Archive pour la catégorie 'Commentaires d’actualité & humeurs'

2014-27. A l’approche du carême, quelques rappels importants…

Mercredi de la Sexagésime.

Brueghel bataille du carnaval et du carême

Pierre Brueghel le jeune : la bataille de carnaval et du carême

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Le compte à rebours a commencé : dans une semaine nous serons à l’entrée du carême, à l’entrée de ce temps particulièrement saint et bénit qui – prélude au Triduum Sacré dans lequel nous revivrons le mystère actualisé de notre Rédemption, en célébrant la mort, la descente aux enfers et la résurrection de Notre-Seigneur Jésus-Christ – est l’un des moments les plus importants de toute l’année chrétienne.

   J’ai déjà eu l’occasion de le dire, et je le redis : je suis effrayé de constater que beaucoup de catholiques ne se préparent pas bien (voire pas du tout) au carême, et que – de ce fait – ils perdent totalement ou en partie le profit spirituel qu’ils pourraient retirer de ce temps de grâce.
Je suis aussi véritablement aterré lorsque certaines remarques ou réflexions que j’entends me donnent à comprendre que les prescriptions spirituelles, les prescriptions pénitentielles, les prescriptions disciplinaires imposées par l’Eglise à ses enfants, sont prises par eux à la légère ou de manière purement formelle, sans profondeur, sans qu’ils y attachent leur coeur et leur intelligence.

   Il y a quatre ans, j’avais publié un résumé réalisé par Frère Maximilien-Marie sous forme de questions et de réponses (ce pourquoi je l’avais intitulé « Petit catéchisme sur le carême et la pénitence »), expliquant en quoi consiste le carême, et quel esprit l’anime.
Ce texte est toujours valable ; il est conforme à la discipline actuellement en vigueur dans l’Eglise catholique latine. Aussi est-il toujours bon de le lire, et même de le relire à plusieurs reprises, à l’approche de ce temps (ici > petit catéchisme sur le carême).

   Mais il faut bien comprendre que les prescriptions actuelles concernant le jeûne et l’abstinence sont véritablement minimales, et qu’elles n’imposent pas de se contenter d’une pratique minimaliste !
Frère Maximilien-Marie écrivait : « Si dans l’Eglise latine la loi commune n’est plus aussi sévère que jadis, ce n’est cependant pas une invitation au laisser aller. La loi détermine le minimum obligatoire pour tous, mais elle n’oblige pas à se contenter du minimum. Il est donc louable, en fonction de la situation et des possibilités de chacun, de continuer à pratiquer une véritable ascèse alimentaire et une plus grande austérité de vie… »

Brueghel bataille détail=carnaval

Pierre Brueghel le jeune, détail de la bataille de carnaval et du carême :
Carnaval à califourchon sur un tonneau brandissant une broche de viandes grasses.

   Je le sais, je l’ai observé : beaucoup de catholiques n’observent pas l’abstinence des vendredis de carême. Or celle-ci est prescrite par la loi de l’Eglise – le droit canonique – , et c’est un péché de ne pas s’y plier !
Je sais également que certains, s’ils ne mangent pas de viande les vendredis de carême, en profitent alors pour se régaler avec un délicieux (et coûteux) plat de poisson ou de fruits de mer : c’est une manière de se conformer à la loi qui est uniquement extérieure, pharisaïque, et qui ne répond pas à l’esprit de pénitence et de conversion qui s’impose.
Il y en a qui sont convaincus que c’est faire beaucoup que de s’abstenir de viande les vendredis de carême, alors qu’en réalité ce n’est là qu’un minimum, et qu’il n’y a vraiment rien d’héroïque en cela.
Et je connais même des fidèles qui se disent traditionnels, qui vont à « la bonne Messe », et qui à l’occasion ne manquent pas de vitupérer contre le laxisme et le libéralisme qui se sont introduits dans l’Eglise depuis une cinquantaine d’années, mais qui se rendent eux-mêmes sans état d’âme à des dîners mondains organisés certains vendredis en carême, s’ils n’en sont pas eux-mêmes les organisateurs !

   « L’observance du Carême est le lien de notre milice ; c’est par elle que nous nous distinguons des ennemis de la Croix de Jésus-Christ ; par elle que nous détournons les fléaux de la divine colère ; par elle que, protégés du secours céleste durant le jour, nous nous fortifions contre les princes des ténèbres. Si cette observance vient à se relâcher, c’est au détriment de la gloire de Dieu, au déshonneur de la religion catholique, au péril des âmes chrétiennes ; et l’on ne doit pas douter que cette négligence ne devienne la source de malheurs pour les peuples, de désastres dans les affaires publiques et d’infortunes pour les particuliers », écrivait le pape Benoît XIV au XVIIIe siècle (Constitution « Non ambigimus » – mai 1741).
Ces lignes me paraissent terriblement actuelles : chacun ne doit-il pas s’interroger loyalement et sans complaisance pour se demander si – aujourd’hui – sa manière de pratiquer le carême n’est pas relâchée, si son observance n’est pas superficielle et ne contribue pas au déshonneur de la religion chrétienne, si son manque de générosité ne met pas en péril les âmes au salut desquelles il doit travailler, si sa négligence n’est pas responsable des malheurs actuels et des désastres publics de notre société, si – en vérité – il se comporte en ami ou en ennemi de la Croix de Jésus-Christ…

Brueghel bataille détail=carême

Pierre Brueghel le jeune, détail de la bataille de carnaval et du carême :
Carême et ses mets de jeûne.

   Voilà pourquoi j’ai résolu aujourd’hui, chers Amis, de rappeler ci-dessous ce qu’était la discipline du carême dans l’Eglise des origines, et la manière dont il a été observé pendant de nombreux siècles.
Après avoir lu cela, qui osera prétendre que s’abstenir de viande les vendredis de carême est quelque chose d’exorbitant ?
Après avoir lu cela, qui osera se plaindre des deux jours de jeûne actuellement obligatoires ?
Mais surtout, après avoir lu cela, je souhaiterais que chacun s’interroge sérieusement devant Dieu pour voir s’il ne peut pas faire davantage que le minimum requis !

* * * * * * *

Discipline originelle du carême chrétien :

Dans les premiers siècles de l’Eglise, donc, voici quelles étaient les prescriptions imposées à tous les fidèles sur le plan alimentaire :

1 – Tous les jours du carême étaient des jours de jeûne : c’est à dire qu’on ne pouvait prendre qu’un unique repas ; ce repas était, à l’origine, pris après l’office de Vêpres (célébré au coucher du soleil), mais progressivement il a été admis qu’il pourrait être pris en milieu de journée et que, le soir, on pourrait prendre une collation (ce qui ne constitue cependant pas un repas).

2 – Toutefois, les dimanches (et dans l’Eglise d’Orient les samedis aussi) n’étaient pas des jours de jeûne et l’on y prenait les repas de manière habituelle.

3 – Tous les jours du carême étaient des jours d’abstinence (même les dimanches).
En outre, l’abstinence ne se réduisait pas à la privation de viande, mais signifiait la privation de toute nourriture provenant du règne animal : c’est à dire que le poisson, les graisses animales, les fromages, le beurre et les laitages, ainsi que les oeufs étaient proscrits. C’était donc un régime strictement végétalien qui s’imposait pendant toute la durée du carême.
Restaient autorisés le miel et certaines huiles végétales. Le poisson (mais pas la viande ni les oeufs) pouvait être consommé seulement à certaines très grandes fêtes qui tombent pendant le carême, telle que l’Annonciation.

4 – Etaient également proscrits le vin et toute boisson alcoolisée.

   Il faut ajouter à cela que les époux chrétiens devaient s’abstenir de toutes relations conjugales et vivre la continence parfaite pendant tout le temps du carême (même les dimanches, car la loi primitive de l’Eglise n’autorisait jamais les rapports sexuels le jour consacré au Seigneur).
Pour les personnes non mariées, rien ne change puisqu’elles sont tenues à la chasteté en tout temps – carême ou pas – , faut-il le rappeler ?

   En ce qui concerne la vie sociale, jusqu’à une date relativement récente, dans les pays officiellement catholiques et pendant toute la durée du carême, tous les divertissements publics étaient suspendus : les salles de spectacles et de concerts, les théâtres (et les cinémas) étaient fermés, les bals interdits, les soirées mondaines et les réceptions prohibées…
Dans la première moitié du XXe siècle encore, même dans nos pays laïcisés où la loi civile ne prohibait plus les divertissements, les familles catholiques veillaient à ce que leurs enfants (même majeurs) n’allassent point au cinéma, au spectacle, au bal… etc.
En outre, on ne recevait pas à déjeuner ou à dîner, même les dimanches, sauf de très proches parents accueillis à la table de famille sans que l’on enfreigne en rien les strictes prescriptions de l’Eglise.

Pierre Brueghel le jeune, les sept oeuvres de miséricorde

Pierre Brueghel le jeune : les sept oeuvres de miséricorde.

   Cette pratique du jeûne et de la pénitence ne se sépare pas, bien évidemment, de celle des deux autres grands préceptes du carême : l’aumône et la prière.

- L’aumône résulte d’une part des économies que l’on réalise sur la nourriture pendant ce temps, et d’autre part des sacrifices que l’on s’impose en plus : il ne s’agit pas de donner son superflu, mais de se priver d’une part du nécessaire pour subvenir aux besoins des plus nécessiteux et d’y ajouter ce qui résulte d’une privation réelle.

- La prière : la prière personnelle quotidienne doit être plus intense, de jour et de nuit. Ainsi par exemple au Moyen-Age, mais cela a continué en beaucoup d’endroits jusqu’au temps de la sinistre révolution, beaucoup de laïcs profitaient du carême pour réciter, au moins en partie, le bréviaire ou pour aller assister aux offices des religieux dans les couvents et abbayes (qui étaient fort nombreux : il y en avait même dans les petites villes).
Mais la prière doit en outre avoir une dimension visible et sociale plus développée, pendant le carême. Les fidèles sont donc encouragés à avoir une plus grande assiduité aux offices paroissiaux, qui ne se résument pas seulement à la célébration de la Sainte Messe : il y a les prédications de carême (parfois quotidiennes), les processions de pénitence des confréries, les adorations du Très Saint Sacrement, la pratique de l’heure sainte (voir > ici), les chemins de croix (à Rome au XIXe siècle encore il était quotidien au Colisée, et pas uniquement les vendredis de carême).
On peut encore ajouter à cela des pèlerinages vers des sanctuaires dédiés à la Sainte Croix où à la Mère des Douleurs, des églises où sont conservées des reliques de la Passion, des chapelles où l’on invoque des saints qui ont été proches de Notre-Seigneur dans Sa sainte Passion (Sainte Marie-Magdeleine par exemple).

 

* * * * * * *

   Aujourd’hui, l’Orient chrétien (catholiques de rites orientaux et orthodoxes) est resté globalement fidèle à ces règles des origines, tandis que, on le voit bien, tout au long des siècles, l’Occident latin n’a cessé d’apporter des adoucissements, des mitigations aux observances physiques du carême.

   On m’objectera – et c’est une évidence que je ne conteste pas, bien au contraire – que le plus important, c’est la pratique spirituelle, la pénitence intérieure : mais c’est être manichéen, et c’est aussi faire une insulte aux chrétiens des premiers siècles, tout comme à nos frères chrétiens d’Orient, que d’opposer la pratique extérieure de la pénitence à une pratique spirituelle qui pourrait se passer du jeûne et de l’abstinence réels.
Les deux pratiques ne s’opposent pas, mais elles se complètent et se soutiennent l’une l’autre. Qui peut prétendre pratiquer la pénitence de manière spirituelle s’il ne la traduit pas dans des actes concrets et visibles ?

   Le jeûne et l’abstinence ne sont évidemment pas pratiqués comme une fin en eux-mêmes, ils sont cependant une nécessité qui découle de notre condition d’êtres en même temps spirituels et corporels.
Le christianisme n’est pas un idéalisme, il est la religion de l’Incarnation !

Ainsi, de même que notre corps contribue souvent à nous éloigner de Dieu et à nous entraîner au péché, de même encore doit-il participer à notre pénitence, à notre expiation du péché, à la réparation de nos transgressions, et à notre effort spirituel.

   Bien sûr, les adoucissements physiques qui ont été autorisés par l’Eglise, l’ont été parce que les tempéraments sont aujourd’hui moins résistants, moins endurants que ceux des chrétiens des premiers âges, et parce que l’Eglise ne veut ni la ruine de la santé ni la mort prématurée de ses enfants, tout comme elle ne veut pas que la pratique du jeûne empêche ou gêne l’accomplissement de son devoir d’état.
Mais – encore une fois – ne nous contentons pas du minimum, ne soyons pas des chrétiens minimalistes !
Chacun de nous peut, en fonction de ses forces, examiner loyalement devant Dieu, ce qu’il peut ajouter au minimum requis. Pour cela, il est bon de recourir à un conseiller spirituel prudent et avisé, doté d’un bon discernement : ce faisant, en outre, on pratique la vertu d’obéissance, qui est elle aussi un élément essentiel de la mortification spirituelle…

   Chers Amis, je n’ai pour finir qu’une seule chose à vous dire, à la suite de la Très Sainte Vierge Marie elle-même en ses multiples apparitions : soyez généreux pour pratiquer, de corps et d’esprit, une sérieuse pénitence authentiquement chrétienne !

Lully.

Pierre Brueghel le jeune, la Crucifixion

Pierre Brueghel le jeune : la Crucifixion.

2014-25. Dieu aura le dernier mot, mais ce n’est pas une raison pour laisser la parole au diable.

Gustave Thibon
in « L’Equilibre et l’Harmonie »

Gustave Thibon

Vertu d’espérance et optimisme.

       « Je discutais récemment avec un jeune prêtre dont la foi en Dieu se traduisait par une vertigineuse « ouverture » au monde moderne. Et comme je lui faisais part de mes inquiétudes concernant certains courants actuels, tels que les progrès de la collectivisation et de l’anonymat, le conditionnement des esprits par les propagandes, la régression vers la barbarie dans les luttes politiques, la dissolution des moeurs, le saccage et la pollution de la nature, etc., j’obtins pour toute réponse cette exclamation réprobatrice et apitoyée : « Quel pessimisme ! Et que faites-vous donc de la vertu d’espérance ? »
J’ai répondu : « Est-ce être pessimiste que de voir le mal et le danger là où ils sont et d’y chercher des remèdes ? Quand à la vertu d’espérance, elle n’a rien à voir avec cet optimisme aveugle et béat qui se voile les yeux devant le mal et s’imagine que, quoi qu’il arrive, tout ira fatalement de mieux en mieux ; elle consiste plutôt à ne jamais se décourager ni perdre pied, quelles que soient l’épaisseur du mal et la gravité du péril.
Si un homme abuse régulièrement de l’alcool, est-ce manquer à la vertu d’espérance que de l’avertir du risque qu’il court ? Ou, si un incendie se déclare, faut-il faire confiance aux flammes ou appeler les pompiers ? Et n’en va-t-il pas de même pour tous les grands dangers collectifs évoqués plus haut ? »

    »Faisons crédit à la Providence, a poursuivi mon jeune clerc : tout cela s’arrangera. »
Bien sûr. A plus ou moins longue échéance, tout finit par s’arranger. L’alcoolique, en mourant, débarrasse la société de sa présence inutile ; l’incendie s’arrête après avoir dévoré tout ce qui était à sa portée. Et à l’effondrement de la cité, succède tôt ou tard (mais à travers quelles ruines et quelles nuits ?) une nouvelle forme de civilisation. Mais est-il permis à l’homme de laisser aller les choses jusque là ?

   J’ai enchaîné : « L’espérance chrétienne est une vertu surnaturelle, enracinée dans la foi en la toute-puissance et en la toute-bonté de Dieu, et dont aucune catastrophe temporelle ne peut et ne doit venir à bout. »
Même si l’on imagine le pire, c’est-à-dire la fin du monde par l’épuisement de la planète ou par quelque explosion atomique, cela ne change rien aux promesses de l’éternité. Aussi n’est-ce pas sur le triomphe final du bien que portent mes inquiétudes, mais sur les menaces qui pèsent sur le monde temporel dont Dieu nous a associés à la gestion. Or, il n’est pas de bonne gestion possible si le mal n’est pas reconnu et combattu comme tel. Que penseriez-vous d’un médecin, qui négligerait de dépister et de traiter la maladie sous prétexte que nos corps sont promis à la résurrection glorieuse ?
Ne confondons pas les domaines. C’est prostituer l’espérance théologique que de l’appliquer sans discernement à tout ce qui se produit dans le temps et d’attendre que le bien sorte automatiquement du mal. Dieu veut le bien et permet le mal. Notre tâche à nous est de nous appuyer sur le bien que Dieu veut afin de diminuer le mal que Dieu permet.
Ce qui implique la lucidité et le courage. La première pour discerner le mal et le second pour le combattre. Il ne s’agit pas d’attendre passivement un avenir conforme à nos voeux, mais de le construire par un choix et un effort quotidiens. Le laboureur fait crédit aux bonnes forces de la nature : la vertu des semences, la fécondité de la terre et les pluies du ciel, mais non aux intempéries et aux parasites.
Dieu aura le dernier mot, nous n’en doutons pas. A la fin du monde. Mais ce n’est pas une raison suffisante pour laisser trop souvent, d’ici là, la parole au diable… »

« L’Equilibre et l’Harmonie », pp. 48-50. Fayard –  1976.

Lys de France

Autres publications consacrées à Gustave Thibon dans les pages de ce blogue :
– « In memoriam : Gustave Thibon » (2008) > ici
– « Gustave Thibon : dix ans déjà ! » (2011) > ici
– « Eloignement et connaissance » (extrait de « Retour au réel ») > ici
– Le message de ND de La Salette au monde paysan > ici
– « Le goût de l’aliment éternel » > ici
– « Libertés » (extrait de « Diagnostics ») > ici
– « Eglise et politique » (in « Entretiens avec C. Chabanis ») > ici
– Le sport dans la société moderne > ici

2014-24. Les détails.

- 18 février 1564 -

Mort de Michel-Ange

Autoportrait Michel-Ange

Michel-Ange – autoportrait.

       En sus des célébrations liturgiques propres à ce jour, le 18 février est le jour anniversaire de la mort de Michelangelo di Lodovico Buonarroti Simoni, communément appelé en Français Michel-Ange.

   Il fut un génie universel et je vous encourage à lire le très beau texte intitulé « Michel-Ange, artiste théologien » qu’a publié, après l’avoir traduit en Français, notre amie Béatrice, sur son excellent site Benoît et moi
C’est un article déjà ancien puisqu’il a paru en février 2008 dans l’Osservatore Romano, signé par Timothy Verdon, prélat américain spécialiste de l’art religieux. Il permet une approche de l’art de Michel-Ange débarrassée des phantasmes de notre époque, pour lui rendre toute sa dimension spirituelle, que beaucoup de fidèles aujourd’hui ont du mal à percevoir.

   Ainsi que l’écrit Béatrice dans son introduction : 

« Michel-Ange continue de fasciner, mais les échos que les media nous apportent le plus souvent sur sa personnalité sont des allusions ambigües à sa prétendue homosexualité, devinée à travers ses sonnets, et des insinuations salaces sur les nus de la Chapelle Sixtine – entre autres – , qui auraient été propres, dans un tel environnement, à choquer les bigots de l’époque. Notre époque à nous a les fantasmes qu’elle peut s’offrir, et les obsessions qu’elle cultive (…) »

   Mais tout est à lire et à relire, et c’est ici > Michel-Ange, artiste théologien.

   Pour moi, qui ne suis qu’un tout petit chat, je me contente de marquer cet anniversaire en vous offrant une nouvelle petite B.D. de Frère Maximilien-Marie. L’anecdote qui l’a inspirée peut s’appliquer à beaucoup de circonstances de la vie, et au plus haut point à la vie spirituelle…

   La paternité de la phrase « Les détails font la perfection et la perfection n’est pas un détail » est attribuée à Léonard de Vinci,  mais cela n’exclut nullement – bien au contraire – qu’elle ait pu faire florès parmi les artistes florentins, et que Michel-Ange, selon l’anecdote rapportée ci-dessous, ait pu la reprendre à son profit…
Pour nous, mettons-la en rapport avec le commandement donné par Notre-Seigneur en conclusion du sermon sur la montagne : « Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ! » (Matth. V, 48).

Lully.

sculpteur

Les détails

sculpteur

2014-21. Le sport dans la société moderne vu par Gustave Thibon.

Samedi 8 février 2014.

       La très spectaculaire ouverture des Jeux Olympiques d’hiver de Sotchi, hier, me fournit l’occasion de « répercuter » auprès de vous ce texte de Gustave Thibon – texte d’une très pertinente actualité, même s’il a été publié en 1976 dans « L’équilibre et l’harmonie » (éditions Fayard) – , qui m’a été communiqué à moi-même hier au soir. Quelle admirable profondeur et quelle implaccable lucidité toujours !

Lully.

L'équilibre et l'harmonie Gustave Thibon

Le sport.

       La résonance mondiale des Jeux Olympiques (gros titres dans les journaux, émissions télévisées, etc.) montre l’importance démesurée qu’ont prise les spectacles sportifs dans la mentalité contemporaine. La littérature, la science et jusqu’à la politique pâtissent devant les exploits des «dieux du stade».

   Je ne méconnais pas la valeur humaine du sport. Sa pratique exige de solides vertus de l’esprit : maîtrise de soi, rigueur, discipline, loyauté. La, compétition sportive est une école de vérité : la toise, le chronomètre, le poids du disque ou de l’haltère éliminent d’avance toute possibilité de fraude et toute solution de facilité. Aussi, une faible marge de contingence mise à part (indisposition passagère ou influence du climat), la victoire y va-t-elle infailliblement au meilleur, ce qui est loin d’être le cas dans les autres compétitions sociales, par exemple dans la bataille électorale ou dans la course à l’argent et aux honneurs. Un homme politique peut faire illusion sur ses mérites ; un sportif est immédiatement sanctionné par les résultats de son effort. Ici, le vrai et le vérifiable ne font qu’un…

   Cela dit, je vois dans cet engouement exagéré pour le sport le signe d’une dangereuse régression vers le matérialisme — et un matérialisme rêvé plutôt que vécu.

   Expliquons-nous.
J’ai parlé des vertus sportives. Mais l’unique but de ces vertus est d’exceller dans un domaine qui non seulement nous est commun avec les animaux, mais où les animaux nous sont infiniment supérieurs. S’agit-il de la course à pied ? Que représente le record des deux cents mètres abaissé d’un quart de seconde en comparaison des performances quotidiennes d’un lièvre ou d’une gazelle ? Du saut en longueur ou en hauteur ? Regardez donc l’agilité de l’écureuil qui voltige de branche en branche. Du lancement du disque ou de l’haltérophilie ? Quel champion égalera jamais l’exploit de l’aigle qui «arrache» et enlève dans le ciel une proie deux fois plus lourde que lui ? Par quelle étrange aberration restons-nous si souvent indifférents aux exemples des sages et aux œuvres des génies, alors que nous nous extasions devant des prouesses qui n’imitent que de très loin celles de nos « frères inférieurs » ?

   Je disais que le sport exclut la fraude. Ce n’est plus tout à fait vrai. La fièvre malsaine du record dicte souvent l’emploi d’artifices malhonnêtes. Est-il besoin d’évoquer les scandales du « doping » ? Et nous avons appris la disqualification de deux championnes olympiques à qui, pour augmenter le tonus musculaire, on avait injecté des hormones mâles. Tout cela procède d’une barbarie technologique qui sacrifie les deux fins normales du sport (la santé du corps et la beauté des gestes) à l’obsession de la performance.

   Mais il y a pire. C’est précisément à une époque où les hommes, esclaves des facilités dues à la technique, n’avaient jamais tant souffert du manque d’exercice physique qu’on voit se développer cet enthousiasme délirant pour les manifestations sportives. Des gens qui ont perdu le goût et presque la faculté de marcher ou qu’une panne d’ascenseur suffit à mettre de mauvaise humeur, se pâment devant l’exploit d’un coureur à pied. Des gamins qui ne circulent qu’en pétrolette font leur idole d’un champion cycliste. Il faut voir là un phénomène de transposition un peu analogue à celui qu’on observe dans l’érotisme : les fanatiques du sport-spectacle cherchent dans les images et les récits du sport-exercice une compensation illusoire à leur impuissance effective. C’est la solution de facilité dans toute sa platitude. Admirer l’exception dispense de suivre la règle ; on rêve de performances magiques et de records pulvérisés sans bouger le petit doigt ; l’effervescence cérébrale compense la paresse musculaire.

   Le sport est une religion qui a trop de croyants et pas assez de pratiquants. Remettons-le à sa place, c’est à dire donnons-lui un peu moins d’importance dans notre imagination et un peu plus de réalité dans notre vie quotidienne.

Gustave Thibon, in « L’équilibre et l’harmonie » (Fayard – 1976)

anneaux olympiques

Autres publications consacrées à Gustave Thibon dans les pages de ce blogue :
– « In memoriam : Gustave Thibon » (2008) > ici
– « Gustave Thibon : dix ans déjà ! » (2011) > ici
– « Eloignement et connaissance » (extrait de « Retour au réel ») > ici
– Le message de ND de La Salette au monde paysan > ici
– « Le goût de l’aliment éternel » > ici
– « Libertés » (extrait de « Diagnostics ») > ici
– « Eglise et politique » (in « Entretiens avec C. Chabanis ») > ici

2014-16. Réflexions félines et citations – mois de janvier 2014.

Vendredi 31 janvier 2014,
Fête de Saint Jean Bosco.

le Mesnil-Marie 31 janvier 2014

Le Mesnil-Marie, vers 8h 15 au matin de ce 31 janvier.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

Janvier s’achève ! Je reprends aujourd’hui mes « rétrospectives » du mois écoulé au travers de quelques citations ou réflexions.

* * * * * * *

1er janvier – 31 janvier : deux « jours de l’an ». L’un selon le calendrier grégorien, l’autre selon le calendrier chinois. 

En Occident, le 31 janvier est considéré comme la date limite à laquelle il est encore possible de « souhaiter la Bonne Année » ; tandis qu’en Orient – cette année – , c’est le jour où l’on commence la période des voeux.
Certains en profiteraient pour énoncer des leçons de relativisme, glosant le « vérité en deça des Pyrénées… » de notre cher Blaise ; pour moi, je me dis que, finalement, dans un monde où il y a tant de choses contrariantes ou désagréables, toutes les occasions sont bonnes pour souhaiter du bien à ceux que nous aimons, à tous ceux pour lesquels nous avons de l’estime.

En revanche, je me suis vraiment demandé s’il n’y avait pas une espèce de cynisme – voire de sadisme – de la part des pouvoirs publics à organiser des cérémonies de voeux pendant tout le mois de janvier : voeux du président de la république aux Français puis aux divers corps constitués, voeux des préfets, voeux des conseils généraux, voeux des députés, voeux des municipalités…
Tous ces politiques inaugurent par de lénifiantes et flatteuses paroles les deux-cent-huits jours de l’année civile (c’est une moyenne) durant lesquels les honnêtes citoyens vont travailler uniquement pour l’état, c’est-à-dire pour payer les impôts, les taxes, les redevances et les diverses contributions (et je ne parle pas des contraventions auxquelles il deviendra de plus en plus difficile d’échapper)…

Deux-cent-huit jours sur trois-cent-soixante-cinq : cela signifie, en pratique, que les Français, aujourd’hui, travaillent du 1er janvier jusqu’aux derniers jours de juillet pour donner la totalité du fruit de leur travail de ces sept mois aux diverses instances supposées les gouverner, les protéger (!!!) et assurer le bien commun
Pour mémoire, à la fin de l’Ancien Régime, le compte total des jours pendant lesquels un Français moyen travaillait pour s’acquitter des divers impots était de… dix-huit jours ! Ce n’est pas une affirmation gratuite de ma part, c’est un très sérieux institut d’études qui l’affirme, preuves à l’appui (voir ici > www).

Bon courage, mes amis, et surtout… « Bonne année ! »

Lully tirant la langue

Epiphanie de Notre-Seigneur.
Nous voyons Hérode, sournois et cauteleux sous sa bienveillance affichée.
Nous voyons aussi les grands prêtres et les scribes, chez lesquels la connaissance religieuse ne génère ni dévotion empressée, pour aller eux-mêmes reconnaître le Messie qu’ils attendent, ni émerveillement fervent…

Il est des jours où je ne peux que poser des regards désabusés sur la pathétique comédie humaine, sur ses gesticulations dérisoires et tragicomiques, sur les abîmes de vide que voilent (pour mieux les révéler ?) tant de prétendus « bons sentiments », et même sur ce que le commun des humains appelle « amour ».  
Cette espèce de comedia dell’arte n’est plus drôle à la longue, et d’ailleurs n’a plus rien d’artistique ainsi indéfiniment répétée sur la scène du quotidien.

Même si je me garde de la tentation du cynisme, et même si j’évite de m’enfermer dans la tour d’ivoire du scepticisme, je suis le témoin impuissant de tels naufrages et de telles ruines, physiques, psychiques et spirituels…
Comment ne pas être horrifié devant tant de prodiges d’ingéniosité et devant tant de pieuses industries, destinés à se préserver égoïstement soi-même derrière des carapaces d’optimisme, des armures de « bonnes consciences » religieuses, des boucliers d’espérances temporelles, des remparts d’abrutissements constitués par toutes les déclinaisons possibles du divertissement pascalien ?

Mais tout cela – tout ! – sera finalement soumis aux purifications ignées de grands bouleversements et d’épouvantables épreuves – personnelles, sociales et mondiales.
Ne subsistera alors que l’amour vrai.
Sera-ce bientôt ?

* * * * * * *

15 janvier.
Il faut bien se rendre à l’évidence ; faut-il s’y résoudre avec un sentiment de fatalité ?
C’est en tout cas une certitude : un très grand nombre de personnes, même lorsqu’elles vous écoutent (ou vous lisent) avec attention, avec la meilleure volonté du monde et sans arrière-pensée volontaire, n’entendent toutefois pas ce que vous dites dans le sens où vous le dites, mais elles saisissent en réalité une interprétation inconsciemment subjective de ce que vous dites – interprétation qui est en rapport avec leurs préoccupations du moment.
Les mots que vous prononcez, lors même que vous vous efforcez d’être rigoureux et précis dans leur usage et signification, ne sont que rarement entendus de manière objective ; ils le sont presque toujours de manière subjective.

Tiare et clefs

18 janvier : la Chaire de Saint Pierre à Rome.
Début de l’octave de prière pour l’unité des chrétiens.

Frère Maximilien-Marie a eu l’occasion de rappeler à une personne la loi de l’Eglise – loi actuellement en vigueur – qui interdit strictement des cérémonies liturgiques communes aux catholiques et aux protestants…
- Mais pourtant nous avons le même Dieu !
La réponse a fusé :
- Satan aussi a le même Dieu que nous, et ce n’est pas une raison pour avoir des cérémonies communes avec lui !

* * * * * * *

Seigneur, ayez pitié de nous !
Seigneur, ayez pitié de votre Eglise !
Seigneur, ayez pitié de vos fidèles !
Seigneur, gardez-nous dans la foi reçue des Apôtres !
Seigneur, fortifiez-nous dans l’espérance quand nous n’avons plus d’espoirs !
Seigneur, ancrez-nous dans la charité surnaturelle :
- la charité de Moïse fustigeant le peuple qui s’était prostitué avec le veau d’or,
- la charité d’Elie passant les faux prophètes au fil de l’épée sur le Mont Carmel,
- la charité de Matthatias immolant les apostats sur l’autel des impies,
- la charité de Notre-Seigneur agonisant à Gethésmani,
- la charité de Pierre châtiant le mensonge de Saphire et d’Ananie,
- la charité de Paul excommuniant le scandaleux de Corinthe,
- la charité de Jean prononçant l’anathème sur les églises sans ferveur…

Lully penseur

22 janvier : Fête de Saint Vincent, diacre martyr, céleste protecteur du diocèse de Viviers et de sa cathédrale (cf. > www).

Martyre :
Rappelez-vous sans cesse que vous êtes disciples d’un Dieu qui a été rejeté, calomnié, trahi, abandonné par les siens, qui a éprouvé la solitude intérieure jusqu’à la déréliction la plus absolue, qui a été écrasé sous le poids du péché, qui a subi – et qui subit encore – l’ingratitude, auquel on a craché au visage, dont on s’est moqué quand Il était gisant dans la boue et les ordures du chemin, et qui est mort en criant : « Mon Père, pourquoi m’avez vous abandonné ! »…
Vous êtes les disciples d’un Dieu qui a clairement dit à ceux qui voudraient Le suivre qu’ils ne seraient pas au-dessus de Lui et qu’ils devraient prendre la Croix à Sa suite.

Bon, alors, quand vous repensez à tout cela, vous n’allez pas me dire qu’il y a de quoi être surpris lorsque vous êtes un tout petit peu incompris, un tout petit peu calomniés, un tout petit peu rejettés… etc.

Tout ce que vous endurez sera toujours bien peu – très peu – en comparaison de ce que votre divin Maître a porté et subi !

Scapulaire Sacré-Coeur

27 & 28 janvier : 1794 – 2014.
Ces jours marquent le deux-cent-vingtième anniversaire de l’exécution d’Antoine-Philippe de la Trémoïlle, Prince de Talmont, décapité à Laval le 27 janvier 1794, et, frappé par une balle à Nuaillé le 28 janvier 1794, de la mort d’Henri de la Rochejaquelein, « l’Achille de la Vendée, le preux par excellence, le brave des braves » (cardinal Pie).

Vous êtes vous demandé ce qui se serait passé si, au nom  de prétendus sentiments chrétiens de paix et de respect des autorités constituées, les héros de la Vendée et de la chouannerie, que nous admirons et dont nous honorons la pieuse mémoire, s’étaient contentés de « manifestations légales » ?

Mars 1793 :
L’assassinat du Roi, la persécution contre les prêtres, les lois jacobines et la levée en masse exaspèrent les populations de nombreuses provinces, spécialement celles du bas Poitou, de l’Anjou, du Maine et de la Bretagne : le ras le bol et la colère en viennent à tel point que, dans les villages, les plus fervents et les plus convaincus vont chercher leurs hobereaux dans leurs gentilhommières, et leur demandent de se mettre à leur tête ; ils les y contraignent parfois.
Finalement, des collectifs « la contre-révolution pour tous » s’organisent.
Des diligences omnibus sont affrétées dans toutes les paroisses du Royaume afin qu’elles convergent vers Paris pour une grande journée de protestation ; les bannières des paroisses sont là ; on voit aussi des échevins et des consuls arborant les insignes de leurs fonctions ; on aperçoit même certains députés de la convention, des Girondins, inquiets de la tournure que pourraient prendre les évènements…

On marchera dans le calme depuis la « place du trône renversé » jusqu’aux Invalides.
Les consignes sont strictes pour prévenir tout débordement qui indisposerait les Jacobins et les Montagnards, de plus en plus sourcilleux et tatillons : ceux-ci n’ont d’ailleurs pas manqué de soudoyer quelques sans-culottes pour infiltrer les rangs de ceux qui battent le pavé parisien dans une ambiance bon enfant, et pour provoquer des incidents qui seront montés en épingle à la tribune de l’assemblée tantôt par Marat, tantôt par Danton, tantôt par Robespierre. 
Pour l’exemple, le comité de salut public a demandé que l’on interpelle et que l’on retienne pendant quelques heures à la Conciergerie quelques « fanatiques » qui ont paru par trop enthousiastes.
Néanmoins Charette, Cathelineau, d’Elbée, Lescure, Stofflet, Frotté, Cadoudal et quelques autres – qui ne veulent surtout pas donner dans la sédition – , se félicitent d’avoir organisé une belle manifestation dont le patriotisme ne peut être remis en question : on y a scandé bien sagement des protestations sur les airs d’un jeune compositeur annonciateur de la nouvelle vague : Beethoven (dont les plus jeunes assurent qu’ « il déchire grââââve »), tout en esquissant des pas de menuet dans la rue.
On laisse à Henri de La Rochejaquelein le soin d’annoncer la satisfaction des organisateurs d’avoir rassemblé un beau nombre de participants : un chiffre très honorable de mécontents… que Saint-Just, à la tribune de la Convention, divisera par dix (cela fera ensuite l’objet d’âpres débats, à la tribune et dans les gazettes, pendant toute la semaine).
Chacun ayant regagné son omnibus, les « dangereux aristocrates » reprennent le chemin de leurs provinces, et se voient déjà, un sourire de satisfaction sur les lèvres, mettre dans l’urne républicaine et démocratique le bulletin de vote le plus conservateur possible par lequel ils pensent continuer cette belle journée de « la contre-révolution pour tous ».
Fin de l’histoire.
Il n’y a pas eu de Vendée, pas eu de chouannerie… pas eu de héros !

Lully chat-chouan

29 janvier : fête de Saint François de Sales.
Son exemplaire douceur évangélique n’avait rien à voir avec des faiblesses de béni oui oui.
A ceux qui me reprochent d’être trop négatif, trop critique, trop peu « tolérant », trop peu « respectueux de toutes les différences », bref ! de manquer de charité, je voudrais rappeler que la Vérité seule a des droits, et que l’erreur n’en a pas.
Dans un monde où les âmes sont mises en danger du fait de la confusion des opinions et de l’inversion des valeurs, comme il est bon de citer Saint François de Sales« C’est charité que de crier au loup quand il est entre les brebis, n’importe où qu’il soit »  (Vie dévote, liv. III, chap. XXIX).

* * * * * * *

Rappel : Neuvaine à l’intention des malades et de tous ceux qui souffrent.
Du 2 au 10 février pour préparer la fête de Notre-Dame de Lourdes, « journée mondiale des malades ». Et – malheureusement ! – nous avons tous des malades dans notre entourage, nous connaissons tous des personnes qui souffrent dans leur âme ou dans leur corps…
Pour cette neuvaine, nous vous proposons la prière qui est ici > neuvaine 2-10 février.

Que Dieu vous garde et vous bénisse !

Lully signature

Publié dans:Commentaires d'actualité & humeurs |on 31 janvier, 2014 |Commentaires fermés

2014-13. De Saint Charlemagne, Roi des Francs et Empereur d’Occident.

28 janvier,
Fête de Saint Charlemagne.

Fête du Bx Charlemagne

Cathédrale d’Aix-la-Chapelle : fête de Saint Charlemagne – encensement du reliquaire du Chef de l’Empereur.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Au Mesnil-Marie, nous n’en faisons pas un mystère – et nous en sommes même très fiers ! – , chaque 28 janvier, nous célébrons la fête liturgique de Saint Charlemagne, Roi des Francs et Empereur d’Occident.
Le 28 janvier de l’an de grâce 2014, nous avons marqué cette fête avec d’autant plus de ferveur que c’était le jour exact du douzième centenaire de la mort du grand Souverain.

   Malgré l’épouvantable ignorance qui désole nos temps (car les jeunes générations, en particulier, ne savent pas toujours le situer chronologiquement ni même citer quelques grands événements de son règne), la haute figure du grand Roi Franc domine l’histoire de l’Occident chrétien et rayonne encore aujourd’hui sur l’Europe, puisque certains n’hésitent pas à dire qu’il en est l’un des pères : Pater Europae.

   Bien sûr, de modernes historiens – qui voudraient nous faire croire qu’ils sont bien plus au courant de la vie de Charlemagne que ceux qui ont vécu à ses côtés et qui lui ont rendu témoignage ! – , des ecclésiastiques retors et complexés – dont le prurit œcuménique et le souci du dialogue inter-religieux supportent mal l’idée que l’on puisse vouloir étendre le Règne du Christ – , et quelques autres inquisiteurs de la bien-pensance démocratique auxquels la seule idée d’un Royaume chrétien déclenche des éruptions de furoncles, ont mené de véritables campagnes de dénigrement pour salir sa mémoire. 
Et les voilà (eux qui ne sont pourtant habituellement pas très regardants sur le respect de la morale imposée par l’Eglise et se feraient volontiers les chantres de la libération des mœurs) qui, avec des airs de rosière offusquée, décrètent de manière dogmatique (eux, les ennemis du dogme) que l’Empereur aurait été polygame !
Et les voilà (eux, les thuriféraires de la révolution qui voudraient minimiser les épouvantables massacres qu’elle généra, en France et jusqu’au bout de l’Europe) qui dépeignent les guerres contre les Saxons ou contre les mahométans dans de noires couleurs qui, en réalité, n’appartiennent qu’aux seules démocraties populaires du XXe siècle !

Châsse de St Charlemagne

Châsse renfermant la plus grande partie du corps de Saint Charlemagne
(cathédrale d’Aix-la-Chapelle)

   D’autres plus savants que moi, ont su faire justice de ces accusations : je me contenterai de vous renvoyer, par exemple, à la notice que lui a consacré Dom Guéranger dans sa célèbre « Année liturgique » (ici > 28 janvier, le Bienheureux Charlemagne).

   Pour moi, j’ai sorti mes griffes et j’ai poussé un miaulement de (sainte) colère, l’autre jour, en lisant, sur les pages d’un site Internet que je ne nommerai pas (sur lequel sévit un « professeur de religion » à la théologie douteuse), que Charlemagne aurait été « décanonisé » (sic) par l’Eglise Romaine !

   Ceux qui, tétanisés par les critiques modernes, se dandinent d’un pied sur l’autre en parlant à demi-mots gênés de la canonisation de Charlemagne, s’empressent généralement d’ajouter, comme pour s’excuser eux-mêmes et pour disculper l’Eglise, que cette canonisation aurait été prononcée par l’antipape Pascal III…
Ce qui est faux !

   Si Frédéric Barberousse fut bien le promoteur de la cause de canonisation de Charlemagne, si Frédéric Barberousse soutenait effectivement l’antipape Pascal III, et si Frédéric Barberousse voyait dans cette canonisation un geste d’une grande portée politique en sa faveur, il n’en demeure pas moins que la canonisation de Charlemagne fut accomplie d’une manière tout à fait conforme au droit de l’époque, par des pasteurs légitimes.
En effet, jusqu’à ce moment-là, les canonisations n’étaient pas réservées au Saint-Siège et n’étaient pas accomplies selon les procédures que nous connaissons aujourd’hui (lesquelles ont été définitivement fixées au XVIIIe siècle par le pape Benoît XIV, et ont été ensuite simplifiées à la fin du XXe siècle).

   Au XIIe siècle donc encore, comme pendant tous les premiers siècles de la Chrétienté, ce que nous appelons aujourd’hui une « canonisation » consistait en une cérémonie solennelle que l’on appelait souvent « élévation (ou exaltation) des reliques », puisque il y était procédé, par l’évêque du lieu (ou le métropolitain), en reconnaissance de la sainteté d’un personnage et des miracles accomplis sur sa tombe, au placement de ses restes mortels dans une châsse que l’on disposait sur un autel.
Dès lors, ces reliques seraient publiquement honorées et le saint auquel elles avaient appartenu ferait l’objet d’un culte officiel, ce qui était confirmé par la proclamation de la date à laquelle on célébrerait dorénavant sa fête.
A cette époque, il n’y avait pas non plus de distinction entre « bienheureux » et « saint ».

   L’élévation des reliques de Charlemagne eut lieu le 29 décembre 1165, et fut accomplie de manière régulière (cf. > ici) par l’archevêque Renaud de Dassel, de Cologne, et par l’évêque Alexandre II, de Liège, qui, redisons-le, étaient des évêques légitimes de la Sainte Eglise Catholique Romaine, et qui jouissaient de la pleine autorité pour le faire.
Il est vrai qu’ils reçurent pour cela l’aval d’un décret de l’antipape Pascal III ; mais quand bien même Pascal III eut-il été un pape légitime, son décret n’aurait rien ajouté à la régularité de l’acte accompli.

Reliquaire du bras

Reliquaire du bras du Bienheureux Charlemagne
(cathédrale d’Aix-la-Chapelle)

   Comme l’a très bien fait observer Dom Guéranger dans la notice qu’il a consacrée au Bienheureux Charlemagne (cf. supra), les contestations ne se firent jour que sous l’influence et en conséquence du poison que l’hérésie protestante distilla dans la Chrétienté…
Et le culte séculaire que l’on rendait publiquement à Saint Charlemagne dans de très nombreux diocèses de France et d’Allemagne, s’estompa, perdit en popularité, passa au second plan et, au fur et à mesure des réformes liturgiques de l’époque moderne (un peu selon la technique dite « du voleur chinois »), ne subsista pratiquement plus qu’à Aix-la-Chapelle et dans quelques diocèses voisins.

Mais de « décanonisation », point !

   Bien au contraire, au XVIIIe siècle, le pape Benoît XIV (celui-là même qui fixa les règles des béatifications et des canonisations telles qu’elles ont été observées jusqu’au XXe siècle) - grand canoniste et aussi « spécialiste » du culte des saints - , auquel on soumit le cas de Charlemagne, car certains le jugeaient litigieux en raison du soutien apporté par l’antipape Pascal III à sa canonisation, trancha de manière non équivoque : là où ce culte était établi, on ne pouvait ni le blâmer ni l’éradiquer ; et il fut statué très officiellement que l’on pouvait l’honorer et l’invoquer comme « Bienheureux Charlemagne ».
Fin de la contestation.

   Pour terminer, je vous propose d’écouter le « Planctus de obitu Karoli : lamentation sur la mort de Charles », texte remarquable comprenant vingt distiques qui alternent avec un refrain, composé très probablement par un moine de l’abbaye de Bobbio en 814-815, c’est à dire au moment où la nouvelle du trépas du Souverain se répandit à travers l’empire.

[faire un "clic" droit sur l'image ci-dessous, puis "ouvrir dans un nouvel onglet]

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   Dès que je le pourrai, je ferai suivre cet article par un autre qui sera uniquement dédié à des représentations - que j’aime particulièrement – de notre cher Saint Charlemagne.

   Pour l’heure, prions-le avec ferveur d’intercéder pour l’Europe, pour la France, et spécialement pour l’héritier légitime du Royaume de France.
Déjà, au XVe siècle, c’était le rôle particulier qui lui était assigné dans le Ciel, puisque Sainte Jeanne d’Arc put dire à Charles VII : « Sire, je vous dis que Dieu a pitié de vous, de votre royaume et de votre peuple, car Saint Louis et Saint Charlemagne sont à genoux devant Lui, faisant prière pour vous ».

Lully.

Armoiries de Charlemagne

Du Bienheureux Charlemagne dans quelques représentations sacrées > ici
La séquence « Urbs aquensis » et l’anniversaire de la canonisation de Saint Charlemagne > ici

2014-11. Trois réflexions qui paraîtront certainement très incorrectes à certains…

23 janvier,
Fête des Epousailles de la Bienheureuse Vierge Marie (cf. > ici) ;
Mémoire de Saint Barnard, archevêque de Vienne & confesseur ;

Mémoire de Sainte Emerentienne, catéchumène & martyre ;
Mémoire de Saint Raymond de Penyafort, confesseur ;
Mémoire du 2e jour dans l’octave de Saint Vincent.

Grandes armes de France - grille de Versailles

Les grandes armes de France à la grille du château de Versailles

       Je voudrais partager avec vous trois réflexions que je me suis faites, et qui sont dans la continuité du triste anniversaire de la mort du Roi-martyr, que nous avons commémorée le 21 janvier (cf. > ici).

Fleur de Lys

1 – Mon beau sapin ♪♫♪…

   Imagineriez-vous que l’on puisse chanter : « Mon beau sapin, président de la république des forêts, que j’aime ta parure… » ?
Si on le faisait, cela perdrait non seulement toute forme de poésie, mais aussi toute espèce de crédibilité.
Dans la nature, il n’y a pas de « présidence de la république ».
D’un animal qui domine par sa force et sa beauté, on dit qu’il est le roi ; d’une fleur qui surpasse les autres par son élégance et son parfum, on dit qu’elle est la reine ; d’un sommet qui culmine au-dessus de toutes les cimes d’un massif, on dit qu’il est le roi…
C’est spontané ! C’est évident ! C’est naturel !

   Deux siècles de lavage de cerveau et de matraquage idéologique, en France, n’ont pas encore réussi à changer cette spontanéité de la dénomination, cette évidence qui ne se discute pas parce qu’elle est universellement comprise, sans effort, naturellement…
Et on tomberait dans le ridicule le plus absolu si l’on se mettait à dire que la rose est la présidente de la république des fleurs, que le lion est le président de la république des animaux, que le Mont Mézenc est le président de la république des sucs des Boutières !
Alors pourquoi ce qui est ridicule dans l’ordre naturel, n’apparaît-il pas aussi à tous comme également ridicule dans l’ordre politique ?

Fleur de Lys

2 – Jeux d’enfants :

   Avez-vous aussi remarqué que l’idée royale appartient à la nature humaine la plus saine et la plus spontanée ?
Cela se vérifie par exemple au niveau des jeux des enfants : dans leurs jeux, en effet, il y a des rois, des reines, des princes et des princesses. Cela les fait rêver et les porte à imaginer des prouesses, des actions héroïques, de belles choses…
A ma connaissance, les enfants ne jouent pas au président de la république, et les petites filles n’ont guère envie de s’identifier à une concubine, fut-elle présentée par les médias comme une « première dame » (dénomination qui n’appartient en aucune manière à la tradition française) !

   Voyez par exemple le si sympathique Babar : enlevez lui sa délicate couronne royale ; faites-en un président, flanqué de l’hyper-pachydermique et inélégante lourdeur des prétendues « institutions » de la république ; remettez en cause son pouvoir tous les quatre ou cinq ans… Vous verrez alors que le bon roi qui règne à Célesteville perdra aussitôt tout espèce d’intérêt aux yeux de nos chérubins !

   Ainsi encore des contes qui façonnent notre conscience et notre imaginaire depuis la plus tendre enfance : remplacez-y les rois par des présidents démocratiquement élus, et les princesses par des femmes ministres ou députés, et ce sera la fin de la littérature enfantine la plus belle, et – aujourd’hui encore – la plus prisée.

    Ce qui est vrai des jeux des enfants et des contes, l’est à un degré bien plus cruel et réaliste dans la société des personnes adultes : qui peut rêver de prouesses, d’héroïsme, de magnanimité, de grandeur, de noblesse de cœur, d’esprit chevaleresque et de belles réalisations, en aspirant à être « président élu » ?

Fleur de Lys

3 – Cohérence républicaine ?

   Comment les hommes de l’actuelle république peuvent-ils réclamer, au nom de la justice et des « droits de l’homme », la restitution des œuvres d’art volées aux Israélites par les Allemands sous le troisième Reich, alors qu’ils n’imaginent pas un seul instant qu’il serait cohérent (et exemplaire) de restituer semblablement :
- en France même : les bâtiments (cathédrales, églises, abbayes, évêchés, couvents, presbytères… ), les objets du culte (tableaux, sculptures, pièces d’orfèvrerie, reliquaires…), ou instruments de formation intellectuelle et spirituelle (par exemple les bibliothèques), qui ont été volés à l’Eglise, au nom d’une idéologie qui a inventé toutes les méthodes de répression et d’extermination que le troisième Reich ne fera que lui emprunter et développer…
- dans toute l’Europe, et au-delà (dans ces terres qui sont aujourd’hui la Belgique, l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, l’Autriche, la Cité du Vatican, la Grèce et l’Egypte…) : toutes les œuvres d’art et monuments de la civilisation dont les guerres de la révolution, de la république et de l’empire ont fourni l’occasion d’un pillage planifié et ordonné, et qui remplissent aujourd’hui nombre de musées français ?

patte de chat  Lully

Lully défenseur de la couronne

2014-3. De Saint Hilaire et de l’exemple très actuel qu’il donne aux fidèles.

14 janvier,
Fête de Saint Hilaire de Poitiers, évêque et confesseur, docteur de l’Eglise (cf. > ici).

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Il y eut une malheureuse période, dans l’histoire de la Sainte Eglise notre mère, où la très grande majorité des pasteurs de cette Eglise avait perdu la foi authentique.
Ces prêtres, ces évêques – et par suite les fidèles – croyaient qu’ils étaient catholiques, alors qu’en réalité ils adhéraient à de graves erreurs doctrinales, si bien que leur pseudo foi était erronée, contraire à la divine Révélation, opposée à la Sainte Tradition reçue des Apôtres…
Cette corruption de la foi authentique, cette déviation de la religion divinement instituée par Notre-Seigneur Jésus-Christ, fut l’hérésie arienne.

   Conséquence des erreurs du prêtre Arius, cette hérésie enseignait que Jésus-Christ n’est pas véritablement Dieu égal au Père, parce que le « Logos » (le Verbe) n’est pas éternel mais qu’il a été créé (avant le reste de la création) et qu’il a été adopté par Dieu.

   Arius fut excommunié et sa doctrine condamnée (concile de Nicée, en 325)… mais elle s’était déjà répandue, et elle se répandit cependant encore, séduisant de plus en plus de fidèles, semant le trouble et la division dans la chrétienté pour près de trois siècles, engendrant de nouvelles hérésies, en Orient comme en Occident.
A la suite du concile de Nicée, les conciles de Constantinople (381), d’Ephèse (431), et de Chalcédoine (451), préciseront les termes de la foi authentique : ils n’inventeront rien, ils expliqueront à travers des définitions de plus en plus « pointues », ce qu’est la foi véritable, la foi exacte telle qu’elle a été révélée par Dieu, et telle qu’elle a été transmise à la véritable Eglise par les Saints Apôtres qui la tenaient de Jésus-Christ.

St Hilaire par Viguier

Saint Hilaire terrassant l’hérésie arienne figurée par un dragon
(peinture de Viguier – 1866 – dans l’église Saint-Hilaire de Payré 86700)

   Le 14 janvier, nous fêtons Saint Hilaire de Poitiers (+ 367) qui fut suscité et inspiré par Dieu, comme quelques autres saints évêques (tel Saint Athanase d’Alexandrie en particulier), pour rétablir l’ordre dans l’Eglise, pour réaffirmer la saine théologie, pour défendre la Vérité révélée, pour assurer le triomphe de la sainte Tradition contre l’hérésie arienne, alors qu’à Rome même le pouvoir impérial arien imposait un antipape arien – Félix II – , après avoir exilé le pape Libère.

   Défenseur de la foi – Defensor fidei – , Saint Hilaire se dépensa sans compter, quoi qu’il puisse lui en coûter, pour la protection, la sauvegarde, le maintien, la défense et la propagation de la vraie foi : la foi dans la Très Sainte Trinité, la foi dans le mystère de l’Incarnation du Verbe co-éternel et consubstantiel au Père, la foi en Jésus-Christ vrai Dieu et vrai homme.
C’est pour cela qu’il écrivit son ouvrage dogmatique principal, le traité sur la Trinité – De Trinitate – ; c’est pour cela que, en imitateur du Bon Pasteur, soucieux du salut du peuple qui lui avait été confié (et parce que le salut passe par une foi droite), il lutta avec intrépidité et sans compromission ; c’est pour cela qu’il ne relâcha jamais sa vigilance ; c’est pour cela qu’il lutta jusqu’à son dernier souffle.
Jamais il ne faiblit devant les menaces ou les séductions du pouvoir politique qui cherchait à imposer l’hérésie arienne à tout l’empire : l’empereur Constance II, en effet, avait résolu de réaliser l’unité politique de l’empire sur la base d’une unité religieuse…

   De nos jours, les erreurs philosophiques et théologiques sont à nouveau légion.
De nos jours, l’affirmation de la divinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ est combattue.
De nos jours, la foi authentique dans la Sainte Trinité est édulcorée.
De nos jours, le fait qu’il n’y ait qu’un seul vrai Dieu, qui S’est pleinement fait connaître dans Son Verbe Incarné, est remis en question.
De nos jours, la seule et unique foi véritable, celle de la Révélation chrétienne, à laquelle tous les hommes de toutes les nations sont appelés pour avoir part au salut, est relativisée…

   Et ces erreurs, ces hérésies, sont acceptées – plus ou moins consciemment – , quand elles ne sont pas ouvertement professées, non seulement par ceux qui n’ont pas (ou plus) la foi chrétienne, mais aussi par un grand nombre de personnes qui sont persuadées d’être chrétiennes, voire par des prêtres et des évêques !

   De même qu’autrefois on niait la divinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, parce qu’on n’acceptait pas la foi entière dans le mystère de la Sainte Trinité, ainsi aujourd’hui on nie – plus ou moins explicitement – que la Très Sainte Trinité soit le seul et unique Dieu pour tous les hommes de tous les peuples ; et ainsi en est-il qui voudraient bâtir une espèce d’unité planétaire sur la base d’une sorte de consensus minimaliste, prétendant qu’à partir du moment où l’on croit en une divinité, nous aurions « tous le même Dieu », et qu’il ne faudrait pas, en conséquence, vouloir « imposer » telle conception particulière de ce « Dieu »…
C’est ainsi que, une fois de plus, la Sainte Eglise se trouve affaiblie par des hérésies et par des interprétations erronées de la foi, que la Sainte Eglise est exposée aux divisions les plus graves, que la Sainte Eglise est soumise aux pressions les plus destructrices.

   Mais de tels propos, dans la bouche de quelqu’un qui se dit chrétien, ne sont rien moins qu’une espèce d’apostasie, ne sont rien moins qu’une négation des vérités qui nous ont été révélées par Dieu, transmises par les Apôtres et par la sainte Tradition, ne sont rien moins qu’un naufrage des vertus théologales de foi, d’espérance et de charité, lors même que l’on prétend faire preuve de « charité » en acceptant toutes les formes croyances…

Lully.

Mystère de la Sainte Trinité

2014-1. Voeux pour l’an de grâce 2014.

Mercredi 1er janvier 2014,
Octave de la Nativité,
Fête de la Circoncision de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

bonne année 1914

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

J’ai sous les yeux, et je l’ai reproduite pour vous ci-dessus, une carte de voeux de « Bonne Année », gaufrée et colorée, qui fut envoyée à l’occasion du jour de l’an 1914.

Même sans tourner la carte pour lire le message qui a été rédigé au verso, et même sans l’indication de l’oblitération du timbre, on ne peut avoir aucune hésitation : 1914 est écrit en chiffres dorés – légèrement en relief – sur l’avant de la locomotive qui entre dans cette petite gare enneigée, où l’horloge du quai marque la minuit. Un chef de gare emmitoufflé, dont la barbe évoque celle du Bonhomme Noël, tend, de la main droite, une espèce de petit fanal… De la cheminée de la locomotive s’échappent, avec l’épaisse fumée qui va se confondre avec la nuit, des roses sommairement dessinées.

Jour de l’an 1914 : on se souhaitait la « Bonne Année », et ce train qui roulait en laissant échapper ces roses apportait un réconfortant sentiment de progrès, pour le bonheur de l’humanité…

Jour de l’an 1914 : on se souhaitait la « Bonne Année », on s’embrassait joyeusement en échangeant des voeux de santé et de prospérité, de bonheur et de paix.
Qui donc alors s’imaginait que six mois de cette année, qu’on se souhaitait bonne, ne seraient pas totalement accomplis avant qu’un terrible engrenage d’évènements ne se mette en mouvement, inexorablement, et n’entraîne la vieille Europe, et le monde tout entier, dans quatre années de guerre, après lesquelles rien ne serait plus comme avant !

Jour de l’an 1914 : on se souhaitait la « Bonne Année », mais le train de l’histoire était lancé sur des rails dont on ignorait où ils conduiraient l’humanité qui, en ce 1er janvier, s’échangeait des voeux de santé, de prospérité, de bonheur et de paix…

bonne année 1914 - détail 1

Jour de l’an 1914 : cent ans se sont écoulés depuis…

Jour de l’an 2014 : on se souhaite la « Bonne Année », on s’embrasse joyeusement en échangeant des voeux de santé et de prospérité, de bonheur et de paix.

Jour de l’an 2014 : on se souhaite la « Bonne Année », et le train de l’histoire avance toujours sur des rails dont on ignore jusqu’où ils conduiront l’humanité, qui échange aujourd’hui encore des voeux de santé, de prospérité et de paix…

Jour de l’an 1914.
Jour de l’an 2014.

Pour nous qui, cent ans plus tard, connaissons ce qui s’est passé, ces voeux de bonheur que l’on a échangés le 1er janvier 1914 ont quelque chose de tragiquement surréaliste :
- les destinataires de cette carte de « Bonne Année », illustrée par la locomotive 1914, étaient-ils des jeunes gens qui seraient mobilisés et envoyés sur le front quelques mois plus tard, qui connaîtraient l’enfer des tranchées, qui seraient amputés ou gazés, qui n’en reviendraient pas… ?
- les destinataires de cette carte de « Bonne Année », illustrée par la locomotive 1914, étaient-ils des jeunes filles qui nourrissaient alors de doux rêves romantiques auprès d’un joli fiancé, mais dont la guerre ferait des veuves, avant même qu’elles n’eussent connu la joie des noces ?
- les destinataires de cette carte de « Bonne Année », illustrée par la locomotive 1914, étaient-ils des enfants auxquels leur père serait enlevé, et qui grandiraient en voyant leur mère s’épuiser dans un travail, qu’en ce premier jour de l’an 1914 on n’aurait pas encore imaginé qu’une femme pût le faire ?
- les destinataires de cette carte de « Bonne Année », illustrée par la locomotive 1914 qui les entraînait tous sur les rails de la grande ou de la petite histoire, qui étaient-ils, et où étaient-ils, en ce premier jour de l’an ?
Qui seraient-ils, et où seraient-ils quelques mois, quelques années plus tard ?

bonne année 1914 - détail 1

Jour de l’an 1914. 
Jour de l’an 2014.

Les hommes qui se souhaitaient la « Bonne Année », qui s’embrassaient joyeusement en échangeant des voeux de santé et de prospérité, de bonheur et de paix, le 1er janvier 1914, étaient-ils plus mauvais ou meilleurs que les hommes qui se souhaitent la « Bonne Année », qui s’embrassent joyeusement en échangeant des voeux de santé et de prospérité, de bonheur et de paix, en ce 1er janvier 2014 ?

Nous le savons bien, les hommes de 2014, tout comme ceux de 1914, ne sont – d’une manière habituelle – ni totalement bons, ni totalement mauvais : chaucun porte en lui-même d’étranges et fluctuants mélanges de bonté et de malice, dont les proportions varient à tout instant, au gré de leurs choix et des circonstances auxquelles ils sont affrontés.
Nous le savons aussi, pour les hommes de 2014, tout comme pour ceux de 1914, dans des contextes différents mais qui, chacun à leur manière, portent leurs parts d’ombre et de lumière – distinctes ou mêlées – , l’avenir n’est pas écrit à l’avance par la main d’un aveugle destin qui lierait, voire supprimerait, notre liberté.

En ce 1er janvier, l’année 2014 dont nous sommes au premier jour n’existe pas encore.
Pas plus que n’existait l’année 1914 – telle que, cent ans plus tard, nous savons ce qu’elle fut – pour ceux qui se souhaitaient la « Bonne Année », le 1er janvier 1914.

Ce qui existe, c’est l’instant présent, et c’est ce que nous en faisons… avant que cet instant ne fuit, irrémédiablement.

L’année 2014 n’existe pas encore, et nous n’avons, tous et chacun, que le petit instant – le tout petit instant présent, qui est là et qui s’enfuit – pour construire l’année qui commence ; cette année qui dans l’histoire du monde sera la somme de ce que chacun en aura fait : chacun à sa place, chacun selon son état et sa vocation, chacun selon qu’il aura laissé libre court à ce qu’il y a de meilleur en lui-même, ou bien à ce qu’il y a de plus détestable…

bonne année 1914 - détail 2

Chers Amis, que vous souhaiterai-je en ce premier jour de l’an 2014 ?
Oh, certes ! Selon les formulations traditionnelles, je forme des voeux pour que chacun d’entre vous jouisse de la santé, de prospérité, de bonheur et de paix.
Pour chacun d’entre vous, dans ma prière, je demande à Dieu qu’Il vous accorde toutes les grâces nécessaires pour que cette année 2014 soit en vérité une « Bonne Année »

Je demande à Dieu.
Parce que les voeux d’un moine – que vous croyez ou que vous ne croyez pas – sont de toute manière, et avant toute autre chose, des prières à votre intention et à vos intentions.

Je demande à Dieu.
Parce que mes voeux sont bien autre chose que des souhaits, lesquels, bien souvent, n’engagent pas à grand chose, lors même qu’ils sont formulés avec beaucoup d’affection et de sincérité.
Parce que mes voeux sont soutenus par l’engagement de ma vie, offerte et consacrée à Dieu.
Parce que mes voeux sont, en moi, une farouche volonté de votre bien et de votre bonheur le plus absolu.

Toutefois je ne demande pas à Dieu de faire, Lui, à votre place, le travail qui vous incombe à vous seuls, et ce qui est de votre seule responsabilité !

Quand, au cadran de l’horloge 2014, les aiguilles indiqueront l’heure de votre unique responsabilité, puissiez-vous ne pas vous dérober !
Quand, au cadran de l’horloge 2014, les aiguilles indiqueront l’heure du courage, puissiez-vous ne pas baisser les bras !
Quand, au cadran de l’horloge 2014, les aiguilles indiqueront l’heure de la persévérance, puissiez-vous vous cramponner et tenir contre vents et marées !
Quand, au cadran de l’horloge 2014, les aiguilles indiqueront l’heure du don de soi, puissiez-vous ne pas reculer !
Quand, au cadran de l’horloge 2014, les aiguilles indiqueront l’heure du sacrifice, puissiez-vous ne pas vous effrayer !
Quand, au cadran de l’horloge 2014, les aiguilles indiqueront l’heure de la lutte, puissiez-vous ne pas céder à la tentation du ressentiment et de la haine !
Quand, au cadran de l’horloge 2014, les aiguilles indiqueront l’heure des blessures, puissiez-vous conserver malgré tout la paix intérieure !
Quand, au cadran de l’horloge 2014, les aiguilles indiqueront l’heure d’encaisser des coups, puissiez-vous ne pas désespérer !
Quand, au cadran de l’horloge 2014, les aiguilles indiqueront l’heure de la déception, puissiez-vous de point offrir de prise à l’amertume !

Quand, au cadran de l’horloge 2014, les aiguilles indiqueront l’heure des larmes, puissiez-vous pleurer sans honte et sans perdre la sérénité !
Quand, au cadran de l’horloge 2014, les aiguilles indiqueront l’heure de vous réjouir, puissiez-vous exulter et chanter sans superficialité !

bonne année 1914 - détail 2

J’ai déjà été très (trop) long…
Alors, pour achever, laissez-moi encore vous souhaiter d’être, tous et chacuns, semblables au petit fanal du vieux chef de gare de cette carte centenaire, pour projetter des rayons de douce et réconfortante clarté dans les ténèbres du monde, car « il est toujours préférable d’allumer une petite lampe plutôt que de maudire les ténèbres » !

Enfin, je veux remercier très chaleureusement ceux qui, à l’occasion de ces fêtes de la Nativité, nous ont envoyé des paquets (contenant soit de l’excellente nourriture pour l’esprit, soit de la savoureuse nourriture pour le corps), ou qui nous ont adressé quelque offrande… sachant que le Refuge Notre-Dame de Compassion ne vit que de dons.

Bonne, belle et fervente année 2014 !

Frère Maximilien-Marie.          

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