2025-154. Une célébration baroque de la victoire de Lépante (troisième partie) : la salle des paysages du Palais Colonna.
7 octobre,
Fête de Notre-Dame de la Victoire du Très Saint Rosaire (cf. > ici),
Anniversaire de la victoire navale de Lépante (cf. > ici) ;
Mémoire de Saint Marc, pape et confesseur ;
Mémoire des Saints Serge et Bacchus, Marcel et Apulée, martyrs.
Pour conclure nos publications au sujet des somptueux décors baroques du palais romain des Princes Colonna célèbrant la victoire de Lépante, après avoir présenté la Grande Galerie (cf. > ici), puis l’antichambre de l’Est, qui permet d’y accéder et porte le nom de Salle de la colonne bellique (cf. > ici), présentons maintenant l’antichambre située à l’Ouest de la Grande Galerie, dite Salle des paysages, en raison des tableaux bucoliques de Gaspard Dughet (1615-1675, aussi appelé Gaspard Poussin ou encore Le Guaspre), qui en tapissent les murs.
Franchissons donc son seuil, encadré, comme du côté Est, par deux colonnes en marbre jaune de Sienne.
Rome, Palais Colonna : Salle des paysages
A la voûte de cette antichambre, c’est la bataille de Lépante qui est peinte, une nouvelle fois, mais de façon davantage allégorique.
Cette œuvre, née des pinceaux de Luca Giordano (1634-1705) et Sebastiano Ricci (1659-1734), en 1693 et 1694 – c’est à dire moins d’une vingtaine d’années après les fresques de la Grande Galerie et peu d’années avant celle de la Salle de la colonne bellique – est bien caractéristique de la peinture baroque triomphale.

Au-dessus de l’entrée, on a, encore une fois, une forme d’apothéose de Marc-Antoine Colonna : ici ce n’est pas la Très Sainte Vierge Marie qui le couronne, mais une victoire ailée.
Les nuées au faîte desquelles le vainqueur de Lépante est assis, sont un chef d’œuvre de trompe-l’œil parce qu’elles forment comme un arc au-dessus de la corniche de l’entrée de la salle pour aller ensuite se confondre avec la structure architectural du sommet des murs.

Autour de Marc-Antoine, dont les traits sont ceux d’un très jeune homme, se livre un combat entre des anges et des démons, combat tel qu’on en voit plutôt habituellement sur les tableaux représentant Saint Michel.

En face de l’entrée, on peut admirer l’allégorie de la bataille : la composition de cette fresque fait que la victoire ailée, figure centrale de l’œuvre, et que l’on a vue ci-dessus dans une position descendante (tête vers le bas) vers Marc-Antoine Colonna, apparaît pour cette partie dans une position ascendante au-dessus de la scène de l’affrontement.

Sur le côté gauche de la salle, la fresque montre le héros sur un char de triomphe, roulant au milieu des nuées, entouré de figures symboliques qui l’acclament.

Tandis que sur le côté droit est figurée, dans une scène plutôt exotique, la malfaisance mahométane : on y voit un barbaresque qui violente de la main droite une femme dont il tire la chevelure, tandis qu’il tient fermement par la main gauche des chaînes auxquelles sont assujettis aussi bien des créatures humaines – soumises en esclavage, ou réduites à l’état de produits de consommation dans les harems -, que des bêtes fauves.

Au-dessus de cette scène, dans les airs, on assiste à un combat : la vérité, brandissant son flambeau, poursuit, avec une dague, l’erreur religieuse accompagnée d’une créature mi-homme mi-serpent.
La femme que le barbaresque saisit par les cheveux ainsi que l’esclave noir lèvent les yeux vers cette scène, symbolisant par là l’espérance d’être délivrés de la sujétion des païens par la victoire de la vérité catholique.

Mentionnons rapidement aussi, sans vraiment les détailler, que dans cette Salle des paysages se trouvent aussi un grand cabinet en bois d’ébène et ivoire, chef-d’œuvre des frères allemands Steinhart, orné de scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament (sur le côté gauche) et un autre cabinet, en bois de santal marqueté de pierres dures, figurant une villa romaine.
Ces deux meubles précieux sont, remarquez-le, portés par des figures d’ottomans ou de barbaresques captifs.
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Merci pour cette « visite » des peintures allégoriques de la victoire de Lépante. Splendide!
Magnifique « reportage »!