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2024-178. In memoriam : Monsieur l’abbé Louis Coache, inlassable combattant de la foi (+ 21 août 1994).

21 août,
Fête de Sainte Jeanne-Françoise de Chantal, veuve et fondatrice de l’Ordre de la Visitation ;

Anniversaire de la naissance de Saint François de Sales ;
Mémoire de Saint Privat de Mende, évêque et martyr ;
7ème jour dans l’octave de l’Assomption ;
Anniversaire du rappel à Dieu de Monsieur l’abbé Louis Coache (+ 21 août 1994).

abbé Louis Coache

Monsieur l’abbé Louis Coache (10 mars 1920 – 21 août 1994)

   Le 10 mars 1920, à Ressons-sur-Matz, dans le diocèse de Beauvais, naquit Louis Coache, dans une famille modeste mais très profondément chrétienne. Il était le sixième de sept enfants et deux de ses sœurs seront religieuses.
Ayant très tôt entendu l’appel divin, il commença ses études ecclésiastiques au petit séminaire du Moncel, à Pont-Sainte-Maxence, fut ensuite envoyé au Séminaire français de Rome, dut revenir en France à cause de la guerre et rejoignit le grand séminaire de Beauvais, alors replié à Versailles en raison de l’occupation allemande. Il y fut ordonné le 24 avril 1943 par Mgr Roland-Gosselin, évêque de Versailles.
Son évêque le nomme d’abord vicaire à la cathédrale de Beauvais (juin 1943 – décembre 1947), puis curé de Salency, où il ne reste que quelques mois, car en août 1948 il est nommé curé de Sacy-le-Grand (août 1948 – 1953).

   En 1953, une maladie assez grave le contraint au repos. Repos assez relatif car il en profite pour approfondir des études de Droit canon au terme desquelles il obtient le Doctorat en soutenant une thèse sur « Le pouvoir ministériel du Pape » et que, dans le même temps, il dessert depuis Beauvais la paroisse de La-Neuville-en-Hez et assure un vicariat à Notre-Dame-de-Thil.
De juillet à novembre 1957, on lui confie l’aumônerie de l’hôpital de Senlis et enfin, à Pâques 1958, il reçoit ses lettres de curé de la paroisse de Montjavoult.

Vignette croix et calice - blogue

   Cet itinéraire de prêtre diocésain somme toute assez classique (vicaire, curé d’une petite paroisse, puis d’une paroisse moyenne, et enfin d’un paroisse plus importante), nous amène à la fin du règne du Vénérable Pie XII : bientôt les événements vont se précipiter.
Le temps de la maladie lui a donné le temps de devenir un canoniste, ce qui donnera du poids à ses prises de position et à ses publications. Dès 1955, alerté par certaines tendances qui se faisaient jour chez certains de ses confrères et dans la « pastorale », il avait commencé à prendre des notes en vue de la rédaction d’un ouvrage qu’il voulait intituler : « Jusqu’où va nous conduire l’esprit du monde ? ».

   L’annonce par Jean XXIII de la convocation d’un concile fut comparable à l’ouverture irréfléchie et incontrôlée des vannes d’un barrage : en quelques mois, le modernisme qui couvait sous les apparences conservatrices du pontificat pacellien va se révéler et faire déferler dans toute l’Eglise une vague dévastatrice de remises en cause de la foi et de la morale.
Effrayé, l’abbé Coache décide de publier son livre, mais se heurte aussitôt à de fortes oppositions : refus de l’Imprimatur, refus des éditeurs gagnés aux idées nouvelles… Finalement, il utilise une partie de son abondante documentation pour 
rédiger une « Lettre d’un curé de campagne à ses confrères », qu’il envoie aux prêtres du diocèse de Beauvais ainsi qu’à certains amis et correspondants à la Noël 1964. Elle sera suivie d’une « Nouvelle lettre d’un curé de campagne » (8 septembre 1965) qui connaîtra une diffusion plus importante.
En cette même année 1965, grâce à Michel de Saint-Pierre qu’il a rencontré à l’occasion de la publication de son roman « Les nouveaux prêtres »
, les éditions de La Table Ronde acceptent de publier, sous le titre «La foi au goût du jour » et sous le nom de plume de Jean-Marie Reusson, l’ouvrage qu’il préparait depuis 1955.

   En juin 1966, le mensuel « Le Monde et la Vie » (magazine grand format illustré qui faisait alors concurrence à Paris Match) publie un article de l’abbé Coache intitulé « La nouvelle religion » : article de quatre grandes pages qui eut un retentissement si considérable qu’il valut à son auteur un blâme de son évêque, et à la revue une condamnation émanant du Conseil permanent de la Conférence épiscopale de France (en même temps que Défense du FoyerLumière et Itinéraires).
En juin 1967 parut la « Dernière lettre d’un curé de campagne », dont le tirage fut de 150 000 exemplaires, preuve de la notoriété acquise en quelques années par l’abbé Coache.

   On le voit, c’est une période où le curé de Montjavoult essaie de s’opposer par ses écrits au modernisme dévastateur, bien qu’il ne se considère pas comme un « écrivain » : dans la débâcle générale de cette période de folie, des catholiques désemparés y trouvent une force, des prêtres découragés ou troublés se ressaisissent, et la résistance traditionnaliste commence à s’organiser. Les écrits de l’abbé Louis Coache jouent un rôle indéniable dans ce début.
Par la suite, et presque jusqu’à sa mort, l’abbé Coache continuera des publications, au premier rang desquelles il faut citer le très célèbre « Vade mecum du catholique fidèle », courte brochure rappelant les points essentiels au sujet de la prière, de la confession, de la communion, de la messe, des lectures, du catéchisme, de la morale.
Imprimé à la fin de 1968, il s’en était déjà écoulé 150 000 exemplaires à la fin janvier 1969, et il a été plusieurs fois réédité depuis. 

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   Quoique très mal vu par son évêque, jusque-là le curé de Montjavoult demeurait dans une situation canonique tout-à-fait régulière. Cela va rapidement évoluer au cours de l’année 1968, année au cours de laquelle il lance un bulletin bientôt connu de tous ceux qui ne veulent pas se soumettre à la déferlante moderniste : « le Combat de la Foi ».
Prévoyant une grande cérémonie eucharistique à l’occasion de la Fête-Dieu, l’abbé Coache invite son évêque, Mgr Stéphane Desmazières, à la présider.
Ce dernier n’attendait qu’une occasion pour engager les hostilités et lui répond en exigeant un acte de soumission, la cessation de ses publications, et l’annulation de la journée de vénération solennelle du Très Saint Sacrement.
La grève générale (événements de mai 1968) ayant rendue impossible l’annonce d’une annulation, la procession du Très Saint Sacrement annoncée  fut maintenue. Fureur de l’évêque qui, en mai 1969, à l’annonce d’une nouvelle célébration solennelle de la Fête-Dieu à Montjavoult, envoie à l’abbé Coache une monition canonique le menaçant de lui retirer sa charge de curé s’il persévère dans son combat.

   L’abbé décide d’un recours à Rome, retardé par une grève des postes italiennes, si bien que l’évêque de Beauvais lui inflige une première peine canonique et le destitue de sa charge de curé de Montjavoult.
Une longue procédure devant les tribunaux romains va suivre : elle durera six ans ! En juin 1975, une commission cardinalice approuvera la destitution de l’abbé qui quitte alors la cure de Montjavoult et se retire à Flavigny-sur-Ozerain, à la « Maison Lacordaire » qu’il a pu acquérir.

   La mention de cette « Maison Lacordaire » mérite quelques explications : en mai 1971, le curé de Montjavoult vit arriver au presbytère un homme qui lui offrit sans ambages un monastère. Il s’agissait du neveu de l’économe de la province dominicaine de Paris, chargé par ce dernier de vendre le très grand couvent de Flavigny. Grâce à une habile manœuvre, l’abbé Coache put l’acquérir sans que ses propriétaires ne soupçonnassent quel horrible intégriste en devenait le propriétaire. Il décida d’y installer ses œuvres et, au premier chef, « le Combat de la Foi ».

   Toutefois, dès le mois de décembre 1971, cette « Maison Lacordaire » va providentiellement permettre l’éclosion d’une congrégation de religieuses : en effet, sa propre sœur, Mère Thérèse-Marie et une autre religieuse, Mère Marie-Xavier, sorties de leur congrégation d’Angers devenue moderniste, firent appel à lui, se trouvant alors dans un complet dénuement ; la maison était vaste, l’abbé occupait encore le presbytère de Montjavoult, n’était-ce pas une disposition tout-à-fait providentielle ?
D’une part,
l’abbé Coache va favoriser le recrutement pour cette renaissance d’une congrégation traditionnelle (2 à la fin 1971, puis 4 en 1975, elles seront plus de trente en 1984 lorsque, quittant Flavigny, les Petites Sœurs de Saint François, iront s’installer au Trévoux, en Bretagne).
De 
1975 à 1984, il assura presque tous les cours du noviciat (théologie, Ecriture Sainte, histoire de l’Eglise …etc.), leur transmettant aussi sa profonde dévotion eucharistique, son amour de la liturgie et du chant grégorien (ce fut lui, en particulier, qui initia les religieuses aux rubriques du bréviaire et du missel, d’où est sorti le désormais célèbre Ordo avec répertoire des lieux de culte traditionnel).
Ses conseils de spiritualité étaient basés sur la foi : les Petites Sœurs se devaient d’être des « femmes de devoir » à la piété solide ; il les mettait en garde contre les « dévotionnettes », les fausses apparitions et le sentimentalisme ; et grâce à ses conférences sur les problèmes d’actualité, il leur inculquait une claire vision de la nocivité des erreurs modernistes et de la nécessité de maintenir le bon cap.

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   Désormais installé à Flavigny, aidé par les Petites Sœurs de Saint François, l’abbé Coache, fait de la « Maison Lacordaire » un centre névralgique de la Tradition : il y prêche des retraites qui attirent un public nombreux, reçoit des hôtes de passage, enseigne et soutient les fidèles… et il organise des pèlerinages de la Tradition à Lourdes (en 1978, 1979, 1980, 1982, 1983, 1986 et 1991) pèlerinages parfois émaillés d’incidents tragi-comiques en raison de l’opposition des autorités du sanctuaire.
Il organise aussi des pèlerinages à Rome (celui de l’Année Sainte 1975 présidé par Monseigneur Lefebvre aura un grand retentissement) ou en d’autres hauts lieux de la Chrétienté, tient des réunions publiques à la Mutualité et à la Salle Wagram, dirige des campagnes de destruction des mauvais journaux dans les églises (ce qui lui vaudra des procès), des réunions de prêtres contestataires, des interventions dans les médias, des « commandos » contre des cérémonies scandaleuses ou des emblèmes sacrilèges… etc.

   En 1984, la « Maison Lacordaire » fut le lieu d’une cérémonie exceptionnelle : un triduum de messes ininterrompues, pour obtenir du Ciel la reconnaissance officielle par les autorités romaines du droit à la Messe traditionnelle. Ces trois journées de Messes célébrées par une soixantaine de prêtres, attirèrent sans nul doute des grâces immenses sur le courant traditionnel. D’autant que plus de cent prêtres, qui n’avaient pu se déplacer, célébrèrent chez eux la messe aux mêmes intentions.

   C’est après ce triduum que se prépara la cession de la « Maison Lacordaire » à la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X pour y établir le séminaire international Saint Curé d’Ars, où s’effectue désormais la première année des candidats au sacerdoce et leur prise de soutane avant de poursuivre leurs études à Ecône.

   Monsieur l’abbé Coache, lié d’une amitié profonde avec Monseigneur Ducaud-Bourget, prépara avec lui et l’abbé Serralda la libération et la restitution au culte catholique de l’église parisienne Saint-Nicolas du Chardonnet, le dimanche 27 février 1977 (cf. nos publications > ici et > ici), et ce n’est pas le moindre de ses titres de gloire et de ses droits à notre gratitude.
Certains ont écrit qu’après cela il aspirait à « prendre sa retraite », mais il avait moins de soixante ans et nous avons vu, ci-dessus, que dans les années qui suivirent il continua avec fougue à mener le combat, soit depuis Flavigny, soit, après la cession des bâtiments à la Fraternité Saint Pie X, depuis le Moulin du Pin où il déménagea. Ainsi par exemple la grande journée de réparation des crimes de la Révolution, le 15 août 1989.

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   En 1993, l’abbé Louis Coache eut la joie de voir les « vétérans » des combats passés, ainsi que la jeune génération sacerdotale et épiscopale, se rassembler autour de lui pour rendre grâce pour ses cinquante années de sacerdoce.

   Enfin, aux premières heures du dimanche 21 août 1994, Monsieur l’abbé Louis Coache rendit sa belle âme à Dieu à l’âge de 74 ans et demi. Une grande foule l’accompagna à sa dernière demeure, pendant que, dans le monde entier, des chrétiens qui lui étaient redevables priaient pour le repos de son âme.

   Il nous reste de lui le souvenir d’un prêtre vraiment rempli de zèle pour la gloire de Dieu, embrasé d’amour pour Notre-Seigneur Jésus-Christ et la Très Sainte Vierge Marie, modèle d’attachement à la Sainte Eglise catholique et à ses vérités immuables, qui eut le courage de se lever quand beaucoup renonçaient ou trahissaient, de parler haut quand tant d’autres se taisaient, de combattre quand les autres baissaient la garde ou s’enfuyaient.
Prêtre de feu, il a éclairé les âmes, les a nourries, soutenues et encouragées, au point que sans doute beaucoup lui doivent leur salut éternel.
Au terme d’une existence de fidélité et de droiture, il a amplement mérité d’être qualifié du titre d’inlassable combattant de la foi.

27 février 1977 - à l'issue de la Messe, exposition du Saint-Sacrement

Sur ce cliché pris le dimanche 27 février 1977 à Saint-Nicolas du Chardonnet,
on aperçoit, au fond à droite, tenant un micro, Monsieur l’abbé Louis Coache

2024-174. A la pieuse mémoire de Monsieur l’Abbé Christian-Philippe Chanut.

- 17 août 2013 -

memento mortuaire abbé Chanut

       Monsieur l’Abbé Christian-Philippe Chanut était né à Talence, commune limitrophe de Bordeaux, le 7 août 1948. Il s’était d’abord engagé dans des études de Droit et de Lettres modernes, avant de se plonger dans l’histoire moderne (rappelons qu’en histoire le mot moderne désigne les XVIIème et XVIIIème siècles), puis d’entrer au séminaire de Saint-Sulpice pour le compte du diocèse de Corbeil-Essonnes (renommé depuis diocèse d’Evry-Courcouronnes). Ordonné prêtre le 9 juin 1979, il fut alors nommé curé de Saulx-les-Chartreux dont il fit une paroisse atypique, attirant de nombreux fidèles.

   Peu de temps après son ordination, il fut choisi comme aumônier par le Mémorial de France à Saint-Denis, et il exercera dès lors une influence grandissante dans la sphère légitimiste : le Prince Alphonse de Bourbon, duc d’Anjou et de Cadix, de jure Sa Majesté le Roi Alphonse II de France (+ 30 janvier 1989) le choisira pour aumônier personnel, faisant de lui, officiellement le Grand Aumônier de France. Il aura une importante influence sur l’évolution spirituelle de la Princesse Emmanuelle de Dampierre, duchesse de Ségovie (cf. > ici) dont il célèbrera les funérailles en l’église du Val-de-Grâce, à Paris.
En 1988, il participa à la fondation des Compagnons de Saint Michel Archange, dont il fut le premier chapelain-prieur jusqu’en 2006.

   Prédicateur et orateur d’un immense talent, il a particulièrement impressionné et ému ses auditoires avec l’oraison funèbre du Prince Alphonse, de jure Sa Majesté le Roi Alphonse II, lors de la Messe de Requiem célébrée à la basilique de Saint-Denis en février 1989, et celle qu’il prononça, toujours à Saint-Denis, en juin 2004, lors du dépôt du cœur authentifié du jeune Louis XVII.

   Ami personnel de l’écrivain Jean Raspail (+ 13 juin 2020), il le réconciliera avec la foi catholique et le conseillera également pour les questions historiques de certains de ses romans, en particulier « L’Anneau du pêcheur ».

   Monsieur l’Abbé Chanut fut ensuite, dans son diocèse, nommé curé-doyen de Milly-la-Forêt, puis exorciste et archiviste du diocèse, et enfin responsable de l’application du motu proprio Summorum Pontificum. A côté de son ministère diocésain, il a également enseigné l’histoire de l’Eglise, l’homilétique et la patristique au séminaire de la Fraternité Saint-Pierre à Wigratzbad.

   Longuement éprouvé par un cancer, il est pieusement décédé en son domicile de Boutigny-sur-Essonne le samedi 17 août 2013. Ses funérailles furent célébrées le 22 août en la Collégiale Notre-Dame de l’Assomption de Milly-la-Forêt et a été ensuite inhumé au cimetière de la Chartreuse, à Bordeaux.

Monsieur l'abbé Christian-Philippe Chanut

Dans les pages de ce blogue vous trouverez plusieurs textes concernant Monsieur l’Abbé Chanut ou nés sous sa plume :

- Une lettre ouverte publiée lors de son trépas (2013) > ici
- Le dixième anniversaire de sa mort (2023) avec la publication de plusieurs enregistrements vidéo > ici

- L’enregistrement d’une homélie prononcée à l’occasion de la solennité de Saint Michel > ici

- Un texte extraordinaire de profondeur spirituelle sur l’offrande de soi > ici

- La fondation de la monarchie capétienne, œuvre indubitablement divine > ici

frise lys

 

2024-172. Bref, mais dense, message de Sa Majesté le Roi à l’occasion de la fête patronale de la France, 15 août 2024.

    Dans la soirée de ce 15 août 2024, Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou, de jure Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XX, a publié sur les réseaux sociaux un court message (deux phrases) dont la concision, toutefois, n’empêche pas que l’essentiel de ce qui constitue la fête patronale du Royaume y soit exprimé, tant dans l’ordre à strictement parler spirituel que dans l’ordre royal dont il est le légitime successeur :

Philippe de Champaigne - Louis XIV renouvelant le vœu de Louis XIII

Philippe de Champaigne (1602-1674) : Louis XIV enfant renouvelant le vœu de Louis XIII son père

En la fête de l’Assomption de la Sainte Vierge Marie,
je confie la France à sa sainte Patronne.

Que ses prières maternelles fassent pleuvoir
sur les Français et notre pays
les grâces spirituelles et temporelles dont ils ont besoin,
en particulier l’Espérance
en demeurant « sans cesse tournés vers les choses d’en-haut ».

Grandes armes de France

 

2024-170. Le 15 août est-il « la véritable fête nationale » de la France ?

15 août,
L’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie :
Principale fête patronale du Royaume de France (cf. > ici),
(double de 1ère classe avec octave commune).

Consécration de la France à la Très Sainte Vierge

Consécration de la France à la Très Sainte Vierge Marie
(vitrail de la basilique Notre-Dame des Victoires)

       Il arrive assez fréquemment que j’entende des catholiques dire du 15 août qu’il est le jour de « la véritable fête nationale » (sic) de la France.
Cela arrive en particulier aux alentours du 14 juillet comme une forme de protestation contre cette célébration républicaine honteuse (je vous renvoie pour cela à ce que feu mon prédécesseur le Maître-Chat Lully avait écrit à ce sujet > ici), et j’entends tout ce qu’il y a de bonnes intentions derrière cette assertion qui cherche à rappeler que la France n’a pas commencé avec la révolution, que la France est – par essence – catholique et royale depuis ses origines, et qui place la consécration du Royaume à la Très Sainte Vierge Marie par Sa Majesté le Roi Louis XIII au premier rang de nos principales célébrations nationales, alors que la république impie veut mettre à la place la glorification du parjure, du crime et de la révolte contre l’ordre voulu par Dieu.

   Néanmoins, cette « bonne intention » qui consiste à dire : « Notre vraie fête nationale est le 15 août » est exactement du même ordre que cette stupidité qui affirme avec autant de naïveté que d’approximation : « Le carême, c’est le ramadan des catholiques » !

   Ne dit-on pas que « l’enfer est pavé de bonnes intentions » ?
Il me semble que de semblables procédés, qui voudraient s’opposer à l’erreur ou à l’impiété en utilisant le langage et les concepts de « l’ennemi », sont absolument contreproductifs, et même dangereux.
Dangereux, oui, parce qu’en nous engageant dans les méandres obscurs de la phraséologie révolutionnaire, ils risquent d’enfermer ceux qui les utilisent dans les pièges de l’idéologie qui la sous-tend.

   Dans la saine mentalité antérieure à l’immonde révolution, l’idée de « fête nationale » n’existe pas, pour la bonne et simple raison que l’idée de « nation » qui la fait exister n’existe pas – du moins dans le sens dont elle a été revêtue depuis -, parce que c’est une idée révolutionnaire.
L’idée de « fête nationale » est une notion conséquente aux faux principes révolutionnaires ; elle est étrangère aux principes de l’Ancien Régime.

   Certes, le mot « nation » a existé et a été utilisé avant l’idéologie issue des prétendues « Lumières », mais il était alors un quasi synonyme du mot « peuple », lequel était compris dans son sens historique et quasi ethnique.
Nul alors n’eût pensé à parler de la « nation » au sens où cela est compris de nos jours.

   Pour les révolutionnaires et leurs continuateurs (eux qui terminent leurs discours par « Vive la république ! Vive la France ! » , en mettant significativement l’une avant l’autre), ce qui prime c’est la « nation républicaine », et cette « nation » est une construction idéologique faite de « valeurs », ou prétendues telles, substituées à la patrie réelle, physique, quasi charnelle.
Lorsqu’ils parlent de « patrie » ou de « nation », ils entendent par là un système politique, un système révolutionnaire, un système opposé aux valeurs traditionnelles catholiques et royales qui ont construit la France et l’ont faite grandir pendant treize siècles : c’est ce qui explique qu’ils utilisent des expressions telles que « le territoire de la république » ou « la langue de la république ».

   Dans cette perspective, l’expression « fête nationale » a été créée comme une manipulation mentale supplémentaire afin d’assujettir les consciences à l’idéologie révolutionnaire, afin de dévoyer l’amour naturel de la patrie pour le détourner vers la célébration de la république – patrie idéologique – destructrice des valeurs traditionnelles.

   A rebours de l’ordre naturel, préservé par l’histoire et par le développement organique du Royaume de France, lequel était une mosaïque de peuples possédant chacun – de manière tout-à-fait légitime – leurs langues, leurs coutumes, leurs traditions, leurs costumes, leurs privilèges… etc., mais dont l’unité se faisait en la personne du Roi, la révolution a voulu instituer une « république une et indivisible » qui a détruit tous les particularismes provinciaux, qui a détruit tous les usages et coutumes immémoriaux, qui a détruit tous les corps intermédiaires, et qui ne considère plus que l’individu, seul en face de « la république » : un individu qui, là encore, n’est plus qu’un « citoyen » fait d’abstractions idéologiques, et non un être réel inscrit dans une lignée, enraciné dans un terroir, héritier de longues traditions multiséculaires.
Pour cette république, les « citoyens » sont des êtres interchangeables dont on nie les caractères particuliers : son « égalité » n’est qu’un nivellement radical tendant à la stricte uniformité.
La république est par essence dictatoriale, et le concept même de « fête nationale » n’a pour but que de travailler à cette uniformisation des individus dans le creuset de l’idéologie révolutionnaire

   Au contraire, le Royaume, lui, comme la Sainte Eglise, est une sorte de corps mystique composé de peuples, naturellement et légitimement divers et différents, qui ne doivent en aucune manière devenir tous semblables les uns aux autres, et qui trouvent leur harmonie organique et leur complémentarité dans  l’unité de la personne du Roi, dont le pouvoir est d’essence paternelle.

   Ainsi, un Royaume qui vit des valeurs traditionnelles, n’a que faire d’une « fête nationale ».
Un Royaume qui vit des valeurs traditionnelles va célébrer la fête patronale de son Roi, son principe d’unité.
Un Royaume qui vit des valeurs traditionnelles va célébrer, dans une authentique ferveur religieuse, la fête patronale du Royaume.

   Une fête patronale exprime une réalité infiniment supérieure à une « fête nationale ».
Une fête patronale nous place dans une réalité surnaturelle : elle nous situe dans la logique de l’Incarnation et de ses conséquences, elle nous insère dans l’histoire du salut, elle nous fait considérer les réalités d’ici-bas dans une perspective où les domaines temporels et spirituels, tout en étant clairement distincts, ne sont pas séparés, ne divorcent pas, ne sont pas antagonistes, mais – chacun selon son ordre, conforme à sa nature – collaborent pour que chacun des sujets de ce Royaume parvienne à son épanouissement naturel et spirituel, et réalise sa vocation terrestre et éternelle. 

   Si je proteste contre cette naïve (et quelque part touchante en raison même de cette naïveté) affirmation du caractère de « fête nationale » de cette fête de l’Assomption de Notre-Dame, le 15 août, c’est parce que c’est tellement autre chose ; nous sommes dans une réalité infiniment supérieure, infiniment plus grande, infiniment plus belle  : c’est la principale fête patronale du Royaume !

   C’est la célébration joyeuse de la collaboration du ciel et de la terre dans l’histoire d’un Royaume : cette célébration est d’abord spirituelle et religieuse, mais elle déborde en saines réjouissances humaines, et, dans l’unité d’un corps mystique, elle magnifie et rend grâces au Très-Haut pour Ses sollicitudes à l’égard de ce Royaume, pour Ses interventions dans son histoire, pour les miracles qu’Il a accomplis à toutes les générations à travers Ses saints, à travers les Rois qu’Il a oint d’un chrême miraculeux, à travers la fidélité des sujets conscients de cette « gesta Dei per Francos : geste de Dieu par les Francs », et à laquelle ils ont prêté leur concours et se sont soumis avec amour.

pattes de chat  Tolbiac.

Armes de France & Navarre

2024-162. Pitié pour le « Salve, Regina » !

5 août,
Fête de la dédicace de la Basilique de Sainte-Marie aux Neiges (cf. > ici, et > ici) ;
Anniversaire du martyre du Père Rouville et de ses compagnons (5 août 1794 – cf. > ici et suivants).

Mater misericordiae - blogue

Salve, Regina, Mater misericordiae…

       Pendant le temps après la Pentecôte, c’est-à-dire après l’office de nones du samedi des Quatre-Temps d’été jusqu’à celui de nones du samedi qui précède le premier dimanche de l’Avent, dans le rite romain, vous le savez, l’antienne mariale est le « Salve, Regina », dont la tradition du Puy attribue la composition à l’évêque Adhémar de Monteil (+ 1er août 1098) qui laissa son diocèse pour accompagner la Première Croisade en qualité de légat pontifical du Bienheureux Urbain II.

   Toutefois, toujours selon la tradition immémoriale, les invocations finales « O clemens ! O pia ! O dulcis Virgo Maria ! » auraient été ajoutées au XIIème siècle par Saint Bernard de Clairvaux (cf. > ici) dans une sorte d’élan extatique, plein d’aimante et fervente vénération.

   Comme nous l’aimons, ce « Salve, Regina » !
Comme il est chargé d’émotion spirituelle et de filiale dévotion !
Combien nous avons du plaisir à l’entonner à la fin de la Sainte Messe dominicale, à la fin de l’office divin, ou encore lors de nos pieuses visites à la Sainte Vierge, dans nos églises et chapelles !
Et nous avons bien raison de l’aimer !…

   Mais alors, pourquoi est-il si mal chanté ?
Souvent.
Trop souvent !

   Il me semble que c’est en raison de l’habitude, génératrice de routine.
Je partage pleinement l’opinion de cet auteur qui a écrit quelque chose comme : « Ce qui est le plus contraire à la sainteté, ce n’est pas le péché : c’est l’habitude ! »
Cette habitude, ou plus exactement routine, qui fait que l’on répète – avec une certaine piété, je veux bien le croire, mais sans vraiment penser aux paroles et sans une forte détermination présente à chaque mot - des formules et des mélodies, sans plus percevoir leur intensité quasi dramatique, leur acuité spirituelle, la profondeur de leur actualité.
Mortelle routine !

   Et que l’on ne me dise pas : « C’est du latin, or je ne suis pas latiniste… », car ce pseudo argument est véritablement idiot.
Il est en effet à la portée de tout fidèle d’ouvrir son propre missel, ou bien le carnet de chant mis à disposition dans son église ou sa chapelle, pour y trouver le texte latin du « Salve, Regina » avec sa traduction.
Il n’est donc pas du tout compliqué de faire en sorte que la manière avec laquelle on chante donne une idée du sens des mots que l’on prononce, montre que l’on comprend ce que l’on chante.

   Ajoutons ici que le respect de la ponctuation – puisque la ponctuation est une merveilleuse invention au service de la compréhension et de l’expression d’un texte -, doit être pratiqué lorsqu’on chante.

   Le « Salve, Regina », n’est pas une comptine enfantine sur laquelle on sautille en faisant la ronde !
C’est un appel au secours. L’appel au secours d’enfants en détresse, affrontés aux vexations du monde, aux tentations du démon, et aux pièges intérieurs que leur tend leur propre nature blessée par le péché : les termes employés, le rythme de la phrase latine, les incises, les apostrophes (qui en outre permettent de reprendre sa respiration), procèdent de l’expression dramatique de notre pauvre condition d’enfants qui appellent à l’aide leur Reine secourable et puissante, leur Mère aimante et compatissante.
On doit donc les entendre, dans le chant.
Et c’est pour cela qu’on ne le chante pas comme s’il s’agissait de « il était un petit navire » !
Et c’est pour cela qu’on ne le chante pas sans y mettre l’expression qui convient !

   Obligez-vous vous-même, une prochaine fois, à vous taire et à écouter avec attention – au besoin en suivant dans un livre le texte et sa ponctuation -, comment la plupart des groupes exécutent (dans tous les sens de ce verbe) ce « Salve, Regina », et demandez-vous si ce que vous entendez est bien cohérent avec le sens des mots lors même que ceux-ci disent « fils d’Eve, exilés, nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant, dans cette vallée de larmes », tandis que le rythme du chant s’emballe de manière incompréhensible, et devient dansant comme si l’on était dans une guinguette.

   Voilà pourquoi j’ai envie de crier : Pitié pour le « Salve, Regina » !
Voilà pourquoi je supplie avec insistance : dans nos familles, dans nos chapelles, dans nos paroisses, redonnons tout son sens et toute sa vigueur au chant du « Salve, Regina » !

   Car l’on ne chante pas « ad-te-cla-ma-mus-e-xu-les-fi-li-i-E-vae-ad-te-sus-pi-ra-mus-ge-men-tes-et-flen-tes-in-hac-la-cry-ma-rum-va-lle », comme si on enchaînait des « la-la-la-la-la-la-la » sans respirer, ou en ânonnant à la manière d’un enfant qui apprend à lire.

   Pour l’amour de Dieu et de Sa Très Sainte Mère, faites comprendre à tous la supplication de votre âme aux prises avec les vexations du monde et du démon, afin que l’on n’entende pas « E-ia-er-go-ad-vo-ca-ta-nos-tra-il-los-tu-os-mi-se-ri-cor-des-o-cu-los-ad-nos-con-ver-er-te » avec un rythme et des intonations qui pourraient évoquer ceux de « La Madelon » !
Non ! Vous implorez, vous êtes à bout, la détresse vous étreint, vous criez : « Mère, au secours ! Si vous ne me venez pas en aide, je suis perdu ! »

   Puissent, enfin, les invocations finales – avec leurs extatiques vocalises sur ces « O » qui intensifient la supplication en même temps qu’ils expriment l’admiration et l’émerveillement devant la clémence, la miséricorde et la douceur de la Très Sainte Vierge Marie -, s’épanouir en efflorescence contemplative et non sur des accélérations de clique municipale pressée d’en finir...

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur

ad te suspiramus gementes et flentes in hac lacrymarum valle

« Ad te clamamus, exsules filii Evae,
ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle… »

2024-160. Message de protestation de Sa Majesté le Roi Louis XX : « La France n’est pas le spectacle auquel vous avez assisté » !

Lundi soir 29 juillet 2024,
Fête de Sainte Marthe, vierge ;
Mémoire du Bienheureux Urbain II, pape et confesseur.

      Ce lundi soir 29 juillet, a été publiée sur les réseaux sociaux la réaction de protestation de Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou, de jure Sa Majesté le Roi Louis XX, qui est parue dans le « J.D.D. » au sujet des passages pitoyables du spectacle offert au monde entier à l’occasion de l’ouverture des Jeux Olympiques de Paris : une réaction au ton ferme où tout est dit avec noblesse et sans outrance, dont nous remercions d’autant plus notre Souverain légitime que le message formel et couard publié par la conférence épiscopale française était lamentable et ne citait même pas le mot « Dieu » ni le nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Nous nous permettons de reproduire en caractères gras, certaines phrases que nous trouvons particulièrement remarquables.

Sa Majeté le Roi - Copie

La cérémonie d’ouverture des JO, un spectacle dénaturé !

       Le dépassement de soi, le respect des autres. Voilà un bel enseignement que nous pouvons tirer des Jeux Olympiques pour le monde entier en général mais évidemment pour la France en particulier.

   Dans la grande tradition antique, les Jeux célèbrent ce qu’il y a de beau et de bon dans l’homme.

   Les athlètes que nous verrons s’affronter susciteront autant notre admiration que notre enthousiasme et ceci, dans un climat festif bienvenu après un début d’année ponctuée par des crises internationales et nationales.

Je souhaite donc que ces Jeux Olympiques de Paris soient un moment de saine communion pour tous les Français, une parenthèse qui permette de sortir quelques instants de nos soucis quotidiens.

   Cependant, malgré cet engouement auquel je prends part, en tant qu’aîné de la Maison de Bourbon, en tant que descendant des quarante Rois qui ont fait la France, je ne peux rester muet face au désolant spectacle d’une partie de la cérémonie d’ouverture.
Alors que durant celle-ci des performances artistiques et techniques étaient à la hauteur de ce qu’est la France, certains se sont plu à distiller un contenu idéologique mortifère et abject. S’éloignant du projet initial des Jeux Olympiques de rassembler et d’unir les peuples dans un climat respectueux et à portée de tous, des petits comme des grands, des scènes ont été volontairement offensantes et provocantes.

Une fois de plus, le régime actuel a montré son vrai visage, profondément anti-chrétien, oublieux du long passé de la France dont la monarchie chrétienne fait partie, et désireux de mettre au pinacle des époques troubles où ne régnaient que la terreur et la division.
Alors que la cérémonie se voulait inclusive et respectueuse de tous, la religion catholique, comme les morts – que venait donc faire là le massacre de la pauvre reine Marie-Antoinette ? – ont été marqués du sceau de l’infamie et de la dérision.

Je refuse que la France soit conforme au modèle qui en a été présenté.
Notre pays vaut mieux que le sang et le burlesque grinçant. Avant d’être la mère des révolutions et du progressisme dévergondé, la France fût la Fille aînée de l’Eglise ainsi que la patrie des Lettres, des Arts et du raffinement.

   Tant que ma Maison demeurera, et avec l’appui de nombreux Français de bonne volonté, nous ne cesserons de montrer qu’un autre chemin est possible, que la grandeur vaut mieux que le sarcasme, que le Beau vaut mieux que la laideur, que la Vérité vaut mieux que le mensonge.
A tous les Français qui se sont sentis humiliés et bafoués, à tous les sportifs ayant le sens du sacré et du religieux, à tous les autres peuples de la Terre qui ont été outragés, je vous le dis, la France n’est pas le spectacle auquel vous avez assisté. Cela n’était que l’émanation d’idéologues qui ont piétiné un héritage millénaire dont ils sont pourtant redevables.

   Une cérémonie d’une telle ampleur ne peut être que pensée et réfléchie à l’avance. Rien n’est dû au hasard ou à la maladresse. Notre pays subit les assauts toujours plus violents de cette idéologie profondément contre nature et destructrice.
Ainsi, chaque jour de manière plus pressante, à nous, 
Français, de choisir le modèle que nous voulons pour la France.

Il nous faut rebâtir notre patrie chérie, et construire un avenir solide, crédible, ancré dans les traditions, le respect et l’union.

   Que Saint Louis protège la France, et qu’il donne de la force à nos athlètes pour que brille une authentique fierté française, modèle pour les autres nations.

Louis de Bourbon,
duc d’Anjou.

Source > ici

grandes armes de France

2024-157. « C’est pas dans l’Evangile », objectent-ils…

25 juillet,
Fête de Saint Jacques le Majeur, apôtre (cf. > ici) ;
Anniversaire de l’abjuration d’Henri IV (cf. > ici).

Ange portant une Bible ouverte - blogue

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Parmi les prétendus arguments sortant de la bouche de ceux que, pour simplifier, j’appellerai des moderno-progressistes, pour justifier la relégation de nombreux usages traditionnels, de non moins nombreuses pratiques liturgiques ou dévotionnelles, des pans entiers de la discipline ecclésiastique voire même de la doctrine, sans parler des usages ascétiques et pénitentiels pratiqués pendant des siècles, il en est un – mille et mille fois entendu par mon papa-moine depuis son enfance – qui se résume à cette locution, assénée la plupart du temps avec un ton assez péremptoire auquel s’ajoutent, selon les circonstances, des nuances d’agacement ou de pitié, voire de mépris : « C’est pas dans l’Evangile ! » 

   Sans prétendre à l’exhaustivité, je vous puis remémorer (j’écris remémorer parce que je pense que beaucoup de mes lecteurs qui, comme Frère Maximilien-Marie, ont été les contemporains de toutes ces « remises en question » et autres formes du prétendu « aggiornamento » conciliaire et de ses réformes subséquentes, les ont eux aussi entendu) certaines de ces assertions, souvent bien hasardeuses, avec lesquelles les fidèles ont été véritablement méprisés par ces évêques, prêtres ou religieux, qui faisaient table rase du passé et prétendaient imposer un « nouveau style » à l’Eglise, aux églises, à l’enseignement religieux, aux célébrations liturgiques ou pratiques dévotionnelles.
Ainsi, voici quelques uns de ces propos d’ecclésiastiques (je n’invente pas, tout est rigoureusement exact) entendus par notre Frère pendant son adolescence lorsqu’il parlait avec eux et leur exprimait des réticences ou son désaccord concernant leurs façons de faire qui évacuaient les usages hérités de siècles de Tradition :

- La soutane (ou l’habit religieux) : « C’est pas dans l’Evangile ! »
- La messe célébrée en latin : « C’est pas dans l’Evangile ! »
- L’agenouillement : « C’est pas dans l’Evangile ! »
- Le célibat sacerdotal : « C’est pas dans l’Evangile ! »
- La réception de la sainte communion sur les lèvres : « C’est pas dans l’Evangile ! »
- Les statues des saints dans les églises : « C’est pas dans l’Evangile ! »
- Les bénédictions d’objets : « C’est pas dans l’Evangile ! »
… etc. … etc.

   Outre le fait qu’il est assez affligeant que des clercs, qui ont en principe un minimum d’éducation humaine, s’autorisent à mutiler notre belle langue française en omettant une partie de la négation, je vous dirai tout de go que cette prétendue argumentation est absolument idiote : en réalité elle ne prouve rien du tout. Ou, à la limite, c’est la seule crétinerie de ceux qui y ont recours ainsi que l’indigence de leur capacité de raisonnement et leur inculture, dont elle est l’unique attestation.
D’abord parce qu’il n’est ni exact ni conforme à la justice de se servir de l’Evangile à sa convenance pour justifier des comportements abusifs ; et ensuite parce que beaucoup de ces points sur lesquels les modernichons et progressouillards ont exercé leur fureur destructrice, même s’ils ne sont pas écrits de manière primaire et immédiate dans la lettre de l’Evangile, y trouvent toutefois, en réalité, leur source et leur justification.

   Depuis ces ténébreuses années postconciliaires, un certain nombre de « laïcs engagés » se sont eux aussi engouffrés dans la stupidité de cette fausse argumentation.
Mon papa-moine, ces dernières années encore, à l’occasion de quelques rencontres avec certains d’entre eux, s’est vu opposer, comme par les prêtres des années 70 du précédent siècle, les mêmes contestations éculées des usages et des formes traditionnels par ce « c’est pas dans l’Evangile ! »

   Je compte bien revenir, à l’occasion de prochaines publications, sur la manière raisonnable et  doctrinale de répondre à cette hérésie inspirée par les égarements des prétendus réformateurs (Lutin et Calver, comme aime à dire malicieusement Frère Maximilien-Marie en feignant un lapsus), mais la plupart du temps – me faisait encore remarquer mon papa-moine -, ceux qui vous « balancent » cette objection à la tête ne donnent pas l’impression d’être « les couteaux les plus affutés du tiroir », pour reprendre une image qui m’amuse beaucoup.

   Ce « c’est pas dans l’Evangile » n’est, de fait, même pas un argument de bon sens populaire tel qu’on en peut entendre dans les conversations devant le zinc du « Café du commerce ».

   Pourtant, bien souvent, plutôt que de se lancer dans une discussion faisant appel aux explications raisonnées et pleines de sagesse héritées de la Tradition, mais auxquelles ce type d’interlocuteur est devenu totalement imperméable, est-il en définitive tout aussi judicieux et efficace de répondre dans le même registre…
Vous voulez jouer au « Cépadanlévangile » ? Alors allons-y :

- Les « équipes d’animation pastorale » : Ce n’est pas dans l’Evangile !
- Les « équipes liturgiques » qui imposent aux prêtres telle ou telle manière de célébrer : Ce n’est pas dans l’Evangile !
- Les paroissiennes qui tutoient les prêtres et les appellent par leurs prénoms : Ce n’est pas dans l’Evangile !
- Les bénévoles de la permanence au secrétariat paroissial qui font barrage aux personnes qui désirent rencontrer un prêtre pour un entretien personnel ou une confession : Ce n’est pas dans l’Evangile !
- Les « dames caté » qui refusent d’enseigner aux enfants les prières usuelles et les commandements de Dieu et de l’Eglise : Ce n’est pas dans l’Evangile !
- Les laïcs de la « pastorale des funérailles » qui s’opposent à ce qu’un prêtre accompagne un défunt au cimetière pour y diriger les prières traditionnelles de l’inhumation : Ce n’est pas dans l’Evangile !
- Les cantiques (ou prétendus tels) cucul-la-praline aux musiques débiles et aux paroles indigentes : Ce n’est pas dans l’Evangile !
- L’exclusion des paroisses de la Sainte Messe latine traditionnelle et le rejet des fidèles qui la demandent : Ce n’est pas dans l’Evangile !
- Le refus de donner la sainte communion sur la langue aux fidèles qui ne tendent pas les mains : Ce n’est pas dans l’Evangile !
- Le militantisme de type marxiste favorisant l’invasion de la Chrétienté par des païens venus de loin, à la place de la charité envers le vrai prochain : Ce n’est pas dans l’Evangile !
- Les vertus chrétiennes remplacées par l’humanisme de type maçonnique : Ce n’est pas dans l’Evangile !
… etc. … etc.

   Là encore, la liste est très loin d’être complète de ce que l’on peut – encore de nos jours – entendre ou voir dans les paroisses ordinaires de nos provinces et de nos campagnes, jadis profondément chrétiennes mais aujourd’hui sinistrées par le modernisme et par les pratiques décadentes de soixante années de progressisme.

   Bien chers Amis, il ne faut pas se laisser intimider par l’outrecuidance et la morgue de ces clercs ou de ces laïcs qui continuent le travail de sape et de ruine spirituelle et doctrinale de ce qui subsiste encore de la Chrétienté, car laisser agir la main, le pied ou l’œil qui scandalisent au point d’entraîner vers la perdition, sans qu’on les arrache et les rejette loin de soi (cf. Matth. XVIII, 8-9) : Ce n’est pas dans l’Evangile !!!

pattes de chat  Tolbiac.

missel et colombe - vignette

2024-145. De la résistance à l’occupation idéologique du Royaume des Lys.

3 juillet,
En notre Mesnil-Marie, nous célébrons en ce jour une fête particulière en l’honneur des Saints Anges protecteurs de Sa Majesté le Roi, de la fonction royale, de l’auguste Maison de France et du Royaume de France ;
Mémoire de Saint Léon II, pape et confesseur ;
Mémoire du 5ème jour dans l’octave des Saints Pierre et Paul ;
Mémoire du 4ème jour dans l’octave de Saint Martial ;
Anniversaire du couronnement de S.M. le Roi Hugues 1er dit Capet (3 juillet 987) ;
Anniversaire du décret « Lamentabili » (3 juillet 1907 – cf. ici).

Ange gardien de la Couronne de France - blogue

L’ange gardien de la Couronne de France

* * *

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Tous les véritables Légitimistes le savent : tant qu’il existe un descendant mâle de Hugues Capet issu d’un mariage catholique, il y a un Roi de France ; un article de ce blogue l’avait déjà répété avec force il y a quelques années (cf. > ici et cela découle tout simplement des Lois fondamentales concernant la dévolution de la Couronne et la succession au Trône de France – cf. > ici).

   Et tant qu’il y a des Français (quand bien même n’en subsisterait-il qu’un seul) qui proclament leur adhésion aux principes de la monarchie capétienne traditionnelle – qui ont fait la France -, et qui se proclament sujets du Roi de France, il y a un Royaume de France.

   Certes, c’est un royaume qui subsiste ontologiquement, lors même que le Roi est empêché d’exercer sa royauté, lors même que le Royaume est occupé (cf. > ici) par un système politique établi sur les bases d’une idéologie étrangère à ce que Dieu a voulu en faisant naître la France, par l’union de la royauté franque et du catholicisme, dans les fonts baptismaux de Reims (cf. > ici).

   De la même manière que l’on a vu au cours du XXème siècle des royaumes dont le territoire était quasi entièrement occupé par un envahisseur, et dont le souverain et le gouvernement, obligés de s’exiler, impuissants à continuer la lutte armée, maintenaient toutefois l’identité et l’unité du royaume, et qu’ils incarnaient malgré tout la résistance ou la lutte qui se continuaient, petitement mais réellement ; de même aussi, tant qu’il y a un Roi de France et un Royaume de France – malgré l’occupation du territoire et des structures étatiques par la république maçonnique et anticatholique -, nous maintenons l’essence et la raison d’être du Royaume des Lys, nous maintenons sa vocation, nous maintenons sa résistance aux idéologies mortifères, nous maintenons non seulement son espérance mais également le gage de son relèvement.

   Ce n’est pas parce que l’occupation dure depuis plus de deux siècles qu’elle a acquis une « légitimité » ou qu’elle subsistera pour toute la succession des siècles.

   Alors bien sûr, il y a des gens – nous en connaissons tous, n’est-ce pas -, qui, tout en prétendant admirer ce qui existait avant l’occupation se sont résignés, et qui sont peu à peu entrés dans le système d’occupation, à des degrés divers : ils sont « orléanistes », « nationalistes », « patriotes », « républicains conservateurs » ou arborent je ne sais quelle autre cocarde encore, mais, dans les faits comme dans leur mentalité, ils se sont laissés embarquer par les doctrines de l’occupant (cf. > ici).

   Les Légitimistes, quant à eux, refusent absolument et fermement d’être les « collabos » de ces forces d’occupation qui sont la république et ses pseudos valeurs, ses fausses institutions, ses élections, son drapeau, son hymne et, bien sûr, sa législation terroriste

   Les Légitimistes sont les authentiques et invincibles résistants, témoins d’une réalité qui les dépasse, témoins d’une espérance indéfectible, témoins d’un véritable avenir de relèvement fondé sur des promesses divines, témoins de la fidélité et de l’honneur.

   Et même si la situation présente – qui n’en finit pas de dégringoler et de pourrir depuis 1830, sans qu’on aperçoive encore le fond de l’abîme -, est pour eux la cause de très grandes souffrances, ils ne peuvent arguer de ces douleurs pour justifier la trahisons des principes : dépassant l’amertume et transcendant les épreuves du temps présent, il leur est donné d’habiter intérieurement dans une étonnante et en quelque manière exaltante liberté intérieure.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur

Lire aussi :
- Actualité du comte de Chambord > ici
- Réflexions sur les conditions d’une authentique et solide restauration royale > ici
- Qualités que doit revêtir l’amour que nous portons à notre Roi légitime > ici

Henri V comte de Chambord

2024-139. Le nationalisme, phase dialectique de la révolution.

28 juin,
Fête de Saint Irénée, évêque et martyr (cf. > ici) ;
Vigile des Saints Apôtres Pierre et Paul.

       Nous reproduisons ici des extraits d’une lettre que le Révérend Père Grasset, des Coopérateurs Paroissiaux du Christ-Roi (C.P.C.R.) - parfois appelés « Pères de Chabeuil », du nom du village de la Drôme où ils furent fondés pour la prédication des Exercices spirituels de Saint Ignace - écrivit en janvier 1959 à l’un de ses confrères, le Révérend Père Vinson.

   Ces lignes méritent d’être lues avec attention : on y trouve en effet l’exposition d’importants principes pour éviter certains confusions de notions et pièges dont les catholiques doivent avoir conscience, afin de ne pas se fourvoyer dans leurs engagements politiques et pour ne pas faire le jeu de la révolution qu’ils prétendent toutefois combattre.

   L’authentique patriotisme qui découle du quatrième commandement de Dieu, n’est pas le patriotisme idéologique né de la révolution, et il ne peut en aucune manière non plus se confondre avec le nationalisme et ses divers avatars. Le nationalisme est, en effet, une conséquence des faux principes que les doctrines révolutionnaires ont substitués aux sains fondements d’une pensée politique véritablement chrétienne : les lignes du Révérend Père Grasset sont éclairantes, et elles nous invitent à la plus grande prudence et au discernement.

Vitrail du Christ-Roi - blogue

29 janvier 1959.

        »[...] Certes, beaucoup de points défendus par les nationalistes les plus catholiques sont authentiquement contenus et exprimés dans l’enseignement traditionnel de l’Église. Nous pourrons même concéder que quelques nationalistes ne visent que la restauration de l’ordre social chrétien…
Mais, je le répète, ce qui compte, c’est le formel et non le matériel. On peut à l’extrême se faire les champions de la lettre du catholicisme, avoir pour objet la matière de l’enseignement catholique. Cependant on n’en est pas pour autant formellement catholiques, si on ne possède pour cela l’esprit du catholicisme.

   [...] Il manque aux nationalistes comme à la majeure partie des catholiques modernes cette lumière spécifique, ce lumen sub quo des scolastiques.
Cette cécité n’est pas nouvelle, elle est le péché de tous les naturalistes, ou mieux le châtiment de leur orgueil naturaliste.
Charles Maurras, le grand Charles Maurras, était frappé de cette cécité intellectuelle. Il admirait profondément l’Église catholique. Il chantait en elle la civilisatrice par antonomase. Il lutta pour elle contre ses ennemis. Mais il ne voyait pas que cet ordre, qui le séduisait tant, était l’effet d’une action surnaturelle.

   L’Église est un corps harmonieux, mais c’est la mutiler que d’y supprimer son âme vivifiante : l’Esprit-Saint de Jésus, son époux. L’erreur des nationalistes est une erreur sur l’Incarnation du Verbe.
[...] Ils voudraient, ils veulent même, l’ordre admirable causé par l’Église catholique romaine. Ils le veulent pour plusieurs motifs : par tradition catholique ; par amour de l’ordre et de la raison ; par opposition à des adversaires qui combattent cette même Église romaine. Mais ils ne savent pas – ou s’ils le savent, c’est sans influence formelle sur leur action, c’est-à-dire que leur action n’est pas informée par cette vue, cette connaissance – que cet ordre naturel est impossible sans le surnaturel, qu’il est le fruit de la grâce du Christ rédempteur, [...] et, par suite, qu’il ne peut se défendre ou se conquérir que par les moyens naturels surnaturalisés.
Le grand péché des nationalistes est ce naturalisme pratique, je dirai cette praxis athée (pour employer le langage marxiste) avec lesquels ils s’efforcent de vaincre leurs adversaires et d’instaurer l’ordre social chrétien. Effort tragiquement stérile.

   Voilà la raison profonde des échecs répétés de la Contre-Révolution.
Elle s’oppose matériellement à la Révolution, à savoir son but ; son objet matériel est contradictoire, objectivement contradictoire du but, de l’objet matériel de la Révolution, mais formellement, elle voit cet objet sous une lumière analogue à la lumière marxiste, naturaliste, et par suite elle agit en naturaliste travaillant sans s’en rendre compte dans le sens de la Révolution.
Elle est une phase de la Révolution, une phase dialectique, qui, opposée diamétralement (mais sur le même plan) à d’autres phases extrêmes de la Révolution, reste contraire, formellement contraire et non contradictoire à l’action révolutionnaire [...].

   Pour bien comprendre ceci, je vais donner quelques exemples.

   Le Parti. Cette conception moderne du parti est une idée révolutionnaire. Elle échappe rarement à l’orgueil de caste et à la tyrannie de la partie sur le tout. Elle s’origine d’une pensée, plus ou moins confuse ou précise, subjectiviste, individualiste.
Le parti, c’est l’individu collectif. Par principe, il est antinaturel, donc source de désordre. Il a une conception de l’homme qui n’est pas organique, divine. Il forme des forces au service d’une idéologie abstraite. L’homme de parti est de type standard interchangeable. Vous vous rappellerez ce que dit notre ami, l’autre jour, en parlant des ouvriers : « Ce sont les nôtres ». Le sens de la propriété est très nuisible à l’harmonie chrétienne. On pourrait croire que notre ami est jaloux de voir que d’autres s’occupent d’un problème qu’il se croit seul capable de résoudre. Voilà un bien grand danger.
Le Parti veut être celui qui fait tout. Il s’achève, quand il triomphe, en un étatisme dictatorial insupportable et sa tyrannie se maintient par la persécution, jusqu’à ce qu’un autre naturalisme, un autre parti le détruise. [...]
Le parti, par essence, se sépare du peuple parce que le peuple se rend très vite compte (et les autres tyrans de demain se chargent de le mettre en évidence) que le parti ne le sert pas, mais qu’au contraire il est, lui [le peuple], l’esclave (selon divers degrés de confort) du parti (quelle que soit la chose désignée par ce mot de parti : soit une classe, soit un individu, soit un consortium, etc.). Comme ceci est contraire à l’esprit de Jésus-Christ qui, Lui, est venu non pour être servi, mais pour servir !
Comment vaincre la Révolution qui a engendré l’esprit de parti, avec un autre parti ?
Erreur, profonde et grave erreur, même si la cause proposée à l’activité du parti est le règne de Jésus-Christ. Ne croyez pas que ceci soit dit à la légère. Que s’examinent sincèrement nos nationalistes (une bonne retraite de cinq jours !) et ils découvriront qu’ils ne souffrent pas avec patience que d’autres qu’eux-mêmes travaillent à la même cause et puissent récolter la gloire du succès.
Avec cet esprit partisan, [...] comment comprendre la complémentarité catholique des œuvres ? Les partis de droite crèvent chroniquement parce qu’ils veulent tout faire comme l’État totalitaire. Et ceci vient de leur fausse vision du réel, essentiellement parce qu’ils oublient que la Contre-Révolution, l’ordre social chrétien, est avant tout l’œuvre de Dieu. Ils feraient bien de méditer la doctrine du Corps Mystique [...] exposée dans saint Paul (1 Cor. XII). Divers membres, mais un seul Esprit, diverses fonctions, mais un seul Esprit.
Leur naturalisme inconscient leur fait croire qu’ils sont la source unique de l’ordre. De là au rationalisme positiviste, il n’y a qu’un pas ; au marxisme, deux pas, ce dernier mettant la source de toute réalité dans la pure action humaine… Je ne parle pas des confusions que cet esprit de parti (qui a pour origine l’orgueil au service du bien tandis que le marxisme est l’orgueil au service du mal) engendre entre l’ordre spéculatif et l’ordre pratique. Vous savez, vous, combien on a vite fait d’ériger en dogme ce qui n’est que norme d’action et ne relève que de la prudence. [...] « Ma, ou notre position est la seule ». On dogmatise – on exclut – on a vite fait de douter de la bonne foi des autres… Ces autres, bientôt, on les haïra…

   [...] Prenons un autre exemple caractéristique.
En fait, c’est dire la même chose sous un autre aspect.
A méconnaître (par défaut de voir les choses dans la lumière de la foi et des dons de science et d’intelligence) le surnaturel, ou, du moins, à le méconnaître pratiquement, dans leur action politique et sociale, les nationalistes se dépensent inutilement à répondre aux ennemis sur leur propre terrain.
Folie dont les conséquences sont fatales !
Que d’efforts, que de sacrifices pour la bonne cause !
Et, pour récolte, une série renouvelée d’échecs de plus en plus graves !
On s’arme de sa plume, on polémique, on se bat, on fait le coup de feu même et puis, que voit-on ? Les ennemis plus forts que la veille et les champions de la bonne cause découragés et divisés…

   Il faut le dire, on a perdu le sens du combat contre-révolutionnaire parce qu’on n’a plus le sens surnaturel, l’esprit surnaturel. On ne sait plus que s’il faut combattre, certes, c’est cependant « Dieu qui donne la victoire ». On néglige de prier sans discontinuer, selon la recommandation du Christ Lui-même. On oublie pratiquement que sans Dieu nous ne pouvons rien faire. Sans doute, la raison peut connaître quelques vérités, mais pas toutes, sans la grâce qui la fortifie et l’élève. Sans doute, la volonté peut faire des actes des vertus naturelles, mais pas pratiquer sans la grâce toutes les vertus et s’y maintenir.
[...] Alors, pas d’ordre social stable et durable sans Notre-Seigneur Jésus-Christ, c’est-à-dire concrètement, sans la doctrine de Jésus-Christ éclairée dans la lumière de Jésus-Christ, sans la grâce et la charité de Jésus-Christ distribuées et produites par les moyens surnaturels, en particulier les sacrements. Et comme le péché (originel et actuel) est le grand obstacle à l’ordre divino-humain, pas d’ordre social sans la croix de Jésus-Christ, c’est-à-dire sans l’abnégation, la pauvreté, la contradiction.

   Voilà des années que Dieu nous donne la leçon des faits et nous ne voulons pas comprendre.
Notre naturalisme pratique échoue. Que faut-il de plus pour y renoncer une bonne fois ?
Allons-nous recommencer les mêmes erreurs suivies des mêmes châtiments ?
Allons-nous enfin comprendre, selon le mot du cardinal Pie, que Jésus-Christ n’est pas facultatif ?
Saurons-nous apprécier à sa juste valeur la cause que nous voulons servir ?
Saurons-nous voir l’ordre enchanteur du christianisme avec les yeux de la foi, dans la haute et nécessaire lumière du catholicisme formel ?

   [...] Les vrais hommes d’action sont des contemplatifs. Ils voient tout dans le Verbe de Dieu comme le Père voit toutes choses dans Son Verbe, Sa propre splendeur. Alors, ainsi élevés et fortifiés de cette lumière qui est vie (Jn. I, 1), ils découvrent mieux que les autres quels sont les moyens les plus efficaces et les plus sûrs (cf. Principe et fondement des Exercices de saint Ignace [1]) pour arriver au but.
Les vrais (il y en a de faux qui ne sont que des rêveurs séparés du réel, des idéalistes fumeux) contemplatifs sont les plus prudents. [...]

Note :
[1] Exercices spirituels de Saint Ignace, Principe et fondement, n° 23 : « Désirant et choisissant uniquement ce qui nous conduit plus sûrement à la fin pour laquelle nous sommes créés ».

Sacré-Coeur Roi

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