2024-255. Pèlerinage jusqu’à la grotte de l’ermite Saint Montan.
14 novembre,
Au diocèse de Viviers, la fête de Saint Montan, ermite et confesseur (cf. > ici et > ici).
Le village médiéval de Saint-Montan dans le sud du Vivarais,
dominé par la forteresse édifiée par les évêques-comtes de Viviers,
doit son nom à l’ermite qui vécut pendant plusieurs années à proximité,
dans la solitude du Val Chaud.
Bien chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,
Vous l’avez vu en tête de cette chronique, dans le calendrier traditionnel du diocèse de Viviers où nous sommes implantés, ce 14 novembre est le jour de la fête de Saint Montan, personnage important dans l’histoire religieuse de notre chère France.
Si vous avez oublié qui il fut et ce qu’il fit, je vous invite à lire ou relire ce que nous avons déjà publié à son sujet (cf. > ici et > ici).
Je profite du jour de sa fête pour vous communiquer le compte-rendu du pèlerinage sur ses traces qui a été accompli le 14 juillet 2024 par un petit groupe de fervents pèlerins, qui se sont rendus au village médiéval de Saint-Montan, dans le sud de notre Vivarais.
Je ne vous parlerai pas du village lui-même, bien qu’il soit pourtant magnifique, et dont vous pouvez avoir un aperçu sur cette petite vidéo >>>
(faire un clic droit sur l’image ci-dessous, puis « ouvrir dans un nouvel onglet »)
Je ne vous parlerai pas non plus de l’église paroissiale actuelle, édifiée au XIXème siècle, dans laquelle se trouvent plusieurs éléments dignes d’intérêt, mais je vous emmène directement à la sortie du village, avec nos pèlerins qui se sont dirigés vers cette vallée que depuis des siècles on a nommée Val Chaud, parce que c’est là que s’installa, vers la fin de la première moitié du Vème siècle, l’ermite Montanus, après qu’il avait fui la Lorraine où sa tranquillité et sa contemplation de solitaire n’étaient plus respectées.
Longeant le petit cours d’eau, le petit groupe est allé à la source à laquelle la tradition donne le nom de source des fièvres : elle sourd d’une faille calcaire, au bord même du ruisseau.
Ce n’est pas Saint Montan qui la fit jaillir : elle existait avant lui, et, vivant dans une grotte à proximité, il s’y abreuva. Depuis lors, elle a la réputation de ne jamais tarir et d’être miraculeuse, d’où son nom de source des fièvres.
Sur la photographie ci dessous, Frère Maximilien-Marie a ajouté une petite croix rouge pour marquer l’endroit exact où l’eau sort du rocher. Les pèlerins s’y sont abreuvés, chacun, dans son cœur, demandant à Dieu quelque grâce par l’intercession de Saint Montan.
Au-dessus du ruisseau au bord duquel sourd la source des fièvres, au XIXème siècle, le clergé local profitant de la configuration du rocher qui forme ici une concavité évoquant celle de Massabielle, a aménagé une reproduction de la Grotte de Lourdes.
J’ai retrouvé une photographie ancienne qui montre un état précédent des lieux : on voit en particulier qu’il se trouvait des anges sur le côté du gradin de l’autel, et qu’il existait également une statue de Sainte Bernadette à genoux, en face de la statue de la Vierge Immaculée placée dans l’anfractuosité du rocher aménagée en niche.
Selon toute vraisemblance, le lieu d’habitation habituel de Saint Montan se trouvait dans l’une des grottes qui se trouvent ici, tandis que l’autre grotte, située en amont dans un lieu beaucoup plus difficile d’accès et que l’on appelle ici Sainte Beaume (oui, ici c’est orthographié avec un « e » pas comme la grotte de Sainte Marie-Magdeleine proche de Saint-Maximin), devait être utilisé comme un lieu de plus grande retraite ou de refuge.
A quelques mètres de là, sur l’autre rive, se trouve l’église de San Samonta, qui n’est malheureusement plus utilisée pour le culte et qui, malgré son classement comme Monument Historique, manque – hélas ! – d’entretien et de mise en valeur.
Elle se compose de deux parties que l’on distingue bien sur le cliché ci-dessous. C’est un cliché ancien très intéressant parce qu’il donne une vue d’ensemble des bâtiments : en effet l’étroitesse de la vallée à cet endroit ne permet habituellement pas aux photographes d’avoir un recul suffisant pour obtenir un tel cliché.
La route qui longe l’église est récente : sa réalisation a nécessité le percement d’une masse rocheuse qui se trouvait au chevet de l’église (sur le côté droit de la photographie), et qui isolait auparavant ce site de tout ce qui se trouve en aval.
La chapelle San Samonta est correctement orientée.
On voit très bien qu’il y a en réalité deux chapelles côte à côte : la plus ancienne, d’époque préromane, est aussi la plus petite et la moins élevée, elle se termine par une abside semicirculaire en cul de four ; aux XIème et XIIème siècles, on lui a accolé une nef plus longue, plus vaste et plus haute, dont le chevet est plat.
Voici une vue de l’intérieur de cette belle nef, voûtée en berceau, et construite en bel appareil : son maître-autel (XIXème siècle) est surmonté d’une grande statue de Saint Montan.
Malgré sa désaffection, cet édifice garde une atmosphère de sereine sacralité. Il est imprégné de spiritualité.
Après cette visite (que je résume parce qu’il y a beaucoup de choses qui pourraient être dites au sujet de cette vénérable église), les pèlerins se sont confiés avec ferveur à l’intercession de Saint Montan avant d’entamer la « grimpette » jusqu’à la Sainte-Beaume.
« O Dieu tout-puissant et éternel, qui récompensez si libéralement ceux qui foulent aux pieds les vanités de ce monde pour mieux s’attacher à Vous, faites-nous la grâce, par l’intercession et l’exemple du Bienheureux Montan Votre confesseur, de mépriser les biens périssables et de travailler avec ardeur à acquérir les biens éternels. Nous Vous le demandons par Jésus-Christ Notre-Seigneur.
Ainsi soit-il ! »
Quand je vous parle de « grimpette », chers Amis, je n’exagère pas : jugez plutôt, sur la prise de vue ci-dessous, ce que les pèlerins doivent parcourir, à partir de l’église de San Samonta, que l’on voit tout en bas, jusqu’à la Sainte-Beaume, dont l’emplacement est marqué par une petite croix rouge >>>
Voici un autre cliché, pris au téléobjectif depuis le versant opposé de la vallée, montrant l’emplacement de cette « grotte de l’ermite », comme l’indiquent les panneaux disposés à l’intention des randonneurs, qui sont assez nombreux à faire cette ascension.
Si l’on vous dit qu’il faut environ une demi heure pour l’atteindre, ne le croyez pas !
Le groupe de nos pèlerins a mis bien davantage de temps : le chemin est étroit, sa pente est rude à certains endroits, il s’apparente même à de la petite escalade en quelques passages, et il traverse de nombreux pierriers qui pourraient être fatals à des imprudents.
Je ne trahirai pas de secret en vous disant que notre Frère Maximilien-Marie a beaucoup souffert dans cette ascension, bien qu’il s’appuyât sur une canne : il souffre en effet de difficultés respiratoires et, de ce fait, soutient difficilement un effort prolongé dans de telles conditions.
Nos pieux randonneurs ont grimpé, grimpé, grimpé, sans cesser de prier, spécialement à l’intention de la France pour le salut de laquelle Saint Montan prophétisa la naissance de Saint Remi.
Enfin, suant et soufflant, les mollets endoloris, les pèlerins parvinrent au but de leur escalade, et entrèrent dans la Sainte-Beaume.
Celle-ci se compose de deux niveaux : celui du bas, n’est pas tout-à-fait encore le but de leur course…
… car ce « rez-de-chaussée » vous appelle à un ultime effort : grimper l’escalier aux marches inégales et un peu glissantes pratiqué dans un recoin. Il est étroit, et forme un coude assez malcommode au débouché duquel…
… on parvient enfin à la partie principale de cet ermitage sanctifié par la prière de Saint Montan.
Une représentation naïve de l’ermite, accompagnée d’un texte explicatif, une croix rustique, quelques images pieuses disposées à l’entour d’une espèce de rebord maçonné, constituent les seuls ornements de ce lieu, tandis que par la fenêtre on jouit d’un saisissant point de vue sur le Val Chaud.
Les pèlerins ont écouté avec émotion le chant du cantique traditionnel en l’honneur de Saint Montan, avant de s’engager dans la descente.
Vous remarquerez sans doute, à droite, sur la photographie ci-dessous, une canne appuyée contre la paroi : ce n’est pas un ex-voto laissé par un pèlerin qui aurait eu des difficultés à marcher et serait reparti ingambe ; c’est la canne de mon papa-moine, qu’il avait laissée quelques minutes pour pouvoir se servir convenablement de l’appareil photo, avec ses deux mains ; il dut s’en munir à nouveau pour repartir !
Voilà donc, mes bien Chers Amis, le compte-rendu de ce pèlerinage : à travers lui j’espère donner à tous ceux d’entre vous qui sont loin de notre Vivarais et qui n’auront peut-être jamais l’occasion de l’accomplir, une idée assez précise de ce qu’il est, en même temps que de la beauté austère de ces lieux bénis.
J’aimerais aussi que mes quelques lignes et les photos que j’ai sélectionnées vous portent à aimer et invoquer Saint Montan, à vous confier à son intercession et à lui recommander vos intentions. Je suis certain qu’il ne manquera pas de vous obtenir des grâces…
Tolbiac.
Vous pouvez laisser une réponse.
Beau pèlerinage à faire ! Bonne escalade !
Merci de nous avoir permis ce rude pèlerinage virtuel vers la grotte où vécut Saint Montan, et à laquelle nous parvenons sans mollets endoloris!
Mais que ce saint m’obtienne de réaliser dans la réalité ce pèlerinage. En vrai!