2024-229. De la première translation des reliques de notre Bienheureux Père Saint Augustin et de leur séjour à Cagliari.

12 octobre,
Fête de la première translation de notre Bienheureux Père Saint Augustin (double).

       A la date du 11 octobre, le martyrologe propre de l’Ordre de Saint Augustin (publié à la fin du XIXème siècle), place en premier lieu la mention suivante :

   « A Cagliari, en Sardaigne, la translation, avec beaucoup d’autres reliques de saints, du corps de notre Père Saint Augustin, depuis le royaume d’Hippone, par les soins de Saint Fulgence, évêque de Ruspe. Enseveli dans cette même ville avec sa mitre et son bâton pastoral, il brilla par de nombreux miracles ».

vignette augustinienne

       Dans un précédent article où nous présentions « l’arche » – l’arca – et la châsse qui renferment les reliques de notre Bienheureux Père Saint Augustin, à Pavie, dans la basilique Saint-Pierre au Ciel d’Or (San  Pietro in Ciel d’oro), nous avions brièvement évoqué les deux translations dont les restes mortels du grand Docteur de la grâce ont fait l’objet (voir l’article > ici).

   Ces deux translations sont fêtées l’une et l’autre au calendrier traditionnel des Ermites de Saint Augustin : la seconde dans l’ordre chronologique – celle qui valut à la ville de Pavie de les accueillir – est célébrée le 28 février (le 29 les années bissextiles), et la première – celle que nous célébrons aujourd’hui, 12 octobre – a été assignée pendant plusieurs siècles au jour précédent, mais l’institution de la fête de la Maternité divine de la Très Sainte Vierge, en 1931 (cf. > ici), a contraint les Augustins à la déplacer.

Louis Galloche - translation des reliques de Saint Augustin - musée Carnavalet - Copie

Louis Galloche (1670-1761) : translation des reliques de Saint Augustin (1698-1708)
[musée Carnavalet, Paris].
Cette toile est l’esquisse du tableau homonyme - considéré comme le chef-d’œuvre du peintre -,
réalisé pour le réfectoire du couvent des Augustins-déchaussés, dit des Petits-Pères
(couvent de Notre-Dame-des-Victoires, dans l’actuel 2ème arrondissement de Paris)
Quatre évêques, escortés chacun d’un jeune acolyte, portent le reliquaire de Saint Augustin en direction de la mer.
Au centre, un sous-diacre porte-crosse précède un évêque (Saint Fulgence de Ruspe sans doute) qui bénit la foule.
A l’arrière-plan, une porte et des arcades laissent entrevoir un navire.

   La tradition augustinienne consignée par le martyrologe cité au-début de cette notice, attribue cette translation à Saint Fulgence de Ruspe (dont nous avons présenté la vie, et où nous avons détaillé ces circonstances > ici), assisté par Saint Eugène de Carthage, envoyé en exil en même temps que lui et au moins une soixantaine d’évêques d’Afrique du nord (certains historiens estiment qu’ils furent bien plus nombreux et vont jusqu’au chiffre de 120).

   Les historiens traditionnels toutefois ne s’accordent pas sur la date de cette translation, en fonction des datations qu’ils établissent pour la date de l’exil de Saint Fulgence : les dates extrêmes étant octobre 498 et octobre 508.

   Les historiens modernes, de leur côté, se fondant sur l’étude de récits assez anciens, soulèvent plusieurs objections qui ne sont pas dénuées de pertinence, mais se retrouvent dans l’impossibilité de dater cette translation du corps de Saint Augustin et d’en préciser les circonstances, si ce n’est qu’ils la situent plutôt dans le contexte de la conquête de l’Afrique du nord par les troupes mahométanes, dans le dernier tiers du VIIème siècle, soit environ 180 ans plus tard.

   Dans ce cas de figure, les reliques de Saint Augustin ne seraient restées en Sardaigne qu’une quarantaine d’années, puisque c’est en 722 qu’elles furent translatées à Pavie ; alors que la tradition locale sarde revendique un séjour d’environ 220 ans du corps de Saint Augustin à Cagliari (c’est aussi l’avis des Saint Bède, Paul Diacre, Baronius, dom Ruinart… etc.).

Crypte dans laquelle seraient restées les reliques de Saint Augustin à Cagliari

Crypte dans laquelle la tradition place le séjour des reliques de Saint Augustin à Cagliari

   Actuellement, la crypte dans laquelle la tradition place le séjour des reliques de Saint Augustin à Cagliari se situe au numéro 12 du « Largo Carlo Felice », derrière une porte semblable à beaucoup d’autres du palais Accardo. Elle est habituellement fermée au public, mais accessible et visitable exceptionnellement, sous réserve de l’autorisation du recteur de l’église voisine. On y descend par un escalier métallique à vis, placé là lors de la construction du palais Accardo à la fin du XIXème siècle.

   A l’origine, ce lieu en partie souterrain avait probablement dû être aménagé et utilisé à l’époque romaine, avant d’être aménagé en un modeste lieu de culte chrétien, qui prit de l’importance avec l’arrivée des reliques du saint évêque d’Hippone.
Au XVème siècle, les Augustins édifièrent au-dessus une église gothique dédiée à leur saint fondateur, avec un couvent attenant. Mais, dans la seconde moitié du XVIème siècle, cette église
 et le couvent furent démolis sur ordre de Philippe II d’Espagne, afin de permettre la rénovation et le renforcement des remparts de la ville : ce souverain fit alors édifier une nouvelle église Saint-Augustin et un nouveau couvent dans le quartier de la Marina, ne laissant, intégrée dans le complexe des fortifications, qu’une petite chapelle au-dessus de la crypte. Toutefois, cette dernière fut également démolie à la fin du XIXème siècle pour faire place au palais Accardo, ne laissant plus subsister que la crypte.

sculpture du devant de l'autel de la crypte de Saint Augustin à Cagliari

Bas-relief sculpté sur le devant de l’autel :
Le corps de Saint Augustin veillé par deux anges.

   A l’intérieur de celle-ci, on peut admirer un autel en marbre de style classique, érigé à la demande de la marquise Elena Brondo de Villacidro, derrière lequel se trouve une cavité qui, selon la tradition, contenait les reliques du saint, déposées dans un coffre de bois sculpté revêtu intérieurement de plomb.

   L’inscription de l’autel est une dédicace indiquant la date de son érection : elle est placée comme une sorte de légende de la sculpture en bas relief qui représente le corps de Saint Augustin sur lequel veillent deux anges.

   Dans la niche de l’autel se trouve une statue de Saint Augustin, datée de 1642. Dans cette crypte se trouve également une petite source d’eau, autrefois considérée comme miraculeuse.

   La mitre et la crosse de Saint Augustin, mentionnées par la leçon du martyrologe, furent emportées à Pavie en même temps que les ossements, en 722, mais le trésor de la cathédrale de Cagliari, aujourd’hui présenté au musée diocésain, conserve trois extraordinaires vêtements liturgiques – une chasuble, une dalmatique et une tunicelle -, associés à la présence des reliques de Saint Augustin, non parce qu’elles auraient été les ornements pontificaux de l’évêque d’Hippone lui-même, mais parce que, selon toute vraisemblance, elles revêtaient une statue du saint docteur, peut-être disposée sur le coffre contenant les reliques : ce sont des ornements en lin et en soie, décorés d’inserts en soie de Chine, attribuables à l’époque Tang (618-907).

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur. 

Statue de Saint Augustin

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