2025-108. Le 25 juillet de l’an 325 fut conclu le premier concile de Nicée.
25 juillet,
Fête de Saint Jacques le Majeur, apôtre (cf. > ici) ;
Mémoire de Saint Christophe, martyr ;
Anniversaire de la clôture du premier concile de Nicée (25 juillet 325) ;
Anniversaire de l’abjuration d’Henri IV (25 juillet 1593 – cf. > ici) ;
Anniversaire de la mort de Louis-Célestin Sapinaud de La Verrie (+ 25 juillet 1793) ;
« 25 du mois » qui, dans la Confrérie Royale » est dédié à prier davantage pour Sa Majesté le Roi et à offrir de plus généreux sacrifices à son intention.
Ce texte est, à l’origine, la lettre mensuelle aux membres et amis de la Confrérie Royale pour le 25 juillet 2025, à l’occasion du dix-septième centenaire de la clôture du concile de Nicée.
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20 mai – 25 juillet 325 :
le concile de Nicée
Du 20 mai au 25 juillet 325, pendant trois mois et cinq jours donc, dans la ville de Nicée, au nord-ouest de l’Anatolie – aujourd’hui occupée par la Turquie d’Asie -, dans les locaux du palais d’été de l’empereur Saint Constantin 1er le Grand, se tint le premier concile œcuménique de l’Eglise : un concile absolument déterminant pour l’histoire chrétienne, un concile essentiel pour la foi chrétienne.
Ce sont quelque trois-cents évêques (trois-cent-dix-huit selon une ancienne tradition, mais ce chiffre semble avoir été retenu pour faire référence aux trois-cent-dix-huit serviteurs d’Abraham, cf. Gen. XIV, 14) qui y prirent part : ces évêques étaient pour une écrasante majorité les chefs de communautés chrétiennes du pourtour de la moitié est de la Méditerranée ; il ne s’y trouvait que cinq évêques de l’Eglise latine, venus d’Occident, et le premier d’entre eux, le Pontife romain – qui était alors Saint Sylvestre 1er – en fut absent.
Du mot latin concilium, qui signifie « assemblée », le mot concile désigne une assemblée d’évêques réunis pour délibérer et statuer sur des questions dogmatiques et de discipline ecclésiastique.
L’historien Yves Chiron écrit que le but d’un concile est de « définir, préciser ou réaffirmer la doctrine de la foi, et de redresser ou réformer la discipline de l’Eglise ». On entend par « discipline de l’Eglise » toute l’organisation ecclésiastique ainsi que tout ce qui doit régler ou régir le comportement des fidèles, des clercs ou des évêques.
Les conciles produisent des textes, plus ou moins longs, qui contiennent le résultat de leurs décisions, et ces actes doivent être validés par le pape pour être promulgués. Les canons d’un concile sont les règles qu’il a édictées.
Tous les premiers conciles de l’Eglise furent convoqués par les empereurs à la suite de Saint Constantin 1er qui convoqua celui de Nicée.
Icône de facture moderne (probablement XVIIème siècle – auteur inconnu)
avec la représentation traditionnelle du concile de Nicée dans l’iconographie des Eglises d’Orient :
au centre, l’empereur Saint Constantin 1er le Grand ; il est entouré des Pères du concile,
et ils tiennent le texte du symbole de Nicée (le Credo) écrit en grec.
La tâche assignée à ce premier concile de l’Eglise n’était pas de peu d’importance : il fallait en effet répondre au mieux à des questions concernant la foi authentique de l’Eglise, fixer la date de Pâques, définir des juridictions épiscopales et élaborer des protocoles pour faire face aux schismes et dissidences qui menaçaient çà et là… etc.
Mais la question la plus pressante concernait les enseignements d’Arius (vers 250-336), éminent prêtre d’Alexandrie entré en conflit avec son évêque, Saint Alexandre d’Alexandrie (vers 250-326).
Contrairement à certaines idées reçues, Arius et Alexandre affirmaient tous deux que Jésus est le Fils de Dieu et qu’il est divin. Tous deux s’accordaient pour dire – conformément à ce qui est proclamé dans le prologue de l’Evangile selon Saint Jean – que le Verbe divin était présent à la création de l’Univers.
Leur désaccord n’avait pas trait au caractère divin de Jésus mais à la modalité de ce caractère divin, et à sa relation à Dieu le Père.
Arius soutenait qu’il « fut un temps où [Jésus] n’était pas » : un bref instant primordial où le Fils n’existait pas encore. Cette position implique que le Fils est subordonné au Père ou du moins que la divinité du Fils est contingente par rapport à celle du Père.
Saint Alexandre, en revanche, affirmait que le Fils a de toute éternité coexisté avec Dieu le Père et qu’Il lui est pleinement égal.
Les représentants de chaque faction proposaient un terme différent pour exprimer la relation entre le Père et le Fils.
Arius et ses partisans soutenaient homoiousios, mot signifiant « de substance similaire », tandis que le camp d’Alexandre exigeait homoousios, mot signifiant « de la même substance ».
On peut résumer la controverse dans son intégralité sur l’inclusion ou non d’une seule lettre grecque : la lettre iota.
On notera au passage que la traduction française officielle du symbole de Nicée, dans la liturgie réformée après le second concile du Vatican, a comporté une formulation proche de la conception arienne – « de même nature » (homoiousios) - au lieu d’utiliser le mot français « consubstantiel » - qui a été rétabli depuis peu – et qui correspond exactement à ce qu’exprime la formulation grecque homoousios.
Nous renvoyons à ce que nous avions écrit à ce sujet > ici.
Saint Constantin n’était pas un théologien mais un politique, cependant il avait embrassé avec sincérité et zèle la foi chrétienne, et en bon pragmatique il avait besoin (et tous ses peuples aussi) d’avoir une formulation exacte de la foi.
Avec les chefs ecclésiastiques d’ailleurs, il était convaincu que l’expression de la foi ne pouvait en aucune manière souffrir d’ambiguïté, et que, selon ses propres mots, « la division au sein de l’Eglise est pire que la guerre ».
Les délibérations du concile de Nicée furent marquées par de fortes tensions.
A l’occasion de la fête de Saint Nicolas (cf. >ici), nous avons rappelé cette tradition pluriséculaire selon laquelle le saint évêque de Myre, dans son zèle pour la foi exacte, aurait giflé Arius.
Nombre d’historiens modernes nient la factualité historique de cet épisode, mais ils admenttent qu’il reflète néanmoins assez fidèlement la véhémence des débats.
Représentation du concile de Nicée, avec Saint Constantin le Grand au centre
et montrant l’hérésiarque Arius terrassé
Finalement, le concile se prononça contre Arius et produisit une déclaration théologique formelle : le symbole de Nicée (plus tard complété ou précisé par les conciles qui suivirent, notamment ceux de Constantinople et de Chalcédoine), qui porte le texte original de « Expositio fidei CCCXVIII patrum : exposition de la foi des 318 Pères « .
Le vote fut massivement favorable au symbole, puisque seuls une vingtaine d’évêques s’abstinrent initialement de lui accorder leurs suffrages et qu’il n’y eut finalement qu’Arius et deux de ses alliés qui refusèrent de le signer.
Les derniers dissidents furent par la suite contraints d’y adhérer sous la pression de l’empereur Saint Constantin qui était intervenu dans sa rédaction et avait insisté sur l’inclusion du terme homoousios (« d’une même substance ») dans le texte final : notre « consubstantiel » français, via le texte latin.
Texte grec :
« Πιστεύω εἰς ἕνα Θεόν, Πατέρα, Παντοκράτορα, ποιητὴν οὐρανοῦ καὶ γῆς, ὁρατῶν τε πάντων καὶ ἀοράτων.
Καὶ εἰς ἕνα Κύριον Ἰησοῦν Χριστόν, τὸν Υἱὸν τοῦ Θεοῦ τὸν μονογενῆ, τὸν ἐκ τοῦ Πατρὸς γεννηθέντα πρὸ πάντων τῶν αἰώνων· φῶς ἐκ φωτός, Θεὸν ἀληθινὸν ἐκ Θεοῦ ἀληθινοῦ, γεννηθέντα οὐ ποιηθέντα, ὁμοούσιον τῷ Πατρί, δι’ οὗ τὰ πάντα ἐγένετο. Τὸν δι’ ἡμᾶς τοὺς ἀνθρώπους καὶ διὰ τὴν ἡμετέραν σωτηρίαν κατελθόντα ἐκ τῶν οὐρανῶν καὶ σαρκωθέντα ἐκ Πνεύματος Ἁγίου καὶ Μαρίας τῆς Παρθένου καὶ ἐνανθρωπήσαντα. Σταυρωθέντα τε ὑπὲρ ἡμῶν ἐπὶ Ποντίου Πιλάτου, καὶ παθόντα καὶ ταφέντα. Καὶ ἀναστάντα τῇ τρίτῃ ἡμέρα κατὰ τὰς Γραφάς. Καὶ ἀνελθόντα εἰς τοὺς οὐρανοὺς καὶ καθεζόμενον ἐκ δεξιῶν τοῦ Πατρός. Καὶ πάλιν ἐρχόμενον μετὰ δόξης κρῖναι ζῶντας καὶ νεκρούς, οὗ τῆς βασιλείας οὐκ ἔσται τέλος.
Καὶ εἰς τὸ Πνεῦμα τὸ Ἅγιον, τὸ κύριον, τὸ ζωοποιόν, τὸ ἐκ τοῦ Πατρὸς ἐκπορευόμενον, τὸ σὺν Πατρὶ καὶ Υἱῷ συμπροσκυνούμενον καὶ συνδοξαζόμενον, τὸ λαλῆσαν διὰ τῶν προφητῶν. Εἰς μίαν, Ἁγίαν, Καθολικὴν καὶ Ἀποστολικὴν Ἐκκλησίαν. Ὁμολογῶ ἓν βάπτισμα εἰς ἄφεσιν ἁμαρτιῶν. Προσδοκῶ ἀνάστασιν νεκρῶν. Καὶ ζωὴν τοῦ μέλλοντος αἰῶνος. Ἀμήν. »
Traduction latine :
« Credimus in unum Deum Patrem omnipotentem visibilium et invisibilium factorem.
Et in unum Dominum Jesum Christum Filium Dei, natum de Patre, hoc est de substantia Patris, Deum de Deo, Lumen de Lumine, Deum verum de Deo vero, natum non factum, unius substantiae cum Patre, quod Graeci dicunt homousion, per quem omnia factum sunt sive quae in caelo sive quae in terra ; qui propter nos homines et propter nostram salutem descendit, incarnatus est, homo factus est, passus est et resurrexit tertia die, ascendit in caelos, venturus judicare vivos et mortuos.
Et in Spiritum Sanctum.
Eos autem qui dicunt : erat quando non erat, et : priusquam nasceretur non erat, et quia ex nullis extantibus factus est, quod Graeci exuconton dicunt, vel alia substantia, dicentes mutabilem et convertibilem Filium Dei, hos anathemizat catholica et apostolica ecclesia. »
Traduction française :
« Nous croyons en un seul Dieu, Père Tout-Puissant, créateur de tous les êtres visibles et invisibles.
Et en un seul Seigneur Jésus-Christ, le Fils de Dieu, engendré du Père, unique engendré, c’est-à-dire de la substance du Père, Dieu de Dieu, Lumière de Lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré non pas créé, consubstantiel au Père, ce que les Grecs disent homoousios, par qui tout a été fait, ce qui est dans le ciel et ce qui est sur la terre, qui à cause de nous les hommes et à cause de notre salut est descendu et s’est incarné, s’est fait homme, a souffert et est ressuscité le troisième jour, est monté aux cieux, viendra juger les vivants et les morts.
Et en l’Esprit-Saint.
Ceux qui disent : il était un temps où il n’était pas, et avant d’avoir été engendré, il n’était pas, et qu’il est devenu à partir de ce qui n’était pas, ou d’une autre hypostase ou substance, ou qui affirment que le Fils de Dieu est susceptible de changement ou d’altération, ceux-là l’Eglise catholique et apostolique les anathématise.
La plus ancienne copie du Symbole de Nicée actuellement conservée
est un papyrus du VIème siècle qui se trouve
dans les collections de la John Rylands Library à Manchester.
Faisons aussi mention de quelques autres canons :
Outre l’Exposition de la foi des trois-cent-dix-huit Pères, le concile de Nicée a édicté vingt canons (ou règles) disciplinaires afin de réguler divers aspects de la vie ecclésiastique et administrative de l’Eglise. Nous ne les détaillerons pas tous ici.
Néanmoins nous voulons signaler particulièrement le canon III qui interdit aux membres du clergé (évêques, prêtres et diacres) de cohabiter avec des femmes, à moins qu’il ne s’agisse de très proches parentes comme une mère, une sœur ou une tante. Cette règle voulait ainsi prévenir les scandales et maintenir la réputation et la discipline des membres du clergé ; elle induit, de fait, que le célibat sacerdotal était une règle bien antérieure, nonobstant les affirmations de plusieurs schismatiques, hérétiques et modernistes qui prétendent que la règle du célibat ne vint que progressivement et ne fut généralisée que tardivement.
Citons aussi le canon VI qui reconnaît la prééminence régionale de certains sièges épiscopaux, tels Alexandrie, Antioche et Rome.
Enfin, mentionnons le canon XX qui rappelle qu’il n’est pas traditionnel de s’agenouiller pour la prière « le dimanches et pendant les jours de la Pentecôte » ; il ordonne « que tous les usages soient gardés de la même façon dans tous les diocèses », et donc « qu’on adresse les prières au Seigneur en restant debout ».
Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.
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