2024-239. Du Bienheureux Pierre de Gubbio.
29 octobre,
Fête du Bienheureux Pierre de Gubbio, prêtre et confesseur de l’Ordre de Saint Augustin.
Martyrologe (traditionnel) propre à l’Ordre de Saint Augustin pour le 29 octobre :
« A Gubbio, dans l’Ombrie, dans l’église de Saint-Augustin, de l’Ordre des Ermites de Saint Augustin, le décès du Bienheureux Pierre de Gubbio, l’un des premiers membres de cet Ordre restitué, qui brilla par sa doctrine et ses vertus ».
Châsse du Bienheureux Pierre de Gubbio
dans l’église Saint-Augustin, à Gubbio
Issu d’une famille de notables de la ville de Gubbio, en Ombrie, Pierre (Pietro) Ghisenghi est né, semble-t-il, entre 1210 et 1220. Il reçut une solide éducation chrétienne et étudia le droit à Pérouse puis à Paris, et devint avocat.
Juriste distingué autant pour sa compétence, son honnêteté et sa droiture, que pour sa charité, il aimait se mettre au service des moins aisés, des plus pauvres.
Mais vers l’âge de 40 ans, l’homme de loi considéré fit un choix encore plus radical et quitta le monde pour entrer chez les Ermites de Saint Augustin qui avaient ouvert un couvent à Gubbio en 1250.
Gubbio, couvent des Ermites de Saint Augustin : galerie du cloître (état actuel)
Pour rappel :
Notre Bienheureux Père Saint Augustin, pour lequel la vie monastique fut toujours l’idéal de la vie chrétienne (cf. > ici), avait inspiré – de son vivant déjà – la création de petites communautés fraternelles vivant de ses enseignements et de son expérience. La persécution des Vandales puis l’invasion mahométane firent beaucoup de martyrs dans les rangs de ces moines et moniales, mais furent aussi l’occasion d’essaimages dans des endroits plus paisibles de la Chrétienté. Ainsi, au début du XIIIème siècle, trouve-t-on en Italie assez fréquemment des ermitages qui réunissent plusieurs religieux vivant sous la Règle de Saint Augustin dans un équilibre entre la vie strictement érémitique solitaire et la vie communautaire.
En 1243, quatre ermites (Etienne de Cataste, Hugo de Corbaria, Gui de Rosia et Pierre de Lupocavo), représentant des groupes d’anachorètes du Latium et d’Ombrie, étaient aller trouver le pape Innocent IV pour solliciter des constitutions et un prieur général qui leur fussent communs. Accédant à cette demande, Innocent IV, par les bulles Incumbit nobis et Præsentium vobis, toutes deux du 16 décembre 1243, jeta les bases juridiques de l’érection canonique d’un nouvel ordre mendiant, qui prit le nom d’Ermites de Saint Augustin. En avril 1256, d’autres groupes d’ermites du centre et du nord de la péninsule furent intégrés à l’Ordre, qui s’accrut alors rapidement et se répandit dans tout l’Occident.
C’est la raison pour laquelle les dates de 1243 et 1256 sont habituellement données comme celles de la « fondation » des Ermites de Saint Augustin, mais pour ces ermites qui étaient allés trouver Innocent IV il était bien clair qu’il ne s’agissait pas de fonder un ordre nouveau, mais bien plutôt de restaurer l’Ordre de Saint Augustin, dont l’idéal, les traditions et les usages subsistaient, depuis la mort du Grand Docteur d’Hippone, dans un nombre indéterminé de petites communautés érémitiques éparses. Voilà pourquoi, la leçon du martyrologe annonçant la fête du Bienheureux Pierre de Gubbio parle de lui comme « l’un des premiers membres de cet Ordre restitué », et ne dit pas « Ordre nouvellement fondé ».
Gubbio : intérieur de l’église Saint-Augustin (état actuel)
attenante au couvent des Ermites de Saint-Augustin fondé en 1250
C’est la vie austère et charitable des Ermites de Saint Augustin qui avaient déterminé le Bienheureux Pierre à entrer dans cet Ordre : sa compétence juridique, le brillant avocat la mettra désormais au service de Dieu, de la Sainte Eglise et de son Ordre.
Ordonné prêtre, son zèle et ses compétences attirèrent évidemment l’attention de ses supérieurs qui lui confièrent des responsabilités : il fut choisi pour Vicaire général de l’Ordre et, à ce titre, fut envoyé au Royaume de France comme Visiteur des communautés qui s’y développaient.
Le Visiteur, comme son nom l’indique, est missionné par les supérieurs généraux afin d’ « inspecter » les couvents, de s’assurer que la Règle y est bien observée, que tout est y conforme aux traditions de l’Ordre et que la charité fraternelle est sincèrement vécue ; il reçoit individuellement les moines pour recevoir en toute discrétion et confiance leurs éventuelles confidences ou observations, et a le souci que chacun soit bien épanoui dans sa vocation. La tradition nous rapporte que, humble et austère, il accomplissait ces visites pieds nus.
Surtout, tous rendaient témoignage à son équilibre, à sa douceur, à sa patience, à la justesse aiguisée de ses observations et comptes-rendus, et à l’exemplarité de sa vie, alimentée par une profonde union à Dieu dans la contemplation.
Le Bienheureux Pierre était également célèbre comme prédicateur : cet homme de très grande culture était renommé pour la manière dont il se faisait comprendre de tous par une parole sans affèterie ni emphase mais aussi « percutante » qu’elle était simple.
Le Bienheureux Pierre de Gubbio
figuré sur une fresque réalisée après sa mort
Il passa la dernière partie de sa vie au couvent de Gubbio, où il mourut en 1287, à l’âge d’environ 75 ans.
Il fut enseveli dans le caveau commun des frères, au centre du chœur de l’église Saint-Augustin, et l’on raconte qu’après sa mort, alors que les frères étaient réunis au chœur et que le chantre venait d’entonner le Te Deum, une voix sortie du tombeau répondit : Te Dominum confitemur !
On imagine sans peine le trouble et l’effroi de la communauté, et l’on souleva la pierre qui fermait l’entrée du caveau, au milieu duquel on trouva le corps du bienheureux Pierre, à genoux, les yeux ouverts tournés vers le ciel et les mains croisées sur la poitrine.
En 1874, par un décret daté du 5 mars le Bienheureux Pape Pie IX reconnut le culte « ab immemorabili » (il est solidement attesté au XIVème siècle déjà), lui attribuant le titre de Bienheureux et fixant sa fête au 29 octobre (pourtant, alors que le Martyrologe augustinien et la ville de Gubbio le fêtent bien à ce jour, le Martyrologe romain réformé en fait mention au 23 mars).
Te Dominum confitemur !
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