2024-247. 6 novembre 1836 : la sainte mort de Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Charles X.
6 novembre,
Fête de Saint Léonard de Noblat (cf. > ici) ;
Anniversaire de la mort de SMTC le Roi Charles X.
Edimbourg : le palais d’Holyrood (état actuel)
Ayant quitté le château de Rambouillet le 3 août 1830, Sa Majesté le Roi Charles X, la famille royale et ses fidèles, avaient pris la route de l’exil en se rendant à Cherbourg où, le 16, ils avaient embarqué pour la Grande-Bretagne.
Après un séjour de quelques semaines seulement au château de Lulworth, dans le Dorset, les exilés s’étaient ensuite installés au palais de Holyrood, à Edimbourg, où Charles X, qui n’était alors que le Comte d’Artois, avait déjà séjourné pendant la grande révolution.
Ils y étaient restés deux années, avant de repartir, en direction de l’empire autrichien cette fois.
Le neveu de S.M. la Reine Marie-Antoinette, qui, après avoir été François II du Saint-Empire était devenu l’empereur d’Autriche François 1er, mit le château royal de Prague à disposition de ses cousins français qui y restèrent quatre années.
Malgré les hivers rudes et les grosses chaleurs estivales, Charles X se montra jusqu’alors en plutôt bonne santé, si ce n’est qu’on constatait chez lui une espèce de mélancolie lancinante.
Prague : le palais royal et la cathédrale Saint-Guy dominant la ville
et, au premier plan, le célèbre Pont Charles qui enjambe la Moldau
A l’automne 1836, commença une nouvelle errance : la seconde pandémie de choléra, arrivée en Europe dès l’année 1830, qui avait atteint les îles britanniques en 1832 puis la France la même année, progressait alors en Europe centrale et atteignait la Bohème.
Dans le cours du voyage, le duc et la duchesse d’Angoulême tombèrent malade puis le jeune duc de Bordeaux, mais tous les trois surmontèrent la maladie.
Le 8 octobre 1836, la Famille Royale s’arrête à Linz, en haute Autriche, pour fêter le soixante-dix-neuvième anniversaire du Roi.
Fatigué, Charles X confie à l’un de ses proches : « Ma vie a été plus longue que celle de mes ancêtres, mais de cruels malheurs et trente années d’exil l’ont rendue bien amère. Peu de temps s’écoulera d’ici au jour où vous suivrez les funérailles du pauvre vieillard… »
Enfin, ils arrivent à Göritz, entre Venise et Trieste : cette ville alors dans l’empire d’Autriche, qui deviendra italienne après le démembrement de l’empire austro-hongrois, et ce jusqu’en 1945, se trouve finalement aujourd’hui coupée en deux, puisqu’une partie de la cité – qui avait été attribuée à l’ancienne Yougoslavie après la seconde guerre monidale – se trouve aujourd’hui en Slovénie sous le nom de Nova Gorica.
Gorizia, cathédrale métropolitaine des Saints Hilaire et Tatien :
originellement gothique, elle fut totalement « baroquisée » à la fin du XVIIème siècle ;
ayant subi de graves dommages à la fin de la première guerre mondiale,
elle fut reconstruite et rendue au culte en 1928.
La première photographie nous montre l’état avant les destructions dues aux bombardements :
c’est l’état dans lequel elle se trouvait pour les funérailles
de Charles X en 1836 et celles d’Henri V en 1883
A Göritz/Gorizia, la Famille Royale est accueillie dans une magnifique villa à l’italienne mise à sa disposition par le comte Ivan Coronini-Cronberg.
De dimensions modestes en comparaison des châteaux d’Holygood ou de Prague, le « château Graffenberg », avec sa façade aux portiques doriques et ses terrasses aux balustrades de fer forgé, est un véritable havre de paix : il y règne une douceur maritime, avec des palmiers et une flore abondante.
Le vieux Souverain aima cet endroit où il profita de la douceur automnale pour marcher au moins une heure chaque jour en compagnie du Dauphin, son fils, du jeune duc de Bordeaux et de son ami Blacas.
Pour la fête de la Toussaint, le mardi 1er novembre, Sa Majesté et les siens se rendent à la Messe à la cathédrale : la population les acclame. Mais le mercredi 2 novembre, le Roi commence à ressentir les premiers symptômes de la maladie : il est pris de frissons pendant la messe matinale et se trouve indisposé toute la journée. Il essaie pourtant de cacher sa faiblesse, adresse des paroles aimables à ses proches, mais, trop épuisé, se couche sans dîner.
Le vendredi 4, à l’occasion de la Saint-Charles, quoique bien affaibli, le Roi se montre ravi de l’aubade que les musiciens de la petite ville viennent donner sous ses fenêtres en l’honneur de sa fête patronale. Pourtant, son apparence physique change rapidement : ses yeux deviennent cerclés de violet, sa peau pâlit ; il se tord de douleurs et vomit durant la nuit.
Le samedi 5 novembre, le docteur Bougon, son médecin depuis vingt ans, n’a plus de doute : il s’agit du choléra.
Le Roi sait que c’est sa dernière maladie : « J’ai bien souffert cette dernière nuit mais je ne pensais pas que cette maladie dût tourner si court », et il demande alors à se confesser.
On lui demande s’il pardonne à ceux qui, de diverses manières, lui ont fait du mal : « Comment ne leur pardonnerais-je pas ? Je l’ai fait depuis longtemps, je leur pardonne encore, et de grand cœur ; que Dieu les garde ». Ses petits enfants, Henri et Louise, viennent le voir et Charles X leur demande de prier pour lui.
Dans la journée, le malade se sent d’abord légèrement mieux, puis, en fin de journée, il cesse de parler, et même de gémir, jusqu’au moment de sa mort, le dimanche 6 novembre 1836 à une heure et demi du matin.
Son fils, le Dauphin Louis-Antoine, duc d’Angoulême, lui ferme les yeux.
Toujours très protocolaire, Blacas se tourne alors vers celui qui vient de devenir Louis XIX et demande en s’inclinant : « J’attends les ordres de Votre Majesté ! ».
Le comte de Metternich, chancelier impérial, annonça que les obsèques seraient « réglées d’après l’étiquette qui aurait fait loi si Charles X était mort à Paris ».
Et, en effet, l’archevêque et son clergé, la population et les autorités impériales feront tout leur possible pour que la pompe funèbre du Roi en exil s’accomplisse avec autant de solennité qu’on pouvait en déployer dans une petite ville par temps de pandémie.
Les funérailles eurent lieu le vendredi 11 novembre : tous les pauvres de la ville, flambeau à la main précédaient le char funéraire tiré par six chevaux blancs caparaçonnés, et encadré par douze valets portant des livrées aux armes de France, tandis que sur le chemin entre le palais et la cathédrale des troupes autrichiennes en tenue d’apparat blanc et or formaient une haie double, longue d’environ un kilomètre, et rendaient les honneurs.
En France, le gouvernement de l’usurpateur d’Orléans interdit la célébration des Messes à la pieuse mémoire du Souverain défunt, mais bien sûr quelques oraisons funèbres furent prononcées dans les provinces ; les ambassadeurs des pays étrangers reçurent l’ordre de ne pas porter le deuil, ce que certains transgressèrent, tels les ambassadeurs de Russie ou d’Autriche. La Reine Marie-Amélie elle-même, qui avait spontanément pris le deuil à l’annonce de la mort de son cousin, reçut l’ordre de le quitter !
On le sait, dans l’attente de la résurrection, Sa Majesté le Roi Charles X et ses deux successeurs sont inhumés dans la crypte du couvent de l’Annonciation de la Castagnavizza (en slovène : Kostanjevica) de la partie de Gorizia devenue Nova Gorica.
On trouvera aussi dans ce blogue :
- Le discours de SM le Roi Louis XX prononcé en février 2017 à l’occasion de son pèlerinage sur la tombe de Charles X > ici
- Le récit d’un prêtre ayant accompli le pèlerinage de Nova Gorica en juin 2023 > ici
Sarcophages de Leurs Majestés les Rois Louis XIX Charles X et la Reine Marie-Thérèse
dans la crypte du couvent de la Castagnavizza
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Notre belle Histoire de France !
Voilà le signe d’une grande âme : le Pardon.