2024-188. De Sainte Rosalie, vierge issue du sang de France, solitaire, céleste protectrice de Palerme.
4 septembre,
Octave de notre Bienheureux Père Saint Augustin ;
Mémoire de Sainte Rosalie la Palermitaine, vierge ;
Anniversaire de la mort de Mère Anne-Marie de Jésus Crucifié, calvairienne (+ 4 septembre 1653 – cf. > ici).
Martyrologe romain pour le 4 septembre :
« Panórmi natális sanctæ Rosáliæ, Vírginis Panormitánæ, ex régio Cároli Magni sánguine ortæ, quæ, pro Christi amóre, patérnum principátum aulámque profúgit, et, in móntibus ac spelúncis solitária, cæléstem vitam duxit : à Palerme, la naissance (au ciel) de Sainte Rosalie, vierge de Palerme, issue du sang royal de Charlemagne, qui, pour l’amour de Jésus-Christ, s’enfuit de la demeure princière paternelle, et solitaire dans les montagnes et les grottes, mena une vie toute céleste ».
Statue de Sainte Rosalie devant la cathédrale de Palerme
Sainte Rosalie est née à Palerme, en Sicile, vers 1125. Fille de Sinibaldo Sinibaldi, chevalier renommé pour sa valeur, seigneur de Quisquina et de Monte delle Rose, que le Roi Roger II de Sicile (1095-1154) s’était attaché et auquel il avait donné pour épouse une de ses parentes, Maria Guiscarde, descendante de Charlemagne. Rosalie (Rosalia) avait reçu une éducation soignée et joignait les beautés du corps à celles de l’esprit ; très pieuse, elle aspirait à se consacrer totalement au service divin.
La tradition rapporte que, lors d’une partie de chasse, son père fut attaqué par un animal sauvage (les récits populaires parlent d’un lion) et ne dut d’avoir la vie sauve qu’à la courageuse intervention d’un jeune noble prénommé Baudoin, auquel Sinibaldo voulut témoigner sa reconnaissance. Comme beaucoup de jeunes chevaliers, Baudoin était épris de Rosalie et demanda sa main, qui lui fut accordée.
Rappelons qu’en ce temps-là et dans ce milieu les jeunes filles n’avaient bien souvent qu’à acquiescer à ce que leurs parents décidaient. Mais, à la veille des noces, s’approchant d’un miroir, en lieu et place de son propre reflet, elle vit le visage de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui lui enjoignit de quitter le monde en Le choisissant pour unique Epoux.
Sanctuaire de la grotte de Sainte Rosalie, près de Quisquina, état actuel :
près de la grotte originelle, un ermitage a été édifié au XVIIème siècle,
dans lequel se sont depuis succédé des frères, dont le dernier est mort en 1986 âgé de 98 ans…
Intérieur de l’église (XVIIème siècle) de l’ermitage
construit en avant de la grotte de Sainte Rosalie à Quisquina
Quoi qu’elle ne fût âgée que de 14 ans environ, Rosalie n’hésita pas et s’enfuit subrepticement du palais paternel, n’emportant avec elle qu’un crucifix et des instruments de pénitence.
Guidée par deux anges, elle atteignit une grotte des monts Sicanes, sur les terres de son père près de Quisquina, et ne s’y livra plus qu’à la prière et à la contemplation, ne soutenant son corps que de fruits, racines et autres baies sauvages, et se désaltérant avec l’eau qui suintait des parois rocheuses, qu’elle recueillait dans un petit bassin qu’elle avait confectionné et qui existe toujours. On vénère aussi dans cette grotte, son premier ermitage, une inscription latine :
« Ego Rosalia Sinibaldi Quisquini et Rosarum domini filia, amore Dei mei Jesus Christi in hoc antro habitare decrevi : moi Rosalie, fille de Sinibaldo, seigneur de Quisquina et de Monte delle Rose, pour l’amour de mon Seigneur Jésus-Christ, j’ai décidé de vivre dans cette grotte ».
On raconte que Notre-Seigneur, Notre-Dame et les saints Anges la visitaient fréquemment.
L’intérieur de la grotte de Sainte Rosalie à Quisquina
Un petit couvent de moines basiliens se trouvait dans les parages, et sans doute, Rosalie avait-elle discrètement recours à eux pour recevoir le secours des sacrements.
On pense qu’elle vécut dans cette grotte pendant une douzaine d’années.
Le sanctuaire de Sainte Rosalie au Mont Pèlerin, à Palerme, état actuel :
en avant de la grotte de Sainte Rosalie a été édifié un couvent
auquel on accède par une grande volée de marches
Les anges l’avertirent que, si elle restait dans cette grotte proche de Quisquina, elle serait bientôt découverte : ils l’engagèrent donc à en partir, et ils se firent ses guides jusqu’à une autre grotte, creusée sur les flancs du Mont Pèlerin (Monte Pellegrino) en surplomb de la cité de Palerme.
A l’origine, cette grotte avait une ouverture tellement étroite qu’elle était difficilement repérable et qu’il était malaisé d’y pénétrer.
Un prieuré de bénédictins se trouvait dans les environs et, vraisemblablement, c’est là que, en toute discrétion, la sainte ermite put bénéficier des sacrements.
Rosalie passa dans cette grotte les dernières années de sa courte vie, dans une prière quasi continuelle, la familiarité divine et une ascèse rigoureuse. C’est là qu’elle rendit son âme virginale à Dieu, son unique Epoux, le 4 septembre 1160. Elle était âgée d’environ 35 ans et avait vécu quelque vingt années de vie érémitique et pénitente très stricte, totalement cachée aux yeux des hommes.
Grotte de Sainte Rosalie au Mont Pèlerin (Monte Pellegrino), à Palerme, dans son état actuel,
c’est-à-dire aménagée en sanctuaire,
après qu’une ouverture suffisante a été creusée dans la roche
afin de permettre aux pèlerins d’y pénétrer.
La sainte solitaire fut connue des fidèles après sa mort grâce au témoignage que lui rendirent les moines qui avaient été les discrets et lointains spectateurs de sa sainteté : assez rapidement, les deux grottes où elle avait vécue ignorée de tous devinrent des lieux de dévotion, où l’on éprouvait la puissance de son intercession. Mais on ignorait où se trouvait sa dépouille mortelle : malgré des recherches assidues, on ne trouvait pas le lieu de sa sépulture !
En fait, son saint corps se trouvait toujours dans la grotte du Mont Pèlerin, mais il avait été enveloppé d’une espèce de gangue d’albâtre qui le dérobait aux regards.
Une opinion s’était répandue parmi le peuple de Palerme que les précieux restes mortels de la solitaire ne seraient retrouvés que le jour où la vengeance divine s’appesantirait sur la ville.
Statue de Sainte Rosalie dans la grotte-sanctuaire du Mont Pèlerin, à Palerme,
sous l’autel érigé au lieu de la découverte de son corps en 1624
C’est en effet ce qui arriva, en 1624, lorsque la peste se déclara et fit des ravages dans la population.
Les ardentes supplications aux saints protecteurs de la ville et de la Sicile, les processions avec les reliques, le recours aux saints qu’on invoque traditionnellement dans les temps d’épidémies contagieuses restaient vains.
Une pieuse femme qui avait été atteinte par le mal, et dont on pensait qu’elle n’allait pas survivre, se traîna jusqu’à la grotte du Mont Pèlerin dans le but de boire de l’eau qui y ruisselait en invoquant Sainte Rosalie. Elle fut guérie et la sainte lui apparut en lui indiquant l’endroit où l’on trouverait son corps.
Il en fut de même avec un savonnier qui fuyait la cité après que son épouse avait succombé à l’épidémie. Elle enjoignit à ce dernier d’aller trouver le cardinal-archevêque Jean Doria (1573-1642), en précisant qu’elle demandait qu’on établît une procession annuelle avec ses reliques dans les rues de Palerme.
On suivit donc les indications qui avaient été données par la sainte dans ces deux apparitions, et, le 15 juillet 1624, brisant la gangue d’albâtre, on découvrit le précieux corps de la princesse descendante de Charlemagne qui avait préféré la solitude contemplative et pénitente aux palais princiers.
Châsse d’argent contenant les reliques de Sainte Rosalie,
conservée de manière habituelle dans la chapelle qui lui est dédiée dans la cathédrale de Palerme,
solennellement portée en procession à travers la ville le 15 juillet,
et amenée à la grotte-ermitage du Mont Pèlerin le 3 septembre
Cependant le cardinal-archevêque et les autorités palermitaines hésitèrent un temps : les victimes de l’épidémie continuaient à mourir, mais nombre de ceux qui se plaçaient sous la protection de Sainte Rosalie se trouvaient rapidement guéris. Finalement, les saintes reliques furent exposées solennellement le 29 janvier 1625 et des prières publiques furent ordonnées devant elles : la peste cessa subitement !
Dès lors, le cardinal Doria se dépensa pour faire reconnaître la sainteté de Sainte Rosalie par le Saint-Siège : elle fut inscrite au martyrologe romain en 1631 par le pape Urbain VIII (canonisation équipollente) et fut très solennellement proclamée sainte patronne et protectrice de la ville, qui célèbre Sainte Rosalie chaque année par plusieurs jours de festivités conclues par la procession très solennelle du 15 juillet dans les rues de Palerme ; puis à nouveau les 3 et 4 septembre, où une autre procession, que beaucoup de pèlerins suivent pieds nus ou même à genoux, amène la châsse depuis la cathédrale jusqu’à la grotte du Mont Pèlerin.
Notons qu’en mars 2020, au début de l’épidémie de covid-19, des processions et prières publiques ont été organisées pour supplier Sainte Rosalie de protéger les habitants du virus, comme elle les avait jadis protégés de la peste, et qu’au mois de juillet suivant le maire de Palerme exprima publiquement sa gratitude envers la céleste protectrice de la cité.
Et c’est ainsi qu’une princesse, dans les veines de laquelle coulait le sang de Saint Charlemagne, et qui voulut rester ignorée et loin du monde pendant sa courte vie, bien qu’elle soit aujourd’hui très peu connue en France, est néanmoins célèbre dans toute la Sicile et dans tous les pays, d’Europe, d’Amérique et d’Asie où les Siciliens ont exporté son culte.
Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.
Vous pouvez laisser une réponse.
En effet, je ne connaissais pas cette Sainte.