2025-58. Nuit du 7 au 8 mars 1625 : découverte de la statue miraculeuse de Sainte Anne par Yvon Nicolazic.

Nuit du 7 au 8 mars 1625 :
découverte de la statue de Sainte Anne par Yvon Nicolazic.

Yvon Nicolazic découvre la statue de Sainte Anne 7-8 mars 1625

Vitrail de la chapelle des Carmes, à Rennes :
découverte de la statue de Sainte Anne par Yvon Nicolazic

       La fête de Sainte Anne, fixée au 26 juillet, n’est entrée au calendrier de l’Eglise universelle qu’en 1584 à l’instigation du pape Grégoire XIII (1502-1585).
En 1622, le pape Grégoire XV (1554-1523), guéri d’une grave maladie par l’intercession de Sainte Anne, fit de la fête de cette dernière une fête de précepte (jour chômé, prohibition des tâches serviles, assistance à la Messe et aux vêpres obligatoire).
L’année suivante, dans le diocèse de Vannes, à moins d’une lieue au nord de la ville d’Auray, au hameau de Ker Anna, sur la paroisse de Pluneret, Sainte Anne commença à se manifester à un cultivateur du nom d’Yvon Nicolazic (1591-1645), homme de grande piété.

   Yvon Nicolazic, est né à Ker Anna le 3 avril 1591. C’est un cultivateur relativement aisé, apprécié de tous en raison de sa foi profonde qui déborde en actes authentiques de justice et de charité envers son prochain. Il ne connaît pas le français et ne sait ni lire ni écrire. Marié à Guillemette Le Roux, ils n’ont pas pu avoir d’enfants.

   A la suite de son père, Yvon tient en fermage un champ que l’on appelle le Bocenno, à la sortie ouest de Ker Anna : on raconte qu’à l’emplacement de ce lopin sur lequel les bœufs refusent d’avancer pour labourer – et qu’il faut donc travailler à la main -, il y aurait eu jadis une chapelle en l’honneur de Sainte Anne : le nom de Ker Anna (la maison d’Anne) que porte le hameau en est un souvenir.
Le père d’Yvon en a extrait de nombreuses pierres taillées avec lesquelles il a bâti une grange de belle taille à côté de sa maison.

Maison de Nicolazic

   Dans la nuit du 12 août 1623, Yvon est réveillé par une éclatante lumière qui inonde sa chambre. Stupéfait, il constate qu’elle émane d’un très gros cierge suspendu en l’air, comme tenu par une main invisible. Un peu effrayé, il se met à genoux et commence la récitation du chapelet : si ce phénomène vient du diable, il cessera…
Six semaines plus tard, l
e 24 septembre, alors que la nuit tombe, Yvon est encore au travail au Bocenno, et il revoit le cierge mystérieux éclairer le champ.
Et il en sera ainsi pendant une année et demi : la mystérieuse lumière revient auprès d’Yvon ; elle l’accompagne, tous les soirs ou presque. Son beau-frère en est le témoin.
Rien d’autre… jusqu’au mois de juillet 1624.

   Un soir de juillet 1624 donc, alors qu’Yvon et son beau-frère sont en train de faire boire leurs bêtes, le cierge leur apparaît encore une fois, mais ce soir-là ils peuvent voir la main qui le tient : c’est une main féminine. Ils sont un peu effrayés.
Yvon se demande si ce n’est pas sa défunte mère qui reviendrait pour demander des prières.
Cependant, le 25 juillet au soir, alors qu’il rentre d’Auray, Yvon Nicolazic s’entend appeler, et c’est une voix féminine. Ce n’est toutefois pas celle de sa mère.

   Arrivé chez lui, il s’isole dans la grange – celle que son père a construite avec les pierres extraites du Bocenno – afin de réfléchir à tout cela.
Il s’agenouille et commence son chapelet, quand soudain, toute de blanc vêtue, une Dame rayonnante de clarté se trouve devant lui, debout sur un petit nuage. Dans son dialecte vannetais, elle lui déclare : « Ne craignez rien, Yvon. Je suis Anne, Mère de Marie. Allez dire à votre recteur que, dans la pièce de terre appelée Bocenno existait avant tout village une chapelle qui m’était dédiée, la première bâtie en mon honneur par les Bretons. Voilà 924 ans et six mois qu’elle est en ruines. Je désire qu’elle soit rebâtie au plus tôt et que vous en preniez soin : Dieu veut que j’y sois honorée ».

25 juillet 1624 appartion de Sainte Anne

Au soir du 25 juillet 1624, Sainte Anne se montre enfin
et demande que la chapelle placée sous son vocable
mais détruite depuis plus de neuf siècles soit reconstruite.

   Les indications sont très précises, tout en confirmant les anciennes traditions locales : 924 ans et 6 mois, cela veut dire au début de l’an 700, période où en effet les relations entre les Bretons d’Armorique et le royaume mérovingien ont été émaillées de nombreux moments de troubles et de raids dévastateurs dans le Broërec, le pays d’Auray.
Yvon appréhende d’aller trouver le recteur de Pluneret : Don Sylvestre Rodué n’est pas un homme qui s’en laisse compter, et il sait faire montre d’un authentique mauvais caractère…
Sainte Anne revient. Elle insiste : « Ne craignez point et ne vous mettez pas tant en peine. Dites en confession ce que vous avez vu et entendu et ne tardez plus à m’obéir. Conférez-en aussi avec quelques hommes de bien pour savoir comment vous y prendre ».
Cela devrait rassurer le prêtre : le diable, en effet, n’incite pas à aller à confesse !
Pourtant, le recteur éconduit vertement Yvon Nicolazic, si bien que celui-ci n’a nulle envie de se hasarder à une nouvelle tentative : « Chat échaudé craint l’eau froide » !

   Sainte Anne insiste encore : « Ne vous souciez pas de ce que diront les hommes. Faites ce que je vous ai dit et, pour le reste, reposez-vous-en sur moi ».

   Pendant sept semaines, Yvon fait le sourd, autant qu’un Breton peut le faire quand il n’est pas disposé à céder.
Mais sainte Anne lui dit : « Consolez-vous car l’heure viendra où tout ce que je vous ai dit s’accomplira ».
Il ose répliquer : « Vous savez bien, ma bonne Maîtresse, les difficultés que fait notre recteur et ses reproches quand je lui ai parlé de votre part. Je n’ai pas de quoi vous bâtir une chapelle, même si je serais content de vous donner pour cela tout mon bien ».
- « Ne vous inquiétez pas, je vous donnerai de quoi débuter les travaux et rien n’y manquera jamais pour l’achever.
[…] Ne tardez pas à commencer. Vos impuissances n’empêcheront pas mes desseins.
[…] Les prodiges en mon pouvoir feront confesser aux plus mécréants que vous êtes mon instrument.
[…] Ne vous mettez pas en peine de m’alléguer votre pauvreté, je la connais assez, mais tous les trésors du Ciel sont dans mes mains ».

   Pour le prouver, sainte Anne multiplie les prodiges au Bocenno : des prodiges qui sont vus de tout le voisinage : cierges incroyablement brillants, colonne de feu, pluie d’étoiles filantes…

Sainte Anne multiplie les signes pour attester de la vérité des apparitions

   Mais l’irascible et entêté recteur ne veut rien entendre.
Le 3 mars 1625, Sainte Anne transporte miraculeusement Yvon au Bocenno, où il entend le chœur des anges. L’aïeule de Jésus lui répète de prévenir « les gens de bien » et le recteur, qui seront témoins de la découverte de son « ancienne image ».

   Excédé par cette histoire, Don Sylvestre hurle qu’il y a déjà trop de chapelles dans le pays et qu’il n’est pas question d’en rajouter.
Les capucins d’Auray, pris pour arbitres, conseillent à Yvon Nicolazic de réclamer un signe : signe aussitôt obtenu car le 7 mars, dans la chambre d’Yvon, sa femme découvre, bien soigneusement empilés sur la table, douze quarts d’écus qui n’ont été apportés par personne, tandis que par ailleurs Monsieur de Kerleguer, propriétaire du Bocenno, promet d’en faire don à Sainte Anne.

   Enfin, vers 23 heures, dans cette nuit du 7 au 8 mars 1625, Sainte Anne prie son messager d’aller réveiller ses voisins et de se rendre avec eux au Bocenno, munis de bêches.
Il obéit, on le suit, ou plutôt, l’on suit le cierge qui les guide dans les ténèbres, jusqu’à un certain endroit où son invisible porteur le lève et l’abaisse par trois fois pour indiquer un emplacement précis où le cierge s’enfonce dans la terre : on creuse et on découvre une statue de femme, haute de trois pieds (soit environ un mètre), en bois olivier.
L’image est « fort mutilée et gâtée » mais elle garde des traces de polychromie blanche et bleue.

Dans la basilique lieu de la découverte de la statue de Sainte Anne

Dans l’actuelle basilique de Sainte-Anne d’Auray,
le lieu de la découverte de l’antique statue de Sainte Anne par Yvon Nicolazic,
dans la nuit du 7 au 8 mars 1625,
est signalé par ce bas-relief au pied d’un des piliers du côté droit du chœur.

   Le clergé, qui connaît le pays et son histoire, s’interroge : cette statue est-elle véritablement celle de Sainte Anne, ou bien serait-ce une idole païenne ? Il reste donc d’abord dans une prudente réserve.
La statue découverte dans cette nuit du 7 au 8 mars 1625 est déposée debout sur une motte et abritée par des branchages : très modeste oratoire devant lequel le bon peuple fidèle, lui, vient très vite – et en foule ! – pour se recueillir et demander des grâces.
Le recteur de Pluneret est hors de lui : il vient sur les lieux et s’emporte en voyant la bassine de cuivre qui a été placée là par Monsieur de Kerleguer, le propriétaire du terrain, pour recueillir les offrandes des fidèles : il a d’ailleurs été le premier à donner l’exemple et à y déposer une somme généreuse.

   Un prodige va survenir le dimanche après la découverte : un incendie se déclare chez les Nicolazic. La lueur de l’incendie et la fumée font accourir les habitants de Ker Anna, avec leurs seaux et leurs baquets. C’est la grange qui brûle, qui brûle si bien que les murs, construits on s’en souvient avec les pierres de l’antique chapelle, sont totalement détruits, signe que ces pierres ne devaient plus servir à un usage profane. En revanche, toute la récolte de foin qui y était renfermée a été épargnée par les flammes : fait inexplicable par la raison humaine.
Sainte Anne ne voulait simplement pas spolier son confident.

Vitrail représentant Yvon Nicolazic

   L’évêque de Vannes, Monseigneur Sébastien de Rosmadec, se saisit du dossier et instruit l’affaire.
Après les interrogatoires d’usage du voyant et des témoins, constatant aussi les grâces qui se multiplient, et déjà certaines guérisons inexplicables, il conclut à la véracité des apparitions. A la fin de l’année 1625, il publie un mandement reconnaissant leur caractère surnaturel.
Les travaux commencent.

   Tel un sceau céleste sur les événements, après quinze ans d’une union stérile, Yvon et Guillemette Nicolazic vont avoir la joie d’être parents de deux enfants, qui vont naître entre le début et la fin du chantier : délicatesse bien digne de Sainte Anne, qui pour avoir connu la douleur de la stérilité, est secourable aux couples privés de progéniture.

   La première messe dans la chapelle primitive (qui sera agrandie plusieurs fois jusqu’à la construction de l’actuelle basilique) fut célébrée par ordre de Monseigneur de Rosmadec dès le 26 juillet 1625 : le pèlerinage était officiellement lancé…

   Quant au recteur de Pluneret, il ne faut pas omettre de signaler qu’il vint humblement faire amende honorable auprès de Sainte Anne et devint un fervent et zélé dévot de son jeune sanctuaire.

fragment de la statue découverte par Yvon Nicolazic sauvé des flammes

Fragment de la statue découverte par Yvon Nicolazic
dérobé aux flammes dans lesquelles les terroristes révolutionnaires l’ont détruite,
et inséré dans le socle de la statue réalisée en 1825 pour la remplacer.

   On sait que, malheureusement, la statue que Sainte Anne elle-même a voulu voir ressortir de terre par le moyen d’Yvon Nicolazic a été brûlée par les révolutionnaires. Seul un fragment du visage a pu être dérobé à leur fureur iconoclaste : il se trouve aujourd’hui placé dans le socle de la nouvelle statue sculptée en 1825, deux siècles exactement après la découverte de la statue originelle.

   Cette statue de 1825, désormais célèbre dans le monde entier, pour être davantage protégée et mieux conservée, a fait l’objet d’une copie rigoureusement exacte au moyen des techniques modernes les plus précises qui a été présentée à l’occasion des cérémonies du quatrième centenaire de la découverte de 1625, et c’est cette copie qui sera dorénavant portée en procession à l’extérieur.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.

Procession de la statue de Sainte Anne le 26 juillet

Procession traditionnelle avec la statue de 1825 lors du pardon du 26 juillet.

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1 Commentaire Commenter.

  1. le 8 mars 2025 à 8 h 42 min Goës écrit:

    Très belle histoire !
    Le Prince (Louis XX) est venu, il y a quelques années, à Sainte Anne d’Auray.

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