2024-235. De l’épisode cévenol que nous avons essuyé du 16 au 18 octobre (2ème partie).
Mercredi 23 octobre 2024 au soir,
L’octave de l’apparition de Saint Michel au Mont Tombe et de la dédicace de son église (double majeur – blanc) ;
La commémoraison de la Bienheureuse Marie-Clotilde de Saint-François-Borgia et ses dix compagnes, ursulines de Valenciennes, vierges et martyres (cf. > ici) ;
Dans l’Ordre de Saint Augustin, la commémoraison du Bienheureux Jean le Bon de Mantoue, ermite et fondateur, confesseur de notre Ordre, remarquable par sa vertu de pénitence et l’éclat de ses miracles, dont Saint Antoine a écrit la glorieuse vie ;
La commémoraison de Saint Antoine-Marie Claret, évêque et confesseur.
Des « cascades » partout, qui, au plus fort de l’épisode,
ont emporté boue, terre, pierres et branches
et en ont jonché les sols…
Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,
Avec la première partie de mon récit (cf. > ici), je vous ai amenés jusqu’en milieu de matinée le jeudi 17 octobre. A ce moment-là, la pluie a semblé marquer le pas, et ce fut pour mon papa-moine l’occasion d’aller réaliser des clichés pour nos archives et pour ensuite s’installer dans la Maxmobile, dont il a mis le moteur en route, ce qui lui permettait de recharger la batterie de son téléphone portable en même temps qu’il pouvait, assis et au chaud, téléphoner à plusieurs personnes qui vivent seules pour prendre de leurs nouvelles et s’assurer qu’il n’y avait pas trop de dégâts chez elles…
J’ai sélectionné à votre intention quelques unes des photographies prises par Frère Maximilien-Marie, ou qui lui ont été envoyées :
Les câbles de la fibre et des lignes à moyenne tension, enfouis sous les chaussées,
sauf au niveau des ponts où ils se trouvaient dans des espèces de gros tuyaux en PVC fixés au tablier,
ont été arrachés et se sont retrouvés dans la rivière…
Au fur et à mesure que s’écoulaient les heures, nous recevions des nouvelles du village, coupé en deux parties parce que la rue principale s’était retrouvée envahie par un torrent de grosses pierres et de boue qui avait dévalé l’une des petites rues en pente avec un bruit de tous les diables :
La coulée de pierres et de boue qui a coupé le village en deux en obstruant la rue principale
a été dégagée dans la journée du vendredi 18 octobre :
il a fallu remplir plusieurs camions de chantier pour évacuer cet éboulis.
Nous apprenions aussi que le réseau routier (routes départementales et chemins communaux) se trouvait gravement endommagé en de très nombreux endroits : à Saint-Martial et dans les villages à l’entour, les maires, les adjoints et conseillers, ainsi que des bénévoles, se sont dépensés avec générosité pour avoir contact avec tous les habitants, dégager les chemins et pratiquer des passages, rendre des services… etc., de sorte que le vendredi soir, à deux ou trois exceptions près (parce que le chemin ou des passerelles ont été totalement emportés et qu’il faudra de très gros travaux pour les rétablir), il n’y avait plus aucun habitant isolé.
Il faut néanmoins avoir conscience que les réparations sur la voirie prendront vraisemblablement de longs mois, voire des années pour le réseau communal car nos municipalités de village ne disposent ni du personnel ni des fonds nécessaires à cette remise en état.
L’une des routes départementales qui monte vers le Mont Mézenc
En fin d’après-midi, ce jeudi 17 octobre, nous recevions des messages d’alerte de la Préfecture nous informant qu’une recrudescence de l’épisode risquait de se produire en première partie de nuit : chez nous, ce fut grosso modo entre 22 h et minuit. Les pluies, abondantes et violentes, ne le furent toutefois pas autant que la nuit précédente – Dieu merci ! – et nous n’eûmes pas à déplorer de nouveaux dégâts. Il n’en demeure pas moins, cependant, que cette nuit du jeudi au vendredi fut une nuit de vigilance et d’inquiétude.
Comme, en cette fin d’après-midi du 17, nous n’avions toujours pas d’électricité et que la nuit n’allait pas tarder à tomber, Frère Maximilien-Marie a sorti quantité de cierges, de bougies et de veilleuses, placés aux endroits stratégiques pour que nous ne fussions pas totalement dans la pénombre.
Finalement, cela n’eut pas à servir, car au début de la soirée, grâce à des équipes de dépannage venues en urgence, l’électricité fut rétablie.
Connaissez-vous ce procédé ingénieux qui permet d’amplifier la lumière
d’une bougie ou d’une veilleuse ?
Les dentellières l’utilisaient jadis à la veillée, et Frère Maximilien-Marie a recueilli cet usage :
en plaçant une flamme derrière un récipient sphérique rempli d’eau,
il se produit un effet loupe qui est fort appréciable,
mais dont nous n’eûmes finalement pas besoin ce 17 octobre au soir.
Vendredi 18 octobre, Frère Maximilien-Marie, en raison d’une décrue relativement rapide et d’un retour au calme, put davantage estimer les dégâts qui ont sinistré le puisard, qui a été réalisé lors de son installation au Mesnil-Marie et permet à quatre autres maisons, en sus de notre ermitage, d’avoir une arrivée d’eau convenable sur les robinets : il dut passer de longs moments au téléphone avec les artisans qui avaient œuvré à cette installation, pour leur exposer les faits et leur demander des conseils. Il fut bien soulagé d’apprendre que, bien que le puisard, qui permet le remplissage de notre citerne soit inopérant pour un long moment, il lui serait possible, grâce à un « bidouillage » de fortune, de remplir d’une autre manière notre citerne et de remettre en service le surpresseur qui permet d’avoir l’eau au robinet : je compte vous expliquer cela plus au long une autre fois.
Notre Frère dut aussi contacter notre opérateur téléphonique et fournisseur d’accès à Internet, car malgré le rétablissement du courant électrique il y avait une panne persistante sur ces installations. Là encore, le problème fut résolu au cours de cette journée du vendredi.
Je vais achever cette chronique en revenant sur le sujet des ponts qui enjambent l’Eysse et permettent à la route de desservir notre hameau.
Il y a celui qui se trouve à l’ouest du hameau, en amont, et dont je vous ai déjà montré une vue hier. En voici d’autres :
Le pont à l’ouest du hameau alors que la décrue est déjà bien amorcée
Ancré des deux côtés sur le rocher à un endroit où les berges se resserrent jusqu’à former en aval une espèce de mini canyon aux parois abruptes, le pont qui permet l’accès à notre hameau par l’ouest (en amont) est placé au dessus d’une déclivité qui fait que, en temps normal, il y a environ 4 m de hauteur entre la parapet et l’eau côté amont, et environ 6 m sur son côté aval.
Les traces laissées sur la chaussée de chaque côté du pont, ainsi que sur les rochers voisins, laissent penser que, au plus fort de la crue, aux alentours de 6 h du matin le jeudi 17 octobre, la « vague » qui a en partie détruit ce pont devait approcher 7 m de hauteur.
Et ci-dessous ce même pont, vu de l’autre côté :
sa voûte a été heurtée par des troncs d’arbres et devra être soigneusement inspectée
avant sa restauration
L’autre pont qui permet d’arriver au hameau, par l’est cette fois, permet d’établir la même estimation : une vague proche de 7 m au plus fort de la crue, vers 6 h du matin.
Notre voisin, qui habite tout proche de ce pont, a été alerté par des bruits effrayants à cette heure-là, et, étant sorti de chez lui, il a vu l’eau arriver jusqu’au parapet et passer sur les côtés. Il a alors craint de voir le pont emporté par les flots en furie, en même temps qu’il pouvait voir les berges s’effondrer dans la rivière, et leurs arbres tomber les uns après les autres comme de vulgaires fétus de paille !
Le second pont qui permet d’arriver à notre hameau, par le côté est cette fois,
et dont on a craint un moment qu’il ne fût complètement emporté !
Ce soir, en achevant cette chronique, j’espère avoir répondu à toutes les questions que vous eussiez aimé nous poser de vive voix pour avoir les détails de cet épisode cévenol.
Je terminerai en ajoutant seulement ceci : ce genre d’événements est une grande et salutaire leçon, puisqu’elle remet l’homme à sa place et lui fait comprendre qu’il n’est pas le maître absolu de la création, mais le contraint à rester humble en face des éléments…