2024-194. Le 10 septembre, nous fêtons Saint Nicolas de Tolentino, le grand thaumaturge de l’Ordre des Ermites de Saint Augustin.
10 septembre,
Fête de Saint Nicolas de Tolentino, confesseur,
premier des Ermites de Saint Augustin à avoir été canonisé, saint patron des âmes du Purgatoire
(double de 2ème classe avec octave simple).
Martyrologe des Ermites de Saint Augustin pour le 10 septembre :
« A Tolentino, dans la Marche d’Ancône, Saint Nicolas, confesseur de notre Ordre, célèbre par sa virginité, son abstinence, la grandeur de ses miracles et ses nombreuses vertus ».
Saint Nicolas de Tolentino auprès de la Vierge (anonyme, 1499)
Contrairement à l’usage habituel des Ermites de Saint Augustin, le grand thaumaturge et le premier saint canonisé de l’Ordre, Saint Nicolas de Tolentino, est ainsi appelé non parce qu’il serait né et aurait été baptisé à Tolentino, cité de la province de Macerata dans la Marche d’Ancône, mais parce qu’il a passé une trentaine d’années dans cette ville.
Il est né, en effet, à Saint-Ange (aujourd’hui Sant’Angelo in Pontano), à une quinzaine de lieues au sud d’Ancône.
Sa naissance, selon toute vraisemblance, eut lieu en l’an 1245. Ses pieux parents, Compaignon de Guarutti et Aimée de Guidiani, se distinguaient par une grande piété. Mais leur union était restée stérile et ils se trouvaient désormais avancés en âge.
Sur une inspiration céleste, confirmée par l’apparition d’un ange, ils se rendirent en pèlerinage à Bari, auprès des reliques de Saint Nicolas de Myre, pour demander la grâce d’avoir un fils qui serait un imitateur des vertus du grand évêque : dans la nuit de veille qu’ils passèrent dans la basilique, Saint Nicolas leur apparut en songe, leur annonçant qu’ils étaient exaucés et qu’ils mettraient au monde un grand serviteur de la Sainte Eglise, remarquable par ses mortifications et ses vertus.
Il leur naquit en effet un fils auquel ils donnèrent, bien évidemment, le prénom de Nicolas.
Saint Nicolas de Bari annonce aux futurs parents du futur Saint Nicolas de Tolentino le destin de leur enfant
[fresque de la basilique de Tolentino, attribuée à Pierre de Rimini (+ 1345)]
Ses parents ne négligèrent rien pour le soutenir dans sa recherche de la vertu, pour laquelle il manifesta dès la plus tendre enfance un zèle fervent : fuyant les mondanités et les divertissements, Nicolas montra dès son jeune âge une attirance profonde pour la vie religieuse, l’oraison, la mortification (dès l’âge de sept ans il commença à jeûner trois fois par semaine) et l’étude des sciences sacrées.
Il n’était encore qu’un enfant quand il fut pourvu d’un canonicat (ce qui signifie qu’il avait été tonsuré), mais il aspirait à une vie plus parfaite : à l’âge de onze ans, ayant entendu la prédication d’un Ermite de Saint Augustin sur ces paroles de Saint Jean : « Le monde passe et sa concupiscence avec lui » (1 Jean II, 17), avec la bénédiction de ses pieux parents heureux de sa vocation, il choisit d’entrer dans cet Ordre.
Au terme de son noviciat (la durée canonique du noviciat était alors d’une année pleine), il fut admis à la profession religieuse : il avait une douzaine d’années (il faut bien avoir conscience que les « vœux temporaires » qui, dans le code de droit canonique aujourd’hui en vigueur, sont obligatoires, sont une « invention » de Léon XIII : auparavant – c’est-à-dire pendant plus de 1500 ans – après l’année de noviciat, on prononçait immédiatement les vœux perpétuels ; à la suite du concile de Trente, il sera prescrit de ne pas admettre les religieux à la profession perpétuelle avant qu’ils n’eussent atteint l’âge de 16 ans).
Déjà, il faisait l’édification de sa communauté, et, pendant le temps de ses études de théologie, ses supérieurs l’envoyèrent dans plusieurs couvents afin que ses exemples contribuassent à stimuler la ferveur et la générosité des autres moines de l’Ordre.
En 1269, à l’âge de 24 ans, il reçut l’ordination sacerdotale et fut dès lors principalement affecté au ministère de la prédication. En 1275, on l’enverra au couvent de Tolentino, dans lequel il résidera pendant trente ans, jusqu’à sa bienheureuse mort.
Nicolas, âgé de 11 ans, entend la prédication d’un Ermite de Saint Augustin et rejoint cet Ordre
[fresque de la basilique de Tolentino, attribuée à Pierre de Rimini (+ 1345)]
La vie de Saint Nicolas de Tolentino, tout donné au salut des âmes, se passait, à l’extérieur, à catéchiser les humbles, à prêcher, à confesser :
« Son zèle est si animé, que les cœurs les plus rebelles se rendent à ses exhortations. Il embrase du feu de l’amour divin ceux qui sont de glace ; les plus obstinés sont ébranlés et enfin convertis par les puissants mouvements de ses paroles : en un mot, il gagne, par sa douceur, toutes les personnes qu’on lui envoie, pour les faire entrer dans la voie du salut ».
[Mgr Paul Guérin, in "Les Petits Bollandistes", tome XI, p.16]
Et pour la vie intérieure, nous avons en Saint Nicolas de Tolentino un modèle de prière inlassable : oraison mentale et adoration du Très Saint Sacrement, immobile pendant des heures, attention presque continue aux mystères de la Passion de notre divin Rédempteur, sans oublier, bien sûr, une infaillible assiduité à l’office divin.
Evidemment, a-t-on envie de dire, le démon était furieux et lui fit une guerre continuelle, essayant de le distraire de ses exercices de piété par des cris épouvantables ou des mugissements et rugissements d’animaux féroces ; l’ennemi de notre salut donnait l’impression d’arracher les tuiles du toit du couvent, de briser les charpentes, d’ébranler l’édifice ; il entra parfois dans sa cellule sous des formes animales et y brisa des objets… etc. Mais le diable s’en prit aussi physiquement à lui, le laissant parfois blessé et sanguinolent : à la suite de l’un de ces combats, que Saint Nicolas remporta comme à l’accoutumée en se « cramponnant » à l’invocation du Saint Nom de Jésus, il demeura boiteux pour le restant de ses jours.
Saint Nicolas libère un démoniaque avec l’assistance de la Très Sainte Vierge et de l’Enfant Jésus
[fresque de la basilique de Tolentino, attribuée à Pierre de Rimini (+ 1345)]
On ne peut énumérer ici tous les miracles qu’accomplit Saint Nicolas : guérisons et résurrections (même d’animaux), signes extraordinaires qui l’accompagnaient, visions et apparitions célestes, étoile qui le précédait dans ses déplacements, auditions de concerts angéliques… etc. On peut considérer qu’il est l’un des plus grands thaumaturges de la Sainte Eglise.
Nous pourrons développer ce fait dans un article ultérieur, mais nous pouvons d’ores et déjà mentionner le fait que la Très Sainte Mère de Dieu montra à Saint Nicolas de Tolentino la translation miraculeuse de sa Sainte Maison de Nazareth et son arrivée sur la colline de Lorette.
Il faut enfin mentionner aussi ses relations avec les âmes du Purgatoire, pour lesquelles il avait une profonde compassion et dont il eut de nombreuses et fréquentes visions : sur ce thème également nous nous proposons de rédiger, en temps opportun, un article spécialement consacré à cet aspect de sa sainteté, qui lui a valu d’être proclamé officiellement saint patron des âmes du Purgatoire, en 1884, par le pape Léon XIII.
Saint Nicolas rendit son âme à Dieu le 10 septembre 1305, conformément à ce que, dans une vision où elle était accompagnée de notre Bienheureux Père Saint Augustin, la Madone lui avait annoncé le 5 septembre :
« Sois plein de joie, ô Nicolas, trois jours après ma Nativité tu passeras de ce monde au Royaume du Ciel. Reçois donc les sacrements de l’Eglise, et hâte-toi de te préparer ! »
Des miracles se produisirent dès après sa mort, pendant l’exposition de son corps et les funérailles. Il fut inhumé dans la chapelle de l’église conventuelle sur l’autel de laquelle il célébrait habituellement la Sainte Messe.
Très vite, des pèlerins y affluèrent pour se recommander à son intercession, et de très nombreuses guérisons y furent constatées.
En 1325, vingt ans après sa mort, Jean XXII fit commencer l’instruction de sa cause de canonisation : 664 personnes vinrent témoigner, 371 dépositions furent retenues et 300 miracles consignés ; mais la cause fut ralentie par la période du grand schisme d’Occident et ce n’est qu’en 1446 que le pape Eugène IV (qui était lui-même Ermite de Saint Augustin) put procéder à la canonisation ; Sixte V le fit inférer au bréviaire romain et Alexandre VII lui conféra le titre de « Protecteur de l’Eglise universelle » ; enfin Clément X éleva l’office de sa fête au rit double pour toute l’Eglise (mais il est célébré sous le rit double de 2ème classe avec octave simple chez les Augustins dont il a été le premier canonisé, dont il est le plus éclatant modèle après Saint Augustin lui-même, et pour lesquels il est l’un des plus puissants protecteurs).
D’autres articles entiers pourront aussi être consacrés aux reliques de Saint Nicolas de Tolentino, à son culte, aux pratiques de dévotion en son honneur, ainsi qu’aux petits pains bénits qui non seulement apportent du soulagement aux malades mais ont accompli des miracles tels que la cessation d’incendies ou la guérison d’animaux…
Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.
La mort de Saint Nicolas de Tolentino
[fresque de la basilique de Tolentino, attribuée à Pierre de Rimini (+ 1345)]
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