2025-155. De Sainte Pélagie d’Antioche, la comédienne aux mœurs dissolues qui fut convertie et élevée à un haut degré de sainteté.
8 octobre,
Fête de Sainte Brigitte de Suède, veuve (cf. > ici, et > ici) ;
Mémoire de Sainte Pélagie, pénitente ;
Anniversaire du rappel à Dieu de Pierre Le Gouvello de Kériolet, pénitent et prêtre (+ 8 octobre 1660 – cf. > ici) ;
Anniversaire du rappel à Dieu de Sa Grandeur Monseigneur Marie-Joseph de Galard de Terraube, comte-évêque du Puy (+ 8 octobre 1804).
Sainte Pélagie vivait à Antioche (Syrie), dans la deuxième moitié du Vème siècle, sous le règne de Théodose le Jeune (408-450).
Elle se faisait appeler Marguerite (nom qui désigne la perle précieuse) : elle était la plus connue et la plus débauchée des comédiennes de la ville, et elle avait tiré de sa vie dissolue une fortune considérable, qu’elle n’utilisait qu’à parer son corps de vêtements aussi recherchés et précieux qu’impudiques, de parfums voluptueux, et de bijoux de grands prix.
Elle possédait de nombreux esclaves et serviteurs, qui l’escortaient lorsqu’elle se promenait dans la ville en joyeuse et brillante compagnie.
Un jour qu’il avait convoqué une assemblée de quatre-vingts évêques pour régler les affaires ecclésiastiques de la région, le saint patriarche Maximien d’Antioche demanda à l’un d’eux, Saint Nonne (en grec Nonnos), évêque d’Edesse, de prêcher au peuple devant l’église Saint-Julien.
Or, comme il exhortait ses auditeurs au repentir et à l’amour de la vertu, Pélagie la pécheresse vint justement à passer devant l’assemblée, accompagnée de son cortège habituel d’adulateurs et de débauchés, tête nue et seins découverts, plus resplendissante et voluptueuse que jamais.
Tandis que les évêques présents et les gens pieux détournaient les yeux, Saint Nonne regarda cette femme en pleurant et déclara à ceux qui l’entouraient : « Malheur à nous, paresseux et négligents, qui devrons rendre compte de nos actes au jour du Jugement, car nous n’avons pas mis pour plaire à Dieu, le zèle et le soin que met cette pauvre femme à orner son corps en vue d’un plaisir passager ».
Et il passa le reste du jour à verser des larmes sur son propre sort, et à prier ardemment le Seigneur pour la conversion de cette créature.

Le dimanche suivant, Pélagie, qui n’était jamais entrée dans une église, y vint ce jour-là, poussée par un peu de curiosité… et surtout avec le dessein d’être vue, car elle n’était point encore résolue à changer de vie.
Elle se trouvait donc dans l’assistance lorsque, encore une fois à la demande du patriarche, Saint Nonne d’Edesse exhorta le peuple après le chant du Saint Evangile au cours de la Divine Liturgie.
Les paroles de l’évêque à propos de l’horreur du péché, du Jugement dernier, de l’éternité des peines de l’enfer et de la récompense des justes, non seulement tirèrent des larmes à ses auditeurs, mais pénétrèrent aussi dans le cœur de la jeune femme à la manière d’une épée effilée ; elles réveillèrent sa conscience, et suscitèrent en elle le seul véritable amour : celui de l’Epoux céleste.
De retour dans sa somptueuse demeure, elle écrivit au saint évêque, le suppliant de ne pas la mépriser, malgré ses turpitudes, et le priant, s’il était vraiment disciple de Celui qui est venu pour appeler non pas les justes mais les pécheurs à la pénitence (cf. Matth. IX,13), de la recevoir.
Saint Nonne lui fit répondre qu’il ne consentait pas à la recevoir de manière privée, parce qu’il craignait les ruses du démon et redoutait sa propre fragilité, mais que, si elle était vraiment décidée à se repentir, elle devrait se présenter à l’église, devant toute l’assemblée des clercs et du peuple pour confesser ses fautes.
Pélagie n’eut pas plus tôt pris connaissance de ce message qu’elle se précipita vers l’église dans laquelle se réunissait le synode.
Oubliant son orgueilleuse et impudique ostentation de naguère, elle se jeta à genoux aux pieds de l’évêque, confessa publiquement ses fautes avec une grande abondance de larmes, et supplia qu’on la fît renaître à la vie divine par le saint baptême, pour que le démon et l’habitude ne la rappellassent pas à sa vie de débauche.
Les évêques étaient partagés entre l’admiration d’une si spectaculaire conversion et l’obéissance aux canons de l’Eglise qui ne permettaient d’admettre au saint baptême une pécheresse publique qu’après un temps suffisant de pénitence qui manifestât, par une longue persévérance, qu’elle ne retournerait pas à sa vie de scandale.
Cependant, elle les supplia avec tant de ferveur et de contrition, qu’ils résolurent de relâcher en sa faveur la discipline ecclésiastique et de lui administrer le sacrement de la régénération.

Lorsqu’on apprit dans la ville que la comédienne était convertie, tous les chrétiens exultèrent, tandis que les libertins exprimèrent bruyamment leur regret de la perte d’une créature dont les charmes leur plaisaient si fort !
Le démon lui-même se manifesta de diverses manières pour faire sentir combien il était furieux que Saint Nonne lui eût enlevé celle qui le servait jusqu’alors si bien, et qui lui procurait tant de puissance sur de nombreuses âmes.
Pélagie fut confiée, pour un peu de temps, à une moniale de très haute vertu et d’une expérience spirituelle éprouvée, du nom de Romane : cette derbnière l’initia au combat spirituel et à la vie pénitente.
Par la prière et le signe de la Croix, Pélagie vainquit les tentations de retour à sa vie de péché, qui, bien sûr, ne n’avaient pas tardé à fondre sur elle.
Dûment exorcisée, lavée et purifiée par le saint baptême, confirmée et nourrie du Corps Très Sacré de son Rédempteur, Pélagie la régénérée, voulut rompre radicalement tout attachement au monde. Elle distribua toutes ses richesses aux pauvres et affranchit ses esclaves. Ensuite elle prit un rude cilice, changea ses vêtements féminins contre de grossiers vêtements d’homme, et quitta secrètement Antioche pour se retirer à Jérusalem, sur le Mont des Oliviers, où elle s’aménagea une petite cellule.
Pendant trois ou quatre années, elle y vécut dans les exercices de la plus grande austérité et de la plus fervente prière, sous le nom de Pélage, luttant chaque jour contre les passions qui s’étaient enracinées dans son corps. Tout le soin qu’elle avait déployé autrefois pour ses toilettes et ses parfums, elle l’employait désormais à l’ornement de son âme pour la vie éternelle.
Et bien qu’elle vécût solitaire, la renommée de sa vie pénitente exemplaire et de sa vertu se répandit parmi les ascètes de Palestine, lesquels croyaient qu’il s’agissait d’un homme.
Le diacre Jacques d’Edesse vint en pèlerinage aux Lieux Saints, et, selon les instructions reçues de Saint Nonne, son évêque, il s’enquit du pieux « solitaire Pélage », auquel il alla rendre visite.
Il eut bien du mal à reconnaître celle qui avait été d’une si resplendissante beauté, tant Pélagie était exténuée par ses austérités.
A la fin de son séjour, il revint pour avoir la consolation de lui parler une dernière fois, mais il la trouva morte. Il en avertit les autres solitaires et moines qui vinrent pour l’ensevelir, et ils furent bien étonnés d’apprendre que le saint ermite était en réalité une femme… et ce qu’elle avait été auparavant.
La nouvelle ne s’en répandit que plus vite, si bien qu’un grand nombre de religieux et de vierges des monastères et ermitages des environs de Jérusalem et de Jéricho vinrent pour sa sépulture, avec des cierges et des lampes allumés, rendant à Dieu de vibrantes actions de grâce et proclamant Ses merveilles.
Le culte de Sainte Pélagie se répandit en Orient et en Occident, et les Grecs la célèbrèrent à ce jour du 8 octobre que l’on croit être celui de son départ pour le Ciel ou celui de ses triomphantes funérailles, aux alentours de l’an 460.
Les comédiens ont tout naturellement pris pour sainte patronne Sainte Pélagie, dont deux localités, en France, revendiquent de posséder des reliques : l’abbaye de Jouarre, dans la Brie, et l’église de Mont-Saint-Jean, en Bourgogne.
Tous les fidèles, trouveront un grand profit intérieur à la prier et à lui demander des grâces de conversion (car notre conversion intérieure à la parfaite charité du Christ n’est jamais achevée), de contrition du mal commis, et d’esprit d’expiation et de réparation.
Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.
Châsse de Sainte Pélagie dans l’église Saint-Pierre et Saint-Paul de Jouarre.
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Très beau récit qui permet de faire connaissance d’une très grande sainte de la Miséricorde divine!