2024-200. « Aimons Jésus-Christ de la belle manière, c’est-à-dire au travers de toutes sortes de croix ».

14 septembre,
Fête de l’Exaltation de la Sainte Croix (double majeur).

       Au-delà de l’événement historique du recouvrement de la relique de la Vraie Croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ, ainsi que cela est rapporté aux leçons de matines du deuxième nocturne de cette fête (cf. > ici), cette fête de l’Exaltation de la Sainte Croix est une invitation personnelle à glorifier spirituellement, bien davantage que matériellement (même si les honneurs physiques rendus aux précieuses reliques de la Croix sont importants et ne doivent pas être négligés, bien au contraire), l’instrument de notre rédemption, et les souffrances rédemptrices de Celui qui l’a porté, y a été fixé par des clous, et y a rendu Son dernier souffle.
Et comment glorifions-nous spirituellement la Sainte Croix ? En entrant dans une union volontaire et généreuse au mystère des souffrances de notre divin Sauveur et en nous y associant.
C’est la grande leçon évangélique que Saint Louis-Marie Grignon de Montfort nous exhorte à approfondir dans le texte que nous reproduisons ci-dessous.

Baiser au Crucifix - blogue

       « [...] Voilà deux partis qui se présentent tous les jours : celui de Jésus-Christ et celui du monde.

   Celui de notre aimable Sauveur est à droite, en montant, dans un chemin étroit et rétréci plus que jamais par la corruption du monde. Ce bon Maître y est en tête, marchant pieds nus, la tête couronnée d’épines, le corps tout ensanglanté, et chargé d’une lourde Croix. Il n’y a qu’une poignée de gens, mais des plus vaillants, à Le suivre, parce qu’on n’entend pas Sa voix si délicate au milieu du tumulte du monde ; ou on n’a pas le courage de Le suivre dans Sa pauvreté, Ses douleurs, Ses humiliations et Ses autres croix qu’il faut nécessairement porter à Son service tous les jours de la vie.

   A gauche est le parti du monde ou du démon, lequel est le plus nombreux, le plus magnifique et le plus brillant, du moins en apparence.
Tout le plus beau monde y court ; on y fait presse, quoique les chemins soient larges, et plus élargis que jamais par la multitude qui y passe comme des torrents ; ils sont jonchés de fleurs, bordés de plaisirs et de jeux, couverts d’or et d’argent.

   A droite, le petit troupeau qui suit Jésus-Christ ne parle que de larmes, de pénitences, d’oraisons et de mépris du monde ; on entend continuellement ces paroles entrecoupées de sanglots : « Souffrons, pleurons, jeûnons, prions, cachons-nous, humilions-nous, appauvrissons-nous, mortifions-nous ; car celui qui n’a pas l’esprit de Jésus-Christ, qui est un esprit de croix, n’est point à Lui ; ceux qui sont à Jésus-Christ ont crucifié leur chair avec leurs concupiscences ; il faut être conforme à l’image de Jésus-Christ ou être damné. Courage ! s’écrient-ils, courage ! Si Dieu est pour nous, en nous et devant nous, qui sera contre nous ? Celui qui est en nous est plus fort que celui qui est dans le monde. Le serviteur n’est pas plus que le maître. Un moment d’une légère tribulation produit un poids éternel de gloire. Il y a moins d’élus qu’on ne pense. Il n’y a que des courageux et violents qui ravissent le ciel de vive force ; personne n’y sera couronné que celui qui aura combattu légitimement selon l’Evangile, et non pas selon la mode. Combattons donc avec force, courons bien vite afin que nous atteignions le but, afin que nous gagnions la couronne ! »
Voilà une partie des paroles divines dont les Amis de la Croix s’animent mutuellement.

   Les mondains, au contraire, pour s’animer à persévérer dans leur malice sans scrupule, crient tous les jours : « La vie, la vie ! la paix, la paix ! la joie, la joie ! Mangeons, buvons, chantons, dansons, jouons ! Dieu est bon, Dieu ne nous a pas faits pour nous damner ; Dieu ne défend pas de se divertir ; nous ne serons pas damnés pour cela ; point de scrupule ! non moriemini [1], etc. »

   Souvenez-vous, mes chers Confrères, que notre Bon Jésus vous regarde à présent, et vous dit à chacun en particulier : « Voilà que quasi tout le monde M’abandonne dans le chemin royal de la Croix. Les idolâtres aveugles se moquent de Ma Croix comme d’une folie, les Juifs obstinés s’en scandalisent comme d’un objet d’horreur ; les hérétiques la brisent et l’abattent comme une chose digne de mépris. Mais, ce que Je ne puis dire que les larmes aux yeux et le cœur percé de douleur, Mes enfants que J’ai élevés dans Mon sein et que J’ai instruits en Mon école, Mes membres que J’ai animés de Mon esprit, M’ont abandonné et méprisé, en devenant les ennemis de Ma Croix ! – Numquid et vos vultis abire [2] ? Voulez-vous point aussi, vous autres, M’abandonner, en fuyant Ma Croix, comme les mondains, qui sont en cela autant d’antéchrists : antichristi multi [3] ? Voulez-vous, afin de vous conformer à ce siècle présent, mépriser la pauvreté de Ma Croix, pour courir après les richesses ; éviter la douleur de Ma Croix, pour rechercher les plaisirs, haïr les humiliations de Ma Croix, pour ambitionner les honneurs ? J’ai beaucoup d’amis en apparence, qui protestent qu’ils M’aiment et qui, dans le fond, Me haïssent, parce qu’ils n’aiment pas Ma Croix ; beaucoup d’amis de Ma table, et très peu de Ma Croix ».

   A cet appel amoureux de Jésus, élevons-nous au-dessus de nous-mêmes ; ne nous laissons pas séduire par nos sens, comme Eve ; ne regardons que l’Auteur et le Consommateur de notre foi, Jésus Crucifié ; fuyons la corruption de la concupiscence du monde corrompu ; aimons Jésus-Christ de la belle manière, c’est-à-dire au travers de toutes sortes de croix. Méditons bien ces admirables paroles de notre aimable Maître, qui renferment tout la perfection de la vie chrétienne : « Si quis vult venire post Me, abneget semetipsun, et tollat crucem suam, et sequatur Me ! » [4].

Saint Louis-Marie Grignon de Montfort
in « Lettre aux Amis de la Croix », § 7-12.

Notes :

[1] « Non moriemini » : traduction « Vous ne mourez pas » – c’est le mensonge du serpent à Eve pour la convaincre que Dieu a menti (Genèse III, 4)…
[2] « Numquid et vos vultis abire ? » – traduction « Voulez-vous vous aussi vous en aller ? » – C’est la question de Notre-Seigneur Jésus-Christ aux Apôtres lorsque, après avoir entendu le discours sur le Pain de Vie, beaucoup de disciples L’abandonnèrent (Jean VI, 67).
[3] « Antichristi multi » : « Beaucoup d’antichrists » – affirmation de Saint Jean dans sa 1ère épître : »(…) vous avez entendu dire que l’Antéchrist viendra ; or, dès à présent il y a beaucoup d’antichrists » (1 Jean II, 18).
[4] « Si quis vult venire post Me, abneget semetipsun, et tollat crucem suam, et sequatur Me ! » : traduction « Si quelqu’un veut venir à Ma suite, qu’il renonce à lui-même, et qu’il prenne sa croix, et qu’il Me suive » (Matth. XVI, 24).

Relique de la Sainte Croix

Relique de la Sainte Croix dans la chapelle du Refuge Notre-Dame de Compassion

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1 Commentaire Commenter.

  1. le 14 septembre 2024 à 6 h 15 min Abbé Jean-Louis D. écrit:

    La Croix est incontournable et tranchante comme un glaive. D’un côté, le bon larron et ceux qui, comme lui, se tournent vers la Croix de Jésus, et de l’autre, l’ignominie de celui qui l’injurie et, comme lui, ceux qui se moquent de la Croix.
    Seigneur, je tourne mon regard vers Toi, sauve-moi, sauve-nous!

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