2024-198. De Saint Maurille, disciple de Saint Martin et de Saint Ambroise, missionnaire et thaumaturge, évêque d’Angers
13 septembre,
Fête de Saint Maurille d’Angers, évêque et confesseur.
Maurille (en latin Maurilius) naquit à Milan, vers l’an 363, dans une riche famille chrétienne : sa mère l’éleva dans la crainte de Dieu et l’amour de Ses commandements. Il était encore très jeune lorsque, en réponse aux aspirations de l’enfant, ses parents le confièrent à Saint Martin : ce dernier, en effet, après avoir été un temps à Poitiers auprès de Saint Hilaire, était retourné dans son pays natal, la Pannonie, pour y combattre l’hérésie arienne, mais, ayant été chassé par les ariens, s’était retiré dans la solitude non loin de la ville de Milan. Maurille fut donc formé par lui à la spiritualité et à l’ascèse monastique.
Mais Martin repartit pour le Poitou où il fonda l’abbaye de Ligugé, en 361.
Saint Ambroise, devenu évêque de Milan en 374, s’attacha Maurille lui conféra les premiers ordres mineurs et le forma au chant.
Après la mort de son père, Maurille, âgé d’environ 20 ans, quitta Milan pour rejoindre Saint Martin, qui, depuis 371, était évêque de Tours. C’est lui qui conféra à Maurille les ordres majeurs.
Saint Martin, voyant en lui le désir et les capacités d’évangéliser, l’envoya vers le pays des Andegaves (le peuple gaulois duquel dérive les noms Angevins, Angers et Anjou) : descendant la Loire, Maurille s’établit à Calonna (aujourd’hui Chalonnes-sur-Loire), au confluent de la Loire et du Layon, où le paganisme était encore très implanté : il existait là un temple païen ainsi qu’un collège druidique.
Selon le récit de Saint Mainbœuf (évêque d’Angers de 610 à 660 qui rédigea une vie de Saint Maurille), à force de persévérantes prédications, et surtout de mortifications et de prières, non seulement il produisit des fruits merveilleux de conversion, mais encore, tel un nouvel Elie, il obtint du Seigneur que le feu du ciel descendît sur le temple païen et le réduisît en cendres. Il construisit une église à la place, autour de laquelle vinrent peu à peu se regrouper des fidèles.
Maurille fonda alors un monastère, sur le modèle des établissements de Saint Martin, et en fit le centre de ses prédications pendant une vingtaine d’années.
Aux confins des paroisses Saint-Maurille de Chalonnes et de Chaudefonds-sur-Layon, on montre toujours un rocher appelé « la pierre Saint-Maurille », du haut duquel le zélé serviteur de Dieu prêchait aux peuples avides de l’entendre.
A l’opposé, sur la voie qui conduit à Montjean-sur-Loire, se trouve une fontaine longtemps réputée miraculeuse, que le saint aurait fait jaillir.
Une autre source, appelée encore aujourd’hui « Fontaine Saint-Maurille », se trouve à Brain-sur-Allonnes : passant par là lors d’une année de sécheresse, Maurille aurait indiqué aux habitants du lieu où il devaient creuser et c’est ainsi, qu’à une faible profondeur, ils virent sourdre l’eau salvatrice.
Brain-sur-Allonnes : statue de Saint Maurille érigée en 1880
à la « Fontaine Saint-Maurille » que le saint fit jaillir
Saint Mainbœuf rapporte encore plusieurs miracles accomplis par Saint Maurille :
« Ici, un habitant du village de la Possonnière, nommé Saturnus, depuis longtemps perclus de ses deux mains, est instantanément guéri par Saint Maurille, aussitôt après lui avoir demandé cette grâce avec humilité. Là, une femme que le démon avait rendue aveugle depuis plusieurs années, recouvre subitement la vue au moment où elle est mise en présence du bienheureux. Tantôt c’est un moine nommé Clément, qu’une eulogie, envoyée par le saint, délivre d’une fièvre quarte qui le tourmentait depuis trois ans. Tantôt c’est un esclave traîné par des marchands avides qui est rendu à la liberté à la suite d’un prodige opéré par le bienheureux. Une autre fois, ce sont des mariniers de la Loire sauvés d’un naufrage par sa prière.
Un voleur veut s’emparer de la monture du saint apôtre ; mais après avoir erré toute la nuit, il se voit, malgré lui, ramené près de la maison qu’il croit avoir évitée ; le serviteur de Dieu, loin de le punir, lui donne trois pièces d’or, pour l’engager à ne plus commettre de larcins. Une femme nommée Amélie, appartenant à une famille sénatoriale, recouvre la santé au moyen d’une onction faite avec de l’huile bénite par Saint Maurille… etc. »
Cependant le siège épiscopal d’Angers vint à vaquer et, selon les usages de cette époque, le clergé et le peuple de la ville s’assemblèrent sous la présidence des évêques de la province, dans le but d’élire un pontife. Mais déjà l’ambition avait pénétré dans le sein du clergé et de la noblesse d’Angers : la division se fit dans l’assemblée qui prit une tournure déplorable et risquait d’aboutir aux plus fâcheux résultats.
On proposa alors la candidature de Maurille qu’on alla donc chercher à Chalonnes. Or, au moment où, suivant les envoyés du clergé, il allait pénétrer dans la cathédrale, une colombe blanche vint se poser sur son épaule. Tous alors acclamèrent Maurille, et il fut sacré évêque d’Angers (année 423).
A partir de ce jour, observe Saint Maimbœuf, le don des miracles que Maurille avait reçu du ciel prit un tel accroissement, qu’on le comparait aux Apôtres mêmes de Notre-Seigneur Jésus-Christ : il chassait les démons, guérissait de nombreux malades, rendait la vue aux aveugles et leur motricité aux paralytiques… etc.
Jour et nuit, il priait pour son peuple. Simple de cœur, humble et modeste, prodigue envers les pauvres, parcimonieux et sobre envers lui-même, il devint l’honneur de l’Eglise d’Angers.
A quelques lieues d’Angers, près d’un village appelé Commonicus (vraisemblablement aujourd’hui Rochefort-sur-Loire), se trouvait un bois où l’on pratiquait encore des cultes druidiques et où avaient lieu de véritables bacchanales. Saint Maurille, qui en était navré de douleur, se rendit un jour sur cette colline, accompagné des frères du monastère qu’il avait bâti près de sa cathédrale : ils y passèrent la nuit tout entière en ardentes supplications, et, au point du jour, une odeur fétide sortit du bois, se répandit dans l’air, puis s’évanouit peu à peu dans le lointain.
Le saint comprit que Dieu l’avait exaucé, et que Satan avait abandonné ce lieu de perdition.
Le peuple fidèle, enthousiaste, se précipita sur les arbres réputés sacrés et les mit en pièces, puis, sur le conseil de Saint Maurille, construisit à la même place une église que l’évêque dédia à la Très Sainte Mère de Dieu.
Nous évoquerons dans un autre article, ci-après, les deux pèlerinages angevins à la Bienheureuse Vierge Marie que l’on doit à Saint Maurille : Notre-Dame du Marillais et Notre-Dame de Béhuard (cf. > ici).
Après avoir gouverné et sanctifié pendant trente ans l’Eglise d’Angers, Saint Maurille rendit son âme à Dieu le 13 septembre 453. Il était âgé de 90 ans.
Il fut inhumé dans l’église Notre-Dame qu’il avait fondée, et qui devint plus tard la cathédrale Saint-Maurice d’Angers.
Vous pouvez laisser une réponse.
Un grand Saint !
Merci, Frère Maximilien-Marie, de nous faire connaître Saint Maurille, véritable Saint Apôtre des Gaules.
Une fois de plus, mon ignorance faisait que je ne savais vraiment rien de ce grand Saint. Merci, frère Maximilien-Marie, de combler ce déficit!