2024-226. Une célébration baroque de la victoire de Lépante (1ère partie) : la grande galerie du Palais Colonna à Rome.
7 octobre,
Fête de Notre-Dame de la Victoire du Très Saint Rosaire (cf. > ici),
Anniversaire de la victoire navale de Lépante (cf. > ici) ;
Mémoire de Saint Marc, pape et confesseur ;
Mémoire des Saints Serge et Bacchus, Marcel et Apulée, martyrs.
Une colonne d’argent au chapiteau d’or, couronnée à l’antique d’or,
sur un champ de gueules
(blason de la famille Colonna)
La famille Colonna est une illustre famille princière romaine d’antique extraction, qui s’enorgueillit d’avoir donné à la Sainte Eglise trois papes et une vingtaine de cardinaux.
Toutefois, en cette fête de Notre-Dame de la Victoire du Très Saint Rosaire - qui commémore la victoire de la flotte chrétienne, laquelle, en anéantissant la flotte ottomane dans le golfe de Lépante, le 7 octobre 1571, sauva, pour un temps, la Chrétienté occidentale de l’invasion mahométane -, c’est en toute justice que nous allons, à travers quelques clichés, nous intéresser à Marc-Antoine II Colonna (Marcantonio, en italien), vice-amiral de la flotte chrétienne qui défit la Sublime Porte.
Au Palais Colonna (Palazzo Colonna), à une cinquantaine de mètres de la Place de Venise, au XVIIème siècle, le Cardinal Girolamo 1er Colonna, puis son neveu Lorenzo Onofrio, firent réaliser un cycle de fresques à la gloire de Marc-Antoine II, en exaltant la victoire de Lépante.
Ces fresques se trouvent aux plafonds de la Grande Galerie, appelée aussi Grande Salle et des deux salons d’apparat qui, en chacune des extrémités, en constituent les vestibules.
L’ensemble fut inauguré par Philippe II, fils de Lorenzo Onofrio, en 1700. Il est considéré comme l’un des chefs d’œuvre du baroque romain, sans doute même sa réalisation la plus aboutie.
Grande Galerie, ou Grande Salle du Palais Colonna à Rome
Le plafond de cette Grande Salle a été peint par deux disciples de Pierre de Cortone : Giovanni Coli (1636-1681) et Filippo Gherardi (1643-1704), deux peintres qui ont très souvent travaillé ensemble, pour des ensembles monumentaux
Ces fresques furent peintes en 1673 et 1675.
Vue générale de la voûte de la Grande Salle, ou Grande Galerie, du Palais Colonna,
peinte par Giovanni Coli et Filippo Gherardi.
On trouve sur cette voûte, au milieu d’éléments ornementaux foisonnants, trois scènes : la principale est de forme carrée, encadrée par deux autres de forme ovale. Il y a une suite logique et chronologique à ces trois scènes.
La première représente Marcantonio II Colonna à genoux aux pieds de Saint Pie V qui lui confie le commandement des douze galères pontificales.
Le pape eût voulu que Marcantonio fût l’amiral de l’ensemble de la flotte armée par la Sainte Ligue, mais, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, il dut accepter que Don Juan d’Autriche fût cet amiral et que Marcantonio ne fût que vice-amiral.
Giovanni Coli & Filippo Gherardi :
Marcantonio Colonna aux pieds de Saint Pie V
reçoit de lui le commandement des galères pontificales
La scène centrale représente le cœur de la bataille et met face à face Marcantonio et l’un des chefs ottomans. Les détails de ce chef d’œuvre sont extrêmement précis : débris de navires, hommes à la mer, soldats chrétiens sautant à l’abordage du vaisseau ennemi, costumes, armement, et, au-dessus de la scène, les anges qui soutiennent l’armée chrétienne et lui présentent les palmes de la victoire.
Giovanni Coli & Filippo Gherardi :
Marcantonio Colonna au cœur des combats le 7 octobre 1571
La troisième scène représente le triomphe de Marcantonnio, puisque, en effet, Saint Pie V voulut que Rome célébrât un hommage solennel à son vainqueur et que ce fût une cérémonie qui reproduisît les triomphes des généraux vainqueurs dans la Rome antique, avec le défilé des troupes victorieuses et celui des prisonniers enchaînés, l’exhibition du butin remporté (ici en l’occurrence les étendards ennemis promenés tête en bas), les acclamations populaires sur un trajet somptueusement pavoisé, la procession de tous les corps constitués, des maisons nobles et des représentants de toutes les institutions en tenue d’apparat… etc.
Pour ce triomphe, Marcantonio Colonna chevauchait un splendide cheval blanc offert par le pape.
Ce triomphe s’acheva ce jour-là par un Te Deum solennel à la basilique vaticane et une réception du vainqueur au sein d’un consistoire exceptionnel tenu dans le palais apostolique, mais il fut suivi de huit jours de festivités tant populaires qu’officielles, civiles et religieuses, qui culminèrent le 13 décembre par des cérémonies au Capitole et dans la basilique de l’Aracœli qui y est édifiée.
Giovanni Coli & Filippo Gherardi :
le triomphe à l’antique de Marcantonio Colonna, à Rome le 4 décembre 1571
Ceux qui souhaitent « visiter » en quelques minutes le Palais Colonna (au sein duquel se trouve, en sus de cette « Grande Salle » l’une des plus prestigieuses collection de tableaux de Rome) peuvent le faire en visionnant la vidéo officielle, que l’on trouvera en suivant ce lien > ici.
Dans une seconde partie, nous nous intéresserons aux deux autres salles de cette somptueuse mise-en-scène baroque où se trouvent d’autres fresque exaltant la victoire de Lépante…
Achevons ce jour en admirant cet extraordinaire « portrait » de Marcantonio II Colonna, isolé du reste de la représentation de la bataille, au centre de la Grande Galerie.
Giovanni Coli & Filippo Gherardi :
Marcantonio Colonna pendant la bataille de Lépante.
Le vice-amiral de la flotte de la Sainte Ligue était alors âgé de 36 ans ;
remarquez derrière lui les étendards portant les armes de Saint Pie V et des Colonna.
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Tout cela est bien beau ! Beau travail des corps de métier de cette époque.
Grand MERCI pour cette page admirable qui nous fait visiter ces peintures extraordinaires, non seulement pour leur splendeur mais aussi pour leur réalisation acrobatique!