2024-131. Méditation pour le cinquième dimanche après la Pentecôte : « Entente fraternelle ».

Cinquième dimanche après la Pentecôte.
Lectures : épître 1 Petr. III 8-15 ; Evangile Matth. V 20-24.

Gaetano Gandolfi allégorie de la justice - blogue

Gaetano Gandolfi (1734-1802) : allégorie de la justice (vers 1765)
[musée du Louvre]

Présence de Dieu :

Apprenez-moi, Seigneur, à vivre dans une concorde parfaite avec le prochain, afin que mes prières et mes offrandes Vous soient agréables.

Méditation :

   1 – Ce dimanche  pourrait s’appeler le dimanche de la concorde, vertu si nécessaire pour sauvegarder toujours nos rapports fraternels avec le prochain.
« Mes bien-aimés, nous dit Saint Pierre dans l’épître, soyez tous unis de cœur, ayant une bonté compatissante, une amitié de frères, une charité indulgente, accompagnée de modestie et d’humilité ». L’Apôtre nous parle d’une manière pratique et réaliste. Il sait qu’à cause de notre fragilité, de notre faiblesse, il nous est impossible de conserver la concorde si nous ne compatissons aux défauts du prochain, si nous ne savons nous montrer miséricordieux envers ceux qui nous causent du déplaisir, si nous ne parvenons à supporter humblement quelque tort.
Celui qui, pour vivre en parfaite union avec autrui, prétendrait ne devoir jamais souffrir quelque ennui ou déplaisir, ne voudrait jamais être contrarié ou dérangé, n’a nulle expérience de la réalité de la vie et oublie que loin d’être de purs esprits, nous sommes bornés par la matière ; il oublie, comme dit Saint Augustin, « que nous sommes mortels, fragiles, faibles, portant nos corps comme des vases de terre, sources de misères les uns pour les autres », exactement comme des récipients en terre cuite qui voyagent dans un même véhicule, se heurtent et se gênent mutuellement.
Notre étroitesse d’esprit nous donne des mentalités, des attraits, des désirs, des intérêts qui diffèrent d’une personne à l’autre, et nous empêchent souvent de nous entendre. Il arrive même que, sans mauvaise volonté, ni l’ombre d’une intention méchante, nous travaillions en sens inverse.
Saint Augustin suggère le remède à ces inconvénients inévitables : si les bornes de notre nature sont une cause de gêne réciproque « dilatentur spatia caritatis : qu’une plus grande place soit faite à la charité », en d’autres termes : dilatons notre cœur par un amour plus grand, afin de pouvoir nous comprendre t sympathiser mutuellement.
D’autre part, exerçons une plus grande humilité pour vaincre les ressentiments de l’amour-propre. Même si quelqu’un est malintentionné à notre égard, il faut savoir lui pardonner, selon le mot de l’Apôtre : « ne rendez pas le mal pour le mal, ni l’injure pour l’injure ; bénissez, au contraire… Si néanmoins vous souffrez pour la justice, vous serez heureux !… Révérez dans vos cœurs le Christ, Notre-Seigneur » (épître).

Saint-Esprit - vignette blogue

   2 – L’Evangile reprend et approfondit le même sujet. Avant tout, Jésus nous dit : « Si votre justice ne dépasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux ». C’est une allusion évidente à la loi nouvelle, le loi d’amour, que Jésus nous a donnée, et qui surpasse de loin le simple loi de justice.
Nous ne pouvons pas nous borner – comme le faisaient les pharisiens – à ne faire aucun tort au prochain, mais nous devons nourrir envers lui une délicate charité fraternelle. Il ne suffit pas de « ne pas tuer » pour éviter « le jugement », enseigne le Maître, mais « quiconque se met en colère contre son frère, mérite d’être puni par les juges ».
Voici un autre aspect de la loi nouvelle proposée par jésus : il ne suffit pas d’être justes extérieurement, il faut l’être avant tout dans son for intérieur, dans son cœur ; éviter l’offense extérieure envers le prochain est insuffisant ; il faut réprimer jusqu’au ressentiment intérieur.
Par leur interprétation matérielle de la loi, les pharisiens en avaient totalement perdu l’esprit, ils avaient oublié que le Seigneur a toujours les yeux sur nous, ainsi que le dit Saint Pierre dans l’épître, et qu’Il voit l’intention aussi bien que l’acte ; la colère et le ressentiment, nourris dans le cœur, ne Lui échappent pas.
Du reste, Jésus nous demande une grande délicatesse dans nos rapports même extérieurs avec le prochain ; Il exige que nous évitions non seulement les actes, mais même les paroles offensantes. La charité, la concorde fraternelle Lui tiennent tant au cœur, qu’Il n’hésite pas à nous dire : « Lorsque tu présentes ton offrande à l’autel, et que tu te souviens que ton frère à quelque chose contre toi, laisse là ton offrande… et va d’abord te réconcilier avec ton frère ».
Combien le Seigneur nous aime ! Saint Jean Chrysostome remarque finement : « Il ne fait pas cas de Son honneur quand il s’agit d’exiger l’amour du prochain. Que Mon culte soit interrompu, dit-Il, pourvu qu ta charité soit rétablie ».
Comment en effet nos prières et nos offrandes pourraient-elles plaire à Dieu, si quelque chose empêche la parfaite concorde entre nous et le prochain ?

allégorie de la paix - anonyme France milieu 18e siècle - petit palais - blogue

Anonyme, France XVIIIème siècle : figure allégorique de la paix
[Petit Palais, Paris]

   « O Jésus, en méditant Vos paroles divines, j’ai vu combien mon amour pour mes sœurs était imparfait… Ah ! je devine maintenant que la vraie charité consiste à supporter tous les défauts du prochain, à ne pas s’étonner de ses faiblesses, à s’édifier de ses moindres vertis ; mais surtout, j’ai appris que la charité ne doit point rester enfermée dans le fond du cœur, car personne n’allume un flambeau pour le mettre sous le boisseau, il est fait pour être mis sur le chandelier, afin qu’il éclaire tous ceux qui sont dans la maison. Il me semble… que ce flambeau représente la charité qui doit éclairer, réjouir, non seulement ceux qui me sont le plus chers, mais tous ceux qui sont dans la maison.
Me souvenant que la charité couvre la multitude des péchés, je puise à cette mine féconde que Vous nous avez ouverte dans Votre Evangile sacré. Je fouille dans les profondeurs de Vos paroles adorables, et je m’écrie avec David : « J’ai couru dans la voie de Vos commandements, depuis que Vous avez dilaté mon cœur ». Et seule la charité peut dilater mon cœur…
O Jésus ! Depuis que cette douce flamme le consume, je cours avec délices dans la voie de Votre commandement nouveau, et je veux courir jusqu’au jour bienheureux où, m’unissant au cortège virginal, je Vous suivrai dans les espaces infinis, chantant Votre cantique nouveau qui doit être celui de l’amour »
(Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, in « Histoire d’une âme » IX).

   « O Seigneur Jésus-Christ, si je n’avais d’autre raison d’aimer mon prochain, et non seulement celui qui m’aime mais même celui qui m’est opposé, je me déciderais à le faire uniquement à cause du précepte que Vous nous avez donné de nous aimer les uns les autres, comme Vous nous avez aimés.
De même que Vous m’aimez, Beauté, Bonté et Perfections infinies, moi, homme plein de misères, et ne me repoussez pas à cause de mes défauts, ainsi je veux, pour Votre amour, aimer tous mes frères »
(Vénérable Jean de Jésus-Marie ocd).

Père Gabriel de Sainte Marie-Madeleine,
in « Intimité divine ».

Saint-Esprit - vignette blogue

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2 Commentaires Commenter.

  1. le 23 juin 2024 à 22 h 10 min Goës écrit:

    En effet, parfaite charité envers le prochain.

  2. le 23 juin 2024 à 5 h 21 min Abbé Jean-Louis D. écrit:

    Profonde méditation sur la parfaite charité à l’égard du prochain. Pour ceux qui la vivent, n’est-ce pas le « martyre de la charité » ?
    Les grincheux qui parviennent à cette concorde en seraient les premiers !
    « Apprenez-moi, Seigneur, à vivre dans une concorde parfaite avec le prochain »!

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