2025-128. Le mal est-il sans remède ?
14 août,
Fête de Saint Maximilien-Marie Kolbe (cf. > ici) ;
Mémoire de Saint Eusèbe, martyr ;
Vigile de l’Assomption de Notre-Dame ;
Neuvième jour de la neuvaine préparatoire à la fête de l’Assomption (cf. > ici).

Au dernier jour de la neuvaine pour la France en préparation de sa fête patronale (cf. > ici), la fête de l’Assomption de Notre-Dame, voici un autre extrait des textes du grand cardinal Pie, évêque de Poitiers, tiré cette fois-ci d’un long entretien avec son clergé à l’occasion de la retraite sacerdotale du mois de juillet 1868.
Les descriptions de la situation de la société française à moins de deux ans de l’effondrement du second empire et des événements qui suivront, sont d’une lucidité implaccable et véritablement prophétique… encore plus pour les jours que nous vivons.
Et ce ne peut donc qu’une motivation supplémentaire à prier avec insistance et à offrir avec générosité des pénitences et des sacrifices volontaires pour notre pauvre France…

« [...] Qui ne le voit, qui ne le proclame, qui ne s’en désole à l’heure présente, Messieurs ? L’erreur lève le front avec une audace sans exemple, elle ne garde plus la mesure : toutes les vérités sont attaquées, niées, outragées, les vérités de l’ordre de la raison comme les vérités dogmatiques, les vérités qui intéressent l’existence de la société humaine comme celles qui se rapportent à la Révélation et à l’Eglise.
Les feuilles publiques, les brochures, les romans, les théâtres, mais mieux ou plutôt pire que cela, les chaires officielles d’enseignement vomissent journellement l’injure à Dieu, l’injure à l’âme, l’injure à la vie future, l’injure au sacerdoce. Ce qui serait réprimé par les lois et par les peines les plus sévères q’il s’agissait d’une classe quelconque de la société, n’est pas réuté outrage ni excitation à la haine quand il s’agit des hommes du sanctuaire.
Le blasphème respire librement, l’impiété est maîtresse de la situation ; l’homme de foi et l’homme de bien n’ont plus guère leur place dans l’ordre des choses existant, du moins ils ont mille précautions à prendre pour se faire pardonner les principes auxquels ils veulent demeurer fidèles.Pendant ce temps, les foules se dépravent, s’égarent, se corrompent ; la perversion morale, activée, favorisée par mille inventions séductrices, amène la perversion des intelligences ; les plus stupides préjugés se propagent, les haines les moins raisonnées grandissent et se fortifient : qu’une étincelle vienne mettre le feu à ces passions si inflammables, et l’incendie éclairera des scènes d’horreur comme en ont vu nos pères [note : allusion aux atrocités et abominations de la grande révolution].
Voilà, Messieurs, l’état vrai des choses si nous regardons autour de nous.[...] Joignez à cela les passions frémissantes de la plèbe des grandes villes, les théories de partage et de nivellement prêtes à passer dans les faits, les menaces renaissantes dontre la religion, contre la propriété, contre la famille, en un mot, l’anarchie, la ruine, le pillage, qui s’avancent à vue d’œil sous le couvert des fausses libertés dont la revendication insolente et l’octroiement impolitique sont le prélude de la fin…
Voilà, Messieurs, le tableau de la situation, et assurément je suis loin de l’avoir présenté complet et d’en avoir chargé les couleurs.Cependant, Messieurs, le mal est-il sans remède ? Parmi tant de sujets de tristesse et d’inquiétude, n’y a-t-il pas quelques motifs de consolation et d’espérance ? L’excès même du mal ne prépare-t-il pas un certain retour vers le bien ? Le secours surnaturel d’en haut n’a-t-il pas été sensible, manifeste, au milieu des difficultés traversées, et n’y a-t-il pas là un gage de nouveaux secours, de nouvelles interventions qu’il n’est point téméraire d’attendre ?
Enfin, l’Eglise n’a-t-elle pas en ses mains des spécifiques puissants, efficaces ; et, pour peu que la société aux abois consente à laisser panser ses blessures, la vérité et la grâce divines, dispensées par notre sacerdoce, n’auront-elles pas la vertu de rendre la santé aux nations que l’Esprit-Saint a proclamées guérissables ? [...] »
Louis-Edouard cardinal Pie (1815-1880)
In « Œuvres de Monseigneur l’Evêque de Poitiers »,
tome VI, pp. 210… 214
Gallia pœnitens…



















