2024-253. De la petite cité antique de Thagaste où naquit notre Bienheureux Père Saint Augustin et où il établit son premier monastère.
13 novembre,
Anniversaire de la naissance de notre Bienheureux Père Saint Augustin (13 novembre 354) ;
Fête de tous les Saints de l’Ordre de Saint Augustin (cf. > ici).
Afrique du nord romaine
Aurelius Augustinus, que nous appelons désormais Saint Augustin naquit à Thagaste le jour des ides de novembre – c’est-à-dire le 13 novembre – de l’an 354.
Selon la manière actuelle ordinaire d’évaluer les distances, Thagaste, aujourd’hui dans le nord-est de l’Algérie, se trouve à seulement 33 km de la frontière tunisienne, à 100 km au sud-est d’Hippone, à 90 km de la mer.
En ce milieu du IVème siècle, l’antique Thagaste, implantée légèrement à l’est de la ville actuelle de Souk-Ahras, était une petite cité prospère, couvrant une vingtaine d’hectares, idéalement située au carrefour de deux grandes voies romaines reliant l’une Carthage à Cirta (Constantine) et l’autre Hippone à Théveste.
A quelque 600 m d’altitude, elle était dotée d’un heureux climat, et sur ses terres mûrissaient le blé et les fruits, en particulier le raisin et l’olive. Elle était donc tout naturellement le centre d’un gros marché de grains, de fruits, de bestiaux et de bois de liège.
Cette région avait été peuplée bien antérieurement à la fondation de Carthage (en 814 avant J.C.) par les Phéniciens, mais ce sont ces derniers qui fondèrent aussi Thagaste.
Les Carthaginois apportèrent ici leurs techniques d’agriculture, d’architecture et de planification urbaine, des éléments de leur langue et certains de leurs rites religieux, qui s’harmonisèrent plus ou moins avec les traditions des peuples Berbères et Numides.
Jean-Baptiste Tiepolo (1696-1770) : Jugurtha enchaîné (1729)
[Metropolitan Museum of Art, New York]
Après la défaite de Jugurtha (en 104 avant J.C.), la ville devint romaine, et, à partir de l’an 212 de notre ère, l’empereur Septime Sévère, lui accorda le statut de municipium, ce qui lui conférait, entre autres, le privilège de choisir ses élus : Patricius Julius, le père d’Augustin, fut lui-même décurion (c’est-à-dire membre du conseil municipal).
On y était bien informé de ce qui se passait dans l’Empire grâce au Cursus Publicus (le service de poste impérial) qui y apportait régulièrement les nouvelles de Carthage.
Thagaste avait ses thermes, et l’on sait quelle importance cela revêtait non seulement pour l’hygiène corporelle mais plus encore pour la vie municipale et politique.
Toutefois, la ville n’avait qu’une école que nous qualifierions aujourd’hui de primaire, dans laquelle le Grammaticus dispensait des cours de grammaire et des rudiments de calcul.
Les nombreux vestiges (sarcophages, tombeaux, lampes, monnaies, fragments de mosaïques et de poteries… etc.) révèlent une cité très organisée où cohabitaient puniques, numides, berbères et romains.
Jusqu’à la conversion de l’Empire, la ville possédait son Flamine Perpetuus (prêtre présidant aux cérémonies municipales païennes).
Aux temps de l’épiscopat d’Augustin, on y trouvera deux églises – l’une catholique et l’autre schismatique donatiste – et, après 410, il s’y trouvera également deux monastères, un d’hommes et l’autre de femmes, respectivement fondés par Pinien et Mélanie la jeune, qui avaient fui Rome lorsqu’elle avait été prise par les Goths.
Thagaste était le siège d’un évêché qu’occupera Saint Alype (Alypius), l’ami d’enfance et de toujours d’Augustin (cf. > ici).
Sainte Monique enseignant à son fils Augustin à révérer le Saint Nom de Jésus
Saint Augustin s’est toujours identifié comme punique, descendant d’une famille punique autrefois aisée, mais – comme nous dirions aujourd’hui – « en voie de prolétarisation ».
Patricius Julius - Patrice -, son père, nous l’avons dit était décurion de Thagaste, et malgré l’Edit de Thessalonique (380) porté par l’empereur Saint Théodose, il restait attaché au paganisme.
Monique, sa mère, était, elle, d’origine berbère, et fervente chrétienne.
Augustin avait un frère, Navigius, et une sœur, dont le nom ne nous est pas parvenu, bien qu’on puisse la dire très proche d’Augustin puisqu’elle sera supérieure du monastère de femmes d’Hippone.
La langue de cette famille totalement romanisée était le latin (il semble très peu probable qu’ils connussent les dialectes africains locaux), sa culture était latine ; son ambition était de voir ses fils devenir avocats ou membres de l’administration impériale, ce qui aurait permis de regagner un peu d’aisance.
Le ménage de Patrice et Monique connaissait des tensions, liées à la fois aux infidélités du premier et au fait que la seconde le trouvait « limité ». Elle parviendra toutefois à l’amener à la foi chrétienne peu avant son trépas.
Patrice devra faire de sévères économies, puis trouver des bienfaiteurs, pour que ses fils puissent bénéficier d’une éducation classique.
Elève doué, mais indocile, Augustin détestait l’école… surtout parce qu’il craignait les châtiments dont le Grammaticus n’était pas avare !
Conscients de ses brillantes capacités, cependant, Patrice et Monique se résolurent à envoyer Augustin, lorsqu’il eut 13 ans, poursuivre ses études à Madaure (actuelle M’daourouch, en Algérie), située un peu plus au sud, où les possibilités d’étudier étaient plus développées qu’à Thagaste (plus tard, dans les Confessions, Saint Augustin se montrera critique envers un mode d’enseignement qu’il estime trop centré sur l’éloquence et la mémoire).
Nicolo di Pietro (+ 1430) :
Sainte Monique confie Saint Augustin au professeur de Madaure (vers 1413)
[Pinacothèque vaticane]
Les difficultés financières de sa famille contraignirent Augustin à revenir à Thagaste alors qu’il avait seize ans, mais l’année suivante, grâce à un généreux bienfaiteur, il pourra aller étudier à Carthage. C’est à peu près dans le même temps que Patrice mourut.
Environ une année après son arrivée à Carthage, Augustin se mettra en concubinage, et sa compagne – à laquelle il restera fidèle pendant une dizaine d’années – lui donnera un fils : Adéodat (né probablement entre 372 et 374).
Abandonnant le projet de carrière qu’avaient prévu pour lui son père et son mécène, Augustin s’orienta alors vers l’enseignement. Il revint s’établir à Thagaste en 375, comme professeur de grammaire, repartit à Carthage jusque vers 382, puis s’embarqua pour Rome, pour arriver finalement à Milan où il se rendit enfin aux instances de la grâce.
C’est pleinement converti et baptisé qu’il revient à Thagaste à la fin de l’année 388. Avec Alype, Adéodat et quelques autres compagnons, il fonde un premier petit monastère proche de sa ville natale : c’est là que, à l’âge de 17 ans, mourut son cher Adéodat.
Appelé en 391 à Hippone, auprès de l’évêque Valère qui l’ordonnera prêtre, puis auquel il succèdera (395), Augustin laisse alors sa ville natale et va suivre les voies de la Providence qui vont l’amener à la plénitude de sa vocation de moine-évêque et de docteur de la grâce.
De nos jours à l’état de ruines et remplacée par la ville de Souk-Ahras, la petite cité antique de Thagaste demeure toutefois enveloppée de gloire surnaturelle pour avoir été le lieu où naquit notre Bienheureux Père Saint Augustin et où il établit le premier monastère de notre Ordre.
Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.
Saint Augustin, enluminure du
Graduel à l’usage de l’abbaye Sainte-Rictrude de Marchiennes (1546)
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Mais il ne s’agit justement pas d’une biographie de Saint Augustin, mais d’une présentation de la ville de Thagaste et des séjours qu’y fit Saint Augustin.
Augustin se laissa attirer par le manichéisme à Carthage, et avant sa conversion complète au christianisme, il en avait déjà tourné la page pour être davantage cicéronien…
Belle et courte biographie de Saint Augustin, mais en laquelle je ne vois pas son dévoiement dans le mazdéisme auquel il souscrivait avant sa conversion.
Ai-je sauté des lignes ?