2025-31. La « Grotte de Lourdes » érigée dans les jardins du Vatican, et ses liens avec la France.
11 février,
Fête de l’apparition de la Vierge Immaculée à Lourdes (double majeur).
Carte postale reproduisant une photographie de la grotte de Massabielle, à Lourdes, en 1858,
et paroles de la Très Sainte Mère de Dieu prononcées lors des apparitions.
J’espère que vous connaissez tous, chers Amis, le récit des apparitions de la Très Sainte Vierge Marie à Lourdes, du 11 février au 16 juillet 1858, et peut-être vous êtes-vous déjà rendus en pèlerinage à Lourdes.
Mon papa-moine s’y est rendu à plusieurs reprises. La dernière fois, ce fut dans les derniers jours de janvier et les premiers de février, en 2008 (année jubilaire du cent-cinquantième anniversaire des apparitions) : il y allait spécialement pour demander à Notre-Dame un lieu pour y implanter le Refuge Notre-Dame de Compassion, et exactement trois semaines plus tard (trois fois sept : c’est important en numérologie sacrée) il visitait ce lieu qui est devenu aujourd’hui le Mesnil-Marie, ainsi que mon illustre prédécesseur feu le Maître-Chat Lully, vous l’a déjà raconté (cf. > ici).
Mais il me faut revenir au propos qui est annoncé par le titre de la chronique de ce jour…
Carte postale montrant l’état des aménagements de la grotte de Massabielle,
au début du XXème siècle : le premier autel fixe – que l’on voit ici – y fut placé en 1908.
Le Bienheureux Pie IX (+ 7 février 1878), dont la définition dogmatique de la Conception sans tache de de la Mère de Dieu, en 1854, avait été confirmée quatre ans plus tard par l’apparition de Lourdes, eut bien sûr une profonde dévotion envers Notre-Dame de Lourdes.
Son successeur, Léon XIII (pape de 1878 à 1903), avait lui aussi une dévotion spéciale pour la Madone pyrénéenne, au point qu’il exprima le désir d’avoir, dans les jardins du Vatican, une reproduction de la grotte de Lourdes.
Insistons au passage sur le fait que, depuis le sinistre 20 septembre 1870 (cf. >ici), les papes se trouvaient spoliés de leurs Etats légitimes et qu’ils étaient, de fait, comme prisonniers dans la Cité vaticane, seule partie du Patrimoine de Saint-Pierre sur laquelle les francs-maçons qui avaient été à la manœuvre dans la création du royaume d’Italie n’avaient pas porté la main. Dans ce contexte, où les Souverains Pontifes ne paraissaient même plus à la loggia de la façade extérieure de la basilique Saint-Pierre pour donner leur bénédiction, il était évidemment inimaginable qu’un pape voyageât et pût se rendre en pèlerinage à Lourdes, comme certains de leurs successeurs le purent faire après les Accords du Latran (11 février 1929) qui réglèrent la Question romaine.
Informé du désir de Léon XIII, l’évêque de Tarbes d’alors, Son Excellence Monseigneur François-Xavier Schœpfer, fit en sorte que cette reproduction de la grotte de Massabielle fût offerte au pape à l’initiative des catholiques de France, qui la financèrent en grande partie, mais pas uniquement : lorsque le projet fut connu, des fidèles de toute la catholicité tinrent à offrir leur obole pour la construction de cet édifice.
La Grotta della Madonna di Lourdes des jardins du Vatican fut réalisée par l’architecte du Palais Apostolique, Constantin Sneider, à une échelle réduite, mais rendant bien les proportions initiales, adossée perpendiculairement à une partie de l’antique muraille léonine.
Originellement, on y voyait non seulement la grotte mais, légèrement en retrait, une copie du clocher de la basilique de l’Immaculée Conception auquel on accédait par un double escalier construit de chaque côté, clocher et escaliers qui, depuis, ont dû être démolis pour des raisons de sécurité (le clocher sous le pontificat de Pie XI et les escaliers sous celui de Jean XXIII).
Les travaux d’aménagement n’étaient pas achevés à la mort de Léon XIII (+ 20 juillet 1903), ils ne le furent que sous le pontificat de son successeur, Saint Pie X, qui procéda lui-même à la bénédiction solennelle du lieu, le 28 mars 1905.
Reproduction de la grotte de Lourdes dans les jardins du Vatican,
pendant les travaux de construction et d’aménagement.
Reproduction de la grotte de Lourdes dans les jardins du Vatican,
dans son état originel : on remarque, sur la gauche une grande inscription latine
gravée dans le marbre résumant l’histoire de cette grotte,
et, juste en avant de la grille mais légèrement excentrée, une reproduction
de la fontaine telle qu’elle existait alors à Lourdes.
Les médaillons en mosaïque sur la façade représentent, à gauche Léon XIII,
et à droite l’évêque de Tarbes, Monseigneur Schœpfer.
Reproduction de la grotte de Lourdes dans les jardins du Vatican, état actuel,
après la démolition du clocher et des escaliers,
l’arasement des créneaux au sommet de la façade, la disparition de la « source »,
l’installation de l’autel et l’avancement de la grille.
Originellement, ainsi qu’on peut le voir sur la photographie qui se trouve au milieu des trois ci-dessus, la grotte ne comportait pas d’autel : c’était un lieu de recueillement et de prière, pas de la célébration de la Sainte Messe.
A Lourdes même, l’installation d’un autel fixe dans la grotte ne se fit que cinquante ans après les apparitions : il était en effet absolument contraire aux plus anciennes traditions de célébrer la Sainte Messe en plein air, sauf circonstances exceptionnelles qui requéraient des autorisations et des dispenses, lorsqu’il n’y avait vraiment pas de lieu de célébration qui convînt ou fût disponible (comme par exemple pendant la grande révolution ou sur les champs de bataille).
Pendant les cinquante années qui suivirent les apparitions donc, la Sainte Messe n’était célébrée occasionnellement à la grotte de Massabielle que sur un autel amovible. Nous avons le témoignage de l’abominable Zola qui dans « Trois villes » (1893-1898) décrit :
« (…) un très bel autel roulant, recouvert de plaques d’argent gravé, don d’une grande dame, que l’on ne risquait d’ailleurs que pendant les pèlerinages riches, de crainte que l’humidité ne l’abîmât… »
Je vous avoue, chers Amis, que la mention par cet impie de Zola d’un « autel roulant » m’a néanmoins bien amusé parce que Frère Maximilien-Marie m’a raconté que beaucoup de « tradis » des années soixante et septante du précédent siècle surnommaient par dérision « autels à roulettes », les autels de fortune – et souvent aisément déplaçables – que le clergé installait dans le sanctuaire en avant du maître-autel afin de célébrer la Messe « face-au-peuple ».
En 1908, le premier autel fixe fut placé dans la grotte.
Surnommé « l’autel d’argent », c’est une pièce majeure de l’orfèvrerie religieuse, ciselé par l’orfèvre lyonnais Armand-Calliat fils (1862-1939).
Mais en 1956, alors que le « renouveau liturgique » (sic) commençait déjà à sévir, Monseigneur Pierre-Marie Théas, évêque de Tarbes, fit procéder à d’importants changements dans la grotte des apparitions : la grille fut enlevée, l’autel d’argent fut retiré, et on le remplaça par un autel de marbre de « style contemporain » dont on vanta la couleur « plus accordée au rocher de la grotte » (sic) : si, en pratique, on y célébrait alors majoritairement « dos au peuple » selon la tradition multiséculaire, il était néanmoins conçu pour pouvoir aussi célébrer « face au peuple ».
La prétendue réforme post-conciliaire était déjà dans les dossiers !
Grotte de Massabielle : l’autel en marbre de 1956.
(nota bene : depuis on a fait encore pire, puisque le marchepied a été détruit et que
l’autel ci-dessus a été remplacé par une espèce de rocher vaguement cubique mal dégrossi)
Ayant donc « sur les bras » l’ancien autel d’argent d’Armand-Calliat dont on ne pouvait toute de même pas se débarrasser aussi facilement que ne le faisaient les curés de paroisses qui détruisaient à la masse les antiques maitres-autels de leurs églises, le progressiste Pierre-Marie Théas, suggéra qu’on pourrait l’offrir au non moins progressiste Jean XXIII, ancien nonce apostolique en France (décembre 1944 – janvier 1953) qui, ès qualité de Patriarche de Venise, était revenu à Lourdes pour procéder à la dédicace de la basilique souterraine Saint-Pie X, en mars 1958, c’est-à-dire quelques mois avant son accession au Souverain Pontificat.
Et c’est ainsi que non seulement la grotte de Lourdes des jardins du Vatican a été érigée en grande partie par les offrandes des catholiques de France, mais qu’elle y conserve aussi l’autel ciselé dans l’une des plus illustres parmi les entreprises d’orfèvrerie religieuse française (sur lequel la Messe n’est plus dite non plus depuis l’actuel occupant du trône pontifical, qui y fait transporter un « autel-face-au-peuple » placé en avant de la grille lorsqu’une célébration y est organisée).
L’autel d’argent de la grotte de Massabielle (1908-1956)
dans la reproduction de la grotte de Lourdes des jardins du Vatican.

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