Archive pour la catégorie 'Chronique de Lully'

2024-280. Leçons historiques des matines de la fête de Sainte Odile, au propre de l’archidiocèse de Strasbourg.

13 décembre,
Fête de Sainte Lucie, vierge et martyre ;
Mémoire de Sainte Odile de Hohenbourg, vierge et abbesse ;
Mémoire du 6ème jour dans l’octave de l’Immaculée Conception (cf. > ici) ;
Mémoire de la férie de l’Avent ;
Anniversaire de la naissance de SMTC le Roi Henri IV (cf. > ici).

vignette avec les symboles de Sainte Odile

       Au calendrier universel du rite romain, le 13 décembre est le jour de la fête de Sainte Lucie de Syracuse, vierge et martyre très populaire. Mais le calendrier propre de l’archidiocèse de Strasbourg célèbre le même jour la fête de Sainte Odile de Hohenbourg, sous le rit double de 1ère classe, car elle est, de par la volonté du Vénérable Pie XII (en 1946), céleste patronne de toute l’Alsace.

   La vie de Sainte Odile nous ramène aux temps mérovingiens : son père, Etichon – ou Adalric -, fut le troisième duc d’Alsace et la souche de plusieurs importantes familles nobles, dont les Habsbourg, et l’ancêtre du pape Saint Léon IX (voir ce que nous avons déjà expliqué > ici), qui canonisera Sainte Odile.
Le
Hohenbourg est aujourd’hui plus communément appelé Mont Sainte-Odile, et il est l’un des principaux lieux de pèlerinage (et sites touristiques) de la belle province d’Alsace.

Mont Sainte-Odile - blogue

Le Mont Sainte-Odile au faîte duquel la statue de Sainte Odile protège l’Alsace

vignette avec les symboles de Sainte Odile

Leçons du deuxième nocturne des matines

de la fête de Sainte Odile

(propre de Strasbourg)

Quatrième leçon :

   Odile, l’honneur et la protection de sa patrie, fut le premier enfant d’Adalric, duc d’Alsace, et de Béreswinde son épouse. Comme elle était venue au monde privée de la vue, son père la repoussa ; mais sa mère, dans un sentiment plus tendre, la confia secrètement à une nourrice.
Elle fut ensuite élevée dans le monastère de Baume, non loin de Besançon. On lui enseigna dans cet asile les saintes lettres, et elle croissait en âge et en sagesse. Déjà elle était arrivée à l’âge adulte, quand elle fut baptisée par le bienheureux évêque Erhard ; et, à ce moment, elle recouvra miraculeusement la vue.
Quelques années après, elle rentra dans la maison et dans les bonnes grâces de son père. Dans ce palais, on la vit mépriser tout ce que le monde recherche, cultiver l’amour de la pauvreté au milieu de l’opulence, garder la solitude d’une anachorète au sein même d’une cour bruyante. Elle repoussa avec constance les alliances qui lui furent offertes, et ce ne fut qu’après de longs et rudes combats qu’elle obtint enfin de son père la permission de se consacrer à Dieu avec d’autres vierges.
Adalric fit bâtir à ses frais sur le sommet d’une haute montagne une église et un monastère auquel il attacha de riches domaines, et il y installa Odile pour le gouverner.

Sainte Odile -vitrail de l'église d'Ottrott - détail

Détail d’un vitrail de l’église d’Ottrot

Cinquième leçon :

   Cet asile de sainteté était à peine ouvert que l’on vit un grand nombre de vierges y affluer : la tradition en porte le nombre à cent trente. Elles vécurent d’abord en ce lieu sans aucune règle déterminée ; imiter Odile était toute leur loi. Plus tard, les sœurs délibérèrent sur le choix qu’elles avaient à faire entre la règle monastique et la règle canoniale ; la très sage Abbesse décida la question en faveur de cette dernière, étant mue à cette résolution par les conditions particulières du lieu.
Indulgente envers toutes, Odile n’était dure qu’à l’égard d’elle-même. Du pain d’orge et de l’eau, avec quelques légumes, c’était toute la sustentation de sa vie. La contemplation des choses divines l’attirait continuellement ; elle, y consacrait la plus grande partie de la nuit ; le reste était donné au sommeil. Une peau d’ours lui servait de lit, une pierre d’oreiller.

source miraculeuse de Sainte Odile

Source miraculeuse de Sainte Odile, au pied du monastère de Hohenbourg

Sixième leçon :

   Animée d’une tendresse maternelle envers les pauvres et les malades, elle construisit un second monastère et un vaste hospice vers le bas de la montagne, afin d’y ménager à leur misère un asile plus commode. Et non seulement elle établit en cet endroit une communauté de vierges sacrées qui devaient donner leurs soins à ces infortunés ; mais elle-même les visitait chaque jour, leur servait à manger et leur prodiguait ses consolations, pansant même, sans dégoût, de ses propres mains, les ulcères des lépreux.
Enfin, pleine de mérites et d’années, et sentant sa mort approcher, elle convoqua ses religieuses dans la chapelle de Saint Jean-Baptiste, et les exhorta à demeurer fidèles à leurs saints engagements, et à ne jamais abandonner la voie qui conduit au ciel. Enfin, avant reçu dans ce saint lieu le Viatique du corps et du sang de Jésus-Christ, elle sortit de cette vie, le jour des ides de décembre, et, selon le calcul le plus probable, en l’année sept cent vingt.
Le corps de la vierge fut enseveli dans cette même chapelle ; et dès lors son tombeau commença d’être entouré de la plus grande vénération, et resplendit de l’éclat des miracles.

Tombeau de Sainte Odile

Tombeau de Sainte Odile

2024-279. La dévotion envers la Vierge immaculée doit nous conduire à l’imitation de ses vertus.

13 décembre,
Fête de Sainte Lucie, vierge et martyre ;
Mémoire de Sainte Odile de Hohenbourg, vierge et abbesse (cf. > ici) ;
Mémoire du 6ème jour dans l’octave de l’Immaculée Conception ;
Mémoire de la férie de l’Avent ;
Anniversaire de la naissance de SMTC le Roi Henri IV.

       Voici encore un très bel extrait de l’encyclique « Ad diem illum » du Saint Pape Pie X, dont nous avons déjà publié des passages fort riches (cf. iciici et > ici). Dans le paragraphe que nous vous proposons ci-dessous nous sommes exhortés à imiter les vertus dont la Vierge immaculée est le parfait exemple.

6ème jour octave immaculée illustration encyclique St.Pie X - blogue

       « Quiconque veut – et qui ne doit le vouloir ? – que sa dévotion envers la Vierge soit digne d’elle et parfaite, doit aller plus loin, et tendre, par tous les efforts, à l’imitation de ses exemples.

   C’est une loi divine, en effet, que ceux-là seuls obtiennent l’éternelle béatitude qui se trouvent avoir reproduit en eux, par une fidèle imitation, la forme de la patience et de la sainteté de Jésus-Christ : car ceux qu’il a connus dans sa prescience, il les a prédestinés pour être conformes à l’image de son Fils, afin que celui-ci soit l’aîné entre plusieurs frères (Rom. VIII, 29).
Mais telle est généralement notre infirmité, que la sublimité de cet exemplaire aisément nous décourage. Aussi a-ce été, de la part de Dieu, une attention toute providentielle, que de nous en proposer un autre aussi rapproché de Jésus-Christ qu’il est permis à l’humaine nature, et néanmoins merveilleusement accommodé à notre faiblesse. C’est la Mère de Dieu, et nul autre. Telle fut Marie, dit à ce sujet Saint Ambroise, que sa vie, à elle seule, est pour tous un enseignement. D’où il conclut avec beaucoup de justesse : Ayez donc sous vos yeux, dépeintes comme dans une image, la virginité et la vie de la Bienheureuse Vierge, laquelle réfléchit, ainsi qu’un miroir, l’éclat de la pureté et la forme même de la vertu (De Virginib., l. II, c. II).

   Or, s’il convient à des fils de ne laisser aucune des vertus de cette Mère très sainte sans l’imiter, toutefois désirons-Nous que les fidèles s’appliquent de préférence aux principales et qui sont comme les nerfs et les jointures de la vie chrétienne, Nous voulons dire la foi, l’espérance et la charité à l’égard de Dieu et du prochain. Vertus dont la vie de Marie porte, dans toutes ses phases, la rayonnante empreinte, mais qui atteignirent à leur plus haut degré de splendeur dans le temps qu’elle assista son Fils mourant.
Jésus est cloué à la croix, et on Lui reproche, en Le maudissant, de S’être fait le Fils de Dieu (Joan. XIX, 7). Marie, elle, avec une indéfectible constance, reconnaît et adore en Lui la divinité. Elle L’ensevelit après Sa mort, mais sans douter un seul instant de Sa résurrection.
Quant à la charité dont elle brille pour Dieu, cette vertu va jusqu’à la rendre participante des tourments de Jésus-Christ et l’associée de Sa Passion ; avec Lui, d’ailleurs, et comme arrachée au sentiment de sa propre douleur, elle implore pardon pour les bourreaux, malgré ce cri de leur haine : Que Son sang soit sur nous et sur nos enfants (Matth. XXVII, 25) ».

Saint Pie X,
dans l’encyclique « Ad diem illum » du 2 février 1904
pour célébrer le 50ème anniversaire de la proclamation du dogme
de la Conception immaculée de la Bienheureuse Vierge Marie.

Monogramme de Marie avec anges vitrail grisaille

2024-278. Du Bienheureux Calixte II, pape et confesseur, que l’on fête le 12 décembre.

12 décembre,
Fête de Notre-Dame de Guadalupe (cf. ici) ;
Mémoire du 5ème jour dans l’octave de l’Immaculée Conception (cf. > ici) ;
Mémoire du Bienheureux Calixte II, pape et confesseur ;
Mémoire de la férie de l’Avent.

       Le Bienheureux Calixte II est le sixième des dix-sept papes issus du territoire de notre chère France (même si, lorsqu’ils naquirent, leur lieu de naissance n’appartenait pas encore au Royaume des Lys).
Quoique court (cinq ans dix mois et onze jours), son pontificat revêt une importance de premier ordre et le place parmi les plus grands pontifes du Moyen-Age.

Vitrail du pape Calixte II dans l'abbatiale de Saint Antoine en Dauphiné

Vitrail à l’effigie du pape Calixte II
dans le chœur de l’abbatiale de Saint-Antoine en Dauphiné
dont il a célébré la dédicace le 20 mars 1119

       Fils de Guillaume le Grand (1020-1087) dit Tête-Hardie, comte palatin de Bourgogne [note : la puissante famille des comtes palatins de Bourgogne, dite aussi Maison d’Ivrée ou encore dynastie des Anscarides est alors apparentée à toutes les Maisons royales de l’époque, elle a des ascendances chez les Mérovingiens et les Carolingiens ; enfin c’est d’elle que sont issus les rois de Castille], et d’Etiennette, comtesse de Vienne, Guy de Bourgogne est né au milieu du XIème siècle (certains historiens avancent la date de 1050 mais le plus grand nombre pense plutôt que ce serait en 1060), au château de Quingey, entre Besançon et Salins, qui était alors l’un des mieux fortifiés et des plus considérables de la Comté de Bourgogne (appelée aussi Franche-Comté de Bourgogne ou encore Bourgogne palatine, qui, depuis 1032 constituait un état du Saint-Empire et le restera jusqu’en 1679).

   Avant sa naissance, la comtesse Etiennette avait reçu une sorte de révélation lui prédisant les hautes destinées que Dieu réservait à son fils : elle voua donc son nouveau-né au service divin, lui donnant le nom de Guy (en latin Vitus) au saint baptême.
L’enfant se montra dès ses premières années à la hauteur des grandes espérances qu’on avait placées en lui : intelligence précoce et prompte, adonné avec plaisir aux études, il s’attachait avec le même zèle à la piété et à l’exercice des vertus. Placé à l’école que l’archevêque Hugues de Salins avait fondée, à Besançon, sous le patronage du chapitre de Saint-Etienne, il y fit de tels progrès, en science comme en vertu, qu’il fut élevé au sacerdoce avant d’avoir atteint l’âge fixé par les canons.
Dès lors les dignités vont s’accumuler : rapidement nommé chanoine de la cathédrale Saint-Jean, puis chambellan de l’archevêque, en 1088 (il a donc alors 28 ans) il est nommé archevêque-comte de Vienne, en Dauphiné.

   « En acceptant le gouvernement de cette Eglise, Guy prit rang, malgré sa jeunesse, parmi les prélats les plus illustres et les plus influents de son siècle. Ses vertus, son caractère, son grand nom, les alliances de sa famille, contribuaient à attirer sur lui les regards de ses contemporains. Il était proche parent de l’empereur d’Allemagne et du roi d’Angleterre ; une de ses sœurs avait épousé Humbert II, comte de Maurienne, et leur fille Adélaïde devint reine de France par son mariage avec Louis VI dit le Gros. Ce n’était pas trop de tout ce que peuvent donner de plus glorieux la noblesse, la fortune, le génie et la piété, pour conjurer, par ces moyens réunis, les périls qui menaçaient l’Europe » (in « Les Petits Bollandistes » tome XIV p. 228).

Pascal II et Philippe 1er de France - Grandes chroniques de France

Le pape Pascal II et le roi Philippe 1er de France
[miniature des "Grandes chroniques de France" XIVème siècle - BNF]

   La querelle des investitures, appelée aussi lutte du Sacerdoce et de l’Empire, connaissait alors l’un de ses multiples rebondissements. Le pape Pascal II, qui avait succédé à Urbain II en 1099, fut emmené captif, avec la Curie, par l’empereur Henri V en février 1111. Des concessions réciproques furent convenues ; Pascal II fut libéré au bout de deux mois et Henri V couronné à Saint-Pierre du Vatican le 13 avril.
Toutefois, voyant qu’Henri V ne tenait pas ses promesses et se faisait plus arrogant, l’archevêque de Vienne convoqua un concile dans sa métropole pour octobre 1111. Il y fut rappelé que c’était une hérésie de croire qu’on peut recevoir des mains d’un laïque l’investiture canonique sur les abbayes, les évêchés et pour les autres dignités ecclésiastiques et Henri fut solennellement excommunié.

   « Le coup était d’autant plus hardi, que le siège de Vienne était fief de l’empire, comme dépendance de l’ancien royaume de Bourgogne, et que les ambassadeurs de Henri, présents au Concile, montraient des lettres du Pape à leur maître pour faire croire que Sa Sainteté était contente de lui » (ibid.).

   L’archevêque Guy de Bourgogne envoya à Pascal II les décrets de l’assemblée, le priant de les confirmer, ce que fit le Souverain Pontife qui convoqua à son tour en mars 1112 un concile à Rome qui frappa de nullité les investitures impériales.
La mort de la célèbre comtesse Mathilde de Toscane, qui léguait ses terres au Saint-Siège, relança le conflit, car Henri V les revendiquait arguant du fait qu’il s’agissait de fiefs impériaux. L’empereur marcha une fois de plus sur Rome, obligeant Pascal II à fuir. Il n’y put revenir qu’au début de l’année 1118, après le départ des troupes impériales, et mourut quelques jours après (21 janvier 1118).

Gélase II

Gélase II, pape du 24 janvier 1118 au 29 janvier 1119

   Son éphémère successeur, Gélase II, est élu dès le 24 janvier mais, presque aussitôt fait prisonnier par les Frangipani (puissante famille aristocratique qui prétendait régir la Ville et les élections pontificales), puis libéré par le peuple, il doit s’enfuir devant les troupes d’Henri V qui voulait que l’intronisation du Pontife se fît en sa présence, ce qui était une manière de marquer la tutelle de l’empereur sur le Siège apostolique. Devant le refus de Gélase II, Henri V, qui, selon l’expression d’un contemporain, regardait l’Eglise romaine comme un fief mouvant de son royal caprice, marcha encore une fois sur Rome pour se saisir de Gélase, et fit élire un antipape dans la personne de Maurice Bourdin, archevêque de Prague, qui prit le nom de Grégoire VIII.

   Pendant ce temps-là, Gélase II, moine bénédictin qui n’était pas prêtre, fut ordonné prêtre puis consacré évêque à Gaète, sa ville natale. Il excommunia (une fois de plus) Henri V et Grégoire VIII, put revenir brièvement à Rome en juillet 1118, mais s’y trouva en butte aux persécutions des Frangipani qui soutenaient Grégoire VIII.

   « Cette persécution obligea Gélase à quitter l’Italie ; il partit pour les Gaules et s’arrêta quelque temps à Vienne, où l’archevêque le reçut avec autant de magnificence que de respect. Le Pape se rendit ensuite à Cluny, où il se proposait de fixer son séjour, Il avait dessein d’assembler un grand concile pour terminer le différend qui durait depuis tant d’années entre le sacerdoce et l’empire. Mais la Providence en ordonna autrement. Gélase, surpris par la maladie, fut mis en peu de jours aux portes du tombeau ; après avoir reçu les derniers sacrements avec les sentiments de la foi la plus vive, il (…) mourut le 29 janvier 1119 » (ibid.).

   Les cardinaux, qui faisaient partie de la curie papale à Cluny, savaient qu’ils devaient élire un nouveau pape immédiatement après le décès de Gélase, de crainte qu’Henry n’utilisât le temps de l’élection pour étendre son pouvoir à Rome et sur l’Eglise. L’élection se fit donc lieu à l’endroit où le pape était mort, c’est-à-dire à Cluny, et le jour même de sa mort, bien que le Sacré-Collège ne fût pas au complet (il n’y avait que dix cardinaux) : Guy de Bourgogne, qui n’était pas présent, fut élu à l’unanimité (il avait été recommandé par Gélase II mourant) et apprit son élection alors qu’il était en chemin pour assister aux funérailles de son prédécesseur. Il était âgé d’environ 59 ans.

Ancienne abbaye de Cluny

   On raconte que lorsque les gens d’armes de l’archevêque-comte de Vienne apprirent son élection au Souverain Pontificat, ils s’insurgèrent contre, car ils ne voulaient pas qu’il les quittât !
L’élection fut signifiée au prélat que Gélase II avait laissé comme vicaire à Rome, lequel monta au Capitole pour en informer le peuple, qui acclama et se réjouit de cette élection.
Le couronnement de celui qui prit alors le nom de Calixte II, fut célébré dans la cathédrale Saint-Maurice de Vienne le dimanche de la Quinquagésime, 9 février 1119.

   Parmi les premières décisions de Calixte II il y eut la convocation d’un concile, à Reims, pour la mi-octobre ; d’ici là, il présida un concile provincial à Toulouse, à la mi-juin, où il condamna les erreurs des manichéens qui commençaient déjà à répandre leurs idées subversives dans les provinces méridionales ; il fut aussi à Paris, encouragea la réforme de Cluny, et la fondation des Prémontrés par Saint Norbert de Xanten qu’il rencontra à Laon, célébra les consécrations solennelles de plusieurs églises abbatiales ou cathédrales…

   Le 20 octobre 1119, Calixte ouvrit le concile de Reims : quinze métropolitains, plus de deux cents évêques d’Italie, d’Allemagne, de France, d’Angleterre et de toutes les provinces de l’Occident et un nombre équivalent d’abbés. Le nouveau pape y dénonça avec force les nominations aux charges ecclésiastiques qu’il assimila à de la simonie.
L’empereur Henri V avait promis de venir au concile, mais il ne se présenta finalement pas, malgré les tentatives de Calixte II pour le rencontrer ; il comprit même que le dessein d’Henri était de s’emparer de sa personne ! Il mit donc fin aux travaux du concile de Reims le 30 octobre en renouvelant les excommunications d’Henri et de Grégoire VIII, et, en vertu de son autorité apostolique, délia les sujets de Henri de leur serment de fidélité, à moins qu’il ne vînt à résipiscence et qu’il ne satisfît à l’Eglise.  

   Il s’attacha ensuite à rétablir la concorde entre son filleul et parent, le Roi d’Angleterre Henri 1er Beauclerc, et le Roi de France Louis VI le Gros, dont l’épouse, Adélaïde de Savoie, était une fille de sa sœur, Gisèle de Bourgogne.

Louis VI et Calixte II

Le pape Calixte II et le roi Louis VI dit le Gros
[miniature des "Grandes chroniques de France" XIVème siècle - BNF]

   Ayant mené à bien cette mission de pacification, Calixte prit alors la route de l’Italie, réglant plusieurs affaires sur sa route : en Bourgogne, à la prière de Saint Etienne Harding, abbé de Cîteaux, il confirma les règlements de cet Ordre par une bulle du 23 décembre 1119 ; deux jours après, il célébra les fêtes de Noël à Autun où il reçut la visite de Brunon, archevêque de Trêves, qui obtint le renouvellement des privilèges de son Eglise ; enfin, voulant distinguer l’Eglise de Vienne, dont il avait été l’archevêque, il lui conféra le titre de primatiale avec juridiction sur les provinces de Vienne, de Bourges, de Bordeaux, d’Auch, de Narbonne, d’Aix et d’Embrun.

   « Il traversa les Alpes et entra ensuite en Lombardie et en Toscane. Le clergé et le peuple, pressés sur son passage, ne pouvaient se rassasier de le voir. A Lucques, la milice vint à sa rencontre, et le conduisit en procession au palais de l’évêque. A Pise, il consacra solennellement la grande église que l’on venait d’élever dans cette ville. La nouvelle de son arrivée étant parvenue à Rome excita dans la ville la plus grande joie. Les citoyens, en armes, vinrent au-devant de lui jusqu’à trois journées. Les enfants, portant des branches d’arbres et semant des fleurs sur ses pas, le reçurent avec des acclamations de louanges. Il entra dans Rome la tête ceinte de la tiare, et parcourut comme un triomphateur les rues et les places, ornées de riches tapisseries. Les grecs et les latins chantaient de concert autour de lui ; les juifs mêmes applaudissaient à sa venue. Les processions étaient si nombreuses qu’elles durèrent depuis le matin jusqu’au soir. Enfin, au milieu de ces chants d’allégresse, le Pape fut conduit et installé par les magistrats au palais de Latran » (ibid.).

   Calixte ne tarda cependant pas à s’apercevoir qu’il ne serait pas en sûreté à Rome tant que son compétiteur, Grégoire VIII, continuerait ses menées. Guillaume de Normandie, duc des Pouilles et de Calabre, qu’il confirma dans ses possessions, s’offrit pour l’aider à en venir à bout : les troupes pontificales assiégèrent la forteresse de Sutri où s’était retranché l’antipape, et se saisirent de lui. Calixte II le fit enfermer dans un monastère jusqu’à sa mort (en 1122).

   Enfin, il mit un terme à la querelle des investitures : Henri V commençait à sentir le poids et les conséquences des anathèmes ecclésiastiques et accepta la négociation : ce fut la diète de Worms où, après douze jours de conférences, les plénipotentiaires parvinrent à concilier les droits et usages de l’Empire avec les droits et la liberté de l’Eglise. L’empereur renonça à l’investiture par la crosse et l’anneau, et laisserait désormais les élections libres ; mais l’évêque ou l’abbé, librement élu et sacré, devrait, en qualité de prince temporel, recevoir de l’empereur l’investiture des régales ou droits royaux par le sceptre, qui est l’attribut de la puissance humaine. Le Concordat de Worms du 23 octobre 1122, aussi appelé Pactum Calixtinum, scella cette paix retrouvée. 

Concordat de Worms - archives vaticanes

Parchemin du Concordat de Worms (archives vaticanes)

   Calixte II, au carême 1123, réunit un concile général : c’est le premier concile du Latran (du 18 mars au 11 avril 1123), neuvième œcuménique, auquel participèrent environ cinq-cents évêques, abbés ou prélats – Suger, abbé de Saint-Denis, y assista et représentait le Roi Louis VI -, qui ratifièrent le Concordat de Worms, et qui promulguèrent des canons disciplinaires notamment contre la simonie et la mainmise des laïcs sur les biens ecclésiastiques, contre le concubinage des clercs, mais aussi pour préciser les modalités des ordinations, maintenir la trêve de Dieu, octroyer des indulgences aux croisés… etc.

   Calixte II réussit également à donner à la Ville éternelle une paix qu’elle ne connaissait plus depuis longtemps. Il lutta efficacement contre le brigandage dans les Etats de l’Eglise où ils avaient pullulé en raison des désordres ; il s’imposa aux familles aristocratiques romaines, toujours trop promptes à vouloir imposer leurs ambitions au Siège apostolique ou à s’en emparer. Il remit en honneur les monuments antiques, fit édifier des aqueducs pour amener l’eau à plusieurs quartiers de la Ville, ramenant ainsi dans Rome une abondance et une splendeur oubliées.
Les pèlerins, qui craignaient moins d’être rançonnés ou maltraités par les brigands des campagnes, revinrent plus nombreux, et leurs offrandes furent employées à la restauration et à l’embellissement de la basilique Saint-Pierre qui avait beaucoup souffert pendant les années de troubles.

   « La vie privée de Calixte fut, comme sa vie publique, un modèle de sagesse et de régularité. Ses mœurs étaient si pures, que, malgré la corruption du temps, aucun soupçon ne put les atteindre. Ses contemporains louent sans restriction sa piété, son zèle, sa patience et son désintéressement. Saint Norbert, fondateur de l’ordre des Prémontrés, Saint Bernard, abbé de Clairvaux, Saint Oldegaire, archevêque de Tarragone, Pierre le Vénérable et l’abbé Suger, si célèbres, l’un dans les annales de Cluny, l’autre dans l’histoire de France, entretinrent avec lui des relations fréquentes et témoignèrent autant d’estime pour sa personne que de vénération pour sa dignité. Avec de tels auxiliaires, il n’était rien qu’un si grand Pape ne fût capable d’entreprendre et de réaliser pour le bien du monde. Et, de fait, en moins de six ans de pontificat, il avait pacifié l’univers, rétabli l’autorité de la chaire de saint Pierre et toute la splendeur de l’ordre hiérarchique, fait connaître et bénir son nom dans toutes les parties du globe » (ibid).

   Sur la fin de l’année 1124, Calixte fut pris par une fièvre violente, qui l’emporta au bout de quelques jours. Il rendit son âme à Dieu le 12 décembre, au milieu des larmes de son clergé et de son peuple.

   Quoique n’ayant jamais fait l’objet d’une cérémonie formelle de béatification, son nom fut bientôt inscrit, avec le titre de Bienheureux, dans plusieurs documents dont l’autorité est admise par le Saint-Siège, qui autorise son culte en plusieurs diocèses et lieux, ainsi que chez les Bénédictins qui le considèrent comme membre de leur Ordre, bien qu’il n’ait jamais porté la bure des fils de Saint Benoît.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.

Bienheureux Calixte II - détail du vitrail de Saint-Antoine l'Abbaye

Prière à Notre-Dame de Guadalupe :

Tableau de dévotion populaire de Notre-Dame de Guadalupe

       Notre Dame de Guadalupe, je sais avec certitude que Vous êtes la parfaite et perpétuelle Vierge Marie, Mère du vrai Dieu. Vous me montrez et m’offrez Votre amour, Votre compassion, Votre aide, Votre protection.

   Vous êtes Mère miséricordieuse, Mère de tous ceux qui Vous aiment, de ceux qui Vous implorent, de ceux qui ont confiance en Vous. Vous entendez mes pleurs et mes douleurs.
Vous soignez et allégez mes souffrances, mes besoins, mes malheurs.

   Vous me demandez de ne pas être troublé ou écrasé par mes chagrins et de ne pas craindre les maladies, les vexations, les anxiétés, les douleurs.
Vous êtes ma Mère et je suis sous Votre protection. Vous êtes ma Fontaine de vie et je me blottis dans Vos bras !

   Mère de miséricorde, avec amour, je Vous consacre tout mon être, ma vie, mes souffrances, mes joies, tous ceux que Vous m’avez confiés et tout ce qui m’appartient. Je désire être tout à Vous et marcher avec Vous sur le chemin de la sainteté.
O Vierge immaculée, écoutez la prière que je Vous adresse avec une filiale confiance, et présentez-la à Votre divin Fils.

   Notre Dame de Guadalupe, Patronne des enfants à naître, donnez-nous la grâce d’aimer, de donner, d’accueillir et de respecter la vie, dans le même amour avec lequel Vous avez conçu dans votre sein la vie de Jésus, Votre Fils bien aimé.
Sainte Marie, Reine des foyers, protégez et aidez nos familles, afin qu’elles soient toujours unies ; assistez-nous dans l’éducation de nos enfants et bénissez-les.

   Je Vous en prie, Mère très sainte, donnez-moi un grand amour de l’Eucharistie et de la confession régulière, le goût de la prière et de l’oraison, pour que je puisse apporter la paix et la joie par Jésus-Christ Notre-Seigneur qui, avec Dieu le Père et l’Esprit-Saint, vit et règne pour les siècles de siècles.

Ainsi soit-il.

roses bleu

2024-277. La Très Sainte Mère de Dieu est aussi notre Mère et la Médiatrice universelle.

12 décembre,
Fête de Notre-Dame de Guadalupe (cf. > ici) ;
Mémoire du 5ème jour dans l’octave de l’Immaculée Conception ;
Mémoire du Bienheureux Calixte II, pape et confesseur (cf. > ici) ;
Mémoire de la férie de l’Avent.

       Nous continuons notre lecture de l’encyclique « Ad diem illum » du Saint Pape Pie X, dont nous avons déjà donné des extraits (cf. ici et > ici). Dans le passage suivant le saint pontife résume l’enseignement de la Tradition concernant la maternité spirituelle de la Très Sainte Vierge Marie et sa médiation universelle.

5ème jour octave Immaculée illustration encyclique de Saint Pie  - blogue

       « Et maintenant, pour peu que nous considérions combien de motifs et combien pressants invitent cette Mère très sainte à nous donner largement de l’abondance de ces trésors, quels surcroîts n’y puisera pas notre espérance !

   Marie n’est-elle pas la Mère de Dieu ? Elle est donc aussi notre Mère.

   Car un principe à poser, c’est que Jésus, Verbe fait chair, est en même temps le Sauveur du genre humain. Or, en temps que Dieu-Homme, Il a un corps comme les autres hommes ; en tant que Rédempteur de notre race, un corps spirituel, ou, comme on dit, mystique, qui n’est autre que la société des chrétiens liés à lui par la foi. Nombreux comme nous sommes, nous faisons un seul corps en Jésus-Christ (Rom. XII, 5).
Or, la Vierge n’a pas seulement conçu le Fils de Dieu afin que, recevant d’elle la nature humaine, Il devint homme ; mais afin qu’Il devînt encore, moyennant cette nature reçue d’elle, le Sauveur des hommes. Ce qui explique la parole des anges aux bergers : Un Sauveur vous est né, qui est le Christ, le Seigneur (Luc II, 11).

   Aussi, dans le chaste sein de la Vierge, où Jésus a pris une chair mortelle, là même Il S’est adjoint un corps spirituel formé de tous ceux qui devaient croire en Lui : et l’on peut dire que, tenant Jésus dans son sein, Marie y portait encore tous ceux dont la vie du Sauveur renfermait la vie.

   Nous tous donc, qui, unis au Christ, sommes, comme parle l’Apôtre, les membres de Son corps issus de Sa chair et de Ses os (Ephes. V, 30), nous devons nous dire originaires du sein de la Vierge, d’où nous sortîmes un jour à l’instar d’un corps attaché à sa tête.

   C’est pour cela que nous sommes appelés, en un sens spirituel, à la vérité, et tout mystique, les fils de Marie, et qu’elle est, de son côté, notre Mère à tous. Mère selon l’esprit, Mère véritable néanmoins des membres de Jésus-Christ, que nous sommes nous-mêmes (S. Aug., Lib. de S. Virginitate, c. VI). Si donc la bienheureuse Vierge est tout à la fois Mère de Dieu et des hommes, qui peut douter qu’elle ne s’emploie de toutes ses forces, auprès de son Fils, tête du corps de l’Eglise (Coloss. I, 18), afin qu’Il répande sur nous qui sommes Ses membres les dons de Sa grâce, celui notamment de la connaître et de vivre par Lui (1 Joan. IV, 9) ?

   Mais il n’est pas seulement à la louange de la Vierge qu’elle a fourni la matière de sa chair au Fils unique de Dieu, devant naître avec des membres humains (S. Bède le Vénérable., l. IV, in Luc. XI), et qu’elle a ainsi préparé une victime pour le salut des hommes ; sa mission fut encore de la garder, cette victime, de la nourrir et de la présenter au jour voulu, à l’autel.

   Aussi, entre Marie et Jésus, perpétuelle société de vie et de souffrance, qui fait qu’on peut leur appliquer à égal titre cette parole du Prophète : Ma vie s’est consumée dans la douleur et mes années dans les gémissements (Ps. XXX, 11). Et quand vint pour Jésus l’heure suprême, on vit la Vierge debout auprès de la croix, saisie sans doute par l’horreur du spectacle, heureuse pourtant de ce que son Fils S’immolait pour le salut du genre humain, et, d’ailleurs, participant tellement à Ses douleurs que de prendre sur elle les tourments qu’Il endurait lui eût paru, si la chose eût été possible, infiniment préférable (S. Bonav., I Sent., d. 48, ad Litt., dub. 4).

   La conséquence de cette communauté de sentiments et de souffrances entre Marie et Jésus, c’est que Marie mérita très légitimement de devenir la réparatrice de l’humanité déchue (Eadmer, De Excellentia Virg. Mariæ, c. IX), et, partant, la dispensatrice de tous les trésors que Jésus nous a acquis par Sa mort et par Son sang.

   Certes, l’on ne peut dire que la dispensation de ces trésors ne soit un droit propre et particulier de Jésus-Christ, car ils sont le fruit exclusif de Sa mort, et Lui-même est, de par Sa nature, le médiateur de Dieu et des hommes.
Toutefois, en raison de cette société de douleurs et d’angoisses, déjà mentionnée, entre la Mère et le Fils a été donné à cette auguste Vierge d’être auprès de son Fils unique la très puissante médiatrice et avocate du monde entier (Pie IX, in Bull. Ineffabilis).

   La source est donc Jésus Christ : de la plénitude de qui nous avons tout reçu (Joan. I, 16) ; par qui tout le corps, lié et rendu compact moyennant les jointures de communication, prend les accroissements propres au corps et s’édifie dans la charité (Ephes. IV, 16).
Mais Marie, comme le remarque justement Saint Bernard, est l’aqueduc (Serm. de temp.in Nativ. B. V.,  « De Aquæductu », n. 4) ; ou, si l’on veut, cette partie médiane qui a pour propre de rattacher le corps à la tête et de transmettre au corps les influences et efficacités de la tête, Nous voulons dire le cou.
Oui, dit Saint Bernardin de Sienne, elle est le cou de notre chef, moyennant lequel celui-ci communique à Son corps mystique tous les dons spirituels (S. Bernardin de Sienne, Quadrag. de Evangelio æterno, Serm. X, a. III, c.3).
Il s’en faut donc grandement, on le voit, que Nous attribuions à la Mère de Dieu une vertu productrice de la grâce, vertu qui est de Dieu seul. Néanmoins, parce que Marie l’emporte sur tous en sainteté et en union avec Jésus-Christ et qu’elle a été associée par Jésus-Christ à l’œuvre de la rédemption, elle nous mérite de congruo, comme disent les théologiens, ce que Jésus-Christ nous a mérité de condigno, et elle est le ministre suprême de la dispensation des grâces. Lui, Jésus, siège à la droite de la majesté divine dans la sublimité des cieux (Hebr. I, 3). Elle, Marie, se tient à la droite de son Fils ; refuge si assuré et secours si fidèle contre tous les dangers, que l’on n’a rien à craindre, à désespérer de rien sous sa conduite, sous ses auspices, sous son patronage, sous sa protection (Pie IX, in Bull. Ineffabilis).

   Ces principes posés, et pour revenir à notre dessein, qui ne reconnaîtra que c’est à juste titre que Nous avons affirmé de Marie que, compagne assidue de Jésus, de la maison de Nazareth au plateau du Calvaire, initiée plus que toute autre aux secrets de Son Cœur, dispensatrice, comme de droit maternel, des trésors de Ses mérites, elle est, pour toutes ces causes, d’un secours très certain et très efficace pour arriver à la connaissance et à l’amour de Jésus-Christ ?
Ces hommes, hélas ! nous en fournissent dans leur conduite une preuve trop péremptoire qui, séduits par les artifices du démon ou trompés par de fausses doctrines, croient pouvoir se passer du secours de la Vierge. Infortunés, qui négligent Marie sous prétexte d’honneur à rendre à Jésus-Christ ! Comme si l’on pouvait trouver l’Enfant autrement qu’avec la Mère ! »

Saint Pie X,
dans l’encyclique « Ad diem illum » du 2 février 1904
pour célébrer le 50ème anniversaire de la proclamation du dogme
de la Conception immaculée de la Bienheureuse Vierge Marie.

Vignette typographique Vierge Marie attitude Médaille miraculeuse - blogue

Prière à Saint Damase (Dom P. Guéranger)

11 décembre,
Fête de Saint Damase 1er, pape et confesseur (cf. > ici).

   Voici une prière à Saint Damase, que l’on trouve sous la plume de Dom Prosper Guéranger, à la date du 11 décembre à la suite de la notice biographique consacrée à Saint Damase dans « L’Année liturgique ».

Saint Damase

       Saint Pontife Damase ! vous avez été durant votre vie le flambeau des enfants de l’Eglise ; car vous leur avez fait connaître le Verbe incarné, vous les avez prémunis contre les doctrines perfides au moyen desquelles l’Enfer cherchera toujours à dissoudre ce Symbole glorieux, dans lequel sont écrites la souveraine miséricorde d’un Dieu pour l’œuvre de Ses mains, et la dignité sublime de l’homme racheté. Du haut de la Chaire de Pierre, vous avez confirmé vos frères, et votre foi n’a point défailli ; car le Christ avait prié pour vous.

   Nous nous réjouissons de la récompense infinie que le  Prince des Pasteurs a octroyée à votre intégrité, ô Docteur vierge de l’Eglise vierge !
Du haut du ciel, faites descendre jusqu’à nous un rayon de cette lumière dans laquelle le Seigneur Jésus Se fait voir à vous en Sa gloire ; afin que nous puissions aussi Le voir, Le reconnaître, Le goûter dans l’humilité sous laquelle Il va bientôt Se montrer à nous.

   Obtenez-nous et l’intelligence des Saintes Ecritures, dans la science desquelles vous fûtes un si grand Docteur, et la docilité aux enseignements du Pontife romain, auquel il a été dit, en la personne du Prince des Apôtres : Duc in altum : avancez dans la haute mer.

Dom Prosper Guéranger o.s.b.,
in « L’Année liturgique », au 11 décembre.

clefs de l'Eglise - vignette

2024-276. La Vierge immaculée est le moyen privilégié pour connaître Jésus et pour acquérir Sa vie divine.

11 décembre,
Fête de Saint Damase 1er, pape et confesseur (cf. > ici) ;
Mémoire du 4ème jour dans l’octave de l’Immaculée Conception ;
Mémoire de la férie de l’Avent ;
Anniversaire de la publication de l’encyclique « Quas primas » (11 déc. 1925 – cf. > ici).

       En avançant dans les jours de l’octave de l’Immaculée Conception, avançons aussi dans l’approfondissement de notre dévotion mariale en continuant de lire et de méditer des passages de l’encyclique « Ad diem illum » du Saint Pape Pie X, dont nous avons déjà donné un premier extrait (cf. > ici ).

Vierge à l'Enfant type vitrail Fr.Mx.M. - blogue

       « Qu’il appartienne à la Vierge, surtout à elle, de conduire à la connaissance de Jésus, c’est de quoi l’on ne peut douter, si l’on considère, entre autres choses, que, seule au monde, elle a eu avec Lui, dans une communauté de toit et dans une familiarité intime de trente années, ces relations étroites qui sont de mise entre une mère et son fils.
Les admirables mystères de la naissance et de l’enfance de Jésus, ceux notamment qui se rapportent à Son Incarnation, principe et fondement de notre foi, à qui ont-ils été plus amplement dévoilés qu’à Sa Mère ? Elle conservait et repassait dans son cœur (Luc II, 19) ce qu’elle avait vu de Ses actes à Bethléem, ce qu’elle en avait vu à Jérusalem dans le temple ; mais initiée encore à Ses conseils et aux desseins secrets de Sa volonté, elle a vécu, doit-on dire, la vie même de son Fils.
Non, personne au monde comme elle n’a connu à fond Jésus ; personne n’est meilleur maître et meilleur guide pour faire connaître Jésus.

   Il suit de là, et Nous l’avons déjà insinué, que personne ne la vaut, non plus, pour unir les hommes à Jésus.
Si, en effet, selon la doctrine du divin Maître, la vie éternelle consiste à Vous connaître, Vous qui êtes le seul vrai Dieu, et Celui que Vous avez envoyé, Jésus-Christ (Jean XVII, 3) : comme nous parvenons par Marie à la connaissance de Jésus-Christ, par elle aussi, il nous est plus facile d’acquérir la vie dont Il est le principe et la source ».

Saint Pie X,
dans l’encyclique « Ad diem illum » du 2 février 1904
pour célébrer le 50ème anniversaire de la proclamation du dogme
de la Conception immaculée de la Bienheureuse Vierge Marie.

Monogramme de Marie vitrail avec anges - blogue

2024-275. Nous aimons écouter inlassablement : les « litaniae lauretanae » de Jan-Dismas Zelenka.

10 décembre,
Fête de la Translation de la Sainte Maison de Lorette (cf. ici) ;
Mémoire du 3ème jour dans l’octave de l’Immaculée Conception (cf. > ici) ;
Mémoire de Saint Melchiade, pape et martyr ;
Mémoire de la férie de l’Avent.

Litaniae lauretanae

       Les litanies de la Sainte Vierge, devenues litanies officielles de la Sainte Eglise romaine pour prier la Très Sainte Mère de Dieu, sont appelées litanies de Lorette (litaniae lauretanae) parce que c’est dans ce sanctuaire qu’elles ont été d’abord chantées, probablement à partir du XVème siècle, avant d’être très largement diffusées au cours du XVIIème siècle (approbation pontificale en 1601 par Clément VIII qui les intégra dans le rite romain) et de devenir particulièrement chères à la piété catholique.

   En cette fête de la Translation de la Sainte Maison de Nazareth jusqu’à Lorette, dans la Marche d’Ancône, nous vous invitons à découvrir (ou réécouter pour ceux qui le connaissent déjà) l’un des nombreux chefs d’œuvres musicaux composés pour ces litanies de Lorette, et que nous devons au merveilleux Jan-Dismas Zelenka (1679-1745) : l’âme est portée par la sublimité baroque de ces invocations égrenées de façon extatique.

(faire sur l’avatar ci-dessous un clic droit, puis « ouvrir dans un nouvel onglet »)

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   Quelle merveilleuse prière contemplative que la récitation de ces invocations magnifiant notre très douce Mère céleste auxquelles nous ajoutons inlassablement « Ora pro nobis : priez pour nous ! »

gravure du XVIIe siècle avec les invocations des litanies de Lorette

Gravure de la fin du XVIème siècle avec des invocations à la Vierge de Lorette
avant leur fixation définitive et leur intégration au rite romain

2024-274. La Très Sainte Vierge Marie est au fondement de notre foi.

10 décembre,
Fête de la Translation de la Sainte Maison de Lorette (cf. > ici) ;
Mémoire du 3ème jour dans l’octave de l’Immaculée Conception ;
Mémoire de Saint Melchiade, pape et martyr ;
Mémoire de la férie de l’Avent.

       L’octave de l’Immaculée Conception est une invitation à approfondir sans cesse les incommensurables merveilles que Dieu a accomplies en celle qui deviendrait la Mère du Verbe incarné : faisons-le aujourd’hui en relisant et méditant ces lignes du pape Saint Pie X.

Immaculée Conception - illustration  pour le 3ème jour de l'octave texte St Pie X - blogue

       « (…) Qui ne tient pour établi qu’il n’est route ni plus sûre ni plus facile que Marie par où les hommes puissent arriver jusqu’à Jésus-Christ, et obtenir, moyennant Jésus-Christ, cette parfaite adoption des fils, qui fait saint et sans tache sous le regard de Dieu ?

   Certes, s’il a été dit avec vérité à la Vierge : Bienheureuse qui avez cru, car les choses s’accompliront qui vous ont été dites par le Seigneur (Luc I, 45), savoir qu’elle concevrait et enfanterait le Fils de Dieu ; si, conséquemment, elle a accueilli dans son sein Celui qui par nature est Vérité, de façon que, engendré dans un nouvel ordre et par une nouvelle naissance …, invisible en Lui-même, Il Se rendît visible dans notre chair (S. Léon le Grand, Serm. 2 de Nativ. Domini, c. II) ; du moment que le Fils de Dieu est l’auteur et le consommateur de notre foi (Héb. XII, 2), il est de toute nécessité que Marie soit dite participante des divins mystères et en quelque sorte leur gardienne, et que sur elle aussi, comme sur le plus noble fondement après Jésus-Christ, repose la foi de tous les siècles.

   Comment en serait-il autrement ? Dieu n’eût-Il pu, par une autre voie que Marie, nous octroyer le Réparateur de l’humanité et le Fondateur de la foi ? Mais, puisqu’il a plu à l’éternelle Providence que l’Homme-Dieu nous fût donné par la Vierge, et puisque celle-ci, L’ayant eu de la féconde vertu du divin Esprit, L’a porté en réalité dans son sein, que reste-t-il si ce n’est que nous recevions Jésus des mains de Marie ?

   Aussi, voyons-nous que dans les Saintes Écritures, partout où est prophétisée la grâce qui doit nous advenir(1 Petr. I, 10), partout aussi, ou peu s’en faut, le Sauveur des hommes y apparaît en compagnie de Sa Sainte Mère. Il sortira, l’Agneau dominateur de la terre, mais de la pierre du désert ; elle montera, la fleur, mais de la tige de Jessé. A voir, dans l’avenir, Marie écraser la tête du serpent, Adam contient les larmes que la malédiction arrachait à son cœur. Marie occupe la pensée de Noé dans les flancs de l’arche libératrice ; d’Abraham, empêché d’immoler son fils ; de Jacob, contemplant l’échelle où montent et d’où descendent les anges ; de Moïse, en admiration devant le buisson qui brûle sans se consumer ; de David, chantant et sautant en conduisant l’arche divine ; d’Elie, apercevant la petite nuée qui monte de la mer. Et, sans nous étendre davantage, nous trouvons en Marie, après Jésus, la fin de la loi, la vérité des images et des oracles… »

Saint Pie X,
dans l’encyclique « Ad diem illum » du 2 février 1904
pour célébrer le 50ème anniversaire de la proclamation du dogme
de la Conception immaculée de la Bienheureuse Vierge Marie.

Monogramme de Marie couronné - vignette blogue

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