2024-128. De l’abbé Jean-Baptiste Abeillon, prêtre du diocèse de Viviers, curé-prieur d’Arlempdes, et de ses compagnons, guillotinés au Puy le 17 juin 1794.

17 juin,
Au Mesnil-Marie, fête (transférée) de Sainte Lutgarde de Tongres, vierge ;
Mémoire de Saint Grégoire Barbarigo, évêque et confesseur ;
Anniversaire du martyre de l’abbé Jean-Baptiste Abeillon et de ses compagnons.

Le Puy - Hôtel de ville - place du Martouret

Ancienne carte postale de l’hôtel de ville du Puy-en-Velay (deuxième moitié du XVIIIème siècle),
sis sur la place du Martouret où fut dressée la guillotine pendant la révolution

       Le mardi 17 juin 1794, qui était le 29 prairial de l’an II selon le calendrier républicain aussi ridicule qu’il était impie, une quinzaine de personnes furent guillotinées au Puy, sur la place du Martouret, où, quelques jours auparavant – le 8 juin -, avait été livrée aux flammes la vénérable statue de Notre-Dame du Puy offerte par le Roi Saint Louis au sanctuaire angélique.
Parmi ces victimes du fanatisme révolutionnaire le 17 juin 1794, il s’en trouve sept dont les noms se retrouvent dans la liste des vingt-quatre personnes officiellement retenues par le diocèse du Puy pour l’instruction d’un procès canonique en vue de la béatification (cf. > ici).
Il s’agit de deux prêtres, Messieurs les Abbés Jean-Baptiste Abeillon et François Mourier, d’une religieuse, et de quatre fidèles (un homme et trois femmes), dont nous allons faire une rapide présentation ci-dessous.

vignette croix et palmes des martyrs

L’Abbé Jean Baptiste Abeillon :

   Il était né le 16 octobre 1720, au hameau de Montmoulard à Coucouron, grosse bourgade du plateau vivarois, et avait été baptisé le lendemain, aîné d’une famille de six enfants dont les trois garçons devinrent prêtres.
Il était entré au grand séminaire de Viviers à l’âge de 19 ans (1739), et avait été ordonné prêtre le 19 décembre 1744, samedi des Quatre-Temps d’hiver, par Sa Grandeur Monseigneur Louis François Renaud de Villeneuve, évêque de Viviers.
Après divers postes, il fut nommé curé-prieur d’Arlempdes, dans la haute vallée de la Loire, paroisse qui a été annexée par le diocèse du Puy en conséquence des redécoupages territoriaux imposés par la révolution.
En 1782 (âgé de 62 ans donc), il résigna sa charge en faveur de son jeune frère Pierre, mais ne se retira pas du ministère puisque il demeura à Arlempdes en qualité de vicaire.
Les deux frères, probablement en raison des « recommandations » du très fantasque évêque de Viviers, Monseigneur Charles de Lafont de Savines (un des quatre évêques français d’Ancien Régime qui prêtèrent le serment constitutionnel et dont on disait qu’il était plus assidu à la lecture de Rousseau qu’à celle du Saint Evangile) qui avait écrit à ses prêtres pour qu’ils le fissent, ils prêtèrent le serment schismatique, mais, très rapidement, ils comprirent leur erreur et, le quatrième dimanche qui suivit, ils se rétractèrent solennellement devant tous leurs paroissiens auxquels ils demandèrent pardon.
Cette rétractation faisait immédiatement d’eux des hors-la-loi : ils durent quitter la cure, mais, malgré la présence d’un « intrus », ils demeurèrent dans leur paroisse et y continuèrent leur ministère dans la clandestinité.
Le 11 Juin 1794, l’abbé Jean-Baptiste Abeillon fut arrêté, dans son hameau natal de Montmoulard, et emmené au Puy.
Le 16 Juin, il comparut devant le tribunal criminel qui siégeait dans l’ancienne chapelle du monastère de la Visitation (cf. > ici), et fut bien évidemment condamné à la peine capitale.
Il fut guillotiné le dernier, après les six condamnés dont la présentation suit. Il était dans sa 74ème année.

Arlempdes village et château - blogue

Arlempdes, paroisse du diocèse de Viviers avant la révolution :
le château et, à son pied, l’église Saint-Pierre (XIe-XVIe siècles)

L’Abbé François Mourier :

Dernier enfant d’une famille de sept, François Mourier est né et a été baptisé le 1er avril 1764 dans la paroisse de Saint-Julien-Molhesabate, aux confins du Vivarais.
Au terme de ses études cléricales au grand séminaire du Puy, il fut ordonné prêtre à la fin de l’année 1790 au cours de l’avant-dernière cérémonie ordination célébrée par Monseigneur Marie-Joseph de Galard de Terraube avant qu’il ne dût partir pour l’exil.
Il fut alors nommé vicaire dans la paroisse de Beaune (aujourd’hui beaune-sur-Arzon), à quelque deux lieues et demi au sud-est de la Chaise-Dieu.
Comme l’ensemble des prêtres diocésains, il fut « invité » à prêter le serment constitutionnel, le 6 février 1791 : il le fit « en exceptant formellement de ladite Constitution tous les objets qui sont de l’autorité spirituelle de l’Eglise, et tout ce qui pourrait porter atteinte à la foi et à la religion », ce qui, de fait rendait le serment invalide, toutefois, dans les paroisses où les municipalités n’étaient pas constituées d’enragés, le clergé qui avait précisé ces restrictions pouvait encore rester en poste et exercer un ministère.
En septembre 1792, l’Abbé François Mourier fit la demande d’un passeport pour l’étranger. Etait-ce une ruse pour être réputé parti ? Car de fait il demeura dans la paroisse, y exerçant
 clandestinement son ministère.
Il fut arrêté le 21 avril 1793, mais réussit à échapper à ses gardes avant d’arriver au Puy, et revint aussitôt dans sa paroisse pour y continuer son ministère, sans que la crainte de l’échafaud ne le détournât en rien de porter les secours de la religion à ceux qui en avaient besoin.
Le 12 juin 1794, se sentant à bout de forces, il demanda l’hospitalité à un cultivateur du hameau de Bruac : Barthélemy Best.
Deux jours après la maison était cernée par un piquet de cinquante patriotes.
Avec lui, treize personnes furent arrêtées et conduites au Puy, pour être jugées. Six furent condamnées à la peine capitale et furent guillotinées le 17 juin 1794, sur la place du Martouret.
Lors de son exécution il avait 30 ans et deux mois et demi.

Ancienne chapelle de la Visitation du Puy - extérieur

Ce qui subsiste de l’ancienne chapelle de la Visitation d’avant la révolution au Puy-en-Velay :
la chapelle mutilée transformée en tribunal révolutionnaire (état avant restauration)

La famille Best :

   Barthélemy Best, né le 13 août 1754 au hameau de Bruac, paroisse de Beaune, à environ deux lieues et demi au sud-est de La Chaise-Dieu était cultivateur ; il avait épousé le 26 juin 1776 Marie-Anne Roche, qui, elle, était née le 26 Juin 1755 et avait été baptisée le même jour. Ils étaient les parents de sept enfants.
Avec eux vivait aussi la sœur de Barthélémy, Marie Best, née et baptisée le 14 mars 1766, célibataire, qui vivait de son travail sur la ferme et de la confection de dentelle, selon les usages habituels à toute cette province.
Comme dit plus haut, ils donnèrent asile, le 12 juin 1794, à l’Abbé François Mourier qui était épuisé et dans un état de grande faiblesse. Nous avons déjà écrit comment se passa l’arrestation. Le motif de leur condamnation à mort est d’avoir hébergé et caché l’Abbé Mourier.
Au moment de leur exécution, ils étaient âgés respectivement de 40, 39 et 28 ans.

Sœur Saint-Julien :

   Cette religieuse de la congrégation des Sœurs de Saint-Joseph du Puy, était née Marie-Anne Garnier le 2 février 1756 et avait été baptisée le même jour à Lissac, village sis un peu à l’ouest de Saint-Paulien. Elle se trouvait dans la petite communauté de Beaune au moment de la révolution : les Sœurs de Saint Joseph étaient disséminées dans les villages par petits groupes de trois à six membres et s’y consacraient au soulagement des misères matérielles et morales : instruction, soin des malades, éducation, visite des nécessiteux… etc. Elle était âgée de 38 ans lorsqu’elle fut martyrisée.

Jeanne Marie Aubert :

   Née elle aussi en 1756 au hameau de Largentière, proche de celui de Bruac, sur la paroisse de Beaune, elle était célibataire. Comme la Sœur Saint-Julien, le motif de son arrestation et de sa condamnation fut d’avoir assisté l’Abbé François Mourier alors qu’il était malade et alité dans la maison Best. Elle était donc elle aussi âgée de 38 ans.

guillotine

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2 Commentaires Commenter.

  1. le 18 juin 2024 à 8 h 07 min Goës écrit:

    En effet un beau témoignage ! Souhaitons que cela ne se reproduise plus, tant les esprits son troublés aujourd’hui par les mensonges d’une histoire officielle, que l’on retrouve également dans les informations journalières contraires à la réalité des événements.

  2. le 18 juin 2024 à 5 h 21 min Abbé Jean-Louis D. écrit:

    Beau témoignage qui pourrait servir en nos jours enténébrés…

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