2024-178. In memoriam : Monsieur l’abbé Louis Coache, inlassable combattant de la foi (+ 21 août 1994).
21 août,
Fête de Sainte Jeanne-Françoise de Chantal, veuve et fondatrice de l’Ordre de la Visitation ;
Anniversaire de la naissance de Saint François de Sales ;
Mémoire de Saint Privat de Mende, évêque et martyr ;
7ème jour dans l’octave de l’Assomption ;
Anniversaire du rappel à Dieu de Monsieur l’abbé Louis Coache (+ 21 août 1994).
Monsieur l’abbé Louis Coache (10 mars 1920 – 21 août 1994)
Le 10 mars 1920, à Ressons-sur-Matz, dans le diocèse de Beauvais, naquit Louis Coache, dans une famille modeste mais très profondément chrétienne. Il était le sixième de sept enfants et deux de ses sœurs seront religieuses.
Ayant très tôt entendu l’appel divin, il commença ses études ecclésiastiques au petit séminaire du Moncel, à Pont-Sainte-Maxence, fut ensuite envoyé au Séminaire français de Rome, dut revenir en France à cause de la guerre et rejoignit le grand séminaire de Beauvais, alors replié à Versailles en raison de l’occupation allemande. Il y fut ordonné le 24 avril 1943 par Mgr Roland-Gosselin, évêque de Versailles.
Son évêque le nomme d’abord vicaire à la cathédrale de Beauvais (juin 1943 – décembre 1947), puis curé de Salency, où il ne reste que quelques mois, car en août 1948 il est nommé curé de Sacy-le-Grand (août 1948 – 1953).
En 1953, une maladie assez grave le contraint au repos. Repos assez relatif car il en profite pour approfondir des études de Droit canon au terme desquelles il obtient le Doctorat en soutenant une thèse sur « Le pouvoir ministériel du Pape » et que, dans le même temps, il dessert depuis Beauvais la paroisse de La-Neuville-en-Hez et assure un vicariat à Notre-Dame-de-Thil.
De juillet à novembre 1957, on lui confie l’aumônerie de l’hôpital de Senlis et enfin, à Pâques 1958, il reçoit ses lettres de curé de la paroisse de Montjavoult.
Cet itinéraire de prêtre diocésain somme toute assez classique (vicaire, curé d’une petite paroisse, puis d’une paroisse moyenne, et enfin d’un paroisse plus importante), nous amène à la fin du règne du Vénérable Pie XII : bientôt les événements vont se précipiter.
Le temps de la maladie lui a donné le temps de devenir un canoniste, ce qui donnera du poids à ses prises de position et à ses publications. Dès 1955, alerté par certaines tendances qui se faisaient jour chez certains de ses confrères et dans la « pastorale », il avait commencé à prendre des notes en vue de la rédaction d’un ouvrage qu’il voulait intituler : « Jusqu’où va nous conduire l’esprit du monde ? ».
L’annonce par Jean XXIII de la convocation d’un concile fut comparable à l’ouverture irréfléchie et incontrôlée des vannes d’un barrage : en quelques mois, le modernisme qui couvait sous les apparences conservatrices du pontificat pacellien va se révéler et faire déferler dans toute l’Eglise une vague dévastatrice de remises en cause de la foi et de la morale.
Effrayé, l’abbé Coache décide de publier son livre, mais se heurte aussitôt à de fortes oppositions : refus de l’Imprimatur, refus des éditeurs gagnés aux idées nouvelles… Finalement, il utilise une partie de son abondante documentation pour rédiger une « Lettre d’un curé de campagne à ses confrères », qu’il envoie aux prêtres du diocèse de Beauvais ainsi qu’à certains amis et correspondants à la Noël 1964. Elle sera suivie d’une « Nouvelle lettre d’un curé de campagne » (8 septembre 1965) qui connaîtra une diffusion plus importante.
En cette même année 1965, grâce à Michel de Saint-Pierre qu’il a rencontré à l’occasion de la publication de son roman « Les nouveaux prêtres », les éditions de La Table Ronde acceptent de publier, sous le titre «La foi au goût du jour » et sous le nom de plume de Jean-Marie Reusson, l’ouvrage qu’il préparait depuis 1955.
En juin 1966, le mensuel « Le Monde et la Vie » (magazine grand format illustré qui faisait alors concurrence à Paris Match) publie un article de l’abbé Coache intitulé « La nouvelle religion » : article de quatre grandes pages qui eut un retentissement si considérable qu’il valut à son auteur un blâme de son évêque, et à la revue une condamnation émanant du Conseil permanent de la Conférence épiscopale de France (en même temps que Défense du Foyer, Lumière et Itinéraires).
En juin 1967 parut la « Dernière lettre d’un curé de campagne », dont le tirage fut de 150 000 exemplaires, preuve de la notoriété acquise en quelques années par l’abbé Coache.
On le voit, c’est une période où le curé de Montjavoult essaie de s’opposer par ses écrits au modernisme dévastateur, bien qu’il ne se considère pas comme un « écrivain » : dans la débâcle générale de cette période de folie, des catholiques désemparés y trouvent une force, des prêtres découragés ou troublés se ressaisissent, et la résistance traditionnaliste commence à s’organiser. Les écrits de l’abbé Louis Coache jouent un rôle indéniable dans ce début.
Par la suite, et presque jusqu’à sa mort, l’abbé Coache continuera des publications, au premier rang desquelles il faut citer le très célèbre « Vade mecum du catholique fidèle », courte brochure rappelant les points essentiels au sujet de la prière, de la confession, de la communion, de la messe, des lectures, du catéchisme, de la morale.
Imprimé à la fin de 1968, il s’en était déjà écoulé 150 000 exemplaires à la fin janvier 1969, et il a été plusieurs fois réédité depuis.
Quoique très mal vu par son évêque, jusque-là le curé de Montjavoult demeurait dans une situation canonique tout-à-fait régulière. Cela va rapidement évoluer au cours de l’année 1968, année au cours de laquelle il lance un bulletin bientôt connu de tous ceux qui ne veulent pas se soumettre à la déferlante moderniste : « le Combat de la Foi ».
Prévoyant une grande cérémonie eucharistique à l’occasion de la Fête-Dieu, l’abbé Coache invite son évêque, Mgr Stéphane Desmazières, à la présider.
Ce dernier n’attendait qu’une occasion pour engager les hostilités et lui répond en exigeant un acte de soumission, la cessation de ses publications, et l’annulation de la journée de vénération solennelle du Très Saint Sacrement.
La grève générale (événements de mai 1968) ayant rendue impossible l’annonce d’une annulation, la procession du Très Saint Sacrement annoncée fut maintenue. Fureur de l’évêque qui, en mai 1969, à l’annonce d’une nouvelle célébration solennelle de la Fête-Dieu à Montjavoult, envoie à l’abbé Coache une monition canonique le menaçant de lui retirer sa charge de curé s’il persévère dans son combat.
L’abbé décide d’un recours à Rome, retardé par une grève des postes italiennes, si bien que l’évêque de Beauvais lui inflige une première peine canonique et le destitue de sa charge de curé de Montjavoult.
Une longue procédure devant les tribunaux romains va suivre : elle durera six ans ! En juin 1975, une commission cardinalice approuvera la destitution de l’abbé qui quitte alors la cure de Montjavoult et se retire à Flavigny-sur-Ozerain, à la « Maison Lacordaire » qu’il a pu acquérir.
La mention de cette « Maison Lacordaire » mérite quelques explications : en mai 1971, le curé de Montjavoult vit arriver au presbytère un homme qui lui offrit sans ambages un monastère. Il s’agissait du neveu de l’économe de la province dominicaine de Paris, chargé par ce dernier de vendre le très grand couvent de Flavigny. Grâce à une habile manœuvre, l’abbé Coache put l’acquérir sans que ses propriétaires ne soupçonnassent quel horrible intégriste en devenait le propriétaire. Il décida d’y installer ses œuvres et, au premier chef, « le Combat de la Foi ».
Toutefois, dès le mois de décembre 1971, cette « Maison Lacordaire » va providentiellement permettre l’éclosion d’une congrégation de religieuses : en effet, sa propre sœur, Mère Thérèse-Marie et une autre religieuse, Mère Marie-Xavier, sorties de leur congrégation d’Angers devenue moderniste, firent appel à lui, se trouvant alors dans un complet dénuement ; la maison était vaste, l’abbé occupait encore le presbytère de Montjavoult, n’était-ce pas une disposition tout-à-fait providentielle ?
D’une part, l’abbé Coache va favoriser le recrutement pour cette renaissance d’une congrégation traditionnelle (2 à la fin 1971, puis 4 en 1975, elles seront plus de trente en 1984 lorsque, quittant Flavigny, les Petites Sœurs de Saint François, iront s’installer au Trévoux, en Bretagne).
De 1975 à 1984, il assura presque tous les cours du noviciat (théologie, Ecriture Sainte, histoire de l’Eglise …etc.), leur transmettant aussi sa profonde dévotion eucharistique, son amour de la liturgie et du chant grégorien (ce fut lui, en particulier, qui initia les religieuses aux rubriques du bréviaire et du missel, d’où est sorti le désormais célèbre Ordo avec répertoire des lieux de culte traditionnel).
Ses conseils de spiritualité étaient basés sur la foi : les Petites Sœurs se devaient d’être des « femmes de devoir » à la piété solide ; il les mettait en garde contre les « dévotionnettes », les fausses apparitions et le sentimentalisme ; et grâce à ses conférences sur les problèmes d’actualité, il leur inculquait une claire vision de la nocivité des erreurs modernistes et de la nécessité de maintenir le bon cap.
Désormais installé à Flavigny, aidé par les Petites Sœurs de Saint François, l’abbé Coache, fait de la « Maison Lacordaire » un centre névralgique de la Tradition : il y prêche des retraites qui attirent un public nombreux, reçoit des hôtes de passage, enseigne et soutient les fidèles… et il organise des pèlerinages de la Tradition à Lourdes (en 1978, 1979, 1980, 1982, 1983, 1986 et 1991) pèlerinages parfois émaillés d’incidents tragi-comiques en raison de l’opposition des autorités du sanctuaire.
Il organise aussi des pèlerinages à Rome (celui de l’Année Sainte 1975 présidé par Monseigneur Lefebvre aura un grand retentissement) ou en d’autres hauts lieux de la Chrétienté, tient des réunions publiques à la Mutualité et à la Salle Wagram, dirige des campagnes de destruction des mauvais journaux dans les églises (ce qui lui vaudra des procès), des réunions de prêtres contestataires, des interventions dans les médias, des « commandos » contre des cérémonies scandaleuses ou des emblèmes sacrilèges… etc.
En 1984, la « Maison Lacordaire » fut le lieu d’une cérémonie exceptionnelle : un triduum de messes ininterrompues, pour obtenir du Ciel la reconnaissance officielle par les autorités romaines du droit à la Messe traditionnelle. Ces trois journées de Messes célébrées par une soixantaine de prêtres, attirèrent sans nul doute des grâces immenses sur le courant traditionnel. D’autant que plus de cent prêtres, qui n’avaient pu se déplacer, célébrèrent chez eux la messe aux mêmes intentions.
C’est après ce triduum que se prépara la cession de la « Maison Lacordaire » à la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X pour y établir le séminaire international Saint Curé d’Ars, où s’effectue désormais la première année des candidats au sacerdoce et leur prise de soutane avant de poursuivre leurs études à Ecône.
Monsieur l’abbé Coache, lié d’une amitié profonde avec Monseigneur Ducaud-Bourget, prépara avec lui et l’abbé Serralda la libération et la restitution au culte catholique de l’église parisienne Saint-Nicolas du Chardonnet, le dimanche 27 février 1977 (cf. nos publications > ici et > ici), et ce n’est pas le moindre de ses titres de gloire et de ses droits à notre gratitude.
Certains ont écrit qu’après cela il aspirait à « prendre sa retraite », mais il avait moins de soixante ans et nous avons vu, ci-dessus, que dans les années qui suivirent il continua avec fougue à mener le combat, soit depuis Flavigny, soit, après la cession des bâtiments à la Fraternité Saint Pie X, depuis le Moulin du Pin où il déménagea. Ainsi par exemple la grande journée de réparation des crimes de la Révolution, le 15 août 1989.
En 1993, l’abbé Louis Coache eut la joie de voir les « vétérans » des combats passés, ainsi que la jeune génération sacerdotale et épiscopale, se rassembler autour de lui pour rendre grâce pour ses cinquante années de sacerdoce.
Enfin, aux premières heures du dimanche 21 août 1994, Monsieur l’abbé Louis Coache rendit sa belle âme à Dieu à l’âge de 74 ans et demi. Une grande foule l’accompagna à sa dernière demeure, pendant que, dans le monde entier, des chrétiens qui lui étaient redevables priaient pour le repos de son âme.
Il nous reste de lui le souvenir d’un prêtre vraiment rempli de zèle pour la gloire de Dieu, embrasé d’amour pour Notre-Seigneur Jésus-Christ et la Très Sainte Vierge Marie, modèle d’attachement à la Sainte Eglise catholique et à ses vérités immuables, qui eut le courage de se lever quand beaucoup renonçaient ou trahissaient, de parler haut quand tant d’autres se taisaient, de combattre quand les autres baissaient la garde ou s’enfuyaient.
Prêtre de feu, il a éclairé les âmes, les a nourries, soutenues et encouragées, au point que sans doute beaucoup lui doivent leur salut éternel.
Au terme d’une existence de fidélité et de droiture, il a amplement mérité d’être qualifié du titre d’inlassable combattant de la foi.
Sur ce cliché pris le dimanche 27 février 1977 à Saint-Nicolas du Chardonnet,
on aperçoit, au fond à droite, tenant un micro, Monsieur l’abbé Louis Coache
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