2024-152. De la sainte montagne du Carmel et de la vision prophétique de Saint Elie annonçant la Très Sainte Vierge, ses vertus et ses prérogatives.

16 juillet,
Fête de Notre-Dame du Mont Carmel (cf. > ici) ;
Anniversaire de la mort de Dom Augustin de Lestrange (16 juillet 1827).

Notre-Dame du Mont-Carmel

Notre-Dame du Mont-Carmel

       « [...] Le Carmel est une montagne assise en Palestine, dans le partage de la tribu d’Issachar, ayant les monts de Nazareth au levant, et la mer Méditerranée au couchant. L’Ecriture Sainte en parle toujours comme d’un lieu souverainement fertile et agréable.
Nabal, mari d’Abigaïl, laquelle fut depuis femme de David, n’était riche que par les belles terres et les excellent pâturages qu’il y possédait. Quand l’Epoux du Cantique des cantiques veut relever les grâces de son Epouse, il lui dit que sa tête est florissante comme le Carmel : Caput tuum ut Carmelus. Et quand le prophète Isaïe nous veut représenter avec de vives couleurs l’éclat et la majesté du Messie qu’il voyait en esprit, comme s’il eût déjà été dans le monde, il nous assure que « la gloire du Liban lui a été donnée », et qu’on l’a revêtu des beautés du Carmel et de Saron : Gloria Libani data est ei, decor Carmeli et Saron.
Au contraire lorsque les prophètes nous veulent faire paraître une grande désolation et un dégât universel, ils disent que le Carmel a été changé en désert, que ses arbres, qui avaient coutume d’être toujours verts, se sont desséchés ; que la joie et les divertissements en ont été bannis, et que, tout ferme et immobile qu’il paraisse, il a été secoué et ébranlé.

Paysage du Mont Carmel

Paysage du Mont-Carmel

   Sur cette montagne, le prophète Elie, remporta, contre les 850 prêtres de l’idole de Baal, l’illustre victoire si admirablement décrite au troisième Livre des Rois, chapitre XVIII. Sur cette montagne, un de ses disciples, qu’il envoya sept fois vers la mer, vit à la septième fois une nuée mystérieuse se fondre en pluie et changer en une heureuse fertilité la stérilité des campagnes, qui avait duré trois ans et demi, pour punir les crimes d’Achab et de Jézabel. Plus tard, ce divin prophète y établit sa demeure, avec le grand Elisée, le premier et le plus célèbre de tous ses enfants spirituels, et y assembla une compagnie de saints personnages, qui furent appelés les Enfants des Prophètes ; il leur prescrivit certaines règles d’abstinence, de jeûnes, de prières et autres exercices de piété, qui les distinguaient du commun des Juifs.

Gustave Doré - le prophète Elie fait périr les prophètes de Baal

Gustave Doré : le prophète Elie fait périr les prêtres et prophètes de Baal

   Plusieurs auteurs ont écrit que ces religieux de l’Ancien Testament se sont perpétués jusqu’au temps de la venue du Sauveur, autant que la longue domination des rois de Babylone, de Perse, de Syrie, d’Egypte, et les guerres des princes Ammonites le leur pouvaient permettre; que Notre-Seigneur, la Sainte Vierge et Saint Jean-Baptiste les y honorèrent de leur visite ; qu’après la Passion et la Résurrection du Fils de Dieu, quelques uns des nouveaux chrétiens s’y retirèrent aussi et y continuèrent la vie solitaire de ces illustres disciples d’Elie et Elisée, et qu’enfin, dans tout le temps qui s’est écoulé depuis l’établissement de la religion chrétienne jusqu’à Berthold, premier général latin de l’Ordre des Carmes, c’est-à-dire jusqu’au XIIème siècle, cette sainte montagne a toujours été habitée par quelques ermites, qui, demeurant dans les cavernes qui y sont en grand nombre, ou en des cellules qu’ils bâtissaient de terre et de branches d’arbres, y ont conservé l’esprit de religion que les anciens prophètes, et ensuite ces premiers chrétiens y avaient établi.
Ils en interfèrent que l’institut de Notre-Dame du Mont-Carmel a le grand Elie pour chef et premier fondateur, et qu’ils n’embrasse  pas seulement les dix-huit siècles de la loi de la grâce, qui se sont écoulés jusqu’à nos jours, mais aussi près de neuf siècles de la loi écrite, savoir depuis Elie jusqu’à la naissance du Sauveur du monde.

Statue de Saint Elie fondateur de l'Ordre des Carmes - basilique Saint-Pierre au Vatican

Le Saint Prophète Elie
explicitement nommé comme fondateur de l’Ordre des Carmes
statue dans la basilique vaticane

   Cette succession, sans interruption notable, a été combattue par d’autres célèbres auteurs, principalement par Baronius (en l’année 444 de ses Annales) ; mais les preuves sur lesquelles elle est établie, quoiqu’elles ne soient pas tout-à-fait convaincantes, sont néanmoins fort vraisemblables : un grand nombre de papes, de cardinaux, d’évêques l’ont autorisée, en approuvant les offices ecclésiastiques où elle est rapportée ; Sainte Madeleine de Pazzi, Sainte Thérèse, le Bienheureux Jean de la Croix et beaucoup d’autres saints et saintes de cet Ordre, à qui Dieu a révélé de grands secrets, n’en ont jamais douté : ils ont, au contraire,  fondé plusieurs de leurs dévotions sur cette tradition ; nous ne faisons pas non plus difficulté d’y souscrire ; nous sommes persuadé que Dieu a donné, dans tous les âges du monde, une inclination pour la vie retirée et solitaire, qui, en séparant les hommes du commerce du monde, les rend intérieurs et spirituels et les fait approcher de la pureté des anges ; et que les déserts du Mont-Carmel et des environs étant des lieux fort propres à cette vie, il y a bien de l’apparence qu’après le séjour des Prophètes, ils n’ont guère été sans quelques saints habitants qui aient voulu être les héritiers de leurs cellules aussi bien que de leur zèle.

Notre-Dame du Mont-Carmel monastère stella Maris - blogue

Statue de Notre-Dame du Mont-Carmel
au monastère Stella Maris, à Haïfa, sur les pentes du Mont Carmel
au-dessus de la grotte du prophète Elie

   Beaucoup de raisons ont fait donner à la Sainte Vierge le surnom de cette montagne sainte : ces raisons se trouvent marquées en ce jour dans les leçons de son office. La première est qu’elle y a été figurée, reconnue et honorée dès le temps des anciens Prophètes, et près de neuf cents ans avant sa naissance.
En effet on ne peut douter que la nuée que le prophète Elie aperçut en ce lieu  après son disciple, et qu’il avait lui-même attirée par la sainte opportunité de ses prières, ne fût le symbole et la figure de cette auguste Mère de Dieu.
L’Ecriture dit qu’elle était comme la trace du pied d’un homme ; que, sortant de la mer, elle s’éleva au milieu de l’air, et que, s’étant ensuite répandue de tous les côtés, elle donna une pluie abondante qui délivra la terre de la sécheresse et de la stérilité dont elle était affligée. Nous avons, dans cette description, une image des vertus et des prérogatives de Marie : elle a été comme la trace du pied d’un homme par son humilité, parce que, comme dit Saint Bernard, elle s’est humiliée au-dessous de toutes les créatures. Elle s’est élevée au-dessus de la mer par sa pureté, parce qu’elle est tellement sortie du sein de notre nature corrompue par la voie d’une génération ordinaire, qu’elle n’a rien contracté de sa pesanteur ni de son amertume, et que son innocence et sa sainteté ordinaire l’ont distinguée de tous les autres enfants d’Adam. Enfin, elle a donné une pluie abondante et salutaire par sa fécondité, parce qu’elle a mis au monde Celui que les Prophètes et tout l’Ancien Testament nous avaient si souvent promis sous les noms de rosée et de pluie.

grotte d'Elie dans la basilique du monastère stella maris à Haïfa

La grotte du Saint Prophète Elie, depuis laquelle il vit la nuée miraculeuse annonçant la Vierge Marie,
aujourd’hui englobée dans la basilique du monastère Stella Maris à Haïfa

     Ce mystère ne fut pas caché au divin Elie ; Dieu lui ouvrit les yeux de l’âme pour reconnaître que cette petite nuée, qui était si salutaire au peuple d’Israël, était la figure d’une Vierge incomparable, qui devait être la source du bonheur de toutes les nations ; il en informa Saint Elisée et ses autres disciples : ce qui fit qu’ils eurent dès lors beaucoup de respect et une affection singulière pour elle. Et, certes, si les druides, parmi les Gaulois, tout païens et idolâtres qu’ils étaient, n’ont pas laissé de lui dédier un autel, longtemps avant sa naissance, avec cette inscription : Virgini pariturae, « à la Vierge qui enfantera », pourquoi douterons-nous que ces saints solitaires, qui vivaient sur le Carmel avec tant d’innocence et de pureté, et qui, outre la lumière de la foi, possédaient excellement le don de prophétie et avaient une parfaite intelligence des Saintes Ecritures, où les mérites de la glorieuse Vierge avaient déjà été marquées en divers endroits, pourquoi douterons-nous qu’ils ne se soient dévoués à son service, et ne l’aient par avance adorée et bénie comme la Mère de leur Rédempteur ?
Ainsi, nous pouvons dire qu’elle était, dès ce temps-là, la Dame et la Souveraine du Mont-Carmel, et que, cette montagne sainte lui appartenant comme son héritage, elle en pouvait légitimement porter le nom. »

Monseigneur Paul Guérin,
in « Les Petits Bollandistes » tome VIII pp. 375-377

Statue de Saint Elie dans la sainte grotte du monastère Stella Maris

Statue de Saint Elie sur l’autel érigé dans la grotte où il eut la vision de la nuée prophétisant la Vierge Marie,
dans la basilique du monastère Stella Maris à Haïfa

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2 Commentaires Commenter.

  1. le 16 juillet 2024 à 15 h 36 min Jean-François écrit:

    Merci pour cet article !

  2. le 15 juillet 2024 à 21 h 38 min Goës écrit:

    Page historique que je ne connaissais pas.

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