2024-158. La « Sainte Parenté » de l’église Notre-Dame la Grande à Poitiers.

26 juillet,
Fête de Sainte Anne, mère de la Bienheureuse Vierge Marie
(cf. iciici, ou bien ici).

Poitiers église Notre-Dame la Grande

Poitiers : église Notre-Dame la Grande

       Mon papa-moine, qui a résidé pendant une période à côté de Poitiers, après m’avoir raconté la belle vie de Sainte Anne, que nous vénérons avec une joyeuse ferveur en ce 26 juillet, m’a expliqué que lorsqu’on entre dans l’extraordinaire collégiale Notre-Dame-la-Grande, merveille de l’art roman poitevin, on remarque vite, contre le premier pilier gauche de la nef, un groupe sculpté polychrome qui peut dater de la fin du XVème ou du début du XVIème siècle.

   L’ensemble est particulièrement harmonieux, les personnages sont gracieux, les couleurs relativement vives, les attitudes bien étudiées, et cependant une certaine sobriété, dans les drapés et les attitudes, donne envie de dire que l’on se trouve bien loin de l’espèce de maniérisme qui préside souvent à la sculpture du dernier gothique…

Sculpture de la Sainte Parenté - Poitiers collégiale Notre-Dame la Grande

   Ce groupe sculpté représente ce que l’on appelle « la Sainte Parenté » : à ma connaissance le sujet est davantage représenté en peinture qu’en sculpture.
On trouve en effet relativement souvent des statues dites « Sainte Anne trinitaire », où l’on voit Sainte Anne avec sa fille, la Bienheureuse Vierge Marie, et son petit-fils, le Saint Enfant Jésus, mais il est plutôt rare de trouver des œuvres sculptées où l’on retrouve la totalité de la sainte descendance de la bonne Sainte Anne.

   Sur cette sculpture figure donc comme personnage principal – en conséquence la plus grande en taille – Sainte Anne : elle tient sur son bras droit la Très Sainte Vierge Marie, sa fille, portant couronne, et représentée non pas comme une enfant mais plus exactement comme une jeune femme à laquelle on a donné la taille d’une enfant en bas âge ; et cette dernière porte dans ses bras le Saint Enfant Jésus emmailloté.

Sainte Parenté de Poitiers détail 1

   Debout aux pieds de Sainte Anne, sont sculptées les deux filles nées de ses autres mariages (ainsi que cela est expliqué dans la « Légende dorée » – cf. > ici) : Marie Salomé et Marie de Cléophas, qui présentent chacune leurs enfants, puisque

   « Anne eut, dit-on, trois maris, savoir : Joachim, Cléophas et Salomé.
De son premier mari, c’est-à-dire de Joachim, elle eut une fille qui était Marie, la mère de Jésus-Christ, qu’elle donna en mariage à Joseph, et Marie engendra et mit au monde Notre-Seigneur Jésus-Christ.
A la mort de Joachim, elle épousa Cléophas, frère de Joseph, et elle en eut une autre fille qu’elle appela Marie, comme la première, et qu’elle maria dans la suite avec Alphée. Marie, cette seconde fille, engendra d’Alphée, son mari, quatre fils, qui sont Jacques le mineur, Joseph le juste qui est le même que Barsabas, Simon et Jude.
Anne, après la mort de son second mari, en prit un troisième ; c’était Salomé, de qui elle engendra une autre fille qu’elle appela encore Marie et qu’elle maria à Zébédée. Or, cette Marie engendra de ce Zébédée deux fils, savoir : Jacques le Majeur et Jean l’Evangéliste… »

    Signalons aussi qu’en 1406, Sainte Colette de Corbie (cf. > ici) eut une vision de Sainte Anne accompagnée de ses trois filles et de leurs enfants : cet événement mystique contribua au développement des représentations de la « Sainte Parenté » dans l’art.

Sainte Parenté de Poitiers détail 2

   C’est – n’ayons pas peur au passage de le mettre en évidence, pour montrer à ces détracteurs de l’Eglise qui l’accusent d’être misogyne que c’est évidemment faux – une très belle manière de manifester que, dans le mystère de l’Incarnation, un rôle essentiel est départi aux femmes et à la maternité.

Sainte Parenté de Poitiers détail 3

Sainte Marie de Cléophas, épouse d’Alphée,
avec ses quatre fils : Saint Jacques le Mineur, Saint Joseph le juste dit Barsabas,
et les Saints apôtres Simon et Jude

   Cette manière de représenter Sainte Anne, avec ses trois filles et ses petits-enfants est également une évocation particulière du mystère du Salut : Marie Salomé, Marie de Cléophas et leurs enfants – parmi lesquels il y en aura cinq appelés dans le Collège apostolique – sont les symboles de tous ceux qui, à l’intérieur du peuple israélite, s’étaient préservés des contaminations du monde païen, avaient évité les écueils du pharisaïsme et des autres courants déviants à l’intérieur du judaïsme, mais qui, au contraire, « cherchaient Dieu » dans la sincérité de leurs cœurs et la fidélité, scrutaient les Saintes Ecritures avec une âme disponible et généreuse, et se trouvaient prêts à accueillir le Messie promis à leurs pères.
C’est la raison pour laquelle, tous tiennent des livres à la main.
Seules la Très Sainte Vierge Marie et Sainte Anne n’ont pas besoin de livres, puisqu’elles portent dans leurs bras l’Enfant Jésus, le Verbe incarnée, « Parole vivante de Dieu » qui S’est fait chair : Jésus, en lequel s’accomplissent toutes les prophéties des Saintes Ecritures.

   Les regards de Marie Salomé et Marie de Cléophas, ainsi que ceux de leurs enfants sur lesquelles elles sont penchées, ont peu d’expression, paraissent presque vides et, à eux tous, ils semblent chercher dans toutes les directions Celui qu’ils n’ont pas encore trouvé et qui ne leur sera révélé qu’à partir du début de Sa vie publique ; puis que, jusqu’à la Résurrection, ils peineront encore à reconnaître pleinement comme le Sauveur, vrai Dieu et vrai homme.

   Les regards de la Vierge et de Sainte Anne sont, eux, graves, parce qu’ils sont orientés vers Jésus, et qu’elles ont déjà la connaissance de ce par quoi s’accomplira la Rédemption : la Croix.
Elles semblent donc nous dire : Tournez vos yeux vers Celui qui vient sauver les hommes et ne cherchez pas au loin Celui qui est au milieu de vous.

Tolbiac

Sculpture de la Sainte Parenté - Poitiers collégiale Notre-Dame la Grande - détail 4

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1 Commentaire Commenter.

  1. le 26 juillet 2024 à 21 h 29 min Goës écrit:

    En effet, une très belle sculpture.

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