2024-124. Qui donc est Saint Jean de Saint-Facond que nous fêtons le 12 juin ?

12 juin,
Fête de Saint Jean de Saint-Facond, confesseur de l’Ordre de Saint Augustin ;
Mémoire de Saint Léon III, pape et confesseur ;
Mémoire des Saints Basilide, Cyrin, Nabor et Nazaire, martyrs ;
Anniversaire du rappel à Dieu de Monseigneur François Ducaud-Bourget (cf. > ici).

Saint Jean de Saint-Facond

   Le calendrier universel du missel traditionnel fait célébrer à toute la catholicité, à la date du 12 juin, un saint Ermite de Saint Augustin appelé en français Saint Jean de Saint-Facond, et en espagnol San Juan de Sahagun.
Sahagun est une petite ville de la province de León, en Espagne, dont le nom résulte de la contraction du nom d’un martyr, Sanctus Facundus, dont le patronage fut donné à une abbaye bénédictine autour de laquelle une cité s’est organisée.

   Jean (de son nom complet Juan Gonzalez de Castrillo Martinez de Sahagún y Cea), est donc né à Sahagun le 24 juin 1430. C’est parce que ce jour est celui de la nativité de Saint Jean-Baptiste que le patronage lui en a été attribué. Ses parents, fervents chrétiens, étaient mariés depuis seize ans lorsque, à force de prières, de pèlerinages et de supplications, cet enfant leur fut enfin accordé par le ciel.

   Jean manifesta très jeune une grande piété ; il se désintéressait des jeux et des divertissements et montrait des signes précoces de vocation. Il reçut les leçons des moines de l’abbaye de Saint-Facond aussi bien pour la grammaire, les lettres et la philosophie que pour la théologie. Il reçut alors la tonsure et les ordres mineurs. Son père le pourvut d’un bénéfice, ce qui lui assurait une subsistance, mais il en eut scrupule puisque, n’étant pas prêtre, il n’en pouvait remplir les charges : il y renonça donc, puis, âgé de 20 ans, partit pour Burgos où il se mit au service de l’archevêque, Don Alphonse de Carthagène, qui le nomma chanoine de sa cathédrale et, six ans plus tard (1456), l’ordonna prêtre.

   Pourvu de sa prébende de chanoine et de plusieurs bénéfices, il vivait néanmoins très pauvrement, distribuant presque tout son revenu aux pauvres. Ce sera toujours l’une de ses principales caractéristique.
Néanmoins, toujours soucieux d’une plus grande radicalité dans la pratique de la pauvreté, il finit par renoncer à tout bénéfice et obtint d’aller approfondir sa connaissance des Saintes Ecritures à l’université de Salamanque.

On le regardait déjà comme un saint : tous étaient impressionnés, en particulier, par la ferveur communicative avec laquelle il célébrait la Sainte Messe, versant d’abondantes larmes de componction.
Sa piété n’allait évidemment pas sans la pratique de grandes austérités et mortifications, et sans le service des plus nécessiteux.

leçon de chirurgie à l'université de Montpellier

Une leçon de chirurgie à l’université de Montpellier au XVème siècle

   Il fut alors atteint par la « maladie de la pierre » (calculs dans les reins et les voies urinaires), très douloureuse, et se résigna à une opération chirurgicale, non moins douloureuse  à une époque où on ne connaissait ni l’asepsie ni l’anesthésie !
C’est alors qu’il fit vœu d’entrer en religion pour le cas où il en réchapperait.
La guérison eut lieu, et Jean entra en 1563 (33 ans) chez les Ermites de Saint Augustin de Salamanque, qui étaient particulièrement fervents et austères. Cette communauté exemplaire fut néanmoins grandement édifiée par la vertu de ce novice peu ordinaire qui, par un simple signe de croix, alors que les denrées étaient devenues très chères, approvisionna toute la communauté pendant une année avec le vin qu’on tirait d’un tonnelet qui contenait à peine ce qui était suffisant pour une semaine !
Jean fit sa profession solennelle le jour de la fête de Saint Augustin (28 août) 1464.

   Très rapidement, on lui confia la responsabilité des novices, puis diverses responsabilités au service de la province, et fut élu Prieur du couvent de Salamanque à deux reprises, de 1471 à 1473 et de 1477 à 1479.
Il brilla particulièrement dans le ministère de la prédication : non seulement sa parole attirait les auditeurs, mais elle les portait à s’amender et faire de réels progrès dans la pratique des vertus chrétiennes.
La portée de ses sermons se trouvait renforcée par les miracles qu’il accomplit en plus d’une occasion. L’un des plus célèbres est celui de l’enfant tombé dans un puits – puits que l’on montre toujours à Salamanque :
Un jeune enfant étant tombé dans un puits très profond, on vint supplier le Père Jean de prier pour qu’il ne se noyât pas. Jean pria, certes, mais il étendit aussi sa ceinture sur la margelle du puits et aussitôt, en présence d’une foule nombreuse, l’eau du puits s’enfla, monta jusqu’au bord, et rejeta sain et sauf l’enfant que ses parents reçurent en pleurant de joie. 

Le miracle de l'enfant tombé dans un puits

   Les conversions que suscitaient les prédications et les exemples du Père Jean de Saint-Facond faisaient aussi des mécontents parmi ceux qui résistaient à la grâce : c’est ainsi que, détournant les jeunes gens de la fréquentation des ribaudes, ces dernières un jour assaillirent en nombre le saint moine en pleine rue et se préparaient à le lapider, quand il fut sauvé par la ronde providentielle d’une patrouille d’archers.

   La ville de Salamanque l’honore comme son saint patron et spécial intercesseur auprès de la divine Majesté, parce qu’il parvint à rétablir la paix entre toutes les factions rivales dont les querelles et luttes homicides troublaient l’ordre et empêchaient la réception de beaucoup de grâces.

   Sa mort survint le 11 juin 1479 (59 ans) au terme de plusieurs mois d’affaiblissement et de souffrances croissantes, dus à un empoisonnement : il avait converti un notable qui s’était longtemps affiché avec une femme de vie dissolue, ce qui était un scandale d’autant plus grand que ce seigneur était plus en vue. A force de patience, Jean l’avait ramené à l’observation des sixième et neuvième commandements, et à la pratique des sacrements, après l’avoir convaincu de renvoyer sa maîtresse. Cette dernière en avait conçu une telle haine contre le religieux qu’elle avait résolu de le tuer, ce à quoi elle parvint, ayant réussi à lui faire absorber un poison lent mais inexorable.
A cause de cela plusieurs historiens et prédicateurs ont affirmé que Jean eût mérité qu’on le canonisât en qualité de martyr.

   L’annonce de sa mort suscita un immense émoi dans la ville de Salamanque, chacun voulait une relique du saint religieux et les Augustins eurent bien de la peine à faire respecter l’ordre et le calme dans l’église où son corps était exposé…
Au moment de ses funérailles de nombreux malades et infirmes recouvrèrent une parfaite santé.

   Béatifié en 1601, Jean de Saint-Facond eut alors sa fête fixée au 12 juin, puisque le 11 était déjà « occupé » par la fête de Saint Barnabé. Sa canonisation intervint seulement huit ans plus tard, en 1609, tant il y avait de miracles attestés pour faire avancer sa cause.
Ses reliques, contenues dans une urne baroque en argent, se trouvent aujourd’hui – de même que celles d’un autre saint de l’Ordre de Saint Augustin, Saint Thomas de Villeneuve, contenues dans une autre urne d’argent « jumelle » -, sur l’autel majeur de la cathédrale nouvelle de Salamanque.

Salamanque maître-autel de la cathédrale nouvelle

Salamanque : le maître-autel de la cathédrale nouvelle
avec les deux urnes renfermant les reliques de Saint Jean de Saint-Facond et Saint Thomas de Villeneuve

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2 Commentaires Commenter.

  1. le 12 juin 2024 à 11 h 35 min Goës écrit:

    Un grand Saint.

  2. le 12 juin 2024 à 6 h 11 min Abbé Jean-Louis D. écrit:

    Mon ignorance de la vie de Saint Jean de Saint-Facond est comblée grâce à ce Blog.
    Merci, cher frère! Vous êtes mon encyclopédie!

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