2025-51. L’Edit de Thessalonique : 27 février de l’an 380.

27 février,
Au diocèse de Viviers : fête de la dédicace de la cathédrale Saint Vincent (double de 1ère classe avec, en dehors du carême, octave commune – cf. > ici) ;
Ailleurs : fête de Saint Gabriel dell’Addolorata (cf. ici et ici) ;
Anniversaire de la signature de l’Edit de Thessalonique par Saint Théodose 1er le Grand (27 février 380).

Saint Théodose et l'édit de Thessalonique - blogue

       Dans une publication qui se trouve dans les pages de ce blogue, nous avons déjà donné un aperçu de la vie de Saint Théodose 1er le Grand (voir > ici) et nous y avons mentionné les circonstances dans lesquelles, à Thessalonique, où il est arrivé en juin 379, il signa, au troisième jour des calendes de mars (c’est-à-dire le 27 février) de l’an 380, l’Edit de Thessalonique.

- A qui s’adresse cet édit et que contient-il ?

   Cet édit s’adresse en priorité aux habitants de Constantinople, dont Théodose veut faire sa résidence impériale, ville dans laquelle il n’est pas encore entré, ville agitée par de constants débats théologiques (en particulier entre ceux qui professent la foi de Nicée et les ariens) lesquels dégénèrent fréquemment en affrontements physiques et en troubles urbains, ville dont l’évêque, Démophile, est arien.
Théodose souhaite donc y rétablir la paix avant de s’y installer.

   L’édit qu’il signe ce 27 février 380 constitue la première loi séculière connue qui comporte en son préambule la définition de l’orthodoxie théologique qu’un prince romain chrétien doit professer, à la tête de ses peuples pour lesquels il énonce avec précision « ce qu’il faut croire ».
Ce faisant, il dénonce l’hérésie et annonce la sanction de ceux qui la professeront. 

   Théodose, par le biais de cette législation politique, tente l’unification doctrinale des chrétiens et, par ce moyen, cherche la pacification civile, en énonçant avec précision « ce qu’il faut croire ».

monnaie de Théodose

Monnaie de Théodose

- Texte de l’Edit de Thessalonique :

En latin :

   « GR(ATI)IANUS, VAL(ENTINI)ANUS ET THE(O)D(OSIUS) AAA. EDICTUM AD POPULUM VRB(IS) CONSTANTINOP(OLITANAE).
Cunctos populos, quos clementiae nostrae regit temperamentum, in tali volumus religione versari, quam divinum Petrum apostolum tradidisse Romanis religio usque ad nunc ab ipso insinuata declarat quamque pontificem Damasum sequi claret et Petrum Aleksandriae episcopum virum apostolicae sanctitatis, hoc est, ut secundum apostolicam disciplinam evangelicamque doctrinam patris et filii et spiritus sancti unam deitatem sub pari maiestate et sub pia trinitate credamus.
Hanc legem sequentes Christianorum catholicorum nomen iubemus amplecti, reliquos vero dementes vesanosque iudicantes haeretici dogmatis infamiam sustinere ‘nec conciliabula eorum ecclesiarum nomen accipere’, divina primum vindicta, post etiam motus nostri, quem ex caelesti arbitro sumpserimus, ultione plectendos.
DAT. III Kal. Mar. THESSAL(ONICAE) GR(ATI)ANO A. V ET THEOD(OSIO) A. I CONSS.
 »

Traduction française :

   « Les empereurs Gratien, Valentinien et Théodose, Augustes. Edit au peuple de la ville de Constantinople.

Nous voulons que tous les peuples gouvernés par la juste mesure de Notre Clémence vivent dans la religion que le divin apôtre Pierre — comme le proclame cette même religion, introduite par lui et continuée jusqu’à nos jours — a transmise aux Romains et que suivent, de toute évidence, le pontife Damase et Pierre, l’évêque d’Alexandrie, homme d’une sainteté apostolique. Ainsi, selon la discipline apostolique et la doctrine évangélique, nous devons croire que le Père, le Fils et l’Esprit Saint sont une seule Divinité, invoquée comme égale Majesté et Trinité bienveillante.
Nous ordonnons que ceux qui suivent cette loi prennent le nom de chrétiens catholiques. Quant aux autres, nous considérons qu’ils encourent, par leur folie et leur égarement, l’infamie attachée aux doctrines hérétiques, que leurs 
petits groupes ne méritent pas le nom d’Eglises et qu’ils seront frappés, d’abord par la vengeance divine, ensuite par un châtiment dont, en accord avec la décision céleste, nous prendrons l’initiative.
Donné le troisième jour des calendes de mars, à Thessalonique, sous le cinquième consulat de Gratien Auguste et le premier de Théodose Auguste. »

Concile de Nicée avec Saint Constantin et Arius terrassé

Saint Constantin présidant le concile de Nicée
entouré des saints Pères conciliaires, et, en bas, Arius terrassé
(peinture murale d’un monastère des Météores, en Grèce)

- Leçons et conséquences de l’Edit de Thessalonique :

   On le voit, il s’agit d’affirmer sans ambiguïté ce qui a été défini au premier concile de Nicée, premier concile général des évêques de l’Empire romain, qui s’est tenu à Nicée (aujourd’hui Iznik, en Turquie), du 20 mai au 25 juillet 325, sous l’égide de l’empereur Saint Constantin 1er le Grand, afin de résoudre les problèmes dogmatiques et disciplinaires qui divisaient alors les Eglises.

   Mais, en vérité, le concile de Nicée n’a pas éteint les querelles.
D’une certaine façon même, il les a amplifiés, parce que les évêques ariens ne se sont généralement pas soumis et ont persécuté les « nicéens » avec davantage d’âpreté ; tandis que les évêques professant la saine doctrine voyaient leur autorité contestée et se trouvaient bien souvent dans l’impuissance de faire appliquer les canons de Nicée.

   Professant de façon ferme la foi de Nicée (quand, après sa guérison, au mois de septembre suivant, il recevra le saint baptême, rappelons-le, Théodose s’assurera auparavant que l’évêque Acholius de Thessalonique ne soit pas infecté par l’arianisme), Théodose statue que les « nicéens » sont les véritables chrétiens, les catholiques (c’est-à-dire « universels »), et que les tenants de l’arianisme sont des hérétiques dont les groupes ne méritent pas de porter le nom d’ « Eglises ».   

Philippe de Champaigne -le denier de César - Montréal musée

Philippe de Champaigne (1602-1674) : le denier de César (vers 1663-1665)
[musée des beaux-arts de Montréal, au Québec]

   Le but de Théodose n’était pas de s’ériger en docteur ou théologien, ni d’exercer l’autorité impériale sur les affaires religieuses, mais de mettre l’autorité impériale au service de l’autorité spirituelle.
Parce que s’il faut rendre à César ce qui est de lui et à Dieu ce qui Lui appartient, il n’en demeure pas moins que César a des devoirs envers Dieu, non seulement en tant que personne privée, mais aussi en sa qualité de César.
Cela apparaît clairement dans le fait que, dès après son entrée à Constantinople, Théodose y convoqua le second concile général (ou œcuménique), qui se réunit en 381, et au cours duquel les Pères conciliaires arriveront à une définition plus précise de la foi catholique, en perfectionnant le symbole de Nicée : c’est pour cela que l’on parle du symbole de Nicée-Constantinople.

   C’est l’empereur qui, avec l’accord du Pontife romain, convoque le concile, et ce sont les évêques qui énoncent les vérités de la foi : la puissance impériale est bien au service de la puissance spirituelle et ne s’immisce pas dans ses compétences propres, puis, une fois que les évêques ont défini ce qui est « catholique », la puissance impériale se met encore à son service pour extirper l’erreur et l’hérésie, tandis que les canons conciliaires deviennent lois de l’Empire.

   Le 24 novembre 380, Théodose fait son entrée solennelle dans Constantinople, et il ordonne la mise en application de l’Edit : deux jours après son arrivée, l’évêque arien Démophile est déposé. Il sera remplacé par Saint Grégoire de Nazianze (cf. ici). Les ariens perdent la liberté de réunion, ils seront bientôt expulsés des villes, leurs églises leur sont enlevés et le clergé hérétique sera remplacé par de solides hiérarques catholiques.
L’hérésie devient un crime contre la société chrétienne parce que l’Empire est chrétien : la norme doctrinale est érigée en règle du bon fonctionnement de la société civile. C’est ainsi que le christianisme nicéen est devenu religion d’Etat, d’une façon somme toute logique et naturelle, parce que conforme à l’Ordre voulu par Dieu : cela sera consacré par l’Edit de Constantinople du 30 juillet 381.

   La législation abolissant les cultes païens et interdisant les comportements païens, fermant les temples et mettant fin aux fêtes athlétiques procèdera de la même logique, et ce fut un grand progrès pour la société civile et pour favoriser le salut des âmes et leur sanctification.

la religion terrassant l'hérésie Jean Hardy 1688 - musée du Louvre

Jean Hardy (1653-1737) : la religion terrassant l’hérésie (1688)
[musée du Louvre]

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2 Commentaires Commenter.

  1. le 27 février 2025 à 14 h 27 min Goës écrit:

    Belle page de l’histoire de l’église.

  2. le 27 février 2025 à 6 h 36 min Abbé Jean-Louis D. écrit:

    Belle page de l’histoire de l’Eglise en sa croissance!

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