2024-132. Du Bienheureux Pierre-Jacques de Pésare, céleste protecteur des calligraphes et enlumineurs.

23 juin,
Dans l’Ordre de Saint Augustin, fête du Bienheureux Pierre-Jacques de Pésare, confesseur ;
Vigile de la Nativité de Saint Jean-Baptiste ;
Septième jour du « Jeûne des Apôtres » (cf. > ici).

Gravure du XVIIème siècle représentant la ville de Pesaro

       Actuelle capitale de la province éponyme, Pésare (en italien Pesaro et en latin Pisaurum) est une ville portuaire des Marches, en bord d’Adriatique, au nord d’Ancône. Au XVème siècle, qui est la période qui nous intéresse dans cet article, la cité faisait partie du Duché d’Urbin. Puis cette province entrera dans les Etats de l’Eglise en 1631.

   Pierre-Jacques (en italien Piergiacomo), est né à Pésare, vraisemblablement en 1445. On ne sait pratiquement rien de sa famille – dont le patronyme était semble-t-il Gaspari -, ni de son enfance et de son adolescence.
La tradition augustinienne nous rapporte qu’il entra très jeune au couvent des Augustins de Pésare : un couvent fondé au XIIIème siècle, où avait vécu un temps Saint Nicolas de Tolentin (1245-1305), célèbre mystique et thaumaturge des Ermites de Saint Augustin. Dans un ermitage dépendant de ce couvent, Saint Nicolas eut des révélations importantes concernant le Purgatoire.

   Le Frère Pierre-Jacques suivit le cursus de la formation augustinienne, fit profession puis suivit les études préparatoires à l’ordination sacerdotale – dont on ignore la date – puis fut employé à la formation des jeunes religieux.
C’est ainsi que les documents nous le montrent en 1472 (environ 27 ans) maître des études à Pérouse, envoyé enseigner à Florence en 1473, puis professeur de théologie – avec le titre de régent – au couvent de Rimini en 1482 (environ 37 ans). On sait aussi qu’il participa aux chapitres généraux de l’Ordre en 1482 à Pérouse et en 1486 à Sienne. 

   Certains historiens, contestés par d’autres qui considèrent que les sources ne sont pas certaines et qu’il s’agirait d’un autre religieux homonyme, prétendent qu’il aurait été envoyé comme commissaire général pour régler un conflit entre deux couvents de la province de Pésare, et qu’il aurait même été Prieur provincial dans la province de Macerata (Marches) ou même Prieur au très important couvent de Bologne…

   En revanche, ce qui est certain, c’est qu’il fut un religieux exemplaire, aimant l’étude, adonné à l’enseignement, très investi pour la formation spirituelle et doctrinale des jeunes religieux, puis appliqué à la recherche de la solitude, adonné à une ascèse stricte, engagé dans la quête de la prière continuelle et zélé pour la pénitence, vivant sans ostentation mais avec une fervente rigueur les Constitutions originelles de l’Ordre des Ermites de Saint Augustin.
Ses contemporains ont rendu témoignage à son « équilibre serein » et à sa « prudence rare ».

   Dans la dernière partie de sa vie, avide d’une plus grande solitude, il demanda et obtint de se retirer à l’ermitage de Valmanente, aux portes de Pésare, sa ville natale, ermitage – nous l’avons déjà dit – déjà sanctifié par le séjour de Saint Nicolas de Tolentin, et où il s’appliqua au travail manuel et, très spécialement, au travail de copie et de décoration des livres liturgiques : il était renommé pour la qualité de sa calligraphie et de ses enluminures (l’imprimerie n’était qu’à ses balbutiements encore, et les livres imprimés demeuraient rares : voilà pourquoi dans les couvents se perpétuait encore le travail des copistes). C’est la raison pour laquelle les calligraphes et enlumineurs le considèrent comme leur modèle et leur protecteur.

   Il rendit paisiblement sa belle âme à Dieu en 1496 à l’ermitage de Valmanente : il avait une cinquantaine d’années seulement.
Vénéré par ses concitoyens, son culte se développa et se perpétua de manière locale, puis fut confirmé en 1848 par le Bienheureux Pie IX, qui fixa le jour de sa fête au 23 juin.