2024-230. Leçons hagiographiques des matines de la fête de Sainte Thérèse de Jésus.

15 octobre,
Fête de Sainte Thérèse de Jésus, vierge, réformatrice du Carmel ;
Mémoire de Sainte Aurélie, Fille de France, vierge et solitaire (fille de Hugues Capet et sœur de Robert le pieux).

Blason du Carmel

       Sainte Thérèse de Jésus – que l’on appelle le plus souvent Sainte Thérèse d’Avila – est née, c’est facile à retenir, en l’année 1515, le 28 mars pour être précis : nous avions déjà évoqué dans les pages de ce blogue le cinquième centenaire de sa naissance, en 2015, en mettant surtout en évidence sa conversion à une vie plus parfaite dont l’un des éléments déclencheurs fut la contemplation d’une représentation du Christ à la colonne (cf. > ici).
Elle a rendu son âme à Dieu le 15 octobre 1582 (voir en bas de page la note), dans sa soixante-huitième année, ayant accompli une réforme spirituelle qui a été de la plus grande importance pour la Sainte Eglise, puisqu’elle dépasse largement les cadres de son Ordre religieux et qu’elle a insufflé dans un nombre incalculable d’âmes de clercs et de laïcs le goût de l’oraison et les voies de l’union à Dieu.
Nous ne saurions jamais trop recommander de lire et de méditer les œuvres de Sainte Thérèse de Jésus, authentique maîtresse de vie spirituelle, sans parler ici du rôle essentiel qu’elle a joué pour l’expansion de la dévotion envers Saint Joseph (cf. > ici).

Statue de Sainte Thérèse par Gregorio Fernandez - 1625

Sainte Thérèse de Jésus, réformatrice du Carmel et « mère des spirituels »
(œuvre de Gregorio Fernandez – 1625)

frise

Leçons du deuxième nocturne

de la fête de

Sainte Thérèse de Jésus

(dans le bréviaire romain traditionnel)

Quatrième leçon. 

   La vierge Thérèse naquit à Avila, en Espagne, de parents illustres par leur naissance et leur piété. Nourrie par eux du lait de la crainte de Dieu, elle donna, dans un âge bien tendre, un merveilleux présage de sa sainteté future, car en lisant les actes des saints Martyrs et en les méditant, elle fut tellement embrasée du feu de l’Esprit-Saint que, s’enfuyant de la maison paternelle, elle voulut passer en Afrique, afin d’y donner sa vie pour la gloire de Jésus-Christ et le salut des âmes. Son oncle paternel l’ayant ramenée, elle compensa par des aumônes et d’autres œuvres de piété le souhait ardent, [mais irréalisé] du martyre, se plaignant avec des larmes continuelles d’avoir été privée d’un si heureux sort.
Sa mère étant morte, elle pria la Très Sainte Vierge de lui montrer qu’elle était Mère aussi, et son vœu fut exaucé, car la Mère de Dieu la protégea toujours comme sa fille.
En sa vingtième année, elle entra chez les religieuses de Notre-Dame du Mont-Carmel, où, pendant dix-huit ans, elle fut affligée de très grandes maladies et agitée de diverses tentations ; mais elle demeura ferme sous les armes de la pénitence chrétienne, sans être soutenue par l’aliment de ces consolations célestes dont la sainteté est ordinairement comblée même sur la terre.

Sainte Thérèse aux pieds du Christ à la colonne - Gregorio Fernandez

La « conversion » de Sainte Thérèse devant une représentation du Christ à la colonne, en 1555
(œuvre de Gregorio Fernandez)

Cinquième leçon. 

   Enrichie de vertus angéliques, Thérèse ne se contenta pas de travailler à son propre salut, mais elle se dépensa pour celui de tous, avec une charité pleine de sollicitude. C’est dans le but de le procurer que, d’après l’inspiration de Dieu et avec l’approbation de Pie IV, elle proposa d’abord aux femmes et ensuite aux hommes, l’observation de la règle plus austère des anciens Carmes. Le Seigneur tout-puissant et miséricordieux daigna bénir cette entreprise, car cette vierge, sans ressources, privée de toute assistance humaine, ayant même le plus souvent contre elle les princes du siècle, réussit à bâtir trente-deux monastères.
Elle déplorait par des larmes continuelles l’aveuglement des infidèles et des hérétiques ; et afin d’apaiser la colère et de détourner la vengeance divine, elle offrait à Dieu, pour leur salut, les tourments volontaires qu’elle infligeait à son corps.
Son âme était si embrasée du feu de l’amour divin, qu’elle mérita de voir un Ange lui percer le cœur avec un dard à la pointe enflammée, et d’entendre Jésus-Christ lui dire, en lui tendant sa main droite : Désormais, comme une véritable épouse, tu brûleras de zèle pour mon honneur. Ce fut par Son inspiration qu’elle prononça le vœu si difficile de faire toujours ce qu’elle comprendrait être le plus parfait.
Elle a écrit plusieurs ouvrages remplis d’une sagesse céleste, extrêmement propres à exciter les âmes des fidèles au désir de la patrie d’en haut.

Francesco Fontebasso - transverbération de Sainte Thérèse

Francesco Fontebasso (1707-1769) : transverbération de Sainte Thérèse de Jésus
[musée des beaux-arts, Budapest]

Sixième leçon. 

   Or, tandis qu’elle donnait de constants exemples de vertus, elle brûlait d’un si anxieux désir de châtier son corps, que, quoique les maladies dont elle était affligée lui persuadassent le contraire, elle tourmentait souvent ses membres par des cilices, des chaînes, des poignées d’orties et par d’autres pénitences très rigoureuses ; parfois même elle se roulait sur des épines, et elle avait coutume de dire à Dieu : « Seigneur, ou souffrir ou mourir » ; estimant toujours qu’elle périssait d’une très déplorable mort, aussi longtemps qu’elle vivait éloignée de la fontaine céleste de la vie éternelle.
Elle eut à un très haut degré le don de prophétie, et le Seigneur l’enrichissait de faveurs spéciales avec tant de largesse, qu’elle Le priait souvent avec d’ardentes exclamations de mettre des bornes à Ses divins bienfaits, et de ne pas effacer par un si prompt oubli le souvenir de ses fautes.
Réduite à s’aliter lors de son arrivée à Albe (note 1), moins par la violence de la maladie que par l’effet de l’amour divin dont elle ne pouvait plus supporter l’incendie, ayant prédit le jour de sa mort, reçu les sacrements de l’Eglise, et exhorté ses filles à la paix, à la charité ainsi qu’à l’observance régulière, Thérèse rendit à Dieu son âme très pure, [qu’on vit s’élever vers le ciel] sous l’aspect d’une colombe ; elle avait vécu soixante-sept ans, et c’était l’an mil cinq cent quatre-vingt-deux, le quinze octobre, selon la réformation du calendrier romain (note 2).
A ses derniers moments, Jésus-Christ lui apparut au milieu des troupes d’anges, et un arbre desséché, proche de sa cellule, refleurit tout à coup. Le corps de Thérèse, demeuré jusqu’à ce jour exempt de corruption (note 3), répand une liqueur odoriférante et est l’objet d’une pieuse vénération. D’éclatants miracles l’ont glorifiée avant comme après sa mort, aussi Grégoire XV l’a-t-il mise au nombre des Saints.

Représentation de la mort de Sainte Thérèse de Jésus dans sa cellule au carmel d'Alba de Tormes

Représentation de la mort de Sainte Thérèse de Jésus,
dans sa cellule mortuaire au Carmel d’Alba de Tormes.

Notes :
- Note 1 : Albe, c’est-à-dire Alba de Tormes, dans la province de Salamanque.
- Note 2 : Sainte Thérèse a rendu son âme à Dieu dans la nuit du 4 au 15 octobre 1582 - oui vous avez bien lu : nuit du 4 au 15 le 1 devant le 5 n’est pas une erreur ! – ; c’est qu’en effet son trépas s’est produit au moment où la réforme du calendrier imposée par le pape Grégoire XIII est entrée en vigueur, et a nécessité de « rattraper » 11 jours de retard sur le cycle naturel des astres et des saisons (voir > ici).
- Note 3 : en 2024, le tombeau de Sainte Thérèse d’Avila a été ouvert le 28 août et a fait l’objet d’examens médicaux et scientifiques, qui permettent de préciser les maladies dont elle était atteinte et apportent donc de précieuses informations concernant sa vie ; comme en 1750 et en 1914, qui furent les dates des deux précédentes ouvertures de sa châsse, le corps est apparu exempt de toute corruption.  

Sainte Thérèse dans la gloire - Pietro II Novelli

Pietro II Novelli (1603-1647) : Sainte Thérèse dans la gloire
[Académie royale des beaux-arts de San Fernando, Madrid]

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