2024-281. Les premières années et la première éducation d’Henri de Navarre, futur Henri IV de France.

13 décembre,
Fête de Sainte Lucie de Syracuse, vierge et martyre ;
Mémoire de Sainte Odile de Hohenbourg, vierge et abbesse (cf. ici) ;
Mémoire du 6ème jour dans l’octave de l’Immaculée Conception (cf. ici) ;
Mémoire de la férie de l’Avent ;
Anniversaire de la naissance de SMTC le Roi Henri IV.

Naissance d'Henri de Navarre le 13 décembre 1553

Henri II de Navarre se réjouissant de la naissance de son petit-fils,
futur Henri III de Navarre et Henri IV de France

       Nous avons précédemment raconté (cf. > ici) la naissance du futur Henri IV de France, à Pau, le 13 décembre 1553, à la plus grande joie de son grand-père maternel, Henri II de Navarre, et de ses parents, Antoine de Bourbon et Jeanne d’Albret.
Nous avons vu aussi de quelle manière Henri d’Albret avait manifesté que, plus qu’à sa mère, cet enfant appartenait à la Couronne de Navarre qu’il serait appelé à ceindre un jour.
C’est la raison pour laquelle, le Roi de Navarre avait ordonné à sa fille de lui confier l’éducation de l’enfant, et, dix-sept mois plus tard, sur son lit de mort (+ 25 mai 1555), cette fille qui allait devenir la Reine Jeanne de Navarre, lui promettait encore de suivre expressément ses dernières volontés sur cet enfant qu’il chérissait et qu’il bénit avant de rendre le dernier soupir.

   Jeanne d’Albret ne pouvait pas nourrir son fils, c’est pourquoi Henri II s’était occupé en personne de rechercher les nourrices dont le lait put convenir au jeune Prince de Viane : il y en aurait eu huit.
L’histoire a retenu les noms de Madeleine Lafargue, de Françoise Minot, épouse d’un jardinier du château, de Marie Cazenauve, d’Arnaudine de Lareu à qui ses gages permirent d’acquérir à Asson une petite auberge qui existe toujours ; mais la seule qui soit vraiment passée à la postérité fut Jeanne Fourcade, épouse de Jean Lassansàa, un laboureur de Billère, alors modeste village exposé aux caprices du Gave.
Le petit Prince était logé chez elle. 

Maison Lassansaa à Billère

   Lorsqu’en 1728, la publication de « La Henriade », du sieur Voltaire, contribua à populariser le culte du « Bon Roi Henri », le descendant de Jean Lassansàa et de Jeanne Fourcade se rappela respectueusement au souvenir de Louis XV qui lui fit attribuer quelques arpents de terre : ce Dominique Lassansàa faisait fièrement précéder son nom de l’expression « Sauvegarde du Roy » que l’on retrouve dans les registres de catholicité !

   A la Restauration, la Maison Lassansàa devint extrêmement populaire après la visite de la Dauphine Marie-Thérèse, duchesse d’Angoulême : lors du séjour qu’elle fit à Pau (c’est à elle que l’on doit la présentation de la fameuse carapace de tortue surmontée du panache blanc et du drapeau fleurdelysé au château de Pau conservée depuis), en juin 1823, la Princesse tint à visiter la chaumière de la nourrice.
Cette visite fut à l’origine d’un véritable « pèlerinage henricien ». La duchesse d’Angoulême acheta la maison et la fit restaurer, et dès lors elle fut reproduite sous forme de gravures largement diffusées, qui contribuèrent à exalter l’enfance agreste et « populaire » du premier Souverain Bourbon.

   L’année suivante (1824), un poète aujourd’hui bien oublié, Maizony de Lauréal, publia « La Petite Henriade, ou l’Enfance d’Henri IV », poëme (sic) en trois chants dédié au jeune duc de Bordeaux, futur Henri V, au sujet du glorieux ancêtre homonyme duquel il écrit :

(…) Pour la chaumière a quitté le château
Et sous l’œil de son peuple a placé son berceau.
Henri semblable à l’enfant populaire
Mêle ses cris aux cris du nourrisson vulgaire ;
Et l’artisan et le cultivateur
Soufflent à ses côtés, haletants de sueur.
De l’indigent il verra le séjour,
L’indigent, son premier et son dernier amour…

   Nous pouvons au passage affirmer en toute vérité que le caractère populaire de la royauté traditionnelle est une évidence pour toute personne objective qui veut y regarder de près : la révolution n’a jamais été qu’une affaire de bourgeois frustrés, de robins jaloux, de capitalistes contempteurs du petit peuple… etc.

Château de Coarraze

   Son temps de nourrice achevé, Henri, qui est maintenant le Prince de Navarre, héritier du trône, est confié à une gouvernante, Suzanne de Bourbon, qui a épousé un cousin du roi de Navarre, Jean d’Albret, baron de Miossens.
Il est élevé chez eux au château de Coarraze (château dont ne subsiste de cette époque que l’ancien donjon, l’ensemble des bâtiments à usage d’habitation ayant été reconstruit au XVIIIème siècle), avec trois enfants plus âgés.
Le jeune Henri mène une vie au grand air, découvre l’exercice physique, les chevaux et la chasse.

   Cette enfance rurale du petit Prince béarnais a laissé l’image là encore très populaire d’un futur héros élevé à la dure.
Compagnons et serviteurs avaient reçu la consigne de ne pas l’appeler prince, pour ne pas le distinguer des autres enfants du village. Comme eux, Henri allait nu-tête et nu-pieds.
On le préparait à une vie qui exigerait de lui énergie et endurance. Son grand-père, le défunt Roi Henri II de Navarre, avait voulu qu’il fut endurci dès son plus jeune âge, et prémuni contre le ramollissement et la flatterie.
Au contact des petits montagnards, Henri s’habitua à un franc parler, à s’intéresser au quotidien des humbles et à leurs problèmes.

   C’est aussi dans ces temps-là qu’il fit son premier voyage à Paris avec ses parents : le 12 février 1557, il fut reçu par le Roi Henri II de Valois et la Reine Catherine de Médicis.
Le Roi de France, son parrain, le prit affectueusement sur ses genoux et lui demande, sous forme de boutade : « Voulez-vous être mon gendre ? », et sans afféterie l’enfant répondit dans son occitan du Béarn : « Obé ! » (oui bien).
Henri II n’avait qu’une fille à marier, Marguerite de Valois, alors âgée de quatre ans et demi, et c’était la future « Reine Margot » !

Portrait d'Henri de Navarre futur Henri IV enfant

Portrait d’Henri de Navarre futur Henri IV enfant

   Au printemps 1558 – il était alors âgé de quatre ans et demi à peine -, la Reine Jeanne de Navarre et son époux Antoine de Bourbon se devaient d’être présents aux noces du Dauphin, futur Roi François II, avec Marie 1ère d’Ecosse (Marie Stuart), qui furent célébrées à Notre-Dame de Paris (24 avril 1558), et furent, bien sûr, accompagnées de nombreuses et longues festivités.

   Ses parents ayant jugé qu’Henri était en âge de rester à la tête de leurs domaines et ils partirent après l’avoir nommé régent et lieutenant général du Royaume de Navarre. Après sa première entrevue diplomatique à la cour de France, un peu moins d’un an plus tôt, l’enfant recevait sa première mission politique
Certes, il n’avait pas à présider le conseil ni à donner de directives, mais il devait être présent aux assemblées importantes concernant le gouvernement du Royaume, étant intelligemment et diligemment accompagné du baron de Miossens et d’un autre de ses cousins, Louis d’Albret, évêque de Lescar : sa personne respectée était suffisante pour garantir la stabilité et le maintien de l’autorité.
A quatre ans et demi !

Bosio Henri IV enfant Musée Crozatier Le Puy

François-Joseph Bosio (1768-1845) : Henri IV enfant (1828)
[Bronze; fondu par Crozatier : musée Crozatier, Le Puy-en-Velay]
Nota bene : le musée du Louvre possède une version en argent
de cette même représentation

Vous pouvez laisser une réponse.

2 Commentaires Commenter.

  1. le 15 décembre 2024 à 10 h 37 min Abbé Jean-Louis D. écrit:

    Bien intéressant d’apprendre ce que fut l’enfance du futur Henri de Navarre.

  2. le 13 décembre 2024 à 21 h 23 min Goës écrit:

    En effet le caractère populaire de la royauté traditionnelle est une évidence : voilà pourquoi nous sommes légitimistes.

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