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2012-75. « Je me suis rendu aujourd’hui aux funérailles d’une vieille amie… »

Lundi 5 novembre 2012.

Mon très cher Lully,

Tu m’as demandé de mettre par écrit ce que je t’ai raconté tout à l’heure en rentrant. Je m’en acquitte bien volontiers.
J’ai bien conscience toutefois – puisque ton blogue est public et qu’il n’y a pas que les amis du Refuge Notre-Dame de Compassion qui peuvent en lire les textes – que cela risque de me susciter de nouvelles critiques et inimitiés. Je n’en ai cure, puisque ce que je vais écrire n’est que vérité et qu’il ne peut donc y avoir que des ennemis de la vérité pour y trouver à redire.

* * * * * * *

Je me suis rendu aujourd’hui aux funérailles d’une vieille amie, décédée dans sa quatre-vingt-quatorzième année. Elle priait à mon intention avant même que je ne la connaisse – au temps de mes lointaines années de lycée! – parce qu’elle avait entendu parler de moi par des amis communs.
Ce n’est qu’après être entré dans la vie religieuse que je l’ai rencontrée pour la première fois et, depuis lors, nous sommes toujours restés en contact.

Native de la petite ville où j’ai moi-même passé mon enfance et mon adolescence, l’église dans laquelle ses funérailles étaient aujourd’hui célébrées – église dans laquelle elle avait été baptisée et confirmée, église dans laquelle elle avait fait sa première communion et s’était mariée – est aussi l’église où j’ai moi-même reçu les sacrements de baptême, de confirmation et d’Eucharistie, église où ont mûri beaucoup de choses dans mon âme, église dans laquelle je n’entre jamais sans une profonde émotion spirituelle…

2012-75.

Cependant le bonheur intérieur que j’ai toujours à retourner dans « mon » église était aujourd’hui – et il en est ainsi toutes les fois où les convenances m’obligent à assister à une cérémonie religieuse en dehors des églises où est célébré le rite latin traditionnel – mêlé à de la crainte et à de l’appréhension.
Je pense que beaucoup de fidèles catholiques pratiquant la « forme extraordinaire du rite romain » doivent éprouver les mêmes inquiétudes que moi chaque fois qu’ils doivent assister à un culte « post-conciliaire ».

Qui va célébrer? Ce prêtre sera-t-il vraiment catholique? Comment va-t-il célébrer? Que vais-je devoir subir comme entorses aux règles liturgiques? Quelles chansonnettes insipides mes oreilles vont-elles devoir supporter? Quelles âneries, quelles erreurs ou même quelles hérésies vais-je encore devoir entendre au sermon?… etc.
Toutes ces questions, je ne peux pas faire autrement que de me les poser car si (heureusement!) il existe des diocèses où la messe montinienne est célébrée de manière convenable, avec toute la Foi de l’Eglise, dans une très grande majorité de paroisses, tu sais, mon cher Lully, que c’est – hélas! – quelque chose de tout à fait exceptionnel sur le territoire de ce diocèse-ci.

Et – tu le sais aussi d’expérience – il est vain de tenter de respectueuses protestations auprès de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements puisque la réponse sera ce qu’elle a déjà été : « Ce Dicastère vous invite à porter vos observations à l’attention de votre Evêque, qui est compétent pour connaître les affaires relatives à la célébration de la liturgie dans son diocèse » (sic), et que par ailleurs l’exemple des entorses aux règles de la liturgie est donné par ceux-là mêmes dont la charge serait de les faire appliquer!…

Bref! Comme chaque fois que je ne peux faire autrement que d’assister à une cérémonie en dehors de la « forme extraordinaire du rite romain », je me suis donc préparé à y assister comme on va assister à un rite étranger, et en m’efforçant malgré tout de prier intérieurement pour le repos de l’âme de ma vieille amie, indépendamment de ce qui se passerait dans le sanctuaire ou autour de moi.
Je dis bien : « Comme à chaque fois que je ne peux faire autrement… » Ces circonstances qui ne permettent pas de faire « autrement » ce sont essentiellement, comme aujourd’hui, des funérailles auxquelles les convenances ainsi que l’amitié que vous portiez au défunt ne vous autorisent pas de vous dérober.

Les dimanches et fêtes, la question ne se pose pas : je vais dans une église dont je suis certain que le prêtre est catholique, la liturgie catholique, l’enseignement catholique… quand bien même il me faut pour cela parcourir habituellement 120 kilomètres, et parfois 220.
Les quelques dimanches où les conditions de circulation ne me permettent pas de me rendre dans ma paroisse – pleinement catholique – , je sanctifie le dimanche de mon mieux au Mesnil-Marie, paisiblement, sans chercher à me rendre à tout prix – à 15 km de là – dans une église de ma paroisse territoriale où il y a une « messe » : en effet je doute fermement qu’elle remplisse les conditions de validité de la célébration du Saint-Sacrifice.

Ce ne sont pas là des paroles en l’air.
Pour qu’une Messe soit valide, il faut qu’elle soit célébrée par un prêtre validement ordonné, qui prononce, sur le pain et sur le vin, les paroles de la consécration reçues par l’Eglise, avec l’intention de faire ce que veut faire l’Eglise.
L’intention du prêtre n’est pas son intention « subjective », mais l’intention qu’il manifeste à travers le rite qu’il utilise.
Je me répète et j’insiste :
il est nécessaire que le prêtre aie l’intention de faire ce que l’Eglise fait. Or ce que l’Eglise fait est codifié par le rite et par les règles liturgiques précises qui ont été édictées par le Saint-Siège.

Un prêtre qui, malgré ce qui est écrit dans le missel et malgré les multiples rappels à l’ordre de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, n’utilise pas les ornements prescrits, invente les oraisons ou va les prendre dans des « fiches » non approuvées par l’autorité compétente, modifie les textes, fait des ajouts ou bien retranche des parties entières des formules liturgiques, montre à l’évidence qu’il se fiche complètement de ce que veut faire l’Eglise.
Si, en outre, dans une discussion, ce même prêtre a nié devant vous la doctrine catholique du Saint-Sacrifice telle qu’elle a été définie par le Concile de Trente comme aussi d’autres points non négligeables de la foi catholique, et que vous savez qu’il lui arrive de « concélébrer » avec un pasteur, il vous est très légitimement permis de douter de la validité de la « messe » (ou prétendue telle) qu’il célèbre.

J’ai été long, mais il fallait redire ces choses pour bien faire comprendre que ces craintes et appréhensions que j’éprouvais en me rendant aux funérailles de ma vieille amie ne sont pas d’ordre subjectif mais sont au contraire pleinement fondées.

* * * * * * *

C’est bien ce que je redoutais auquel j’ai assisté aujourd’hui.

J’ai beau « pratiquer » avec la messe latine traditionnelle, je connais néanmoins les règles liturgiques du nouvel ordo.
Il était donc difficile que je ne remarquasse pas les irrégularités de cette « messe » : le « salut à l’assemblée » a consisté en un interminable laiüs dont je ne suis pas parvenu à comprendre le sens ; le texte de la « préparation pénitentielle » n’appartenait pas aux formules proposées par le missel ; tous les « le Seigneur soit avec vous » prescrits ont été omis par le célébrant ; il n’y a pas eu d’acclamation liturgique de l’Evangile (qui est devenue « bonne nouvelle ») ; dans la lecture de la péricope évangélique nous avons eu droit à « venez à moi, vous tous et vous toutes, qui ployez sous le poids du fardeau… » parce que, de toute évidence, il convenait de faire ressortir que Notre-Seigneur Jésus-Christ n’était pas machiste ; le sermon était un charabia incompréhensible ; à l’offertoire « le travail des hommes » a été remplacé par « le travail de tous » (tiens! nous n’avons pas eu droit à « et de toutes ») et à donné lieu à une glose de tonalité syndicale ; le lavabo a disparu ; le « sanctus » était trafiqué ; la prière eucharistique (numéro deux bien évidemment : il faut faire vite!) a subi un soudain développement sur l’assemblée plénière des évêques de France ; l’embolisme du Pater est passé à la trappe ; l’ « Agnus Dei » était un « chant de paix » ; l’oraison après la communion était de toute évidence une improvisation dont la conclusion s’adressait au Fils par le Père (oui, oui! j’ai bien entendu) et dont le Saint-Esprit s’était envolé ; l’absoute a consisté en un dernier prêchi-prêcha qui n’était pas une prière ; l’aspersion du corps par le célébrant avec l’eau (était-elle bénite?) ressemblait à une grimace mais pas à un signe de croix… (je ne dirai rien des cantiques très « datés » qui nous ont été infligés : hérités des années soixante-dix du siècle passé, ils ne constituent nullement une prière pour les défunts).

A côté de ce « célébrant principal », il y avait un prêtre concélébrant, très digne, ami de la défunte : c’est lui qui lui a donné les derniers sacrements. Je sais qu’il a la foi catholique, et il avait l’air bien ennuyé de la tournure de ces funérailles.
Lorsque j’ai été le saluer après la cérémonie, il m’a confié qu’il n’était pas certain que le célébrant principal avait consacré réellement, mais que lui-même avait dit les paroles correctes et que la messe était valide…

Tout cela est absolument affligeant et l’on se trouve bien loin de la plénitude de paix et d’espérance que donne la célébration des funérailles selon la « forme extraordinaire du rite romain » avec les sublimes pièces de la « messe des morts »!
Pour moi, vous vous en doutez bien, je ferai célébrer des Saintes Messes de Requiem, dans le rite latin traditionnel, à l’intention de ma vieille amie.
Et vous, qui m’avez lu, ayez la charité, je vous le demande, de réciter à son intention un « De Profundis » ou un « Requiem aeternam ». Soyez en remerciés!

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Coeur.

2012-70. In hoc signo vinces !

28 octobre,
Fête des Saints Apôtres Simon & Jude (cf. > ici) ;
Anniversaire de la victoire de Constantin au Pont Milvius (cf. > ici).

2012-70. In hoc signo vinces ! dans Chronique de Lully labarum-4

ἐν τούτῳ νίκα

         Les heureuses dispositions du calendrier font que, chaque année, le dernier dimanche d’octobre, jour établi pour la fête du Christ Roi (cf. > ici) se trouve de ce fait très proche (il arrive même parfois que ces deux dates coïncident) de l’anniversaire de la victoire de Constantin sur Maxence au Pont Milvius, le 28 octobre de l’an 312.

   Flavius Valerius Aurelius Constantinus, que nous appelons communément Constantin, est le fils de Constance, surnommé Chlore (c’est-à-dire « au teint pâle »), et d’Hélène, future sainte.
Né en 272, il a été proclamé trente-quatrième empereur de Rome, à York, par les troupes de son père à la mort de ce dernier, le 25 juillet 306.

   L’empire est alors dans une période de troubles en raison des divisions et querelles sans fin engendrées par le délitement de la tétrarchie.
Constantin reconquiert la péninsule italienne contre son rival Maxence : l’engagement décisif a lieu sur la via Flaminia, à une dizaine de kilomètre au nord-est de Rome, au lieu dit des Saxa Rubra (les roches rouges) en avant d’un pont de pierre qui enjambe le Tibre, le Pont Milvius.

L’armée de Maxence est défaite, et Maxence lui-même meurt noyé dans le Tibre.

   Constantin, fils d’une chrétienne, inclinait déjà vers le monothéisme depuis plusieurs mois. Il assurera avoir eu une vision, en plein midi, suivie d’un songe nocturne : la vision lui montrait une croix lumineuse au dessus du soleil avec l’inscription « ἐν τούτῳ νίκα – in hoc signo vinces » (par ce signe tu vaincras) et le songe lui enjoignait de mettre le signe divin sur les boucliers de ses soldats et sur les enseignes de son armée. 
Lactance, apologiste chrétien et rhéteur, écrit : « Il fit marquer la lettre X traversée d’un trait recourbé à son sommet, c’est à dire le monogramme du Christ ». C’est la superposition des deux lettres grecques X (chi) et P (rhô) : les deux premières lettres du mot Christos, écrit en grec.

chi-rho 28 octobre 312 dans Commentaires d'actualité & humeurs

       Si les historiens modernes, lobotomisés par le rationalisme et l’esprit des prétendues lumières, remettent en doute la vision et le songe de Constantin, ils le font en opposition avec une tradition unanime et continue de l’Orient comme de l’Occident.
L’apposition du Xhi-Rho sur les insignes impériaux est de toute façon absolument certaine et la victoire sur Maxence ne peut être mise en doute, pas plus qu’on ne peut remettre en question la conséquence directe de cette victoire : la pleine liberté de culte donnée aux chrétiens qui avaient jusque là été les cibles des persécutions du pouvoir impérial.
Quelques mois plus tard, en effet, sera promulgué l’Edit de Milan (avril-juin 313), qui permettra à l’Eglise de sortir des catacombes et qui sonnera le glas du paganisme à l’agonie.

   Oui, ce 28 octobre 312 est l’une des grandes dates de notre histoire, l’une de ces dates qui a changé le cours de l’histoire.
En 2012 et 2013, le dix-septième centenaire de la victoire du Pont Milvius et de l’Edit de Milan eût dû être marqué par des réjouissances publiques et solennelles, des Etats eux-mêmes, et à combien plus forte raison dans la Sainte Eglise !
Mais nous ne sommes plus dans des Etats chrétiens, et à l’intérieur de l’Eglise romaine elle-même voilà déjà plusieurs décennies que des voix influentes – lorsqu’elles ne sont pas carrément encouragées par les hiérarques soucieux de plaire au monde et à ses modes antichrétiennes – appellent à se démarquer de l’héritage constantinien, alors que nous eussions été en droit d’espérer que l’année 2013 - comme cela avait été le cas en 1913 – vît la promulgation conjointe, par les Eglises de Rome et de Constantinople, d’un jubilé constantinien.

constantin-dans-la-bataille-du-pont-milvius-raphael Annum sacrum dans De liturgia

Raphaël : Constantin dans la bataille du Pont Milvius
(détail de la grande fresque représentant la bataille dans les « Stanze Vaticane »)

   Vous trouverez, ci-après (> ici) le texte même d’Eusèbe de Césarée relatant ces évènements, dont Eusèbe affirme qu’il tient le récit de la bouche même de Constantin.
J’ai choisi de le publier intégralement parce que justement la plupart des historiens l’évoquent sans même le citer, du fait qu’ils ne lui accordent que peu de crédibilité, pour des raisons essentiellement idéologiques.

   Pour l’heure, rapprochant cet anniversaire avec la célébration proche de la fête du Christ Roi, je ne peux omettre de citer le Pape Léon XIII qui écrivait en 1899, dans l’encyclique « Annum sacrum », par laquelle il prescrivit pour toute l’Eglise la récitation de l’acte de consécration du genre humain au Sacré-Cœur, dont le texte doit désormais être repris en cette fête du Christ Roi (cf. > ici) :

   « A l’époque où l’Eglise, toute proche encore de ses origines, était accablée sous le joug des Césars, un jeune empereur aperçut dans le ciel une croix qui annonçait et qui préparait une magnifique et prochaine victoire. Aujourd’hui, voici qu’un autre emblème béni et divin s’offre à nos yeux. C’est le Cœur très sacré de Jésus, sur lequel se dresse la Croix et qui brille d’un magnifique éclat au milieu des flammes. En lui nous devons placer toutes nos espérances ; nous devons lui demander et attendre de lui le salut des hommes. »

   Aussi, malgré la tristesse des temps dans lesquels nous vivons, nos cœurs sont-ils soulevés par une joyeuse espérance en nous souvenant des paroles de Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même à Sainte Marguerite-Marie : « Ne crains rien, Je règnerai malgré Mes ennemis et tous ceux qui voudront s’y opposer. [...] Il règnera ce divin Cœur, malgré ceux qui voudront s’y opposer. Satan demeurera confus avec tous ses adhérents » !

Lully.                 

nika Christ-Roi dans Lectures & relectures

2012-69. « Dieu vivra, Il régnera pleinement et éternellement… »

Dernier dimanche d’octobre.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Au dernier dimanche du mois d’octobre - selon le calendrier liturgique traditionnel – nous célébrons la fête du Christ Roi.
J’insiste toujours sur la date normale à laquelle cette célébration doit avoir lieu et sur le sens que revêt cette date : le dernier dimanche d’octobre faisant comme une sorte de préparation à la fête de tous les Saints.

   Frère Maximilien-Marie s’est déjà exprimé au sujet du déplacement de sens signifié et matérialisé par le déplacement de date de cette célébration dans le calendrier imposé par la réforme de 1969 : je ne vais pas réécrire ici ce qu’il a synthétisé dans le texte intitulé « De la Royauté du Christ à la gloire de ses élus », mais je vous engage à le relire (cf. > ici) parce que ce qu’il met en évidence me semble capital et explique bien des choses.
Je ne vais pas non plus répéter ce que Monsieur l’Abbé Vannier a magnifiquement exprimé dans le sermon qu’il avait prononcé l’année dernière et que j’ai publié > ici.

   Je vous encourage cependant à relire et surtout méditer avant dimanche l’acte de consécration du genre humain au Sacré-Coeur du Christ-Roi (cf. > ici) : il convient de s’en nourrir, d’en faire l’objet d’une prière personnelle fervente dès avant la fête, afin que  justement, dimanche prochain lorsqu’il sera publiquement et solennellement lu devant le Très Saint-Sacrement exposé, vos cœurs soient mieux et davantage unis aux paroles et à l’esprit de la Sainte Eglise.

   D’autre part, les Français – très spécialement – peuvent et doivent se souvenir avec une ferveur particulière de la très officielle donation du Royaume de France au Christ, Roi des rois et Seigneur des seigneurs, accomplie par le Roi Charles VII à l’instigation de Sainte Jehanne d’Arc (cf. > ici).

2012-69.

   Dans la basilique nationale du Bois-Chenu, à Donremy, la mosaïque de l’abside de la chapelle sud du transept, reproduite ci-dessus, célèbre cette donation et porte pour légende : « Messire Dieu vray Roy de France de qui Charles a reçu commende », rappelant que le pouvoir des rois, des hommes d’état, de tous ceux qui exercent un rôle dans la cité terrestre ne leur appartient pas mais leur est délégué par Dieu au service de l’ordre voulu par le Créateur et, à la fin de toute chose, au service du salut éternel de ceux sur qui ils ont reçu autorité.

   Si Notre-Seigneur Jésus-Christ a enseigné à ses disciples à distinguer ce qui est de Dieu et ce qui est de César, afin de rendre à César en toute justice ce qui lui est dû, il n’a pour autant pas affranchi César de l’autorité de Dieu : comme tout un chacun, César doit en toute justice rendre à Dieu ce qui Lui est dû

   Malheureusement, nombre de chrétiens aujourd’hui, nombre d’ecclésiastiques et de pasteurs d’âmes n’osent plus affirmer la Royauté Sociale de Notre-Seigneur Jésus-Christ telle qu’elle a été  solennellement définie par Pie XI dans l’encyclique « Quas primas » (on peut relire cette encyclique > ici).
Le sel s’est affadi : la charité apostolique et le zèle pour le salut des âmes se sont refroidis par l’effet des hérésies modernistes.

   Dans nos sociétés occidentales – jadis chrétiennes – le laïcisme se fait plus agressif, le sectarisme maçonnique devient toujours plus arrogant, l’intégrisme antichrétien est de jour en jour plus virulent, l’indifférentisme gagne du terrain, la saine formation intellectuelle et philosophique est en faillite et fait le lit des théories les plus opposées au bon sens et à la nature, l’erreur et les fausses religions sont favorisées par les pouvoirs publics…

   Aussi, pour nourrir notre espérance surnaturelle et nous permettre en même temps de garder un sain recul par rapport à une actualité source de beaucoup d’inquiétudes, me semble-t-il judicieux de vous retranscrire ici un texte du grand cardinal Edouard Pie, évêque de Poitiers, vaillant défenseur des droits de Dieu et de Son Eglise, champion de la doctrine de la Royauté du Christ :

       « (…) A mesure que le monde approchera de son terme, les méchants et les séducteurs auront de plus en plus l’avantage : Mali autem et seductores proficient in pejus (2 Tim. III, 13 : « les hommes méchants et séducteurs s’enfonceront toujours plus dans le mal »). On ne trouvera quasi plus la foi sur la terre (Luc XVIII, 8), c’est-à-dire, elle aura presque complètement disparu de toutes les institutions terrestres. Les croyants eux-mêmes oseront à peine faire une profession publique et sociale de leurs croyances. La scission, la séparation, le divorce des sociétés avec Dieu, qui est donné par saint Paul comme un signe précurseur de la fin : nisi venerit discessio primum (2 Thess. II, 3 : « …avant que ne soit venue la séparation » – souvent traduit par « l’apostasie »), ira se consommant de jour en jour.
L’Eglise, société sans doute toujours visible, sera de plus en plus ramenée à des proportions simplement individuelles et domestiques. Elle qui disait à ses débuts : « Le lieu m’est étroit, faites-moi de l’espace où je puisse habiter : Angustus est mihi locus, fac spatium mihi ut habitem » (Is. XLIX, 20), elle se verra disputer le terrain pied à pied ; elle sera cernée, resserrée de toutes parts ; autant les siècles l’ont fait grande, autant on s’appliquera à la restreindre. Enfin il y aura pour l’Eglise de la terre comme une véritable défaite : « Il sera donné à la Bête de faire la guerre avec les saints et de les vaincre » (Apoc. XIII, 7). L’insolence du mal sera à son comble.

   Or, dans cette extrémité des choses, dans cet état désespéré, sur ce globe livré au triomphe du mal et qui sera bientôt envahi par la flamme (2 Petr. III, 10-11), que devront faire encore tous les vrais chrétiens, tous les bons, tous les saints, tous les hommes de foi et de courage ?
S’acharnant à une impossibilité plus palpable que jamais, ils diront avec un redoublement d’énergie, et par l’ardeur de leurs prières, et par l’activité de leurs oeuvres, et par l’intrépidité de leurs luttes : ô Dieu, ô notre Père qui êtes dans les cieux, que votre Nom soit sanctifié sur la terre comme au ciel, que votre Règne arrive sur la terre comme au ciel : sicut in caelo et in terra ! Sur la terre comme au ciel… !
Ils murmureront encore ces mots, et la terre se dérobera sous leurs pieds. Et comme autrefois, à la suite d’un épouvantable désastre, on vit le sénat de Rome et tous les ordres de l’Etat s’avancer à la rencontre du consul vaincu, et le féliciter de ce qu’il n’avait pas désespéré de la république ; ainsi le sénat des cieux, tous les chœurs des anges, tous les ordres des bienheureux viendront au-devant des généreux athlètes qui auront soutenu le combat jusqu’au bout, espérant contre l’espérance même : contra spem in spe (Rom. IV, 18).
Et alors, cet idéal impossible, que tous les élus de tous les siècles avaient obstinément poursuivi, deviendra enfin une réalité. Dans ce second et dernière avènement, le Fils remettra le royaume de ce monde à Dieu Son Père ; la puissance du mal aura été évacuée à jamais au fond des abîmes (1 Cor. XV, 24) ; tout ce qui n’aura pas voulu s’assimiler, s’incorporer à Dieu par Jésus-Christ, par la foi, par l’amour, par l’observation de la loi, sera relégué dans le cloaque des immondices éternelles. Et Dieu vivra, et il régnera pleinement et éternellement, non seulement dans l’unité de Sa Nature et la société des Trois Personnes divines,, mais dans la plénitude du corps mystique de Son Fils Incarné, et dans la communion de Ses saints (Eph. IV, 12) ». (*)

A vous tous, chers Amis, bonne, fervente et sainte fête du Christ-Roi !

Lully.

 cardinal Pie dans Commentaires d'actualité & humeurs

(*) Conclusion du discours prononcé le 8 novembre 1859 dans l’église cathédrale de Nantes à l’occasion de la réception des reliques de Saint Emilien – in « Oeuvres de Monseigneur l’Evêque de Poitiers », tome III, pp. 526-528. 

2012-65. Réflexions et citations sans ordre autour d’un anniversaire :

Contribution féline
à la célébration du cinquantième anniversaire
du second concile du Vatican (quatrième partie).

Lundi 15 octobre 2012,
Fête de Sainte Thérèse d’Avila.

2012-65. Réflexions et citations sans ordre autour d'un anniversaire : dans Commentaires d'actualité & humeurs pattes-de-chat-frise-300x81

De Jean XXIII :

- Qui fut en réalité celui pour lequel une espèce de moderne légende dorée veut à tout prix imposer l’image du « bon Pape Jean »?

- Et d’abord : jusqu’au pontificat du vénérable Pie XII, certains très sérieux ouvrages d’histoire de l’Eglise plaçaient Baldassare Cossa, élu au souverain pontificat par le concile de Pise sous le nom de Jean XXIII (1410 – 1415), dans la liste des vrais Papes.
L’élection d’Angelo Giuseppe Roncalli - qui reprit le même nom en 1958 – fit (définitivement?) basculer le pauvre cardinal Cossa dans la liste des antipapes, bien que quelques voix érudites eussent suggéré de prendre le numéro XXIV…
Je note au passage une curiosité : il n’y a pas de Jean XVI dans la liste officielle actuelle des Pontifes Romains.
Pas de Jean XVI, deux Jean XXIII : l’histoire de la papauté est pleine de choses étonnantes, décidément!

- Janus bifrons?
Le Pape Roncalli demeure quoi qu’on en dise une énigme.

Fut-il vraiment un Pontife bonhomme et simple? Ne s’est-il pas montré en plus d’une circonstance redoutablement habile et calculateur?
Etait-il un « homme d’audace et de modernité », comme certains se plaisent à le présenter, ou était-il un étonnant conservateur, comme pourraient le laisser penser son attachement aux antiques pompes liturgiques romaines et les prélats de curie qu’il plaça aux postes clefs du gouvernement de l’Eglise?
Plus je l’étudie, plus les fioretti et la dévotion populaire me semblent une façade en trompe l’oeil…
… plaquée sur la figure d’un singulier matois? ou sur celle d’un imprudent aux frontières de l’irresponsabilité?
Janus bifrons?

- Récit hagiographique officiel : une soudaine et irrépressible inspiration survenue le 25 janvier 1959 – et qui aurait surpris Jean XXIII lui-même – le poussant à convoquer le vingt-et-unième concile oecuménique.
Faux!

Des historiens ont produit les témoignages irréfragables de certains de ses collaborateurs attestant que le dit Pontife avait examiné la question avec eux plusieurs semaines auparavant.

pattes-de-chat-frise-300x81 anniversaire dans Lectures & relectures

De Paul VI :

- Homélie du 29 juin 1972 pour la solennité des Saints Apôtres Pierre et Paul :
« Si credeva che dopo il Concilio sarebbe venuta una giornata di sole per la storia della Chiesa. È venuta invece una giornata di nuvole, di tempesta, di buio, di ricerca, di incertezza. - On croyait qu’après le Concile serait venue une journée de soleil pour l’histoire de l’Eglise. C’est au contraire une journée de nuages, de tempête, d’obscurité, de recherche, d’incertitude, qui est venue. » (cf. > www).

pattes-de-chat-frise-300x81 Bugnini

Des faits !

- L’histoire de ce concile reste à écrire (cf. > www).

- Je me méfierai également des hagiographes et de ceux qui noircissent à outrance.

- Les faits! Les faits!

- Qu’on me donne avec la plus grande objectivité l’histoire des luttes d’ombre et de lumière, l’histoire des intérêts politiques et spirituels mêlés, l’histoire des conflits et des convergences qui sous-tend en réseaux entrecroisés le second concile du Vatican.
Qu’on ne taise pas « l’accord de Metz » (cf. > www) et qu’on ne passe pas non plus sous silence l’inespéré sursaut d’autorité du lundi 16 novembre 1964, véritable preuve d’une assistance de l’Esprit-Saint, par lequel Paul VI – à l’encontre peut-être de ses convictions personnelles (n’était-il pas, par éducation et par conviction un adepte des théories de la démocratie chrétienne?) – fit insérer la « nota praevia » à la constitution dogmatique Lumen gentium avant son adoption définitive par l’assemblée conciliaire!

- Et je me souviendrai qu’une chose est l’histoire, autre chose est le Magistère. 

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De Charles de Gaulle :

- Un de mes bons amis, me communique ce témoignage de Son Excellence Monseigneur Georges Gilson, archevêque émérite de Sens-Auxerre : l’anecdote se situe à la fin de l’été 1968 alors qu’il était le secrétaire particulier de Monseigneur François Marty, archevêque de Paris (il ne sera élevé à la pourpre romaine que l’année suivante).
Le général (de brigade à titre temporaire) Charles de Gaulle eut cette remarque à l’adresse de Son Excellence : «Le concile de Vatican II, l’événement le plus important de ce siècle, car on ne change pas la prière d’un milliard d’hommes sans toucher à l’équilibre de toute la planète» (cf. > www).
Comment ne pas y voir, en définitive, une singulière lucidité (celle qui fit défaut à nombre d’ecclésiastiques?)!
Cette réflexion en entraîne beaucoup d’autres et pourrait susciter de nombreux commentaires…

pattes-de-chat-frise-300x81 Charles de Gaulle

Du recul donné par l’histoire de l’Eglise :

- Je révise avec un certain plaisir l’histoire de la papauté aux IXe et Xe siècles.
Cela permet de relativiser pas mal de choses en voyant tous ces Papes (des Papes légitimes, faut-il le préciser?) qui s’emprisonnent mutuellement, s’étranglent entre eux, jugent les cadavres de leurs prédécesseurs et établissent à Rome ce que l’on a appelé avec raison la pornocratie (le palais pontifical du Latran étant transformé en théâtre d’orgies et les « filles » payées avec les vases sacrés) …etc.

- Comme le disait si joliment Saint François de Sales : « Partout où il y a de l’homme, il y a de l’hommerie ».

- Cela n’enlève rien au caractère divin de la Sainte Eglise.

- On raconte que, dans un de ses accès de colère, l’ignoble Buonaparte s’écria devant le cardinal Ercole Consalvi : « Votre Eglise, je la détruirai! » Et le porporato de répondre : « Vous n’y parviendrez pas : voilà dix-neuf siècles que nous autres hommes d’Eglise n’y sommes pas parvenus… »
Alors – aussi imparfait soit-il, aussi ambigu soit-il, aussi déformé soit-il dans son application, aussi récupéré soit-il par les ennemis de l’Eglise (à l’extérieur comme en son propre sein), et autant de dégâts qu’il ait fait et qu’il fasse en conséquence de cela – , un concile pourrait-il la détruire?

- Sans nul doute est-il préférable et souhaitable que les hommes d’Eglise soient des saints, mais, quand ils ne le sont pas (et loin s’en faut que tous le soient), j’en viens à préférer qu’ils se comportent mal dans leurs moeurs et ne perdent que leur propre âme, plutôt qu’ils laissent se propager l’erreur et l’hérésie qui égarent des multitudes d’âmes jusqu’à les faire tomber en enfer…

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Damnatio memoriae?

- Cette année 2012 est celle du centenaire de sa naissance (14 juin 1912), du quarantième anniversaire de sa consécration épiscopale (6 janvier 1972), du trentième anniversaire de sa mort (3 juillet 1982), et pourtant, en marge du cinquantenaire du concile Vatican II,  je n’ai entendu personne célébrer ni même rappeler sa mémoire, alors qu’il fut l’une des plus emblématiques figures de la réforme liturgique qui en est issue!!!

- Son nom? Annibale Bugnini

pattes-de-chat-frise-300x81 crise de l'Eglise
De quelques célébrations :

- Plusieurs diocèses ont voulu marquer l’anniversaire du concile par des rassemblements et des célébrations.

- Leur zèle tapageur pour « Vatican II » est-il pur?
Ferveur de véritables fils de l’Eglise ou espèce d’auto-justification?
En réalité, n’y aurait-il pas dans cette façon d’en marquer l’anniversaire une volonté plus ou moins consciente de masquer l’aveu de leurs désillusions, voire aussi une forme de protestation contre un pontificat jugé « rétrograde » et contre toute tentative de « restauration »?
Est-ce bien le concile qu’ils célèbrent, ou bien ce qu’ils en ont fait : les désobéissances et les déformations dont ils ont été les promoteurs sous le prétexte de sa mise en oeuvre? 
Est-ce le concile qu’ils célèbrent ou son détournement? 

- N’y a-t-il pas quelque cruelle ironie à voir une majorité de vieillards « célébrer le renouveau et le dynamisme de l’Eglise » quand leurs paroisses sont désertifiées, leurs séminaires vides, leurs anciennes congrégations mourantes, leur nombre de prêtres en chute libre, leurs effectifs d’enfants baptisés et catéchisés réduits comme peau de chagrin …etc.?
Inconscience ou aveuglement volontaire?

- Pourquoi cela m’évoque-t-il l’image d’un troupeau de dindes manifestant bruyamment pour protester contre toutes les suggestions de modification du menu traditionnel de Noël?

pattes-de-chat-frise-300x81 Jean XXIII

- Dieu ne met aucune hâte à faire les choses.
Contrairement aux hommes.
Des hommes se sont hâtés de « réformer » ce que l’on croyait immuable. Ce qu’ils ont entrepris semble davantage faire écho à la parole que Notre-Seigneur adressait à Judas : « Ce que tu as à faire, fais-le vite! », plutôt qu’aux exigences de la vertu cardinale de prudence.

- Il n’a fallu que quelques secondes à Adam et Eve pour précipiter l’humanité dans le péché.
Dieu tout-puissant, Lui, a mis « plus de quatre mille ans » – selon l’expression du vieux cantique de Noël – pour réparer (et encore, pas en remettant les choses dans leur état originel) cette faute dont les conséquences perdureront pourtant encore jusqu’à la consommation des siècles.
Pourquoi Dieu a-t-il permis le péché?
Pourquoi Dieu a-t-il tellement tardé à vaincre le péché, puisque pendant ces millénaires les âmes, privées de Sa grâce, étaient encore plus exposées au danger de l’éternelle perdition?
Pourquoi la Rédemption opérée par Son Fils incarné a-t-elle dû se réaliser à travers la trahison et la damnation de l’un de Ses Apôtres dont la vocation n’était pas moindre en dignité que celle de Saint Pierre ou de Saint Jean?
Pourquoi Dieu a-t-il permis qu’un concile devienne « 1789 dans l’Eglise » et soit suivi d’une telle crise?
A vouloir tout comprendre et tout expliquer ne tente-t-on pas de juger l’infinie Sagesse de Dieu selon l’étroitesse de nos vues humaines?

- Il ne m’appartient pas de dire si le Pape a vraiment la foi et en quels degrés, mais il m’appartient de garder moi-même la foi et de me sanctifier dans la foi.

- Jésus a promis à Pierre que les portes de l’enfer ne prévaudraient point contre Son Eglise (cf. Matth. XVI, 18), mais Il ne lui a pas promis qu’elle serait exempte de combats douloureux comparables à des agonies, de blessures – et même de blessures graves – , ni même de mort apparente…

- Dieu sait bien que « la contre-révolution n’est pas une révolution contraire mais le contraire de la révolution » (Joseph de Maistre) ; la manière qu’Il a de réparer les bêtises des hommes participe de Son Etre éternel, de Sa Sagesse éternelle, de Sa Justice éternelle, de Sa Miséricorde éternelle…

- Je l’ai déjà écrit (cf. > www) : j’ai l’intime conviction que le présent Pontificat ne fait que poser les tout premiers jalons de lecture et d’interprétation authentiques du second concile du Vatican.
Il faudra encore du temps, beaucoup de temps : expectans expectavi… (Psalm. XXXIX, 2).

lully-signature mystère

2012-62. De « l’année de la Foi ».

Contribution féline
à la célébration du cinquantième anniversaire
du second concile du Vatican (troisième partie).

* * * * * * * 

Mardi 9 octobre 2012.

Tandis qu’un certain nombre de vieux progressistes modernichons commémorent le cinquantième anniversaire de l’ouverture du second concile du Vatican avec des nostalgies d’anciens combattants (vous savez, ces jeunes prêtres d’alors – aujourd’hui septua-voire-octo-génaires – qui, avec une euphorie de débiles se réjouissaient d’envoyer leur soutane aux orties, introduisaient guitares et batteries dans les églises, remettaient en question tous les dogmes et la discipline ecclésiastique, fricotaient avec le marxisme et… sont aujourd’hui assez amers en constatant que le dynamisme et la vitalité ne se trouvent pas du côté de leur idéologie finissante), il importe de bien comprendre que, si notre Saint-Père le Pape Benoît XVI ne peut pas faire autrement que de « célébrer » cet anniversaire, ce qui est encore plus essentiel pour lui, c’est d’en profiter pour rebondir.
En l’occurrence, rebondir consiste essentiellement à ramener le troupeau qui lui est confié vers la Foi authentique de l’Eglise, vers le dépôt sacré de la Révélation confié par Notre-Seigneur Jésus-Christ aux Apôtres et véhiculé par la Sainte Tradition.

Voilà pourquoi, le Souverain Pontife a voulu que ce 11 octobre 2012, plus encore que l’anniversaire d’un concile qui fut non pas la cause mais le prétexte déclencheur d’une crise de la Foi catholique telle qu’on n’aurait jamais pu l’imaginer, soit pour toute l’Eglise l’entrée dans une année de la Foi : année clairement et explicitement désignée pour revenir au catéchisme et à l’enseignement des Vérités fondamentales.

Point ne sert de se lamenter rétrospectivement d’une manière stérile sur les catastrophiques décennies postconcilaires (si nous les regardons – et nous devons les regarder avec lucidité – , c’est seulement pour en tirer les bonnes leçons et nous prémunir contre des dangers toujours renaissants), ce que notre Saint Père le Pape nous dit en définitive, n’est ce pas ceci :
« Soyez réalistes, regardez vers l’avenir!
Nous ne changerons pas le passé, alors avançons résolument.
Ensemble, relevons les ruines : ce n’est pas parce qu’elles sont importantes – immenses – que nous avons-le droit de nous laisser aller au découragement. Ce n’est pas parce que presque trois générations de fidèles ont été sacrifiées du fait d’une catéchèse déficiente, d’un enseignement de la foi totalement insuffisant, et d’une célébration de cette même foi véritablement indigne et indigente à travers des liturgies misérablement bidouillées, que nous devons nous résigner…
Allons! Courage!
Que ceux qui aiment véritablement Notre-Seigneur, que ceux qui aiment véritablement l’Eglise qu’Il a fondée, que ceux qui veulent vivre de la vie divine surnaturelle – qui est Foi, Espérance et Charité – se lèvent!
Qu’ils se regroupent et se serrent sous l’étendard de la Sainte Croix!
Qu’ils se mettent en marche, fortifiés par les exemples de Notre-Dame et des Saints qui veillent sur nous et prient pour nous!
Qu’ils se préparent avec détermination et courage pour relever les défis qui se présentent à nous aujourd’hui!
Qu’ils s’arment pour mener les importants combats de la Vérité contre l’erreur, de la Foi contre l’incrédulité et l’hérésie, du Christianisme contre les fausses doctrines…
La victoire et le salut sont promis à la Foi! »

2012-62. De

Rome, église du Gesù : la Foi terrassant l’hérésie et la haine, oeuvre de Pierre Le Gros (jeune)
(cliquer sur la photo pour la voir en grand) 

Oui, bonne, fervente et sainte entrée dans l’année de la Foi, chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion

patteschats année de la foi dans Lectures & relecturesLully.

*** *** ***

Lire et relire les textes relatifs à l’année de la Foi :

1.) La lettre apostolique en forme de motu proprio « Porta Fidei » promulguant l’année de la Foi > www.

2.) La note de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi donnant les indications pastorales pour l’année de la Foi > www.

3.) Le communiqué à propos de la sus-dite note > www.

4.) Le décret de la Pénitencerie Apostolique promulguant les indulgences particulières pour l’année de la Foi > www (traduction ici > www).

60pxemblemofthepapacysesvg Benoît XVI

2012-61. Sur la juste réception et interprétation du concile Vatican II.

Extrait du discours de notre Saint-Père le Pape Benoît XVI
adressé à la Curie romaine le 22 décembre 2005 :

2012-61. Sur la juste réception et interprétation du concile Vatican II. dans Commentaires d'actualité & humeurs papa-benedetto-xvi

(Nous mettons en gras ou soulignons des passages ou expressions qui nous semblent particulièrement importants)

« (…) Quel a été le résultat du Concile? A-t-il été accueilli de la juste façon? Dans l’accueil du Concile, qu’est-ce qui a été positif, insuffisant ou erroné? Que reste-t-il encore à accomplir?
Personne ne peut nier que, dans de vastes parties de l’Eglise, la réception du Concile s’est déroulée de manière plutôt difficile, même sans vouloir appliquer à ce qui s’est passé en ces années la description que le grand Docteur de l’Eglise, saint Basile, fait de la situation de l’Eglise après le Concile de Nicée :  il la compare à une bataille navale dans l’obscurité de la tempête, disant entre autres :  « Le cri rauque de ceux qui, en raison de la discorde, se dressent les uns contre les autres, les bavardages incompréhensibles, le bruit confus des clameurs ininterrompues a désormais rempli presque toute l’Eglise en faussant, par excès ou par défaut, la juste doctrine de la foi… » (De Spiritu Sancto, XXX, 77; PG 32, 213 A; SCh 17bis, p. 524).
Nous ne voulons pas précisément appliquer cette description dramatique à la situation de l’après-Concile, mais quelque chose de ce qui s’est produit s’y reflète toutefois. La question suivante apparaît :  pourquoi l’accueil du Concile, dans de grandes parties de l’Eglise, s’est-il jusqu’à présent déroulé de manière aussi difficile? Eh bien, tout dépend de la juste interprétation du Concile ou – comme nous le dirions aujourd’hui – de sa juste herméneutique, de la juste clef de lecture et d’application.
Les problèmes de la réception sont nés du fait que deux herméneutiques contraires se sont trouvées confrontées et sont entrées en conflit.
L’une a causé de la confusion, l’autre, silencieusement mais de manière toujours plus visible, a porté et porte des fruits. D’un côté, il existe une interprétation que je voudrais appeler « herméneutique de la discontinuité et de la rupture » ; celle-ci a souvent pu compter sur la sympathie des mass media, et également d’une partie de la théologie moderne.
D’autre part, il y a l’« herméneutique de la réforme », du renouveau dans la continuité de l’unique sujet-Eglise, que le Seigneur nous a donné ; c’est un sujet qui grandit dans le temps et qui se développe, restant cependant toujours le même, l’unique sujet du Peuple de Dieu en marche.

L’herméneutique de la discontinuité risque de finir par une rupture entre Eglise préconciliaire et Eglise post-conciliaire. Celle-ci affirme que les textes du Concile comme tels ne seraient pas encore la véritable expression de l’esprit du Concile. Ils seraient le résultat de compromis dans lesquels, pour atteindre l’unanimité, on a dû encore emporter avec soi et reconfirmer beaucoup de vieilles choses désormais inutiles. Ce n’est cependant pas dans ces compromis que se révélerait le véritable esprit du Concile, mais en revanche dans les élans vers la nouveauté qui apparaissent derrière les textes :  seuls ceux-ci représenteraient le véritable esprit du Concile, et c’est à partir d’eux et conformément à eux qu’il faudrait aller de l’avant. Précisément parce que les textes ne refléteraient que de manière imparfaite le véritable esprit du Concile et sa nouveauté, il serait nécessaire d’aller courageusement au-delà des textes, en laissant place à la nouveauté dans laquelle s’exprimerait l’intention la plus profonde, bien qu’encore indistincte, du Concile. En un mot :  il faudrait non pas suivre les textes du Concile, mais son esprit. De cette manière, évidemment, il est laissé une grande marge à la façon dont on peut alors définir cet esprit et on ouvre ainsi la porte à toutes les fantaisies.

Mais on se méprend sur la nature d’un Concile en tant que tel. Il est alors considéré comme une sorte de Constituante, qui élimine une vieille constitution et en crée une nouvelle. Mais la Constitution a besoin d’un promoteur, puis d’une confirmation de la part du promoteur, c’est-à-dire du peuple auquel la constitution doit servir.
Les Pères n’avaient pas un tel mandat et personne ne le leur avait jamais donné ; personne, du reste, ne pouvait le donner, car la constitution essentielle de l’Eglise vient du Seigneur et nous a été donnée afin que nous puissions parvenir à la vie éternelle et, en partant de cette perspective, nous sommes en mesure d’illuminer également la vie dans le temps et le temps lui-même. Les Evêques, à travers le Sacrement qu’ils ont reçu, sont les dépositaires du don du Seigneur. Ce sont 
« les administrateurs des mystères de Dieu » (1 Cor. IV, 1) ; comme tels ils doivent se présenter comme « fidèles et sages » (cf. Luc. XII, 41-48). Cela signifie qu’ils doivent administrer le don du Seigneur de manière juste, afin qu’il ne demeure pas dans un lieu caché, mais porte des fruits et que le Seigneur, à la fin, puisse dire à l’administrateur :  « En peu de choses tu as été fidèle, sur beaucoup je t’établirai » (cf. Matth. XXV, 14-30; Luc. XIX, 11-27). Dans ces paraboles évangéliques s’exprime le dynamisme de la fidélité, qui est importante dans le service rendu au Seigneur, et dans celles-ci apparaît également de manière évidente comment, dans un Concile, le dynamisme et la fidélité doivent devenir une seule chose.

A l’herméneutique de la discontinuité s’oppose l’herméneutique de la réforme comme l’ont présentée tout d’abord le Pape Jean XXIII, dans son discours d’ouverture du Concile le 11 octobre 1962, puis le Pape Paul VI, dans son discours de conclusion du 7 décembre 1965. Je ne citerai ici que les célèbres paroles de Jean XXIII, dans lesquelles cette herméneutique est exprimée sans équivoque, lorsqu’il dit que le Concile « veut transmettre la doctrine de façon pure et intègre, sans atténuation ni déformation » et il poursuit :  « Notre devoir ne consiste pas seulement à conserver ce trésor précieux, comme si nous nous préoccupions uniquement de l’antiquité, mais de nous consacrer avec une ferme volonté et sans peur à cette tâche, que notre époque exige… Il est nécessaire que cette doctrine certaine et immuable, qui doit être fidèlement respectée, soit approfondie et présentée d’une façon qui corresponde aux exigences de notre temps. En effet, il faut faire une distinction entre le dépôt de la foi, c’est-à-dire les vérités contenues dans notre vénérée doctrine, et la façon dont  celles-ci sont énoncées, en leur conservant toutefois le même sens et la même  portée » (S. Oec. Conc. Vat. II Constitutiones Decreta Declarationes, 1974, pp. 863-865).
Il est clair que cet engagement en vue d’exprimer de façon nouvelle une vérité déterminée exige une nouvelle réflexion sur celle-ci et un nouveau rapport vital avec elle ; il est également clair que la nouvelle parole ne peut mûrir que si elle naît d’une compréhension consciente de la vérité exprimée  et  que,  d’autre  part, la réflexion sur la foi exige également que l’on vive cette foi.
Dans ce sens, le programme proposé par le Pape Jean XXIII était extrêmement exigeant, comme l’est précisément la synthèse de fidélité et de dynamisme. Mais partout, cette interprétation a représenté l’orientation qui a guidé la réception du Concile, une nouvelle vie s’est développée et des fruits nouveaux ont mûri. Quarante ans après le Concile, nous pouvons révéler que l’aspect positif est plus grand et plus vivant que ce qu’il pouvait apparaître dans l’agitation des années qui ont suivi 1968. Aujourd’hui, nous voyons que la bonne semence, même si elle se développe lentement, croît toutefois et que croît également notre profonde gratitude pour l’oe
uvre accomplie par le Concile.

Paul VI, dans son discours lors de la clôture du Concile, a ensuite indiqué une autre motivation spécifique pour laquelle une herméneutique de la discontinuité pourrait sembler convaincante.
Dans le grand débat sur l’homme, qui caractérise le temps moderne, le Concile devait se consacrer en particulier au thème de l’anthropologie. Il devait s’interroger sur le rapport entre l’Eglise et sa foi, d’une part, et l’homme et le monde d’aujourd’hui, d’autre part (
ibid. pp. 1066, sq). La question devient encore plus claire, si, au lieu du terme générique de « monde d’aujourd’hui », nous en choisissons un autre plus précis : le Concile devait définir de façon nouvelle le rapport entre l’Eglise et l’époque moderne. Ce rapport avait déjà connu un début très problématique avec le procès fait à Galilée. Il s’était ensuite totalement rompu lorsque Kant définit la « religion dans les limites de la raison pure » et lorsque, dans la phase radicale de la Révolution française, se répandit une image de l’Etat et de l’homme qui ne voulait pratiquement plus accorder aucun espace à l’Eglise et à la foi. L’opposition de la foi de l’Eglise avec un libéralisme radical, ainsi qu’avec des sciences naturelles qui prétendaient embrasser à travers leurs connaissances toute la réalité jusque dans ses limites, dans l’intention bien déterminée de rendre superflue « l’hypothèse de Dieu », avait provoqué de la part de l’Eglise, au XIXième siècle, sous Pie IX, des condamnations sévères et radicales de cet esprit de l’époque moderne.
Apparemment, il n’existait donc plus aucun espace possible pour une entente positive et fructueuse, et les refus de la part de ceux qui se sentaient les représentants de l’époque moderne étaient également énergiques.
Entre temps, toutefois, l’époque moderne avait elle aussi connu des développements. On se rendait compte que la révolution américaine avait offert un modèle d’Etat moderne différent de celui théorisé par les tendances radicales apparues dans la seconde phase de la Révolution française. Les sciences naturelles commençaient, de façon toujours plus claire, à réfléchir sur leurs limites, imposées par leur méthode elle-même, qui, tout en réalisant des choses grandioses, n’était toutefois pas en mesure de comprendre la globalité de la réalité. Ainsi, les deux parties commençaient progressivement à s’ouvrir l’une à l’autre. Dans la période entre les deux guerres mondiales et plus encore après la Seconde Guerre mondiale, des hommes d’Etat catholiques avaient démontré qu’il peut exister un Etat moderne laïc, qui toutefois, n’est pas neutre en ce qui concerne les valeurs, mais qui vit en puisant aux grandes sources éthiques ouvertes par le christianisme. La doctrine sociale catholique, qui se développait peu à peu, était devenue un modèle important entre le libéralisme radical et la théorie marxiste de l’Etat. Les sciences naturelles, qui professaient sans réserve une méthode propre dans laquelle Dieu n’avait pas sa place, se rendaient compte toujours plus clairement que cette méthode ne comprenait pas la totalité de la réalité et ouvraient donc à nouveau les portes à Dieu, conscientes que la réalité est plus grande que la méthode naturaliste, et que ce qu’elle peut embrasser.
On peut dire que s’étaient formés trois cercles de questions qui, à présent, à l’heure du Concile Vatican II, attendaient une réponse.
Tout d’abord, il fallait définir de façon nouvelle la relation entre foi et sciences modernes ; cela concernait d’ailleurs, non seulement les sciences naturelles, mais également les sciences historiques, car, selon une certaine école, la méthode historique-critique réclamait le dernier mot sur l’interprétation de la Bible, et, prétendant l’exclusivité totale de sa propre compréhension des Ecritures Saintes, s’opposait sur des points importants à l’interprétation que la foi de l’Eglise avait élaborée.
En second lieu, il fallait définir de façon nouvelle le rapport entre Eglise et Etat moderne, qui accordait une place aux citoyens de diverses religions et idéologies, se comportant envers ces religions de façon impartiale et assumant simplement la responsabilité d’une coexistence ordonnée et tolérante entre les citoyens et de leur liberté d’exercer leur religion.
Cela était lié, en troisième lieu, de façon plus générale au problème de la tolérance religieuse – une question qui exigeait une nouvelle définition du rapport entre foi chrétienne et religions du monde. En particulier, face aux récents crimes du régime national socialiste, et plus généralement, dans le cadre d’un regard rétrospectif sur une longue histoire difficile, il fallait évaluer et définir de façon nouvelle le rapport entre l’Eglise et la foi d’Israël.

Il s’agit là de thèmes de grande portée – ce furent les thèmes de la seconde partie du Concile – sur lesquels il n’est pas possible de s’arrêter plus amplement dans ce contexte. Il est clair que dans tous ces secteurs, dont l’ensemble forme une unique question, pouvait ressortir une certaine forme de discontinuité et que, dans un certain sens, s’était effectivement manifestée une discontinuité dans laquelle, pourtant, une fois établies les diverses distinctions entre les situations historiques concrètes et leurs exigences, il apparaissait que la continuité des principes n’était pas abandonnée – un fait qui peut échapper facilement au premier abord.
C’est précisément dans cet ensemble de continuité et de discontinuité à divers niveaux que consiste la nature de la véritable réforme. Dans ce processus de nouveauté dans la continuité, nous devions apprendre à comprendre plus concrètement qu’auparavant que les décisions de l’Eglise en ce qui concerne les faits contingents – par exemple, certaines formes concrètes de libéralisme ou d’interprétation libérale de la Bible – devaient nécessairement être elles-mêmes contingentes, précisément parce qu’elles se référaient à une réalité déterminée et en soi changeante. Il fallait apprendre à reconnaître que, dans de telles décisions, seuls les principes expriment l’aspect durable, demeurant en arrière-plan et en motivant la décision de l’intérieur. En revanche les formes concrètes ne sont pas aussi permanentes, elles dépendent de la situation historique et peuvent donc être soumises à des changements. Ainsi, les décisions de fond peuvent demeurer valables, tandis que les formes de leur application dans des contextes nouveaux peuvent varier.
Ainsi, par exemple, si la liberté de religion est considérée comme une expression de l’incapacité de l’homme à trouver la vérité, et par conséquent, devient une exaltation du relativisme alors, de nécessité sociale et historique, celle-ci est élevée de façon impropre au niveau métaphysique et elle est ainsi privée de son véritable sens, avec pour conséquence de ne pas pouvoir être acceptée par celui qui croit que l’homme est capable de connaître la vérité de Dieu, et, sur la base de la dignité intérieure de la vérité, est lié à cette connaissance.
Il est, en revanche, totalement différent de considérer la liberté de religion comme  une  nécessité découlant de la coexistence humaine, et même comme une conséquence intrinsèque de la vérité qui ne peut être imposée de l’extérieur, mais qui doit être adoptée par l’homme uniquement à travers le processus de la conviction.
Le Concile Vatican II, reconnaissant et faisant sien à travers le Décret sur la liberté religieuse un principe essentiel de l’Etat moderne, a repris à nouveau le patrimoine plus profond de l’Eglise. Celle-ci peut être consciente de se trouver ainsi en pleine syntonie avec l’enseignement de Jésus lui-même (cf. 
Matth. XXII, 21), comme également avec l’Eglise des martyrs, avec les martyrs de tous les temps. L’Eglise antique, de façon naturelle, a prié pour les empereurs et pour les responsables politiques, en considérant cela comme son devoir (cf. 1 Tim. II, 2) ; mais, tandis qu’elle priait pour les empereurs, elle a en revanche refusé de les adorer, et, à travers cela, a rejeté clairement la religion d’Etat. Les martyrs de l’Eglise primitive sont morts pour leur foi dans le Dieu qui s’était révélé en Jésus Christ, et précisément ainsi, sont morts également pour la liberté de conscience et pour la liberté de professer sa foi, – une profession qui ne peut être imposée par aucun Etat, mais qui ne peut en revanche être adoptée que par la grâce de Dieu, dans la liberté de la conscience. Une Eglise missionnaire, qui sait qu’elle doit annoncer son message à tous les peuples, doit nécessairement s’engager au service  de  la  liberté  de la foi. Elle veut transmettre le don de la vérité qui existe pour tous, et assure dans le même temps aux peuples et à leurs gouvernements qu’elle ne veut pas détruire leur identité et leurs cultures, mais qu’elle leur apporte au contraire une réponse que, au fond d’eux, ils attendent, – une réponse avec laquelle la multiplicité des cultures ne se perd pas, mais avec laquelle croît au contraire l’unité entre les hommes, et ainsi, la paix entre les peuples également.

Le Concile Vatican II, avec la nouvelle définition de la relation entre la foi de l’Eglise et certains éléments essentiels de la pensée moderne, a revisité ou également corrigé certaines décisions historiques, mais dans cette apparente discontinuité, il a en revanche maintenu et approfondi sa nature intime et sa véritable identité. L’Eglise est, aussi bien avant qu’après le Concile, la même Eglise une, sainte, catholique et apostolique, en chemin à travers les temps ; elle poursuit « son pèlerinage à travers les persécutions du monde et les consolations de Dieu », annonçant la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’Il vienne (cf. constitution dogmatique « Lumen gentium », n. 8).

Ceux qui espéraient qu’à travers ce « oui » fondamental à l’époque moderne, toutes les tensions se seraient relâchées et que l’ »ouverture au monde » ainsi réalisée aurait tout transformé en une pure harmonie, avaient sous-estimé les tensions intérieures et les contradictions de l’époque moderne elle-même ; ils avaient sous-estimé la dangereuse fragilité de la nature humaine qui, dans toutes les périodes de l’histoire, et dans toute constellation historique, constitue une menace pour le chemin de l’homme. Ces dangers, avec les nouvelles possibilités et le nouveau pouvoir de l’homme  sur  la  matière  et sur lui-même, n’ont pas disparu, mais prennent en revanche de nouvelles dimensions : un regard sur l’histoire actuelle le démontre clairement. Mais à notre époque, l’Eglise demeure un « signe de contradiction » (Luc. II, 34) – ce n’est pas sans raison que le Pape Jean-Paul II, alors qu’il était encore Cardinal, avait donné ce titre aux Exercices spirituels prêchés en 1976 au Pape Paul VI et à la Curie romaine. Le Concile ne pouvait avoir l’intention d’abolir cette contradiction de l’Evangile à l’égard des dangers et des erreurs de l’homme. En revanche, son intention était certainement d’écarter les contradictions erronées ou superflues, pour présenter à notre monde l’exigence de l’Evangile dans toute sa grandeur et sa pureté. Le pas accompli par le Concile vers l’époque moderne, qui de façon assez imprécise a été présenté comme une « ouverture au monde », appartient en définitive au problème éternel du rapport entre foi et raison, qui se représente sous des formes toujours nouvelles. La situation que le Concile devait affronter est sans aucun doute comparable aux évènements des époques précédentes. Saint Pierre, dans sa première Lettre, avait exhorté les chrétiens à être toujours  prêts  à  rendre  raison (apologia) à quiconque leur demanderait le logos, la raison de leur foi (cf. III, 15). Cela signifiait que la foi biblique devait entrer en discussion et en relation avec la culture grecque et apprendre à reconnaître à travers l’interprétation la ligne de démarcation, mais également le contact  et l’affinité qui existait entre elles dans l’unique raison donnée par Dieu.
Lorsqu’au XIIIième siècle, par l’intermédiaire des philosophes juifs et arabes, la pensée aristotélicienne entra en contact avec le christianisme médiéval formé par la tradition platonicienne, et que la foi et la raison risquèrent d’entrer dans une opposition inconciliable, ce fut surtout saint Thomas d’Aquin qui joua le rôle de médiateur dans la nouvelle rencontre entre foi et philosophie aristotélicienne, plaçant ainsi la foi dans une relation positive avec la forme de raison dominante à son époque.
Le douloureux débat entre la raison moderne et la foi chrétienne qui, dans un premier temps, avait connu un début difficile avec le procès fait à Galilée, connut assurément de nombreuses phases, mais avec le Concile Vatican II, arriva le moment où une nouvelle réflexion était nécessaire. Dans les textes conciliaires, son contenu n’est certainement tracé que dans les grandes lignes, mais cela a déterminé la direction essentielle, de sorte que le dialogue entre religion et foi, aujourd’hui particulièrement important, a trouvé son orientation sur la base du Concile Vatican II. A présent, ce dialogue doit être développé avec une grande ouverture d’esprit, mais également avec la clarté dans le discernement des esprits qu’à juste titre, le monde attend de  nous  précisément en ce moment. Ainsi, aujourd’hui, nous pouvons tourner notre regard avec gratitude vers le Concile  Vatican II :  si nous le lisons et que nous l’accueillons guidés par une juste herméneutique, il peut être et devenir toujours plus une grande force pour le renouveau toujours nécessaire de l’Eglise. »

arms-Copie Benoît XVI dans Lectures & relectures

2012-60. A propos du cinquantième anniversaire du second concile du Vatican.

Contribution féline
à la célébration du cinquantième anniversaire
du second concile du Vatican (deuxième partie).

* * * * * * * 

Lundi 8 octobre 2012.

Jeudi prochain, 11 octobre, ce sera le jour exact du cinquantième anniversaire de l’ouverture des travaux du second concile du Vatican.
Je l’ai déjà évoqué, et j’y reviendrai encore…

2012-60. A propos du cinquantième anniversaire du second concile du Vatican. dans Commentaires d'actualité & humeurs procession-entree-concile-vaticanii

Ouverture du concile Vatican II : arrivée du Pape Jean XXIII dans la Basilique Vaticane
à l’issue de la procession des pères conciliaires.

Je tiens tout de suite à dire que je suis un chat réaliste : je n’ignore donc pas les faits ; je ne vis pas dans un univers idéalisé déconnecté du réel.
Le second concile du Vatican est une réalité de l’histoire de l’Eglise. On ne peut donc pas vivre, on ne peut donc pas être catholique, on ne peut donc pas se comporter aujourd’hui comme s’il n’avait pas existé ou en feignant de l’ignorer.

Toutefois, il me semble que, justement, toute personne sensée et réaliste, ne peut pas non plus raisonnablement considérer le dit concile comme une réalité « monolithique » :
– une chose est le contexte historique, mondial et ecclésiologique, dans lequel il se situe ;
– autre chose est la teneur des discours, débats et interventions qui ont eu lieu dans l’aula conciliaire ;
– autre chose encore sont les diverses réunions des groupes qui se tenaient à l’extérieur des séances du concile et qui tentaient d’élaborer des stratégies pour en influencer les travaux ;
– autre chose enfin sont les textes qui ont été votés et publiés comme étant les actes du concile.
Bien sûr, ces diverses réalités ne sont pas totalement séparées les unes des autres mais il faut néanmoins savoir établir les distinctions qui conviennent, autant qu’il convient de discerner les diverses interactions entre les unes et les autres.

Les historiens – avec le recul et avec toute l’objectivité scientifique nécessaires – doivent et devront encore longuement travailler pour écrire l’histoire de ce concile.
Les historiens – avec le recul et avec toute l’objectivité scientifique nécessaires – doivent et devront encore longuement travailler pour écrire l’histoire de ce qui s’est passé dans la périphérie, politique, sociale et ecclésiale de ce concile et qui a influé sur lui.
Les historiens – avec le recul et avec toute l’objectivité scientifique nécessaires – doivent et devront encore longuement travailler pour écrire l’histoire de ce que l’on a présenté comme venant « du concile », de ce que l’on a fait passer pour « le concile », de ce que l’on a réalisé « au nom du concile »… etc. et qui ne l’était pas.

Et puis, je crois qu’il faudra encore beaucoup, beaucoup de temps pour pouvoir – avec le recul et avec toute l’objectivité scientifique nécessaires – établir un bilan sérieux des conséquences de ce concile.

ouverture-vatican-ii authenticité dans Lectures & relectures

Cérémonie d’ouverture du second concile du Vatican.

Dois-je préciser que je ne suis pas manichéen? Ce serait bien un comble pour un chat disciple de Saint Augustin!
Tout n’est pas tout noir ou tout blanc.

Je n’approuve pas ceux qui condamnent en bloc « le concile » - souvent sans en avoir lu les textes mais en se fiant uniquement à ce que tel ou tel en dit ou en a dit, en fait ou en a fait – et qui en font le bouc émissaire de toutes les abominations.
Et, de la même manière, je désapprouve catégoriquement ceux qui portent aux nues « le concile » - souvent aussi sans en avoir vraiment lu les textes mais en se fiant seulement à ce que tel ou tel en dit ou en a dit, en fait ou en a fait – et qui en font l’unique et absolue référence du catholicisme.
Les commentaires de commentaires, les interpolations d’interpolations et les interprétations d’interprétations ne sont pas « le concile Vatican II ».

Ce qui compte, ce sont les textes officiels, les actes du concile. En outre ces textes sont divers et ne possèdent pas tous la même autorité.

Ainsi il y a quatre constitutions :
1) la constitution dogmatique sur la Révélation divine, « Dei Verbum » ;
2) la constitution dogmatique sur l’Eglise, « Lumen gentium », qui doit être lue et comprise uniquement à la lumière des précisions apportées par une « note explicative préliminaire » (nota praevia) que fit ajouter le Pape Paul VI pour prévenir toute mauvaise interprétation ;
3) la constitution sur la sainte liturgie (non dogmatique), « Sacrosanctum concilium » ;
4) et la constitution pastorale sur l’Eglise dans le monde de ce temps, « Gaudium et spes » (donc pas dogmatique non plus).

Ensuite trois déclarations :
1) la déclaration sur l’éducation chrétienne « Gravissimum educationis » ;
2) la déclaration sur les relations de l’Eglise avec les religions non chrétiennes « Nostra aetate » ;
3) la déclaration sur la liberté religieuse « Dignitatis humanae ».

Puis viennent neuf décrets :
1) décret sur l’activité missionnaire de l’Eglise « Ad gentes » ; 2) décret sur le ministère et la vie des prêtres « Presbyterorum ordinis » ; 3) décret sur l’apostolat des laïcs « Apostolicam actuositatem » ; 4) décret sur la formation des prêtres « Optatam totius Ecclesiae renovationem » ; 5) décret sur la rénovation et l’adaptation de la vie religieuse « Perfectae caritatis » ; 6) décret sur la charge pastorale des évêques « Christus Dominus » ; 7) décret sur l’oecuménisme « Unitatis redintegratio » ; 8.) décret sur les Eglises catholiques orientales « Orientalium Ecclesiarum » ; et enfin 9) décret sur les moyens de communication sociale « Inter mirifica ».

Une constitution n’est pas un décret ; une déclaration ou un décret ne sont pas des constitutions ; une constitution qui n’est pas déclarée dogmatique n’a pas la même autorité qu’une constitution explicitement déclarée dogmatique et promulguée comme telle par le Souverain Pontife.
Il est donc tout à fait fallacieux de réduire le concile à seulement un ou deux documents de la liste précédente. Il est absolument abusif de faire de « Gaudium et spes » - par exemple - LE texte conciliaire par excellence et de lui attribuer une valeur dogmatique. Il est résolument subversif de faire tenir tout « l’esprit du concile » dans un simple décret circonstancié, tel que peut l’être « Dignitatis humanae »… etc.

N’est-il pas « amusant » (si j’ose dire) de constater que, en définitive, les « progressistes » et les « intégristes » s’accordent pour commettre les mêmes erreurs (même s’ils n’en tirent pas les mêmes conclusions)?

 

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Basilique Vaticane : reliquaire de la chaire de Saint Pierre (Le Bernin)

Il n’y a qu’une seule et véritable manière de lire et de recevoir les textes du second concile du Vatican : en harmonie avec toute la Sainte Tradition de l’Eglise, en continuité avec tout l’enseignement des Pères et des Docteurs de l’Eglise, dans la suite logique de tout le Magistère authentique tel qu’il s’est précédemment exprimé, et en refusant énergiquement – dans la foi – toute interprétation qui présenterait la moindre forme de rupture dans cette rigoureuse et absolue continuité.

Voilà pourquoi je vous invite très instamment à approfondir ce que notre Saint Père le Pape Benoît XVI a déjà dit à ce propos, lorsqu’il a commencé à poser de sages principes de lecture et d’interprétation que – sans nul doute – ses successeurs préciseront et affineront encore.
Pour l’heure, relisons, dans le discours qu’il a adressé aux membres de la Curie romaine le 22 décembre 2005, le long passage dans lequel il a développé ce thème de la réception du second concile du Vatican et que je publie ci-après (> www).

Lully.

2012-57. Miscellanées : Vanité – amour – liberté…

Jeudi 4 octobre 2012,
Fête de Saint François d’Assise,
Mémoire de Saint Ammon de Nitrie, anachorète ;
Mémoire de Sainte Aure de Paris, vierge et abbesse.

Vanité - Philippe de Champaigne

Philippe de Champaigne : Vanité.

frise

Comédie humaine – réalisme humain :

- Pathétiques gesticulations des marionnettes politiques ; affligeant brassage de vent des « acteurs de l’information » (qui semblent convaincus d’être les oracles et les pythies de la société « moderne » : le trépied et la caverne de Delphes ont seulement été remplacés par le micro et les studios d’enregistrement ; vacuité sans nom des prétendues « valeurs citoyennes », fondées sur des sables mouvants ;  autosuffisance des clercs, qui jouent les importants derrière leur très mince vernis – craquelé – de science et de piété…
– L’amour et la fidélité ravalés au rang de « sentiments » (mouvants), donnant l’impression de n’être plus que les débris épars d’un vaisseau de haut-bord brisé par la tempête et surnageant au-dessus de l’abîme, mais auxquels des naufragés sans espoir tentent malgré tout de se cramponner…
– Incohérence schizoïde quasi généralisée entre ce que l’on prétend professer et les comportements concrets…

Tout cela ressemble tellement à ces danses macabres que l’on peignit jadis le long des cloîtres.

Que peut-on attendre des hommes de ce temps ?

Celui qui n’attend rien ne peut pas être déçu.
Il ne peut même, en définitive, qu’être agréablement surpris, et s’émerveiller, lorsqu’il découvre quelque pépite dans les flots du torrent de boue.

Et ces mots, entendus de la bouche de « mon cher Gustave » (*), lorsque j’avais à peine quinze ans ; ces mots qui m’ont marqué de manière indélébile et qui sont devenus l’armure de mon âme contre toute forme de désespoir :
« Autrefois je croyais en Dieu, maintenant je ne crois plus qu’en Dieu ! »

frise

2012-57. Miscellanées : Vanité - amour - liberté... dans Chronique de Lully Champaigne-jardin-des-oliviers

Philippe de Champaigne : Jardin des Oliviers.

La pierre de touche de l’amour, c’est le sacrifice.

   Ce n’est pas à l’intensité émotionnelle et sentimentale que se mesure l’amour, mais à la capacité que l’on a de se sacrifier, de sacrifier ses aises, de sacrifier ses goûts, de sacrifier jusqu’à sa propre vie pour la personne aimée.

Si tu veux savoir comment tu aimes, pose-toi cette question :
A quoi suis-je capable de renoncer pour la personne que je prétends aimer ?

Si tu es capable de sacrifier beaucoup, tu aimes beaucoup.
Si tu n’es pas capable de t’imposer quelque chose qui te coûte pour la personne que tu dis aimer, alors – en vérité – tu n’aimes pas !
C’est aussi simple que cela ! Cette méthode de « vérification » ne ment pas : elle est infaillible. 

Tout le reste : les émotions, les frissons, les élans irrésistibles, les violons du romantisme et les nuages roses de la sentimentalité… etc., tout cela est sujet de l’illusion.

frise

Champaigne-crucifiement amour dans Commentaires d'actualité & humeurs

Philippe de Champaigne : Crucifiement.

   Celui-là seul est vraiment libre qui est capable à tout moment de faire exactement le contraire de ce dont il a « envie » sans en éprouver les moindres trouble ni gêne.

frise

Champaigne-concert-des-anges comédie humaine dans Lectures & relectures

Philippe de Champaigne : concert des Anges.

   Il n’y a que l’infini qui puisse donner sa mesure à l’amour !

frise lys

(*) « mon cher Gustave » : voir > ici.

2012-55. Bilan des promenades contées sur les pas du Grand Chanéac.

Jeudi 27 septembre 2012,
fête des Saints Côme et Damien.

2012-55. Bilan des promenades contées sur les pas du Grand Chanéac. dans Chronique de Lully P8080524-Copie-2-241x300

Frère Maximilien-Marie  contemplant d’en haut le « gouffre de l’enfer »
dans lequel les prêtres réfractaires qu’ils protégeaient et les chouans du Grand Chanéac allaient se cacher
(cliquer sur l’image pour la voir en plus grand) 

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

Au cours de l’été, je vous l’avais annoncé (cf. > www), notre Frère a proposé des promenades contées - dites aussi promenades-conférences – , pour permettre à ceux que cela intéressait de découvrir ce que fut la chouannerie dans les hautes Boutières à travers la geste du Grand Chanéac, l’un des plus célèbres et des plus emblématiques parmi les chefs chouans de notre pays (cf. > www).
Au terme de la saison 2012, je m’étais promis de vous en dresser un petit compte-rendu, afin de vous donner une idée de ce que cela a représenté. Le voici.

A- Quelques données « techniques »:

Aux quatre sorties initialement programmées (une par mois en juin, juillet, août et septembre), s’en sont ajoutées deux autres : pour des groupes déjà constitués qui en firent la demande (comme il était prévu que cela puisse se faire).

La promenade du mois de septembre avait été intentionnellement programmée dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine et faisait l’objet d’une mention particulière dans certains dépliants édités spécialement pour l’occasion.
Mais chacune des autres sorties avait aussi été très bien annoncée : non seulement par la presse écrite locale dans les jours précédents, mais également sur les ondes de R.d.B., la Radio des Boutières.
En amont, toutes les dates prévues avaient été insérées dans le calendrier général de programmation des découvertes patrimoniales diffusé par le SITRA (système d’information touristique Rhône-Alpes) ; de la sorte, elles ont été automatiquement communiquées à tous les Offices de Tourisme de la région, et aussi répercutées dans une publication spéciale du Dauphiné Libéré, répertoriant tout ce qui se faisait dans l’Ardèche et dans la Drôme jour par jour tout au long de l’été, qui a été largement distribuée.
Que soient ici chaleureusement remerciés tous les annonceurs, tous nos amis des Offices de Tourisme (tout particulièrement celui des Boutières et celui des sources de la Loire), tous les correspondants de presse, ainsi que tous les particuliers qui après être venus à une promenade ont encouragé leurs amis à y participer aussi.

En outre, bien sûr, Frère Maximilien-Marie avait réalisé quelques affiches et petites cartes annonçant les dates de ces promenades.
A chaque fois que des personnes téléphonaient au Mesnil-Marie pour prendre des renseignements ou pour s’inscrire, notre Frère leur demandait de quelle manière elles avaient connu l’évènement : les réponses montrent que tous les moyens d’information utilisés ont suscité des inscriptions.

Le nombre des participants a été de dix le 9 juin, de dix aussi le 7 juillet, de vingt-trois le 10 juillet, de vingt-six le 4 août, de cinq le 25 août (c’était avec notre mini-camp chouan dont je vous ai parlé ici > wwwet de dix-huit le 15 septembre, ce qui fait donc un total de quatre-vingt-douze participants.
De toutes manières, Frère Maximilien-Marie préfère toujours avoir un groupe qui ne comprend pas plus de quinze personnes : il n’aime pas refuser des participants, et c’est pourquoi il consent à dépasser ce nombre, mais il réalise très bien que la gestion de l’après-midi est ensuite moins fluide.

Et pour rester dans le domaine des chiffres, il faut également noter que, d’une manière générale, les quelque quatre heures annoncées pour la durée de ces balades ont été régulièrement dépassées.
Il y a deux raisons à cela : a) le temps de déplacement d’un groupe croît d’une manière proportionnée au nombre des personnes qui le composent ; et b) de nombreuses questions ou remarques de participants ont contribué à l’allongement de la prestation.

coeurvendeen bilan été 2012 dans Commentaires d'actualité & humeurs

B – Qui étaient les participants et quelles étaient leurs motivations?

Lors de la moitié de ces promenades, Frère Maximilien-Marie a eu la joie de compter parmi les participants des personnes descendant du Grand Chanéac ou qui lui étaient apparentées.
Pour elles, ces après-midi étaient une manière de se ré-enraciner dans leur histoire familiale, de revoir – ou parfois tout simplement de découvrir – les lieux de la vie de leur ancêtre… et peut-être aussi de vérifier que ce qui est y dit est bien conforme aux traditions transmises à son sujet dans sa descendance.

D’autres participants viennent des environs immédiats : paroisses du « plateau » ou des hautes Boutières dans lesquelles le souvenir du Grand Chanéac est plus vivant qu’ailleurs.
Mais il est aussi un nombre non négligeable de nos promeneurs qui sont venus de bien plus loin : du sud du Vivarais, de la vallée du Rhône, de la région annonéenne, voire du Velay, du Gévaudan, du Forez, du Dauphiné, de Provence… etc.

Pour tous, c’est une manière de découvrir ou d’approfondir « in situ » une page d’histoire qui reste malheureusement méconnue.

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Les ruines du mas des Sucheyres, où naquit et mourut le Grand Chanéac,
photo prise le 25 août 2012 (cliquer sur la photo pour la voir en grand) 

C – Quel est l’impact de ces promenades?

Il n’est pas possible de répondre complètement à cette question, vous vous en doutez bien. Toutefois il y a certains éléments partiels de réponse qui peuvent dès à présent être soulignés.

a) Pour ce qui me concerne, je n’ai eu, par divers canaux, que des échos élogieux des prestations de Frère Maximilien-Marie.
Les personnes qui ont participé aux promenades-conférences « Sur les pas du Grand Chanéac » et dont j’ai recueilli les témoignages étaient toutes satisfaites de ce qu’elles y avaient entendu, soit parce qu’elles y avaient appris énormément (même lorsque cela remet en question certaines choses), soit parce qu’elles y trouvaient la confirmation de leurs propres recherches ou approfondissements.
Il est arrivé que certains posent des questions semblant relativiser ce que notre Frère disait, parce qu’ils avaient lu des textes présentant le Grand Chanéac sous un jour désavantageux ou le contexte de la révolution d’une tout autre manière : je note que cela ne s’est jamais présenté sous la forme d’opposition frontale ou de contradiction absolue, mais plus sous la forme de demande de plus d’explications. Toutefois j’aborde déjà ici la question du « contenu », sujet dont je vais parler plus longuement ci-dessous.
Je ne m’avancerai pas à dire qu’il n’y a pas eu de mécontents mais, s’il y en a eu, ils ne se sont pas manifestés de manière franche et déclarée devant Frère Maximilien-Marie.

b) Notre Frère a bien conscience que le seul fait d’aborder le sujet de la contre-révolution peut sembler résolument iconoclaste, voire apparaître comme du « révisionnisme » aux yeux de certains.
Cependant ces promenades contées ne sont pas un acte « polémique » : elles se contentent d’évoquer, sur les lieux mêmes où ils se sont déroulés, des faits et la figure d’un personnage historique.
Que l’existence même de ces faits et que les engagements de ce personnage puissent déplaire à certains, c’est une évidence. Mais alors leur réaction est un comportement d’ordre idéologique, il échappe à l’objectivité.
Les faits sont les faits : vouloir les cacher ou les ensevelir pour jamais dans le silence est contraire à la vérité.
La vérité historique a-t-elle besoin d’autre chose que des faits?
La vérité ne se suffit-elle pas à elle-même?
Que peuvent apporter les arguments des hommes à l’évidence qu’impose la vérité des faits?
Frère Maximilien-Marie n’a pas pour volonté de « réveiller de vieilles querelles », mais seulement de transmettre la réalité des faits, mais seulement de faire connaître la vérité de ce qui s’est passé.
Si l’exposé de ces faits authentiques dérange, la faute n’en revient pas à Frère Maximilien-Marie mais à ceux qui s’en trouvent indisposés et – en définitive – c’est leur problème à eux, pas celui de l’historien qui fait correctement son travail : « Qui se sent morveux se mouche » répétait jadis son instituteur de l’école communale…
On raconte qu’un philosophe pré-socratique niait la réalité du mouvement et qu’un autre philosophe – qui n’était pas du même avis – au lieu de se lancer dans d’interminables discussions et arguties pour le contredire, se contenta de se lever et de marcher devant lui.
Ainsi de notre Frère : il se contente d’exposer des faits, qu’il explique en
 les replaçant dans leur contexte, le contexte de l’ensemble du Royaume à la fin de l’Ancien Régime, le contexte sociétal particulier de nos contrées, le contexte religieux du diocèse de Viviers et le contexte particulier de nos anciennes paroisses… etc.
Puis, à côté des éléments historiques dûment attestés, il fait également mention des données de la tradition orale en expliquant bien, je crois, ce qui peut être considéré comme certain ou ce qui appartient davantage à une espèce de légende.

c) Il est arrivé que Frère Maximilien-Marie reçoive quelques remarques un peu agressives ou désobligeantes à propose de ces balades « Sur les pas du Grand Chanéac », mais les personnes qui les lui ont faites ne sont jamais venues y participer, ni n’ont jamais donné suite à la proposition qu’il leur a faite d’une réunion au cours de laquelle, de manière rigoureusement historique en même temps que respectueuse et courtoise, toutes choses pourraient être exposées sereinement comme il sied à des êtres raisonnables et civilisés.

d) Pour terminer ce chapitre d’une manière positive, je crois être en droit de conclure que l’impact de ces promenades est quadruple :
d.1) elles permettent à des personnes qui ont une honnête recherche intellectuelle d’approfondir une page d’histoire locale replacée dans le contexte de la grande histoire de la France ;
d.2) elles sont l’occasion d’ouvrir des consciences à autre chose que le « prêt à penser » idéologique imposé par une certaine histoire officielle ;
d.3) elles donnent une place et une audience – non usurpées – au Refuge Notre-Dame de Compassion dans le domaine de la culture, à l’échelon local ;
d.4) elles sont l’occasion de contacts très riches, très diversifiés et très sympathiques…

coeurvendeen promenades conférences

Ces promenades-conférences seront-elles reconduites l’année prochaine?
Je crois pouvoir répondre par l’affirmative à cette question, même s’il peut être envisagé de leur donner une autre fréquence ou une autre configuration, puisque, sur cette terre, tout ce que nous entreprenons est toujours susceptible d’amméliorations.

En attendant, je vous adresse mes salutations félines les plus amicales…

patteschats promenades contéesLully.

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