2024-270. Où Son Altesse Félinissime le Prince Tolbiac fait état des progrès de sa dévotion trinitaire…

Mardi 3 décembre 2024,
Fête de Saint François-Xavier, (cf. > ici).

       Dimanche soir, sur la page Facebook du Mesnil-Marie, j’ai fait part aux amis et sympathisants qui nous font l’honneur de nous intéresser à notre ermitage et aux nouvelles, spirituelles et matérielles, qui rythment sa vie quotidienne, d’une anecdote qui a eu l’heur de plaire à un grand nombre de nos lecteurs ; mon papa-moine m’a demandé de la retranscrire aussi dans les pages de ce blogue. La voici donc… 

Tolbiac

Dimanche soir 1er décembre.

       « Aujourd’hui, mon papa-moine est allé à la Messe, bien sûr. Comme c’est l’hiver (il faisait très froid ce matin), et qu’en plus c’est un jour de chasse (mon papa m’a expliqué qu’un grand nombre de chasseurs n’aiment pas les chats et qu’ils leur tirent dessus… c’est du moins souvent ainsi en ces contrées), il ne me laisse pas sortir le dimanche matin.

   Il est rentré plus tard qu’à l’accoutumée, parce que, en revenant, il s’est arrêté au marché de Noël organisé par l’école de notre village ; donc, pour me remercier d’avoir été très sage et patient pendant son absence, il m’a donné trois friandises pour chats, dont je raffole.

   Pourquoi trois ?
Il me dit toujours en me les donnant : « Allez ! En voici trois, en l’honneur de la Sainte Trinité ».
C’est très augustinien comme principe, et comme façon de faire : notre Bienheureux Père Saint Augustin, en effet, accorde une grande importance aux symbolismes numériques, et il s’attachait à découvrir dans la nature et dans les événements mêmes les signatures du Dieu-Trinité.
Bon, moi, de ce fait, j’ai une grande dévotion pour la Très Sainte Trinité !

Tolbiac priant

   Je suis ensuite sorti pour inspecter mes terres. L’après-midi des dimanches, il n’y a plus grand chose à craindre des chasseurs : ils sont allés déjeuner… et se désaltérer, avec de généreuses rasades. Mon papa-moine dit en riant : « Même s’ils tiraient, dans l’état où ils sont, ils rateraient leur cible ! »
Je me suis donc adonné à mes activités félines en toute quiétude et liberté. Puis quand la température a commencé à fraîchir, je suis rentré.

   A mon retour, mon papa-moine, dans son bureau, participait à une réunion en visio-conférence. Je ne l’ai pas dérangé, et me suis aussitôt dirigé vers la cuisine.
Or j’ai tout de suite remarqué qu’il avait laissé sur le plan de travail le bocal dans lequel se trouvent MES friandises, en oubliant d’en refermer le couvercle.
Je n’ai pas manqué d’y voir un signe de la divine Providence me suggérant d’amplifier encore ma dévotion à la Sainte Trinité !

   Mais cet impudent bocal n’était pas plein à ras bord, et je ne pouvais pas en atteindre les succulentes croquettes-bonbons même en faisant tout mon possible pour y enfoncer au maximum mon pieux museau.
J’ai bien compris que c’était là une ruse du démon cherchant à m’empêcher d’honorer davantage la Sainte Trinité, et, en digne chat monastique, il n’était pas question que je me laissasse décourager par cet obstacle diabolique.

Tolbiac devant son bocal à friandises

   Avec ma patte, j’ai donc poussé petit à petit le bocal vers le rebord du plan de travail, jusqu’à ce qu’il choie : « Boum ! Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit ! »
Le bocal était à terre ; il n’était pas cassé – n’était-ce point là un miracle témoignant de la bénédiction de Dieu sur mon entreprise ? -, et les croquettes-friandises, répandues à terre, se trouvaient maintenant bien à portée de dents.
Devant une marque si évidente de la prédilection divine, il importait que je rendisse gloire à la Très Sainte Trinité sans aucun délai : « Slurp ! Schcroumpf ! Miam ! Craquez sous la dent, ô croquettes bénies !… »

   Malheureusement, mon papa-moine avait entendu le bruit inhabituel qu’avait fait le pot en cheyant au sol ; aussi, abandonnant son devoir d’état qui était d’être à sa visio-conférence (ce n’est jamais bon moralement de se soustraire à son devoir d’état), il a rappliqué dare-dare, le sourcil en accent circonflexe.

   Il a pu constater mon dévot exploit, et, au lieu de se réjouir des progrès de ma piété, se mettant à quatre pattes, il s’est empressé de vouloir ramasser les fameuses croquettes-friandises qui me stimulent à la vénération trinitaire.
De mon côté, je me dépêchais d’en engloutir le plus possible, nonobstant son impie volonté de me les retirer !

   Je me suis demandé un instant s’il n’était pas adepte de quelque hérésie niant la foi trinitaire : le modalisme, l’adoptianisme, l’arianisme…
Pourtant, il récite bien le Symbole de Saint Athanase à prime tous les dimanches !!!

Patte de chat Tolbiac.

Tolbiac mange les croquettes répandues au sol

Vous pouvez laisser une réponse.

6 Commentaires Commenter.

  1. le 14 décembre 2024 à 19 h 56 min Véronique C. écrit:

    Hahaha ! Très drôle ! Tolbiac est aussi intelligent que son digne prédécesseur et aussi pieux, bien sûr !
    Et quelle façon de raconter !

  2. le 4 décembre 2024 à 21 h 08 min Ariane M. écrit:

    Une exquise anecdote de la vie monastique féline.

  3. le 4 décembre 2024 à 18 h 24 min Aude M. écrit:

    irrésistible !
    Merci…

  4. le 4 décembre 2024 à 18 h 16 min Thizy écrit:

    Belle histoire.

  5. le 4 décembre 2024 à 14 h 06 min Texier écrit:

    Un régal que ces fiorreti félins.

  6. le 4 décembre 2024 à 11 h 01 min Goës écrit:

    Bel humour.

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