Archive pour la catégorie 'Chronique de Lully'

2025-177. Evénement : la « Messe du Sacre de Charles X » va être chantée à l’église Saint-Eugène dans le cadre liturgique le 23 novembre 2025.

Affiche Messe du 23 novembre 2025 à Saint-Eugène

   En cette année du bicentenaire du Sacre de Charles X, à l’occasion de la solennité de Sainte Cécile, vierge et martyre, céleste patronne des musiciens et des chanteurs, la Schola Sainte-Cécile, qui déploie les fastes incomparables de ses programmes musicaux à la paroisseSaint-Eugène & Sainte-Cécile de Paris (4 bis rue Sainte-Cécile, Paris IX), interprêtera dans le cadre liturgique la sublime « Messe pour le Sacre de Charles X » de Luigi Cherubini.

   Il est rarissime de pouvoir prier, dans la liturgie pour laquelle elle a été composée, avec une œuvre de cette envergure. Nous recommandons donc chaleureusement à ceux de nos lecteurs qui se trouveront à Paris, ou dans ses environs, le dimanche 23 novembre 2025, à se rendre pour la Sainte Messe dominicale célébrée à 11 heures, à l’église Saint-Eugène.

   Et pour ceux qui ne peuvent s’y rendre, il faut également savoir que cette Sainte Messe sera retransmise en direct sur la chaîne YouTube Ite Missa Est > lien.

Reconstitution de la couronne de Charles X

2025-176. « Continuons à entretenir le souvenir de nos Rois, et cultivons la mémoire de ces souverains… »

6 novembre,
Fête de Saint Léonard de Noblat (cf. ici) ;
Anniversaire de la mort de SMTC le Roi Charles X (cf. > ici).

Armes de France & Navarre

       En ce jour anniversaire de la mort de son prédécesseur SMTC le Roi Charles X, Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou, de jure Sa Majesté le Roi Louis XX, a publié sur les réseaux sociaux le message suivant, qui établit un lien pertinent avec l’actualité politique de la France en même temps qu’il rend un hommage des plus judicieux à la pieuse mémoire d’un très grand Souverain injustement calomnié.

Charles X en costume de Sacre - détail

       Aujourd’hui nous commémorons la mort de mon aïeul Charles X, dernier Roi de France à avoir effectivement régné.
En cette année du bicentenaire de son sacre, si bien mis en valeur par le Mobilier national, il me semblait important de rendre hommage à la mémoire de ce monarque qui fut remarqué, loin des caricatures, par son esprit chevaleresque, sa grandeur d’âme, et sa bonté envers les Français.
Son départ en 1830 fut avant tout une preuve manifeste de son amour des Français, dont il refusa de répandre le sang.

   A l’heure où certains s’agrippent désespérément au pouvoir, préférant prolonger les malheurs de notre pays, le message n’est pas anodin.

   Enfin, je souhaite également saluer la fidélité et la constance des Franciscains qui veillent sur sa dépouille en Slovénie, à Gorizia.
Dans ce petit Saint-Denis de l’exil, là où sont également inhumés les membres de la famille royale partis avec le vieux Roi, c’est toute une partie de notre histoire qui repose aux confins de l’Europe.
Ces sépultures, si loin de notre patrie, sont porteuses de sens. Elles symbolisent l’absence de la monarchie en France, et la douloureuse déchirure qui a été provoquée dans notre pays par la séparation d’un peuple avec la famille qui avait tant fait pour lui et qui l’avait profondément aimé.

   Continuons à entretenir le souvenir de nos Rois, et cultivons la mémoire de ces souverains qui, malgré leurs imperfections, surent toujours cultiver ce qui manque le plus à nos politiciens : le lien charnel et affectif qu’ils entretenaient avec la France et les Français.

>>> Voir aussi la publication et la prise de parole de Monseigneur le duc d’Anjou à l’occasion de son pèlerinage sur la tombe de Charles X au couvent franciscain de la Castagnavizza (Kostanjevica), le 18 février 2017 > ici

Louis XX en prière devant le tombeau de Charles X

Louis XX en prière devant le tombeau de Charles X
dans la crypte du couvent de la Castagnavizza.

Prière du Pape Pie XI à Marie Corédemptrice :

Mère de Dieu des Douleurs

Prière de Sa Sainteté le Pape Pie XI

à

Marie Corédemptrice :

   O Mère de piété et de miséricorde, qui assistiez votre doux Fils tandis qu’Il accomplissait sur l’autel de la croix la Rédemption du genre humain, comme corédemptrice et associée de ses douleurs ; conservez en nous et accroissez chaque jour, nous vous en prions, les précieux fruits de Sa Rédemption et de votre compassion.

   Vous êtes la Mère de tous, faites que, dans la pureté des mœurs, dans l’unité des esprits et la concorde des âmes, nous puissions enfin jouir sans inquiétude des dons d’une paix désormais assurée.

Ainsi soit-il !

Pie XI, 28 avril 1935.

Cœur douloureux et immaculé de Marie

2025-175. Récapitulatif de nos publications relatives à la commémoraison des trépassés, à la mort, au Purgatoire… etc.

Délivrance des âmes du Purgatoire - image d'Epinal

A – Rappel : Indulgence plénière applicable uniquement aux défunts accordée le jour de la Toussaint et pendant toute son octave ici.

- Corollaire 1 : Sermon de Saint Jean-Marie Vianney, curé d’Ars, expliquant la doctrine catholique des indulgences ici
- Corollaire 2 : Que signifie « prier aux intentions du Souverain Pontife » lorsqu’il s’agit d’obtenir une indulgence plénière ici

B – Textes doctrinaux à l’occasion de la commémoraison solennelle des trépassés :

- Bref rappel de la foi catholique à rebours de la pensée dominante et des usages contemporains > ici
- Sermon CLXXII de notre Bienheureux Père Saint Augustin sur les devoirs à rendre aux morts > ici
- Les trois états de l’unique Eglise (et la communion des saints) > ici

C – Prières à l’intention des âmes du Purgatoire :

- Litanies pour le soulagement des âmes du Purgatoire > ici
- La prose latine « Languentibus » > ici
- Prière à la Vierge de Compassion en faveur des âmes du Purgatoire > ici
-

D – A Rome, le « Musée du Purgatoire » > ici

E – Textes variés concernant la mort, les funérailles (et les cérémonies modernistes qui en tiennent lieu), l’inhumation, le Purgatoire, les fins dernières… etc. :

- Sainte Catherine de Gènes et le « Traité du Purgatoire » > ici
- Sainte Françoise Romaine et la vision de l’enfer > ici
- BD « Les autruches » > ici
- Inhumation ou incinération ? > ici
- « Elle sera au Purgatoire jusqu’à la fin du monde » (paroles de Notre-Dame de Fatima) > ici
- A propos de l’expression « repos éternel » > ici
- Des réflexions de feu le Maître-Chat Lully en novembre 2013 > ici
- Tout ce que l’on doit subir lorsqu’on doit se rendre à des funérailles dans une église « conciliaire » > ici
- A propos d’une autre « messe » (?) de funérailles dans une église « conciliaire » > ici

Memento mori - vignette blogue

Memento mori

2025-174. Sermon de notre Bienheureux Père Saint Augustin sur le pardon des offenses.

21ème dimanche après la Pentecôte :
Dimanche de la parabole du débiteur impitoyable [1].

Livre d'heures - vignette blogue

Présentation :

       Dans ce sermon un peu long, mais extrèmement riche, notre Bienheureux Père Saint Augustin rappelle la parabole du débiteur impitoyable, explique que chacun de nous est représenté par ce serviteur infiniment redevable à son maître et que, comme lui, nous sommes en même temps débiteurs et créanciers… Comme lui encore, nous sommes tenus d’être miséricordieux envers ceux qui nous ont offensé si nous prétendons avoir part aux miséricordes du Seigneur.
A cette occasion, avec le génie qui le caractérise pour interpréter la symbolique des nombres divins, Saint Augustin se livre à un époustouflant développement sur le chiffre septante-sept cité par la péricope évangélique et sur le sens mystique de ce chiffre, ainsi que sur celui des nombres dix mille et cent qui paraissent dans la parabole. Il termine en faisant remarquer que toutefois le pardon ne préjudicie en rien à la correction nécessaire.

* * *

Sermon LXXXIII de Saint Augustin

sur le pardon des offenses :

   1. Le saint Evangile nous avertissait hier de n’être pas indifférents aux péchés de nos frères. « Si ton frère te manque, y est-il dit, reprends-le entre toi et lui seulement. S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère. Mais s’il te méprise, prends avec toi deux ou trois personnes, afin que sur la parole de deux ou trois témoins tout soit avéré. S’il les méprise aussi, dis-le à l’Eglise, et s’il méprise l’Eglise, qu’il te soit comme un païen et un publicain » [2].
A ce sujet se rapporte encore le passage qu’on a lu aujourd’hui et que nous venons d’entendre. En effet, Notre-Seigneur Jésus ayant ainsi parlé à Pierre, celui-ci poursuivit et demanda, à son Maître combien de fois il devrait pardonner à qui l’aurait offensé. Suffira-t-il de pardonner sept fois, dit-il ? « Non seulement sept fois, reprit le Seigneur, mais septante-sept fois ».
Il rapporta ensuite une parabole effroyable. Le Royaume des Cieux, disait-il, est semblable à un père de famille qui voulut compter avec ses serviteurs. Il en trouva un qui lui devait dix mille talents, et lorsqu’il eut donné l’ordre de vendre pour payer cette dette, tout ce que possédait ce malheureux, de vendre toute sa famille et de le vendre lui-même, celui-ci se jeta aux genoux de son Maître, demanda un délai et mérita la remise de sa dette. Car ce maître, touché de compassion, lui remit tout ce qu’il devait, ainsi qu’il a été dit.
Déchargé de sa dette mais esclave du péché, ce serviteur, après avoir quitté son maître, rencontra à son tour quelqu’un qui lui était redevable, non pas de mille talents, le chiffre de sa dette, mais de cent deniers. Il se mit à le serrer, à l’étouffer, et à lui dire : « Paie ce que tu me dois ». Ce dernier suppliait son compagnon, comme le compagnon avait lui-même supplié son Maître ; mais il ne trouva point dans ce compagnon ce que celui-ci avait trouvé dans le Maître. Non-seulement il refusa de lui remettre sa dette, il ne lui laissa même aucun délai ; et, acquitté généreusement par son Seigneur, il le traînait avec violence pour le contraindre à payer.
Cette conduite fâcha les autres serviteurs et ils rapportèrent à leur Maître ce qui venait de se passer. Le Maître fit comparaître ce misérable et lui dit : « Méchant serviteur, quand tu m’étais redevable d’une telle somme, par compassion, je t’ai remis le tout. Ne devais-tu donc pas prendre pitié de ton compagnon comme j’ai eu pitié de toi ? » Et il commanda qu’on lui fit payer tout ce qui lui avait été remis.

Demande de pardon - vignette blogue

   2. Cette parabole est destinée à notre instruction, c’est un avertissement pour nous détourner de nous perdre. « C’est ainsi, dit le Sauveur, que vous traitera aussi votre Père céleste, si chacun de vous ne pardonne à son frère du fond de son cœur ».
Ainsi, mes frères, le précepte est clair, l’avertissement utile ; et il ne peut y avoir que grand profit à obéir, à faire avec perfection ce qui est ordonné. Tout homme, en effet, est débiteur à l’égard de Dieu, et créancier à l’égard de son frère.
Qui ne doit à Dieu, sinon celui qui est absolument sans péché ?
Et à qui n’est-il pas dû, sinon à celui que personne n’a jamais offensé ?
Pourrait-on découvrir dans tout le genre humain un seul individu qui ne fût redevable à son frère à cause pour quelque faute ?
Ainsi chacun est à la fois débiteur et créancier ; et pour ce motif Dieu t’oblige de faire envers ton débiteur ce qu’Il fera Lui-même envers le Sien.
Il y a deux espèces d’œuvres de miséricorde qui peuvent servir à nous décharger et que le Seigneur a exprimé en peu de mots dans Son Evangile : « Pardonnez, dit-Il, et on vous pardonnera ; donnez, et on vous donnera » [3].
Pardonnez, et on vous pardonnera, voilà pour l’indulgence.
- Donnez, et on vous donnera, voilà pour la bienfaisance.
Il dit donc, à propos de l’indulgence : Tu veux qu’on te pardonne tes fautes, il est aussi des fautes que tu dois pardonner ; et à propos de la bienfaisance : Un pauvre mendie près de toi, et toi tu mendies près de Dieu.
Que sommes-nous quand nous prions, sinon les pauvres de Dieu ? Nous nous tenons, ou plutôt nous nous prosternons, nous supplions et nous gémissons devant la porte du grand Père de famille ; nous Lui demandons quelque chose, et ce, quelque chose est Dieu même.
Que te demande un mendiant ? Du pain. Et toi, que demandes-tu au Seigneur, sinon Son Christ, Lui qui a dit : « Je suis le pain vivant descendu du Ciel » [4] ?
Vous voulez qu’on vous pardonne ? Pardonnez. « Pardonnez, et on vous pardonnera ».
Vous demandez quelque chose ? « Donnez, et on vous donnera ».

Le débiteur impitoyable

   3. Qu’y a-t-il, dans des commandements aussi clairs, qui puisse fournir matière à difficulté ?
Le voici. A propos de ce pardon qui se demande et qu’on doit accorder, on peut se poser la question que se posa Pierre : «  Combien de fois dois-je pardonner ? demanda-t-il. Suffit-il de sept fois ? » Non, reprit le Seigneur, « Je ne te dis pas : sept fois, mais : septante-sept fois ».
- Compte maintenant combien de fois ton frère t’a manqué. Si tu trouves en lui septante-huit fautes, s’il en fait contre toi plus de septante-sept, tu peux donc travailler à te venger ?
Est-il bien vrai, est-il bien sûr que tu dois pardonner si on t’offense septante-sept fois, et que tu n’y sois plus obligé, si on te manque septante-huit fois ?
Je l’ose dire, je l’ose dire, t’eût-on offensé septante-huit fois, pardonne ! Oui, pardonne si on t’offense septante-huit fois. Et si c’était cent ? Pardonne encore. A quoi bon fixer un nombre et un autre nombre ? Pardonne, quelle que soit la quantité des torts. Ainsi donc, j’ose ne m’en pas tenir au nombre fixé par mon Seigneur ? Il fixe à septante-sept fois la limite du pardon, et j’oserai, moi, franchir cette limite ?
- Non, et je ne demande pas plus que Lui. Je Lui ai entendu dire, par l’organe de son Apôtre, et sans déterminer ni limite ni mesure : « Vous pardonnant les torts que l’un pourrait avoir envers l’autre, comme Dieu vous a pardonné par le Christ » [5]. Voilà le modèle.
Si le Christ ne t’a pardonné que septante-sept péchés, n’outrepassant pas cette limite, adopte-la aussi et ne pardonne pas davantage.
Mais si le Christ a trouvé en toi des milliers de péchés et les a pardonnés tous ; ne cesse pas de faire miséricorde et cherche à égaler ce nombre de pardons.
Ce n’est pas sans motif qu’Il a dit : « Septante-sept fois », puisqu’il n’est absolument aucune faute qu’on ne doive pardonner.
Ce serviteur qui était à la fois débiteur et créancier, redevait dix mille talents. Or dix mille talents me semblent figurer pour le moins dix mille péchés ; car je ne veux pas dire qu’un talent comprenne toutes les sortes de fautes.
Et combien lui redevait-on ? Cent deniers. Cent n’est-il pas plus que septante-sept ? Le Seigneur néanmoins s’irrita qu’il n’eût pas remis cette dette. C’est qu’il ne faut pas s’arrêter à voir que cent font plus que septante-sept ; cent deniers représentent peut-être mille sous. Mais qu’est-ce que cette somme devant dix mille talents ?

   4. Nous devons par conséquent être disposés à pardonner toutes les fautes qui se commettent contre nous, si nous voulons qu’on nous pardonne les nôtres. En considérant nos péchés et en comptant tous ceux que nous avons faits par action, par regard, par l’ouïe, par la pensée et par des mouvements sans nombre, je ne sais si avant de nous endormir nous ne nous trouverons pas chargés d’un talent tout entier.
Aussi nous supplions chaque jour, chaque jour nous frappons de nos prières les oreilles divines, nous nous prosternons et nous disons chaque jour : « Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés » [6].
Quelles offenses ? Toutes, ou une partie ? – Toutes, répondras-tu. Donc aussi pardonne tout à qui t’a offensé. Telle est la règle, telle est la condition que tu établis ; voilà le pacte, voilà le contrat que tu rappelles lorsque tu dis dans ta prière : « Pardonnez-nous, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés » .

Justice - vignette blogue

   5. Que signifie alors te nombre de soixante-sept ?
Prêtez l’oreille, mes frères, voici un mystère profond, un secret admirable.
C’est au moment où le Seigneur a reçu le baptême que l’Evangéliste Saint Luc, montre la succession, la série, l’arbre des générations qui conduisent jusqu’à la naissance du Christ [7]. Saint Mathieu commence à Abraham et vient en descendant jusqu’à Joseph [8]. Saint Luc, au contraire, fait son énumération en montant.
Pourquoi l’un descend-il, tandis que l’autre remonte ? C’est que Saint Matthieu appelait l’attention sur cette naissance qui fit descendre le Christ jusqu’à nous ; aussi est-ce à la naissance du Christ qu’il commence sa généalogie descendante. Mais Saint Luc commence au moment du baptême du Christ, baptême qui commence à nous relever ; c’est pourquoi sa généalogie est ascendante.
On y compte septante-sept générations.
Par où commence-t-il ? Remarquez : il commence par le Christ et remonte jusqu’à Adam, jusqu’à Adam qui a péché le premier, et nous a engendrés dans le péché. Il va donc jusqu’à Adam et énumère septante-sept générations. Ainsi du Christ à Adam et d’Adam au Christ, voilà nos septante-sept générations. Si donc il n’y en a aucune d’omise, nous ne devons laisser aucune faute non plus sans la pardonner. C’est pour ce motif qu’on trouve dans ces générations le nombre même que le Seigneur a consacré à propos du pardon des fautes ; pour ce motif encore la généalogie se fait au moment du baptême, qui efface tous les péchés.

   6. Ici encore, mes frères, admirez quelque chose de plus merveilleux. Le nombre de septante-sept, avons-nous dit, figure la rémission des péchés, et on le rencontre dans les générations qui remontent du Christ à Adam. Maintenant, examine avec un peu plus d’attention encore les mystères de ce nombre, sondes-en les profondeurs ; frappe plus vivement pour te les faire ouvrir.
La justice consiste dans la loi de Dieu, c’est incontestable, et cette loi est comprise dans dix préceptes. Voilà pourquoi le nombre de dix dans les dix mille talents que redevait le premier serviteur, comme dans ce décalogue mémorable qui fut écrit par le doigt de Dieu et donné au peuple par le ministère de Moïse, le serviteur fidèle. Les dix mille talents qui étaient dus, figurent donc tous les péchés commis contre les dix commandements.
L’autre serviteur était redevable de cent deniers : c’est encore le nombre dix ; car cent fois cent égalent dix mille, et dix fois dix égalent cent. L’un doit dix mille talents, et l’autre dix dizaines de deniers. C’est partout le nombre légal ; et de part et d’autre il exprime les péchés de chacun. Les deux serviteurs sont donc endettés l’un et l’autre ; l’un et l’autre sollicitent, implorent leur grâce. Mais le premier est méchant, il est ingrat ; il est cruel, il refuse de donner ce qu’il a reçu, il s’obstine à ne pas accorder ce qui lui a été octroyé quoiqu’il en fût indigne.

miséricorde - vignette blogue

   7. Attention, mes frères. Un homme vient de recevoir le baptême, il en sort acquitté, on lui a remis sa dette de dix mille talents ; et il lui arrive de rencontrer son compagnon qui est son débiteur. Mais qu’il prenne garde au péché !
Le nombre onze figure le péché ou la transgression de la loi, comme le nombre dix représente la loi même, composée dix préceptes.
Mais pourquoi y a-t-il onze dans le péché ?
Parce qu’en outrepassant dix, ou la règle établie par la loi, on arrive à onze, qui symbolise ainsi le péché.
Ce profond mystère apparut quand Dieu commanda la construction du tabernacle. Bien des nombres figurent alors, et tous marquent de grandes choses. Faites particulièrement attention aux couvertures de poil de chèvre ; il est ordonné d’en faire, non pas dix, mais onze [9], parce que cette sorte de voile rappelle comme l’aveu des fautes.
N’est-ce pas dire assez ? Veux-tu savoir comment tous les péchés sont compris dans ce nombre de septante-sept ?
Sept exprime souvent la totalité. Cela vient de ce que le temps roule dans l’espace de sept jours, et que ce nombre écoulé, le temps recommence pour suivre toujours le même cours. Ainsi se passent les siècles, et jamais en dehors de ce nombre de sept. Septante-sept désigne donc tous les péchés, puisque sept fois onze donne septante-sept ; et en employant ce nombre à propos du pardon des fautes, le Christ a voulu qu’on les remît toutes sans exception.
Ah ! que personne ne soit donc assez ennemi de lui-même pour les retenir en ne pardonnant pas ; ce serait forcer à ce qu’on ne lui remette pas les siennes, quand il prie.
Pardonne, s’écrie le Seigneur, et tu obtiendras ton pardon. Le premier, Je t’ai pardonné, pardonne au moins le dernier. Si tu ne pardonnes pas, Je te citerai de nouveau et J’exigerai tout ce que Je t’ai remis.
– La Vérité ne ment pas, mes frères, le Christ ne Se trompe ni ne Se laisse tromper. Or Il a terminé en disant : « C’est ainsi que vous traitera votre Père qui est dans les cieux ».
C’est ton Père, imite-Le donc. En ne L’imitant pas tu cherches à être déshérité par Lui : « Ainsi vous traitera votre Père qui est aux cieux, si chacun de vous ne pardonne à son frère du fond de son cœur » [10].
Ne dis pas du bout des lèvres : je pardonne, sans le faire dans le cœur à l’instant même.
Vois de quel supplice te menace la vengeance divine, Dieu sait avec quelle sincérité tu parles. L’homme entend ta voix, mais le Seigneur lit dans ta conscience. Si donc tu dis : Je pardonne, pardonne réellement.
Mieux valent encore des reproches sur les lèvres et le pardon dans le cœur, que des paroles flatteuses et la haine dans l’âme.

   8. Mais quel sera maintenant le langage de ces enfants indisciplinés, leur horreur pour la discipline ! Quand nous voudrons les châtier, ne diront-ils pas en se prévalant d’une autorité sainte : J’ai manqué, pardonnez-moi ? – Je pardonne.
Mais on manque encore. – Pardonne de nouveau. — Je le fais.
On pèche une troisième fois. – Une troisième fois, pardon.
A la quatrième faute, qu’il soit châtié.
Ne dira-t-il pas alors : T’ai-je offensé septante-sept fois ?
Si cette obligation endort la rigueur de la discipline, où s’arrêteront les désordres désormais sans frein ? Que faut-il donc faire ? Corrigeons par la parole, corrigeons même avec la verge, s’il est nécessaire ; mais pardonnons la faute, rejetons de notre cœur tout ressentiment.
Aussi quand le Seigneur disait : « Du fond du cœur », Il voulait que si la charité même exigeait le châtiment du coupable, la bienveillance intérieure ne fût jamais altérée.
Est-il rien de plus charitable qu’un médecin armé du fer ? A la vue du fer et du feu le malade pleure et se lamente. Le fer et le feu ne lui sont pas moins appliqués. Est-ce de la cruauté ? On ne traite pas ainsi la rigueur du médecin. Elle s’attaque à la plaie pour sauver le malade, car si on épargne l’une on perd l’autre.
Voilà, mes frères, ce que je voudrais que nous fissions envers nos frères coupables. Aimons-les de toute manière ; ne perdons jamais de notre cœur la charité que nous leur devons, et châtions-les quand il en est besoin. La discipline ne se relâcherait qu’au profit du désordre et nous mériterions d’être accusés devant Dieu, car on vient de nous lire encore ces mots : « Reprends, devant tout le monde, ceux qui pèchent, afin que les autres en conçoivent de la crainte » [11]. Il faut et il suffit, pour être dans le vrai, de distinguer les temps. Si la faute est secrète, corrige secrètement, et publiquement si elle est publique et manifeste.
Ainsi le coupable s’amendera et les autres seront saisis de crainte.

Le pardon des péchés - blogue vignette

  1.  Matth. XVIII, 22-35
  2.  Matth. XIII, 16-17
  3.  Luc VI, 37-38
  4.  Jean VI, 51
  5.  Col. III, 13
  6.  Matth. VI, 12
  7.  Luc III, 21-38
  8.  Matth. I, 1-16
  9.  Exod. XXVI, 7
  10.  1 Tim. V, 20
  11.  1 Tim. V, 20

Livre d'heures - vignette blogue

2025-173. Récapitulatif de nos publications relatives à la fête de tous les Saints.

1er novembre :
Fête de tous les Saints (double de 1ère classe avec octave commune).

Albrecht Dürer - Adoration de la Sainte Trinité

Albrecht Dürer (1471-1528) : tableau de l’adoration de la Sainte Trinité
appelé aussi retable de tous les Saints (1511)
[musée d'histoire de l'art de Vienne, Autriche]

A – Indulgence plénière applicable uniquement aux défunts accordée le jour de la Toussaint et pendant toute son octave > ici.

- Corollaire 1 : Sermon de Saint Jean-Marie Vianney, curé d’Ars, expliquant la doctrine catholique des indulgences > ici
- Corollaire 2 : Que signifie « prier aux intentions du Souverain Pontife » lorsqu’il s’agit d’obtenir une indulgence plénière > ici

B – Textes pour se préparer à la fête de tous les Saints :

- Sermon CXLI de Saint Augustin sur le Christ Vérité et Vie, qui S’est aussi fait pour nous la Voie du salut > ici
- Le fameux texte extrait de « La Cité de Dieu », sur les deux amours et les deux cités > ici

C – Le 1er novembre, jour de la fête de tous les Saints :

- Méditation pour le jour de la Toussaint > ici
- Le motet « Angeli, archangeli » d’Heinrich Isaac > ici

D – Des contes de Toussaint :

- « Des saints et des animaux » (retrouverons nous les animaux au Ciel ?) – conte en quatre parties, à partir d’ > ici
- Le conte de Saint Glinglin et de la belle Lurette (Robert Escarpit) > ici
- L’histoire de l’homme qui s’ennuyait (à partir d’une idée de Charles Péguy) > ici
-

E – Textes pour approfondir (en particulier pendant l’octave et le jour octave de la Toussaint) :

- Le 3 novembre : Sermon LXXXIV de Saint Augustin sur « les deux vies » > ici
- Le 7 novembre : Sermon LXV de Saint Augustin sur la vraie vie > ici
- Le jour octave de la Toussa
int : Comment on peut acquérir le Royaume des Cieux (texte extrait du Manuel de Saint Augustin) > ici
- Le jour octave de la Toussaint : « J’ai reçu ce qui m’était promis » (texte extrait du Pré spirituel de Jean Moschos) > ici
- Le jour octave de la Toussaint : Une B.D. sur notre vocation à la sainteté : « Camille-chenille et Edmond-papillon » > ici

F – Le 13 novembre, fête de tous les Saints de l’Ordre de Saint Augustin :

- Sermon XXXI de Saint Augustin sur les larmes et la joie des justes > ici
- La joie du Paradis (texte extrait du Manuel de Saint Augustin) > ici

A suivre :
Récapitulatif des publications de ce blogue relatives au 2 novembre (commémoraison solennelle des trépassés), au Purgatoire, aux funérailles… etc. > ici

frise gravure anges en farandole - blogue

2025-172. Où, pour la clôture du mois du Saint Rosaire, nous vous racontons comment nous avons découvert le motet « Ave gratia plena » de Cornelis Verdonck.

31 octobre,
Fête de Sainte Notburge de Cologne, vierge (cf. ici) ;
Vigile de la Toussaint (cf. ici) ;
Conclusion du mois du Très Saint Rosaire (cf. > ici).

Gravure Sainte Anne oratoire du Mesnil-Marie - blogue

Gravure de Sainte Anne avec la Vierge et l’Enfant Jésus,
dans l’Oratoire du Mesnil-Marie.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

   Ceux d’entre vous qui fréquentent, de manière régulière ou occasionnelle, notre Oratoire du Mesnil-Marie, ont peut-être prêté attention, près de l’autel de la Très Sainte Vierge Marie, à une gravure encadrée, sur laquelle est figurée Sainte Anne, en compagnie de la Vierge Marie, sa fille, et du Saint Enfant Jésus.

   Cette gravure, qui présente toutes les caractéristiques de la période maniériste ou du premier baroque, nous a été offerte par un ami, aujourd’hui défunt – hélas ! – qui l’avait chinée dans quelque brocante et avait pensé qu’elle pourrait être à notre goût. Comme elle est très correctement encadrée, dans un cadre doré simple mais élégant qui présente des marques d’ancienneté tout-à-fait charmantes, nous l’avons laissé tel quel.

   Lorsque nous nettoyâmes la vitre protectrice, nous pûmes noter l’inscription qui figure sur l’espèce de petite contremarche de la surélévation du trône sur lequel les deux saintes sont assises : « Mater mea et fratres mei hi sunt qui verbum Dei audiunt et faciunt : Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique – Luc VIII, 21″.
Nous remarquâmes aussi sur la gauche l’inscription « P Bailly excu » et sur la droite « M de Vos pinx ». S’il était aisé de comprendre que la seconde désignait le peintre dont s’est inspiré le graveur, pour nous (mais peut-être l’un de nos lecteurs saura-t-il nous éclairer), la première inscription demeure énigmatique premièrement parce que nous ne savons pas de quel mot « excu » est l’abréviation, et deuxièmement parce que s’il y a bien eu un célèbre graveur parisien du nom de Bailly l’initiale de son prénom  n’était pas « P » (si ce « P » est bien une initiale de prénom) puisqu’il se prénommait Jacques.

Gravure Sainte Anne oratoire du Mesnil-Marie - détail 2

- Jacques Bailly, dit Jacques Bailly l’Ancien, né en 1629 et mort en 1679, fut un peintre, miniaturiste et graveur français, honoré du titre de peintre du Roi. On ne trouve pas dans sa descendance d’homme dont le prénom commence par la lettre P. Pour l’anecdote, notons qu’il fut l’arrière-grand-père de Jean-Sylvain Bailly, connu pour avoir été le premier maire de Paris au moment de la grande révolution.
De toute façon, le style de la gravure présente des caractères antérieurs à 1650. Nous ignorons s’il y a eu d’autres graveurs dans cette lignée avant Jacques Bailly, tout comme nous n’avons pas trouvé – pour l’instant – d’autre graveur portant ce patronyme. 

- Maarten de Vos, en français Martin de Vos, né en 1532 à Anvers, où il est aussi mort le 4 décembre 1603, est un peintre flamand de sujets religieux, allégoriques ou historiques, et de portraits. Il est l’un des principaux représentants du maniérisme flamand et le précurseur de la grande école baroque d’Anvers. Ses œuvres ont très fréquemment servi d’inspiration pour des graveurs et des maîtres-verriers.
Son tableau « la Famille de Sainte Anne » est  daté de 1585. Il semble évident que ce tableau est l’inspirateur de notre gravure, même s’il existe de très grandes différences entre les deux.

Martin de Vos - la famille de Sainte Anne - blogue

Martin de Vos (1532-1603) : la famille de Sainte Anne (1585)
[musée des Beaux-Arts de Gand]

   1) Dans le tableau de Martin de Vos, ce n’est pas Sainte Anne qui se trouve juste à côté de la Vierge Marie, et à laquelle l’Enfant Jésus fait un câlin, mais Sainte Elisabeth, comme le prouve le jeune Saint Jean-Baptiste qui se trouve devant elle ; les deux autres femmes portant des enfants que l’on voit au premier plan sont les deux premières filles de Sainte Anne, laquelle se trouve dans la partie supérieure droite, debout, déposant la Vierge Marie, petite enfant, dans les bras de Saint Joachim.

   2) Dans notre gravure, Sainte Anne a été substituée à Sainte Elisabeth, tous les autres personnages ont été supprimés, et on a un « effet miroir » (ce qui était à droite dans l’original se retrouve à gauche et vice versa) ; cependant la parenté demeure évidente comme on peut le constater dans la position de l’Enfant Jésus, et par la grappe de raisin qu’il dépose dans la main de Sa Mère.

Gravure Sainte Anne oratoire du Mesnil-Marie - détail 1

Martin de Vos - la famille de Sainte Anne - détail

(sur ce détail du tableau de Martin de Vos nous avons fait jouer l’effet miroir)

   Vous aurez peut-être remarqué que, dans le haut de la gravure il se trouve une partition, portée par sept chérubins – deux d’entre eux portant des instruments de musique – voletant dans des nuées…

Gravure Sainte Anne oratoire du Mesnil-Marie - détail 3

   Jusqu’à l’année dernière, nous ne nous étions pas vraiment intéressés à cette partition, jusqu’à ce qu’un jeune ami, organiste, regardant de près cette gravure, nous déclarât : « Savez-vous que cette partition n’est pas du tout fantaisiste mais peut vraiment se chanter ? »
Toutefois les choses en restèrent là à ce moment.

   Puis, en juillet 2025, un autre ami, maître de chœur dans sa paroisse, venu nous rendre visite, s’est lui aussi intéressé à cette gravure et à sa partition ; mais cette fois nous eûmes le fin mot de l’affaire puisque quelques jours seulement après le passage de cet ami, il nous adressa un courriel nous annonçant avoir trouvé la réponse, m’expliquant que cette partition est celle d’un motet de Cornelis Verdonck (1563-1525), compositeur flamand de la fin de la renaissance plutôt « conservateur », c’est à dire défendant la manière de composer de la seconde moitié du XVIème siècle en relative opposition aux évolutions stylistiques qui vont donner naissance au baroque.

   La partition originale du motet « Ave gratia plena » est difficilement exploitable pour un non spécialiste de la musique médiévale. Elle se retrouve sur de nombreuses gravures religieuses flamandes de la fin du XVIème et du début du XVIIème siècle. Et notre ami nous en a envoyé la transcription selon les façons actuelles d’écrire la musique : qu’il en soit chaleureusement remercié !

Ave gratia plena Cornelis Verdonck - blogue

   Voilà donc comment la gravure ancienne qui nous a été offerte il y a de nombreuses années a été l’occasion d’une espèce de jeu de piste – dont je viens de vous donner les péripéties et maintenant résolu -, qui, en ce dernier jour du mois du Très Saint Rosaire, nous permet de méditer encore une fois les paroles de la salutation angélique - que nous récitons sur les grains de nos chapelets -, mises en musique par Cornelis Verdonck :

(faire un clic droit sur l’avatar ci-dessous, puis « ouvrir dans un nouvel onglet »)

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2025-171. Dans la situation catastrophique du monde présent, la solution ne passera que par l’agenouillement de l’intelligence dévoyée devant son Créateur.

25 octobre,
Journée particulière de prières et d’offrandes pro Rege et Francia, pour les membres de la Confrérie Royale.

       Voici le texte de la lettre mensuelle à l’intention des membres et sympathisants de la Confrérie Royale envoyée à l’occasion du 25 octobre 2025, dans le contexte si particulier de la déliquescence des pseudo institutions de la cinquième république et de la crise politique et sociale qui en résulte, pour la France, tandis que partout ailleurs aussi dans le monde, la décadence s’accélère…

Rudolf von Alt - ruines d'une église

Rudolf, chevalier von Alt (1812-1905) : ruines d’une église (1849)

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Le royaume divisé

       En temps de crise, lorsque le monde tangue et glisse vers l’abîme qui l’a toujours attiré, il est bon de se souvenir qu’un chrétien croit, à juste titre, que la terre, comme le ciel, est soumise à la volonté divine.

   Or, bien souvent, y compris ceux qui se disent les plus fidèles à la foi considèrent qu’il existe des exceptions à cette règle, non point quelques-unes, mais un nombre considérable et infini. Tel est l’héritage des Encyclopédistes qui a touché tous les esprits, même ceux qui s’en défendent, et, avant eux, de la Renaissance, époque qui a tout dissocié.

   Lorsque l’unité est cassée et que l’intelligence préfère le multiple, le signal d’alarme est tiré et l’odeur de soufre s’engouffre par la brèche. Un poème de Paul Verlaine met le doigt sur l’éclatement mortel :

   « “Le seul savant c’est encore Moïse !” / Ainsi disais-je et pensais-je autrefois, / Et quand j’y pense encore et, sans surprise / Me le redis avec la même voix, / Ma conviction, que tous les problèmes / Étalés en vain à mon œil naïf / N’ont point mise à mal, séducteurs suprêmes, / T’affirme à nouveau, dogme primitif. / La doctrine profane et l’art profane / Ont quelque bon, mais s’ils agissent seuls, / C’est comme des spectres sous des linceuls. / La Genèse est claire, elle est diaphane, / Et par elle je crois avec ardeur / En Dieu, mon fauteur et mon créateur. » (Poèmes divers, Acte de foi)

   A partir de Moïse, et ensuite grâce à l’Incarnation et à la plénitude de la Révélation, le dogme est un et toute connaissance s’attache à lui. La plénitude fut sans doute atteinte au moyen âge, avec des synthèses comme celle de saint Thomas d’Aquin. Ensuite tout s’effiloche, non pas brutalement mais presque silencieusement, chaque égratignure passant presque inaperçue sur le moment.
La vieille synthèse héritée de Dieu fut alors divisée, comme ces propriétés dont les héritiers s’opposent et se déchirent, comme ces appartements nobles et bourgeois morcelés par les bolcheviks y installant plusieurs familles séparées par des cloisons.
Ainsi les sciences se séparèrent-elles peu à peu du tronc commun.

   Avec le Christ, la science s’était attachée à la Croix qui est dressée entre le ciel et la terre, et elle remplissait sa mission en décrivant les relations entre la matière et l’esprit. Saint Ignace d’Antioche parlait de la science comme élevant

« jusqu’au faîte, par la machine de Jésus-Christ qui est sa Croix, avec le Saint-Esprit pour câble, les pierres du temple destinées à l’édifice que construit Dieu le Père. » (Lettre aux Ephésiens)

   La science devenue folle, folle d’elle-même et de sa puissance qui semble illimitée, n’édifie plus, au sens de construire et au sens d’attirer les intelligences vers le haut.

   Un homme comme Ernest Hello, bien méconnu aujourd’hui mais qui influença tant les écrivains de Dieu au XIXe et XXe siècles, alerta sur cette chaîne brisée, en vain. Le saint Curé d’Ars avait regardé Hello comme ayant reçu de Dieu le génie par ce souci de reconstituer l’unité perdue. Stanislas Fumet dit de lui, magnifiquement :

   « Il (Hello) voit. Il voit que tout s’enchaîne, que tout fait à tout “l’aumône du rayonnement”. Il constate que, dans les sphères hautes et basses, tout n’est qu’un entretien varié de Celui dont on parlait à Jérusalem depuis que ces ténèbres inexplicables étaient descendues sur la terre dans la journée du Vendredi. Il regarde et il admire. Il entend le bruit des grandes eaux qui se répondent. Il se mêle en tremblant au concert des cataractes. » (Ernest Hello ou Le Drame de la Lumière)

   Ce renouvellement de la vision de l’homme sur la Création est plus que jamais nécessaire puisque la science, désormais autonome de tout lien avec la surnature, conduit l’humanité, à une vitesse de plus en plus incontrôlable, vers des points de non-retour qui mettent en péril, non seulement sa survie, mais surtout son âme.

   Un homme comme Monseigneur Robert Hugh Benson, en 1907, avait vu clair, dans son roman dystopique The Lord of the World, en prophétisant toutes les dérives actuelles, avant même Aldous Huxley et George Orwell. Il souligne ceci à propos de ce nouveau monde qui s’est émancipé de toute dépendance :

   « C’était un monde d’où Dieu s’était retiré, mais en le laissant dans un état de profonde satisfaction de soi-même, dans un état dépourvu d’esprit comme de crainte, mais admirablement pourvu de toutes les conditions du bien-être. » (Le Maître du Monde)

   Dans une préface à son ouvrage, ce prêtre catholique converti de l’anglicanisme précise que son écrit est 

« une parabole, illustrant la crise religieuse qui, suivant toute vraisemblance, se produira dans un siècle, ou même plus tôt encore, si les lignes de nos controverses d’aujourd’hui se trouvent prolongées indéfiniment  [...] car celles-ci ne peuvent manquer d’aboutir à la formation de deux camps opposés, le camp du Catholicisme et le camp de l’Humanitarisme, et l’opposition de ces deux camps, à son tour, ne peut manquer de prendre la forme d’une lutte légale, avec menace d’effusion de sang pour le parti vaincu. »

   Hello, Benson, C.S Lewis, Chesterton, Bloy, Bernanos, Claudel, et bien d’autres, sont de ces apôtres, critiqués et méprisés pour leur « catholicisme effréné », qui ont crié que l’Evénement de la Rédemption était triomphant et qu’il était la clef de l’unité entre tous les domaines de la réalité désormais séparés par le péché d’orgueil.

   Nous nous rendons bien compte, dans la situation catastrophique du monde présent, que la solution ne passera que par l’agenouillement de l’intelligence dévoyée devant son Créateur. A chacun d’apporter sa petite contribution, sa pierre, pour l’édification de cette restauration de tout grâce à la « machine » de Notre-Seigneur.

P. Jean-François Thomas s.j.

7 octobre 2025 – Notre Dame du Très Saint Rosaire

La Croix et lys - le Puy 2019

2025-170. Etes-vous un conservateur ou bien un contre-révolutionnaire ?

23 octobre,
Octave de l’apparition de Saint Michel au Mont Tombe (cf. > ici) ;
Chez les Ermites de Saint Augustin, mémoire du Bienheureux Jean le Bon de Mantoue (cf. > ici) ;
Mémoire de la Bienheureuse Marie-Clotilde de Saint-François-Borgia et ses dix compagnes, ursulines de Valenciennes, vierges et martyres (cf. > ici) :

Mémoire de Saint Antoine-Marie Claret, évêque et confesseur.

Vignette Lys - blogue

   Nous reproduisons ci-dessous dans son intégralité le texte d’un éditorial publié en mars 2017 dans l’un des bulletins paroissiaux d’une chapelle de la FSSPX : il nous semble en effet exprimer des réflexions fort utiles et précieuses à méditer et, ensuite, à mettre en pratique dans tous les domaines de sa vie personnelle (vie spirituelle, vie religieuse, vie sociale, vie familiale, vie associative, vie politique… etc.), si on veut être véritablement cohérent.

serpent et pomme

« (…) Le monde est divisé depuis le péché de Lucifer
entre ceux qui acceptent l’autorité de Dieu et ceux qui la refusent… »

Conservateur = corrupteur

Source > ici

       « C’est une forme de modestie louable que de ne pas vouloir être excentrique…»
Les conservateurs ont des qualités, on ne peut le nier. Ils ont celle d’un certain courage, puisqu’il leur faut sans cesse s’opposer aux progressistes. Mais nous ne voulons pas ici juger de leurs intentions, ni dire en quoi ils sont excusables. Nous voulons seulement manifester le danger que courent, et font courir, les conservateurs. Non pas ceux qui cherchent la vérité et qui s’arrêtent − un temps trompé − aux seules apparences de la vérité, mais les conservateurs qui tiennent à le rester.

   
   «… Mais cette modestie est devenue impossible à pratiquer aujourd’hui ! »
Selon les faux-penseurs vrais-menteurs, le monde serait divisé en droite et gauche, conservateurs et progressistes.
C’est faux. Le monde est divisé depuis le péché de Lucifer entre ceux qui acceptent l’autorité de Dieu et ceux qui la refusent.

   
   Ceux qui acceptent l’autorité divine sont appelés contre-révolutionnaires mais ils forment ce qui a pour vrai titre : la « Tradition ». Les hommes de Tradition acceptent ce qui est transmis par les anciens parce que reçu de Dieu.
Les révolutionnaires refusent toute transmission parce qu’ils refusent de recevoir une quelconque loi.

   
   Ceux qui refusent l’autorité sont les révolutionnaires. Les progressistes sont de francs révolutionnaires : ils refusent la Tradition, et cherchent toujours et sans cesse du nouveau.
   
   Les conservateurs ne sont pas de la Tradition : ils ne cherchent pas à transmettre ce qui est divin mais à conserver un pauvre état humain.
Les conservateurs conservent un état présent. Le conservateur alimentaire maintient la viande dans un état intermédiaire entre la vie et la moisissure. L’apparence est appétissante, mais cache des principes morbides.
L’homme conservateur souhaite maintenir le monde dans un état apparent plaisant… et dans un état réel de révolution.

   
   Objectivement le conservateur est – bien souvent à son corps défendant –, un hypocrite révolutionnaire. Il conserve à la révolution une apparence sortable. Il en est le meilleur allié, nolens volens.
   
   Le conservateur est le meilleur ennemi de la Tradition. Le meilleur parce que le plus proche quant aux apparences.
Combien sont trompés ? « C’est la même messe… » Oui, mais ce n’est pas la même doctrine !
Les schismatiques aussi célèbrent la même messe. Le conservateur est ennemi de la Tradition parce que les principes du conservateur sont ceux du révolutionnaire, la logique et l’honneur en moins.

   
   Pour réduire un homme de Tradition à un conservateur, le révolutionnaire adopte une tactique très habile en disant simplement : «Venez sous mon toit, je vous laisse libre». Le révolutionnaire baisse les armes, mais n’abandonne aucunement le terrain. De quelle liberté parlons-nous ? Le révolutionnaire entend la liberté comme une indépendance de Dieu. Généreusement, il propose la liberté à la Tradition, la même liberté qu’il réclame pour toutes les erreurs, la liberté de Satan.
Si l’homme de Tradition entre dans le cercle de la liberté révolutionnaire, il sort de l’adhésion à la vérité de Dieu, l’ayant réduite à une simple opinion humaine. Il gardera longtemps peut- être les apparences de la Tradition, mais il aura accepté dans son cœur le poison de la révolution : c’est un conservateur de plus.

   
   Le conservateur a voulu sauver deux choses : les apparences et son honneur.
Malheureusement l’honneur ne se conserve pas à la sauvette. Il demande à être servi avec noblesse, franchise et force. Le conservateur espère servir en restant sortable, en étant acceptable par ceux qu’il cherche à sauver. Faux honneur, vraie trahison : pour être accepté par le révolutionnaire, qui honnit la Tradition, il a fallu cacher celle-ci. Belle noblesse, belle franchise, belle force !
La Tradition est comme une plante : à l’ombre, elle crève, doucement, insensiblement.
La Tradition transmet quelque chose. Cachée, coupée de sa source, elle n’est plus Tradition. La peau est restée, l’outre s’est vidée.

   
   Le conservateur peut s’écrier :
« Tout est sauf, fors l’honneur et la vérité ! »

Abbé Etienne de Blois, FSSPX
publié dans « Le Petit Eudiste », mars 2017.

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