Archive pour la catégorie 'Commentaires d’actualité & humeurs'

2025-128. Le mal est-il sans remède ?

14 août,
Fête de Saint Maximilien-Marie Kolbe (cf. > ici) ;
Mémoire de Saint Eusèbe, martyr ;
Vigile de l’Assomption de Notre-Dame ;

Neuvième jour de la neuvaine préparatoire à la fête de l’Assomption (cf. ici).

Blason de Monseigneur Louis-Edouard Pie

       Au dernier jour de la neuvaine pour la France en préparation de sa fête patronale (cf. ici), la fête de l’Assomption de Notre-Dame, voici un autre extrait des textes du grand cardinal Pie, évêque de Poitiers, tiré cette fois-ci d’un long entretien avec son clergé à l’occasion de la retraite sacerdotale du mois de juillet 1868.
Les descriptions de la situation de la société française à moins de deux ans de l’effondrement du second empire et des événements qui suivront, sont d’une lucidité implaccable et véritablement prophétique… encore plus pour les jours que nous vivons.
Et ce ne peut donc qu’une motivation supplémentaire à prier avec insistance et à offrir avec générosité des pénitences et des sacrifices volontaires pour notre pauvre France…

Chapelet

       « [...] Qui ne le voit, qui ne le proclame, qui ne s’en désole à l’heure présente, Messieurs ? L’erreur lève le front avec une audace sans exemple, elle ne garde plus la mesure : toutes les vérités sont attaquées, niées, outragées, les vérités de l’ordre de la raison comme les vérités dogmatiques, les vérités qui intéressent l’existence de la société humaine comme celles qui se rapportent à la Révélation et à l’Eglise.
Les feuilles publiques, les brochures, les romans, les théâtres, mais mieux ou plutôt pire que cela, les chaires officielles d’enseignement vomissent journellement l’injure à Dieu, l’injure à l’âme, l’injure à la vie future, l’injure au sacerdoce. Ce qui serait réprimé par les lois et par les peines les plus sévères q’il s’agissait d’une classe quelconque de la société, n’est pas réuté outrage ni excitation à la haine quand il s’agit des hommes du sanctuaire.
Le blasphème respire librement, l’impiété est maîtresse de la situation ; l’homme de foi et l’homme de bien n’ont plus guère leur place dans l’ordre des choses existant, du moins ils ont mille précautions à prendre pour se faire pardonner les principes auxquels ils veulent demeurer fidèles.

   Pendant ce temps, les foules se dépravent, s’égarent, se corrompent ; la perversion morale, activée, favorisée par mille inventions séductrices, amène la perversion des intelligences ; les plus stupides préjugés se propagent, les haines les moins raisonnées grandissent et se fortifient : qu’une étincelle vienne mettre le feu à ces passions si inflammables, et l’incendie éclairera des scènes d’horreur comme en ont vu nos pères [note : allusion aux atrocités et abominations de la grande révolution].
Voilà, Messieurs, l’état vrai des choses si nous regardons autour de nous.

   [...] Joignez à cela les passions frémissantes de la plèbe des grandes villes, les théories de partage et de nivellement prêtes à passer dans les faits, les menaces renaissantes dontre la religion, contre la propriété, contre la famille, en un mot, l’anarchie, la ruine, le pillage, qui s’avancent à vue d’œil sous le couvert des fausses libertés dont la revendication insolente et l’octroiement impolitique sont le prélude de la fin…
Voilà, Messieurs, le tableau de la situation, et assurément je suis loin de l’avoir présenté complet et d’en avoir chargé les couleurs.

      Cependant, Messieurs, le mal est-il sans remède ? Parmi tant de sujets de tristesse et d’inquiétude, n’y a-t-il pas quelques motifs de consolation et d’espérance ? L’excès même du mal ne prépare-t-il pas un certain retour vers le bien ? Le secours surnaturel d’en haut n’a-t-il pas été sensible, manifeste, au milieu des difficultés traversées, et n’y a-t-il pas là un gage de nouveaux secours, de nouvelles interventions qu’il n’est point téméraire d’attendre ?
Enfin, l’Eglise n’a-t-elle pas en ses mains des spécifiques puissants, efficaces ; et, pour peu que la société aux abois consente à laisser panser ses blessures, la vérité et la grâce divines, dispensées par notre sacerdoce, n’auront-elles pas la vertu de rendre la santé aux nations que l’Esprit-Saint a proclamées guérissables ? [...] »

Louis-Edouard cardinal Pie (1815-1880)
In « Œuvres de Monseigneur l’Evêque de Poitiers »,
tome VI, pp. 210… 214

Gallia pœnitens

Gallia pœnitens…

2025-127. « Seigneur, mon Dieu, Vous avez créé la France pour l’Eglise ! »

13 août,
Fête de Sainte Radegonde, Reine des Francs et moniale (cf. > ici & > ici) ;
Huitième jour de la neuvaine préparatoire à la fête de l’Assomption (cf. ici).

Conversion de Saint Paul - Francisco Camilo -1667 - musée de Ségovie

Francisco Camilo (1610-1673) : conversion de Saint Paul (1667)
[musée de Ségovie "Casa del Sol"]

       En continuant notre neuvaine offerte très spécialement à l’intention de la France, pour préparer la fête de l’Assomption (cf. ici), continuons aussi notre « butinage » parmi les textes de Monseigneur Louis-Edouard Pie, évêque de Poitiers, pour nous stimuler à intensifier notre ferveur et notre générosité spirituelle.
Les lignes que nous publions ci-dessous sont exraites de l’éloge funèbre prononcé le 5 décembre 1865 dans la cathédrale de Poitiers à la suite du service funèbre célébré pour le repos de l’âme du général Louis Juchault de Lamoricière (+ 11 septembre 1865).

       « Seigneur, mon Dieu, Vous avez créé la France pour l’Eglise, et jamais la France n’abdiquera entièrement sa mission.
Il y a dans le naturel de ce pays des ressources infinies, et les esprits y sont capables de retours inespérés [...].
Dieu tient dans Ses mains les cœurs des peuples aussi bien que les cœurs des hommes.

   Courage, ô France : c’est ainsi que tu reviendras à ta vocation première.
De précieux instincts, qui se dérobent encore à toi, mais qui ne sont qu’endormis, se réveilleront dans ton sein. Et tandis que, comme Saul respirant encore les menaces et le carnage sur la route de Damas, tu sembleras lancée peut-être dans la voie de l’iniquité et de la violence, tout-à-coup une force secrète te renversera, une lumière subite t’enveloppera, et une voix se fera entendre.
« Qui êtes-vous », t’écrieras-tu : Qui es, Domine ? «Je suis Jésus que tu poursuis, que tu persécutes » : Ego sum Jesus quem tu persequeris (cf. Act. IX, 1-5).

   O France, il est dur pour toi de regimber contre l’aiguillon. Faire la guerre à Dieu n’est pas dans ta nature.
Relève-toi, race prédestinée, vase d’élection, et va, comme par le passé, porter Mon nom à tous les peuples et à tous les rois de la terre (cf. Act. IX, 15). Ainsi soit-il ! »

Louis-Edouard cardinal Pie (1815-1880)
In « Œuvres de Monseigneur l’Evêque de Poitiers »,
tome V, pp. 506-507

Nota bene :

   La découverte de ce texte de 1865 nous a fait comprendre que dans le texte célèbre de Saint Pie X (publié > ici), que l’on considère souvent comme une prophétie sur la conversion à venir de la France, le saint Pontife a, selon toute vraisemblance, puisé son inspiration dans cet éloge funèbre de La Moricière, et qu’il a amplifié et développé la comparaison que le grand évêque de Poitiers avait établie plus de trente-cinq ans auparavant.

Notre-Dame des Lys de France - blogue

2025-126. « D’où provient donc ce symptôme si grave de l’affaiblissement des caractères ? »

11 août,
Fête de Sainte Philomène, vierge et martyre (cf. > ici) ;
Sixième jour de la neuvaine préparatoire à la fête de l’Assomption (cf. > ici).

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       En complément des prières que nous faisons monter vers Dieu, particulièrement à l’intention de la France, en préparation de la fête de l’Assomption, sa fête patronale (cf. ici), voici encore un magnifique texte de Monseigneur Louis-Edouard Pie, évêque de Poitiers, afin d’alimenter notre réflexion et de nourrir notre ferveur.
L’extrait que nous vous proposons aujourd’hui est tiré du très long « Discours pour la solennité de la réception des reliques de Saint Emilien, évêque de Nantes, prononcé dans l’église cathédrale de Nantes le 8 novembre 1859″.

Blason de Monseigneur Louis-Edouard Pie

       « Quand je demande aux sages de ce temps qu’elle est la plus grande plaie de la société actuelle, j’entends répondre de toutes parts que c’est le dépérissement des caractères, l’amollissement  des âmes. Il y a sur ce thème des phrases toute faites, et qui sont à l’usage de tous.
Mais cette réponse provoque elle-même une question ultérieure. Car enfin la race française est énergique de son propre fonds, elle est courageuse de sa nature, et elle n’a pas tellement perdu son tempérament natif qu’elle puisse être accusé trop légèrement de mollesse et de lâcheté. Pas plus aujourd’hui qu’autrefois, la bravoure ne lui fait défaut sur les champs de bataille.

   D’où provient donc ce symptôme si grave de l’affaiblissement des caractères ?

   Ah ! ne serait-il pas vrai qu’il est la conséquence naturelle et inévitable de l’affaiblissement des doctrines, de l’affaiblissement des croyances, et, pour dire le mot propre, de l’affaiblissement de la foi ?

   Le courage, après tout, n’a sa raison d’être qu’autant qu’il est au service d’une conviction. La volonté est une puissance aveugle lorsqu’elle n’est pas éclairée par l’intelligence. On ne marche pas d’un pied ferme quand on marche dans les ténèbres, ou seulement dans le demi-jour.
Or, si la génération actuelle a toute l’incertitude et l’indécision de l’homme qui avance à tâtons, ne serait-ce pas, ô Seigneur, que Votre parole n’est plus le flambeau qui guide nos pas, ni la lumière qui éclaire nos sentiers (Ps. CXVIII, 105) ?

   Nos pères, en toutes choses, cherchaient leur direction dans l’enseignement de l’Evangile et de l’Eglise : nos pères marchaient dans le plein jour. Ils savaient ce qu’ils voulaient, ce qu’ils repoussaient, ce qu’ils aimaient, ce qu’ils haïssaient, et, à cause de cela, ils étaient énergiques dans l’action.
Nous, nous marchons dans la nuit ; nous n’avons plus rien de défini, rien d’arrêté dans l’esprit, et nous ne nous rendons plus compte du but où nous tendons.
Par suite, nous sommes faibles, hésitants.

   Comment se pourrait-il que la chaleur de la résolution fût dans la volonté, et la vigueur de l’exécution dans le bras, quand il n’y a dans l’entendement, au lieu de la claire lumière du oui, que le nuage ou le brouillard du peut-être ? »

Louis-Edouard cardinal Pie (1815-1880)
In « Œuvres de Monseigneur l’Evêque de Poitiers »,
tome III, pp. 519-520

chevaliers francs - blogue

2025-124. « Le jour où la France entière aura rappris à se mettre à genoux… »

10 août,
Fête de Saint Laurent, diacre et martyr ;
Cinquième jour de la neuvaine préparatoire à la fête de l’Assomption (cf. > ici).

Blason de Monseigneur Louis-Edouard Pie

       Voici la dernière partie de ce discours que Monseigneur Louis-Edouard Pie prononça le 11 avril 1848 et dont nous avons déjà publié deux extraits (cf. > ici & > ici) ci-avant.
Cette péroraison, elle aussi, est intemporelle et nous ramène à l’essentiel en nous rappelant les grandes vérités concernant la France et son avenir, la restauration de sa grandeur et les conditions de l’authentique bonheur de ses peuples :

       « (…) Sachez-le, vous avez, nous avons tous, une magnifique mission à remplir, la plus heureuse et la plus féconde des restaurations à accomplir. Tous tant que nous sommes, enlaçons nos bras, unissons nos efforts pour replacer Dieu triomphalement sur les autels de la patrie ; et, dans cette fin, rendons-Lui avant tout, chacun en ce qui nous concerne, la place qui Lui appartient dans notre cœur et dans notre vie.

   Croyez-moi, mes Frères : ce ne sera donner tort à personne que de donner raison à Dieu !

   L’œuvre de nos pères, dites-vous quelquefois ?
Eh ! c’est précisément elle que je vous recommande, cette œuvre qui compte parmi nous quatorze cents ans de durée, cette alliance de la liberté et de l’Evangile, du Franc et du Chrétien, qu’un instant de délire est venu passagèrement interrompre.

   Alors que l’Eglise catholique, en la personne de Saint Remi, baptisait le peuple français représenté par Clovis et les chefs de son armée, elle disait : « Fier Sicambre, baisse la tête ! adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré ».
Mes Frères, avouons-le, car ce fait appartient à l’histoire : nous sommes les fils d’un siècle où, dans certains jours mauvais, le Sicambre avait reparu. Je vous dirai donc : Enfants de ce siècle, baissez la tête ; adorez ce que vous avez brûlé, cette croix, cet Evangile ; brûlez ce que vous avez adoré, ces blasphèmes contre Dieu et Son Christ.
Mais pour vous, ce ne sera pas rompre avec le passé ; ce sera adorer ce que pendant quatorze siècles ont adoré vos pères, rejeter ce que pendant quatorze siècles ils ont rejeté ; ce sera redevenir les hommes de votre pays, les enfants de Dieu et les maitres du monde.

   Le jour où la France entière aura rappris à se mettre à genoux (je veux dire à genoux devant Dieu, car certes nous l’avons vue s’agenouiller assez devant toutes ses rivales) ; le jour où la France aura rappris à se mettre à genoux, Dieu lui rendra le sceptre de l’univers, un instant tombé de ses mains. Elle reprendra sa magnifique destinée parmi les peuples, procurant à ses enfants ici-bas la paix, la liberté, la gloire, et députant des légions d’élus vers l’immuable et éternelle patrie ».

Louis-Edouard cardinal Pie (1815-1880)
In « Œuvres de Monseigneur l’Evêque de Poitiers »,
tome I, pp. 88-89

Jean Hélart vers 1670 Baptême de Clovis

Jean Hélart (1618-1685) : Baptême de Clovis (1676)
[musée des Beaux-Arts, Reims].

2025-121. La seule pierre solide sur laquelle on puisse fonder durablement la société, c’est Jésus-Christ !

9 août,
Fête de Saint Jean-Marie Vianney, confesseur (cf. ici) ;
Mémoire de Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix, vierge et martyre (cf. > ici etici) ;
Mémoire de Saint Romain, martyr ;
Mémoire de la vigile de Saint Laurent ;
Anniversaire de l’Edit de Roussillon (9 août 1564 – cf. > ici) ;
Anniversaire du commencement du siège de Lyon par les troupes de la Convention (9 août 1793 – cf. > ici) ;
Quatrième jour de la neuvaine pour la France en préparation de la fête de l’Assomption (cf. > ici).

Blason de Monseigneur Louis-Edouard Pie

       Toujours en vue de la préparation spirituelle et politique à la fête de l’Assomption, fête patronale du Royaume, voici un autre extrait du discours de Monseigneur Louis-Edouard Pie, alors vicaire général à Chartres, prononcé le 11 avril 1848, et dont nous avons déjà publié un passage > ici.
Là encore, ces quelques phrases sont riches d’une grande et intemporelle leçon politique, qu’il serait bon que les hommes politiques de notre temps, quelque sincères qu’ils soient, et quelle que soit la bonne volonté qui les anime, médite et s’approprie.  

       « Quand Dieu n’est pas reconnu pour maître, nul n’a plus le droit de commander ; et toute société en proie à l’anarchie tombe aussitôt dans l’esclavage.
L’Esprit-Saint l’a dit :
« Là où règnent les impies, il n’y a que des ruines » (Prov. XXVIII, 12).
Mais attendez, ajoute le Seigneur ; ceux qui croient se préparer une domination plus facile en pervertissant les hommes, trouveront leur perdition dans leur calcul infâme (cf. Eccli. XXXVI, 11).
Ils ont régné, et ce n’était pas en Mon nom ; ils étaient les premiers du peuple, et Je ne les voyais jamais en face de Mes autels ; ils se sont fait leur dieu de leur or et de leur puissance : divinité fragile et périssable (cf. Osée VIII, 4).
Un jour ils se sont endormis, et à leur réveil ils n’ont plus rien trouvé de leurs richesses et de leur autorité dans leurs mains vides (cf. Ps. LXXV, 6).

   Mes Frères, ces divers oracles des prophètes se sont accomplis. Ne considérez pas les causes secondes ; ce qui vient d’être renversé par la main des hommes [note : il s’agit de la « Monarchie de juillet »], c’est Dieu qui l’a renversé.
Mais, de grâce, ce que vous allez reconstruire, ah ! que Dieu le reconstruise avec vous et par vous ! Car, hélas ! si cette fois encore le suprême Ouvrier n’était pour rien dans la reconstitution du monde social, législateurs impuissants, vous vous épuiseriez en efforts inutiles ; vous ne vous succéderiez les uns aux autres que pour mourir à la peine comme vos devanciers ; et le jour où vous croiriez poser le faîte de l’édifice, serait celui de sa chute et de votre confusion (cf. Ps. CXXVI, 1).

   Eclairés par l’expérience, vous voulez asseoir la société, non plus sur le sable mouvant des systèmes, mais sur la pierre solide de la vérité. Eh bien ! cette pierre, c’est Jésus-christ : Petra autem erat Christus (1 Cor X, 4 : Et la pierre était le Christ).
Que Jésus-Christ et Son Evangile soient la base de votre constitution, et cette constitution ne périra pas !… »

Louis-Edouard cardinal Pie (1815-1880)
In « Œuvres de Monseigneur l’Evêque de Poitiers »,
tome I, pp. 86-87

Le Christ Roi des nations - blogue

2025-120. Quand Dieu ne règne pas par les bienfaits attachés à Sa présence, Il règne par toutes les calamités inséparables de Son absence.

8 août,
Fête de Saint Venance de Viviers, évêque et confesseur (cf. > ici) ;
Troisième jour de la neuvaine de l’Assomption à l’intention de la France (cf. > ici) ;
Anniversaire du rappel à Dieu du Rd. Pèr Jean Charles-Roux (+ 8 août 2014 – cf. > ici).

Lys couronné - vignette blogue

       Au cours de cette neuvaine de prières pour la France en préparation de la fête de l’Assomption, afin de nous stimuler dans ce devoir de la prière pour notre Royaume terrestre, il est bon de relire quelques textes aux fortes leçons : c’est le cas de ces quelques lignes, extraites d’un discours de Monseigneur Louis Edouard Pie, alors vicaire général de Son Excellence Monseigneur Claude-Hippolyte Clausel de Montals, évêque de Chartres.

Jérôme Bosch - jugement dernier

Jérôme Bosch (+ 1516) : jugement dernier
[musée Suermondt-Ludwig, Aix-la-Chapelle]

Lys couronné - vignette blogue

Quand Dieu ne règne pas par les bienfaits attachés à Sa présence,

Il règne par toutes les calamités inséparables de Son absence.

       « Savez-vous, mes Frères, pourquoi depuis plus d’un demi-siècles [note : ces paroles sont prononcées le 11 avril 1848] nous avons vu périr au milieu de nous toutes les formes de gouvernement, sans excepter celle-là même à laquelle nous revenons aujourd’hui ? [note : il s’agit de la république succédant alors à la Monarchie de Juillet]. Je vais vous le dire.

   Toutes les formes dont s’est revêtue la société ont péri, parce que sous ces formes il manquait une âme.
Or, si heureusement pourvu qu’il soit d’articulations, de ressorts et de muscles, un corps sans une âme, c’est un cadavre ; et le propre d’un cadavre est de tomber bientôt en dissolution.

   L’âme de toute société humaine, c’est la croyance, c’est la doctrine, c’est la religion, c’est Dieu.
Or les sociétés modernes ont trop longtemps divorcé avec Dieu.
Je le dis sans amertume et sans récrimination, mes Frères ; car, en ces jours difficiles qui succèdent à des crises violentes qu’avaient provoquées des torts communs à toutes les conditions, certes, nous avons mieux à faire que de nous adresser de mutuels reproches : c’est de nous éclairer réciproquement sur les véritables besoins du présent et de l’avenir. Et c’est à ce titre de concours et de sympathie pour la chose publique, que je me permets d’interroger ici le passé pour en faire sortir des lumières et des avertissements.

   Je le répète donc : nos pères, entraînés par de lamentables préjugés, ont eu le malheur de croire qu’ils pouvaient rejeter tous les jougs, y compris celui du Maître souverain qui habite dans les cieux. Ils ont adressé à Dieu cette parole coupable : « Retire-Toi loin de nous ; nous ne voulons pas de la science de Tes voies » (cf. Job XXI, 14).
Et Dieu a obéi, Il S’est retiré.

   Mais il est écrit que, bon gré mal gré, et nonobstant le frémissement orgueilleux des peuples, Dieu régnera ; c’est Son droit : « Dominus regnavit, irascantur populi » (Ps. XCVIII, 1 : « Dieu a établi son règne, que les peuples frémissent de colère »).
Et quand Il ne règne pas par les bienfaits attachés à Sa présence, Il règne par toutes les calamités inséparables de Son absence.
Voilà, dans ce peu de mots, mes Frères, toute une période de notre histoire… »

Louis-Edouard cardinal Pie (1815-1880)
In « Œuvres de Monseigneur l’Evêque de Poitiers »,
tome I, pp. 85-86

Blason de Monseigneur Louis-Edouard Pie

Blason de Monseigneur Pie

2025-105. Un « attrape-soleil » à la mémoire de feu le Maître-Chat Lully.

Dimanche 20 juillet 2025,
fête du Saint Prophète Elie ;
Sixième dimanche après la Pentecôte.

Tolbiac devant l'attrape-soleil de Lully

Chers Amis de notre Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Après le trépas de mon illustre prédécesseur le Maître-Chat Lully (+ 23 mai 2019), mon papa-moine s’était promis de réaliser en sa mémoire un vitrail, de la même manière qu’il en avait réalisé un pour la petite fenêtre de sa cellule (c’était son coup d’essai) pour commémorer la mort du Grand Roi (1er septembre 1715 – 1er septembre 2015), puis à l’été suivant pour les deux petites fenêtres carrées qui se trouvent de part et d’autre de l’autel, à l’Oratoire.
Ce vitrail dédié à feu le Maître-Chat, Frère Maximilien-Marie l’avait même commencé ; mais, affectivement et psychologiquement, il lui fut vraiment très dur d’y travailler, et le travail resta inachevé.

   A la mi-mai 2022, je m’installais au Mesnil-Marie ; je n’ai pas remplacé Lully, je lui ai succédé : nous sommes très différents, mais il est pour moi une source d’inspiration, et je profite de ses leçons de sagesse.
C’est ce qui m’autorise à proposer à mon papa-moine des suggestions au nom de Lully. Ainsi, au mois de mai dernier, lors de l’anniversaire de sa mort, j’ai doucement insisté auprès de Frère Maximilien-Marie pour qu’il achève le vitrail en sa mémoire bénie, et je l’ai finalement convaincu.

   Mais il y a désormais des difficultés qui sont apparues depuis dix ans : en particulier, acheter du ruban de plomb adhésif pour réaliser des vitraux chez soi, est devenu impossible dans les boutiques spécialisées pour les « loisirs créatifs » (je crois qu’il s’agit d’une interdiction imposée par les parasites et les sangsues de la Commission Européenne) ; puis l’accident d’auto de Frère Maximilien-Marie, qui a eu pour conséquence une perte d’agilité du bras et de la main droits avec des douleurs persistantes pendant des semaines, ont eu pour conséquence de le contraindre à trouver une autre solution.
Et voici le résultat : c’est un « attrape-soleil » que nous avons pu commander à un artisan (grâce au don que la maman de Frère Maximilien-Marie lui a fait à l’occasion de son anniversaire) et qui nous est arrivé ce samedi 19 juillet.

   Voici donc l’accroche-soleil Lully : mon « saint » prédécesseur y est figuré les yeux fermés (puisque ses yeux se sont fermés à la lumière de ce monde), couché sur un croissant de lune.
Ceux qui suivent l’éphéméride publié chaque jour par mon papa-moine savent bien que, au Mesnil-Marie, nous portons la plus grande attention aux cycles lunaires et à leurs influences.
L’astre des nuits est riche de très nombreux symbolismes, parmi lesquels se trouvent aussi les veilles et la prière nocturne des contemplatifs, ainsi que la foi en laquelle nous marchons ici-bas en attendant la claire vision de l’au-delà…

   En ce dimanche, en se rendant à la Sainte Messe, Frère Maximilien-Marie a donc emporté l’accroche-soleil à l’effigie de Lully et il l’a fait bénir.
Et nous, nous sommes dans une action de grâces émue.

Tolbiac.

Attrape-soleil du Maître-Chat Lully - blogue

2025-102. Ce n’est pas le Sacre qui fait le Roi !

17 juillet,
Fête de Sainte Thérèse de Saint-Augustin et de ses 15 compagnes, carmélites de Compiègne, vierges & martyres (cf. > ici) ;
Mémoire de Saint Alexis de Rome, confesseur ;
Anniversaire du Sacre de Sa Majesté le Roi Charles VII (17 juillet 1429 – cf. > ici) ;

Anniversaire du massacre de la famille impériale russe (17 juillet 1918 – cf. > ici).

Sacre de Charles VII - chromo debut XXe siècle

Le Sacre de Charles VII figuré sur une chromolithographie du début du XXème siècle
pour la diffusion populaire

   Combien de fois faudra-t-il dire, redire et rappeler que ce n’est pas le Sacre qui fait le Roi de France ?

   Combien de fois faudra-t-il dire, redire et rappeler que le Roi de France n’est pas roi en vertu du Sacre mais en vertu de la coutume royale exprimée par les Lois fondamentales du Royaume ?

   Combien de fois faudra-t-il dire, redire et rappeler que le Sacre royal de Reims n’est pas constitutif de la royauté, mais qu’il est déclaratif ?

   Combien de fois faudra-t-il dire, redire et rappeler que le Roi de France ne tient pas son pouvoir de l’Eglise et de ses rites, mais qu’il le tient immédiatement de Dieu en raison de l’hérédité et des règles de primogéniture mâle, d’indisponibilité de la Couronne et d’instantanéité de sa dévolution ?

frise lys

   Et pourtant, on entend encore de manière récurrente des personnes, au demeurant plutôt favorables à la monarchie, affirmer péremptoirement – et d’autant plus péremptoirement qu’elles semblent ignorantes des principes solides et pérennes de la royauté capétienne traditionnelle – qu’un Prince qui remplit toutes les conditions de la royauté ne sera en vérité Roi de France que le jour où il recevra les onctions du Sacre.

   Et pourtant, on entend encore de manière récurrente des personnes au demeurant plutôt favorables à la monarchie (et je l’ai même entendu de la bouche de prêtres !!!), mais désireuses de ne pas s’engager dans le soutien d’un Prince qui remplit pourtant toutes les conditions de la royauté, qu’ils se soumettront à celui d’entre les prétendants « qui arrivera le premier à Reims ».

frise lys

   Il y en a même qui, faisant du tri dans les paroles de Sainte Jeanne d’Arc et ne retenant que celles qui vont dans le sens de leur théorie, prétendent qu’elle n’a reconnu Charles VII comme Roi qu’une fois qu’il a reçu à Reims son « digne Sacre », et que, auparavant, elle ne l’aurait jamais appelé que « gentil Dauphin ».

    C’est en effet un abus total car ils se gardent bien de relever que, dès l’entrevue de Chinon, la Pucelle a affirmé sans détour à Charles VII qu’elle lui était envoyée « de par le Roi du Ciel » afin de lui « faire assavoir » qu’il était « bien Roi et vrai fils de Roi » : non pas seulement « vrai fils de Roi », qui sera un jour Roi lui aussi, mais qu’il est bien déjà véritablement Roi.
Et lors de l’acte que l’on appelle par simplification « triple donation », près d’un mois avant le Sacre (cf. > ici), elle l’appelle « Sire » et demande de lui un acte qui n’est pas d’un futur roi mais bien d’un roi véritable.

   Certes, pendant une période, au Moyen-Age – et il semblerait que Sainte Jeanne d’Arc participait encore à certains moments de cette approximation populaire -, beaucoup de petites gens s’imaginaient que c’était le Sacre qui faisait le Roi ; mais dans le même temps, les juristes royaux, les savants, les théologiens, ainsi que les rois eux-mêmes étaient formels et catégoriques : ce n’est pas le Sacre qui est constitutif de la royauté.

   Sous le Roi Charles VI, en 1403 et 1407, des ordonnances royales viendront rappeler la doctrine monarchique traditionnelle et, en particulier, que l’héritier du trône doit être fermement tenu pour roi dès la mort de son prédécesseur.
C’est ce que résument de manière laconique et sans ambiguité les adages suivants : « Le Roi est mort, vive le Roi ! » et « En France, le roi ne meurt pas », formules qui excluent explicitement l’existence d’un interrègne entre la mort d’un souverain et le Sacre de son successeur.

   D’ailleurs, si c’était le Sacre qui était constitutif de la royauté, il faudrait retirer tous les Mérovingiens de la liste de nos Rois, puisque l’histoire n’a retenu l’existence de Sacre pour aucun d’entre eux.
Ce serait même le cas pour Clovis 1er le Grand lui-même qui a reçu les onctions du saint baptême avec le chrême miraculeux de la Sainte Ampoule (cf. > ici), mais dont il n’est dit nulle part que Saint Remi l’a sacré roi en une autre cérémonie que celle du baptême.  

frise lys

   Qu’apporte donc le Sacre à la royauté franque puis française, si ce n’est pas lui qui « fait le Roi » ?

   Il adjoint à la légitimité dynastique une légitimité spirituelle ; il élève la royauté naturelle à un degré surnaturel ; il retire le souverain du domaine profane pour le revêtir d’une sacralité quasi sacramentelle (certains théologiens médiévaux ont tendance à considérer que le Sacre serait un huitième sacrement : la Sainte Eglise  néanmoins ne les suivra pas jusque-là mais rangera le Sacre dans la catégorie des plus élevés parmi les sacramentaux) ; par les onctions saintes, il élève celui qui est déjà roi par la force de la coutume, à un état particulier de consécration qui l’établit à une degré intermédiaire entre l’état laïc et l’état clérical, fait de lui un médiateur entre Dieu et le peuple sur lequel il a été établi roi, et lui confére des grâces spirituelles très spéciales pour l’accomplissement de sa mission royale (y compris pour ce qui concerne la gestion temporelle de l’Eglise dans son royaume).
Attenter au Roi sacré devient dès lors, au sens propre et plénier, un sacrilège.

   Dans une société profondément religieuse, profondément spirituelle, profondément catholique, le Sacre, en vertu de l’infaillibilité de l’Eglise, scelle la légitimité indubitable du souverain et assure aux yeux de ses peuples la pleine authenticité de sa charge.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.

Cathédrale de Reims - spectacle son et lumière Regalia

La façade occidentale de la cathédrale de Reims
lors de l’une des scènes du spectacle son et lumière intitulé « Regalia »

2025-96. Les imperfections de la Création peuvent-elles servir d’argument contre la bonté ou même contre l’existence de Dieu ?

11 juillet,
Chez les Ermites de Saint Augustin, la fête de Sainte Véronique Giuliani, vierge (cf. > ici) ;
Mémoire de Sainte Hélène (née Olga) de Kiev, « égale aux Apôtres » ;
Mémoire de Saint Pie 1er, pape et martyr ;
Au diocèse du Puy, la dédicace de la cathédrale Notre-Dame de l’Annonciation (11 juillet 225 – cf. ici).

Tolbiac - lecture - canotier

        Les après-midi d’été sont toujours favorables à la lecture et à la réflexion, et, en notre Mesnil-Marie, je ne suis jamais à court de bons ouvrages à lire ni de textes enrichissants à méditer.
De ce nombre, évidemment, sont les livres de Gustave Thibon, si cher à mon papa-moine, qui « irradient » – si je puis me permettre cette métaphore – tant de subtile et charmante sagesse…

   Je voulais justement livrer à votre réflexion une citation du « paysan philosophe » qui m’a beaucoup plu. C’est une réponse, non dépourvue d’humour, à ceux qui opposent à la bonté de Dieu, voire même à son existence, le pseudo argument – émis d’un point de vue humain entâché de beaucoup de subjectivisme (en même temps que très superficiel) – des imperfections de la création. La sempiternelle rengaine « si Dieu existait, il ne pourrait pas laisser faire ceci ou cela », en quelque sorte…

   Voici donc cette percutante citation de Gustave Thibon !

   « Pourquoi Dieu a-t-il créé les punaises et les moustiques ? » m’a demandé cet imbécile. – Mais pourquoi t’a-t-il créé toi même ? Si les imperfections – ou les mystères – de la Création sont une preuve contre Dieu, ta propre existence réfute la Providence au moins autant que celle des punaises ou des moustiques.

Gustave Thibon, in « Notre regard qui manque à la lumière » p. 27

   Je n’ai rien à rajouter, si ce n’est que je vous souhaite néanmoins de ne pas être trop importunés par les moustiques pendant ces nuits d’été !

Tolbiac.

moustique

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