2024-222. Pierre cardinal de Bérulle, rappelé à Dieu le 2 octobre 1629 alors qu’il célébrait la Sainte Messe.

2 octobre,
Fête des Saints Anges gardiens (double majeur) ;
Anniversaire du rappel à Dieu de Pierre, cardinal de Bérulle (+ 2 octobre 1629) ;
Anniversaire du rappel à Dieu de Monsieur l’abbé Jean Carmignac (+ 2 octobre 1986 – cf. iciici & ici).

       Le mardi 2 octobre 1629, âgé seulement de 54 ans et 9 mois, à Paris, Pierre cardinal de Bérulle mourut subitement pendant qu’il était en train de célébrer la Sainte Messe.
Figure essentielle de l’Eglise de France à la fin du XVIème et dans le premier quart du XVIIème siècle, il occupe une place suréminente dans l’Ecole française de spiritualité.

Pierre de Bérulle à genoux aux pieds de la Vierge Marie - anonyme 17e s France

Pierre de Bérulle à genoux aux pieds de la Vierge Marie
-anonyme XVIIème siècle – France)

Blason du cardinal Pierre de Bérulle

      Né le 4 février 1575 au château de Cérilly, en pays d’Othe (aux confins de la Bourgogne et de la Champagne), Pierre de Bérulle était issu d’une famille de la petite noblesse champenoise. Aîné de quatre enfants, il perdit son père à l’âge de 10 ans. Il fit ses études chez les Jésuites, au Collège de Clermont, puis suivit les cours de théologie de la Sorbonne et fut ordonné prêtre en 1599, à l’âge de 24 ans.
Il avait un temps été attiré par la Compagnie de Jésus, mais, en 1594, les Jésuites avaient été expulsés à la suite de l’attentat contre Henri IV perpétré par l’un de leurs élèves : Jean Chastel (1594 est l’année du sacre d’Henri IV à Chartres).

   Faisant montre d’une grande précocité spirituelle, favorisée par la fréquentation d’Ordres monastiques fervents et austères, tels les Capucins et les Chartreux, il fut également très influencé par sa propre cousine, son aînée de 9 ans, la célèbre « Madame Acarie », qui, depuis 1590, bénéficiait de profondes expériences mystiques, puis à partir de 1598, tint dans son hôtel particulier, un cercle spirituel fréquenté, entre autres célébrités, par le Révérend Père Benoît de Canfield, anglais converti devenu capucin animé lui aussi par une profonde vie mystique, le cardinal François de Sourdis, le jeune abbé Vincent de Paul, et Monseigneur François de Sales, prince-évêque de Genève, lors de ses séjours parisiens.

   Toutes ces âmes d’élite vivent profondément de l’élan spirituel et du renouveau initiés par le saint concile de Trente, sont pénétrées du souci de la bonne formation doctrinale et spirituelle du clergé, éprouvent un grand souci de la conversion des sectateurs de Calvin.
En 1600, Bérulle participe à la controverse de Fontainebleau qui oppose le cardinal du Perron à Philippe de Mornay (dit Duplessis-Mornay), ce qui lui vaut d’être remarqué par le Roi Henri IV ; puis, en 1609, il polémiquera contre le pasteur Pierre du Moulin.

   Au début, Bérulle, qui a grandi dans un milieu favorable à la Ligue et qui est scandalisé par l’édit de Nantes (1598), pensait qu’Henri IV était un mauvais converti, mais il va bientôt comprendre que le Roi soutient délibérément une politique de restauration catholique, et l’attitude de Bérulle change : si bien qu’il accepte même une nomination d’aumônier ordinaire du roi, titre qui n’entraîne aucun service réel, mais qui l’intègre à la Maison de Sa Majesté.
En 1607, Henri IV voudra le nommer précepteur du Dauphin, futur Louis XIII, et le confesseur du Roi, le Révérend Père Pierre Coton, le préconisera comme confesseur de l’enfant, mais Bérulle déclinera ces propositions afin de se mieux consacrer à ses deux grandes œuvres : l’introduction du Carmel thérésien en France et la fondation de l’Oratoire.

Pierre de Bérulle, portrait gravé par Lasne

   Directeur de conscience recherché, le jeune Abbé de Bérulle est devenu peu à peu l’une des figures marquantes du milieu dévot parisien, regroupé autour de sa cousine, Barbe Acarie. C’est dans ce cercle que germe le projet d’introduction en France du Carmel réformé : traduite en 1601 par Jean de Brétigny, l’œuvre de Sainte Thérèse d’Avila suscite l’enthousiasme de ces dévots, fascinés par la personnalité de cette réformatrice, issue d’une terre et d’un peuple qui n’ont pas pactisé avec l’hérésie.

   Bérulle obtient donc d’Henri IV la permission et les moyens d’installer en France des Carmélites espagnoles qui auront mission de former les futures Carmélites françaises : lors des premiers contacts, les Carmélites espagnoles n’ont guère envie de venir en France, et Bérulle doit se déplacer au-delà des Pyrénées – avec une lettre de soutien du Roi, et un petit groupe de femmes décidées à faire partie du premier Carmel réformé français – afin d’aplanir toutes les difficultés.
Après bien des péripéties et des épreuves, le petit groupe revient en France avec six religieuses espagnoles, dont deux, les Bienheureuses Anne de Jésus et Anne de Saint-Barthélemy, ont été formées directement par Sainte Thérèse d’Avila.
La caravane arrive à Paris, en grande fête, le 15 octobre 1604, et c’est la fondation du premier Carmel déchaussé en France : le couvent des Carmélites au faubourg Saint-Jacques. Le succès est tel que deux mois plus tard, il faut ouvrir un nouveau monastère, celui de Pontoise.
A la mort de Bérulle, 25 ans plus tard, quarante-deux Carmels auront été fondés en France.

OrJM

   La deuxième grande œuvre de Bérulle est la fondation de la Société de l’Oratoire.
Nous l’avons vu, l’Abbé de Bérulle est dévoré du désir d’insuffler un dynamisme à la fois doctrinal et spirituel au clergé : il travaille d’abord modestement, en regroupant quelques prêtres en communauté de façon à les former et à les mettre à disposition des évêques. Il a pour modèles d’enseignement les Jésuites, et pour modèle spirituel Saint Philippe de Néri, fondateur de l’Oratoire romain, lequel a été introduit dans le duché souverain de Savoie, à Thonon, par Saint François de Sales.

   C’est finalement le 11 novembre 1611 que l’Oratoire de France voit vraiment le jour à Paris, avec quelques différences par rapport au modèle romain auquel il n’est pas assujetti. Les membres sont une société de prêtres vivant en commun, qui doivent « tendre courageusement à la perfection de la vie évangélique », sans prononcer les vœux solennels qui feraient d’eux des religieux, et se mettant au service des évêques, avec pour principaux objectifs la lutte contre le protestantisme, par les missions, l’éducation, et les hautes études.

   D’abord établi près du Val de Grâce, en 1616 l’Oratoire s’installe à l’hôtel du Bouchage, tout près du Louvre : en se rapprochant de la principale résidence royale, Bérulle montre bien que la réforme spirituelle du Royaume doit se faire par le haut. En 1621 commencent les travaux d’importants bâtiments plus appropriés, desquels subsiste aujourd’hui « l’Oratoire du Louvre », qui, après avoir été pillé et saccagé à la révolution, a été attribué en 1811 au culte réformé, par l’impie Buonaparte – cherchez l’erreur !
Pendant tout l’Ancien Régime toutefois, cette maison aura un rôle de premier plan en tant que foyer liturgique et lieu de prédication. Les Oratoriens, qu’on surnommera “les pères aux beaux chants”, possédaient une bibliothèque remarquable, avec beaucoup de manuscrits orientaux.

   A la mort de Bérulle, l’Oratoire aura une soixantaine de maisons dans le Royaume. 

Le couvent de l'Oratoire à Paris près du Louvre

   Mais celui qui, à partir de 1620, fit figure de « chef du parti dévot » fut également à sa manière un homme politique, lié d’amitié avec Henri IV, un temps chef du Conseil de la Reine-mère et régente du Royaume, et plus tard artisan de réconciliations entre Louis XIII et Marie de Médicis, et même conseiller d’Etat sous le ministère de Richelieu.

   Il ne peut néanmoins faire figure de grand homme d’Etat, malgré le désir qu’il en eût parfois.
Louis XIII, avec de bonnes et justes raisons, lui préfèrera Richelieu comme principal ministre, afin de mener une politique plus conforme au pragmatisme et au réalisme du génie capétien.
Les dévots sont bien rarement de sages politiques, et les très grands spirituels ne sont pas toujours les hommes les plus avisés ni les mieux inspirés pour la conduite des Etats.
Cela se voit aussi dans l’obligation de conscience qu’il fit à René Descartes de travailler à la réforme de la philosophie !!!

   En 1625, l’Abbé de Bérulle dut accompagner en Angleterre la Princesse Henriette-Marie de France, fille d’Henri IV, qui épousait Charles Ier d’Angleterre : il fut son aumônier pendant la première année de son séjour en Angleterre.
En 1627, il fut créé cardinal par Urbain VIII Barberini : il aurait refusé cette dignité sans l’ordre exprès que le pape lui en intima.

 Ainsi que nous l’avons écrit en commençant, le Cardinal de Bérulle mourut subitement le mardi 2 octobre 1629, âgé de 54 ans et 9 mois seulement, pendant qu’il était en train de célébrer la Sainte Messe.
Il fut inhumé dans la chapelle de l’Oratoire du Louvre (depuis son corps a été transféré dans la chapelle du collège de Juilly), mais son cœur fut déposé dans la chapelle Sainte-Magdeleine de l’église des Carmélites de la rue Saint-Jacques, ainsi que nous l’avons expliqué > ici.

Textes spirituels du Cardinal de Bérulle que l’on trouvera aussi dans ce blogue :
- Une méditation pour la fête de l’Annonciation > ici
- Une prière pour la fête de Sainte Marie-Magdeleine > ici 

Buste de Bérulle - église Saint-Eustache à Paris

Buste du cardinal de Bérulle,
élément subsistant de son monument funéraire de l’église de l’Oratoire du Louvre

aujourd’hui dans l’église Saint-Eustache, à Paris.

Vous pouvez laisser une réponse.

1 Commentaire Commenter.

  1. le 2 octobre 2024 à 9 h 57 min Goës écrit:

    Je ne connaissais pas cet attentat de Jean Chastel contre Henry IV. Je ne connaissais pas non plus le fait qu’Henry IV ait marié sa fille avec le Roi Charles 1er d’Angleterre, qui, lui, déjà se battait contre le système du Parlement Anglais qui voulait diriger l’Angleterre à sa place (faut il tuer le Père dans une famille ?), alors que le population, elle, s’organisait librement dans ses corps de métier : il n’y avait donc pas besoin d’avoir de représentants élus. On connait le résultat aujourd’hui de cette destruction des corps de métier, non seulement en Angleterre mais également en France en 1791, d’où le Monopole, la concentration et ce capitalisme apatride que nous connaissons, capitalisme qui était organisé différemment à cette époque là.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

A tempo di Blog |
Cehl Meeah |
le monde selon Darwicha |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | mythologie
| jamaa
| iletaitunefoi