarder la réalité en face : c’est que les choses dans cette paroisse sont inadéquates.

   En outre, il convient de remarquer qu’une communauté de fidèles, avant d’être érigée en paroisse ou quasi paroisse, doit exister en réalité : la création canonique d’une paroisse, quelque qu’elle soit, répond à un besoin concret, pas à une idéologie. Ne pas vouloir accepter cette réalité de bon sens, ce serait condamner le code lui-même.

   En effet, il y a au départ un groupe de fidèles, qui pour des raisons diverses (rite, langue, cf supra) souhaitent constituer une communauté non plus seulement de fait, mais juridique. S’y opposer par principe serait aller contre la lettre et l’esprit du code.

   Enfin il ne faut pas oublier qu’une paroisse territoriale, personnelle, ou une quasi paroisse, sont créées par l’évêque qui les dote d’un pasteur propre : elles sont aussi sous sa juridiction, en communion avec lui, puisque partie intégrante de l’Eglise diocésaine dont elles constituent une force vive, l’une des nombreuses « facettes ».

   Il y a là un enrichissement qui pousse l’Eglise à adapter sa structure locale au changement des réalités humaines. L’histoire même récente le prouve abondamment : création de diocèses ou de paroisses, suppressions d’autres, création de communautés, dissolution d’autres qui n’ont plus de quoi se perpétuer. Pensons aux synodes diocésains qui ont supprimé toutes les paroisses d’un diocèse pour en créer d’autres qui précisément répondent mieux au monde d’aujourd’hui. Il en va de même pour la création de communautés fondées sur un rite ou une langue (par exemple aussi les paroisses nationales à l’étranger…).

   Ces questions nous ramènent en fait à la notion suprême qui gouverne toute l’oeuvre de l’Eglise, quel que soit le domaine : le salut des âmes. »

(Père P.L.)

Missel traditionnel - vignette blogue

2008-5. Où l’on déplore l’aveuglement des chefs.

Mardi 15 janvier

Hier, lundi 14 janvier 2008, en milieu de journée, notre Saint Père le Pape Benoît XVI a reçu en audience Monsieur le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la conférence épiscopale française, accompagné de ses deux vice-présidents, NN.SS. Hippolyte Simon et Laurent Ulrich, ainsi que du secrétaire général de la sus-dite conférence, l’abbé Antoine Hérouard.

N’étant qu’un tout petit chat, je n’ai évidemment pas assisté à cet entretien: je le confesse pourtant, je me serais volontiers fait petite souris afin de me glisser discrètement dans un coin! Mais comme ce ne fut pas le cas, ma curiosité féline est bien obligée de s’en tenir aux entrefilets que j’ai pu glaner ça et là au sujet de cette rencontre, en particulier sous la plume de Monsieur Denis Crouan, président de l’association « pro liturgia » [cf. actualité du 15/01 www]

Monsieur Crouan, généralement bien informé, rapporte donc que Monseigneur Simon aurait évoqué avec le Souverain Pontife la question du motu proprio « Summorum Pontificum cura« , n’hésitant pas à affirmer que les évêques de France avaient été « solidaires de sa volonté de permettre à des personnes qui sont – à titre exceptionnel – attachés à la forme extraordinaire (du rite romain) de se sentir bien dans la communion de l’Eglise« . Et Monsieur Crouan commente: « On ne sait pas si le Saint-Père n’a pas dû faire des efforts pour ne pas rire en entendant que les évêques avaient été « solidaires », lui qui sait tout de même les réactions pour le moins vives qui ont suivies la publication du Motu proprio« . Monseigneur Simon aurait même ajouté « qu’il n’y a pas eu de demandes pour l’application du Motu proprio ayant changé la situation, et que la façon habituelle de faire vivre le rite latin demeure la forme ‘ordinaire’ « .

Quand je lis de telles choses, je ne vous cache pas que mon poil se hérisse , que mes oreilles se couchent en arrière et que mes griffes sortent au maximum de leur extension.

Si Monseigneur l’archevêque de Clermont a bien réellement tenu de tels propos devant le Pape Benoît XVI, je me pose de sérieuses questions sur ce qui peut se passer dans sa tête: ce prélat est-il lucide? est-il sain d’esprit? fait-il preuve d’hypocrisie? ou bien est-il totalement aveuglé par l’idéologie?… A moins que ce ne soit un curieux amalgame de tous ces cas de figure? Si en effet une personne, sous une pluie battante et tenant en main un thermomètre marquant une température de 5°, me disait qu’il fait un grand et chaud soleil, je serais parfaitement autorisé à me poser des questions sur sa santé mentale, sur sa sincérité ou sur ses capacités objectives de perception du réel, mais en définitive – en dehors du fait qu’elle attraperait probablement une bonne bronchite – cela ne porterait pas à de grandes conséquences… Cependant ici c’est complètement différent, parce que les conséquences sont tout autres. Et lorsque je lis de semblables affirmations émanant d’un évêque – c’est-à-dire de quelqu’un qui doit veiller avec une sollicitude véritablement paternelle et avec un zèle nourri de charité surnaturelle sur une part de l’Eglise de Dieu, en pleine communion avec le Successeur de Saint Pierre – , je ne peux pas m’empêcher d’éprouver un sentiment de colère en pensant que l’aveuglement des chefs (et il n’y en a pas de pire que celui qui est volontaire) est désastreux pour le profit spirituel et le salut des âmes! Ce que j’écris ici n’est pas une opinion personnelle facultative, c’est l’enseignement même de Notre-Seigneur Jésus-Christ: « Ce sont des guides aveugles. Or si un aveugle conduit un aveugle, tous deux tomberont dans une fosse« (Matth. XV,14).

Quoi qu’il en soit les faits sont là pour démontrer le contraire des affirmations de Monseigneur Simon et je ne veux pas en dresser un catalogue: le voudrais-je que cela me semblerait impossible! Nous savons que la commission pontificale « Ecclesia Dei«  et la nonciature apostolique à Paris reçoivent quantité de lettres, plaintes et demandes de la part des fidèles de France attachés à la célébration du rite « antiquior » de la Sainte Messe latine, dont les démarches auprès de leurs curés ou dans les évêchés ne rencontrent qu’indifférence, négligence, mépris… On m’a même rapporté que Monsieur le cardinal Castrillon Hoyos, préfet de cette commission « Ecclesia Dei« , lorsqu’il est venu à Versailles le 8 décembre dernier pour célébrer par une grand’messe pontificale le vingt-cinquième anniversaire de l’association « Notre-Dame de Chrétienté« , est reparti avec une pleine serviette de lettres qui lui ont été remises en mains propres, et dans lesquelles des catholiques de toute la France font état de leurs difficultés pour obtenir l’application des dispositions contenues dans le motu proprio et en appellent à Rome.

Je serais tenté d’écrire que l’on trouve, chez certains guides du peuple chrétien, quelque chose de comparable à ce qui se passa pour Pharaon au temps de l’Exode: son coeur fut endurci, malgré les signes et les prodiges déployés par Moïse, et il n’écouta pas (cf. Exode VII,3). Cet endurcissement du coeur, que l’on retrouve chez les Princes des Prêtres et les pharisiens à l’époque de la vie terrestre de Notre-Seigneur, porte déjà en lui-même une forme de châtiment, et l’obstination dans cette voie est toujours la source de grands malheurs pour les peuples. Ah, comme je voudrais qu’il n’en soit pas ainsi pour la Sainte Eglise Catholique aujourd’hui! Et combien je souhaite que son unité soit réelle et véritable, autour de notre Saint Père le Pape Benoît XVI, dans la Vérité et dans la Charité…

Lully.

2007-24. De la Royauté du Christ à la gloire de Ses élus.

Dernier dimanche du mois d’octobre,
Fête de Notre-Seigneur Jésus-Christ Roi universel.

       Le dernier dimanche du mois d’octobre, la liturgie – dans son calendrier traditionnel auquel nous tenons d’une manière très spéciale – nous donne de fêter le Christ, Roi de l’univers.

   Il y avait une volonté explicite du Pape Pie XI dans le choix spécial de ce dimanche-là (et pas un autre), lorsqu’il institua cette fête, puisqu’il écrivait dans l’encyclique « Quas primas » du 11 décembre 1925 :
« …Plus que tout autre, le dernier dimanche d’octobre Nous a paru désigné pour cette solennité : il clôt à peu près le cycle de l’année liturgique ; de la sorte, les mystères de la vie de Jésus-Christ commémorés au cours de l’année trouveront dans la solennité du Christ-Roi comme leur achèvement et leur couronnement et, avant de célébrer la gloire de tous les Saints, la liturgie proclamera et exaltera la gloire de Celui qui triomphe en tous les Saints et tous les élus ».

2007-24. De la Royauté du Christ à la gloire de Ses élus. dans Chronique de Lully christroi02

   La réforme liturgique issue du second concile du Vatican a opéré un double déplacement de cette fête :

a) un déplacement de date : du dernier dimanche d’octobre au dernier dimanche de l’année liturgique,

et

b) un déplacement de sens : de la proclamation d’une royauté qui doit être universelle dès ici-bas – par une obéissance de tous les hommes et de toutes les sociétés à la loi d’amour et de sainteté du Christ, non seulement dans le domaine privé des consciences mais aussi dans le domaine public -, à une dimension uniquement eschatologique, c’est-à-dire une royauté qui ne s’exercera plus que dans le Royaume éternel, après le jugement dernier.

   Ce changement de perspective correspondait à un abandon pur et simple de la doctrine de la Royauté Sociale de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

   Cette mutation du sens donné à cette fête allait de pair, sous le règne de Paul VI, avec une véritable rupture dans la pratique multiséculaire du Saint-Siège cherchant à favoriser la reconnaissance, la garantie et l’institutionalisation, dans la sphère politique et sociale, des devoirs et des droits humains en pleine conformité avec la Loi divine.

   On le sait bien, et Pie XII l’avait rappelé à plusieurs reprises de manière magistrale, la forme prise par la société temporelle, dans ses structures politiques et sociales, est véritablement déterminante pour le salut ou la perte de nombreuses âmes.
L’enjeu du salut éternel des âmes fait à l’Eglise une obligation d’intervenir
dans l’ordre temporel (sans confusion des pouvoirs toutefois), et de favoriser les structures sociétales qui sont le plus idoines à l’épanouissement de la sainteté. L’Eglise obéit en cela à la parole de Saint Paul : « Oportet illum regnare : il faut qu’Il règne ! »

   En plaçant la fête du Christ-Roi au dimanche précédant immédiatement la Toussaint, Pie XI rappelait que la Royauté Sociale de Notre-Seigneur Jésus-Christ s’épanouit logiquement en fruits de sanctification et prépare heureusement les âmes à la gloire céleste.
Tandis que la proclamation d’une royauté seulement eschatologique, à la fin des temps, allant de pair avec l’abandon des « revendications » traditionnelles de l’Eglise dans ses relations avec les états (par une sorte de « rousseauisme spirituel »), ne pouvait qu’entraîner une accélération du laïcisme, de l’indifférentisme, du relativisme… etc., ne pouvait que favoriser le développement de la propagation de doctrines contraires ou même foncièrement opposées à la Vérité révélée, ne pouvait être que très dangereux et dommageable pour les âmes, davantage exposées à l’erreur et aux multiples tentations du monde.

   On a bien vu que le virage consécutif à la fameuse « ouverture au monde » en laquelle on a prétendu résumer « l’esprit du concile », loin de favoriser le développement de la vie chrétienne a tout au contraire produit un déficit considérable pour ce qui est de la pratique religieuse, de la vie spirituelle des fidèles, de leur formation intellectuelle, de l’efficience des mouvements d’apostolat, du recrutement des vocations… etc.

    »Toute âme qui s’élève élève le monde » !
Et pour qu’une âme s’élève, il faut autant que possible favoriser des conditions propices à une élévation morale, intellectuelle, psychologique et spirituelle. Il faut que les cadres temporels eux-mêmes soient favorables à cette élévation.

   N’importe quel jardinier intelligent sait qu’on ne peut permettre à une plante de croître et de s’épanouir dans un terrain inapproprié et dans des conditions d’ensoleillement et d’irrigation inadaptées à sa nature.
Ce qu’un jardinier pratique obligatoirement et comme par instinct, sous peine d’accumuler les échecs, pourquoi les conducteurs spirituels du « Peuple de Dieu » l’ont-ils oublié et nié dans les faits ? Pourquoi se sont-ils comportés comme des jardiniers qui auraient détruit leurs serres et leurs systèmes d’arrosage en disant: « Ces structures sont d’un autre âge, il faut que les plantes soient responsables d’elles-mêmes et sachent mettre à profit les conditions, même défavorables, dans lesquelles elles se trouvent, afin de parvenir à leur état adulte libérées des structures étrangères à leur nature… »

   Celui que se lamente parce que « les fumées de Satan se sont introduites dans le sanctuaire » alors qu’il a lui-même contribué à ouvrir les fissures par lesquelles ces fumées se sont infiltrées manifeste – pour le moins – un singulier déficit de lucidité et de responsabilité !

   En fêtant, ensuite, tous les Saints, c’est-à-dire tous ceux qui sont parvenus à la gloire céleste – et souvent à travers des combats héroïques contre l’esprit du monde – nous n’omettrons pas de leur demander la grâce de nous donner à nous qui peinons, « gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes », la force et le courage de travailler énergiquement au rétablissement du règne social de Notre-Seigneur Jésus-Christ, générateur de sainteté.
Et pour que le règne du Christ s’épanouisse dans la société, il faut travailler à ce que l’idée même triomphe des erreurs du temps dans l’intelligence et dans le coeur de nos contemporains, clercs et laïcs !

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.

couronneroifrance Christ-Roi dans Commentaires d'actualité & humeurs

Acte de consécration du genre humain au Sacré-Coeur du Christ-Roi prescrit pour cette fête (et assorti du don d’une indulgence plénière) > ici.

2007-14. « Dies mali sunt ».

20ème dimanche après la Pentecôte.

nuages noirs

   « Les jours sont mauvais : Dies mali sunt » (Eph.V,16).
Trois petits mots qui m’ont frappé en écoutant la lecture de l’épître de la Sainte Messe de ce vingtième dimanche après la Pentecôte.
Pourquoi l’Apôtre fait-il cette remarque ?

   Parce qu’il invite avec insistance ses lecteurs à faire preuve d’une très grande circonspection et à ne pas agir en insensés : « non quasi insipientes, sed ut sapientes » : « Ayez soin, mes frères de vous conduire avec une grande prudence, non comme des imprudents mais comme des sages » (Eph.V,15-16). Ajoutant aussitôt : « Redimentes tempus quoniam dies mali sunt. Rachetant le temps parce les jours sont mauvais ».

   Les auditeurs de la Parole inspirée, en raison même de la malice inhérente au monde dans lequel ils vivent (1), sont exposés à de redoutables dangers. Des dangers plus redoutables que les malheurs et les souffrances physiques : le péril dans lequel les place la tentation ; le péril de la séparation d’avec Dieu pour toujours, c’est-à-dire de la damnation éternelle !

   Cette exposition continue aux attaques des « esprits de malice répandus dans les airs » (Eph.VI,12) constitue une véritable pollution spirituelle de l’environnement humain : de la même manière qu’un air infesté peut contaminer ceux qui le respirent, la malice des jours qui sont les nôtres peut nous affaiblir, miner la santé de nos âmes, ruiner la vigueur de nos esprits, frapper nos cœurs de mortelle langueur.

   Celui qui sait qu’une épidémie d’influenza ou de choléra sévit dans la région où il se trouve prend tout naturellement des mesures de protection et d’hygiène pour échapper à la contagion. Il serait pour le moins insensé d’agir de façon contraire !

   Et celui qui sait que l’air qu’il est exposé à respirer peut être saturé de microbes pernicieux, n’hésite pas à utiliser des moyens sanitaires pour purifier et assainir l’air des pièces où il vit.

   Saint Paul nous rappelle aujourd’hui avec beaucoup d’à-propos qu’il en est de même pour ce qui concerne la santé de l’âme.

   Ainsi donc, puisque les jours de notre existence terrestre nous exposent au danger de la contagion du mal, nous devons « racheter le temps » c’est-à-dire appliquer au cadre spatio-temporel de notre existence les grâces de la rédemption que Notre-Seigneur Jésus-Christ nous a obtenues par Sa douloureuse Passion.

   Dans sa sagesse inspirée, nourrie par des siècles d’expérience, la Sainte Eglise notre Mère a institué des sacramentaux qui sont une aide et une protection efficaces dans le combat que nous menons.
Les sacramentaux sont des secours spirituels, dont un très grand nombre sont liés aux inspirations ou à l’expérience des Saints. Dans ces sacramentaux, la puissance de la prière et des bénédictions de la Sainte Eglise attache à certains gestes et à certains objets matériels eux-mêmes une efficacité de grâce et de bienfaits surnaturels.
Il ne s’agit nullement de magie ou de superstition. L’efficacité des sacramentaux est conditionnée à l’exercice d’une authentique foi théologale dans un but de sanctification.

   Le rituel traditionnel de la Sainte Eglise Romaine a réuni une somme extraordinaire de bénédictions : bénédictions d’objets (de piété certes, mais pas uniquement), bénédiction pour l’eau (qui devient eau bénite) bien évidemment.
Mais trop de fidèles ignorent, et beaucoup de prêtres eux-mêmes semblent ignorer – ou du moins donnent l’impression d’ignorer (parce qu’ils n’y recourent pas ou pas assez) -, qu’il y a des bénédictions particulières liées à certaines fêtes liturgiques, ou bien à certaines circonstances de la vie « ordinaire » (comme peuvent l’être par exemple des menaces d’ordre météorologique, comme la grêle ou les tempêtes), qui concernent les lieux (maisons, étables, jardins, champs, pièces ou locaux affectés à une activité particulière), mais aussi encore les aliments, les vêtements, les instruments de travail, les remèdes et médicaments, les moyens de locomotion …etc.

   Pourquoi le rituel est-il donc si peu exploité, si peu mis à profit ?
Pourquoi ce moyen si simple de « racheter le temps » et de contrer la malice des jours dans lesquels nous vivons est-il si méconnu et par suite si limité dans son usage habituel ?
Sans vouloir porter de jugement, il semble cependant qu’on puisse répondre sans hésitation que c’est parce que l’esprit surnaturel, l’esprit de foi, est aujourd’hui profondément affaibli.

   Le modernisme sourit avec commisération des sacramentaux ; le progressisme les tourne en dérision, les supprime ou les dénature.
Combien de prêtres « conciliaires » qui, dans les paroisses, ne bénissent pas d’eau : pour eux l’eau qu’ils utilisent par exemple pour ce qui a remplacé l’absoute aux cérémonies de funérailles n’est plus qu’un symbole, n’a qu’une valeur symbolique : c’est la simple eau du robinet sur laquelle ils n’ont prononcé aucune formule de bénédiction qui se trouve dans les bénitiers et dont les fidèles aspergent le cercueil du défunt !
J’aurais des centaines de cas précis à l’appui de ce que j’affirme, mais je ne veux pas me lancer ici dans une énumération d’exemples car il y en a malheureusement beaucoup trop à déplorer et cela ne ferait que nourrir de l’amertume ou de la colère.

   Je me contenterai de relever que le « Livre des bénédictions » publié dans le contexte des réformes liturgiques consécutives au second concile du Vatican marque une régression théologique considérable, avec un alignement sur des conceptions directement inspirées par le protestantisme libéral, en contradiction avec des siècles de théologie et de pratique catholiques, en contradiction en particulier avec l’enseignement du concile de Trente. En effet ce pseudo-rituel dans une majorité de « prières de bénédiction » qu’il propose, ne bénit pas ni ne sanctifie pas les objets qui sont présentés, mais se contente d’appeler de ses vœux la faveur divine sur les personnes qui en feront usage. Arguant du fait que, étymologiquement, « benedicere » signifie « dire du bien », un très grand nombre de ces pseudo-bénédictions disent du bien de la pratique à laquelle, par exemple, tel ou tel objet servira sans que l’objet lui-même soit désormais sanctifié de manière pérenne, et sans lui attacher une grâce particulière.

   Nous sommes donc attentifs à conserver l’antique rituel pour l’administration non seulement des sacrements, mais aussi pour tous les sacramentaux, en pleine continuité avec l’usage multiséculaire. Ce rituel est tout entier marqué par l’empreinte d’une authentique théologie catholique, et il garde en sa faveur la prudence surnaturelle et la sage expérience des saints, de manière à ce que, suivant leurs pas, nous agissions « ut sapientes, non quasi insipientes : non comme des imprudents mais comme des sages » (Eph.V,15-16) !

 frise

(1) « Parce que la création a été assujettie à la vanité, non parce qu’elle l’a voulue mais à cause de celui qui l’y a soumise… » (Rom. VIII,20) et aussi : « Mundus totus in maligno positus est : le monde tout entier est sous l’empire du Malin » (1 Joan.V,19).

rituel

2007-12. Joseph et Chico.

Ce 10 octobre 2007.

       Après vous avoir parlé du pèlerinage de notre Frère à Rome, je dois maintenant vous entretenir d’un évènement littéraire qui est directement en rapport avec notre Saint-Père le Pape Benoît XVI et qui a beaucoup d’importance à mes yeux :

   En effet ces jours-ci, en Italie, les éditions du « Messager de Saint Antoine » publient une biographie du Souverain Pontife, abondamment illustrée.
Jusqu’ici rien d’extraordinaire, me direz-vous.
Mais ce qui est justement un évènement, c’est que le narrateur de cette histoire est l’un de mes congénères : Chico, le chat de la ferme de Pentling.

   Chico est un gros matou au pelage roux, âgé de neuf ans, qui vit dans la ferme voisine de la maison que le cardinal Joseph Ratzinger avait achetée pour y finir paisiblement ses jours…
Quand il y venait en vacances, Chico désertait la ferme pour s’installer chez lui, jour et nuit. Je ne crois pas trahir un secret en vous confiant qu’il a même griffé le cardinal un jour de Noël! C’est vous dire qu’il connaît bien celui qui est maintenant le Pape, et qu’il peut en parler avec autant de justesse que de précision.
N’oubliez pas que nous, les chats, nous sommes des observateurs de première classe, en même temps que nous sommes des confidents appréciés!

   Chico avait tout de suite vu que ce cardinal, occupant un poste important à la Curie romaine, était un ami des chats. Savez-vous comment?
Tout simplement parce qu’il avait fait installer dans son jardin… une statue de chat! Vous pensez bien que s’il se fut agi d’une statue de chien, Chico ne se serait pas aventuré du côté de cette maison!

   Peu après le cardinal lui a d’ailleurs confié qu’il avait à Rome deux chats magnifiques.
Je sais que la presse « pipeul », au moment de son élection, s’est interrogée pour savoir si le nouveau Pontife pourrait emmener ses chats dans le Palais Apostolique du Vatican, allant ressortir de vieilles légendes superstitieuses selon lesquelles nous serions des symboles de la présence du démon… Ce qui est insensé et outrageant!

  Mais Benoît XVI fait fi de ce genre de ragots et les deux chats, désormais parés du titre de « pontificaux » l’ont bel et bien accompagné, et ils sont même les seuls à avoir le droit de le déranger quand il travaille ou quand il joue du piano…
Il y a des « monsignori » qui en étouffent de jalousie!

Chat pianiste

   Bref, Chico le chat bavarois est un véritable ami du Pape.
Aidé de la journaliste Jeanne Perego et de la dessinatrice Donata del Molin Casagrande, il fait en 44 pages un récit passionnant et teinté d’humour de la vie du Pape, depuis cette nuit très froide du 16 avril 1927 où naquit le petit Joseph Aloïs Ratzinger, en passant par les années d’études, celles de la guerre et de la captivité, l’ordination sacerdotale et la période professorale, jusqu’à l’élection au Souverain Pontificat…

   Ici, il faut que je vous révèle une chose qui a mis un peu de tristesse au coeur de Chico : il n’a pas revu son grand ami depuis cette élection.
Il y a quelques mois, en septembre 2006, le Souverain Pontife est bien revenu à Pentling, lors de son voyage apostolique en Bavière, mais Chico a été tellement effrayé par le cortège pontifical et le remue ménage des journalistes qu’il s’est enfui à toutes jambes et qu’il s’est caché.
Il aurait pourtant tellement aimé recevoir encore les caresses de son grand ami Joseph !

   Le livre de Chico est préfacé par le secrétaire particulier du Saint Père, Monseigneur Georg Gänswein, c’est vous dire si on peut lui faire confiance pour mieux connaître ce Pape véritablement exceptionnel, puisqu’il est un grand ami des minous !

Lully.

2007-12. Joseph et Chico. dans Annonces & Nouvelles 031007gato

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